Bonjour,
Merci pour le texte Guerre impérialiste : de l'Asie à l'Europe. A mon sens, ce texte explique bien qu'en régime capitaliste, les guerres économiques et les guerres militaires sont toujours indissociables. Les guerres économiques y sont permanentes, les guerres militaires localisées le sont tout autant et les guerres militaires mondiales y existent toujours en puissance sans pour autant être sans cesse actualisées. Les guerres mondiales sont toujours en préparation mais pas toujours effectives.
Le texte mentionne pour sa part que "le conflit en Ukraine a traduit très clairement le basculement dans la troisième guerre mondiale".
Il défend donc l'idée que la troisième guerre mondiale n'a plus le statut de possibilité mais qu'elle s'est réalisée avec le conflit en Ukraine : nous sommes donc tous en guerre militaire mondiale ouverte depuis trois ans. Après avoir lu le texte et par acquis de conscience, j'ai demandé au facteur qui avait sonné à ma porte s'il savait qu'il était en train de faire une troisième guerre mondiale. Il m'a répondu que non mais qu'il envisageait par contre de se mettre prochainement en grève contre les nouvelles attaques du gouvernement belge et qu'il s'en foutait des préparatifs qui n'étaient pas aujourd'hui son affaire.
Il m'a alors semblé que l'analyse développée dans le texte faisait complétement abstraction de cette guerre bien plus fondamentale qui a elle aussi toujours existé en régime capitaliste sous forme de potentialité ou de réalité : la guerre sociale entre les capitalistes et les travailleurs salariés.
En affirmant que la troisième guerre mondiale est effective depuis qu'une guerre militaire a commencé sur le sol ukrainien, le texte affirme implicitement que les dirigeants des principales puissances économiques et militaires auraient déjà gagné leurs guerres sociales respectives. Par conséquent, les travailleurs salariés défendraient consciemment depuis 3 ans les intérêts de leurs patrons et ceux des nations qui les encadrent politiquement, les divisent et les font renoncer à la défense de leurs propres intérêts. Aucun fait ne vient pourtant avérer le patriotisme et l'engagement conscient des travailleurs dans des combats armés pour la préservation de "leurs" territoires respectifs.
De façon générale, le texte semble défendre l'hypothèse qu'une guerre mondiale pourrait se développer effectivement à l'insu de la classe sociale salariée. Ce serait en quelque sorte une des spécificités des guerres mondiales contemporaines : des guerres qui se dérouleraient à l'extérieur du champ de conscience des travailleurs ou encore, des guerres qui reproduiraient le même dispositif que celui de ces jeux vidéos où bien souvent, les joueurs ne distinguent plus leur propre réalité de celle des personnages en tenue de combat sur un écran. Je m'interroge beaucoup pour ma part sur cette possibilité.
Aucun fait ne prouve non plus que le rapport de force entre les deux classes sociales du capital serait aujourd'hui favorable à la classe sociale exploitée par les capitalistes. Celle-ci ne manifeste en effet pas ouvertement et en toute connaissance de cause son opposition à l'existence délétère du capital. Mais il est clair en revanche que l'objectif premier de ceux qui détiennent le pouvoir à l'échelle planétaire est de dissuader les travailleurs de lutter pour leurs propres intérêts. Il me semble d'ailleurs qu'on ne peut expliquer la récente séquence de télé réalité politique entre ces deux bouffons que sont Donald Trump et Volodymyr Zelensky sans aussi prendre en compte l'intense effort idéologique que la classe capitaliste doit faire en permanence pour convaincre les travailleurs du monde entier de se diriger consciemment vers des champs de bataille.
En régime capitaliste, la domination exercée par les capitalistes a toujours été médiatisée par le sentiment de peur : leur peur des dominés et la peur éprouvée par ceux-ci. Les dominants hypnotisent en effet leurs dominés en agitant sans cesse devant eux le spectre de la mort en cas de résistance. Pour avoir probablement lu à fond les fables de Jean de La Fontaine, le terroriste français E. Macron a très bien compris ce mécanisme. Dans sa fable Le Renard et les poulets d'Inde, Jean de La Fontaine constate en effet que "Le trop d'attention qu'on a pour le danger Fait le plus souvent qu'on y tombe." Autrement dit, à force d'avoir peur, on finit toujours par se faire manger par les plus forts. C'est ainsi qu'en 2020 et en bon père de la nation française, E. Macron est parvenu à hypnotiser et à manger les travailleurs français en agitant le péril viral : "Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre nation, mais l'ennemi est là." (discours à la Nation du 16 mars 2020) et en décrétant "la mobilisation générale contre un ennemi invisible, insaisissable". En accord avec les instances européennes, il leur a resservi le même plat mais un peu plus pimenté le 5 mars 2025 : "Françaises, Français, mes chers compatriotes, Je m'adresse à vous ce soir en raison de la situation internationale et de ses conséquences pour la France et pour l'Europe (...). Vous êtes en effet légitimement inquiets devant les événements historiques en cours qui bouleversent l'ordre mondial. (...) Au total, notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines. Il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère. (...) Au-delà de l'Ukraine, la menace russe est là et touche les pays d'Europe. Nous touche. La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial. " Comme on le voit, dans cette allocution, le président français affirme à la fois que nous avons tous peur et que la troisième guerre mondiale est aujourd'hui une réalité. Il s'attribue donc un nouveau pouvoir : il peut décider à la fois de ce qui est réel et de ce que nous ressentons face à cette décision avant même que nous ne le ressentions. Je trouve alors assez curieux de lire aussi dans le texte que nous avons basculé dans la troisième guerre mondiale.
N'ayant probablement jamais entendu parler de Jean de La Fontaine et plutôt adepte des films d'épouvante, le bras droit de Trump a choisi un moyen nettement moins raffiné pour terroriser les travailleurs. Elon Musk a carrément sorti sa tronçonneuse pour convaincre les travailleurs de mieux servir le capital. Il n'est pourtant pas déjà dit que les travailleurs tomberont dans le piège particulièrement humiliant de la tronçonneuse. Les fonctionnaires du Pentagone où sont logés les commandants des armées américaines ont par exemple refusé d'être confondus avec des tronçons. Difficile me semble-t-il de poursuivre la troisième guerre mondiale si même les renards se rebiffent.
Cordialement, Laure
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