Les jeunes, beaucoup de jeunes, vont mal. Cela ne
se voit pas forcément. Mais le nombre de jeunes qui
prennent des médicaments contre la dépression a
bondi, depuis l'épidémie du Covid de 2019 : 60% de
plus. Ceux qui prennent des médicaments contre la
bipolarité ou la schizophrénie ont augmenté aussi :
30% de plus. Et 10% pour les anxiolytiques.
Débordés, les médecins, psychologues, psychiatres,
en prescrivent à des jeunes qui n'ont pas vraiment
ces maladies, mais qui vont mal : certains sont très
anxieux, d'autres en détresse psychologique ; les trois
quarts dorment très mal, un tiers ont des idées de
suicide, peuvent se mettre en danger. Un million de
jeunes prennent un médicament psychotrope. Avant le
Covid, un quart des jeunes étudiants avaient des
symptômes de dépression ; avec les confinements, on
a presque doublé, à 41%.
Pour toute une génération de jeunes, l'avenir est
incertain, tout sauf rose. Non seulement la société dans
laquelle ils vivent se montre incapable de préparer un
avenir meilleur, mais elle accumule les raisons de
désespérer : que ce soit en économie, au sujet du
climat, de l'environnement, de l'emploi et du travail,
les crises, les guerres sont dénoncées, mais la société
se montre incapable d'en résoudre aucune.
Dans ces conditions, certains décident de se
comporter en parfaits égoïstes, pour profiter de la vie...
mais en profitant des autres, et en cherchant à briller.
D'autres évitent ces comportements et peuvent trouver
une place où ils se sentent bien. Mais certains font
semblant d'être heureux. Et nombreux sont ceux qui
souffrent.
La souffrance reste souvent cachée. L'entourage
ne voit pas les nuits sans sommeil, la personne qui
souffre n'ose pas dire ses pensées de suicide. On ne
veut pas montrer son mal, alors on s'enferme chez soi.
Et cet enfermement, à son tour, aggrave le mal : on se
dit qu'on ne vaut pas grand-chose aux yeux des autres.
Rares sont les endroits où l'on trouve une aide.
La société dans laquelle nous vivons est basée sur
l'idée qu'il faut être fort, que c'est là que se trouve la
réussite. Et celui qui ressent des faiblesses se sent vite
exclu. Pire, il se voit en échec, et comme étant luimême
responsable de cet échec. Il finit par se dire qu'il
est vraiment nul. Mais en quoi est-il responsable, lui,
de ce monde qu'il n'a pas choisi, et où on l'oblige à
rentrer. Ce monde sans avenir heureux,qui demande
au jeune de vivre en concurrence contre
tous les autres, de ne réussir qu'à la condition que
d'autres soient perdants.
Derrière les réseaux sociaux, les jeunes n'ont jamais
été aussi nombreux à se sentir seuls. Deux tiers
des 18 à 24 ans se sentent seuls, et la majorité d'entre
eux dit en souffrir. "Personne ne prend de mes nouvelles,
explique un jeune. Comment avoir confiance en
soi si personne ne voit de valeur en moi ? " Et il
préfère s'enfermer : "Je ne veux pas qu'on me prenne
en pitié, et qu'on m'invite à des sorties pour cette
raison".
La société a sa part de responsabilité dans les
maladies de l'esprit. Mais elle ne le reconnait pas. La
psychiatrie, en France, est dans un état pire encore que
la médecine générale. Et la plupart des psychiatres,
des psychologues, refusent de voir la responsabilité de
la société quand elle abime leur patient.
Cette société culpabilise ceux qui souffrent, parce
qu'ils ne trouvent pas une place qui leur convienne, qui
leur soit humainement acceptable.
Mais chez les jeunes, existe aussi un dégoût de
l'injustice, qui apparaît depuis l'enfance. Sur la base de
ce sentiment, peuvent mûrir des jeunes adultes
capables de soulever les choses. Les jeunes ont
toujours été les premiers à se révolter. Déjà, un certain
nombre tente de faire réagir, en ce qui concerne le
climat, l'écologie, les rapports entre hommes et
femmes. D'autres aussi, veulent changer le monde,
établir des bases nouvelles.
Les jeunes sont les plus à même de comprendre la
cause de l'essentiel des problèmes : la concurrence
capitaliste, qui s'étend aux relations les plus intimes,
ou aux pays entre eux. La recherche du profit égoïste,
qui provoque cette concurrence partout. La propriété
privée des grands trusts, qui use de nos vies, pour faire
plus de profits que le concurrent.
La technique moderne permettrait, aujourd'hui, de
donner à chaque être humain qui nait, l'assurance
d'avoir une éducation de qualité, un emploi passionnant,
un logement correct et une santé bien suivie ;
bref, un avenir serein. Seul le capitalisme nous en
empêche. Avec sa concurrence, ses inégalités folles, il
a abouti, au contraire, à ce que 1% de l'humanité
possède 43% des richesses de la planète.
28/09/2025 L’Ouvrier n° 421
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