vendredi 15 août 2025

G-Bad- La théorie de l'homo faber contre les théocrates.

 



Retour sur le matérialisme dialectiques et ses fondements

Étant donné que ceux qui dirigent le monde actuel en Orient comme en Occident se réclament ouvertement de Dieu , qu'ils pensent comme Donald Trump avoir une mission sur terre,1 Il devient nécessaire de bien marquer la délimitation que nous avons avec tous ces courants. En effet depuis La parution du Grand Reset2 il est parfaitement clair que cette internationale bourgeoise compte s' appuyer sur le monde religieux pour gérer la planète. Déjà comme en témoignaient Boukharine et Préobarjenski dans « l' ABC du communisme la bourgeoisie révolutionnaire avait abandonné sa lutte contre la religion :


« Le libéralisme bourgeois mettait lui aussi à son programme la séparation de l'École et de l'Église. Il luttait pour le remplacement dans » les écoles de l'enseignement de la religion par celui de la morale bourgeoise. Il exigeait lui aussi la suppression des écoles fondées par des sociétés religieuses et par des congrégations. Cette lutte non plus ne fut poursuivie nulle part jusqu'au bout. C'est ainsi qu'en France tous les ministères bourgeois, durant une vingtaine d'années, promirent solennellement de dissoudre toutes les congrégations, de confisquer leurs biens, de leur interdire l'enseignement scolaire, etc., mais ils n'en finissent pas moins par une réconciliation et des compromissions avec le clergé catholique. Un exemple saisissant d'un compromis de ce genre entre l'État et l'Église fut donné récemment par M. Clemenceau qui fut en son temps un adversaire acharné de l'Église et qui finit par adresser un appel à la conciliation, à l'oubli de l'ancienne inimitié, décora solennellement les représentants du clergé catholique pour leur patriotisme. L'État et l'Église ont déjà conclu une entente et s'entraident mutuellement dans la lutte étrangère pour l'exploitation d'autres pays (dans la guerre avec l'Allemagne) comme dans la lutte à l'intérieur contre la classe ouvrière. Cette réconciliation de la bourgeoisie avec l'Église se manifeste non seulement par le fait que la bourgeoisie fait table rase de ses anciennes devises de combat contre la religion et qu'elle cesse de lutter contre elle. Il y a mieux. Elle devient elle-même toujours davantage « une classe croyante ». Les arrière-grands-pères des bourgeois contemporains de l'Europe étaient athées, libres penseurs, ennemis acharnés du clergé. »


On aura remarqué que le retour marqué des religions accompagne toujours les préparatifs de guerre et le patriotisme. En Russie par exemple Staline engagera la religion orthodoxe pour mener la grande guerre patriotique, et aujourd'hui nous voyons Poutine embrasser la bible et mener la guerre à Lucifer.

De même que Netanyahou est convaincu de mener une guerre totale et définitive contre le peuple mythique d’Amalek3 identifié aux Palestiniens. En fait, en procédant de la sorte Netanyahou revendique le « droit divin » de combattre et d'exterminer les palestiniens.

Quant à Donald Trump il a repris des thématiques chères aux défenseurs d’une ligne idéologique chrétienne. Lors d’un discours en juin 2023 à l’occasion d’une conférence chrétienne et conservatrice, le candidat républicain avait déjà déclaré mener "une croisade juste pour arrêter les incendiaires, les athées, les mondialistes et les marxistes". Il avait aussi exprimé la volonté de "restaurer notre République en tant que nation unie sous Dieu".














Aux sources de la critique marxiste des religions


Après leurs articles parus dans les Annales franco-allemandes, après les Manuscrits de 1844 de Marx, après leur œuvre commune La Sainte Famille, Marx et Engels affirmeront, avec netteté, leur position philosophique et politique dans l’Idéologie allemande4 qui posera les fondements, du matérialisme historique.


La critique de Marx et Engels est à ses débuts une critique de la religion et de l' idéalisme de

Hegel que le marxisme va renverser pour le remplacer par la conception matérialiste de l' histoire.

La « dialectique de Hegel fut totalement renversée, ou, plus exactement : elle se tenait sur la tête, on la remit de nouveau sur ses pieds. Et cette dialectique matérialiste, qui était depuis des années notre meilleur instrument de travail et notre arme la plus acérée, fut, chose remarquable, découverte à nouveau non seulement par nous, mais en outre, indépendamment de nous et même de Hegel, par un ouvrier allemand, Joseph Dietzgen [3]. (Feuerbach ed sociale p,85


Dans la « Préface » de 1859 à la Critique de l’Economie Politique, Marx retrace le parcours intellectuel qui l’a amené à poser la critique de l’économie politique comme base de sa théorie.


 « Le premier travail que j’entrepris pour résoudre les doutes qui m’assaillaient fut une révision critique de la Philosophie du droit, de Hegel, travail dont l’introduction parut dans les Deutsch-Französische Jahrbücher, publiés à Paris, en 1844. Mes recherches aboutirent à ce résultat que les rapports juridiques – ainsi que les formes de l’Etat – ne peuvent être compris ni par eux-mêmes, ni par la prétendue évolution générale de l’esprit humain, mais qu’ils prennent au contraire leurs racines dans les conditions d’existence matérielle dont Hegel, à l’exemple des Anglais et des Français du XVIII° siècle, comprend l’ensemble sous le nom de « société civile », et que l’anatomie de la société civile doit être cherchée à son tour dans l’économie politique. J’avais commencé l’étude de celle-ci à Paris et je la continuai à Bruxelles où j’avais émigré à la suite d’un arrêté d’expulsion de M. Guizot. »(préface à la Critique de l' économie)


La critique systématique de l’économie politique commencera fin 1843, et des les années 1840, il entreprend de régler son compte à l’hégélianisme5 une tâche qu'il va devoir préciser vis à vis du matérialisme bourgeois. En effet, dire que Marx et Engels ont « renversé » la philosophie de Hegel, en la remettant sur pied et ce limiter à cela , c'est comme comme l'indiquera A.Pannekoek comprendre ce "renversement" de manière mécanique. On substitue l'être à l'Idée, et vice-versa.


Or, le marxisme ne se satisfait pas de cette réalité inversée, il ne s'agit pas pour lui de rejeter simplement Dieu comme le font les athées mais d'expliquer les conditions sociales qui créent un Dieu à l'image de l'homme. Dans cette mesure ce Dieu est réel en tant que représentation renversée d'une réalité qui n'est pas encore comprise comme telle. Il ne s'agit donc pas de rejeter purement et simplement la religion, mais de la critiquer en en expliquant ses fondements matériels, réels. Marx écrit :


« Pour l’Allemagne, la critique de la religion est terminée quant à l’essentiel, et la critique de la religion est la condition de toute critique... La lutte contre la religion est ainsi indirectement la lutte contre le monde, dont la religion est l’arôme spirituel... La religion est le soupir de la créature accablée, le cœur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit des temps privés d’esprit. Elle est l‘opium du peuple. La suppression de la religion comme bonheur illusoire du peuple est une exigence de son bonheur réel. L’exigence de renoncer à une condition qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est ainsi virtuellement la critique de la vallée de larmes, dont la religion est l’auréole. La critique a arraché les fleurs imaginaires qui ornent nos chaînes, non pour que l’homme porte la chaîne prosaïquement, sans consolation, mais afin qu’il rejette la chaîne et cueille la fleur vivante... La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la Religion en critique du Droit, la critique de la Théologie en critique de la Politique. » (la Critique de la philosophie hégélienne du droit )


« Voici le fondement de la critique irréligieuse : c’est l’homme qui fait la religion, et non la religion qui fait l’homme »


 Le renversement opéré par Marx et Engels sur la philosophie Hégélienne n’a rien de mécanique ; il ne s’agit pas simplement de substituer un terme à l’autre (ici la « matière » à l’Esprit) pour avoir effectué une critique véritable. Pour cela, il faut aussi comprendre les fondements qui ont permis l’expression d’une telle théorie. Aussi la critique de Marx montre-t-elle non seulement le véritable rapport qui régit la production matérielle des conditions de vie de la société et les expressions idéologiques qui reflètent ces conditions, mais encore pourquoi ce sont ces expressions idéologiques là et pas d’autres qui s’expriment dans telle ou telle époque.

Comme nous venons de le voir, la critique de la religion, fut le point de départ puis le « modèle » pour la critique de la politique et de l’Etat, puis à la critique de l’économie. Voilà pourquoi Marx écrira « La critique de la religion est la condition de toute critique » .


C'est quoi cette conception matérialiste de l' histoire ?


Pour Marx et Engels, l'homme fut dans un premier temps un produit de la nature en tant qu' espèce animale (tout le travail théorique de Darwin sur l'évolution des espèces) contesté en permanence par les « créationnistes » et glorifié par les partisans de la « loi de la jungle ». En tant qu' espèce humaine nous considérons que l'homme c' est créé lui même par son labeur (l'homo faber) tel est le lien historique de l'homme avec la nature. Dans les manuscrits de 1844 Marx précisera :

« l'histoire des hommes vivant en société, l'histoire de la nature en tant que telle ne nous intéresse pas et si nous faisons intervenir les sciences de la nature c' est pour dire « l'industrie est le rapport historique réel de la nature et par suite des sciences de la nature, avec l'homme ».


Nous avons la une première démarcation et non la moindre avec ceux veulent naturaliser l'histoire.


L'histoire humaine est elle un cas particulier de l'histoire de la nature ?


Voilà une question qu'il est nécessaire de traiter une nouvelle foi, sachant qu' elle fut l'objet de débats notamment contre la version de Kautsky qui prétendait sans détour que l' histoire humaine n' était qu'une partie de l' histoire biologique de la nature, et de son évolution, celle des pécules animales. De là, Kautsky va s'accrocher à la théorie de Darwin pour justifier sa conception évolutionniste et fataliste de l'histoire.

La théorie de l'homo faber ne se satisfait pas de considérer l' émergence de l'homme comme étant le pur produit de la nature et uniquement cela. Les marxistes dignes de ce nom considèrent que l' homme s' est créé lui même par son activité dés qu'il interviendra sur le milieu naturel pour , le médiatiser, et le transformer par lui et pour lui. En cela il y aura un véritable saut qualitatif du singe à l'homme.


« L’homme est avant tout un être actif. Dans le travail il emploie ses organes et ses facultés pour constamment construire et modifier le monde environnant. Au cours de ce processus, il a non seulement inventé ces organes artificiels que nous appelons des outils, mais il a également perfectionné ses facultés corporelles et mentales, de sorte qu’elles puissent réagir efficacement face au milieu environnant, devenant ainsi des instruments pour se maintenir en vie. L’organe principal de l’homme est le cerveau, dont l’activité, la pensée, est une activité corporelle comme les autres. Le produit le plus important de l'activité du cerveau, de I'action efficace de l'esprit sur le monde est la science, outil spirituel qui s’ajoute aux outils matériels, et, par conséquent une force productive, base de la technologie et comme telle partie essentielle de l’appareil productif. »(Lénine philosophe ; A. Pannekoek ; page 36 ed, spartacus,)


Pourquoi nous refusons de naturaliser l' histoire .


Pour nous contrairement au monde animal qui ne fait que subir et s'adapter à son environnement naturel,l'homme va émerger comme voulant maîtriser cette nature pour lui et par lui. De ce fait il va avoir dés le début un rôle actif et non passif vis à vis de cette nature, nature sociale transformé par lui.



« Nous  ne connaissons qu'une seule science, celle de l'histoire. L'histoire peut être examinée sous deux aspects. On peut la scinder en histoire de la nature et histoire des hommes. Les deux aspects cependant ne sont pas séparables; aussi longtemps qu'existent des hommes, leur histoire et celle de la nature se conditionnent réciproquement. L'histoire de la nature, ce qu'on désigne par science de la nature, ne nous intéresse pas ici; par contre, il nous faudra nous occuper en détail de l'histoire des hommes : en effet, presque toute l'idéologie se réduit ou bien à une conception fausse de cette histoire, ou bien à en faire totalement abstraction. L'idéologie elle même n'est qu'un des aspects de cette histoire. (l'idéologie en général et en particulier l'idéologie allemande note 7 de la page 45 ed sociale.)


Sur le sujet,il faut se reporter à l'importante polémique entre Karl Korsch et Kautsky. L'anti-kautshy, la conception matérialiste de l'histoire, éditions Champ Libre.


Les religions ne sont pas compatibles avec la conception matérialiste de l' histoire


En France, c' est tous les jours que CNEW une chaîne de télévision réactionnaire ne fustige l'islamo gauchisme de la France insoumise et de son leader Mélenchon, tout cela parce que des « fréres musulmans » avaient été présent dans une manifestation de LFI et de son soutien aux palestiniens. Ce n'est certes pas la première foi qu'un certain brouillard est entretenu visant à établir des passerelles entre la religion chrétienne , la religion islamiste...sur la base d'un humanisme commun .


En France nous avions un dénommé Roger Garaudy Membre du PCF qui a fait de gros efforts pour christianiser le marxisme pour au final se couler dans la religion musulmane. Dans le même genre nous avons les moudjadines du peuple durement réprimés par le régime des mollahs en Iran, qui eux aussi ont essayer de faire cohabiter le marxisme et la religion musulmane en précisant que cette dernière était au-dessus du marxisme.

Dans ce domaine les fondateurs du marxisme révolutionnaire sont sans concession , voir l' ABC du communisme déjà cité et aussi : La  gauche hollandaise et l'islamisme (Barend Luteraan Sneevliet, Tan Malaka) Marxisme internationaliste ou nationalisme islamiste ?


Il nous faudra ultérieurement aborder l' ensemble des aliénations de notre époque qui ne se limite pas à la religion.


Les forces agissantes des superstructures idéologiques.6


Toute la démarche de Marx et Engel va consister d'une part à ce démarquer de l'idéalisme et du créationnisme par la critique de la religion, puis à la critique du matérialisme vulgaire qui ne prend pas en compte la réalité des religions comme faisant partie du mouvement réel.


« Le résultat général auquel j’arrivai et qui, une fois acquis, servit de fil conducteur à mes études, peut brièvement se formuler ainsi : dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces les fondateurs de la conception productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des êtres qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. » (Karl Marx : préface de la Contribution à la critique de l'économie politique, p. 4, Editions sociales, 1947.)


Marx et Engels furent souvent accusés d’être des promoteurs de la Grande révolution industrielle. Celà tient sans doute à une déclaration indiquant que cette révolution des forces productives étaient bien plus révolutionnaire qu' un Blanqui , Barbés,Raspail.


«  Les soi-disant révolutions de 1848, n'ont été que de simple incidents, de menues cassures et lézardes dans la dure écorce de la société européenne. Mais elles y découvraient un gouffre. Sous une surface d'apparence solide, elle révélèrent des océans de masse liquide qui n' a qu'a se répandre pour faire voler en éclats des continents de roches dures. Elles proclamèrent bruyamment et confusément l' émancipation du prolétariat, ce mystère du XIXéme siécle et de la révolution de ce siècle. En vérité, cette révolution sociale n' était pas une nouveauté inventée en 1848. la vapeur, l'électricité et le métier à filer étaient des révolutionnaires infiniment plus dangereux que des citoyens de la stature d'un Barbès,d'un Raspail et d'un Blanqui.  «  Discours à l'occasion de l' anniversaire du People»s Paper, Londres le 14 avril 1856 (Traduction:L.Janover et M. Rubel.) de


Quelques années après, suite au massacre des communards, F.Engels, fera dans la préface de

1895 des luttes de classes en France une sorte d' autocritique, et optera pour le parlementarisme. Cet instrument de duperie des masses étant devenu subitement un moyen d'émancipation. Ceci pour montrer qu'il y a eu un retournement, nous n' étions plus sous le slogan « l' arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes », la critique des armes ne devant être que défensive.


Ce retournement peut amener à penser qu'il y en a d'autres, et notamment sur le développement des forces productives comme progrès social. Certains accuseront Marx et Engels d' être des accompagnateurs du capitalisme, c'est méconnaître que dés l'idéologie allemande ils seront parfaitement clairs sur cet « accompagnement » :


«Dans le développement des forces productives, il arrive un stade où naissent des forces productives et des moyens de circulation qui ne peuvent être que néfastes dans le cadre des rapports existants et ne sont plus des forces productives, mais des forces destructrices (le machinisme et l’argent), — et, fait lié au précédent, il naît une classe qui supporte toutes les charges de la société, sans jouir de ses avantages, qui est expulsée de la société et se trouve, de force, dans l’opposition la plus ouverte avec toutes les autres classes, une classe que forme la majorité des membres de la société et d’où surgit la conscience de la nécessité d’une révolution radicale, conscience qui est la conscience communiste et peut se former aussi, bien entendu, dans les autres classes quand on voit la situation de cette classe. » (L’Idéologie allemande, Editions sociales, pages 67-68 : « Feuerbach l’opposition de la conception matérialiste et idéaliste.)


C'est limpide, les forces productives se transforment en forces destructrices, et il est précisé dans le Capital :


    « La production capitaliste ne développe donc la technique et le combinaison du procès

de production sociale qu'en épuisant en même temps les deux sources d'où jaillit toute la

richesse : la terre et le travailleur. »Le Capital livre 1-XV ,Machinisme et grande industrie


Dans le programme de Gotha il fera remarquer que le travail n'est pas la source de toute richesse .


« La nature est tout autant la source des valeurs d'usage (qui sont bien, tout de même, la richesse réelle!) que le travail, qui n'est lui-même que l'expression d'une force naturelle, la force de travail de l'homme. Cette phrase rebattue se trouve dans tous les abécédaires, et elle n'est vraie qu'à condition de sous-entendre que le travail est antérieur, avec tous les objets et procédés qui l'accompagnent. » (critique des programmes de Gotha et d'Erfurt, ed sociales p,22)


Nous voyons, que même si Marx et Engels effrayés par le massacre de la commune, rengainent les couteaux, ils restent fidèles à la nécessité de détruire le Capital . Les solutions voulant trouver refuge dans le parlementarisme nous les rejetons et depuis l' époque de Marx, les preuves ne manquent pas de l' échec de cette tactique pour prendre le pouvoir. Se souvenir du Chili avec l' assassinat d' Allende par Pinochet.

50 ANS APRÈS LE COUP D’ETAT DE PINOCHET ET L’ASSASSINAT D’ALLENDE AU CHILI : LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE ET L’OPERATION CONDOR

Nous pourrions donner d' autres exemples, mais ce n'est pas l 'aspect principal de ce texte qui se veut lutter contre la théocratie mondiale.


 

Gerard Bad août 2025

NOTES

1Voir le récent reportage de ARTE sur les évangélistes et Trump.

3Dans la Bible, le peuple d’Amalek symbolise le mal absolu. Même si les Égyptiens ont asservi les Hébreux, il leur est prescrit de ne jamais molester l’Égyptien, « car, est-il écrit, tu as été étranger dans sa terre ». Amalek, lui, n’a aucun intérêt à son combat contre Israël, si ce n’est de laisser son nom dans l’Histoire. Ce qui le meut profondément, en réalité, c’est sa haine folle du peuple juif. Le Talmud affirme qu’Amalek rêve d’une « solution finale » pour les Hébreux,

4 L’Idéologie allemande constitue d’abord, aux yeux de Marx et d’Engels, une étape dans la formation de leur doctrine. C’est presque, pourrait-on dire, un ouvrage que Marx et Engels ont écrit pour eux-mêmes, pour élucider leur position théorique en attaquant avec verve et mordant celle de leurs adversaires…

5 -Tout en reconnaissant l’immense de Hegel, contre les détenteurs de chaires universitaires qui avaient tendance à le traiter en « chien crevé »

6Voir sur le sujet : Franz Jakubowski Les superstructures idéologiques dans la conception matérialiste de l' histoire edition edi


mercredi 13 août 2025

Israël/Palestine/Iran et ailleurs : ennemis de la patrie ! Toujours pour la trahison de la patrie !

 


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Source en allemand : https://panopticon.noblogs.org/post/2025/07/29/israel-palaestina-iran-und-sonstwo-feinde-des-vaterlands-immer-fuer-den-verrat-am-vaterland/

« Les dictatures dissimulent toujours le caractère économique de la violence et les démocraties toujours le caractère violent de l’économie. »
Bertolt Brecht

Dans la société capitaliste, où non seulement tous les êtres humains sont en concurrence entre eux, mais également tous les États-nations, nous vivons tous dans un état de guerre permanent. Au niveau militaire, il y a deux formes : soit on est en plein dedans, soit on est dans un état de préparation. Pourquoi (presque) tous les États-nations1 habillent-ils, nourrissent-ils, entraînent-ils, arment-ils, une armée permanente ? La plupart des faux critiques de l’ordre dominant ont fini par penser que ces armées n’étaient qu’un simple ornement à des fins décoratives et qu’elles ne protégeaient pas et n’imposaient pas par les armes les intérêts et la souveraineté de chaque État-nation. Il y a aussi la guerre économique pour la simple survie, dans laquelle d’innombrables prolétaires meurent chaque jour.

La domination du capitalisme est mondiale ; dans la concurrence capitaliste, il n’y a que la victoire ou la défaite ; la guerre, qu’elle soit menée par les armes ou par d’autres moyens, a lieu dans le monde entier. Elle nous concerne et nous touche tous. La guerre n’est pas, comme le disait Clausewitz, « (…) une simple continuation de la politique par d’autres moyens », mais son expression la plus conséquente ; elle n’est pas une anomalie, mais un pilier important de son être (ontologie). C’est pourquoi, comme Clausewitz le disait lui-même, la guerre est « (…) un acte de violence, et il n’y a pas de limites dans l’usage de la violence ». Le gouvernement de l’État moderne n’est rien d’autre qu’un instrument qui gère les affaires de la classe bourgeoise. L’État est l’organisation politique de l’exploitation économique, et pour survivre (préserver et imposer sa souveraineté), il utilisera tous les moyens à sa disposition (lois, monopole de la violence, répression, guerre à l’intérieur du pays comme à l’étranger, etc.). L’État (capitaliste) n’est donc pas neutre, c’est un instrument utilisé par une classe pour en dominer [exploiter] une autre dans une société divisée en classes, et qui tente constamment de le faire par le biais d’idéologies. Dans la société de classes, il y a un conflit irréconciliable, mais l’État tente de les réconcilier par le biais d’idéologies (démocratie, nationalisme, droits de l’homme, etc.), ce qu’il ne parvient pas à faire très souvent.

Plus une guerre dure, plus nous comptons de cadavres ; plus la destruction est grande, plus le désespoir est énorme ; plus les souffrances (physiques et mentales) sont atroces, plus notre avenir est improbable… Deux conceptions antagonistes, diamétralement opposées et même ennemies se répandent, mais l’une est fausse et l’autre est juste.

Soit la haine envers le camp accusé d’être responsable de cette guerre s’intensifie2, soit la nature et la logique du système dans lequel nous sommes contraints de vivre, le capitalisme, et la raison pour laquelle il faut le détruire immédiatement, sont comprises et percées à jour.

La première position est la plus courante, mais c’est la seconde qui a conduit les êtres humains dans l’histoire à retourner leurs armes contre la classe dirigeante et qui a suscité les plus grandes craintes chez cette dernière. Il serait néanmoins fantastique et mystique de penser que les êtres humains deviennent immédiatement ou nécessairement révolutionnaires, mais ils perdent leur élan nationaliste – en particulier pour leur propre État-nation – et c’est une condition préalable et le fondement de la révolution sociale. Ce n’est pas notre propre État-nation qui sert nos intérêts (santé, nourriture, protection de la vie, etc.), mais nous qui servons les intérêts de tel ou tel État-nation.

Mais cela ne se produit pas seulement pour des raisons de conscience, parce que les années précédentes on aurait lu sagement Malatesta et Bonanno, Mattick et Balius, etc., et mené des actions ; ce sont aussi les conditions imposées par le capitalisme qui nous obligent, qu’on le veuille ou non, à devoir lutter contre celui-ci. Nous ne sommes rien d’autre qu’une fonction (création de valeur ajoutée) dans ce système. L’influence des groupes anarchistes et communistes3 peut être et est importante dans la mesure où ils agissent comme une partie inséparable du prolétariat. Si ce n’est pas le cas, ce ne sont que des paroles en l’air !

Nous le voyons dans les conflits actuels et passés, la première position/attitude conduit à dénoncer tous ceux qui luttent contre les guerres du capital comme des traîtres à la patrie – ce qui se passe à Gaza (on a déjà parlé de cinquième colonne, d’agents financés par le Mossad, ceux qui critiquent le Hamas commettent une trahison, etc.), comme en Israël (antisémites, judéophobes), ou en Iran (sionistes, impérialistes), mais aussi dans la guerre en Ukraine, où les uns sont qualifiés soit d’impérialistes russes, soit d’impérialistes de l’OTAN. N’oublions pas la militarisation en marche dans tous les pays de l’OTAN, le service militaire, etc. Tous ceux qui critiquent et dénoncent cela sont aussi des traîtres (car cela ne sert que la Russie). Des traîtres partout. L’accusation de trahison est identique à tous les moments et suit qualitativement la même logique.

C’est pourquoi, il est d’autant plus important d’accorder de l’attention à la deuxième position/attitude sur place et/ou à distance et de la diffuser.

Dans la situation actuelle, comme dans le passé, la gauche (radicale) du capital soutient le récit d’une fraction dominante au lieu de soutenir les intérêts du prolétariat (les opprimés, ceux qui doivent manger de la merde tous les jours). Certes, les manifestations et les actions contre la guerre, les sabotages, les réseaux de déserteurs, les actions contre l’enrôlement (forcé), etc. ne sont un secret pour personne, mais cela n’intéresse pas le récit susmentionné. Pour la gauche (radicale) du capital, qui se soumet et s’aligne sur une fraction dominante dans chaque conflit, il n’y a que des traîtres et, comme cela ne convient pas à son récit, l’existence et l’action de tout déserteur, comme l’existence d’actions et de sabotages contre la guerre, sont soit passées sous silence, soit attribuées à l’ennemi. L’idéologie dominante s’articule parfaitement à travers la gauche (radicale) du capital, dont elle est le porte-parole et la garde prétorienne.

« Patrie, patrie, terre des pères ! Quelle sanglante dérision pour l’homme privé de sa terre, de sa maison, de son éducation, privé d’hygiène, privé d’instruction, réduit à son salaire et contraint encore d’être le défenseur et le bourreau de ses oppresseurs ! »
Anselmo Lorenzo, Critère libertaire

A long terme, les alternatives de la garde prétorienne de l’État-nation – c’est-à-dire la gauche (radicale) du capital – sont les suivantes : gestion de la misère et non pas libération de l’humanité du joug de l’esclavage salarié (voir l’Algérie, l’Angola, le Mozambique, l’Afrique du Sud, Cuba, le Venezuela, l’URSS, le Pays basque, la Palestine, le Kurdistan, le Vietnam, et encore une très longue liste de pays qui ont obtenu – ou pas encore – leur « indépendance » au cours des 80 dernières années).

Contrairement à ce que proclame la gauche (radicale) du capital, ce sont les traîtres, les déserteurs et les actions contre la guerre que nous devons soutenir, aussi peu nombreux, ou aussi nombreux qu’ils puissent être. Chaque individu, chaque groupe qui se rebelle et lutte contre la domination du capital est une expression de la tendance à la négation du capitalisme. Comme l’absentéisme, l’oisiveté, la flânerie, etc. dans le travail salarié. Ceux qui font cela ne sont pas pour autant pour le communisme/l’anarchisme, mais font quand même ce qu’il faut. Il est important d’élargir ces luttes et de faire prendre conscience de cette pratique. Des anarchistes comme Malatesta allaient dans les casernes de l’armée pour faire de l’agitation parmi les soldats, pour poser précisément ces questions. Malatesta a bien sûr été immédiatement expulsé.

Que ce soit des habitants de Gaza qui manifestent dans les rues en scandant des slogans contre le Hamas et Israël, ou des habitants d’Israël qui manifestent dans les rues en scandant des slogans contre Israël, les ayatollahs et le Hamas, ou encore des habitants d’Ukraine qui interviennent contre l’enrôlement forcé dans la rue (qui s’apparente en réalité à des enlèvements), ou des sabotages contre des centres de recrutement en Russie, sans parler des révoltes et des affrontements qui ont régulièrement eu lieu en Iran au cours des dernières décennies, nous ne devons pas oublier le courage dont font preuve toutes ces personnes ; en tant que parias, elles sont plus détestées que l’ennemi, car elles sont le véritable ennemi. Si, en tant qu’anarchistes, nous luttons vraiment et réellement contre tous les États-nations, ALORS NOUS SOMMES TOUJOURS ceux qui commettent des TRAHISONS. Car nous luttons pour la vie et non pour la mort comme le font le capitalisme et l’État.

Car les déserteurs pendant la guerre ont décidé qu’il n’était pas correct de devoir choisir sous les ordres de qui ils voulaient être massacrés, qu’il n’était pas correct de devoir choisir sous les ordres de qui ils voulaient être exploités, peu importe au nom de quelle religion, de quelle forme de gouvernement du capital, peu importe dans quelle langue.

Que ce soit à Gaza, en Cisjordanie, en Israël, en Irak, en Turquie, au Liban, en Iran, etc., de nombreuses manifestations ont eu lieu ces dernières décennies (pas toutes avec la même intensité bien sûr) contre la classe dirigeante qui gouverne ces pays. Rappelons que la première Intifada était aussi dirigée contre la classe dirigeante palestinienne (OLP), que les pratiques insurrectionnelles sont très répandues parmi les prolétaires dans presque tous les pays cités.

Nous ne le répéterons jamais assez, la résistance que les prolétaires opposent en Iran, en Palestine, en Israël, en Ukraine, en Russie, etc. n’est pas seulement inspirante, elle doit être défendue partout.

Le problème, comme toujours, c’est que ces luttes ne s’unissent pas et ne mènent pas à une révolution sociale mondiale, seule manière d’abattre le capitalisme à l’échelle mondiale (plus jamais de socialisme dans un seul pays !).

Nous avons lu que « le communisme a toujours été le mouvement de ceux qui ne sont rien et qui doivent être tout, des aliénés qui ne peuvent se libérer qu’en libérant toute la société » ; si cela est vrai, cela doit également être l’expression de nos groupes révolutionnaires, cercles, initiatives, etc., qui agissent et combattent en tant que « mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses ».

Ni la gauche anti-impérialiste ni la gauche (radicale) antideutsch du capital ne peuvent et ne pourront – surtout dans le cas de la Palestine/Israël, mais pas seulement – avoir une réponse révolutionnaire ni une position sur les conflits du capital ; entre autres parce que, premièrement, elles ne veulent pas détruire le capitalisme, les États-nations, et parce que leur objectif explicite est de répondre/conjuguer la question sous la forme dominante (consolidation, formation d’États-nations ; gestion de l’accumulation et de la plus-value, pas son abolition), parce que leur réponse ne peut être que nationaliste et étatiste, soit l’État d’Israël, soit l’État de Palestine ; ce qui signifie en fin de compte que la seule solution pour eux est le capitalisme et ses formes de gestion (de la misère). À cet égard, nous trouvons deux fractions différentes du capital qui se font concurrence, ce qui les place sur un pied d’égalité en termes de contenu pleinement nationaliste et étatiste, bien que ce ne soit pas le même État-nation que chacune de ces fractions soutiennent.

La gauche (radicale) du capital (c’est-à-dire tous ceux qui ne détruisent pas l’État-nation et le capital, mais qui les gèrent différemment – parfois même sans prononcer les termes d’État ou de nation) n’a pas conscience qu’il existe au sein de la société des contradictions et des conflits antagonistes qui, indépendamment de toute autre influence, engendrent des tendances révolutionnaires qui luttent contre l’État-nation et le capital ; cela dépasse manifestement l’imagination, la compréhension des rapports sociaux imposés par le capital de cette même gauche (radicale) du capital. Quel est le projet défendu ici ? Créer de nouveaux États pour les abolir ensuite ? Cela ressemble à un renforcement de l’État pour ensuite l’abolir. N’avons-nous pas déjà entendu cela de la bouche d’un cadavre momifié qui végète encore dans son mausolée ?

La gauche (radicale) du capital est la garde prétorienne de l’État, mais aussi de sa très efficace idéologie appelée nationalisme. Là où la société de classe est supposée ne plus exister, il n’y a plus que des peuples opprimés, des intérêts unifiés, de bonnes petites nations (opprimées) et de bons petits peuples (tout autant opprimés) contre de méchants grands peuples (impérialistes) et de grandes nations (oppressives). La lutte pour la survie de ces petits États-nations, qui ne luttent que pour une place parmi les puissances économiques dominantes, est alors appelée (sans vergogne) « internationalisme ». La gauche (radicale) du capital ne peut que se tourner vers le nationalisme, car son projet est celui de l’État-nation (Algérie, Angola, Mozambique, Afrique du Sud, Cuba, Venezuela, URSS, Pays basque, Palestine, Kurdistan, Vietnam…). Si l’URSS s’est effondrée depuis longtemps dans la lutte concurrentielle capitaliste, ses slogans et ses idéologies ne sont pas morts. Dans la problématique formulée ici, toutes les tendances de la gauche (radicale) du capital (des groupes staliniens aux groupes anarchistes – sic !) se donnent effectivement la main.

La position chauvine et raciste qui consiste à légitimer et à justifier le pays sur la base d’un « nous étions ici avant » est tout aussi idiote et réactionnaire. Est-ce que cela relativise les expulsions de millions de prolétaires des lieux où ils sont nés ? Non, car cela se passe aussi tous les jours sous forme de licenciements, sous forme d’expulsions de logements, mais cela ne semble intéresser personne, alors que cela se passe aussi tous les jours, dans le monde entier et surtout pour une seule classe, le prolétariat.

« Aucun peuple n’a reçu sa place sur la terre en fonction de droits de propriété légitimes d’une instance supraterrestre, mais chaque peuple a pris sa place par la force à un moment ou à un autre de l’histoire ; non seulement pour des raisons pratiques – parce qu’il n’existe pas d’instance supraterrestre de répartition équitable –, mais bien plus encore parce qu’il ne peut y avoir, au sens emphatique, de droit exclusif pour les Allemands, les Français, les Israéliens de posséder exclusivement un quelconque coin de terre, et parce qu’il est injuste que des personnes ne puissent pas vivre sur un quelconque coin de terre simplement parce qu’elles sont turques, vietnamiennes, juives ou palestiniennes. Le droit à l’autonomie nationale et à la souveraineté de l’État n’est qu’un autre nom pour l’injustice qui consiste à harceler, à expulser, à déporter des gens sous prétexte qu’ils n’ont pas le bon passeport ou le bon acte de naissance, et cette injustice n’est pas une falsification de l’idée d’État-nation, mais son essence même, certes parfois tempérée par la tolérance de gens lucides. »
Wolfgang Pohrt, Linksradikalismus und nationaler Befreiungskampf [Radicalisme de gauche et lutte de libération nationale] (1982)4

Certains pourraient rétorquer que ce qui est mis en avant ici, c’est le noyau expansionniste, colonial et impérialiste de l’État israélien, car Israël n’a cessé de grandir depuis sa création, en expulsant des dizaines de milliers de prolétaires. Mais ce qui se manifeste ici, c’est en réalité deux choses : l’État (en l’occurrence Israël) s’agrandit parce qu’il le peut – ce que tous les autres pays (dans les deux sens du terme – en tant qu’État et Nation) veulent également – et une question absolument fondamentale se pose à nouveau ici : comment tous les États du monde ont-ils été créés ? Est-ce que cela s’est passé différemment ? Pourquoi l’Arménie et l’Azerbaïdjan se battent-ils à nouveau ? Si l’une des raisons de l’invasion de l’Ukraine par la Russie est répétée chaque jour, c’est que depuis la chute de l’URSS (qui a entraîné la perte d’énormes territoires, populations, ressources, etc.), la Russie veut retrouver son ancienne « grandeur ». Les médias, en tant que vecteur de la pensée dominante, veulent ainsi nous faire avaler le récit selon lequel la Russie serait très méchante, tout comme la gauche (radicale) du capital qui passe à côté de la réalité. Tous les États du monde sont en concurrence les uns avec les autres et sont donc automatiquement impérialistes. Réduire cela à quelques-uns montre que l’on ne comprend pas l’être (au sens ontologique) de l’État et du capitalisme et que, par conséquent, aucune réponse qui ne soit ni réformiste ni contre-révolutionnaire ne peut être exprimée.

« Or il n’y a pas de nation « plus impérialiste » parce qu’il est dans l’essence de chaque nationalisme de rêver de se transformer en empire. L’impérialisme n’est jamais une question de pays. Toute nation est impérialiste par définition. Les gauchistes profitent d’une situation où l’un des concurrents capitalistes est en mauvaise posture pour faire tomber les imbéciles dans le panneau de la guerre contre la nation « la plus agressive ». Les fractions gauchistes constituent ainsi le parfait complément des nationalismes « de droite » ; le piège se referme et les travailleurs sont envoyés au massacre. »
[GCI-ICG] Théorie de la décadence, décadence de la théorie. Le pire produit de l’impérialisme : l’anti-impérialisme

Une chose doit également être claire : la guerre actuelle n’a commencé ni le 7 octobre 2023, ni avec la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza en 20075, et si l’on veut remonter plus loin dans le temps, avec la chute de l’Empire ottoman lorsque ce territoire est devenu un territoire sous mandat britannique. Ceux qui croient qu’« avant c’était mieux », ce qui est faux d’une manière ou d’une autre, se servent de la logique et de la cohérence des idéologies dominantes que nous appelons, comme chacun sait, le nationalisme. Depuis la chute de ces vestiges d’empires anciens qui rivalisaient pour se faire une place sous le soleil du capital, cette concurrence qu’ils ont perdue sans broncher, et alors que plus rien ne s’opposait à l’expansion capitaliste, ces pays nouvellement créés se sont développés en marge, mais jamais en dehors du capitalisme et de ses impératifs. La construction de l’État moderne (qui est toujours national) est l’union artificielle d’une société divisée en classes. Cela vaut partout, et ni la Palestine ni Israël ne font exception.

Une fois de plus, il est important de dire que nous ne luttons pas pour la paix ; dans l’histoire de l’humanité, il n’y a jamais eu de groupe, d’organisation, de parti, d’organisation criminelle ou autre qui n’ait pas pris la paix comme étendard. Mais comme le disait déjà l’anarchiste Galleani, il y a plus de cent ans : « nous n’avons jamais su ce qu’était la paix ». La paix ne peut exister que dans une communauté humaine qui a aboli l’État-nation et le capitalisme.

« Si nous ne mettons pas le feu aux usines et aux prisons aujourd’hui, ils nous y enfermeront à nouveau demain. »
Blouson noir

Nous avons à la fois traduit et publié nous-mêmes des textes qui traitent précisément de cette question. Sans avoir recours aux postulats orwelliens, ce que nous faisons néanmoins, il faut sans cesse répéter, sans se lasser, que dans le capitalisme la définition d’Orwell reste d’actualité : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force (…) ». La paix n’est qu’un nouveau cessez-le-feu, mais jamais la fin de la guerre. N’importe laquelle, n’importe où…

C’est à la fois si facile et si difficile pour beaucoup d’en parler ouvertement, justement parce qu’il y a toujours dans l’air la possibilité de se ridiculiser en disant quelque chose de faux. Mais qu’y a-t-il de mal à s’attaquer à l’un des moteurs du capitalisme ? Qu’y a-t-il de mal à lutter contre le capitalisme et ses appareils administratifs (États-nations, partis, monopole de la violence, Droit, démocratie-fascisme, argent, marchandise, valeur, nationalisme, etc.), qui sont à l’origine du massacre quotidien de milliers de prolétaires dans le monde ? Les guerres ne sont pas des anomalies du capitalisme, mais une composante élémentaire de celui-ci. Et pourtant, on en parle de tous côtés et on prétend qu’il s’agit en réalité de la paix. Des régions et des villes entières sont rasées partout dans le monde pour pouvoir vivre en paix. Ce n’est ni paradoxal ni absurde, c’est juste la logique de la paix (sociale) du capitalisme qui est scellée par des montagnes de cadavres. Sans parler du fait que pendant les périodes de paix (sociale), la violence continue d’exister. Partout et sous toutes ses formes. L’essence du capital ne comprend que le plomb et le sang, la mort et le désespoir. La paix (sociale) de quelques-uns est la guerre quotidienne pour le prolétariat.

On nous martèle constamment – par les idéologies dominantes (démocratie, nationalisme, religion, gauche (radicale) et droite (radicale) du capital), par les institutions dominantes (école, famille, esclavage salarié, service militaire, église, gauche et droite du capital) – que les intérêts de notre classe dirigeante et exploitante coïncident avec les nôtres. Que les intérêts du gouvernement, des patrons seraient les mêmes que les nôtres. Travaille plus et pour moins, réponds à l’appel des drapeaux – sinon, tu peux mourir de faim dans le premier cas et on viendra te chercher dans le second – et meurs dans les deux cas. Aucun État ne protège sa population, ne sert et ne satisfait les intérêts et les besoins des êtres humains qui y vivent ; bien au contraire, la réalité est complètement inversée, car tous, essentiellement le prolétariat, servent les intérêts de l’État (en tant que gestionnaire de l’esclavage salarié) comme force de travail et comme chair à canon en temps de guerre. Personne ne doit se faire de faux espoirs : même si nous ne voulons pas aller à la guerre, l’État viendra nous chercher.

Depuis plus de 150 ans, les anarchistes affirment que l’État doit être détruit, mais la plupart d’entre eux ont encore du mal à expliquer ce qu’est réellement l’État, n’ayant tiré aucune leçon de la Première Guerre mondiale (parlementarisme, social-démocratie, socialisme), ni de la Révolution russe (avant-garde, pas de positions claires, territorialisme), ni de la révolution de 1936 (alliances avec des forces réactionnaires, frontisme/campisme, antifascisme). Depuis toujours, malgré la constitution matérielle de la négation de l’État, les anarchistes ont toujours opté pour le « moindre mal ».

Même si la progression rapide de certains cercles « anarchistes » vers un salmigondis de stalinisme, d’anti-impérialisme et de nationalisme (c’est-à-dire la gauche (radicale) du capital) ne peut être ignorée, qu’ils préfèrent parler de peuple plutôt que de classe, de nations opprimées plutôt que d’abolition des nations, qu’ils préfèrent agiter des drapeaux nationaux (l’éternel appel aux drapeaux) plutôt que de les allumer et de faire des danses de joie autour du feu, etc. et qu’ils rendent ainsi certains nerveux dans « leurs propres » rangs, ce n’est pas notre cas !

Nous sommes même très reconnaissants que ces groupes réactionnaires montrent enfin leur vrai visage, mais il y a quand même beaucoup de compagnons et de compagnes qui sont très dépassés par la situation actuelle. Ils ont du mal à qualifier les guerres de conflits entre fractions/puissances capitalistes et considèrent le génocide contre la population de Gaza comme un point central, notamment parce que la guerre à Gaza serait asymétrique. Même aux échecs, la partie n’est pas symétrique, pas plus que les guerres ne l’ont jamais été, elles sont menées soit à partir d’une position (militaire) de supériorité, soit comme un acte de désespoir, mais pour toujours (essayer) d’avoir le dessus à la fin. Tout le reste signifierait que les guerres pourraient être « justes » si la situation de départ était équilibrée, ce qui est évidemment absurde.

On insiste sur le fait que les Palestiniens sont assassinés, mais ceux qui se font massacrer tous les jours ne sont rien d’autre que des prolétaires ; la classe dirigeante, la bourgeoisie, tous ceux qui l’ont pu, ont fui Gaza il y a longtemps ; qui est donc vraiment prisonnier là-bas ? Les Palestiniens ou le prolétariat ?

Il en va de même lorsque l’on tire sur des êtres humains à Ceuta ou Melilla, ou sur des bateaux en Méditerranée, dans le Sahara, à toutes les frontières possibles, dans les ghettos et dans mille autres endroits pour lesquels on ne s’intéresse pas davantage. On dit sans cesse que les gens ne s’intéressent plus à la mort des Palestiniens, mais ce qui n’intéresse vraiment personne dans le monde, c’est l’assassinat quotidien d’innombrables prolétaires.

La gauche (radicale) du capital n’est capable de tout voir qu’à travers le prisme des identités ; donc pour elle, le fait que des gens soient tués ou qu’ils meurent de faim ne dépend que de leur identité religieuse et nationale (que personne ne choisit, qui ont été créées par les idéologies dominantes et peuvent donc être abolies) et non en raison des conditions capitalistes où la majorité de l’humanité survit dans la misère.

L’analogie d’une prison à ciel ouvert, en référence à Gaza, peut être vraie, mais on peut voir ici aussi que les pensées ne sont pas menées à leur terme. Qui est majoritairement en prison ? Les innocents ou les prolétaires ? Sans compter que la société capitaliste est en soi une prison à ciel ouvert, avec tous ses instruments de discipline, de contrôle, de répression, de surveillance et d’aliénation.

Enfin, il ne s’agit pas d’un appel, mais d’un rappel, à savoir que partout dans le monde, il y a toujours eu, et il y a toujours, des personnes qui résistent à leur situation misérable. Il est donc inquiétant de voir que, bien que cette résistance soit réelle et effective, certains préfèrent se rallier au récit dominant, qu’ils font passer pour émancipateur et libérateur, plutôt que de soutenir ceux qui se font massacrer, à savoir le prolétariat. La guerre sociale et de classe ne se déroule pas entre des pays, mais entre les classes, jusqu’à ce que nous ayons enfin aboli cette situation. La ligne de démarcation, c’est-à-dire la confrontation et le conflit théoriques et pratiques, ne se situe pas entre ceux qui veulent le fascisme ou la démocratie, la question n’est pas Palestine ou Israël, ni entre la gauche (radicale) et la droite (radicale) du capital, la ligne de démarcation / la confrontation / le conflit se situe entre ceux qui veulent abolir l’État-nation et le capitalisme et ceux qui les maintiennent. En d’autres termes, entre la révolution sociale et la contre-révolution, entre une communauté libre [Gemeinwesen] par et pour tous les êtres humains et toutes les espèces de cette planète, et l’asservissement de tous les êtres humains par l’esclavage salarié et la destruction de toutes les espèces de cette planète. En d’autres termes, il s’agit de définir, en théorie et en pratique, ce qui distingue la révolution sociale de la contre-révolution, de distinguer « ce qui apparaît » de « ce qui est ». Il n’y a que deux côtés à la barricade de la guerre sociale qui ouvre la voie.

« Le plus haut effort d’héroïsme dont la vieille société soit encore capable est une guerre nationale ; et il est maintenant prouvé qu’elle est une pure mystification des gouvernements, destinée à retarder la lutte des classes, et on se débarrasse de cette mystification, aussitôt que cette lutte de classes éclate en guerre civile. La domination de classe ne peut plus se cacher sous un uniforme national, les gouvernements nationaux ne font qu’un contre le prolétariat ! »
Karl Marx, La guerre civile en France

Pour une société sans classes dans le monde entier !

Pour la destruction de tous les États-nations et du capitalisme !

Le communisme ne peut être qu’anarchiste !

L’anarchisme (en tant que courant du prolétariat) ne peut être qu’insurrectionnel !

Contre toutes les avant-gardes [autoproclamées], contre tous les partis [politiques], contre tous les syndicats !

Vive la trahison de la patrie !

Parias de tous les pays, unissons-nous, nous avons un monde à gagner, nous le construirons sur les cendres de l’ancien !

Traduction française : Les Amis de la Guerre de Classe / Die Freunde des Klassenkriegs

/ GdC / Les quelques mots entre crochets ont été ajoutés par nous à la version originale.

1 Il y a cependant très peu de pays qui n’ont pas d’armée permanente, comme Andorre, Samoa et quelques autres.

2 Dans les guerres, il n’y a pas un camp qui attaque et un autre qui se défend, mais deux fractions dominantes qui ne souhaitent que leur destruction mutuelle. « Du point de vue des intérêts de la classe ouvrière, il n’y a pas de guerres ‘justes’ ou ‘défensives’. De telles distinctions sont un leurre qui masque le conflit entre les capitaux nationaux et les blocs impérialistes pour le contrôle des marchés de capitaux et des matières premières, des zones d’influence et de la main-d’œuvre bon marché. Chaque camp impliqué dans une guerre présente son rôle comme ‘défensif’ et ‘juste’. Une victoire de l’État le plus faible le rend plus fort et le cercle vicieux recommence, comme l’histoire l’a montré. La défaite d’un pouvoir étatique plus fort implique nécessairement le renforcement de l’État-nation adverse et la mobilisation de la population autour de lui. Toute résistance de classe doit être écrasée pour imposer la paix sociale et l’unité nationale. »

3 Il va de soi qu’il ne s’agit pas ici de groupes/avant-gardes/partis léninistes.

4 Nous avons trouvé cette déclaration de Wolfgang Pohrt très pertinente sur ce sujet, sinon nous n’avons pas particulièrement d’atomes crochus avec lui.

5 Avant cela, c’était l’OLP qui régnait. Le Hamas n’a pas seulement repris toutes les institutions dominantes, il a aussi géré les rapports capitalistes, tout comme l’OLP avant lui. Ou bien n’y a-t-il pas, comme partout ailleurs, du travail salarié, des rapports de propriété (y compris des moyens de production), du droit bourgeois, etc. Même s’il n’y a pas d’industrie lourde dans la bande de Gaza, sauf peut-être pour la construction de tunnels et de missiles, il ne faut pas oublier une chose : dans le capitalisme, on ne produit pas des marchandises parce qu’elles ont une utilité sociale ou qu’elles sont utiles – c’est toujours secondaire –, mais parce qu’elles génèrent des profits, et cela se passe comme partout ailleurs ; donc, même si beaucoup le nient, il existe là aussi une société de classes dans laquelle il y a des positions antagonistes.


dimanche 10 août 2025

Contre les ‘anarcho’-militaristes et leur propagande de guerre

 


[tridni-valka-francais] [Konvulsismo] De Vinnytsia à Berlin

[Konvulsismo] De Vinnytsia à Berlin

contre les ‘anarcho’-militaristes et leur propagande de guerre une réponse aux critiques qui circulent contre la soirée de solidarité KONVULSISMO #2 en soutien au collectif ASSEMBLY, qui s’est tenue le 2 août 2025, à Berlin.

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Nous avons reçu, nous traduisons et publions…

Le 2 août 2025, la soirée de solidarité Konvulsismo #2 a eu lieu dans la ville de Berlin pour soutenir le collectif Assembly à Kharkov, en Ukraine. À la fois groupe politique et média, le collectif dénonce la conscription forcée. Il rend également compte des luttes sociales qui se déroulent dans le contexte de l’invasion et de l’occupation russes et de l’autoritarisme croissant de l’État ukrainien au nom de l’« unité nationale ».

Konvulsismo est un collectif festif qui se consacre à l’organisation de concerts de musique expérimentale/électronique pour soutenir les groupes anti-guerres du monde entier face à la remilitarisation croissante de l’Europe. Son premier événement a été un concert qui a permis de récolter des fonds pour New Profile, un réseau de soutien aux opposants à la guerre en Israël [les refuzniks], récemment privé de financement par l’État allemand.

Des mois plus tard, Konvulsismo #2 est la cible d’une campagne de désinformation menée par le groupe Good Night Imperial Pride (lui-même lié aux soi-disant Solidarity Collectives). Selon un texte qui a circulé sur les médias sociaux quelques jours avant la fête, Assembly n’est qu’apparemment un collectif anarchiste et anti-guerre, cachant un agenda politique de collaboration avec les forces d’occupation russes. Cela a entraîné une série d’annulations, forçant Konvulsismo #2 à changer de lieu et une grande partie de sa programmation en quelques jours. Heureusement, la fête s’est déroulée sans problème, avec le soutien de camarades et d’amis musiciens solidaires de d’Assembly, conformément à une position politique résolument antimilitariste et internationaliste.

Voici la réponse à cette campagne de menaces, d’intimidations et de calomnies à notre encontre :

  1. Les guerres font rage dans le monde. Celle qui oppose officiellement les États russe et ukrainien depuis trois ans (et dans le Donbass depuis 2014) sert désormais d’accélérateur au réarmement européen. Depuis la mobilisation générale de 1914, l’« union sacrée » a toujours été l’arme du pouvoir et des classes dirigeantes pour étouffer la révolte populaire et rallier les classes subalternes sous son drapeau contre une nation rivale. Nous, Konvulsismo, en tant qu’internationalistes et antimilitaristes, refusons de cautionner ce jeu de dupes macabre. De la même manière que nous avons soutenu les objecteurs israéliens par le passé, nous avons cette fois-ci collecté des fonds pour le collectif Assembly, basé à Kharkov (Ukraine), une ressource importante pour les pratiques de désertion et pour ceux qui organisent la solidarité au jour le jour contre la conscription forcée. Dans l’abattoir de la guerre, nous sommes toujours du côté des déserteurs.

  2. Une campagne de désinformation ridicule et pleine de suppositions confuses a été menée contre Assembly, accusant le groupe d’être pro-russe. Tous ceux qui ont suivi leurs activités politiques et leurs publications savent ce qu’il en est : ils ont constamment critiqué l’invasion russe. De plus, lorsque la guerre a éclaté, ils ont lancé une initiative pour soutenir les civils victimes des bombardements russes dans la région de Kharkov. Ce qu’ils refusent en revanche, conformément à leur position internationaliste, c’est de s’engager dans l’armée ukrainienne, de défendre l’État ukrainien et sa classe dirigeante, ou de soutenir la politique meurtrière de la machine militaire à l’encontre de sa propre population. Ce faisant, ils ont toujours encouragé et préconisé les désertions, les mutineries et les révoltes contre l’effort de guerre en Russie, au Belarus et dans les territoires occupés de l’est de l’Ukraine et de la Crimée. 


     

  3. En ce qui concerne l’affirmation selon laquelle le véritable antimilitarisme se pratique les armes à la main et sur la ligne de front (une pure inversion orwellienne), fournissant à l’État un approvisionnement constant en chair à canon : déjà difficilement défendable au début du conflit, le soutien inconditionnel aux brigades se qualifiant d’anarchistes, bien qu’elles soient depuis longtemps subordonnées à l’armée régulière ukrainienne, semble définitivement être une position en décalage avec la situation concrète. Contrairement aux opinions qui semblent faire consensus parmi une partie de la gauche ou des anarchistes en Allemagne, nous voulons également souligner que les anarchistes et, plus largement, les anti-autoritaires et les révolutionnaires en Ukraine, ne constituent pas un groupe homogène. En s’appuyant sur l’image des soi-disant brigades anti-autoritaires, Good Night Imperial Pride, Solidarity Collectives et d’autres groupes tentent de rendre invisibles les initiatives anti-guerres. Ce faisant, ils font le jeu de l’État ukrainien et présentent ces initiatives comme pro-russes, alors même qu’Assembly et d’autres internationalistes soutiennent les déserteurs des deux côtés de la ligne de front.

  4. Alors que ces groupes prônent un « anarchisme » patriotique, l’État pour lequel ils tuent et meurent fait la guerre à sa propre population. Dès le début du conflit, la prétendue unité nationale se forge sur la base de campagnes de conscription forcée. En effet, tant en Russie qu’en Ukraine, il est de plus en plus difficile de trouver des volontaires pour le massacre. La désertion est désormais un phénomène de masse : les classes laborieuses ukrainiennes et russes savent bien qu’elles n’ont rien à gagner dans cette guerre. Le soir même de la soirée de solidarité, malgré le couvre-feu, des centaines de manifestants ont rejoint un rassemblement dans la ville de Vinnytsia pour exiger la libération des hommes détenus par les bureaux d’enrôlement militaire. Les manifestants ont fait irruption dans un stade où les détenus étaient incarcérés pour s’être soustraits au service militaire et ont été accueillis par des gaz lacrymogènes et des arrestations. Assembly est l’un des rares médias anarchistes à rendre compte des soulèvements, mutineries, révoltes et grèves qui ont eu lieu contre la conscription forcée, alors que l’État ukrainien s’efforce de convaincre sa population de participer à l’effort de guerre.

  5. Ce scénario macabre est le produit – mais aussi le moteur – d’une militarisation accélérée, notamment en Europe. Sur fond de crise profonde du capitalisme et d’escalade des conflits entre puissances rivales, l’industrie de la mort qu’est la guerre est le seul horizon que ce monde peut encore offrir. En Allemagne, cela se traduit non seulement par le débat sur la réintroduction du service militaire obligatoire, mais surtout par l’augmentation des dépenses militaires (contrairement aux coupes budgétaires dans les services sociaux et l’éducation – une forme d’austérité militarisée et généralisée). Partout en Europe, cette escalade de la violence s’exprime également par le renforcement des frontières nationales et, à l’intérieur, par l’hostilité envers les immigrés et la persécution raciste des minorités, en particulier arabes et musulmanes.

  6. Dans un tel contexte, ni le soutien à l’Occident sous prétexte qu’il est « démocratique », ni le soutien au régime russe ou à tout autre régime sous prétexte qu’il s’oppose à l’impérialisme américain, ne peuvent être une solution pour notre émancipation. Au milieu de la guerre en cours en Europe, nous sommes d’avis que nous devons intensifier la solidarité – par exemple, avec les internationalistes d’Ukraine, tels que le collectif Assembly – et les luttes là où nous sommes, en particulier lorsque les États dans lesquels nous résidons sont directement ou indirectement impliqués dans le conflit militaire. Il ne s’agit pas de soutenir un camp ou l’autre – c’est le travail de tous les types de nationalistes, qu’ils soient anarchistes, de gauche ou de droite. Il s’agit de combattre l’industrie de la mort, ceux qui en profitent et le monde qui la produit, ici et maintenant.

Solidarité avec les déserteurs des deux côtés de la ligne de front !

Liberté pour tous les insoumis emprisonnés !

Contre la guerre, son industrie de la mort et ses profiteurs !

Pour une vie qui vaille la peine d’être vécue !

Konvulsismo & ses amis, août 2025, Berlin.

Traduction française : Les Amis de la Guerre de Classe



[KRAS] Résistance à la mobilisation en Ukraine : de l’individuel au collectif ?

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Source en russe : https://www.aitrus.info/node/6324

Dans la soirée du 1er août, une émeute de masse contre les mobilisateurs a éclaté dans la ville de Vinnytsia. Selon les médias sociaux locaux, dans la matinée de ce jour, des officiers militaires ont amené au stade « Lokomotiv » une centaine d’hommes détenus dans le cadre de la mobilisation. Des femmes (apparemment des proches des détenus) et des hommes ont commencé à se rassembler au stade, exigeant la libération des hommes mobilisés.

Les gens ont scandé « Honte à vous ! » Au moins 11 voitures de police se sont rendues sur place. Les policiers ont menacé les personnes rassemblées d’arrestation pour violation du couvre-feu. Des dizaines de manifestants ont pris d’assaut le stade, brisant les grilles (https://t.me/stranaua/205361). La police a repoussé l’assaut à l’aide de grenades lacrymogènes et de matraques. Les manifestants ont été renversés, jetés à terre et emmenés. Une femme enceinte figure parmi les blessés.

Pendant ce temps, des militaires et des policiers ont emmené les personnes mobilisées hors du stade par une autre sortie (https://t.me/stranaua/205376).

Les médias locaux indiquent qu’à 1 heure du matin, certaines personnes s’étaient dispersées, mais la manifestation s’est poursuivie jusqu’à 4 heures du matin au moins, plusieurs dizaines de personnes étant restées sur le site. Du thé et du café leur ont été apportés des maisons voisines (https://t.me/stranaua/205388).

Des procédures pénales ont été ouvertes à l’encontre des manifestants détenus pour « s’être emparés d’institutions de l’État ». Parmi les personnes arrêtées par les forces de répression du régime figurent cinq hommes âgés de 21 à 33 ans.


https://www.youtube.com/watch?v=QJqsKrOozj8


Bien que l’émeute de Vinnytsia puisse servir de précédent à l’essor de la protestation collective, aujourd’hui, les manifestations restent essentiellement individuelles, bien que de nature parfois assez radicale, une « révolte de solitaires ».

Ainsi, selon le site web « Assembly » des anarchistes-antimilitaristes de Kharkov, le 11 juin, le TCC (bureau d’enrôlement militaire) du district de Novobavarsky à Kharkov a été incendié. La surface incendiée était de 800 mètres carrés ; les flammes ont envahi plusieurs étages ; les personnes qui se trouvaient à l’intérieur ont pu être évacuées. Selon la police, l’incendiaire s’est avéré être un habitant de la ville âgé de 29 ans qui avait été convoqué au centre d’enrôlement militaire pour vérifier ses documents. Il s’est enfermé dans une pièce, a mis le feu, puis s’est échappé par une fenêtre (https://assembly.org.ua/leto-besporyadkov-dlya-ukrainy-kak-daleko-zajdet-borba-protiv-mobilizaczii/).

Le 3 juillet, un tribunal de district de Soumy a condamné un soldat d’une unité d’assaut aéroportée qui avait volé un véhicule blindé de transport de troupes le 31 janvier et l’avait conduit chez lui, dans le village de Solonytsia, dans la région de Poltava. Après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres, il s’est endormi dans une forêt et a été capturé.

Au total, 230.804 cas de désertion ont été enregistrés en Ukraine depuis le début des hostilités en février 2022 jusqu’au 1er juillet 2025. Au cours du seul premier semestre de cette année, 107.672 nouveaux cas d’ouverture de procédures pénales pour abandon non autorisé d’une unité, d’un lieu d’affectation ou pour désertion ont été enregistrés (https://assembly.org.ua/rozysk-szch- ne-pomogaet-razlozhenie-vojsk-i-novaya-eskalacziya-vojny-grozyat-obrusheniem-fronta-ukrainy/).

Au 25 juin, plus de 28.000 procédures pour violation des règles d’enregistrement militaire ont été ouvertes depuis le début de l’année (dont 3.835 à Kiev, 2.984 à Dnipropetrovsk, 2.464 à Soumy, 2.438 à Odessa et 2.151 dans les régions de Kharkov).

« La guerre du peuple et de l’État dans les rues ne s’arrête pas… », commentent les camarades d’« Assembly ». Le matériel qu’ils ont publié cite des faits de résistance aux mobilisateurs de Kharkov.

Le 24 juin, un évadé de Kharkov âgé de 32 ans s’est battu avec des policiers qui vérifiaient ses documents à l’un des points de contrôle. Le 27 juin, la police a arrêté un contrevenant à l’enregistrement militaire à Balaklia. Il a refusé de se rendre au centre d’enregistrement militaire et a frappé l’un des contrôleurs. Il a été appréhendé, emmené au bureau d’enrôlement militaire et un dossier a été ouvert contre lui.

Le 11 juillet, à l’entrée de la gare du Sud, une foule de passants mécontents a « mis en danger la vie et la santé » des officiers militaires ; l’un d’entre eux a été renversé. Les officiers militaires emmenaient un mobilisé vers une unité militaire, mais celui-ci a commencé à résister à la descente du bus, et des passants ont pris sa défense. L’homme, âgé de 44 ans, a été arrêté.

Le 17 juillet, un rassemblement de protestation a eu lieu à Pervomaïskyï (Zlatopol) contre l’installation du TCC dans un dortoir situé dans un quartier résidentiel : les habitants ne veulent pas que leurs maisons deviennent des cibles pour les bombardements russes. « Ramenez-les chez eux ! » – crient-ils. Après avoir reçu la promesse que les officiers militaires ne seraient pas logés là, les manifestants se sont dispersés.

Le 20 juillet, à Kegitchevka, dans la région de Kharkov, des policiers ont vérifié les documents d’un homme recherché pour s’être soustrait à la mobilisation et l’ont remis au TCC. Un jeune homme de 20 ans a fait irruption dans les locaux et a frappé l’un des policiers. Ils se sont mis à six pour arrêter le jeune homme quelque peu téméraire et un dossier pénal a été ouvert contre lui (https://assembly.org.ua/totalitarizm-zhara-iyul-harkovskie-protesty-protiv-tczk-i-pochemu-zagovorili-ob-ohote-na-lyudej-vlasti-vengrii/).

P.S. de dernière minute.

Le 3 août, dans le village de Buzke, dans la région de Mykolaïv, au cours des activités de notification des citoyens menées par les militaires du TCC avec un représentant de la police nationale ukrainienne, des inconnus ont attaqué les militaires.

Depuis 14h00, on sait que des civils armés de battes et de tuyaux métalliques ont endommagé un véhicule de service et causé des blessures corporelles à l’un des soldats du groupe de notification (https://t.me/ASupersharij/43681).

Traduction française : Les Amis de la Guerre de Classe / Друзья классовой войны








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