mercredi 6 novembre 2024

question des femmes, congrès du KAPD, février 1921

 

Publié le 25 Octobre 2024 par PB / Pantopolis

Introduction

Nous donnons en traduction française le texte allemand du Deuxième congrès du KAPD, février 1921, consacré en partie à la question des femmes :  femmes et révolution prolétarienne.

Nous donnerons sous peu l'intégralité de ce congrès (en allemand, français et anglais) qui touche des points toujours  essentiels :  organisations communistes d'entreprise, parti et internationale, organisations révolutionnaires de chômeurs, conseils ouvriers et partis internationalistes.

Pantopolis, 25 octobre 2024.



                  La question des femmes, congrès du KAPD, février 1921*

Texte en allemand sur antonie pannekoek archiv : http://aaap.be/Pages/KAPD-Congresses.html. Traduction, édition et notes en français de Ph. Bourrinet.

Camarade CLASSE[1]. – Camarades, femmes et hommes ! C’est la première fois que notre K.A.P.D. met la question des femmes à l’ordre du jour. S’il ne l’a pas fait jusqu’à présent, ce n’est pas parce qu’elle ne la considérait pas comme importante, mais parce qu’en cette courte période de création, il a dû mettre au premier plan de nombreuses autres choses importantes. Le petit parti qu’il était se trouvait au cœur de la vie politique, il était attaqué partout et devait se défendre. Il devait d’abord régler la question vitale qui déterminait son existence. Ce n’est que maintenant qu’il peut s’attaquer à ces autres choses, qui sont importantes et nécessaires.

Nous sommes conscients que la question des femmes ne peut pas être réglée d’un seul côté, mais qu’elle est étroitement liée à la classe des exploités et que celle-ci est à son tour étroitement liée à la révolution sociale[2]. Et si nous savons maintenant que le véritable travail culturel ne peut être résolu que par les deux sexes, nous devons nous demander comment il se fait que de grandes parties des femmes restent passives face à nous, que de grandes proportions des femmes n’aient pas encore été happées et impliquées. Nous, le K.A.P.D., avons refusé de créer une organisation féminine spécifique. Nous sommes d’avis que les deux ont leur place dans la lutte, que les deux sont exploitées, que les deux souffrent, et que personne ne peut avoir une organisation supplémentaire. Mais nous devons aussi établir aujourd’hui que nous avons le devoir de recenser plus que jamais les femmes, de les intégrer dans les grands bataillons des prolétaires en lutte, de ne plus les laisser à l’arrière. Et, camarades, nous voulons brièvement donner un petit aperçu de la raison pour laquelle tout cela n’a pas été ainsi, si l’on vient avec la phrase générale : les femmes ne sont pas aptes à cela ou elles sont indifférentes. Nous sommes d’avis que tout est soumis au changement, y compris le prétendu sacre du mariage, la famille et toutes ces choses. Camarades, si nous constatons que la femme s’est éveillée beaucoup plus tard que l’homme, qu’elle s’est éveillée beaucoup plus tard à sa propre personnalité, à sa conscience de classe, nous devons d’autre part considérer que ses conditions d’existence l’ont liée plus longtemps à la communauté et qu’elle n’a pas pu se développer aussi tôt. La famille n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui. Tout est soumis au changement. La culture et tout le reste ont changé. Mais tous les changements de culture ont toujours eu un point commun, à savoir l’oppression de la femme. Oui, beaucoup affirment que c’est avec l’oppression de la femme que l’oppression est entrée dans le monde. Nous voyons que dans les jours de l’enfance de l’humanité, où toutes les organisations humaines ont culminé dans le communisme primitif, les hommes vivaient ensemble dans la communauté, et que c’est à partir de celle-ci que se sont développées peu à peu propriété privée et la possession privée, et que ce sont toutes ces choses, ces conditions économiques, qui ont provoqué la différence entre les deux sexes. Nous voyons que dans les jours de l’enfance de l’humanité, où le communisme primitif existait, non seulement l’homme avait toujours la suprématie, mais la femme avait aussi une certaine suprématie, où le droit maternel existait, c’est-à-dire que dans cette petite société, seule la mère de famille pouvait être celle qui représentait la cohésion dans toute cette communauté. Mais l’évolution n’a pas pu s’arrêter longtemps, car avec l’augmentation de la population, avec la répartition du travail, la position de l’homme a également dépassé celle de la femme. Et cette évolution, les débuts de la propriété privée, de la propriété tout court, ont renversé le droit maternel, et le droit paternel et masculin l’a remplacé. Et depuis cette époque – ainsi que l’écrit Bebel dans son livre Der Sturz des Muttertumsla défaite historique du sexe féminin s’est accomplie. Depuis cette époque, nous voyons que la femme a été de plus en plus confinée dans des travaux particuliers, c’est-à-dire qu’elle était liée à la maison, à la famille, tandis que l’homme transférait son activité à l’extérieur. Au fil du temps, la femme a été de plus en plus réduite à l’état d’esclave de l’homme. Il disposait d’elle avec droit de vie et de mort. Il pouvait tout faire et ne rien faire. Elle n’avait aucune profession, elle était bon marché, elle était limitée au mariage. Et c’est à cette époque, camarades, dans l’oppression la plus profonde de la femme, où elle n’avait pas d’autre métier, pas d’autre possibilité de s’exprimer ou de faire quelque chose – c’est à cette époque que se trouvent les premiers débuts du christianisme. Et c’est là que nous pouvons comprendre comment, aujourd’hui encore, de nombreuses femmes s’accrochent si fermement à la religion. Le christianisme est apparu à une époque où la femme était au plus bas. Elle n’avait rien, et c’est alors qu’elle s’est accrochée à la doctrine de la libération de l’humanité. Je reviendrai plus tard sur ce lien. Je veux seulement constater qu’à cette époque, le christianisme s’est solidement enraciné chez les femmes jusqu’à aujourd’hui.

Examinons maintenant l’évolution ultérieure, jusqu’au Moyen Âge, où le capitalisme a été mis à l’ordre du jour, ce capitalisme qui ne pouvait pas utiliser la force masculine, mais bien la force de travail facile ou bon marché de la femme, et pas seulement de la femme, mais aussi des enfants. Vous connaissez tous la misère des enfants en Silésie, en Allemagne, et l’épouvantable misère des enfants en Angleterre. On peut carrément dire que les machines usinent la chair des enfants et des femmes. Mais plus la femme est impliquée dans le processus de production, plus les charges qui lui sont imposées sont lourdes – et ici nous pouvons à nouveau appliquer la méthode dialectique – plus un nouveau facteur apparaît à la suite de cette exploitation, de cette double charge, et c’est la conscience de la femme, la conscience de classe de la femme, qu’elle n’est plus en quelque sorte un membre inférieur, mais qu’elle aide et collabore au grand processus de production. Et dans le capitalisme hautement développé, nous voyons que la personnalité de la femme, c’est-à-dire la conscience de classe de la femme, est hautement développée. Nous pouvons donc constater une progression sociale de la femme, mais seulement des régressions mineures. Je ne veux qu’effleurer brièvement ces aspects de l’évolution et constater qu’à l’époque de l’oppression la plus profonde, la femme ne dépendait de rien d’autre que du mariage et n’avait pas d’autre profession.

Et lorsque nous disons que la femme doit se libérer des chaînes de l’esclavage – et nous devons dire ici, dans certaines circonstances, des doubles chaînes de l’esclavage –, nous devons également souligner ici que la libération de la femme a besoin de beaucoup plus d’énergie par elle-même que celle de l’homme, car elle doit lutter contre une double chose, contre les préjugés de la société, de l’État, des autorités, contre la double morale, contre l’oppression de l’homme et ensuite contre toute l’oppression contre laquelle le prolétariat tout entier doit lutter. Je dis que la femme émancipée, la femme avancée accomplit beaucoup plus de travail pour elle-même et pour la société que n’importe quel homme. De ces conditions misérables, elle doit grandir, sa personnalité doit grandir, sa conscience de classe doit grandir, qu’elle n’est pas en quelque sorte une créature inférieure dont il est tout à fait indifférent qu’elle soit là ou non, car toutes les valeurs culturelles, c’est nous les travailleurs qui les créons; et si l’on disait maintenant que la femme appartient à la maison, c’est-à-dire que si la femme avait été retirée du processus de production, tout le processus de production, tout l’ordre en général, serait intenable. La femme est donc consciente qu’elle contribue pour moitié au travail culturel. Et si, malgré cela, on ne cesse de répéter que la femme est inférieure, qu’elle n’est pas activement à la hauteur, nous ne pouvons que rétorquer qu’il faudrait donner à la femme autant de temps pour se libérer qu’on en a eu pour l’opprimer. Ce n’est qu’en tenant compte de cette circonstance que nous pouvons déterminer si la femme est politiquement et personnellement à la hauteur et si elle peut participer, ressentir et penser avec le prolétariat dans la grande lutte qu’il mène. Je dis que le rapport de la femme à l’homme est comme le rapport de l’ensemble du prolétariat au capitalisme, c’est-à-dire qu’elle doit d’abord se libérer de l’homme, se libérer de l’oppression de tous les préjugés; et ensuite, elle doit encore mener ce combat que l’homme doit mener. Son exploitation est donc double et triple. Dans l’autre cas, son énergie, sa conscience de classe, sa personnalité sont également doubles et triples si elle veut se libérer de tout ce fatras.

Maintenant, camarades, quelle est notre position en tant que parti sur ces questions ? Quelles sont les tâches de notre K.A.P.D. pour obtenir un quelconque changement dans ces choses ? Quelles sont nos tâches en ce qui concerne l’organisation des femmes, c’est-à-dire en ce qui concerne le recensement des femmes afin de les intégrer dans cette grande lutte ? Nous voyons maintenant un monde à l’agonie, le monde capitaliste, c’est-à-dire, économiquement et politiquement, toutes les fermentations, tous les déchirements, tous les bouleversements, à l’extérieur, dans la vie économique et politique – tout cela ne passe pas inaperçu dans les familles. Ici aussi, il y a des luttes, des conflits. (Très juste !) Et bien plus que certains ne le croient, camarades, c’est au sein de la famille que se livrent les combats les plus héroïques; et ils sont peut-être menés par ignorance et incompréhension. Et nous avons le devoir d’apporter des éclaircissements à ce sujet. Le K.A.P.D. doit se donner pour mission d’organiser plus de cours que jusqu’à présent, et pas seulement pour les femmes, car les hommes aussi doivent mieux comprendre les femmes. Les hommes et les femmes doivent réfléchir à ces choses et se dire : pourquoi ces choses sont-elles ainsi, pourquoi nous querellons-nous en famille ? pourquoi es-tu d’un avis contraire ? pourquoi ne peux-tu pas ressentir et penser comme moi et pourquoi freines-tu mon développement ? pourquoi freines-tu mon travail au sein du parti et autres choses similaires ? Le parti doit se donner pour tâche de résoudre toutes ces questions, ainsi que toutes ces phrases, la famille est sacrée, et nous déchirons tout cela, nous voulons seulement tout détruire et déchirer et non pas construire. Oh, montrez à ces gens qui déchirent la famille, qui relâchent les liens familiaux, que c’est seulement ce capitalisme avide de profit qui déchire nos familles, qui ne laisse aucune cohésion interne dans la famille, qui relâche tous les liens, parce qu’il n’est pas possible de faire autrement, puisque le père est ici, une sœur est là, et un frère est encore ailleurs. C’est ce plus grand pilier, cette famille, que le capitalisme lui-même renverse, car c’est sur lui qu’il s’est construit, sur le mariage, sur la famille, sur l’exploitation, sur l’oppression, sur la permissivité et sur la capacité d’adaptation. Et c’est là que nous disons, camarades : ce travail d’explication, ces cours, le parti doit les mettre en place plus qu’il ne l’a fait jusqu’à présent, il doit tout mettre en œuvre pour ne pas seulement se développer en largeur, pour ne pas seulement rester sur cette ligne politique, mais il doit ici mettre l’accent sur le fait que nous approfondissions, que nous comprenions au plus profond de nous-mêmes toutes ces questions et que nous en tirions nos conclusions.

Eh bien, camarades, même si nous constatons que le capitalisme lui-même détruit la plus grande pierre angulaire, la famille, vous devez considérer, camarades, que la femme des campagnes n’a jamais entendu parler de socialisme et de communisme, là où elle ne ressent que son oppression, là où elle soupire doublement et triplement sous le poids et là où elle prête l’oreille à tous les murmures. Tolstoï le disait déjà : la classe riche dans la société ne sait rien et ne croit en rien38, le prolétariat ne sait rien, mais croit à tout. Et cela s’applique doublement à la femme, qui prête l’oreille à tous les chuchotements. Et lorsque je dis que le parti doit faire un travail de clarification plus important, je veux seulement dire qu’il doit mettre en évidence la connaissance profonde, la cohérence interne, le mécanisme interne du capitalisme, cette connaissance profonde que tout ce que nous souhaitons, tout ce à quoi nous aspirons, n’est pas un rêve, une utopie, une aspiration à ce que nous aimerions avoir, mais que c’est une nécessité historique qui doit venir et qui viendra, que cet ordre économique capitaliste doit faire place à un nouvel ordre économique, à savoir le socialisme et le communisme. C’est fondé sur l’histoire. Nous devons également l’enseigner aux femmes. Une fois que la femme aura pris conscience de toutes ces choses, nous sommes convaincus, camarades, qu’elle s’engagera avec toute sa capacité de sacrifice, même plus que l’homme, comme je l’affirme, et qu’elle luttera pour cela dans son propre intérêt, mais aussi dans l’intérêt de tout le prolétariat.

C’est ce savoir que nous devons lui offrir, pas tout ce que la femme tient dans les réunions publiques, ce qu’on lui dit là : oui, tu es asservie, tu es opprimée, mais aide-nous à établir un ordre social différent et meilleur; alors elle est tout à fait sceptique, elle n’y croit pas. Elle désespère, et souvent, camarades, elle a le droit de désespérer parce que ses maris ne sont pas les camarades dans la famille qu’ils prétendent être dans l’assemblée et dans la vie publique (Très juste !), parce que ses maris dans la famille n’agissent pas comme ils le devraient. La femme doit souvent désespérer et dire : je ne peux pas croire au communisme qui aide tous les hommes, où un est pour tous et tous pour un; je dois désespérer, car tu es un tout autre homme dans la famille que dans l’assemblée ou dans la vie publique. Mais malgré tout cela, même si la femme est si désespérée, il faut quand même lui dire qu’au-delà de tes larmes, de ton désespoir, de ton chagrin partout, cela aussi passera, tout cela te fera tomber sous les roues si tu n’interviens pas. Ce savoir, elle le comprendra, elle comprendra : que je sois misérable, que je sois satisfait de mon sort, que je sois heureux, que j’aie faim ou que je sois rassasié, je dois m’engager dans ce mouvement, parce que c’est une nécessité historique, parce que ce n’est pas un rêve ou une aspiration. Et cette connaissance, camarades, le parti doit la transmettre à tous les camarades. Cela ne peut pas se faire par des conférences en une soirée, mais il faut organiser des cours à cet effet. C’est pourquoi je dis que lorsque nous envoyons des conférenciers à travers le pays, il ne faut pas toujours dire : ah, en province et à la campagne, on ne peut peut-être envoyer que des orateurs qui parlent d’une manière ou d’une autre de manière radicale ou sentimentale, ou bien il importe peu d’envoyer de bons orateurs formés dans le Reich. Et je dis, camarades, que c’est justement dans le Reich, dans les campagnes, que doivent se rendre les meilleurs orateurs, ceux qui ont été formés, qui ont compris les tenants et les aboutissants, mais qui peuvent aussi parler de manière très populaire. Ils connaissent la psyché de l’homme et de la femme afin de leur rendre la chose plausible. Nous devons être très prudents dans le choix des orateurs que nous envoyons dans le Reich. (Très juste !)

Camarades, examinons maintenant la relation entre l’homme et la femme dans la famille. Sur quoi repose notre famille ? Sur quoi le capitaliste s’est-il appuyé ? La famille repose sur deux piliers fondamentaux, premièrement sur l’indissolubilité du lien du mariage et deuxièmement sur la propriété. Ces deux piliers sont également branlants par le bas. L’insolubilité du mariage pour une vie entière est intenable. Si les deux personnes que le hasard de la vie a enchaînées l’une à l’autre se rendent compte qu’elles ne sont pas compatibles, qu’elles ne peuvent pas vivre ensemble, si ces deux personnes sont de fortes personnalités, elles se sépareront. Et je dis, camarades, que chaque révolutionnaire et chaque communiste a le devoir de briser ses chaînes au sein de la famille, que cela passe par l’un ou par l’autre. Être révolutionnaire, c’est ne pas s’adapter, ne pas être adaptable. Mais si l’on s’adapte pour le bien de la paix ou pour être un homme, ou si l’homme est bon ou s’il est compatissant ou autre chose – non, camarades, si la famille m’entrave, si je ne peux pas travailler pour la cause, j’ai l’obligation de défaire la famille (Très juste !), de défaire tous les rapports qui m’enchaînent, qui me lient, qui lient mes forces avant tout, de sorte que je ne peux pas me mettre au service de la cause comme il le faudrait. Cela vaut pour les deux parties, aussi bien pour la femme que pour l’homme. Il n’y a rien à objecter ici : que font les enfants ? Il y aura toujours un moyen de résoudre cette question. Mais je ne comprends pas les camarades ou les personnes qui vivent ensemble, qui s’empoisonnent mutuellement la vie, qui font de leur vie un enfer. Cela peut encore être le cas, si cela ne se passe pas à l’extérieur, dans la grande bataille. Nous voyons tant de camarades à l’extérieur, dans l’assemblée et partout, comme des gens tout à fait capables qui promettent tout; mais dès qu’ils entrent dans la famille, qu’ils se mettent sous ce joug, alors ils ne sont pas capables ou pas utilisables pour le combat. Dans ce rapport entre l’homme et la femme, l’homme est toujours enclin – et ce uniquement en raison de sa force économique – à considérer la femme comme un être humain de second ordre, parce que c’est lui qui gagne, c’est lui qui fait vivre la famille. Nous pouvons comprendre psychologiquement que celui qui a le pouvoir, qui a le pouvoir économique et ensuite aussi le pouvoir spirituel, considère tout à fait inconsciemment ou consciemment comme allant de soi qu’il est celui qui doit décider et que la femme est alors un demi-homme ou même un quart d’homme; il est le maître de la création. Nous devons nous opposer à ces choses. Nous devons également être attentifs à nos camarades à cet égard. Je dis que ce n’est pas la carte de membre qui fait le communiste, mais celui qui s’engage lui-même en tant que personne dans la famille et partout dans la lutte, comme cela est nécessaire. Maintenant, camarades, ces choses bourgeoises, ce retard, ce manque de liberté et de connaissance, nous devons essayer de les régler avec compréhension, nous devons avoir de la compréhension pour les deux, pour l’homme comme pour la femme. Tout d’abord, nous devons comprendre que l’homme, de par son évolution, est devenu un égoïste, et que la femme, de par cette évolution de milliers d’années qu’elle a traversée, est également devenue un produit de sa condition. Régler ces choses avec compréhension, créer des changements dans ce domaine, telle est la tâche la plus noble et la plus importante de notre parti. Je dois ici mettre de côté de nombreux points, car il serait trop long d’aborder toutes ces questions. Je ne peux qu’effleurer la question sexuelle, le mariage, qui est un point très important. Ici aussi, nous verrons que ces formes vont également changer. Si les conditions d’existence de la femme sont assurées, si sa dépendance n’existe plus, alors cette autre chose tombera également. Nous avons vu en Russie que les choses ont pris une toute autre tournure en une seule fois, peut-être en l’espace de deux ou trois ans (Acclamation : en un an !), pour la simple raison que l’existence de la femme est assurée, que la dépendance de la femme a été supprimée, que toutes ces barrières, tous ces préjugés tombent maintenant; la femme peut alors se développer en tant qu’être humain. Mais même si nous sommes ici aussi profondément engagés dans toutes ces choses, nous devons toujours et encore crier à nos femmes et à nos hommes qu’ils doivent être en premier lieu des hommes, c’est-à-dire qu’ils doivent mettre au premier plan leur personnalité, leur propre moi, leur homme, leur homme intérieur; ils ne doivent pas se laisser traiter comme un morceau de marchandise, ils doivent davantage valoriser leur force de travail. Ensuite, elles peuvent être une femme et une mère en second lieu. Mais en premier lieu, elles doivent être des êtres humains. Toutes ces inhibitions au sein de la famille doivent être surmontées. Cela vaut pour les deux, pour l’homme et la femme. Un révolutionnaire ne doit pas s’adapter, il ne doit pas se soumettre, mais il doit briser les chaînes qui lient ses forces pour le travail révolutionnaire.

Camarades, nous ne cessons de répéter que la cause du prolétariat est plus importante pour nous que cette cause personnelle, et nous voulons nous y tenir, même lorsque nous traitons de la question des femmes. Maintenant, la question qui se pose à chacun d’entre nous est la suivante : comment pouvons-nous, dans la pratique, impliquer davantage les femmes, comment sera-t-il possible d’impliquer davantage nos femmes, nos filles avant tout, notre jeunesse, de les intéresser davantage à ces tâches ? Je ne peux que proposer d’impliquer davantage les femmes dans le travail pratique, de leur attribuer davantage de fonctions, mais pas seulement des fonctions subalternes, de ne pas se contenter de dire. Ceci est bon pour la femme ou ceci ou cela peut être fait par les femmes, mais que l’on traite également la femme sur un pied d’égalité en tant que camarade, en tant que personne et que l’on confie aux femmes des postes et des fonctions à responsabilité au même titre que les hommes. Si nous faisons cela, camarades, nous comprendrons bientôt que nos femmes, lorsqu’elles verront qu’elles n’ont pas seulement des fonctions subalternes à remplir, mais qu’elles obtiennent des postes tout à fait équivalents, se mettront à accomplir leur tâche avec beaucoup plus de sacrifice, d’abnégation et d’ardeur, et pas seulement, comme l’ont prouvé suffisamment de camarades, dans la révolution, pas seulement dans les soins aux malades et aux invalides, mais aussi en termes d’intervention très active, même si je ne veux pas dire comme nos camarades russes. Le peuple russe en soi est d’un tout autre type que le peuple allemand. Nous ne pouvons pas nous baser sur ce que nos filles russes ont fait là-bas, sur la manière dont elles sont intervenues pratiquement partout. Les Allemands sont bien trop éduqués dans la servitude, ils sont bien trop laxistes, ils n’ont pas autant de conscience de classe, ils n’ont pas autant de sens de la solidarité pour tous, ils sont bien trop indifférents à toutes ces choses. Et c’est encore plus vrai pour les femmes, suite à cette éducation millénaire. Mais nous devons malgré tout essayer de surmonter toutes ces choses. Et là, je dis, comme exemple pratique, qu’on l’appelle davantage à des fonctions et qu’on lui attribue vraiment toutes ces tâches en sachant qu’elle est semblable à l’homme et qu’on ne fait pas de différence.

Ce n’est peut-être pas le lieu ici de parler des tâches de nos femmes dans la lutte. Mais nous devons nous préparer au fait que nous ne vivrons pas toujours dans des temps aussi calmes et que les choses prendront un tout autre aspect, et qu’il se peut que nos camarades masculins se battent dans la rue, sur les barricades. Que font alors les femmes ? C’est la tâche des districts, du parti, d’organiser ici, d’expliquer ici quelles sont les tâches de nos femmes dans l’action, dans la lutte. Et à Berlin, nous avons déjà été très clairs sur ce qui doit se passer dans certains districts en période d’action, c’est-à-dire en période de haute tension. Nous ne pouvons pas discuter de toutes ces choses en public ici, cela reste du ressort de l’organisation. Mais je veux souligner que nos camarades femmes doivent être utilisées dans cette lutte et que des tâches bien précises doivent leur être attribuées dans certains départements, pas seulement dans le domaine sanitaire, pour lequel une femme est peut-être plus apte qu’un homme, mais d’autres postes importants entrent également en ligne de compte, comme le service postal et le service de courrier. Vous savez, camarades, qu’il ne faut pas compter sur toutes ces institutions bourgeoises, mais que nous devons nous méfier de tout ce qui se trouve encore de l’autre côté, que nous devons maintenir tout cet appareil intérieur par nous-mêmes. Et c’est là que les femmes doivent être utilisées, c’est là qu’elles doivent intervenir. Elles doivent prendre en charge le service postal et le service de courrier, et pas seulement le service sanitaire. Elles doivent s’occuper du ravitaillement des équipes. Elles doivent chercher des locaux appropriés, où l’on peut manger et combien de personnes peuvent y être nourries, quelle est la taille des locaux. Elles doivent organiser les soins des enfants, afin que les femmes qui entrent en service sachent que leurs enfants sont en sécurité. Toutes ces choses relèvent de la responsabilité des femmes, et c’est à nous d’organiser ces choses et d’y intéresser nos femmes.

Et, camarades, une autre tâche importante est la propagande militaire. En tant que petit parti, nous n’avons pas tous les moyens d’agir de la sorte. Mais ici aussi, il serait nécessaire de mettre en place un département qui s’occupe de ces choses, comment informer nos frères de travail et nos fils qui sont dans des haillons colorés et qui retournent les armes contre nous ? Comment intéresser nos femmes et nos jeunes filles pour qu’elles éclairent ces Verts[1] , la Sipo et l’Orgesch[2] ? Pas ce badinage irréfléchi – nous devons nous opposer avec la plus grande fermeté à cette inconscience de nos filles et de nos femmes prolétaires, qui sont en quelque sorte en contact avec ces Verts, qui vont avec eux au cinéma et dans les salles de danse, sans savoir qu’on est en contact avec un traître ouvrier, avec un tueur d’ouvriers. Nous devons nous opposer avec la plus grande fermeté à cette inconscience, à cette indifférence, et rappeler sans cesse à nos filles qu’elle est une fille prolétaire, qu’elle est une femme prolétaire qui doit être fière d’elle-même, de son caractère de classe, qu’il n’est pas compatible avec son honneur et sa dignité d’avoir des relations avec quelqu’un qui est contre moi, qui abat sans pitié mon ami, mon frère, mon père, que je ne peux pas avoir de relations d’amitié avec lui.

Mais à côté de cela, camarades, nous devons essayer de faire entrer de la littérature communiste dans les casernes, de jeter de la littérature communiste parmi les soldats. Nous devons aussi essayer de mener une sorte de propagande parmi nos frères ouvriers, même s’ils sont vêtus de chiffons polychromes, même s’ils retournent leurs armes contre nous; nous savons que ce n’est que de l’incitation aseptissée. Ce n’est pas par hasard s’il n’y a pas de littérature communiste dans les casernes; ce n’est pas par hasard qu’il est interdit à tous les soldats du Reich d’assister à des réunions publiques, afin de nous les aliéner, de les fermer à nous et à nos pensées, pour qu’ensuite, dans l’action, ils abattent aveuglément leurs frères. Et là, je dis, camarades, que toutes ces choses doivent être prises en considération, que toutes ces choses doivent être faites; et là, nos femmes et nos jeunes filles peuvent nous rendre d’importants services, si elles sont fermes, si elles sont d’esprit incorruptible, si elles sont consciemment avec nous, alors elles peuvent aussi aller dans le camp ennemi et essayer, dans la mesure de leurs forces, d’y apporter des éclaircissements.

Mais, camarades, nous voyons d’un autre côté que nos femmes tendent vers le pacifisme, vers la paix, en tout cas. Elles veulent la paix – et c’est compréhensible du point de vue de la psyché de la femme : celle qui donne la vie veut aussi la préserver. Elle veut porter l’amour d’une personne à l’autre. Elle ne veut pas détruire la vie. C’est à partir de cette psyché qu’il faut comprendre la femme si elle veut la paix. Mais nous devons lui dire : c’est la haine irréconciliable que nous devons prêcher, pas l’amour. Camarades, nous savons que le communisme est amour, et l’amour ne connaît pas la violence. Mais nous ne sommes pas encore dans le communisme, nous sommes encore au milieu de la période la plus terrible que l’humanité ait jamais connue. Et à cette époque, nous devons prêcher la haine, une haine ardente contre cette société. Nous devons dire aux femmes : pas de paix, pas de réconciliation, tant qu’on nous asservit ainsi, tant qu’il est encore possible de mener une vie de mensonge, d’escroquerie et de fraude, tant que je dois haïr cette société. Et les femmes comprendront si l’on expose leurs idées pacifistes de manière objective. Mais vous, les hommes, vous devez aussi comprendre, à partir de la psyché de la femme, qu’elle est encline à la paix, à la préservation de la vie, à ne pas détruire. Mais si on lui fait comprendre le contraire, elle le comprendra aussi et saisira ces choses, car la femme n’est pas si limitée que cela, et ce n’est que par cette condamnation millénaire et ce blocage de tout savoir venant d’elle qu’elle a été amenée là où elle se trouve aujourd’hui.

Alors, camarades, nous devons essayer de faire comprendre aux femmes que la lutte ne sera pas pacifique, que ce choc, cette lutte des classes ne peut pas se dérouler de manière pacifique. Nous devons essayer de rendre cela plausible pour nos femmes.

Je l’ai déjà dit, la notion de patrie est étroitement liée à cette question. Camarades, vous penserez peut-être que la question n’est pas si importante qu’on l’effleure ou qu’on la traite ici. Mais vous devez toujours garder à l’esprit que vous n’êtes pas seulement assis dans les villes, vous devez toujours garder à l’esprit que la femme a un penchant beaucoup plus fort pour la patrie et aussi pour un périmètre restreint. Je veux bien admettre que le patriote, l’adversaire masculin, est déjà un adversaire avec lequel il est difficile de composer. Mais une patriote devient une furie hurlante lorsqu’on lui explique objectivement qu’elle n’a pas d’intérêt national à défendre (très bien !), qu’elle doit seulement tenir compte du fait qu’elle ne gagne ou ne peut gagner que ce dont elle a absolument et très peu besoin pour vivre; le capitaliste ne lui donne que cela. Nous devons essayer de démontrer, à l’aide de petits exemples, que ces patries ne se sont pas développées d’un seul coup et n’ont pas toujours existé comme aujourd’hui, mais que tout cela est également soumis à l’évolution. Nous allons peut-être expliquer à l’aide de petits exemples qu’un voyage entre Cologne et Augsbourg coûtait autrefois autant de semaines qu’il en coûte aujourd’hui d’heures, et que suite à l’évolution ultérieure, les possibilités de transport étant meilleures, une organisation postale a été mise en place, et qu’avec toute cette évolution, les villes ont également une toute autre image les unes des autres, et que les villes se faisaient déjà la guerre entre elles, que les villes comme Cologne, Augsbourg, etc., se considéraient mutuellement comme des étrangers et se traitaient en conséquence, que plus tard, cette Cologne, cette Dresde, etc. devinrent la Prusse, la Saxe et la Bavière, etc. À travers tous ces petits exemples, on pourra faire comprendre aux femmes que cette patrie n’est rien d’autre qu’une organisation destinée à régler l’exploitation des prolétaires. Camarades, nous devons leur faire comprendre que cela ne signifie rien d’autre que de travailler quelque part ici à Berlin ou d’être employé comme valet ou servante quelque part chez un propriétaire de manoir, nous leur ferons comprendre qu’ils travaillent à Chicago dans une énorme usine ou qu’ils tissent des tapis persans ailleurs ou qu’ils sont employés à Londres – tout cela n’a aucune importance, le prolétaire reçoit partout dans le monde seulement ce dont il a absolument besoin pour vivre. Et l’autre exemple, c’est que les chômeurs meurent de faim aussi bien en Allemagne que dans l’Angleterre soi-disant vaincue, il n’y a aucune différence. Camarades, je crois quand même qu’en débattant de la sorte, en attirant sans cesse l’attention sur ces choses de manière calme et objective, nous apportons ici aussi de la lumière dans cette obscurité et que nous écartons ici beaucoup de choses qui doivent être écartées, car nous sommes tous conscients que la décomposition économique du capitalisme sera bien plus vite surmontée et combattue que cette contamination spirituelle du prolétariat, comme cet emprisonnement spirituel dans lequel chacun est encore assis et dont chacun doit se libérer. Et c’est là, camarades, que nous devons tous mettre la main à la pâte, afin que là aussi, nous puissions faire la lumière sur ces ténèbres.

Vient ensuite la question : quelle est la position de la femme par rapport à la religion ? En fait, il était prévu de mettre la religion à l’ordre du jour. Mais nous avons adopté le point de vue selon lequel chaque communiste et chaque ouvrier révolutionnaire doit se demander s’il peut encore croire ou non à ces absurdités, si une contrainte du parti est nécessaire pour leur dire : tu as un devoir à remplir, même envers toi-même, si tu peux encore croire à toutes ces institutions bourgeoises, à ces institutions d’abrutissement, à ce que l’on appelle la religion, alors nous lui disons qu’il n’est pas du tout un prolétaire révolutionnaire (Très juste !), il ne peut pas être un prolétaire révolutionnaire. La révolution, le communisme en général, sera le dépassement total du christianisme. Le dépassement complet de tout cela ne peut que nous faire avancer. Mais, camarades, les faits nous font constater que les femmes sont beaucoup plus attachées à la religion que les hommes, parce que la religion est une affaire de sentiments. Il s’agit d’un sentiment, d’une croyance, qui exclut complètement la pensée. Depuis toujours, la religion a été l’ennemie mortelle du savoir, l’ennemie mortelle de toute pensée. Les prêtres et les curés n’ont rien entendu de plus que la pensée. Camarades, parce que la religion est une affaire de sentiments et que la femme est déjà organiquement plus prédisposée aux sentiments que l’homme, également en raison de toute l’évolution, car la femme a été coupée de toute profession pendant un millénaire et demi, donc formellement du savoir de son époque, la femme penche davantage vers la religion. Après avoir exercé cette torture contre la femme pendant un millénaire et demi, on vient maintenant se plaindre du petit cerveau féminin, de l’étroitesse d’esprit des femmes. Et voilà qu’on y ajoute la moquerie et le ridicule. Oh, non, camarades, nous devons comprendre que ces choses aussi ont leur évolution historique derrière elles. Nous devons aller à la rencontre de nos camarades féminines avec une compréhension totale et leur dire que tout cela ne sert à rien, que prier ne te sert à rien non plus, mais que seule ta propre force sera en mesure d’écarter ces broussailles mentales du chemin. Je pense que nous disposons d’un matériel abondant en ce qui concerne la religion, l’école et toutes ces institutions. Regardez ce soldat, dans la religion, on parle d’un Dieu d’amour et de «tu ne tueras point». Et sur le baudrier du soldat, on peut lire : Avec Dieu, pour le roi et la patrie, et à côté, il y a des grenades, un poignard et un revolver. Camarades, vous devez attirer l’attention sur toutes ces petites choses. Cela aura un effet partout – que ces choses sont contradictoires, qu’elles sont imposées par la société bourgeoise et qu’elles ont été inoculées pendant des millénaires dans le cerveau de la plupart des gens. C’est pourquoi chaque prolétaire est tenu de veiller, en ce qui concerne l’éducation des enfants, à ce que la religion soit également tenue à l’écart de l’école, à ce que chaque prolétaire retire son enfant des cours de religion. Mais ici, on ne peut pas imposer de contrainte. Nous ne devons pas imposer de contrainte et nous ne le ferons pas. Mais nous en appelons à l’honnêteté morale et à la pureté de chacun pour qu’il se développe lui-même dans ce sens.

Camarades, nous ne devons pas non plus sous-estimer la doctrine syndicaliste. Celle-ci est également très dangereuse, notamment en ce qui concerne nos femmes, car le syndicalisme est individualisme et doctrine de l’émotion, où on rejette parfois toute l’évolution et en totalité. Camarades, c’est précisément ce point de vue sentimental, individualiste, axé sur la personnalité, et ce point de vue qui rejette l’ensemble du développement, qui est captivant pour nos femmes. Nous devons, ici aussi, poser clairement et sans équivoque nos principes à côté d’eux, leur dire quelle est notre position, qu’il y a en quelque sorte un lien, que ce n’est pas par hasard que nous devons penser de telle ou telle manière, mais que dans certaines circonstances, sous certains modes de production, nous devons penser de telle manière et pas autrement, qu’en fin de compte, les conditions économiques et le mode de production en sont la cause. Et je dis justement : le syndicalisme, l’anarchisme – nous devons aussi nous contrer toutes ces doctrines sentimentales pour y opposer notre conception fondamentale.

Camarades, jusqu’à présent, je n’ai traité que de la femme au foyer, de la femme en général. Mais vous savez que c’est surtout la femme active qui entre en ligne de compte. C’est déjà une armée avancée. Nous trouvons dans ces femmes actives des représentantes de toutes les couches sociales. Et justement parce que nous avons une organisation d’entreprise, nous devons aussi leur dire qu’elles aussi ont de grandes tâches à accomplir, qu’elles se sont beaucoup trop peu occupées de toutes ces choses dont elles auraient dû s’occuper. (Exclamation du camarade Ihlau [3] « Pas le temps ! ») – Pas le temps !

L’interjection est également typique. Quand il s’agit du travail des femmes, on dit qu’il n’y a pas de temps à perdre. L’interjection prouve justement que l’on considère cela comme secondaire et que d’autres questions sont mises au premier plan. (Contradiction et exclamation : il pense l’inverse !) – Très bien ! Nous ne voulons pas nous disputer sur cette interpellation. Mais je dis, camarades, que c’est justement en impliquant la femme dans le processus de production que la femme se renforce et que toute sa conscience de classe grandit. C’est justement le sentiment de solidarité qui grandit chez elle. Et même si la femme a développé sa personnalité, elle sera consciente qu’elle n’est pas en mesure de le faire seule, mais que seules des masses denses peuvent oser cette lutte pour repousser le capitalisme et le mettre de côté. Et pourtant, camarades, la B.O. doit attirer beaucoup plus l’attention sur ce point. Le rapport entre la fonctionnaire, l’employée de bureau et l’ouvrière d’usine, le fait qu’une ouvrière qui effectue un travail propre peut peut-être être mieux habillée – que là encore, l’arrogance s’élève au-dessus de l’ouvrière d’usine qui doit travailler dans la saleté et la crasse. Il y a quelques semaines, j’ai eu l’occasion de travailler dans un grand bureau de paie – je veux dire en passant : seulement deux jours. J’ai été immédiatement renvoyée (Rires). Dans ces milieux d’employés, il y a un tel excès de confiance, une telle ignorance de toutes ces choses, qu’il faudra beaucoup de travail, beaucoup plus de travail que pour les employés masculins – je dois l’admettre ici – pour les gagner, la tâche est beaucoup plus difficile et plus grande, car ces jeunes filles, ces fonctionnaires au féminin, ces filles mignonnes et bégueules, économiquement bien avantagées, considèrent qu’il est indigne d’elles de contracter un mariage ou quoi que ce soit d’autre avec un ouvrier, un serrurier, un menuisier. Elles veulent trouver un fonctionnaire ou quelqu’un de ce milieu. Elles se laissent envoûter par cette fausse culture, par tout ce doré trompeur. Elles pensent que quelqu’un est bien intentionné, lorsqu’il s’adresse à elles en disant «euh, euh, ma charmante mademoiselle» ou qui les aborde d’une manière ou d’une autre de façon semblable. Nous devons pouvoir juger toutes ces choses à partir de notre situation de classe, de notre conscience de classe. Et nous devons faire comprendre très clairement aux femmes et aux jeunes filles : tout cela ne te sert à rien, tu es exploitée comme les autres; et quand tu n’es plus performante et que tu es vieille et malade, tu es jetée sur le pavé. Il faut faire prendre conscience de cette tendance du capitalisme à ces pauvres filles aveuglées. La B.O. devrait justement se donner pour mission de fixer un salaire uniforme, d’exiger un salaire égal pour les femmes et les hommes. Je n’ai jamais entendu dire que la B.O. ait mis cette question au premier plan. (Exclamations : Oh oui !) – Non ! Oh, que croyez-vous que cette exigence d’une rémunération uniforme, d’un salaire égal pour des prestations égales, provoquerait des troubles et des contradictions ! Mais c’est justement vous, camarades, en tant que B.O., qui devez susciter cette agitation et cette contradiction. Cela attirera l’attention des hommes et des femmes sur vous. Ils vous accuseront et vous combattront. Mais vous devez faire entrer l’agitation dans les entreprises, et on en discutera ensuite dans les entreprises et les usines. Il n’est pas difficile de prouver qu’un salaire égal pour un travail égal doit être mis en exergue. Je ne veux pas insister sur le fait que nous, les femmes, devons vivre de la même manière que les hommes, que nous n’obtenons rien de moins cher, pas de pommes de terre, pas de viande, pas de pain, si nous les achetons en tant que femmes, mais que les prix sont uniformément élevés. Mais nous devons également attirer l’attention sur un autre point, à savoir que la femme a toujours été payée de manière inégale et malhonnête. Il y a quelques semaines, on m’a proposé de faire un calcul de salaire différencié pour 2,50 M, c’est-à-dire de travailler au bureau des salaires pour 2,50 M de l’heure. Et lorsque je me suis adressé à ce fameux conseil des employés, il s’est mis du côté de l’entreprise comme du chef d’entreprise et m’a dit : «Vous venez d’arriver ici, nous ne pouvons payer plus que celui qui s’est laissé exploiter pendant des années, mais pas quelqu’un qui ne fait que renifler ici. J’ai d’abord dû attirer l’attention du comité d’entreprise et d’employés sur le fait que je n’étais pas à terre, mais debout : « il faut d’abord me contenter de vivre avant de pouvoir aspirer à exercer un emploi ». Camarades, nous qui sommes dans la vie pratique, nous savons ce qu’il en est.

Pour la question des femmes, c’est surtout la dépendance due à l’inégalité des salaires qui entre en ligne de compte. C’est justement parce que l’homme est mieux payé, parce qu’il peut mieux se maintenir, parce qu’il est économiquement le plus fort, qu’il entretient toujours et encore ce sentiment de dépendance chez la femme. Et la femme, parce qu’elle est mal payée et de moindre qualité, doit donner toutes ses forces pour toutes les choses subalternes. Le linge, les vêtements et tous ces besoins doivent être limités et, ce qui est le plus important, elle reste à la traîne avec son savoir, elle ne peut rien s’approprier. Elle doit remplir tout son temps pour couvrir un tant soit peu ses besoins.

 


[1]Les „Verts“ ou Sipo (Sicherheitspolizei, police de sécurité). La Sipo désignait une force de police casernée et militairement armée de la plupart des Länder allemands, introduite en 1919 par les sociaux-démocrates Gustav Noske et Wolfgang Heine. Contrairement à la police traditionnelle en service individuel, qui portait généralement des uniformes bleus, la Sipo était également appelée la «police verte» en raison de la couleur de son uniforme. L’uniforme gris-vert correspondait en grande partie à celui des régiments de chasseurs à pied de l’armée prussienne. La caractéristique extérieure particulière était le shako comme couvre-chef, également repris des chasseurs.

[2] Organisation Escherich ou Orgesch, organisation faîtière des Einwohnerwehren (« groupes d’autodéfinse des résidents ») à l’échelle du Reich, qui compta jusqu’à 2.000.000 de membres. Elle fut fondée le 9 mai 1920 à Regensburg. La direction était assurée par Georg Escherich (1870-1941), le dirigeant de l’association régionale des Einwohnerwehren de Bavière. Après la dissolution des Einwohnerwehren bavaroises en juin 1921, l’organisation Escherich fut simultanément dissoute le 24 juin 1921 sur ordre du gouvernement du Reich.

[3] Impression erronée. Lecture correcte : (Alfred) Ihlau.

 

Mais il y a encore un moment essentiel pour la B.O. qui entre en ligne de compte ici. Si la direction vous rétorque. Non, nous ne pouvons pas le faire, l’entreprise ne peut pas le payer, elle va faire faillite et d’autres choses de ce genre – Oh, camarades, nous n’avons aucun intérêt dans le capitalisme actuel. Nous n’avons aucun intérêt à savoir si l’usine est rentable ou combien de dividendes elle rapporte, mais nous savons très bien que le capitalisme calcule avec chaque flamme qui brûle pour rien, avec chaque moteur qui tourne à vide. Mais nous devons lui dire à nouveau : que ce qui veut brûler brûle; entrez dans les entreprises et travaillez juste assez pour qu’on ne vous jette pas dehors et qu’on ne puisse pas conduire le chariot, et utilisez tout le reste du temps pour la propagande. Mais justement, nous devons dire que nos camarades sont souvent très attentifs au profit du capital. Ce sont les ouvriers qui se rendent mutuellement attentifs à cela : Tu as encore laissé de la lumière allumée ou tu dois faire plus attention au matériel, tu dois faire ceci ou cela. Le capitalisme n’aurait pas pu se maintenir aussi longtemps s’il n’avait pas trouvé son plus grand point d’appui dans le prolétariat lui-même, si les prolétaires eux-mêmes n’avaient pas intérêt – pas consciemment – à ce que l’économie soit gérée d’une manière ou d’une autre. Nous pouvons opposer à cela : exigez un salaire égal pour les hommes et les femmes, apportez l’agitation dans l’entreprise, alors la B.O. attirera plus d’attention sur lui, et cela deviendra un grand champ de discussion et un champ d’éclaircissement, et c’est ce qui est le plus important pour moi ici. C’est pourquoi je lance cela dans le débat. Ce sera un champ de sensibilisation pour nos femmes.

Et puis encore une chose. Vous ne devez pas oublier de leur dire lors de nos réunions d’entreprise, surtout là où les femmes et les jeunes filles sont employées : notre objectif n’est pas seulement d’augmenter les salaires, d’améliorer les conditions de vie et de travail, mais de renverser cette société. Il faut sans cesse leur rappeler : Tu ne peux pas te contenter d’être payée deux fois, trois fois et dix fois plus, même si c’est très bien. Nous devons leur faire remarquer que même dans ce cas, la distance entre le capital et le travail, entre la manière dont vit le capitaliste et la manière dont nous vivons, est encore si grande qu’il vaut encore la peine et est important de le combattre. Je sais que notre B.O. y fait allusion, mais pas de manière aussi étendue et pas aussi portée par cette importance et cette nécessité qu’elle devrait l’être.

C’est précisément ces deux tâches que je voulais confier à la B.O., en lui disant qu’elle devait œuvrer en ce sens dans tous les districts provinciaux, partout dans le Reich, en province, dans les villes, à la campagne, partout où elle a la possibilité d’approcher les femmes.

Eh bien, camarades, nous avons maintenant fait venir les femmes qui travaillent. Mais pensez à la grande armée des femmes au foyer, des employées de maison, des travailleuses à domicile, que nous ne pouvons absolument pas atteindre, que l’on ne peut pas faire participer à une assemblée, qui travaillent à la machine du matin au soir ou qui sont occupées d’une autre manière. Elles ne s’accordent pas le temps d’aller à une réunion. Comment saisir ces pauvres gens tourmentés ? Comment les amener à la lumière ? Comment peut-on leur parler ? C’est là qu’en tant que parti, nous en arrivons à un point important. Ce sont les conseils. Ces femmes – employées de maison, femmes au foyer, travailleuses à domicile – seront recensées par les conseils. Nous pouvons constater que dans l’ensemble, les femmes ne s’intéressent pas ou peu à la politique et aux problèmes du parti, il n’y a que quelques-unes qui suivent tout cela avec un intérêt ardent, mais pas la grande majorité. Mais la majorité s’intéresse aux conseils parce qu’il s’agit d’une communauté, parce qu’il s’agit déjà d’une communauté au sein de la famille dans laquelle elles vivent. Et c’est ainsi que nous concevons la communauté dans les conseils, en quelque sorte dans un complexe de maisons dans une ville. Et justement, les femmes et le système des conseils – c’est l’une des choses les plus importantes dont nous devrons nous occuper à l’avenir pendant la période de transition. La femme est sceptique vis-à-vis de la politique, parce que la politique lui a toujours été présentée comme quelque chose de si élevé, de si savant, qu’elle ne peut pas comprendre et que presque aucun homme ne peut comprendre. C’est ce qu’on a toujours dit à la femme. Mais si on lui disait, à partir de toutes ces choses, qu’elle doit avoir intérêt à une organisation qui libère ses forces, qui ne la lie pas à tout ce bric-à-brac inutile dans le ménage, qui veut rendre possible la mise en commun du ménage et de tout le travail, qu’elle sera alors libre, qu’elle pourra alors seulement se développer, qu’elle pourra alors seulement devenir un homme, alors peut-être qu’elle le comprendrait autrement. Tout ce bric-à-brac inutile cesserait et, en même temps, des valeurs seraient créées, c’est-à-dire que des valeurs seraient mises à jour chez la femme. Camarades, justement «les femmes et les conseils» – il faudrait aussi en discuter une fois. Certes, nous ne pouvons pas, ou plutôt nous ne pouvions pas encore aborder toutes ces questions, parce que nous devions mettre au premier plan des questions vitales, car notre parti était au centre de la vie politique, il devait se défendre partout. Il en va autrement avec le V.K.P.D., qui est accro aux revendications. Il dispose d’un appareil et de moyens pour régler toutes ces choses. Elle s’emploie maintenant à regrouper les femmes dans les pâtés de maisons. Elle veut essayer d’ouvrir une brèche ici aussi. Mais nous devons toujours nous garder de penser que les conseils et le parti ne vont pas ensemble, que les conseils sont une toute autre chose que le parti, et que nous n’avons aucun intérêt dans ces conseils, ces cellules, si je puis dire, comme le V.K.P.D. les propage, que nous disons aux femmes : gardez-vous d’entrer en apparence en contact avec les conseils, alors qu’en réalité, c’est l’intérêt du parti qui se cache derrière. Méfiez-vous de cela, ne pensez pas que vous allez entrer d’une manière ou d’une autre dans ce système de parti, mais gardons l’idée des conseils pure, telle qu’elle est et telle qu’elle doit être comprise. Les femmes et les conseils seront alors beaucoup plus étroitement liés, parce que cette communauté correspond à leur nature, et nous obtiendrons là aussi un résultat très favorable.

Camarades, ce qui nous manque complètement, c’est la littérature sur ce sujet. Il y a certes beaucoup de littérature féminine qui traite spécifiquement de ces questions. Mais la littérature que les femmes ouvrières peuvent non seulement lire, mais aussi comprendre, nous fait complètement défaut. Tout est trop élevé, trop compliqué, elles ne peuvent pas entrer dans ces choses. Les questions doivent être abordées de manière simple, tout doit être expliqué aux femmes pour qu’elles puissent le comprendre. Et puis nous devons faire la différence entre la province, la campagne et les grandes villes. Partout, les conditions sont différentes. Nous devons nous y adapter. Nous devons envisager de mettre en avant d’autres moyens de propagande que ce qui se fait peut-être actuellement en Russie; le tribunal public ou le temps vivant – ce sont encore des problèmes. Ils doivent d’abord être débattus. Je pense ici, parce que la femme est encline à comprendre les choses de manière plus émotionnelle et imagée, à l’initier lentement à toutes ces choses, à lui présenter justement cette nouvelle propagande, comme cela a été prévu, avec ces tribunaux publics; cela adhère davantage. La langue a quelque chose de vivant, et ce n’est pas seulement la langue qui agit, mais toutes les personnes et tout. Nous devons essayer de nous mettre en contact avec le théâtre prolétarien pour voir s’il ne serait pas possible d’introduire cette propagande chez nous en Allemagne, car je ne peux pas m’imaginer qu’il y ait de grandes difficultés techniques ou de grands frais occasionnés. Mais nous devons en discuter. Nous devons avoir la volonté d’attirer de plus grandes masses de femmes, de ne pas les réunir une seule fois, peut-être grâce à des titres sensationnels du style «Freie Liebe» (« Amour libre ») ou autre chose qui les attire. Mais en fin de compte, elles rentrent chez elles déçues de la réunion, parce qu’il n’y a que le tapage électoral ou les intérêts du parti derrière. Non, camarades, nous devons, à partir d’une compréhension intime, secouer les grands cercles de femmes et de jeunes filles, réveiller tout ce qui semble encore dormir, le leur dire. Nous compatissons avec toi pour telle ou telle raison, nous voyons pourquoi tu es devenue si misérable, pourquoi tu es si opprimée, et tu dois faire preuve de compréhension pour toutes ces choses. Si nous mettons davantage l’accent sur toutes ces choses, si nous nous en préoccupons plus qu’auparavant, nous n’aurons certes pas tout de suite des succès visibles devant nous, mais lentement et sûrement, nous prendrons racine en profondeur et nous obtiendrons des succès. Nous savons que même si nous allons bien, notre question sociale ne sera pas résolue. Nous savons que nous, les vieux, sommes encore jeunes dans la société actuelle. Mais la génération à venir, nos enfants, recevront notre héritage. Et c’est justement dans l’éducation des enfants que l’on commet tant de péchés par ignorance et par consentement. C’est ici qu’il faut mettre particulièrement l’accent sur l’éducation des enfants au socialisme, à la solidarité, à toutes ces grandes idées, car les enfants y sont instinctivement favorables. Ils vivent maintenant dans cette atmosphère, ils ne peuvent pas être autrement. Mais les saisir correctement, les orienter correctement sur la bonne ligne, telle doit être la tâche et le but de notre femme communiste et de nos camarades communistes plus âgés en général. Si nous mettons en œuvre cette éducation des enfants à la solidarité, au socialisme et au communisme de manière planifiée, alors, camarades, nous accomplirons aussi le grand travail qui est nécessaire, ce grand travail auquel la Russie tient le plus à présent. C’est justement l’éducation des enfants qu’ils mettent au premier plan. Les plus âgés ne sont pas communistes, ne peuvent pas être communistes, parce qu’ils sont imprégnés de capitalisme et de bourgeoisie dans ce vieux monde. Seule la génération à venir sera vraiment communiste. Et c’est là que nous nous disons que nous devons quotidiennement éradiquer toute cette inculture, cette double morale qui pèse sur nous, que nous devons semer les germes du communisme, chaque jour, chaque heure, partout. Si nous faisons cela de manière planifiée et consciente, nous verrons aussi la montée du prolétariat. Une fois, nous devons faire le premier pas, une fois, nous devons dire d’une manière ou d’une autre que nous avons fait le premier pas, que nous sommes en train de monter. Et, camarades, nous pourrons alors crier à tous les prolétaires : avec l’ascension économique, l’ascension éthique ira aussi en parallèle. Et de même que cela doit être conquis par les deux sexes, par l’homme et la femme, par tout le prolétariat, de même nous dirons ici à tous les prolétaires qu’il est du devoir d’intervenir ici, et que justement notre femme prolétarienne doit avoir un double et triple intérêt à sortir de son oppression, à voir ainsi toutes ces choses que l’on ne peut qu’effleurer ici, et à lutter contre elles. Alors, la femme éduquera aussi ses enfants dans le sens du socialisme et du communisme; alors, il y aura une génération qui n’aura peur ni de Dieu ni du diable, qui se tiendra droite et ferme, qui ne laissera pas s’installer la bonzerie, qui s’en tiendra à ses convictions et à ses conceptions. Et ces choses, camarades, ne sont pas seulement l’affaire de la femme, mais l’affaire de tout le prolétariat, ce n’est pas seulement l’affaire de notre parti pour aller de l’avant, mais c’est le mouvement de la révolution sociale et, en fin de compte, de la Troisième Internationale. Fouettons tout le monde, réveillons tous les endormis et les indifférents et disons : « Venez chez nous et combattez pour cette vision du monde, aidez-nous à faire grandir ce communisme, ce grand édifice, cette demeure pour tous les hommes ». La femme prolétaire peut également apporter pierre sur pierre pour que la demeure du communisme puisse être érigée. Nous pourrons alors dire : nous aussi, nous aurons fait un pas en avant si nous réglons toutes ces questions, non pas pour nous seuls, mais dans l’intérêt de la révolution (Vifs applaudissements).

Président : camarade RASCH :

Les demandes suivantes ont été déposées sur ce point, en premier par la Basse-Saxe :

«Le congrès est invité à porter une attention toute particulière à la question des femmes et à œuvrer pour que les femmes prolétaires rejoignent les rangs des combattants révolutionnaires».

Cette phrase est déjà réglée par le fait que la question des femmes est traitée ici comme un point particulier du congrès du Parti. Il faut publier des tracts pour les femmes prolétaires.

Deuxièmement, cette proposition des camarades berlinois qui vient d’être déposée.

«Pour certains points de l’ordre du jour, par exemple la question des femmes, la question agraire, des commissions de travail doivent être mises en place selon les besoins. Après clarification par un exposé et une discussion, elles doivent le cas échéant élaborer des directives, etc. pour une discussion et une prise de décision ultérieures dans les districts économiques. Cela permettra d’effectuer un travail vraiment positif lors du congrès du parti dans les domaines de travail qui ont dû être négligés jusqu’à présent en raison des circonstances. Réunion des comités si possible en dehors de la période du congrès ordinaire».

Camarade IHLAU[1] (représentant de l’Union générale des travailleurs) :

L’exposé que nous venons de faire peut tout aussi bien s’appliquer aux hommes. Nous pensons que la question des femmes est indissolublement liée aux autres questions de la révolution; la question des femmes n’est pas une question spécifique. (Très juste !) (Camarade Classe : « J’ai déjà dit la même chose ! ») L’exposé contient de brillantes explications. Ce qui m’a le plus ému, c’est la déclaration de haine d’une femme envers la société dominante. (La camarade Classe exige de l’organisation d’entreprise que nous favorisions particulièrement les femmes dans l’organisation. Je ne vois aucune raison à cela. (Camarade Classe : « pas de préférence ! ») Nous ne pouvons pas faire un plat spécial pour la femme. (Camarade Classe : « il n’en est pas question ! ») – Elles parlent comme toutes les femmes; elles parlent et ensuite elles n’ont rien dit ! (Rires – Camarade Classe : « c’est à nouveau très typique ! ») L’organisation d’entreprise cherche à apporter des éclaircissements sur le plan économique et politique, et nous ne faisons pas de différence entre femme, homme, apprenti, etc. Nous avons l’intention d’organiser complètement les femmes, même les femmes au foyer. Nous devons tout organiser pour les luttes de manière à ce que les choses ne nous surprennent pas. Nous nous occupons moins des questions syndicales dans l’organisation d’entreprise. Mais si nous y sommes contraints en raison de la situation encore réelle, nous avons toujours défendu le fait que les femmes reçoivent les mêmes salaires que les hommes. Et même dans les cercles syndicaux où je me trouvais encore il y a un an, nous avons toujours défendu cette revendication. Aucun reproche ne peut donc nous être adressé à cet égard. Mais lorsque nous avons défendu cette revendication, les femmes nous ont reproché de l’avoir formulée pour que les femmes soient exclues du processus de production si elles recevaient les mêmes salaires que les hommes : de très nombreuses femmes se sont donc opposées très énergiquement à ce qu’elles reçoivent autant que les hommes. Ensuite, on demande plus de littérature et aussi des tracts pour les femmes. Je ne vois pas ce qu’il y a de particulièrement nouveau à apporter. Depuis des années, l’ancienne social-démocratie s’est efforcée d’atteindre les femmes par le biais des romans. Mais on a obtenu très peu de résultats, les romans ont été peu lus. Il en va de même pour les tracts, on ne peut rien faire avec ces petites choses. La question des femmes ne doit pas être séparée d’un grand ensemble de questions. La question des femmes ne peut pas être séparée du reste du mouvement de la révolution. Ce que l’on peut dire de la femme s’applique exactement aux hommes. Et il ne faut pas reprocher à l’organisation d’entreprise de n’avoir rien fait pour l’agitation des femmes. (Camarade classe : « si peu ! »)

 


[1] Alfred Ihlau (6.11.1879-01.10.1952), employé par des caisses d’assurance maladie à Berlin, était - avec Rudolf Zimmer, Ernst Rieger (10/6/1875-1947) et Arthur Liers - une figure majeure de l’AAU à Berlin. À partir de 1921, il est actif dans l’AAUD-E antiautoritaire. En 1929-31, il écrivit quelques articles pour Der proletarische Atheist (‘L’athée prolétarien’), organe des libres-penseurs prolétariens, proche de la FAUD, dont le mot d’ordre était : «La Terre est notre patrie, l’Homme notre peuple ! » À partir de 1931, il devint président de la Communauté des libres-penseurs prolétariens (Gemeinschaft proletarischer Freidenker). En 1932, Ihlau était toujours politiquement actif en tant que membre fondateur de la KAU. Il est enterré à Berlin. [cf. : Rübner 1994; Protokoll der Vereinigungs-Konferenz der AAUD und AAUE 24-27. Dezember 1931 in Berlin, Berlin : AAUE, 1932].

Camarade MERGES :

Nous n’avons pas le temps de traiter la question des femmes de la même manière que la vieille social-démocratie, puis l’U.S.P.D. et maintenant le V.K.P.D. (Très juste !) Nous avons aujourd’hui beaucoup de mal à éduquer les hommes pour en faire des combattants. La camarade Classe a sans aucun doute décrit correctement et magnifiquement l’oppression du sexe féminin. Mais la plupart des femmes sont aujourd’hui encore attachées à la politique des sentiments, elles ne veulent pas entendre parler de violence. Nous n’aurons que très peu d’entre elles, car nous n’aurons également que très peu d’esprits, les plus avancés, parmi la population masculine, qui pourront se former au-delà du cadre des conditions générales. Bien entendu, nous avons l’obligation d’affirmer et de souligner à chaque occasion que nous ne concevons pas la libération de l’humanité comme une libération masculine, mais aussi comme une libération féminine, que nous ne faisons pas de différence entre les deux. Certes, il y a des contradictions chez les hommes entre les paroles et les actes. Les 9/10e des personnes présentes aujourd’hui ont certainement contracté un mariage civil, dans la mesure où elles sont mariées. Les contradictions n’ont pas besoin de résider dans le fait que l’homme prêche à l’extérieur ce qu’il ne fait pas à la maison, mais la contradiction réside souvent dans le fait que la femme pense de manière bourgeoise à la maison, en empêchant l’homme de faire des sacrifices pour la collectivité et en lui disant : tu es marié, tu as pris des engagements, tu dois t’occuper de ta famille, etc. Et le camarade qui ose s’engager au-delà du cadre de sa famille, qui, dans certaines circonstances, fait lui-même souffrir sa famille, s’entend souvent dire, même par ses camarades, qu’il devrait s’occuper davantage de sa famille. (Très juste !) Et c’est très significatif. J’ai pu constater en Russie qu’avant la révolution, le prolétariat russe de sexe féminin n’était pas à la hauteur de l’attitude révolutionnaire dans sa majorité. La révolution n’y a pas seulement libéré l’homme, mais aussi la femme, et a surtout apporté à la femme la conscience de soi avec l’égalité. De plus, après la révolution, chacun pouvait, s’il le souhaitait, rompre son mariage sans problème. Et il suffit désormais d’une déclaration pour conclure une soi-disant alliance matrimoniale. Cela aussi est finalement superflu. Mais on voulait encore une certaine forme. Des dizaines de milliers de mariages ont été dissous entre-temps, et des dizaines de milliers de nouveaux mariages ont été conclus sous cette forme simple. La conscience de soi de la femme s’en est trouvée considérablement renforcée. Et maintenant vient aussi le moment éthique. Les rapports entre l’homme et la femme ne sont plus ce qu’ils étaient; on ne parle plus en termes ambigus, on ne fait plus semblant comme chez nous, mais on agit ouvertement et librement. L’homme est un être ouvert vis-à-vis de la femme et inversement. C’est ainsi qu’en très peu de temps, des rapports tout à fait différents se sont formés là-bas et que l’on s’est élevé à un tout autre niveau. C’est la solution. Une littérature particulière et d’autres choses – cela ne change rien au pardon millénaire de la femme. Ce n’est pas ainsi que nous avancerons. Nous devons simplement nous préparer à prêcher la haine, à aspirer à l’élimination de ce système et à nous préparer à la lutte finale, à la chute de la société capitaliste. Ce n’est qu’alors que les désirs que nous portons aujourd’hui en nous deviendront possibles. Tout le reste ne peut plus nous aider. Je ne veux pas dire par là que nous n’avons pas le devoir de secouer la femme et de la gagner comme combattante au même titre que l’homme. Mais toutes ces propositions me donnent l’impression que l’on ne s’est pas préparé à la lutte prochaine, à l’effondrement imminent, mais que nous vivons dans des conditions tout à fait paisibles, que nous disposons d’un temps assez calme pour rattraper beaucoup de choses négligées. Non, camarades, il y a bien plus important à l’horizon. Si nous nous égarons de cette manière dans des détails, nous nous enfonçons dans le labyrinthe de la fragmentation de notre mouvement. Cela ne doit pas arriver. Concentrons la lutte. L’homme et la femme vont de pair. L’homme et la femme sont des facteurs qui doivent renverser le vieux monde capitaliste, non pas à une période ultérieure, mais le plus rapidement possible. (Applaudissements)

Camarade KÜSTER[1] : Si l’on est quotidiennement en contact avec les hommes dans le royaume, on constate qu’ils montrent effectivement beaucoup plus de courage dans les réunions que vis-à-vis de leurs femmes. (Rires) Souvent, les femmes disent à leurs maris : hier soir, tu étais déjà ici et là, aujourd’hui tu repars, qu’est-ce que j’ai de toi ? Au lieu de dire : « Femme, ce combat que je mène en tant que fonctionnaire du K.A.P.D., de l’Union, je le mène pour la libération de toute l’humanité, ce combat est nécessaire » – mais l’homme dit alors : « Femme, tais-toi, la prochaine fois je quitterai ma charge, un autre pourra alors être élu ». Et lors de l’élection, on dit : « Ma santé ne me le permet plus » ou « J’ai des occupations ailleurs » – uniquement parce qu’on n’a pas le courage de dire à sa femme : « Il est nécessaire que je mette mes forces au service de la libération de l’humanité entière ». Je ne crois pas non plus que ces hommes qui n’ont pas le courage de s’adresser ainsi à leur femme aient le courage de lutter contre la réaction. Il est également vrai que les hommes jouent un tout autre rôle dans les assemblées qu’à la maison. Nous ne devons pas considérer la femme comme un membre de second plan dans la société et nous devons nous battre pour que les femmes et les hommes soient payés à égalité.

Camarade REICHERT[2] :

La camarade Classe a fait une multitude de propositions. Je ne peux pas m’enthousiasmer pour celles-ci, ni pour des écrits, des tracts, etc., spécifiques pour les femmes. Souvent, les écrits et les tracts ne sont pas lus; et s’ils sont lus et qu’il n’y a pas d’occasion de discuter en famille de ce qui a été lu, cela ne sera pas non plus solide. La meilleure éducation du sexe féminin pour le communisme est l’éducation au sein de la famille. L’homme aussi ne parvient au communisme que par un échange d’opinions sur ce qu’il a lu, et non par la seule lecture. Il faut avant tout souligner que la femme doit être considérée comme l’égale de l’homme. La femme doit être la camarade de l’homme. L’homme ne doit pas, lorsqu’il est tyrannisé par le capital, reporter cette tyrannie sur la famille. Et la femme ne doit pas se sentir la servante de l’homme. Tous deux doivent se sentir camarades l’un de l’autre. Et s’ils ne peuvent pas s’entendre, ils doivent finalement se séparer. Mais c’est justement la femme qui s’accroche si fort aux biens matériels, elle fait appel aux tribunaux bourgeois et veut avoir tel pied de chaise et tel pied de table de l’économie, il faut avant tout se libérer du matérialisme. Dans de nombreux cas, il vaudrait mieux que les deux se séparent parce qu’ils ne s’entendent pas. Mais malheureusement, dans la plupart des cas, ils ne le font pas et préfèrent continuer à être esclaves l’un de l’autre. Nous ne voulons pas faire de traitement de faveur (Extrawurst) pour les femmes, elles ont les mêmes droits que les hommes. Mais nous devons dire à nos camarades qu’ils accordent plus d’importance au communisme au sein de la famille, qu’ils ne se contentent pas de le prêcher, mais qu’ils le respectent également. Il faut également souligner qu’il n’est pas nécessaire pour un communiste de se marier, car on peut s’en sortir sans le mariage. Dans l’agitation pour le communisme, le mariage peut souvent être un grand obstacle. Mais si l’on est déjà marié, on ne crée soi-même le communisme que dans sa famille, on montre alors l’exemple, car l’exemple est la meilleure éducation (Très juste !).

Camarade FASSAUER[3] :

On a dit ici que la femme était gênante pour l’homme, qu’elle lui cassait les oreilles parce qu’il assistait à trop de réunions. L’inverse est encore plus vrai. Vous souhaitez tous que nous, les femmes, soyons révolutionnaires, que nous nous lancions dans la lutte. Mais nos camarades se réjouissent en grande partie que leur propre femme ne le fasse pas, car le confort de l’homme en souffre (vive approbation), et une grande partie de nos hommes n’aimeraient pas se passer de ce confort. Je suis fermement opposée à ce que les femmes organisent des réunions ou des cours pour elles-mêmes. Les questions politiques ne sont pas des questions de femmes, ni d’hommes (Très juste !). On dit que certaines femmes sont gênées par les hommes, qu’elles n’aiment pas parler de telle ou telle question délicate avec les hommes. C’est un non-sens. C’est justement en luttant ensemble, au coude à coude, que l’on peut faire en sorte que la femme se sente sur un pied d’égalité avec l’homme. Autrefois, lorsque nous n’avions pas encore l’égalité des droits pour les femmes, lorsque nous n’avions pas encore le droit de vote, on prônait l’égalité des droits pour les femmes au Reichstag et partout ailleurs. Mais lorsque nous avons eu la possibilité d’entrer dans la vie politique, nous avons dû nous battre pour obtenir notre position dans les partis, et les partis politiques qui s’expriment au Reichstag ne nous ont pas considérées comme des égales. Nos camarades doivent donc d’abord s’habituer à nous considérer, nous les femmes, comme des égales, même dans la vie familiale. Nos hommes ne doivent pas toujours supposer que c’est toujours la femme qui doit être politiquement en retrait. Si l’homme reconnaît que sa femme lui est supérieure sur le plan politique et intellectuel, il ne doit pas avoir honte de le montrer en public et ne pas insister pour qu’il n’assiste aux réunions que s’ils ne se connaissent pas tous les deux, car les enfants en bas âge sont souvent un obstacle. L’homme ne se pardonne rien s’il laisse sa femme, qui lui est supérieure intellectuellement, aller aux réunions et s’il reste à la maison. Certes, un fort pourcentage de femmes ne s’intéresse pas à la politique, mais plutôt aux romans qui parlent de princes et de princesses. Mais l’homme a souvent fait le dédaigneux avec sa femme lorsqu’elle lui demandait des éclaircissements sur des sujets politiques, car il disait alors : « Ah, tu ne comprends pas, je n’ai d’ailleurs pas le temps ». Certaines camarades n’ont alors plus osé demander conseil à leur mari. C’est pourquoi je dis que le mariage empêche aussi beaucoup la femme de s’engager en politique. Nous devons comprendre tout cela. C’est pourquoi la question des femmes doit être traitée en particulier, non pas parce que nous voulons privilégier les femmes, mais parce qu’il n’est pas aussi facile d’éclairer les femmes que les hommes. Les femmes actives sont généralement plus avancées politiquement que les femmes au foyer, bien qu’elles n’aient pas autant de temps que ces dernières. Elles sont nombreuses sur leur lieu de travail et ressentent la pression du capitaliste, elles en parlent et sentent que seule une cohésion, une unité peut les libérer de cette pression. Nos hommes l’ont davantage compris, parce qu’ils avaient davantage l’occasion de discuter de toutes ces choses. La femme est également soumise à une double charge, elle doit, en plus de son activité professionnelle, s’occuper du ménage. Il faut donc lui donner quelque chose qui soit plus facile à comprendre que pour l’homme, qui a plus de temps pour lire. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut comprendre que nous voulions que la question des femmes soit traitée de manière particulière. Nous ne voulons pas d’un traitement de faveur pour les femmes. Pendant la guerre, les femmes ont dû prendre en charge tout le processus productif à la maison. Après la guerre, elles ont dû laisser la place aux hommes. On n’a pas pensé à ce qu’il adviendrait des jeunes filles qui se retrouvaient sans emploi. Il a souvent été difficile d’expliquer, même dans les cercles ouvriers, que la femme a elle aussi le droit de vivre et de ne pas être jetée dans les bras de la prostitution. Mais on ne trouvait pas beaucoup de compréhension chez certaines personnes. Là encore, on ne considérait pas la femme comme l’égale de l’homme. Une fois que les femmes ont compris de quoi il retournait, qu’il s’agissait de l’avenir de leurs enfants, elles sont généralement les plus radicales, se montrant souvent des combattantes bien plus courageuses que certains hommes. Il doit en être ainsi. L’intérêt des enfants tient plus à cœur à la femme qu’à l’homme. C’est pourquoi nous demandons dans notre motion que si les femmes sont révolutionnaires et qu’elles sont sur un pied d’égalité avec les hommes, elles soient également intégrées dans la lutte en tant que combattantes. J’aimerais beaucoup qu’on mette entre les mains des femmes un tract facile à comprendre.

Il est particulièrement difficile de s’approcher des femmes qui ne sont pas encore aussi dégradées sur le plan économique. Celles-ci se réjouissent que d’autres soient encore plus mal loties, qu’elles aient encore une plus belle robe que les autres, qu’elles puissent lever le nez sur les autres. Là aussi, il s’agit de mettre la main à la pâte ! Ce n’est pas si évident. C’est pourquoi nous souhaitons du matériel pour toucher ces masses indifférentes et leur faire comprendre par des tracts objectifs et faciles à comprendre que nous sommes tous égaux, que nous devons préférer de loin le sérieux du sous-prolétariat en guenilles à ces autres femmes en bottes vernies qui vivent de la sueur des ouvriers; faire comprendre que les pauvres ne sont pas responsables de leur misère, mais que c’est l’ordre économique capitaliste qui engendre le lumpenprolétariat, que le chômage a brisé la famille, etc. Ces femmes ne réfléchissent pas à cela. C’est pourquoi nous devons les y inciter. Nous devons engager la lutte pour gagner les femmes à la lutte révolutionnaire. (Bravo !)

Le camarade OELSCHLÄGER demande la clôture du débat pour les raisons suivantes :

«Le district Nord a réglé le point de la question des femmes lors de sa conférence de district en affirmant : il n’existe pas de question féminine pour nous. Il n’est pas opportun de débattre ici de ces questions mesquines, alors que pour nous, l’ordre du jour en comporte de bien plus importantes».

La demande de clôture du débat est rejetée.

 


[1] Aucune donnée disponible.

[2] Reichert, AAU/KAPD Metzingen (Bade-Wurtemberg).

[3] Minna FASSAUER / Faßhauer (10.10.1875–28.7.1949), née NIKOLAI, bonne, membre du SPD de Brunswick (Braunschweig) en 1903, déléguée en 1908 à la conférence des femmes de Nuremberg présidée par Clara Zeitkin. Pendant la guerre, elle se rapprocha des positions de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg et, membre du Spartakusbund, adhéra à l’USPD en 1917. Elle fut nommée le 10 novembre 1918 Commissaire du peuple à l’éducation populaire par le Conseil des commissaires du peuple. En tant que ministre, elle abolit le 22 novembre 1918 la surveillance scolaire ecclésiastique, abaissa la majorité religieuse à 14 ans et défendit l’école laïque unique. En outre, elle s’engagea pour la création de jardins d’enfants populaires et d’écoles primaires. Son mandat ministériel prit cependant fin le 22 février 1919, lorsque le gouvernement des conseils de Brunswick fut remplacé par une coalition de l’USPD et du SPD. De décembre 1918 à mai 1919, elle siégea au Landtag de Brunswick en tant que députée de l’USPD. En janvier 1919, elle fut élue au comité régional de l’USPD et se présenta sans succès au Reichstag. D’avril 1920 à février 1933, Minna Faßhauer resta une très militante du KAPD, et active au sein de la FAUD (anarcho-syndicaliste). Entre 1920 et 1924, elle est arrêtée et jugée à plusieurs reprises pour des actes de « terrorisme communiste » contre des églises et des institutions bourgeoises. De 1934 à son arrestation en avril 1935, elle fut membre de la Kommunistische Räte-Union (Union communiste des conseils). Arrêtée, elle fut relachée faute de preuves, mais jetée dans le camp de contration de Moringen d’octobre 1935 à janvier 1936. De 1946 à 1949, elle fut membre du KPD de Brunswick. Elle mourut le 28 juillet 1949 d’apoplexie, lors d’une réunion de femmes communistes à Hanovre. Son enterrement fut suivi par plusieurs centaines de personnes.

Camarade MANNSFELD :

On ne peut pas objecter grand-chose à l’exposé de la camarade Classe. Mais j’ai le sentiment que cela restera une utopie, car il n’y a pas de question particulière des femmes dans l’action révolutionnaire, la question des femmes ne se résout qu’avec l’ordre des rapports économiques dans le sens communiste. Seules quelques femmes émancipées se placeront clairement et consciemment dans le rapport de la lutte des classes et travailleront avec nous. Au sein de la Ligue Spartacus de Leipzig, nous avons déjà essayé de traiter en particulier la question des femmes et nous avons dû faire de tristes expériences. Nous avons également essayé de confier des fonctions importantes aux femmes. Elles ont toujours et encore échoué, de sorte qu’elles ont parfois eu un effet néfaste sur le mouvement. Et les camarades émancipées qui représentaient avec nous la lutte politique de classe n’ont pour la plupart abordé la question des femmes qu’à contrecœur, quand elles le devaient, parce qu’elles savaient qu’il ne pouvait pas y avoir de question particulière des femmes chez nous. Traiter la question des femmes de manière particulière est une conception social-démocrate totalement dépassée. Ce n’était qu’un moyen de gagner des électeurs à l’activité parlementaire. Il va de soi que chaque camarade qui s’est déjà déclaré comme combattant de classe et comme communiste doit aussi trouver chez lui la position la plus humaine possible vis-à-vis de sa famille. Mais c’est une question qui doit être résolue de manière tout à fait personnelle et individuelle. Je sais qu’à cet égard, la majorité des camarades pèchent gravement, non par ignorance, mais par habitude. L’organisation de l’entreprise s’est toujours engagée en faveur de la question des femmes, non pas comme un problème à traiter en particulier, mais seulement dans la mesure où elle pouvait être mise au service de la lutte révolutionnaire. La question des femmes est en effet un point particulièrement vulnérable de l’idéologie syndicale; et lorsque j’ai pu m’exprimer sur cette question dans des organisations d’entreprise, j’ai toujours enregistré un succès important dans le sens du mouvement révolutionnaire, dans des entreprises où travaillaient principalement des femmes. La question des prostituées est différente et plus importante à mes yeux. Ici, les sociaux-démocrates jusqu’au V.K.P.D. tentent de trouver une solution par des mesures réformistes. Ici aussi, il est impossible d’intervenir par des mesures réformistes. Nous nous tenons sur le terrain de la lutte de classe la plus aiguë, de cette mélodie monotone, et nous ne ferons aucune concession réformiste. Luttons de manière absolument claire, sans aucun déjour, sans aucune diversion, pour faire avancer la révolution, c’est ainsi que nous résoudrons au mieux la question des femmes. (Bravo !)

Camarade REIMANN[1] :

Depuis toujours, la question des femmes a été l’enfant terrible du mouvement ouvrier. La question des femmes ne pourra être résolue que lorsque l’indépendance économique de la femme sera assurée. Toute l’essence de la femme repose en effet sur l’éducation. Dans l’éducation, on a déjà privilégié le garçon par rapport à la fille, le garçon devait devenir quelque chose de mieux, etc. Il faut insister sur l’égalité des salaires entre hommes et femmes. Pendant la guerre, les associations ont approuvé le comportement des industriels selon lequel le salaire des femmes ne devait jamais dépasser les deux tiers de celui des hommes. Il est de notre devoir de préparer la femme à la lutte. Nous avons vu à Roland que les femmes étaient si indifférentes qu’elles faisaient obstacle à la révolution. Ce n’est que grâce au travail d’information qui a commencé pendant la révolution que l’on a réussi à gagner les femmes le plus rapidement possible à la lutte en Russie. Beaucoup d’hommes n’ont pas su éduquer leurs femmes de manière socialiste. Les hommes doivent tout tenter pour approcher les femmes à l’amiable et leur faire comprendre par de petits exemples que les femmes sont tout aussi appelées que les hommes à engager la lutte contre le capital. Si les femmes constituent encore un obstacle, alors il faut s’en séparer. Pendant des années, j’ai eu entre les mains la diffusion de la littérature, etc., mais j’ai constaté que nous n’avons rien obtenu. J’ai essayé de mettre dans les mains des femmes un roman social, par exemple de Berta von Suttner[2], et même si ce n’était d’abord que des choses pacifistes, puis d’autres choses, j’ai continué. Dans les grandes réunions publiques où il y a des femmes, une camarade formée doit dire aux femmes ce qui est nécessaire. On en retient quelque chose. Nous devons saisir les femmes là où nous les rencontrons et souligner de toutes les manières possibles que la femme est appelée à participer à la grande destinée de l’humanité.

Camarade MÜHLE :

Dans ce point «La question des femmes», il s’agissait de discuter de tous les problèmes qui entrent en ligne de compte ici. En principe, nous sommes tous d’avis qu’il n’y a pas de question particulière pour les femmes dans notre parti. Mais pour autant qu’il reste un peu de temps de temps en temps, il est nécessaire de faire quelque chose de spécial pour les femmes, car les femmes constituent souvent un bloc qui nous empêche de faire la révolution. Il est donc nécessaire de faire comprendre aux femmes que notre lutte est nécessaire et doit être menée dans l’intérêt particulier des femmes, parce que les femmes sont doublement et triplement asservies, à savoir par l’économie capitaliste, par le mariage et ensuite par la famille. Il est donc nécessaire de se pencher sur cette question afin d’éliminer ce blocage. Il ne sera pas possible de libérer la femme dans l’économie capitaliste, mais seulement dans la société communiste. Nous le voyons en Russie. En Russie, la prostitution a totalement disparu, ou alors il n’y a qu’une prostitution, celle des femmes de la bourgeoisie qui ne veulent pas travailler. Mais il n’y a plus de prostitution au sein du prolétariat. Le but de toute cette discussion est de faire sortir toute cette vieille idéologie bourgeoise de la tête de nos camarades et, en général, de la tête du prolétariat, afin que les femmes puissent toujours être un stimulant pour la révolution. Ensuite, il faut aussi montrer aux femmes que si nous arrivons à la dictature du prolétariat, la famille sera dirigée vers d’autres voies, que l’économie domestique sera dissoute, que la femme pourra alors vraiment être une personne libre. C’est aussi une tâche particulière de l’organisation de l’entreprise. Le district économique de Berlin votera en faveur de la proposition de la Basse-Saxe concernant la publication d’un tract spécifique.

Conférencière : camarade CLASSE (conclusion) :

La discussion a montré qu’il était nécessaire d’aborder ces questions. Mais il ne s’ensuit pas que nous tombions dans la même erreur que tous les partis, à savoir que nous voulons avoir une organisation spéciale pour les femmes. J’ai justement souligné que la question des femmes ne peut être résolue que par les deux sexes dans la lutte, en modifiant toute la base économique. Mais nous voulons que la femme soit davantage prise en compte, nous ne voulons pas d’un mouvement communiste des femmes, mais d’un mouvement des femmes vers le communisme. Nous ne pouvons pas le faire seuls, mais en liaison étroite avec les deux sexes, avec l’ensemble du prolétariat. Je n’ai pas fait de reproche à l’organisation de l’entreprise quand j’ai dit qu’elle n’avait pas suivi cette question avec suffisamment d’attention. Le camarade Ihlau a dit que si les femmes ont réclamé l’égalité des salaires, on est venu de l’autre côté avec l’argument qu’il en résulterait éventuellement un manque de moyens d’existence pour les femmes, qu’elles seraient jetées dehors par les capitalistes. Il est tout à fait naturel que ces pensées surgissent chez la femme. Pendant des millénaires, la femme a été moins bien payée; et il n’en va pas de même aujourd’hui. Le capitaliste s’y attend, il doit payer la femme moins bien pour pouvoir augmenter encore son profit. Nous voyons bien que le supplément qu’il donne parfois aux hommes, il le donne aux dépens des femmes. Donc, ces choses ne se produisent pas du tout. Mais dans l’agitation, nous devons exploiter ces choses, nous devons mettre ces choses au premier plan pour stimuler les femmes et les jeunes filles et leur montrer qu’elles ont intérêt à participer à cette grande lutte. Le camarade Merges a dit que les femmes sont plus ou moins émotives. C’est vrai, mais c’est déjà organiquement fondé. (Très juste !) Mais d’un autre côté, la politique et toute la question de la révolution sont parfois plus émotionnelles; et il devrait y avoir parfois plus de sentiment révolutionnaire derrière. Dans les conflits avec les protecteurs ou les autorités, la femme est souvent sur le qui-vive. On lui reproche justement de ne pas être intelligente, de ne pas réfléchir et de ne pas calculer. Et si les hommes ne faisaient pas preuve de cette intelligence posée et réfléchie dans toute la révolution, s’ils faisaient preuve de plus de sentiment, c’est-à-dire de sentiment révolutionnaire, ce ne serait pas une erreur. Ensuite, il est question ici des contradictions au sein de la famille. Je pense que chaque révolutionnaire individuel a le devoir de briser les chaînes qui le lient ou qui lient sa force, afin de la mettre au service de la collectivité. Et si le camarade Merges a souligné que l’on dit aussi : «Tu devrais mieux t’occuper de ta famille, tu négliges ta famille » – c’est l’attitude bourgeoise, nous devons nous y opposer. Nous retrouvons cette attitude bourgeoise jusque dans les cercles ouvriers et chez nos camarades, cette conception bourgeoise de l’enfant clandestin, de la jeune fille qui a des rapports sexuels, etc. Nous avons l’obligation de nous y opposer avec notre conception fondamentale. Mais ce que nous pouvons exiger, c’est que certains hommes revendiquent la liberté pour eux-mêmes, mais n’accordent pas la liberté à la femme. Certains hommes aiment l’infidélité d’autres femmes, mais pas la leur. Et c’est là que je dis que les libertés qu’il revendique pour lui-même, il doit aussi les accorder à sa femme. L’égalité n’existe souvent qu’en paroles, parce que si elle existait dans les faits, ce serait au détriment du confort des hommes, et là, la convivialité prend fin. Et c’est là que je dis que si je m’occupe de toutes ces choses, si je consacre mes forces à la politique et à toutes ces choses, je ne peux pas être à la fois une brave et bonne femme et une brave et bonne ménagère, mais c’est tout le ménage qui est perturbé, tout devient désordonné. Et c’est toujours le mari qui insiste et qui dit : « Je préfère que tu remplisses tes obligations envers les enfants », etc. Et comme toutes ces choses sont ainsi, nous ne pouvons pas les résoudre maintenant. Ces questions ne peuvent être résolues qu’en modifiant la base économique, en créant des moyens d’existence pour les femmes. Et le camarade Merges a enfoncé une porte ouverte quand il a dit que je voulais résoudre ces questions d’une manière ou d’une autre. Mais je veux attirer l’attention sur un point, qui ne doit pas être interprété comme le fait que nous ne devons rien faire, mais je dis que chaque jour et chaque heure, nous avons le devoir d’attirer l’attention sur tout cela et d’agir pour que les choses changent. Les écoles sont justement un pilier du capitalisme, où nos enfants sont déjà éduqués à tout cela, à la bonté, si je puis dire. Je ne veux citer qu’une chose. Chaque enseignant, lorsqu’il sort, place le garçon ou la fille devant la classe et dit : « attention !, celui qui n’est pas sage, tu l’inscris au tableau ». Chaque père ou mère prolétaire devait alors dire : tu n’as pas à dénoncer ton camarade, tu n’as pas à écrire sur ton camarade d’école. Chez l’enfant, cela s’appelle rapporter, mais plus tard, à l’usine, c’est de la trahison et de la délation. C’est ainsi que les enfants sont éduqués. Et là, nous disons que nos frères russes n’étaient pas aussi contaminés parce qu’ils étaient analphabètes, parce qu’ils n’avaient pas encore connu tout ce marécage bourgeois. Maintenant, ce pays est une bonne terre, les graines du communisme y poussent plus facilement qu’ici avec ces ouvriers allemands contaminés. – Ensuite, il a été dit que nous semblions nous préparer à un long repos, comme si nous ne pensions pas que la lutte était proche. J’ai dit expressément que nous devions nous préparer à cette lutte et j’ai parlé des fonctions des femmes dans la lutte, dans l’action, et j’ai dit qu’elles pouvaient faire ceci et cela, ce qu’il appartient encore aux districts de discuter. Nous savons, et nous nous y préparons, que ces questions n’ont été abordées ici que pour animer davantage la discussion, pour animer davantage l’organisation dans les districts, afin que vous puissiez intégrer toutes ces questions dans le débat, pour en saisir le plus possible. Nous sommes toujours d’avis que personne ne doit avoir quelque chose de spécial. Mais de la même manière que nous traitons les jeunes, les travailleurs agricoles, nous traitons aussi les femmes. Tout cela fait partie du grand prolétariat en lutte, et pourtant ces questions doivent être traitées séparément, parce que les conditions préalables sont toujours différentes, parce que nous devons toujours aborder les différents milieux de manière très différente. Mes propositions ne doivent pas être des principes directeurs, mais seulement des suggestions pour animer la discussion, pour animer toute la vie organisationnelle dans l’ensemble du travail du parti. Ensuite, il a été dit que la femme s’accroche tellement fort à des choses matérielles extérieures lors de la dissolution du mariage. Nous ne voulons pas examiner qui, de l’homme ou de la femme, a le plus péché dans cette relation. Nous connaissons tant et tant de cas où un camarade fait enlever tous les meubles de sa femme avec l’aide d’un huissier de justice bourgeois.

Nous pouvons aussi invoquer ce genre de choses. Les deux côtés s’équilibreront. Mais ce qui compte pour nous, c’est d’exprimer notre point de vue sur toutes ces choses. Ensuite, il a été dit qu’il ne fallait pas organiser de cours spécialement pour les femmes. Oui, qui a demandé que l’on fasse quelque chose spécialement pour les femmes ? J’ai dit qu’il fallait faire beaucoup plus, qu’il fallait organiser des cours d’information générale pour les hommes au profit des femmes, c’est-à-dire pour les deux. Les deux doivent prendre position sur toutes ces questions. Cela dépend bien sûr des besoins.

Si, dans un district, les femmes ressentent le besoin de se réunir seules, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas. L’homme et la femme seront toujours des adversaires parce qu’ils ont des conceptions différentes, tant que la base économique n’aura pas changé, tant que les existences ne seront pas assurées, ils se battront aussi, d’un point de vue purement psychologique, car le camarade voit toujours dans la femme, notamment dans la femme travailleuse, l’adversaire, la concurrente. Ce sont les soucis de l’existence qui déclenchent l’hostilité, la haine entre les propres frères. Le camarade Mannsfeld a dit que j’aurais dû inclure davantage la prostitution dans les discussions. Mais il ne s’agit pas seulement ici de cette prostitution commerciale, ni de ce que nous considérons comme de la prostitution, qui est la conséquence de l’ordre économique capitaliste. Celui-ci ne sera pas résolu en fin de compte tant que nous aurons encore ces effets secondaires. Mais qu’est-ce que la prostitution ? La prostitution n’est pas seulement dans la rue, la prostitution se trouve aussi dans le mariage. Tout ce que je dois faire contre mon gré, tout ce que je dois subir, c’est de la prostitution. (Très juste !) Et c’est là que certains camarades peuvent rentrer en eux-mêmes et dire : parce que je suis l’homme et que tu es ma femme, tu dois faire ceci et cela. Non, ils doivent se rendre compte que s’ils ne sont pas compatibles organiquement ou physiquement, ils ont l’obligation de rompre la relation, tout comme s’il y avait des raisons économiques qui s’y opposent. Mais que se passera-t-il ensuite avec les prostituées restées en rade, lorsque nous aurons la dictature du prolétariat, lorsque nous aurons besoin de toutes les forces ? Il sera difficile de forcer ces filles à travailler, car elles ne peuvent et ne veulent pas travailler du tout. Toute leur mentalité nous est opposée. Il est certain qu’il y aura une contrainte de fer et une discipline de fer pour les forcer d’une manière ou d’une autre à participer au processus de production. Si nous voulons régler toutes ces choses, nous ne pouvons pas non plus les éviter maintenant. Mais lorsque les choses se présenteront à nous, nous trouverons une solution. Pour l’instant, ce ne sont que des problèmes. Lorsque nous passerons à la pratique, nous verrons que la question de la prostitution ne peut être résolue que si la possession, la recherche du profit, etc. sont éliminées. Mais ce que nous pouvons exiger, c’est que cette double morale qu’ont aussi les ouvriers soit éradiquée chez nous, que nous n’ayons pas aussi cette conception des prostituées qui va généralement dans le sens suivant : les prostituées sont de mauvais sujets, ce sont des putes, ce sont des femmes sur lesquelles peuvent se déverser toutes les saletés et toutes les bassesses, et l’homme qui a des relations avec cette prostituée s’éloigne d’elle tout à fait ‘purement’, rien ne lui reste en travers de la gorge. Si l’on doit parler de culpabilité, la faute incombe aux deux, mais pas en bloc à l’une des deux parties, l’autre restant indemne. Cette double morale règne malheureusement aussi dans nos milieux. Si la prostituée est malade sexuellement, elle est emmenée de force à l’hôpital, l’homme n’a rien, il peut contaminer à nouveau 10 ou 20 filles, il ne lui arrivera rien. Nous devons donc veiller à ce que les deux parties soient envoyées d’office à l’hôpital. Nous avons ici l’énorme problème des maladies vénériennes. C’est justement une question pour la B.O. Dans une caisse d’assurance maladie berlinoise, on a constaté que 9.200 adhérents fémmes étaient dans l’incapacité de travailler. Imaginez maintenant combien de milliers de personnes sont en général incapables de travailler et combien de milliers de personnes ne consultent pas de médecin de caisse, mais des médecins primaires ! Cette immense misère a encore été favorisée et augmentée par le bain d’acier de la guerre. Mais nous ne pourrons pas résoudre toutes ces questions, dont nous avons déjà parlé, avant d’avoir la dictature du prolétariat, où nous pourrons construire. Camarades, c’est là un très triste héritage de la société capitaliste. (Très juste !) Cette société est contaminée physiquement et moralement, c’est un matériel humain très dégénéré avec lequel nous devons commencer à travailler. Et malgré tout cela, nous ne devons pas désespérer et nous décourager. Bien que nous devions prendre en charge cette société complètement contaminée et délabrée, nous devons nous atteler à la lourde tâche de la construire. Le succès ne sera pas immédiatement visible. Mais l’ascension vers le mieux se fera et, de même que les frères russes ont accompli et accomplissent encore des choses extraordinaires, de même la lourde tâche ne nous sera pas épargnée. Mais nous devons le faire non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour toute l’humanité, nous devons entreprendre cette lutte difficile. Et là, je dis aussi : ni les femmes ni quoi que ce soit d’autre n’est à part, mais tout appartient ensemble à la lutte pour accomplir le travail de construction, et pour cela, les femmes et les hommes ne sont pas à part, mais engagés dans une lutte commune. Ce ne sont que des suggestions. Je souhaite et j’espère que ces suggestions seront discutées plus avant dans les districts et qu’elles feront ainsi avancer la révolution. (Bravo !)

Président : Camarade RASCH :

La demande suivante a été déposée non pas exclusivement pour ce point, mais au-delà :

«Pour certains points de l’ordre du jour (par exemple la question des femmes, la question agraire), des commissions de travail doivent être mises en place en fonction des besoins. Après clarification par un exposé et une discussion, elles doivent le cas échéant élaborer des directives, etc. pour une discussion et une prise de décision ultérieures dans les districts économiques. Cela permettra d’effectuer un travail vraiment positif lors du congrès du parti dans les domaines de travail qui ont dû être négligés jusqu’à présent en raison des circonstances. La réunion des comités se fait si possible en dehors de la période du congrès ordinaire».

Camarade MANNSFELD :

Le résultat positif de la discussion est que pour une organisation révolutionnaire, la question des femmes n’est pas une question à part. Ce serait la seule directive que nous aurions à établir sur la question des femmes. Il ne sera donc pas nécessaire de créer une commission spéciale à ce sujet.

Président : camarade RASCH :

La motion ne cite la question des femmes qu’à titre d’exemple. En principe, elle prévoit la création de commissions de travail dans certains domaines. La question de savoir si une commission doit également être créée pour la question des femmes est une question subsidiaire qui sera posée ultérieurement.

Camarade MANNSFELD :

Je suis également favorable au remplacement des travaux par des commissions. Ce n’est que pour la question des femmes que je pense qu’une commission spéciale est inutile.

La motion est ensuite adoptée à l’unanimité.

Président Camarade RASCH :

Il s’agit maintenant de savoir si nous voulons mettre en place une commission chargée d’établir des directives sur la question des femmes.

Camarade HEMPEL [JAN APPEL] :

Nous demandons la mise en place d’une commission de travail sur la question des femmes, même si cette commission de travail ne fait qu’exprimer le résultat de ce débat. Le résultat du débat doit être résumé par une commission de travail qui le soumettra ensuite au congrès du parti pour décision.

Camarade MANNSFELD :

Si nous avons réglé une question au cours de la discussion, nous n’avons aucune raison de la faire discuter et de l’aborder en commission. Une commission spéciale n’est pas nécessaire.

La demande de création d’une commission de travail sur la question des femmes est ensuite rejetée à égalité des voix.

Président : Camarade RASCH :

Suit cette demande de la Basse-Saxe :

« Le congrès est invité à traiter tout particulièrement la question des femmes – c’est fait – et à œuvrer pour que les femmes prolétaires rejoignent les rangs des combattants révolutionnaires. Des tracts doivent être publiés pour les femmes prolétaires».

Ce dernier point dépend de la situation matérielle du parti.

Camarade DEBNITZ[3]

Je demande de n’adopter que la phrase centrale. Ce serait un résultat positif du débat.

Camarade LEUTKUSS[4]

Le paragraphe central concernant l’intégration des femmes prolétaires dans les rangs des combattants révolutionnaires doit également être considéré comme réglé, car aucun doute n’est apparu à ce sujet dans le débat. C’est une évidence.

La motion est ensuite adoptée sous la forme suivante

« Le Congrès est invité à œuvrer pour que les femmes prolétaires rejoignent les rangs des combattants révolutionnaires.

« Des tracts doivent être publiés en direction des femmes prolétaires. »

 


[1] Else REIMANN. Née le 6 septembre 1893 à Barleben (Magdebourg) sous le nom d’Else Drähne, fille d’un maître peintre. De 1908 à 1913, elle est servante à Magdebourg, puis ouvrière. En 1914, elle adhère au SPD, puis devient femme de ménage et lavandière. En 1917, elle est la caissière principale de l’USPD à Magdebourg. Avec les délégués Albert Wildt (1887-1952) et Ernst Kindl, elle participa en tant qu’invitée au congrès fondateur du KPD à Berlin en décembre 1918. En 1919, elle devint membre du KPD et participa au congrès des femmes de Mannheim en 1920. Après le IIe congrès du parti en octobre 1919 à Heidelberg, elle quitta le KPD - comme tous ses camarades de lutte à Magdebourg - sous la forte influence de Karl Plättner et resta membre du KAPD jusqu’en 1923, puis inorganisée. En 1945, elle devint membre du KPD, puis en 1946 du SED, et à partir de 1950, elle fut présidente du district urbain de l’organisation du parti pour le logement à Werder/Magdebourg. Else Reimann est décédée le 6 septembre 1975.

Son mari, Karl Reimann (25. 5. 1900 – 13. 2. 1950), faisait partie du « groupe terroriste » de Karl Plättner au début des années 1920. Il fut arrêté en décembre 1921 et condamné le 30 novembre 1923 par la Cour d’État à cinq ans de réclusion, mais fut gracié en mars 1926 et libéré de la prison centrale de Cottbus.

[2] Bertha von Suttner (1843-1914), née comtesse Kinsky von Wchinitz und Tettau. Cette célèbre pacifiste autrichienne a été la première femme à recevoir le prix Nobel de la paix, le 10 décembre 1905.

[3] Aucun élément biographique n’est donné.

[4] Probablement : Nautkuss.

Tract recto verso du KAPD, de l’AAU et des conseils politiques de chômeurs, vers janvier 1921 : «Ouvriers, camarades de classe : Pas de reconstruction de la société du capital ! Solidarité ! Combat commun de la classe ! La classe ouvrière ne doit pas sombrer ! » (Archive personnelle, PB).







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