lundi 7 avril 2025

A l'origine de la décomposition du mouvement dit "bordiguiste" : les sirènes mortelles du populisme ‘anti-impérialiste’.



Publié le 31 Mars 2025 par PB/Pantopolis

«luttes de libération nationale» (Moyen-Orient, Afrique et Asie) : les sirènes mortelles du populisme ‘anti-impérialiste’.

Face au conflit permanent qui opposait depuis 1948 les États arabes à l’État d’Israël, le courant de Bordiga demeura internationaliste, insistant toujours sur le facteur «lutte de classe internationale». Dans un article de juin 1948, on pouvait lire : «En Palestine, ce ne sont pas la liberté, l’indépendance, quelque principe éternel qui sont défendus : ce qui est en jeu, c’est le régime international de l’exploitation, de l’impérialisme et de la guerre. C’est seulement par la rupture révolutionnaire de ce régime que les prolétaires arabes et juifs obtiendront la liberté et la paix», mettant ainsi fin à leur «esclavage»[1].

Cette position fut encore défendue lors de la Guerre des Six jours de juin 1967. L’organisation, dirigée par Bruno Maffi, dauphin de Bordiga, fut extrêmement claire dans l’article portant comme titre : «Il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient ni ailleurs tant que régnera partout en maître le Capital»[2]. On notera que dans cet article, il n’était nullement question de soutenir le «camp arabe» ni d’assimiler les prolétaires israéliens à des «pieds-noirs» :

«Les prolétaires arabes et israéliens ont contre eux le même ennemi : ou ils lutteront ENSEMBLE pour le déstabiliser, et les prolétaires des grandes métropoles impérialistes – qui ont bâti avec leur chair leur propre fortune – seront LES PREMIERS à donner l’exemple d’une bataille qui ne connaît pas de frontière de race, d’État et de religion; ou bien il y aura encore la guerre, là-bas comme partout, aujourd’hui comme demain»[3].

En fait, dès 1972, le ton commence à changer, d’abord théoriquement. Il Programma comunista republie un vieil article de Bordiga, «Oriente», puis exhaustivement les thèses de Bakou d’appel à la «guerre sainte» contre l’impérialisme anglo-saxon, les déclarations de Zinoviev et d’autres[4]. Puis, en octobre, après le massacre d’athlètes israéliens à Munich par le groupe terroriste palestinien «Septembre Noir» et la riposte militaire «musclée» de l’État israélien[5]. Le groupe français rejette les deux camps, mais sans condamner explicitement «Septembre noir», en soulignant que la violence terroriste est essentiellement bourgeoise et institutionnelle : «Ce que le monde bourgeois réprouve donc, ce n’est pas la violence et la terreur en soi, mais la violence et la terreur illégales, tandis qu’il se résigne comme à une de ses lois indestructibles (quand il ne l’exalte pas cyniquement) à la terreur étatique et militaire sanctionnée par la loi et le droit international». Aux luttes de libération nationale auxquelles ils concèdent un peu de «sympathie», les «programmistes» opposent l’«harmonie» de la «dictature prolétarienne universelle» :

«La politique prolétarienne ne nie pas les problèmes nationaux, mais la possibilité de les résoudre dans le cadre du capitalisme. Elle ne refuse pas toute sympathie aux minorités nationales opprimées en révolte, mais ne leur accorde son appui que pour faire triompher l’entente internationale des travailleurs... Aux solutions bâtardes de l’impérialisme, elle oppose les solutions harmonieuses (sic) de la dictature prolétarienne universelle».

L’expulsion de la tendance de gauche, agrégée autour de Lucien Laugier (France) et de Carsten Juhl (Suède) qui défendaient les positions kapédistes, accéléra la régression des «programmistes» vers les thèses national-populistes défendues au Congrès de Bakou en septembre 1920.

Lors de la guerre du Kippour, en octobre 1973, la réponse était déjà moins «classiste», et donc moins bordiguienne. Le prolétariat du Moyen-Orient avait disparu sous l’étiquette très populiste de «masses rurales et urbaines», une manière d’escamoter l’importante classe ouvrière d’Égypte et d’Israël. «… il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient tant que l’impérialisme mondial, et avec lui les bourgeoisies locales et les classes dominantes étroitement liées… n’auront pas été renversés par une gigantesque vague de classe unissant enfin les prolétaires des métropoles capitalistes de l’Ouest et de l’Est aux masses rurales et urbaines aujourd’hui encore jetées par leurs exploiteurs les unes contre les autres au nom du sang, de la race ou de la religion»[6].

Une position, il faut le souligner bien plus internationaliste que celle des trotskystes qui en appelaient au soutien des bourgeoisies arabes, sans que soit mentionnée l’existence de prolétaires juifs et arabes :

 «Si les révolutionnaires prolétariens doivent être résolument pour la victoire des États arabes parce qu’une victoire d’Israël renforcerait la domination impérialiste au Proche-Orient, ils ne doivent pas pour autant laisser croire que la lutte anti-impérialiste passe par la guerre contre Israël et qu’elle peut être menée par les bourgeoisies arabes»[7].

Cette position trotskyste, le PCI va la faire sienne progressivement, prenant ouvertement parti pour les combattants des milices palestiniennes, les fédayins, «véritables victimes»[8]. Guerre était déclarée à Israël : «les masses exploitées du Liban et de Palestine … doivent faire face à l’État ‘pied-noir’ d’Israël», finalement comparé à l’Algérie coloniale française. Les ouvriers israéliens et palestiniens étaient jetés à la trappe, pour mieux encenser les «magnifiques élans des masses plébéiennes exploitées et pauvres» (sic).

De fait, la guerre du Kippour marquait un tournant, qui fut souligné par la revue du groupe «Révolution internationale» dès janvier 1974[9]

Le PCI «programmiste» tint de moins en moins une rhétorique prolétarienne au point de soutenir, parfois dans un langage maoïste («marxiste-léniniste») les luttes de libération nationale au Moyen-Orient, en Afrique Noire et les «révolutions paysannes» dans la péninsule indochinoise, dont les États-Unis venaient de se dégager après la visite de Nixon en Chine.

Dans un article intitulé «Honneur à Luanda et aux prolétaires d’Afrique noire»[10], l’organisation bordiguiste française passait allégrement d’une vision marxiste, fondée sur la lutte des classes, à une vision anti-impérialiste et racialiste de l’histoire. Le Prolétaire se félicitait de l’intervention des troupes cubaines encadrées par des conseillers russes pour repousser les troupes sud-africaines et consolider le nouvel État angolais : «La victoire de la jeune république d’Angola et la débandade des troupes adverses sur tous les fronts est un événement d’une portée considérable… Aujourd’hui, puissamment aidé par un fort contingent cubain et par un apport imposant de matériel et de conseillers russes, le MPLA [Mouvement populaire de libération de l’Angola][11] a mis en déroute non seulement l’inconsistant FNLA et refoulé au Zaïre les troupes de Mobutu et les mercenaires, mais il a aussi repoussé la colonne d’intervention sud-africaine... ».

Même si l’article du Prolétaire soulignait les appétits impérialistes d’une Russie qui peut «ainsi se placer sur la route du pétrole et des minerais qui vont de l’océan Indien vers l’Europe et même l’Amérique», les bordiguistes s’enthousiasmaient pour cette victoire du MPLA et des Cubains jugée «historique». Il s’agissait d’une victoire aussi bien «raciale» que morale, et même «prolétarienne» :

«Cette victoire du MPLA sur l’Afrique du Sud… dépasse de loin l’importance somme toute limitée de l’engagement militaire proprement dit. Elle est déjà un encouragement formidable à la lutte des exploités et des opprimés dans toute cette partie de l’Afrique, la plus industrielle et en même temps la plus explosive du continent. C’est une victoire du mouvement d’émancipation de la race noire contre l’oppression séculaire perpétrée par la race blanche. Le succès militaire devient ainsi une victoire morale qui doit faire souffler sur toute l’Afrique opprimée un vent libérateur, qui atteindra d’ailleurs tôt ou tard l’impérialisme russe lui-même… Mais il y a une autre chose dont le prolétariat international a mille raisons de se réjouir : ce sont les premiers pas faits sur la scène politique par le jeune prolétariat de Luanda et des autres villes par les prolétaires et semi-prolétaires des plantations et par toutes les masses exploitées… »[12].

Et de conclure par un hymne africaniste, où sont convoqués tous les martyrs «prolétariens» de la lutte «anti-impérialiste» : Patrice Lumumba et l’UPC (Union des populations du Cameroun)[13], définitivement «vengés». Le Congrès de Bakou des «peuples de l’Orient» (septembre 1920) est alors transposé en Afrique noire : «Une ère nouvelle s’ouvre pour l’Afrique ‘arriérée’ qui vient de donner une leçon à l’Europe et à l’Amérique ‘civilisées’. Honneur à l’Afrique»[14].

Même position chez les schismatiques du groupe florentin Il Partito Comunista (dirigé par Giuliano Bianchini*). Celui-ci, invite en février 1976 à constituer des «noyaux communistes révolutionnaires», «participant, de façon organisée, et sur leur propre terrain de classe, d’abord à la guerre de libération anti-impérialiste, puis à la révolution communiste anti-bourgeoise»[15].

Quelques mois plus tard, le PCI allait même plus loin dans son anti-impérialisme, lorsque les Khmers rouges soutenus par la Chine entrèrent à Phnom-Penh qu’ils vidèrent de sa population, déportée dans des camps de travail et des camps de la mort. Ils saluèrent la «terreur révolutionnaire» massivement appliquée par les «sans-culottes» khmers :

«Tout révolutionnaire et militant anti-impérialiste sincère ne peut pas ne pas sentir comme un devoir élémentaire la solidarité avec la révolution indochinoise, et en particulier avec la terreur révolutionnaire avec laquelle la composante la plus radicale du mouvement indochinois défend et poursuit au Kampuchéa des bouleversements économiques, politiques et sociaux qui, dans leurs manifestations les plus extrêmes, évoquent les mouvements nationaux-révolutionnaires que l’Internationale de Lénine se proposait de soutenir, de propulser et de diriger dans les aires arriérées»[16].

Le «Parti» soutient «la terreur révolutionnaire… contre laquelle se déchaine, avec un sûr instinct de classe, la presse au service de l’impérialisme, parce qu’elle sait qu’il n’y a pas de révolution victorieuse sans dictature, ni de dictature consolidée sans terreur»[17].

En 1979, l’invasion du Cambodge par l’armée vietnamienne révéla l’étendue du génocide commis par le régime khmer rouge. Mais le PC International considéra que c’était une simple «tragédie», au même titre que la Révolution russe. Néanmoins, la marche en avant de la «révolution bourgeoise» devait être «saluée et favorisée», «en tant que prémisse de la naissance d’un prolétariat moderne»[18].

Les schismatiques florentins du PC International (Il Partito Comunista), qui de 1975 à 1979 avaient fait silence à propos de la «question cambodgienne», ne tinrent pas un autre langage, absolvant à leur tour les khmers rouges. Tous les paysans khmers étaient identifiés aux khmers rouges, et c’est donc eux qui avaient perpétué un massacre mis sur le compte de la «révolution agraire» et d’un ‘reliquat’ de «communisme primitif» :

«En combattant seuls, les paysans khmers ont réalisé leur révolution radicale, une révolution agraire qui comme toutes les précédentes dans l’histoire humaine se caractérisa par sa violence et sa férocité, par la haine de la civilisation urbaine, … par un naïf égalitarisme ayant encore en mémoire les formes de communisme primitif dans l’exploitation de la terre… Ce n’était pas le socialisme mais l’action d’un État s’appuyant sur des bases socio-économiques agraires – de plus – arriérées, c’était des mesures d’urgence nécessaires à la survie même du nouvel État, intrinsèquement fragile. Les bourgeois et les opportunistes, y compris les Vietnamiens, se scandalisent de la terreur et de la férocité qui se sont manifestées au Cambodge, alors qu’au contraire une telle férocité était nécessaire, proportionnée aux abus et à l’oppression que les paysans khmers avaient subis pendant les longues années d’exploitation coloniale et impérialiste, d’une part, et de l’isolement et de la trahison de la même bourgeoisie vietnamienne qui se prétendait révolutionnaire… Nous croyons que – alors que tous ont condamné le radicalisme social des khmers rouges, funeste présage pour les bourgeois de révoltes agraires dans toute l’Indochine – tous (Chine incluse) ont poussé un soupir de soulagement quand les troupes vietnamiennes sont entrées au Cambodge et se sont révélées être les meilleurs garants du statu-quo social»[19].

La réalité sanglante de l’oppression, qui fut aussi bien sociale que raciale[20], recouvra toute cette sanguinolante logorrhée anti-impérialiste. Néanmoins, aucun des deux tronçons du Parti communiste international n’osa jamais battre sa coulpe sur cet appel à la «terreur rouge» qui fut mis en pratique systématiquement sur le territoire khmer. Il aurait fallu conjointement une réflexion approfondie sur le phénomène génocidaire qui dépassait un entendement plongé dans le formol sectaire, une réflexion aussi sur ces «bourreaux ordinaires» dont la motivation n’était pas la «revanche sociale»[21].

Dans un ultime sursaut, avant la crise finale de 1982, une réunion générale du PCI «programmiste» de l’automne 1979 put proclamer «la fin de la phase révolutionnaire bourgeoise dans le tiers-monde», et donc la vacuité des «révolutions doubles»[22].

Elle concluait par un rejet de facto des thèses de Bakou préconisant « l’union des centaines de millions de paysans d’Orient avec les prolétaires d’Occident ». Désormais, un nouveau cycle mondial s’ouvrait aboutissant «à l’union des centaines de millions de prolétaires des vieux et nouveaux mondes entrainant derrière eux, dans la lutte contre les forteresses impérialistes et toute la chaine mondiale des États bourgeois, les masses aussi nombreuses de paysans pauvres et exploités des continent dominé[23].

L’insurrection de la Pologne ouvrière contre le capitalisme d’État amena le mouvement «programmiste» à publier en différentes langues un Manifeste. Reconnaissant que «s’épuisait le cycle des révolutions anticoloniales», il affirmait que «la société (était) archimûre pour le communisme» et que «c’est vraisemblablement en Europe centrale que se gagnera après une série de batailles menées sur tous les continents la première manche décisive de la prochaine vague révolutionnaire»[24].

À la fin des années 90, devant la montée en puissance du capitalisme chinois, les «programmistes», fort affaiblis, proclamaient la fin des révolutions «national-bourgeoises» : elles devaient s’incliner devant la «jeune taupe» de la mondialisation[25]. Le processus communiste triompherait par «l’institution despotique d’un plan unique mondial qui, en violant les lois du marché, mettra à la disposition de l’ensemble du monde, l’ensemble des richesses aujourd’hui accumulées dans une poignée de pays hyperprivilégiés aux dépens de l’immense majorité des pays économiquement dominés»[26]

Cette conclusion, anticipée par le Manifeste de 1981, se trouvait en pleine contradiction avec la politique «national-révolutionnaire» défendue jusqu’ici par le «Parti» à propos de la question palestinienne.

 

 

 

[1] «Per chi scannano i proletari ebrei ed arabi», Battaglia Comunista n° 19, 3-10 juin 1948, p. 1.

[2] «Non vi sarà pace né nel Medio Oriente, né altrove, finchè regna sovrano dovunque il capitale», Il programma comunista n° 11, 14-28 juin 1967, p. 1. Cet éditorial est probablement de Bruno Maffi qui était le rédacteur en chef.

[3] Le journal français Le Prolétaire n° 45, juillet-août 1967, par contre, soulignait que la «fondation d’Israël est la fausse solution d’un problème social». Le groupe du PCI en Algérie, composé au départ d’un bon nombre de coopérants français et italiens (comme Salvatore Padellaro*), en appelait au rejet de tout patriotisme et à la fraternisation par-delà les fronts militaires : «À vous prolétaires palestiniens, arabes et israéliens, nous disons : Fraternisez, jetez les armes, mieux encore, retournez-les contre vos exploiteurs… Vive la lutte de classe des travailleurs contre la guerre de la bourgeoisie. Vive la lutte pour la révolution sociale».

[4] «Le tesi sulla questione nazionale e coloniale al primo congresso dei popoli d’Oriente (Baku, 1920)», Il programma comunista n° 12, 10 juin 1972; «Il discorso Zinoviev al primo congresso dei popoli d’Oriente», Il programma comunista n° 14, 8 juillet 1972; «Le tesi sulla questione nazionale e coloniale al primo congrosso dell’Internazionale comunista», Il programma comunista n° 16, 29 août 1972, p. 2.

[5] «Filisteismo della non violenza» [Philistinisme de la non-violence], Il programma comunista n° 18, 27 sept. 1972, p. 1. Voir aussi : «De l’attentat de Munich à la guerre du Liban», Le Prolétaire n° 135, 2-15 oct. 1972.

[6] Souligné par nous. «Ancora il Medio Oriente», Il programma comunista n° 19, 11 oct. 1973, p. 1; «Le Moyen-Orient en flammes», Le Prolétaire n° 159, 22 oct.–4 nov. 1973. La version italienne avait ajouté comme ‘ennemi de classe’ : «l’ignoble sanhédrin [tribunal religieux et civil] de leurs propres exploiteurs». Ce membre de phrase a disparu de la version française.

[7] «Le conflit du Proche-Orient : pourquoi les révolutionnaires sont dans le camp des pays arabes», Lutte de classe n° 14, nov. 1973 [Mensuel de l’organisation trotskyste française «Lutte Ouvrière»]. Et d’ajouter : «La lutte d’émancipation des pays du Moyen-Orient, dans le contexte actuel de la domination impérialiste, passe peut-être par la guerre contre Israël. Mais la guerre contre Israël n’est pas un moyen d’abattre et de détruire l’impérialisme» [Souligné par nous].

[8] «Face sanglante du Moyen-Orient, cynisme d’une guerre, cynisme d’une paix», Le Prolétaire n° 160, 5-18 nov. 1973.

[9] Cf. l’article de Chardin  : «Misère de l’invariance», qui soulignait «l’abandon du terrain de classe» du Moyen-Orient au Chili. Cet article brocardait les «petits écrivains du Prolétaire qui réclament des mouvements ‘audacieux’, ‘despotiques’ de ‘jacobins’ et de ‘sans-culottes’», qui «substituent la guerre des races à la guerre des classes» et s’accrochent, en mauvais acrobates, à «une invariance mythique d’un programme invariant qui n’a jamais existé». L’auteur lâchait in fine un petit ‘mot de Cambronne’ : «à force d’être con, on devient odieux» [Révolution internationale n° 8, Paris, mars-avril 1974, p. 10-16]. 

[10] «Honneur à Luanda et aux prolétaires d’Afrique noire», Le Prolétaire n° 214, 21 février-5 mars 1976, p. 1-2.

[11] Issu du Parti communiste d’Angola, le MPLA avait été fondé en décembre 1956. Établissant son siège à l’extérieur de l’Angola portugaise autant à Alger qu’à Conakry, il reçut l’appui de l’impérialisme russe, tandis que le mouvement rival le FNLA recevait celui de la Chine, du Congo-Kinshasa de Mobutu et des USA. De 1975 à 1992, le MPLA, soutenu par la Russie et Cuba, gouverna le pays, sous forme de parti unique. En 1976, le MPLA et les troupes cubaines (Operación Carlota) contraignirent l’armée sud-africaine à se retirer du territoire angolais, laissant ses rivaux l’UNITA et le FNLA sans autre appui que celui des Américains et des Chinois. Sous la présidence de Ronald Reagan (1981-1989), les Sud-Africains reçurent tout l’appui américain nécessaire pour pénétrer militairement en Angola. Appuyés par le FNLA, ils furent défaits par l’armée cubaine, qui comprenait plus de 30.000 hommes, à la bataille de Cuito-Canavale (12-20 janvier 1988). Dans le contexte de l’effondrement du bloc soviétique et du régime raciste d’apartheid en 1991, la « guerre froide » prit fin… pour quelque temps. Un gouvernement d’union nationale avec l’UNITA et le FNLA se forma, où ils ne jouèrent qu’un rôle fantôme. Le MPLA est aujourd’hui membre de l’Internationale socialiste. La guerre civile, en fait une guerre entre grandes et petites puissances impérialistes, où intervinrent toutes les grandes puissances, laissa un million de morts. Le seul «honneur des prolétaires africains», célébré par le PCI en 1976, fut celui d’avoir été massacrés pour une cause et des intérêts qui n’étaient pas les leurs.

[12] Ibid. Souligné par nous.

[13] L’UPC, parti nationaliste camerounais, avait été fondé en 1948. Soutenu par Pékin, il s’insurgea contre le pouvoir colonial français dès 1955 puis contre les nouveaux dirigeants camerounais soutenus par la France. L’un des chefs de la guérilla UPC, Félix-Roland Moumié, fut empoisonné à Genève par les barbouzes français en octobre 1960. Un autre dirigeant, Ernest Ouandié, fut fusillé le 15 janvier 1971 sur ordre du dictateur Ahmadou Ahidjo, qui conserva le pouvoir jusqu’à novembre 1982.

[14] Ibid. Souligné par nous.

[15] «Angola: independenza nazionale tra il fuoco incrociato del imperialismo», Il Partito Comunista n° 18, Florence, février 1976, p. 2-3; «Angola: La borguesia nazionale rinuncia alla rivoluzione», Il Partito Comunista n° 6, février 1975 : «Guerre sainte contre l’impérialisme». Souligné par nous.

[16] «La LCR et le Kampuchéa révolutionnaire, une caricature d’internationalisme», Le Prolétaire n° 225, 24 juillet-3 sept. 1976, p. 4. Souligné par nous.

[17] Ibid. Souligné par nous.

[18] «Le socialisme est internationaliste et international ou il n’est pas», Le Prolétaire n° 286, 24 mars-6 avril 1979, p. 1.

[19] «Nella guerra d’Indocina affonda il mito del socialismo vietnamita», Il Partito Comunista n° 54, Florence, février 1979, p. 2. Souligné par nous.

[20] Cf. Ben Kiernan, Le Génocide au Cambodge, 1975-1979. Race, idéologie, et pouvoir, Gallimard, Paris, 1998.

[21] On peut lire ce compte rendu clinique d’un psychiatre français, en contact avec des réfugiés khmers : « (Les bourreaux) ignorent la dialectique et ne sauraient faire la différence entre un crime politique et un assassinat crapuleux. Ils n’ont pas été formés à l’école du parti (sic). Nombreux viennent des campagnes et furent avant tout de bons riziculteurs, de bons voisins aussi, partageant leurs maigres revenus avec leurs proches… sans haine, ni passion, sans désir de revanche sociale, sans plaisir non plus, ils tuent bien plus d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards que leur mémoire ne leur permet aujourd’hui de comptabiliser. Approximativement deux mille de ses propres mains, dira l’un d’entre eux… En fait, il ne sait pas, le nombre, il a oublié». Quant à la classe dirigeante khmère rouge, dirigée par Pol Pot, elle «ne considérait les vivants destinés à la destruction que comme des cadavres en puissance» [Richard Rechtman, «Faire mourir et ne pas laisser vivre. Remarques sur l’administration génocidaire de la mort», Revue française de psychanalyse, PUF, mars 2016, n° 1, tome LXXX, p. 137-148].

[22] «La fin de la phase révolutionnaire bourgeoise dans le ‘Tiers Monde’», Programme communiste n° 83, juillet-septembre 1980, p. 23-58.

[23] Ibid.

[24] Brochure n° 17, De la crise de la société bourgeoise à la révolution communiste mondiale. Manifeste du Parti Communiste International. 1981 (supplément au n° 332 du Prolétaire, 20 mars-2 avril 1982). Ce Manifeste devait être publié en 10 langues, dont le farsi, l’arabe et le turc.

[25] C’est ce que souligna avec force dans les années 90, l’organe «programmiste» italien : «E’ al lavoro la talpa della ‘globalizzazione’ capitalistica», Il programma comunista n° 11/12, déc. 1997. En français : «La taupe de la ‘globalisation’ capitaliste est au travail», Cahiers internationalistes n° 5, Milan, printemps 1998, p. 1-3.

[26] Ibid.

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