Publié le 2 Mars 2025 par Pantopolis, March 2025
I. Guerre impérialiste en Asie, aller et retour ?
« Serica delenda est ! »
Avec la grande crise de 1929, engendrant d’immenses armées de chômeurs, une même paralysie avait gagné les populations laborieuses d’Europe, jusque-là cœur et cerveau de toute révolution prolétarienne. Résignées, elles étaient prêtes à accepter l’inacceptable. Le talon de fer de bandes prolétarisées gagnées par l’idéologie impérialiste et raciste se mettait en marche. « Fascistes » ou « démocratiques » des troupes paradaient dans les rues pour se mettre au service des groupes capitalistes les plus offrants.
Le prolétariat était largement battu depuis la défaite – presque sans combattre (1921-1923) – de la révolution prolétarienne en Allemagne, celle définitive de la Révolution russe (« socialisme dans un seul pays », celui de Staline et Boukharine), culminant dans l’accélération du terrorisme d’État (à partir de 1934). Ni le sursaut des ouvriers de Vienne en février 1934, ni les grèves ouvrières en France et Belgique de mai-juin 1936, ni la forte radicalité révolutionnaire en Espagne, la même année, ne purent arrêter l’inexorable marche vers la guerre prévisible avec la capitulation sans combat du prolétariat allemand en 1932-1933, poignardé aussi bien par les nazis, avec le soutien actif de la « démocratie de Weimar », qu’idéologiquement par les sociaux-démocrates, les « communistes » et leurs appareils syndicaux. Le passage sans retour des partis « communistes » et de l’appareil kominternien dans le camp du capitalisme – en premier lieu celui du capitalisme d’État russo-soviétique –, à la faveur des Fronts populaires en 1935-36, ouvrait la route de la guerre mondiale. L’éclatement de la guerre mondiale en Europe, en septembre 1939, ne fut donc pas une surprise.
L’embrasement impérialiste avait en fait commencé en Asie, le 19 septembre 1931, lorsque le Japon se fut emparé de la Mandchourie, où affluèrent un million de « colons » japonais. Puis ce fut l’invasion de la Chine en 1937, la conquête d’une grande partie de l’Est chinois, la partie la plus fertile et la plus peuplée du pays. En décembre de la même année, ce fut le « viol » de Nankin (de 100.000 à 200.000 Chinois sont méthodiquement assassinés par la soldatesque). L’état-major japonais (le général Kanji Ishiwara), sûr de son impitoyable stratégie offensive, jugeait que son objectif – la mainmise sur les matières premières et industries de la zone Asie-Pacifique par l’élimination des empires coloniaux occidentaux (France, Grande-Bretagne et Pays-Bas) et le démembrement de la République de Chine – était à portée des baïonnettes, avions, sous-marins, porte-avions de l’Empire du Soleil-Levant qui vivait au rythme des progrès de son économie de guerre.
Les stratèges nippons pouvaient compter depuis 1933 sur l’appui de l’Allemagne nazie. Ils avaient fait le calcul que la guerre contre l’Amérique n’aurait pas lieu avant 1970… Ils étaient convaincus que l’Union soviétique resterait « neutre », n’attendant que son heure pour participer allègrement à la curée. Ce qu’elle fit le 23 août 1939 en signant à Moscou le pacte présenté par Von Ribbentrop. Ayant conclu un pacte de sang avec Hitler, qui se traduit par le démembrement de la Pologne par les deux larrons, Staline put en juillet 1940 annexer les États baltes, déjà occupés par les troupes russe et les incorporer (en août) dans l’Union soviétique. Il put aussi contresigner le pacte de neutralité proposé par le Japon, conclu le 13 avril 1941, deux mois avant l’agression de l’Allemagne contre l’URSS. Cette neutralité fut d’ailleurs respectée jusqu’au 5 avril 1945, peu avant la capitulation du Japon sur un porte-avions américain mouillant en baie de Tokyo.
Depuis la conférence de Yalta (en Crimée), du 4 au 11 février 1945, orchestrée par les vainqueurs (Staline, Churchill et Roosevelt) a triomphé un impitoyable ordre impérialiste bipolaire et terroriste, basé sur la menace de l’Armageddon nucléaire. Comme l’annonçait Paul Mattick en 1940 « la présente guerre [impérialiste] ne mènerait à aucune autre période de paix, mais à une guerre en permanence »[1].
En effet – entre 1938, année de la « paix honteuse » de Munich, et 2014, début de la guerre en Ukraine – il n’y eut aucune année de paix, mais des guerres sans fin, sur tous les continents. Seulement interrompues par quelques trêves, sans signature de traités de paix entre belligérants (l’exemple emblématique est celui de la Corée depuis l’armistice de Panmunjom en juillet 1953).
L’enjeu – aujourd’hui comme hier – reste le même : celui d’un partage impérialiste du monde, sur tous les continents. Mais aujourd’hui dominent trois prédateurs surarmés (USA, Chine et Russie), s’appuyant sur des seconds couteaux, aussi criminels que vénaux, prêts à se vendre au plus offrant.
L’attaque par la Russie de l’Ukraine le 24 février 2022, puis l’annexion de la Crimée à la Russie avec l’aide de « troupes spéciales », s’est faite au vu et au su de tous : pendant des semaines les chars russes tournaient comme des vautours autour de l’Ukraine. Biden était depuis longtemps au courant. Il avait gracieusement proposé à Zelinsky de l’exfiltrer pour mener « la résistance » de l’extérieur. Celui-ci avait répondu qu’il n’avait pas besoin d’un taxi, mais d’armes. Elon Musk le créateur de Starlink, bijou de technologie satellitaire, avait alors renversé la situation militaire en permettant de casser nette l’offensive des blindés russes.
Le conflit en Ukraine a traduit très clairement le basculement dans la troisième guerre mondiale.
Mais pour conduire une telle guerre, il faut d’abord, pour les belligérants directs ou indirects, avoir la main sur les matières premières stratégiques (pétrole, gaz, uranium), ainsi que sur les « terres rares » vitales pour le déploiement vorace des nouvelles technologies.
L’impérialisme est non seulement une économie de spéculation mais surtout une économie de prédation s’appuyant sur l’appareil militaro-industriel le plus sophistiqué. Il s’agit d’une guerre permanente contre les hommes et la nature, menée depuis fort longtemps. Elle s’est accélérée depuis les années 90, lorsque les USA de Bush père et fils au duo Trump-Biden, ont traduit dans les actes leur détermination à dominer le Moyen Orient et ses matières premières. Les guerres israéliennes dans tout le Moyen-Orient, du Liban à la Syrie, puis contre l’Iran soutenu par la Russie et la Chine, ont accompagné cette offensive américaine, avec une volonté mutuelle d’éliminer « l’épine palestinienne » par la force brutale (déportations de masse, actions radicales d’épuration ethnique confinant au pur génocide).
Cette politique économique de prédation, la Chine capitaliste d’État (mais s’appuyant sur un fort capitalisme privé) lui a donné une force de frappe inégalée. Avec une habileté consommée et une patience infinie, la Chine est redevenue l’Empire du milieu, présente sur toutes les mers, disposant d’un réseau portuaire mondial, pour soutenir les exportations de l’Atelier du monde, contrôlant pratiquement la production et la commercialisation des matières stratégiques les plus importantes, et dominant progressivement des continents entiers comme l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie (Ceylan, Cambodge, etc.).
Avec une non moindre patience, accompagnée de la violence la plus sauvage, l’instauration d’une terreur calquée sur celle de Staline (et de Hitler), la Russie a éliminé ses adversaires réels ou supposés, quand ils ne pouvaient être achetés. Tout comme la Chine capitaliste de Xi Jinping, la Russie capitaliste de Poutine a avancé partout ses pions l’un après l’autre grignotant position après position, aussi bien en Europe qu’en Asie et jusqu’en Afrique.
Acquis à une idéologie de suprématisme blanc national-fasciste, le trio des « shérifs » Trump-Vance-Musk, à la faveur d’un vote dit « démocratique », s’est quasiment emparé – pour le moment du moins – de l’appareil d’État US. Ils marchent du même pas de l’oie que Poutine et Xi Jinping. Ils ont remplacé un théâtre soft par un théâtre hard, où s’étalent mensonges, puissance corruptrice de l’argent hors de tout contrôle, appels haineux au meurtre. Tous les réseaux sociaux (X, Facebook et autres) sont maintenant sous contrôle, réseaux sans lesquels on ne peut dominer les esprits. Pour faire de la jeunesse une chair à canon de premier choix nourrissant l’avide moloch capitaliste, les « nouvelles technologies » – nouveaux instruments d’esclavage capitaliste – ont engendré une industrie du mensonge, où tout devient (re) devient possible : chasse aux migrants, enfermés dans des camps ou déportés à l’extérieur, surveillance millimétrée de la population (avec ou sans l’Intelligence artificielle); appels à écraser le « wokisme » (= toute contestation) pour restaurer un empire américain délabré, passant progressivement au second plan, mais qui doit à tout prix rester le maître du monde capitaliste face à la Chine et à la Russie.
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En 2025, les enjeux et les objectifs ont changé par rapport à ceux de 1938.
Il s’agit, dans un éphémère instant présent, pour Poutine et Trump de régler ses comptes à l’Europe. Pour l’Empire américain, d’Obama à Biden-Trump, il s’agit de régler son compte à la Chine en la ramenant à un niveau de puissance secondaire, comme elle l’était avant 1980.
Lors de l’antique guerre contre Carthage, l’homme politique romain Caton répétait inlassablement : « Cartago delenda est » (« Il faut détruire Carthage »), objectif que Rome atteignit. Face aux routes de la soie chinoises (serica) le capitalisme américain a forgé (en latin !) un mot d’ordre : « Serica delenda est » (« Il faut détruire la Chine »).
La guerre a commencé en Europe; elle se poursuit en Asie et en Afrique. Elle ne laissera qu’un seul vainqueur : la Chine, dont le PNB réel dépasse maintenant d’un tiers celui de son rival américain, l’Amérique du Nord (avec ou sans le Canada !), en éliminant tous les autres, Russie incluse
II. « Munich sur la sécurité » (14-16 févier), tractations russo-américaines de Riyad (18 février) : la curée impérialiste russo-américaine sur l’Europe
La prise du pouvoir par le roi de l’immobilier new-yorkais Donald Trump a eu lieu le 20 janvier à Washington. Mais dès le 14 janvier, s’appuyant sur d’authentiques flibustiers dignes d’ouvrir la saison des carnavals (J. D. Vance, Elon Musk et toute une phalange pittoresque de trolls complotistes et antivax), le gong a retenti sans discontinuité. Voici venir l’ère nouvelle du pachyderme Trump, âge d’or béni, où les dollars, les lingots d’or et de platine, les métaux rares, voire les bitcoins, pousseront comme des laitues dans le jardin d’Eden de l’Oncle Donald.
Un renversement d’orientation stratégique s’est opéré. La Russie des oligarques poutiniens devient un partenaire privilégié avec lequel l’Amérique peut et doit s’acoquiner : « Je connais certains oligarques russes qui sont des gens très bien », claironne le mage de la Maison blanche[2]. L’Europe s’est transformée en ennemi des intérêts géopolitiques des USA. Elle doit être taxée sans pitié et réprimée s’il le faut. De façon tout à fait claire, le vice-président Vance concluait à Munich, que le temps de l’épreuve de force avec l’Europe était venu : « À Washington, il y a un nouveau shérif en ville »[3]. Les ennemis ne sont plus la Russie et la Chine mais ceux de « l’intérieur » de l’Otan, ses « alliés » traditionnels qui refusent de capituler devant les USA version Trump.
Un changement de rhétorique s’est préparé par d’intenses négociations, à peine secrètes, avec la Russie[4].
L’allié ukrainien, « l’ami » Zelenski, nouveau Churchill (« we’ll never surrender ») soutenu et armé par l’Amérique de Biden, est devenu du jour au lendemain « public enemy number one ». Sacré « dictateur de l’année » (« sans élections » !), Zelensky est maintenant accusé par Trump d’avoir déclenché la guerre en Ukraine contre la Russie le 24 février 2022[5], et même de provoquer la troisième guerre mondiale[6].
Le clash en direct le 28 février, devant les médias du monde entier, entre Zelensky et le duo Trump-Vance, marque un changement radical d’époque, hors de tous garde-fous diplomatiques. Ce scandale public été probablement voulu par la camarilla d’extrême-droite au pouvoir, en particulier par Vance, le présumé successeur de Trump. Ne voulant pas signer un acte officiel de capitulation en paraphant un acte de vente (sans garanties !) des terres rares ukrainiennes (situées majoritairement dans la zone occupée par les troupes russes !), Zelensky a non seulement été humilié, pour son port de l’uniforme militaire ukrainien, mais chassé sans ménagement de la Maison Blanche et même déclaré persona non grata, à moins de présenter ses « excuses » à Trump…
Menaces physiques, chantages, campagnes médiatiques de dénigrement soigneusement orchestrées ont toujours été les méthodes habituelles des puissances impérialistes lorsqu’elles imposent leur loi aux seconds couteaux. Rappelons le premier Munich de 1938-1939 déjà bien oublié. Après avoir accepté un premier démembrement de la Tchécoslovaquie par la remise des Sudètes à Hitler, la France et l’Angleterre lançaient, le 21 septembre 1938, un ultimatum aux Tchèques (Beneš et Hodža) : ils ne seraient jamais soutenus en cas de résistance et seraient même privés de leur système de défense. Le gouvernement tchèque dut capituler. Même scénario de chantage exercé en mars 1939 : convoqué à Berlin par Hitler, le président tchèque Emil Hácha fut menacé de voir Prague bombardée et détruite. Il capitula et plaça son pays « sous la protection de l’Allemagne » et Prague fut occupée, tandis que simultanément la Slovaquie devenue indépendante se plaçait aussi « sous la protection de l’Allemagne », et que la Hongrie envahissait la Ruthénie subcarpathique (rattachée à l’Ukraine depuis 1991)[7].
Le temps des prédateurs impérialistes, utilisant toutes les ficelles du chantage et de la menace physique, est de retour sans la moindre retenue diplomatique[8].
Les conférences de Munich, version 2025, puis celle de Riyad (Arabie saoudite) ont été éloquentes : le vice-président Vence annonçait que les USA laissaient tomber l’Ukraine et la livraient de facto à la Russie. L’Ukraine devra même payer des réparations pour le matériel de guerre fourni ainsi que pour les emprunts contractés auprès de l’Amérique de Jo Biden, sous-entendant que l’agressé était le réel agresseur…
Trump a laissé entendre qu’il était prêt à concéder un très vague soutien (sans garantie !) à l’Ukraine, mais au prix de son pillage et de sa capitulation. En « échange », il exige un accès immédiat aux terres rares du pays[9], comme « dédommagement » de l’aide militaire américaine fournie par Biden.
Plus de deux semaines avant le clash de la Maison Blanche, Trump avait, avec sa grossièreté habituelle, exprimé des appétits impérialistes sans limites, dans la tradition des présidents William McKinley (1843-1900)[10] et Théodore Roosevelt (1858-1919) agents de guerres dévastatrices contre Cuba (1898) et les Philippines (1899-1902). Les États-Unis devaient occuper le Groenland – la plus grande île du monde ! – et ses terres rares, avaler le Canada par simple anschluss, et récupérer Panama et son canal, achevé en août 1914 avec l’or de l’Oncle Sam et les 12.000 ouvriers esclaves morts pendant sa construction. (En vue de futures annexions impérialistes ?) Le golfe du Mexique a été promptement rebaptisé « golfe d’Amérique ». Google maps a aussitôt gravé le décret impérial de Trump sur ses propres cartes.
Il est probable que ces objectifs impérialistes de l’Amérique yankee sont apparus au grand jour dans le cadre d’un « deal » avec la Russie de Poutine, qui pourrait occuper la plus grande partie de l’Ukraine, et même d’autres territoires : Moldavie, Géorgie, une partie de la Roumanie et des pays baltes. Toutes les options sur la table comme ont l’habitude de dire les diplomates en uniforme.
Du côté de l’Union européenne, règne la plus grande incertitude. Trump a proclamé que celle-ci avait été créée pour « baiser » (to screw) l’Amérique. Les pays européens sont invités à se soumettre ou à se démettre. Seuls seront privilégiés les pays qui acceptent pleinement la doxa d’extrême droite propagée par le trio Trump-Vance-Musk sur les « réseaux sociaux » aux ordres.
De telles tractations marquées par des luttes au couteau entre mafieux, faisant alterner chantages et occupations militaires, ne surprendront que les naïfs qui croient religieusement au « respect des traités » inscrit dans tous les canons du droit international.
La Conférence interalliée de Moscou, le 10 octobre 1944, est emblématique. Winston Churchill jeta sur le papier ce que devrait être « un juste partage d’influence » entre le Royaume-Uni et l’Union soviétique dans la région des Balkans. Des notes griffonnées prévoyaient que la Roumanie serait à à 90 % soviétique et à 10 % britannique, la Grèce à 90 % britannique et à 10 % soviétique, la Yougoslavie et la Hongrie à 50 % britanniques et la Bulgarie à 75 % soviétique. Signifiant son accord d’un trait de crayon bleu, Staline parapha le document.
Le lendemain, Eden et Molotov, ministres des affaires étrangères britannique et soviétique, affinèrent les pourcentages... Mais dans le monde très incertain du brigandage impérialiste, des rapports de force sur le terrain, militaires et politiques, rendent caduc tout « accord de pourcentages ». L’occupation militaire de la Grèce par les troupes britanniques, puis celle de la Roumanie, de la Hongrie et de la Bulgarie remirent les pendules à l’heure. Seule la Yougoslavie maintint un semblant d’indépendance en se plaçant dès 1947 sous le parapluie américain et sous le drapeau officiel du « neutralisme ».
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mobilisations militaires à l’ordre du jour en Europe
Trump et son parti ont sans doute fait le calcul hasardeux qu’ils pourraient s’en prendre à la Chine en s’alliant à la Russie. Il suffirait de passer des accords avec la Russie sur le dos de l’Ukraine et d’une Europe minée de l’intérieur (Hongrie d’Orban, Slovaquie de Fico, Italie de Meloni, et peut-être bientôt la Roumanie).
Politiquement, Poutine grignote le terrain européen. Militairement, il est en état de force. Il a pu décréter en septembre 2024 une quasi mobilisation générale par une augmentation massive de 180.000 soldats. Le pays compterait alors 1,5 million de militaires d’active, ce qui en ferait la deuxième armée du monde, après la Chine. Pour faire bonne mesure, Poutine a embauché des milliers de soldats nord-coréens de Vladivostok à l’Ukraine. Dans ce dernier pays, des milliers de mercenaires indiens, népalais et sri-lankais sont invités à mourir pour le capital oligarchique russe.
Faute d’une aide militaire américaine, se réduisant comme peau de chagrin, les pays membres de l’Union européenne se retrouvent très seuls et dans un état d’infériorité manifeste. La Lettonie a certes développé des infrastructures de défense, notamment en plaçant des obstacles antichars le long de ses frontières avec la Russie et la Biélorussie. La Finlande, la Lettonie et l’Estonie – également membres de l’UE et de l’Otan –qui partagent des frontières terrestres avec la Russie – ont pris des mesures similaires. Après la première invasion de l’Ukraine en 2015, la Lituanie a réintroduit la conscription, tout comme la Suède en 2018, après avoir mis fin au service obligatoire en 2010. En mars 2024, le Danemark a promis d’étendre le service militaire obligatoire aux femmes à partir de 2026. De son côté, en juin 2024, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a préconisé un service militaire sélectif inspiré du système suédois, et visant à recruter 5.000 conscrits par an à partir de 2025
Soucieuses de se prémunir des chantages russes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont achevé voilà une dizaine de jours leur connexion au réseau électrique européen.
A l’heure présente, la Lettonie a rétabli le service militaire obligatoire, tandis que l’Estonie, la Finlande maintiennent la conscription. Mesures militaires qui ont dû susciter des rires homériques plus chez le généralissime Poutine que chez Trump qui ne calcule qu’en dollars et en « terres rares ».
C’est bien – momentanément – la fin du parapluie militaire américain en Europe. Sans crainte du ridicule, Macron et Keir Starmer ont annoncé qu’ils mettaient leurs ridicules armes nucléaires à la disposition de l’Union européenne… pour la protéger. Une capitulation annoncée face aux menaces conjointes de Trump et surtout de Poutine, qui sera le principal bénéficiaire du partage du gâteau européen.
La guerre est bien là, sous nos yeux en Europe. La parole est maintenant aux armes après un carnaval diplomatique d’à peine deux semaines.
Pantopolis, 2 mars 2025.
[1] Cf. International Council Correspondence : http://www.aaap.be/Pdf/International-Council-Correspondence/International-Council-Correspondence-5-01a.pdf; http://www.aaap.be/Pdf/International-Council-Correspondence/International-Council-Correspondence-5-01b.pdf
[2] Le Dauphiné libéré du 25 février 2025: « Je connais certains oligarques russes qui sont des gens très bien », dixit Trump.
[3] Les Échos, 14 février 2025 : https://www.lesechos.fr/monde/europe/conference-de-munich-vance-attaque-les-europeens-sur-la-liberte-dexpression-2148937
[4] https://www.7sur7.be/monde/les-etats-unis-et-la-russie-menent-des-negociations-secretes-en-suisse-depuis-des-mois~a0ca7e36/
[5] Nouvel Obs/AFP, 19 février 2025 : https://www.nouvelobs.com/monde/20250219.OBS100507/vous-n-auriez-jamais-du-la-commencer-trump-accuse-zelensky-d-avoir-declenche-le-conflit-en-ukraine.html
[6] https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/01/guerre-en-ukraine-apres-l-altercation-entre-trump-et-zelensky-les-europeens-contraints-d-accelerer-leur-calendrier-face-au-risque-de-lachage-des-etats-unis_6570780_3210.html
[7] J. B. Duroselle, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Dalloz, 1978, p. 227-231.
[8] « We are, quite frankly, the dominant predator » déclare Trump sur la chaîne Fox News le 21 janvier 2025.
[9] Les Échos, 18 février 2025. La première proposition a été rejetée par Zelinsky.
[10] Le nom traditionnel de Denali, la plus haute montagne d’Amérique du Nord (en Alaska à 6.190 m de hauteur), a cessé d’exister par simple décret de Trump. Il a retrouvé son nom de mont McKinley imposé sur les cartes en 1896.
Commentaire de Fredo Corvo et Aníbal
RépondreSupprimerEn plus de ses observations et analyses correctes, l'article ci-dessus se laisse emporter par de faux parallèles historiques publiés dans la presse bourgeoise au début de la Seconde Guerre mondiale. Cela conduit à la prédiction douteuse : « La guerre est vraiment là, sous nos yeux en Europe. Après un carnaval diplomatique d'à peine deux semaines, le temps est venu pour les canons de parler ».
Comme le note à juste titre l'auteur : « Le conflit en Ukraine a clairement marqué le passage à la Troisième Guerre mondiale. Mais pour mener une telle guerre, les belligérants directs ou indirects doivent d'abord avoir le contrôle des matières premières stratégiques (pétrole, gaz, uranium), ainsi que des « terres rares » indispensables à l'utilisation vorace des nouvelles technologies ». Cependant, il existe d'autres conditions préalables non remplies pour la Troisième Guerre mondiale.
Pour une analyse correcte du point de vue du prolétariat, il est nécessaire de voir à travers la mascarade que la bourgeoisie met en scène quotidiennement - en particulier le bluff, l'auto-tromperie et les mises en scène à la Jerry Springer des apparitions télévisées de l'administration Trump II - et de la situer dans la continuité des objectifs à plus long terme des États-Unis, de la Chine et de la Russie. Les États-Unis ont atteint le véritable objectif de leurs milliards de dollars de soutien à Zelenski : l'affaiblissement de la Chine, alliée de la Russie, et l'affaiblissement simultané de l'Europe, en particulier de l'Allemagne, l'intégration de l'UE à l'OTAN aux dépens de l'Europe et l'achat rentable d'armes européennes aux États-Unis. Personne ne peut prédire l'avenir, mais sur la base d'analyses des tendances impérialistes, les minorités révolutionnaires peuvent mettre en évidence les dangers idéologiques qui menacent la classe ouvrière.
Il n'est pas utile que l'auteur, comme les trotskistes, les bordiguistes et les damistes, considère le stalinisme comme le tournant de la révolution mondiale qui a commencé en Russie, oubliant les articles de Pantopolis montrant comment le stalinisme a été préparé par les actes anti-prolétariens de Lénine et Trotsky, de la trahison de l'Armée rouge de la Ruhr à Cronstadt, et du capitalisme d'État à la gestion par un seul homme. Ces erreurs et ces crimes ne sont pas atténués par le fait que des discussions entre la gauche communiste et les partisans du trotskisme ont été possibles dans les années 1930 parce que ces derniers s'accrochaient à la révolution mondiale... en paroles.... (leftdis.wordpress.com)