mercredi 25 juin 2025

INFOBREF N°571-juin 2025

 


Pour la première fois, Nétanyahou fait du nettoyage ethnique de Gaza un objectif de guerre officiel

Sachant qu'il bénéficie du soutien total de l'administration Trump, le gouvernement israélien se livre à des actes criminels d'une ampleur inouïe.

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La faillite politique de la réunion anti-guerre du 24 mai à Paris de Révolution Permanente

RP cherche à concilier des phrases creuses sur la révolution, l'internationalisme et le trotskisme avec ses alliances réelles avec les partis staliniens, sociaux-démocrates et libéraux pro-guerre, ainsi qu'avec les bureaucraties syndicales nationalistes.

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L’Ukraine et ses déserteurs. Partie II : Guerre et révolution ?

Alors que les petites sectes de la dite "gauche communiste" se contentent de radoter des banalités contre la guerre ou en recopiant des infos insignifiantes, voici deux articles extraordinaires qui traitent concrètement et lumineusement du point de vue politique marxiste sur base de la réalité géopolitique et de classe: https://dndf.org/?p=21701#comment-654637


Ce texte de René Naba, qui a comme qualité d' essayer de replacer des événements et conflits parcellaires dans leur globalité mondiale,

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

Tous les articles de René Naba

Dernière mise à jour le 22 janvier 2024

La guerre d’Ukraine : Enjeu central pour le contrôle du Heartland.
Une parfaite illustration du discours disjonctif occidental
  • La Palestine, véritable test de la crédibilité de l’Occident.

  • «L’Europe de l’Atlantique à l’Oural», un rêve désormais brisé.


Texte de l’intervention de l’auteur à un colloque organisé à Genève le 18 mars 2022 par le Centre International de Lutte contre le Terrorisme (CILT), dont l’auteur en est le vice président, sur le thème: «Équilibrer la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, d’une part, et les Droits de l’Homme, d’autre part».


Who rules East Europe commands the Heartland;
who rules the Heartland commands the World-Island;
who rules the World-Island commands the world.
— Mackinder, Democratic Ideals and Reality, p. 150

La guerre d’Ukraine n’est pas accidentelle, résultant d’un dérapage fortuit ou d’un enchaînement incontrôlé des événements, ou pis d’un comportement impulsif d’un dirigeant éruptif. Non la guerre d’Ukraine constitue un objectif majeur de la stratégie contemporaine et, face à la débâcle de l’OTAN en Afghanistan, l’enjeu central du contrôle du Heartland, le centre du Monde, en application des préconisations de Halford John Mackinder, le fondateur de la géopolitique contemporaine.

Ce professeur de géographie à Oxford University (RU) estimait tout bonnement que quiconque contrôle l’Europe de l’Est commande le cœur du Monde.

Selon Mackinder, le Heartland qui représente les 2/12 de la terre est composé des continents euro-asiatiques et africains. Il est donc impératif de tenir ce Heartland, –vaste plaine s’étendant de l’Europe centrale à la Sibérie occidentale qui rayonne sur la Mer Méditerranée, le Moyen Orient et le sud de la Chine– et qui a constitué la voie par excellence des invasions mongoles de l’Europe du XIII e siècle et du XIV e siècle) de Gengis Khan et de Tamerlan.

L’enjeu est donc de taille et explique la formidable guerre psychologique engagée par les médias occidentaux pour discréditer la Russie, coupable d’avoir bravé le primat de l’Otan en Europe depuis l’effondrement du bloc soviétique, en 1989, en vue de briser net le grignotage atlantiste des anciennes marches de l’Empire soviétique (Pologne, Hongrie, Pays baltes etc..).

A ce titre, la guerre d’Ukraine, par ses excès de langage et ses omissions, a constitué une parfaite illustration du discours disjonctif occidental et révélé le tréfonds de la pensée d’une fraction de l’élite occidentale.

Désigné communément dans le jargon journalistique de «double standard», le discours disjonctif est un discours prônant la promotion des valeurs universelles pour la protection d’intérêts matériels. Il est en fait un discours en apparence universel mais à tonalité morale variable, adaptable en fonction des intérêts particuliers des États et des dirigeants. Dans un monde où l’hypocrisie n’est pas de mise, un tel double langage est plus crûment qualifié de duplicité ou d’hypocrisie.

De l’égarement de la pensée occidentale.

Dans la guerre psychologique, les médias occidentaux s’en sont donnés à cœur joie pour diaboliser Vladimir Poutine.

Traiter le président russe de «criminel de guerre» est en effet de bonne guerre de la part de son rival américain Joe Biden, désireux de se livrer à une démonstration de force en trois directions:

  1. L’Ukraine, au delà l’Europe, théâtre privilégié des manœuvres d’encerclement de la Russie depuis une décennie et victime à ce titre d’un jeu de billards à trois bandes.

  2. La Chine, pour tenter de la dissuader de se livrer à pareille opération en direction de Taïwan , que Pékin considère comme faisant partie partie intégrante de la Chine, dont elle avait été détachée arbitrairement lors de l’avènement du régime communiste.

  3. L’opinion américaine en campant une posture de chef de guerre, soucieux de ménager la croissance américaine et le budget des ménages en maintenant à bas prix le prix du carburant afin de ne pas compromettre les résultats des élections de mi mandat américaines, de novembre 2022.

Au prix de faire les yeux de Chimène au boucher de Riyad, l’ordonnateur d’une décapitation de 81 opposants saoudiens, dans la semaine même de l’intervention russe en Ukraine, Mohamad Ben Salmane; Un interlocuteur particulièrement recommandable du fait de ses états de service, l’équarrisseur du journaliste Jamal Khashoggi et co-agresseur du Yémen.

Toute honte bue, l’Occident a même dépêché deux de ses plus éminents représentants, –Emmanuel Macron, le président français de la Patrie des Droits de l’Homme et le britannique Boris Johnson, le pays doyen des démocraties occidentales de l’époque contemporaine–, à Riyad pour tendre la sébile, dans un remake de l’humiliant voyage à Canossa du Moyen Age , en vue de dédouaner aux yeux de leur opinion le sanguinaire wahhabite.

Ces quatre vingt et une (81) décapitations ont porté à 220 décapitations le total des suppliciés saoudiens en un an, sans un murmure de protestations de la part des éditocrates volontiers sentencieux et moralisateurs par ailleurs, dès lors qu’il ne s’agit pas de leurs portefeuilles.

Sauf à être animé d’une mauvaise foi crasse, quiconque doté des rudiments de la stratégie planétaire ne pouvait ignorer que les États Unis ne resteraient pas inerte face à la débâcle de Kaboul, en Août 2021, particulièrement à son monumental impact psychologique sur le rôle dirigeant du leadership occidental sur le reste de la planète. D’autant plus impérativement que le reflux militaire atlantiste en Afghanistan s’est doublé de la percée russe en Afrique francophone avec la fin de l’opération française du Barkhane au Mali, tendant à accréditer l’impression d’une débandade des «anciens maîtres du monde».

Sauf à être frappé d’amnésie précoce, anticiper, de surcroît, la réaction du Kremlin était chose d’autant aisée pour les Américains que l’une des crises majeures de l’époque de la guerre froide, la crise des missiles de Cuba, en 1962, avait précisément mis aux prises les États Unis et l’Union Soviétique d’alors, et, débouché sur le retrait concomitants des missiles soviétiques de Cuba et des missiles américains de Turquie, le flanc sud de l’Otan.

Pour avoir délibérément ignoré les règles de base de la gestion de crise, l’Ukraine, ce pays culturellement jumeau et frontalier de la Russie, a été amputé une première fois de la Crimée et de son importante base navale de Sébastopol, en 2014; Puis, huit ans plus tard, en 2022, de la région russophone du Donbass, désormais réduit à la 4eme semaine du conflit, au statut de futur ex candidat potentiel au pacte atlantiste.

De la tonalité du discours dominant à propos de la guerre d’Ukraine et de sa distorsion.

Au diapason, dès l’intervention de la Russie contre l’Ukraine, le 24 Février 2022, les médias occidentaux ont pris fait et cause pour les Ukrainiens, dans un soutien sans nuance, célébrant des faits et gestes, qu’ils condamnent sévèrement ailleurs.

1 ère guerre en Europe ? Cocktails Molotov … Voyons voir

Mieux, pour galvaniser la solidarité avec la blanche Ukraine, ils mettront en exergue le fait que la guerre d’Ukraine est le premier conflit en Europe depuis la fin de la 2me guerre mondiale et l’effondrement du bloc soviétique, occultant délibérément la destruction de la Yougoslavie par l’Otan dans la décennie 1990, en vue d’éliminer toute structure pouvant faire barrage à l’extension du pacte atlantiste dans l’ancienne chasse gardée soviétique; de même que la guerre de Géorgie en 2008, pour sécuriser un glacis de la Russie dans ses zones limitrophes. Un schéma identique à celui qui a provoqué l’intervention russe en Ukraine.

A l’unisson, les médias occidentaux s’émerveilleront de l’entraînement au maniement des cocktails Molotov par les femmes ukrainiennes, alors que dans d’autres temps et sous d’autres cieux, ils fustigeaient avec la plus extrême vigueur le lancer de pierre d’adolescents palestiniens contre des soldats israéliens, quand bien même les bombes incendiaires ont un effet infiniment plus dévastateur que des frondes palestiniennes.

La figure inversée du petit David palestinien terrassant avec une fronde le géant israélien Goliath provoque encore de nos jours de sueurs froides dans les chaudes chaumières de la bonne conscience occidentale.

Le remake des tirailleurs africains

Les Européens, particulièrement, habituellement grincheux à l’égard des migrants par crainte de leur «grand remplacement démographique », se sont ainsi portés volontaires par milliers pour l’accueil des réfugiés et la mobilisation d’importantes collectes de vivres et de fonds, sans conditionner, curieusement, cet élan de générosité au respect des valeurs professées précisément par les grandes démocraties occidentales… à savoir, notamment la libre circulation des personnes.

Dans le cas particulier de l’Ukraine, la liberté des Africains résidant dans ce pays en guerre, –une guerre à laquelle ils sont totalement étrangers–, de retourner dans leur pays d’origine, sans qu’il ait été possible de savoir si cette omission relevait d’un fâcheux oubli ou bien d’une posture de mépris… d’un mépris caractéristique des nantis face au sort des plus démunis.

Aucun pétitionnaire compulsif, qui dicte habituellement la règle du jeu, n’a protesté, à titre d’exemple –pour l’exemple- contre la volonté de Kiev d’enrôler les Africains résidant dans le pays dans la guerre contre la Russie en un vieux remake des «Tirailleurs africains» de la 1e Guerre mondiale (1914-1918). Embrigadés dans des conflits qui leur étaient, étymologiquement, totalement étrangers, ces Africains feront office de «chairs à canon» pour défendre, paradoxalement leurs colonisateurs contre les oppresseurs de leurs propres oppresseurs.

Sur les tirailleurs africains, cf ce lien: https://www.renenaba.com/le-bougnoule-sa-signification-etymologique-son-evolution-semantique-sa-portee-symbolique/

De la prégnance d’une posture proto-fasciste de discrimination: Le cas de la France

Sous des effets de robe et de plume, les survivances racialistes sont tenaces et vivaces en France, la «Patrie des Droits de l’Homme».

Ainsi M. Jean Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française, a eu l’outrecuidance de vanter l’immigration de qualité qui résulterait de l’afflux d’Ukrainiens en France par comparaison avec les Afghans, les Irakiens ou les Syriens. M. Bourlanges, pourtant député Modem, une formation qui se revendique de la «Démocratie Chrétienne», a assuré que les Ukrainiens constitueraient en France une «immigration de grande qualité, dont on pourra tirer profit», faisant valoir qu’elle était composée «d’intellectuels». Il en est résulté de ces propos qu’il existe de par le monde des réfugiés moins utiles sans doute en raison du fait qu’ils sont culturellement trop différents. Plus explicitement: Pas chrétiens ou pas Européens.

Dans la foulée, des commentateurs ont eté conduits à distinguer «accueil de réfugiés» en parlant des Ukrainiens, mais «crise des migrants», quand il s’agit du sort des «basanés»…Irakiens, des Syriens ou des Afghans. Beaucoup de commentateurs et éditorialistes de renom se sont d’ailleurs paresseusement laissés aller à ces raccourcis conscient ou inconscient depuis le déclenchement du conflit le 24 Février 2022.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ces deux liens :

De l’extension du concept de Max Weber de la «violence organisée de l’état», de son détournement sur le plan international.

Maîtres du Monde pendant six siècles, les états occidentaux se sont longtemps vécus comme les seuls véritables acteurs de la scène internationale, s’arrogeant, au plan international, le monopole de la violence légitime– une notion conceptualisée sur le plan par le sociologue allemand Max Weber, en 1919–. Non seulement de s’arroger ce monopole, mais de décréter le bien et le mal, sans juger si leur action est bonne ou mauvaise.

Depuis six siècles, toutes les interventions occidentales dans le tiers monde se sont en effet faites sous de faux prétextes masquant mal la supériorité que se font les Occidentaux que se font d’eux mêmes par rapport aux autres civilisations. Des concepts qui masquaient mal en fait des visées prédatrices.

La colonisation occidentale de l’humanité a été justifiée par le concept saugrenue de «Fardeau de l’Homme blanc» ou de la «Charge d’aînesse», et, à l’époque contemporaine, dans l’ère post décolonisation par la notion d’«ingérence humanitaire», et sa variable «le devoir de protéger».

Il en a été ainsi de la Libye, en 2911, dont la destruction a provoqué la déstabilisation de la zone sahélienne, jadis le pré-carré de la France.

Il en a été aussi de la destruction de la Syrie, l’année suivante, en vue de neutraliser l’ultime pays du champ de bataille avec le Liban à ne pas avoir pactisé avec Israël, qui a provoqué un flux migratoire avec son cortège d’attentats terroristes dans la sphère occidentale et une islamophobie corrélative.

Il en a été auparavant de l’Irak (2003), sous le fallacieux prétexte de la présence dans ce pays d’armes de destruction massive (ADM).

Telle est du moins l’impression qui prévaut au terme d’une étude exhaustive d’un demi siècle d’ingérence occidentale en direction du monde non occidental.

Du vote africain à l’ONU lors du débat sur l’Ukraine.

Une analyse du vote des pays africains lors du débat de l’Assemblée générale sur l’Ukraine, a révélé une défiance de l’Afrique envers l’Occident. Trente-cinq pays se sont abstenus de condamner l’«agression contre l’Ukraine», parmi lesquels dix-sept africains, dont le Sénégal, président en exercice de l’Union Africaine.

Se superposant à la décision de l’Union Africaine de suspendre Israël de sa qualité de membre observateur de l’organisation pan africaine, le vote africain sur l’Ukraine à l’ONU pourrait donner une indication sur le nouveau comportement de l’Afrique face à ses anciens colonisateurs, dans un paysage dévasté par trois années terribles (2020-2022): Une pandémie mortifère et un confinement planétaire. Du jamais vu dans les annales de l’histoire contemporaine. Avec, en superposition, une guerre en Europe qui est en train de provoquer un nouveau bouleversement du monde.

Pour aller plus loin sur ce thème

A – Le Covid:

Concrètement pour le Tiers monde, le Covid a entraîné un double tarissement: le tarissement du flux migratoire et le tarissement des transferts de fonds. Une double peine en somme, matérialisée par une baisse de 85 milliards de dollars des transferts de la diaspora en deux ans (2020 et 2021). Ces chiffres ne tiennent pas compte de l’exercice 2021.

Ainsi le Sénégal qui compte une diaspora de 600.000 personnes, les transferts de la diaspora, de l’ordre de 7 milliards de dollars, représentent 9,1 pour cent du produit intérieur brut, soit autant que l’aide publique au développement que ce pays reçoit des pays occidentaux. Au Sri Lanka, les transferts représentent 18 pour cent du PIB. En Haïti, où le premier ministre a été assassiné par des mercenaires, les transferts de la diaspora représentent 33 pour cent du PIB. L’Inde et le Pakistan, dont une forte concentration de leurs travailleurs expatriés se trouvent dans les riches pétromonarchies, ont particulièrement souffert du confinement. entraînant une réduction considérable des revenus et partant des transferts.

B- Le sommet Europe-Afrique: un parfait exemple de la cécité occidentale

Le Covid n’est pas l’unique responsable de la recrudescence de la violence en Afrique, particulièrement contre la présence occidentale. Le sommet Union Européenne et Union Africaine qui s’est tenu le 19 février 2022 à Bruxelles est à cet égard éloquent de la cécité politique des dirigeants occidentaux.

L’Afrique, qui est à l’origine de la prospérité du Monde occidental, tant par la traite négrière que par l’exploitation des richesses du sous sol du continent, … l’Afrique qui compte 50 états et dont la population s’élève à près d’un milliard de personne, ne dispose pas d’un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU. Pas même d’un strapontin.

Il en est de même de l’Asie, qui compte les 2/3 de l’humanité près de 4,5 milliards de personnes et abrite quatre puissances nucléaires (Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord) et deux puissances du seuil nucléaire (le Japon et l’Iran), ne disposent, quant à elle, que d’un siège permanent (Chine), alors que l’Occident en dispose de trois.

Épilogue

Équilibrer la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, d’une part, et la promotion des Droits de l’homme, d’autre part, thème de ce colloque, supposerait au préalable d’équilibrer les initiatives en provenance de l’hémisphère Nord et Sud, et de les traiter sur un pied d’égalité et non d’assigner les pays de l’hémisphère Sud à une obéissance aveugle aux injonctions du Nord.

  • Exalter par exemple la résistance ukrainienne…au même titre que la résistance palestinienne et non glorifier la résistance ukrainienne et criminaliser la résistance palestinienne.

  • Se plaindre du terrorisme islamique et soutenir «en même temps», en sous-main, les organisations terroristes, tel « Jabhat al Nosra, qui font du bon travail en Syrie » (Laurent Fabius dixit), sans pour autant sanctionner la responsabilité des parrains occidentaux et pétro-monarchiques des groupements terroristes islamiques, relève d’un mépris absolu des victimes. Une insulte à l’intelligence humaine et à l’éthique du commandement.

S’enthousiasmer pour l’Islam périphérique (Tchétchène, Ouïghour, Kurde, Makiste kabyle), mais demeurer mutique à l’égard des aspirations légitimes du peuple palestinien-, pourtant le noyau central du conflit entre le Monde arabe et l’Occident, la ligne de fracture majeure entre les deux rives de la Méditerranée, au delà de l’Islam et de l’Occident.

Les réticences des pétromonarchies du Golfe à augmenter leur quota de production pétrolière, principalement l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis, par fidélité avec leur engagement avec la Russie au sein de l’OPEP, témoignent également d’un nouvel état d’esprit, lequel- s’il perdurait- pourrait s’apparenter à une fronde muette.

L’Europe, certes, au delà l’Occident, ne peuvent accueillir toute la misère du Monde. Et pourquoi donc, l’Afrique-a-elle accueilli, contre son gré, toute la misère de l’Occident, ses proscrits, ses bagnards, au prix de sa dépersonnalisation, de sa dépossession, de l’extermination de sa population, du bouleversement de son écologie, de son économie et de ses coutumes ancestrales.

Pourquoi avoir opposé un silence poli aux protestations africaines contre la décision de Kiev de retenir en otage ses résidents africains, alors que l’opinion occidentale est saisie d’une peur panique d’un possible «Grand Remplacement» de la bancheur immaculée de sa population et de son inéluctable métissage?

Alors que la guerre d’Ukraine paraît devoir induire un nouveau bouleversement du Monde, la question se pose, sans faux fuyant, loin du tapage médiatique orchestré par la formidable force frappe occidentale, visant à occulter toute pensée dissidente.

De manière subsidiaire, se pose la question de la responsabilité de l’Otan dans cette tragique affaire ukrainienne. En un mot pourquoi avoir poussé la Russie dans ses derniers retranchements?

La couverture quasi hystérique de l’invasion russe de l’Ukraine dans les médias occidentaux révèle le besoin, autrefois dissimulé, de l’Occident de retrouver un état de grâce face à la calamiteuse guerre d’Irak (2003).

La normalisation collective monarchique arabe avec Israël ne doit pas faire illusion. Elle ne saurait occulter l’aversion profonde du peuple arabe envers cet arrangement interétatique d’un groupement d’autocrates sur la défensive.

N’en déplaise aux Occidentaux, qu’ils le veuillent ou pas, le véritable test de la crédibilité de l’Occident demeure la Palestine, qui gangrène depuis un siècle la relation entre l’Orient et l’Occident.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien :

Bis repetita: Pourquoi avoir poussé la Russie dans ses derniers retranchements, au mépris des enseignements du stratège chinois Sun TZU dans son mémorable ouvrage «l’Art de la Guerre», toujours d’actualité.?

Dans cette ambiance de frénésie collective occidentale, le rêve de la France entretenue depuis le Général Charles de Gaulle à Emmanuel Macron de détacher la Russie de la Chine pour l’arrimer à l’Occident pour faire une «Europe de l’Atlantique à l’Oural», selon l’expression du général de Gaulle dans son discours de Strasbourg de 1959, s’est brisé sous les fracas des bombes russes sur l’Ukraine et de l’embargo corrélatif décrété par l’Otan contre la Russie.

«Il est dans la nature des soldats de se défendre quand ils sont encerclés, de se battre farouchement quand ils sont acculés et de suivre leurs chefs quand ils sont en danger», professait Sun Tzu dans son mémorable ouvrage «l’Art de la Guerre» (chapitre 11).

«On ne force pas un ennemi aux abois», avertissait-il, prémonitoire. (chapitre 7)

De ce précepte empreint d’une grande sagesse, le stratège chinois en déduisait qu’il est plus avisé de ménager une porte de sortie à un adversaire acculé afin que ce dernier préfère la fuite et sauve la face, sinon il se bat avec la «rage du désespoir» au risque d’infliger des pertes sévères. Dans le cas d’espèce, en premier lieu à l’Ukraine, victime au premier chef, des turpitudes occidentales.

Pour aller plus sur l’Ukraine, ci joint un exposé de John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago et surtout auteur du monumental ouvrage :

et du général Lalanne-Berdouticq :

Décès de Jacques Camatte

Un grand théoricien de la gauche maximaliste vient à son tour de disparaître. Personnage central du mouvement révolutionnaire marxiste depuis 1968 et gêneur indiscutable après son abandon de la vision religieuse du prolétariat mais finalement grand-père du modernisme, ce qui ne doit pas faire oublier son immense travail de restauration des textes de la "gauche communiste", bible de nos jeunes années, et aussi référence pour Marc Chirik qui me demanda plusieurs fois à consulter mes numéros d'Invariance, toutes les fois où il entreprenait un texte de fond. Il est décédé samedi Jacques Camatte (1935-2025). Militant du Pcint et de la gauche communiste d'Italie dans les années 50, 60 et début des années 70 (jusqu'à la première série d'Invariance). Commentaires d'Ernesto Roman: "Nous pensons qu'il est très important de connaître, pour le présent et pour le futur, la bataille anti-activiste qu'il a menée avec Roger Dangeville et les contributions qu'il a apportées à la première série d'Invariance, soit en recueillant les contributions de notre parti historique que la contre-révolution avait presque enterré. Lors de notre phase précédente, comme Germinal, nous avons traduit certains de ses textes. Parmi eux, leur contribution au parti qui a travaillé avec d'autres collègues du Pcint et apparu dans le programme communiste nous semble particulièrement importante. Les textes que nous avons traduits peuvent être lus ici barbaria.net/tag/camatte/ À partir de la deuxième série d'Invariance et malgré des contributions importantes comme son étude sur le KAPD a rompu avec nos positions de classe et avec la révolution communiste comme alternative historique au monde du capital. Jacques Camatte : Origine et fonction de la forme partielle (1961) – Barbarie https://barbaria.net/.../jacques-camatte-origen-y.../ Jacques Camatte : La mistificación democrática – Barbarie https://barbaria.net/.../jacques-camatte-la.../ Jacques Camatte : « Le KAPD et le mouvement prolétaire » (1971) – Barbarie https://barbaria.net/.../jacques-camatte-el-kapd-y-el.../ marxiste et d'une vision religieuse du prolétariat




lundi 23 juin 2025

G.Bad - La Máquina de Guerra Explotará

 

Todas las posturas de los movimientos políticos de derecha y extrema derecha, y ahora de un sector de la izquierda, contra la idea de que "no podemos con toda la miseria del mundo", revelan que toda esta gente noble acabará queriendo una guerra salvadora. La guerra contra los pobres, la guerra contra el excedente de población que ya se muere de hambre en Sudán y Gaza... Las deportaciones organizadas por el supremacista Trump en California, utilizando la prisión de Guantánamo en Cuba. Esta guerra permanente contra los desposeídos está tomando un nuevo cariz con los preparativos destinados a convertir todos los conflictos en curso en la gran caldera de la guerra mundial.


Acabamos de saber que 32 países de la OTAN se reunirán en La Haya los días 24 y 25 de junio de 2025, con la agenda puesta en la hipermilitarización de estos países. El Secretario General de la OTAN, Rutte, dejó claro que lograr estos objetivos requeriría un gasto militar sin precedentes:

"Necesitaremos un gasto significativamente mayor. Esa es la base de todo".

La base de todo para los monopolios armamentísticos, que exigen que los Estados sirvan de bomba financiera para operar su industria de la muerte. Nos encontramos así, una vez más, ante lo que Rosa Luxemburg explicó en su texto:

el militarismo: un campo de acción para el capital. Desde el comienzo de su artículo sobre el militarismo, Rosa Luxemburg explica: «El militarismo tiene otra función importante.

Desde un punto de vista puramente económico, es un medio privilegiado para que el capital realice plusvalía; en otras palabras, es su campo de acumulación». (La acumulación del capital, Rosa Luxemburg, Edición Maspero, Militarismo: El campo de acción del capital, p. 123).

Lo que Rosa Luxemburg enfatiza en su texto sobre el militarismo es que el Estado, a través de los impuestos, extrae una parte de la plusvalía de la clase trabajadora, que, en lugar de gastarse en la subsistencia, permitirá que la industria armamentística funcione a pleno rendimiento. Esto es, en definitiva, lo que está sucediendo actualmente a nivel internacional, salvo que la clase trabajadora ha disminuido considerablemente en Europa y Estados Unidos, por lo que es toda la población la que estará sujeta a todo tipo de impuestos. Siendo el Estado francés el líder europeo en este aspecto, los impuestos tradicionales por sí solos no serán suficientes para financiar la producción bélica; será necesario recurrir al crédito.

Ya es oficial: el Banco Central Europeo (BCE) invertirá 800000 millones de euros en el rearme de Europa. El mismo BCE explica que los aumentos previstos del gasto en defensa en la eurozona podrían reavivar la preocupación por la deuda de algunos Estados si no van acompañados de un crecimiento suficiente. Sin embargo, según Rutt, esto no es suficiente; se requerirán más sacrificios, ya que Rusia y sus aliados están dispuestos a desafiar a la OTAN en cinco años. Mientras tanto, Israel acaba de lanzar un duro golpe contra Irán.2


La agenda para la financiación de los Trusts de Armamento:


Control del gasto público, lo que implicaría recortes sin precedentes en ciertas áreas (en particular, las prestaciones sociales y la función pública);

Un aumento de impuestos (el aumento necesario representaría un incremento de casi 2 puntos porcentuales en el IVA cada año durante cinco años); un aumento de la tasa de empleo, especialmente entre los jóvenes, los trabajadores menos cualificados, los de mayor edad y las mujeres (la tasa de empleo tendría que aumentar 4,7 puntos porcentuales en cinco años, lo que representaría un aumento de aproximadamente 1,9 millones de empleos);

El uso de financiación europea, mediante deuda conjunta a nivel de la Unión Europea.


En Bruselas, Rutte explicó que el 3,5 % debía destinarse simplemente a alcanzar las capacidades y objetivos militares acordados. Pero, en general, se necesitaba al menos el 5 % para prepararse para la guerra.

Éramos muy conscientes de este escenario de militarización frenética antes de la Segunda Guerra Mundial:

Estados Unidos, al igual que durante la Primera Guerra Mundial, intentaría mantenerse neutral mientras operaba su industria armamentística para alimentar el conflicto. Así, se estableció el programa de Préstamo y Arriendo, una guerra a crédito. Esta ley del 11 de marzo de 1941 autorizó a Roosevelt a vender material bélico considerado vital para el país. Como hemos señalado, la crisis de 1929, y luego la de 1936, reavivó el riesgo de desempleo masivo, con la consecuencia de movimientos insurreccionales que debían ser atajados de raíz exportando el excedente de desempleados a la guerra.

El sorpresivo ataque del militarismo japonés a la base naval de Pearl Harbor, en la isla de Hawái, revelaría algunos de los lados oscuros del establishment estadounidense. Roosevelt fue acusado durante mucho tiempo de estar informado del ataque japonés y de haberse limitado a reubicar los portaaviones. Con el deseo de entrar en la guerra para crear oportunidades para las industrias privadas, tuvo que aumentar los impuestos y conseguir que el Congreso aprobara este presupuesto de guerra. El Congreso aceptó casi por unanimidad la entrada en la guerra contra Japón. A cambio, el 11 de diciembre de 1941, Alemania e Italia declararon la guerra a Estados Unidos.

Las consecuencias para las familias no se hicieron esperar: el servicio militar obligatorio se aprobó el 20 de diciembre de 1941, lo que permitió a todos los estadounidenses de entre 20 y 40 años ser elegibles para el servicio militar. Para convertir la economía de tiempos de paz en una economía de guerra, se aprobó la Ley de Máximo General (que bloqueó la inflación y aumentó significativamente el impuesto sobre la renta) para financiar los pedidos de armas. Esta política fiscal se vio reforzada por la Ley de Ingresos de octubre de 1942. Durante los años 1941 a 1944, la producción bélica, es decir, armas y herramientas de guerra, se produjo en cantidades industriales. Estados Unidos construyó 171.257 aviones de combate y 1.200 buques de guerra.

Las predicciones de Rosa Luxemburg sobre el papel de la militarización en la economía se confirmaron una vez más:

Ahora vemos que los impuestos indirectos extorsionados a los trabajadores, si se utilizan para la producción de material bélico, ofrecen al capital un nuevo campo de acumulación. En la práctica, basado en el sistema de impuestos indirectos, el militarismo cumple estas dos funciones: al reducir el nivel de vida de la clase trabajadora, asegura, por un lado, el mantenimiento de los órganos de dominación capitalista, el ejército permanente, y, por otro, proporciona al capital un campo privilegiado de acumulación.” 1

El país donde esta militarización se ve más caricaturizada es Corea del Norte y sus repetidas hambrunas.

En conclusión

La militarización de la economía mundial demuestra que el capitalismo se encuentra en un punto muerto, en el límite de su reproducción ampliada. De hecho, la situación es tal que los presupuestos de guerra provocarán una explosión de la deuda estatal y la carga fiscal se volverá insostenible para las poblaciones que tendrán que soportar el peso del militarismo. Alemania, el segundo mayor contribuyente a la OTAN, se está rearmando a gran escala. Su presupuesto de guerra supera cualquier cifra registrada por el país desde la guerra. Con el "fondo especial" de 100 000 millones de euros para 2022 y la adopción este año de un fondo adicional de 1 billón de euros, los presupuestos militares anuales se disparan. Mientras políticos clave, tanto en el gobierno como en la oposición, piden que el gasto militar alcance el 5 % del PIB, la clase dominante se prepara abiertamente para una guerra total. La Bundeswehr (las fuerzas armadas alemanas) equiparía completamente a todas las divisiones y brigadas del ejército e invertiría masivamente en la fuerza aérea y la marina. Denominó este proyecto un "Kraftakt" (esfuerzo hercúleo) generacional. Dentro de la UE, Bélgica, Italia, España y Francia tienen una deuda pública superior al 100 %. En Francia, el aumento del gasto en defensa del 2 % actual al 3,5 % para 2030, según lo anunciado por París, representaría 120 000 millones de euros anuales, el doble del nivel actual. Esto supone un reto considerable, dado que el país tiene el mayor déficit público de la eurozona (5,8 %) y un alto nivel de deuda (113 % del PIB). En Francia, como en otros lugares, estas inversiones podrían estimular la economía si se realizan dentro de la Unión Europea, pero también corren el riesgo de agravar las finanzas públicas, ya debilitadas por las secuelas de la pandemia y el aumento de los costes de financiación.

Gran Bretaña, por su parte, forma parte del pacto AUKUS, firmado en 2021 entre ella, Estados Unidos y Australia. Esta es una auténtica declaración de guerra que el Primer Ministro K. Starner acaba de entregarnos, confirmada por un primer informe de la Revisión Estratégica de la Defensa Británica, realizada por un organismo externo, que incluye 62 recomendaciones que prevén la transición de las fuerzas armadas a un estado de "preparación para la guerra". "Construiremos al menos seis nuevas fábricas de municiones en el Reino Unido, creando 1.000 puestos de trabajo. Produciremos miles de nuevas armas de largo alcance en el Reino Unido, reforzando la disuasión de Europa al apoyar la creación de casi 100 puestos de trabajo adicionales. Defenderemos nuestra patria invirtiendo en sistemas de defensa antimisiles para proteger mejor nuestras islas. Crearemos una Marina Real híbrida, que combinará drones, submarinos y aeronaves, para proporcionar vigilancia en el Atlántico Norte y más allá", declaró el Primer Ministro. El gobierno también propondrá 1.000 millones de libras (1.200 millones de euros) para un nuevo Comando de Ciberdefensa Electrónica (CyberEM) con el fin de impulsar las operaciones cibernéticas y la capacidad digital, así como 1.500 millones de libras en financiación adicional para reparar y renovar el alojamiento de las fuerzas armadas. Estas inversiones deberían contribuir a alcanzar el objetivo del Reino Unido, anunciado a principios de este año, de aumentar el gasto en defensa al 2,5 % del producto interior bruto (PIB) para 2027 y al 3 % durante la próxima legislatura.

G. Bad, 14 de junio de 2025

Notas

1. «La transferencia de una parte del poder adquisitivo de la clase trabajadora al Estado implica una reducción correspondiente de su participación en el consumo de los medios de subsistencia».


  1. Se escucharon varias explosiones fuertes durante la noche del jueves 12 al viernes 13 de junio de 2025 en Irán, especialmente en la capital, Teherán. Posteriormente, una fuente militar israelí informó que el Estado judío había atacado varias instalaciones nucleares iraníes. Anticipando una respuesta de la República Islámica, el Ministro de Defensa israelí declaró el estado de emergencia en el país.

  2. En última instancia, el deterioro de las condiciones normales para la renovación de la fuerza laboral provoca un deterioro de la propia fuerza laboral, una disminución de la producción y la productividad laboral promedio, y, por lo tanto, amenaza las condiciones para la producción de plusvalía. Pero el capital solo sentirá estos resultados mucho más tarde, por lo que inicialmente no los tiene en cuenta en sus cálculos económicos. Estos resultados solo se perciben en el endurecimiento de las reacciones defensivas de los trabajadores.



samedi 21 juin 2025

G.Bad - The War Machine Will Explode

 

All the posturing of the right-wing and far-right political movements, and now of a section of the left, against "we can't accommodate all the world's misery," reveals that all these fine people will end up wanting a salvific war.

The war against the poor, the war against the surplus populations who are already starving in Sudan and Gaza... The deportations organized by the supremacist Trump in California, using the Guantanamo prison in Cuba.

This permanent war against the destitute is taking another turn with the preparations aimed at bringing all ongoing conflicts into the great cauldron of world war.

We have just learned that 32 NATO countries will meet in The Hague on June 24 and 25, 2025, with the agenda being the hyper-militarization of these countries. NATO Secretary General Rutte made it clear that achieving these goals would require unprecedented military spending:

"We will need significantly higher spending. That's the basis of everything."

The basis of everything for the arms trusts, which demand that states serve as a financial pump to operate their industry of death. We are thus once again confronted with what Rosa Luxemburg explained in her text: militarism: a field of action for capital. From the beginning of her article on militarism, Rosa Luxemburg explains:

"Militarism has yet another important function. From a purely economic point of view, it is a privileged means for capital to realize surplus value; in other words, it is a field of accumulation for it." » (The Accumulation of Capital, Rosa Luxemburg, Maspero Edition, Militarism: The Field of Action of Capital, p. 123.)

What Rosa Luxemburg emphasizes in her text on militarism is that the state, through taxes, removes a portion of surplus value from the working class,1 which, instead of being spent on subsistence, will allow the arms industry to operate at full capacity. This is ultimately what is currently happening internationally, except that the working class has considerably diminished in number in Europe and the USA, so it is the entire population that will be subjected to all kinds of levies. The French state being the European champion in this regard, only traditional levies will not be enough to finance war production; credit will have to intervene. It's now official: the European Central Bank (ECB) will invest €800 billion for Europe's rearmament. The same ECB explains that the planned increases in defense spending in the Eurozone could revive concerns about the debt of certain states if they are not accompanied by sufficient growth. However, according to Rutt, this is not enough; more sacrifices will be required because the Russians and their allies are ready to challenge NATO within five years. Meanwhile, Israel has just struck hard against Iran.2

The agenda for financing the Arms Trusts:

control of public spending, which would imply unprecedented cuts in certain areas (notably social benefits and the civil service);

a tax increase (the necessary increase would represent a rise of nearly 2 percentage points in VAT each year for five years);

An increase in the employment rate, particularly among young people, the least skilled, older workers, and women (the employment rate would need to increase by 4.7 percentage points in five years, representing an increase of approximately 1.9 million jobs);

The use of European financing, via joint debt at the European Union level.

In Brussels, Rutte explained that 3.5% should be spent simply to achieve the agreed military capabilities and objectives. But overall, at least 5% was needed to prepare for war.

We were well aware of this scenario of frenzied militarization before the Second World War:

The United States, as during the First World War, would attempt to remain neutral while operating its arms industry to fuel the conflict. Thus, the Lend-Lease program was established, a war on credit. This law of March 11, 1941, authorized Roosevelt to sell war material deemed vital to the country. As we have noted, the crisis of 1929, then that of 1936, had revived the risk of mass unemployment, with the consequence of insurrectional movements that had to be nipped in the bud by exporting the surplus of unemployed people into the war.

The surprise attack by Japanese militarism on the Pearl Harbor naval base on the island of Hawaii would reveal some gray areas of the US establishment. Roosevelt was long accused of being informed of the Japanese attack and of having only moved the aircraft carriers. Wanting to enter the war to create outlets for private industries, he had to raise new taxes and have Congress accept this war budget. Congress almost unanimously accepted entry into the war against Japan. In return, on December 11, 1941, Germany and Italy declared war on the United States.

The consequences for families were not long in coming: conscription (compulsory military service) was passed on December 20, 1941, making all Americans between the ages of 20 and 40 eligible for military service. In order to convert the peacetime economy into a war economy, the General Maximum Act was passed (blocking inflation and significantly increasing income tax) to finance arms orders. This tax policy was reinforced by the Revenue Act in October 1942. During the years 1941 to 1944, war production, that is, weapons and tools of war, were produced in industrial quantities. The United States built 171,257 combat aircraft and 1,200 warships.

Rosa Luxemburg's predictions about the role of militarization in the economy were once again confirmed:

Now we see that indirect taxes extorted from workers, if used for the production of war materials, offer capital a new field of accumulation. In practice, based on the indirect tax system, militarism fulfills these two functions: by lowering the standard of living of the working class, it ensures, on the one hand, the maintenance of the organs of capitalist domination, the standing army, and, on the other hand, it provides capital with a privileged field of accumulation. 1

The country where this militarization is most caricatured is North Korea and its repeated famines.

In conclusion

The militarization of the world economy demonstrates that capitalism is at an impasse, that of the limits of its expanded reproduction. Indeed, the situation is such that war budgets will cause state debt to explode, and the tax burden will become unsustainable for populations who will have to bear the burden of militarism. Germany, NATO's second largest contributor, is rearming extensively. Its war budget exceeds anything the country has seen since the war. With the €100 billion "special fund" for 2022 and the adoption this year of an additional €1 trillion fund, annual military budgets are exploding. While key politicians, both in government and opposition, are calling for military spending to reach 5% of GDP, the ruling class is openly preparing for total war. The Bundeswehr (the German armed forces) would fully equip all army divisions and brigades and invest massively in the air force and navy. He called this project a generational "Kraftakt" (Herculean effort). Within the EU, Belgium, Italy, Spain, and France have public debt exceeding 100%. In France, increasing defense spending from the current 2% to 3.5% by 2030, as announced by Paris, would represent €120 billion per year, double the current level. This is a significant challenge, given that the country has the highest public deficit in the eurozone (5.8%) and a high debt level (113% of GDP). In France, as elsewhere, these investments could stimulate the economy if made within the European Union, but they also risk adding to public finances already weakened by the aftereffects of the pandemic and rising borrowing costs. Great Britain, for its part, is part of the AUKUS pact, concluded in 2021 between it, the United States, and Australia. Prime Minister K. Starner has just delivered a veritable declaration of war, confirmed by a preliminary report from the British Strategic Defense Review, conducted by an external body, which includes 62 recommendations providing for the armed forces to move to a state of "war readiness." "We will build at least six new munitions factories in the UK, creating 1,000 jobs. We will produce thousands of new long-range weapons in the UK to strengthen European deterrence by supporting the creation of nearly 100 additional jobs. We will defend our homeland by investing in missile defense systems to better protect our islands. We will create a hybrid Royal Navy, bringing together drones, submarine warships, and aircraft, to ensure surveillance of the North Atlantic and beyond," the Prime Minister stated. The government will also propose £1 billion (€1.2 billion) for a new CyberEM command to boost operations.

Cyber ​​and digital capabilities, as well as £1.5 billion in additional funding to repair and renovate armed forces accommodation. These investments should contribute to achieving the UK's target, unveiled earlier this year, of increasing defense spending to 2.5% of gross domestic product by 2027 and 3% in the next parliamentary term.

G.Bad June 14, 2025 Traduction ordinateur

NOTES

1 "The transfer of a portion of the working class's purchasing power to the state means a corresponding reduction in the working class's participation in the consumption of subsistence means." 

2--Several loud explosions were heard during the night of Thursday, June 12, 2025, to Friday, June 13, 2025, in Iran, particularly in the capital, Tehran. In the aftermath, an Israeli military source reported that the Jewish state had targeted several Iranian nuclear facilities. Anticipating a response from the Islamic Republic, the Israeli Defense Minister declared a state of emergency in the country. 

3--Ultimately, the deterioration of the normal conditions for labor renewal causes a deterioration of the labor force itself, a decrease in output and average labor productivity, and thus threatens the conditions for the production of surplus value. But capital will only feel these results much later, so it initially does not take them into account in its economic calculations. These results are only felt in the hardening of the workers' defensive reactions.

en portugais 

G.Bad-A máquina de guerra vai explodir



mardi 17 juin 2025

Fragment sur la guerre, la question nationale et la révolution

 Rosa Luxemburg :

Alors que la haine de classe contre le prolétariat et la menace immédiate de révolution sociale qu'il représente détermine intégralement les faits et gestes des classes bourgeoises, leur programme de paix et leur politique à venir, que fait le prolétariat international ? Totalement sourd aux leçons de la révolution russe, oubliant l'abc du socialisme, il cherche à faire aboutir le même programme de paix que la bourgeoisie et le préconise comme son programme propre ! Vive Wilson et la Société des Nations ! Vive l'autodétermination nationale et le désarmement ! Voilà maintenant la bannière à laquelle se rallient soudain les socialistes de tous les pays - et avec eux les gouvernements impérialistes de l'Entente, les partis les plus réactionnaires, les socialistes gouvernementaux arrivistes, les socialistes oppositionnels du marais « fidèles aux principes », les pacifistes bourgeois, les utopistes petits-bourgeois, les États nationalistes parvenus, les impérialistes allemands en faillite, le pape, les bourreaux finlandais du prolétariat révolutionnaire, les mercenaires ukrainiens du militarisme allemand.


En Pologne, les Daszynski 1 sont intimement liés aux hobereaux de Galicie et à la grande bourgeoisie de Varsovie ; en Autriche allemande, les Adler, Renner, Otto Bauer et Julius Deutsch 2 vont main dans la main avec les chrétiens sociaux, les agrariens et les nationaux allemands ; en Bohème, les Soukup et Nemec 3 forment un bloc compact avec tous les partis bourgeois - quelle émouvante réconciliation générale des classes! Et au-dessus de toute cette ivresse nationale, flotte la bannière internationale de la paix. Partout. les socialistes tirent les marrons du feu pour la bourgeoisie ; par leur crédit et leur idéologie, ils aident à couvrir la déroute morale de la société bourgeoise, ils l'aident à s'en sauver, à restaurer et à consolider l'hégémonie bourgeoise de classe. Et la première consécration pratique de cette politique bien huilée, c'est l'écrasement de la révolution russe et le morcellement (?) de la Russie.


C'est la politique du 4 août 1914 qui se reflète inversée dans le miroir concave de la paix. La capitulation dans la lutte des classes et la coalition avec les bourgeoisies nationales respectives en vue d'un carnage réciproque, se sont transformées en une alliance mondiale, internationale pour une « paix d'entente ». Ils tombent dans le panneau des pires platitudes, des pires fadeurs, de la berceuse, du mélo de cinéma : le capital a soudain disparu, les conflits de classes sont nuls et non avenus. Désarmement, paix, harmonie des nations. La force plie devant la loi, le faible se redresse, Au lieu de canons, Krupp va produire ... des bougies de Noël, la ville américaine de Gari (?) va se transformer en un jardin d'enfants de Frôbel 4. Arche de Noé où l'agneau ira tranquillement paître auprès du loup, où le tigre ronronne en clignant des yeux comme un gros chat domestique, alors que du bout de ses cornes, l'antilope le chatouille derrière l'oreille, où le lion et la chèvre jouent à saute-mouton. Et tout cela grâce à la formule magique de Wilson, du président des, milliardaires américains, tout cela grâce au soutien des Clemenceau, Lloyd George et du prince Max de Bade 5. De ce même Erzberger qui... le traité de Paix de Brest...

Désarmement aptes qu'en Angleterre et en Amérique, deux nouveaux. militarismes ; Fournisseur : le Japon. Après une progression illimitée de la technique. Alors que le capital financier et le capital de l'industrie de guerre ont tous les États dans leur poche à cause de la dette publique ! Alors que les colonies restent des colonies. Ici, l'idée de la lutte des classes capitule devant l'idée nationale. Il semble que l'harmonie des classes dans chaque nation soit la condition préalable et le complément de l'harmonie des nations qui doit sortir de la guerre mondiale pour s'épanouir dans la « Société des Nations ». Le nationalisme est actuellement de mise. Des nations et des mini-nations s'annoncent de toutes parts et affirment leurs droits à constituer des États. Des cadavres putréfiés sortent de tombes centenaires, animés d'une nouvelle vigueur printanière et des peuples « sans histoire » qui n'ont jamais constitué d'entité étatique autonome ressentent le besoin violent de s'ériger en États. Polonais, Ukrainiens, Bielorusses, Lithuaniens, Tchèques, Yougoslaves, dix nouvelles nations au Caucase... Les Sionistes édifient déjà leur ghetto palestinien, pour l'instant à Philadelphie.... c'est aujourd'hui la nuit de Walpurgis sur le Brocken 6 nationaliste.

Sur un balai, sur un bâton

Ne volera plus jamais, qui aujourd'hui n'a pas volé.

Mais le nationalisme n’est qu'une formule. La substance, le contenu historique qu'elle couvre est aussi divers et ramifié qu'est creuse et pauvre la formule d' « autodétermination nationale » qui le cache.

Maintenant, comme dans toutes les grandes périodes révolutionnaires, on présente toutes sortes de factures, vieilles et nouvelles, de conflits à régler pêle-mêle, des restes démodés du passé, les questions les plus actuelles du présent et des problèmes à peine esquissés de l'avenir. La décadence de l'Autriche et de la Turquie est la dernière liquidation du Moyen-âge féodal, un appendice à l'œuvre de Napoléon. Mais l'effondrement et l'abaissement de l’Allemagne est, en même temps, la faillite du plus jeune et du plus vigoureux des impérialismes et de ses projets de domination du monde qui n'ont pris forme que dans la guerre. Ce n'est aussi que la faillite d'une méthode particulière de domination impérialiste : à travers la réaction de l'Elbe orientale et la dictature militaire, à travers l'état de siège et les méthodes d'extermination, c'est l'effondrement de la stratégie de Trotha 7, transposée des hereros du désert de Kalahari à l'Europe. Analogue à celle de l'Autriche et de la Turquie, dans l'appa­rence et la forme des résultats - la constitution de nouveaux petits États nationaux - la décadence de la Russie cache un problème opposé : d'une part, la capitulation de la politique prolétarienne à l'échelle nationale devant l'impérialisme, d'autre part la contre-révolution capitaliste contre la prise du pouvoir par le prolétariat . Ce dernier élément est en même temps la force motrice historique la plus puissante qui s'exprime dans tous les remaniements actuels, l'axe qui traverse le chaos des divers mouvements historiques qui se contredisent et se recoupent, la substance effective du puissant mouvement national.

Dans son schématisme pédant de maître d'école, un K(autsky) y voit le triomphe de la « démo­cratie » qui prendrait tout simplement la forme et les accessoires d'un État national. Ce formaliste sec et petit bourgeois oublie, bien sûr, d'examiner le fond historique des choses; gardien attitré du temple du matérialisme historique, il oublie qu' « État national » et « natio­­nalisme » sont, en soi, des moules vides dans lesquels chaque période historique et les rapports de classes dans chaque pays, coulent un contenu matériel particulier. Dans l'Allemagne ou l'Italie des années 70, le mot d'ordre d' « État national » servait de programme à l'État bourgeois, à l'hégémonie bour­geoi­se de classe ; l'offensive visait un passé moyen-âgeux et féodal, un état bureau­cratico-partriarcal et une vie économique disloquée. En Pologne, le mot d'ordre d' « État national » était traditionnellement celui de l'opposition de la noblesse rurale et de la petite bourgeoisie au développement capitaliste moderne, un mot d'ordre dont la pointe était précisément dirigée contre les phénomènes modernes de la vie, aussi bien le libéralisme bourgeois que son antipode, le mouvement ouvrier socialiste.


Dans les Balkans, en Bulgarie, en Roumanie, en Serbie, deux guerres sanglantes, préludes à la guerre mondiale, ont marqué l'irruption violente du nationalisme, expression des aspirations du capitalisme à se dévelop­per et de la classe bourgeoise à exercer son hégémonie dans tous ces États ; le nationalisme y est, d'une part, l'expression des intérêts contradictoires de ces bourgeoisies entre elles qui se heurtent par ailleurs à l'impérialisme autrichien dans leurs tentatives d'expansion. Mais en même temps, bien qu'il soit en fait l'expression d'un capitalisme tout jeune, presque embryonnaire, le nationalisme de ces États a été et est encore contaminé par l'atmosphère générale des tendances impérialistes, En Italie, le nationalisme sert déjà exclusivement, et sans conteste, de raison sociale à de purs appétits colonialo-impérialistes ; ce nationalisme de la guerre en Tripolitaine et des convoitises albanaises a aussi peu de points communs avec le nationalisme italien des années 60 que M. Sonnino 8 avec Giuseppe Garibaldi.

Avant l'insurrection d'octobre 1917 à Pétersbourg, le nationalisme en Ukraine russe était aussi peu consistant qu'une bulle de savon, c'était le produit des ratiocinations de quelques douzaines de professeurs et d'avocats dont la plupart ne parlaient même pas l'ukrainien. Depuis l'insurrection bolchevique, il est devenu l'expression d'intérêts très réels de la contre-révolution petite-bourgeoise dont l'offensive est dirigée contre la classe ouvrière socialiste.


En Inde, le nationalisme est l'expression des ambitions de la bourgeoisie indigène qui aspire à exploiter le pays pour son propre compte et à ne plus se contenter de servir d'objet au vampirisme du capital anglais ; d'après son contenu social et son degré de développement historique, ce nationalisme correspond donc aux luttes d'éman­cipation des États-Unis d'Amérique à l'issue du XVIII° siècle.

Ainsi, le nationalisme reflète tous les intérêts, toutes les nuances, toutes les situations historiques qu'on peut imaginer. C'est un chatoiement de mille couleurs. Il n'est rien, il est tout, il n'est qu'un moule idéologique, il importe avant tout de déterminer à chaque fois la substance qu'il contient.

L'explosion actuelle de nationalisme, généralisée au monde entier, renferme un fouillis hétéroclite d'intérêts et de tendances spécifiques. Mais un axe passe à travers tous ces intérêts spécifiques et les oriente, un intérêt général créé par les particularités de la situation historique : l'offensive contre la menace d'une révolution mondiale du prolétariat.

La révolution russe et le pouvoir des bolcheviks qui en est issu, ont inscrit le problème de la révolution sociale à l'ordre du jour de l'histoire. Ils ont, en règle générale, exacerbé à l'extrême le conflit de classes entre capital et travail. Ils ont creusé soudain entre les deux classes un gouffre béant qui crache des vapeurs volcaniques et des flammes brûlantes. Le soulèvement de juin du prolétariat parisien et le massacre de juin ont pour la première fois pratiquement scindé la bourgeoisie en deux classes antagonistes qui ne peuvent connaître qu'une seule loi : la lutte à la vie à la mort; ainsi, le pouvoir des bolcheviks en Russie a pratiquement contraint la société bourgeoise a faire face à cette lutte finale, à la vie à la mort. Il a anéanti et dissipé la fiction d'une classe ouvrière docile avec laquelle on s'arrange à l'amiable, d'un socialisme aux fanfaronnades théoriques inoffensives qui, dans la pratique, est fidèle au principe : vivre et laisser vivre - cette fiction née de la pratique de la social-démo­cratie allemande dans les trente dernières années, et devenue, sur ses traces, celle de l'Interna­tionale tout entière. La révolution russe a asséné un coup de poing soudain et déterminant au modus vivendi entre socialisme et capitalisme élaboré au cours du demi-siècle de parlementarisme qui vient de s'écouler ; grâce à elle, le socialisme est sorti de la phrasé­ologie inoffensive de campagne électorale trai­tant d'un avenir nébuleux, il est devenu le problème crucial du jour d'aujourd'hui. Elle a rouvert brutalement la vieille et terrible blessure de la société bourgeoise qui s'était cicatrisée depuis les journées de juin 1848 à Paris.

Seules les classes dirigeantes en ont bien sûr d'abord pris conscience. Avec la violence d'un choc électrique, les journées de juin ont inoculé instantanément à la bourgeoisie de tous les pays la conscience d'un antagonisme de classe irréconciliable avec la classe ouvrière, elles ont empli les cœurs d'une haine mortelle du prolétariat, alors que les ouvriers de tous les pays ont mis des années à tirer les leçons des journées de juin, à acquérir la conscience de l'antagonisme de classe ; la même chose se reproduit à l'heure actuelle ; la révolution russe a communiqué à toutes les classes possédantes de tous les pays du monde, la panique, la haine farouche, fulminante, effrénée du spectre menaçant de la dictature politique, une haine qui ne peut se mesurer qu'aux sentiments de la bourgeoisie parisienne pendant les massacres de juin et le carnage de la Commune. Le « bolchévisme » est devenu le mot clé du socialisme révolutionnaire pratique, des aspirations de la classe ouvrière à la prise du pouvoir. Le mérite historique du bolchévisme est d'avoir ouvert brutalement le fossé social au sein de la société bourgeoise, d'avoir approfondi et exacerbé à l'échelle internationale l'antagonisme de classe; et, comme dans tous les grands contextes historiques, cette œuvre fait disparaître sans rémission toutes les erreurs et toutes les fautes particulières du bolchévisme. Elles servent même cette oeuvre, dans la mesure où elles contribuent à intensifier jusqu'à la fureur, la haine de la société bourgeoise et sa crainte, jusqu'à la folie.

Ces sentiments sont aujourd'hui la substance profonde des délires nationalistes auxquels le monde capitaliste a apparemment succombé; ils sont l'étoffe historique objective à laquelle se réduit, en fait, l'échantillonnage hétéroclite des nationalismes nouvellement déclarés. Les jeunes micro-bourgeoisies qui aspirent maintenant à une existence indépendante, ne frétillent pas seulement du désir d'acquérir une hégémonie de classe sans entraves et sans tutelle, mais elles se promettent un délice dont elles ont trop longtemps été privées : étrangler de leurs propres mains l'ennemi mortel, le prolétariat révolutionnaire - fonction qu'elles avaient été contraintes de céder jusqu'à présent à l'appareil rigide d'une domination étrangère. On accepte peu volontiers d'aimer ou de haïr par personne interposée. Les orgies sanglantes de Mannerheim, le Gallifet finnois, ont montré combien la violence ardente de l'année passée a fait germer de haine dans le cœur de toutes ces « petites nations », des Polonais, des Lithuaniens, des Roumains, des Ukrainiens, des Tchèques des Croates, etc., une haine qui n'atten­dait que la possibilité de trouver son expression : étriper enfin le prolétariat révolu­tion­naire par des moyens « nationaux » à soi. Ces « jeunes » nations, agneaux blancs et innocents qui gambadent dans la prairie de l'histoire mondiale, ont déjà l'œil étincelant du tigre courroucé qui guette le moindre mouvement du « bolchévisme » pour lui « régler son compte ». Derrière tous les banquets idylliques, toutes les fêtes de fraternisation enivrantes à Vienne, à Prague, à Agram, à Varsovie s'ouvrent déjà béantes les tombes de Mannerheim que l'on contraint les gardes rouges à creuser de leurs propres mains, se profilent les ombres troubles des potences de Kharkov; les Loubinski et Holoubovitch 9 ont invité les « libérateurs à, allemands à les dresser.

C'est la même idée fondamentale qui domine l'ensemble du programme démocratique de paix de Wilson. Dans l'atmosphère d'ivresse victorieuse de l'impérialisme anglo-américain, dans l'atmosphère créée par le spectre menaçant du bolchévisme qui hante la scène mondiale, la « Société des Nations » ne peut être qu'une seule chose : une alliance bourgeoise mondiale pour la répression du prolétariat. La Russie bolchevique sera la première victime toute chaude que sacrifiera le grand prêtre Wilson à la tête de ses augures de l'arche d'alliance de la « Société des Nations » ; les « nations autodéterminées », victorieuses et vaincues, se précipi­te­ront sur elle.

Les classes dirigeantes font ici, une fois de plus, preuve de leur instinct infaillible pour leurs intérêts de classe, d'une sensibilité merveilleuse aux dangers qui les menacent. Le temps est apparemment au beau fixe pour la bourgeoisie et les prolétaires de tous les pays s'enivrent au souffle printanier du nationalisme et de la Société des Nations ; mais la société bourgeoise ressent dans tous ses membres une douleur lancinante qui lui annonce l'approche d'une chute du baromètre de l'histoire et d'un changement de temps. En tant que « ministres nationaux », les socialistes mettent un zèle de rustres à tirer pour elle les marrons de la paix du feu de la guerre mondiale ; mais elle voit déjà se profiler derrière son dos la fatalité inévitable : elle voit se dresser le spectre géant de la révolution sociale mondiale qui a pénétré en silence sur l'arrière-plan de la scène.

C'est l'insolubilité objective des tâches auxquelles la société bourgeoise est confrontée, qui fait du socialisme une nécessité historique et qui rend la révolution mondiale inévitable.

Personne ne peut prévoir la durée de cette dernière période et les formes qu'elle va revêtir. L'histoire est sortie des chemins battus, a cessé d'avancer d'un train paisible ; à cha­que pas de plus, à chaque détour du chemin, s'ouvrent de nouvelles perspectives, se présente un nouveau décor.

Il importe avant tout d'appréhender le problème décisif de cette période et de s'y tenir sans se laisser démonter. Et ce problème s'intitule : la dictature du prolétariat, réalisation du socialisme. Les difficultés de la tâche ne résident pas dans la puissance de l'opposant, des résistances de la société bourgeoise. La guerre a rendu inutilisable pour la répression du prolétariat son ultima ratio, l'armée, devenue elle-même révolutionnaire. La guerre a disloqué la base matérielle de son existence, le maintien de la société. La tradition, la routine, l'autorité - sa base morale d'existence - ont été dispersées à tous vents. Tout l'édifice se relâche, s'ébranle, s'effrite. Les conditions de la lutte pour le pouvoir sont plus favorables à la classe ascendante qu'elles ne l'ont jamais été dans l'histoire mondiale. Il peut tomber comme un fruit mûr dans l'escarcelle du prolétariat. La difficulté réside dans le prolétariat lui-même, dans son manque de maturité ou plus encore dans le manque de maturité de ses chefs, des partis socialistes. La course poursuite générale du nationalisme et de la Société des Nations. Les socialistes doivent maintenant faire leur apprentissage, réapprendre l'abc, mais accéléré dans la pratique. Le programme de paix de la société bourgeoise est inapplicable. D'où la garantie historique de la proximité de la révolution et de la victoire. La classe ouvrière regimbe, elle recule sans cesse devant l'énormité incertaine de sa tâche. Mais elle doit le faire, il le faut. L'histoire lui ferme toutes les portes de sortie elle doit mener l'humanité dégradée hors de la nuit et de J'épouvante vers la lumière de la libération. La fin de la guerre mondiale ne peut rien... (illisible) être et d... (illisible)... peut... (illisible)...

 

 

Traduit d'après l'édition allemande de Die Russische Revolution, présentée par Ossip Flechtheim, Francfort, Europäische Verlagsanstalt, 1963.

 

1 DACZYNSKI, Ignaz (1866-1936). Dirigeant du Parti Socialiste Polonais (P.P.S.) de Galicie, il fut son représentant auprès de la II° Internationale.

2 ADLER, Victor (1852-1918). Fondateur et dirigeant du Parti social-démocrate autrichien, fondateur de son organe central, l'Arbeiterzeitung, il fut l'une des plus éminentes figures de l'Internationale. Avocat de l'autonomie nationale, anti-militariste, Il fut partisan de la défense pendant la guerre mondiale. En 1918, Il fut ministre des Affaires Étrangères.

RENNER, Karl (Rudolf Springer) (1870-1950). Dirigeant du Parti social-démocrate autrichien, membre du Reichsrat, favorable à la défense pendant la guerre, il fut en 1918, le premier chancelier de la république autrichienne et l'un des signataires du traité de Versailles. Il fut Président de la République autrichienne après la Seconde Guerre mondiale.

BAUER, Otto (1881-1938) Dirigeant et théoricien du Parti social-démocrate autrichien, il fonda Der Kampf, son organe théorique et collabora à la Neue Zeit. De 1915 à 1917, il fut prisonnier en Russie. En 1918, il devint sous-secrétaire d'État aux Affaires Étrangères, puis secrétaire d'État. Il fut l'un des fondateurs de l'Internationale deux et demi. Il fut contraint d'émigrer en 1934.

DEUTSCH, Julius. Socialiste, dirigeant syndical. En 1918-20, il organisa, en tant que secrétaire d'État, la « milice ». Après avoir démissionné en 1920, il fonda le « Club de défense républicaine ». En février 1934, il émigra en Tchécoslovaquie puis combattit en Espagne où il fut général des troupes républicaines. Il revint à Vienne en 1946 et quitta le parti en 1953.

3 SOUKUP, Frantisek (1871-1940) Social-démocrate tchèque, délégué au Bureau Socialiste International il fut en 1918-19 ministre de la justice, en 1919-29, vice-président du Sénat, en 1929-39, président du Sénat.

NEMEC, Antonin (1858-1926). Journaliste, dirigeant du Parti social-démocrate tchèque, il fut à partir de 1904 son représentant au B.S.I. De 1907 à 1918, il fut député au Reichsrat autrichien, et en 1918-20, membre de l'assemblée nationale révolutionnaire tchèque. Député au parlement tchèque de 1920 à 1925, il devint alors président honoraire de son parti.

4 FRÖBEL, Friedrich (1782-1852). Pédagogue, fonda en 1840, à Blankenburg en Thuringe, un jardin d'enfants pour toute l'Allemagne.

5 ERZBERGER : Sous-secrétaire d'État aux Affaires Étrangères dans le cabinet du prince Max de Bade. Président de la commission d'armistice (6 novembre 1918).

MAX DE BADE (1867-1929) Chancelier d'Empire à partir du 3 octobre 1918, il transmit les propositions de paix à Wilson. Le 9 novembre, il céda sa place à Ebert.

6 Brocken : Montagne du Harz où se serait déroulée la nuit de Walpurgis.

7 TROTHA, Lothar von (1848-1920), Général prussien d'infanterie qui reçut en 1904 le haut commandement des troupes allemandes en Afrique du Sud-Ouest et dirigea jusqu'en 1905 les combats contre les Hereros.

8 SONNINO, Baron Sydney (1847-1922). Homme d'État italien qui fut entre 1914 et 1919 ministre des Affaires Étrangères.

9 HOLOUBOVITCH, Sydir. Ministre de la justice dans le secrétariat d'État provisoire d'Ukraine, prit la tête du gouvernement suivant en janvier 1919.


INFOBREF N°571-juin 2025

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