Le texte ci dessous fut l'objet d'un débat avec un dénommé « Luniterre » et sa théorie Banco- centralisatrice qu'il oppose à la grande dévalorisation de Ernst Lohoff, Norbert Trenkle . L’intérêt de ce débat est de hisser la critique de l' économie capitaliste à ses frontières, celles d'un capital fictif aux abois présageant la crise catastrophique finale du capital et sa fuite vers la guerre. Actuellement les bourses mondiales dévissent et un Krach mondial est déjà opérant,
Le texte ci dessous de 2020 était resté en attente
Le Covid est, bien évidemment à l' échelle mondiale ce « marché » dont ils vont chercher à tirer profit ( cela ne veut pas dire qu'ils (les capitalistes) vont y parvenir tout dépendra des réactions populaires. Je dis populaire car il n'y aura pas que le prolétariat concerné, mais aussi la classe moyenne salariée CMS,les petits entrepreneurs et tout ceux qui seront victime de la « nouvelle économie ». Il y a encore dans les pays de l'OCDE des réserves en épargne que le capital est en mesure de pomper ( son dernier recours).
Le mouvement des gilets jaunes caractérisé d' atypique fut de ce type.
La période actuelle marque l'échec de l'économie du développement. Aussi bien du nationalisme économique des ex-colonies et des pays de l'Est que l'activité des institutions internationales d'aide au développement. Elles ont été incapables de développer des pôles nouveaux d'accumulation qui puissent servir de marché pour le capital.
Les eldorados capitalistes successifs qu'ont été le Mexique, le Brésil, certains pays d'Afrique se sont rapidement effondrés sous le poids de leur endettement et de termes de l'échange systématiquement défavorables.
Gerard Bad:L' endettement international et l'échappatoire de la planche à billet.
La région de l'Asie du Sud-Est mériterait de ce point de vue une étude particulière, pour déterminer dans quelle mesure l'accumulation du capital y est plus équilibrée,d'une part, et d'autre part pour savoir dans quelle mesure ce développement - tant qu'il dure – ne résulte pas simplement d'un processus de délocalisation à partir d'autres zones, le cas du Vietnam et de l' Ethiopie. Tels sont donc les éléments qui illustrent et résument le caractère déséquilibré de l'accumulation du capital dans la période actuelle. Il y a déséquilibre, non seulement au sens social ,mais aussi au sens où la production effective de plus-value est insuffisante pour justifier les anticipations que le système du crédit fait sur cette production: la dette s'accumule de façon inexorable, et rien ne permet de penser que les créanciers recouvreront un jour la totalité de la valeur qu'ils ont avancée. Autrement dit par Loren :
« Il s’agit maintenant de montrer comment et pourquoi la transformation keynésienne de l’état capitaliste entre 1933 et 1945, était l’expression nécessaire de la domination formelle/ plus value absolue et la domination réelle/plus value relative. L’ Etat Schachto-Keynésien1 de 1933-45, et l’état keynésien mur d’après 1945, apparaît au moment ou la composition organique du capital, globalement, est suffisamment élevée pour que toute innovation technologique visant la plus value relative tend à dévaloriser-transférer en fictivité- davantage de capital fixe qu’elle n’en produit de plus value apte à être transformée en profit, intérêt et rente foncière. » Cet Etat a pour fonction d'organiser la dévalorisation permanente de la force de travail à l'échelle globale, pour empêcher la dévalorisation du capital. (Remarque sur la transformation de l'Etat capitaliste dans la phase de la plus-value relative Loren Goldner )
Actuellement le Capital fictif cherche une porte de sortie, en considérant la dette comme perpétuelle « non remboursable » en théorie. Mais il va chercher à recouvrer cette dette au maximum, peu importe de quelle façon, C' est l'objectif de la nouvelle économie du capitalisme vert, du big pharma et du contrôle planétaire par la 5G.
Comme tu l' affirmes, cette issue est complètement bouchée, mais le capital va tout tenter pour éponger sa création monétaire à perpétuité, c'est ici que nos divergences se font jour, toi tu penses qu'ils ne peuvent plus pomper les populations « nos maigres revenus ».
Réponse de Luniterre
« Tu cherches désespérément les moyens par lesquels la bourgeoisie forcerait le prolétariat à « rembourser la dette »…Tu en cites quelques uns, bien réels, mais sans vouloir voir la démesure entre ce qu’ils pourront « rapporter » et le gouffre actuel de la dette, qui ne cesse pas, pour autant, de se creuser ! »(...) « C’est carrément vouloir vider la mer avec une petite cuillère, ou même avec une louche, en ce qui concerne nos maigres revenus prolétariens, mais quand, d’un autre côté, ce sont des torrents de dettes qui s’y déversent. »
Réponse G,Bad
Avant de parvenir à la situation que tu décris « 'impossibilité de rembourser les dettes » en fait « la crise finale du capitalisme » qui d'ailleurs est déjà en phase de décomposition par manque de plus-value. Les contretendances étant devenues inopérantes, pour éponger une mer à écoper à la petite cuillère comme tu le dis. Cette mer , l' endettement mondial est actuellement de 250 000 Milliards de dollars (selon les données préliminaires de l'Institute of International Finance (IIF) pour 2019 ) elle est en 2024 de 320 000 milliards. Ce chiffre bien qu’impressionnant nécessiterait une analyse dans le détail puisque un pays endetté comme la Chine détient de la dette américaine, que la dette chinoise permet son expansion économique ( route de la soie )...
L'océan des 250 000 Milliards nécessite de le disséquer, car tu conviendras qu'il y a plusieurs sorte de dettes.
http://www.chine-info.com/french/Rs/Ec/20190716/326113.html
Si l'arc historique est juste, tu te trompes en pensant qu'il n'y a plus rien à pomper, ils peuvent encore paupériser les classes moyennes,les retraités, les petits capitalistes (la pléthore) ...et l' épargne mondiale.
Il va y avoir une montée en puissance des luttes sociales des populations justement de plus en plus paupérisées, précarisées et surnuméraires qui vont devoir s' affronter aux états et s'y affrontent déjà, tel est l' essor spontanée et historique des mouvements de masse qui viennent se briser régulièrement sur les falaises du capital , le menaçant de destruction, d' anarchie. La tâche de l' heure n' est pas revendiquer un contrôle du crédit, qui d' ailleurs ne peu se faire que dans un contexte où la révolution sociale qui se sera débarrassé des appareils d' état à l' échelle mondiale.
Ta découverte du Banco- centralisme, c' est à dire du déficit croissant de « plus value réelle » était déjà inscrit dans l' avènement de la machinerie, c' est à dire selon Marx des la crise de 1825, mais il y avait encore loin de la coupe aux lèvres et Marx et Engels feront leur autocritique « L'histoire nous a donné tord à nous et à tous ceux qui pensaient de façon analogue. Elle a montré clairement que l' état de développement économique sur le continent était alors bien loin d'être mûr pour la suppression de la production capitaliste ; elle l'a prouvé par la révolution économique qui depuis 1848 a gagné tout le continent et qui a véritablement donné droit de cité qu' à ce moment à la grande industrie ... » (Introduction de F Engels a « luttes de classes en France ». Comme quoi « anatomie de l' homme explique l' anatomie du singe » s'applique aussi à l' évolution des forces productives.
C'est seulement après la seconde guerre mondiale que le coup de boutoir décisif de la domination réelle du capital va se faire. Il aura sa consécration par l' abandon de l' étalon change or qui donna aux USA l' autorisation d'imprimer de la monnaie universelle à gogo. Ce n' est d'ailleurs pas un hasard, si régulièrement il est question de remise en cause du dollar pour un panier de monnaie. Le système du QE et de la dette à perpétuité n' est que la poursuite de cette course folle pour le maintien du capitalisme. La victoire de la domination réelle du capital et en même temps sa perte, il est vraiment la fin de l'histoire de son histoire.
K.Marx, considérait que c' est après la crise de 18251 que s' ouvre le cycle périodique de la vie moderne du capital, c'est à dire de la soumission réelle du travail au capital. Ce passage d' une forme d' exploitation basée sur le force de travail créatrice de plus value absolue par le truchement du surtravail existe toujours dans le monde, c'est celle de l' augmentation du taux de profit par l' allongement du temps de travail. Ce qui change c' est sa place au sein du procès de production.
« Dés lors, le procès de production cesse d' être un procès de travail, au sens où le travail en constituerait l' unité dominante. Aux nombreux points points du système mécanique, le travail n' apparaît plus comme être conscient, sous forme de quelques travailleurs vivants. Éparpillés, soumis au processus d' ensemble de la machinerie, ils ne forment qu'un élément du système, dont l' unité ne réside pas dans le travailleurs vivants, mais dans la machinerie vivante (active) qui par rapport à l' activité isolée et insignifiante du travail vivant, apparaît comme un organisme gigantesque. » (K Marx Grundrisse 3chap. Du Capital ed. 10/18 ,p.328
Cette perte de centralité du prolétariat2 au sein du MPC est la conséquence de la baisse tendancielle du taux de profit, nous pouvons donc considérer que « la baisse tendancielle du taux de profit « compensée par sa masse » est une identité des contraires ,le pôle positif étant la plus value absolue et le négatif la plus value relative les deux termes entrent en conflit devant provoquer un saut qualitatif issu de ce conflit, c' est à dire une révolution sociale car il faudra bien un jour exproprier les expropriateurs.
Il ne faut pas voir dans cette perte de centralité du prolétariat au sein du MPC un affaiblissement de celui-ci, mais un affaiblissement des gestionnaires de la force de travail « les syndicats » et sur le plan politique celui de la « démocratie politique » poussée de l' abstention, rejet du parlementarisme, des partis. Les prolétaires du monde occidental pensent que leur travail se délocalise de plus en plus et que de jour en jour ils perdent leurs acquis au profit de classes bourgeoises montantes dans les pays émergents.
En réalité il y a une nouvelle restructuration du capitalisme mondial dite « mondialisation » où les forces productives d' occident se déplacent vers la haute technologie, même sur le plan militaire laissant derrière elle une population surnuméraire facteur de révolution sociale. En effet sous la domination réelle du capital « Le temps est tout, l'homme n'est plus rien; il est tout au plus la carcasse du temps. Il n'y est plus question de la qualité. La quantité seule décide de tout : heure pour heure, journée pour journée; mais cette égalisation du travail n'est point l'œuvre de l'éternelle justice de M. Proudhon; elle est tout bonnement le fait de l'industrie moderne. » K.Marx, Misère de la philosophie ed. Sociale, p.64)
Quand Marx a écrit cela, il était considérablement en avance sur son temps. Il faudra attendre la crise de 1929 pour que se manifeste dangereusement, cette mise hors circuit de millions de travailleurs. La crise qui secoua le monde capitaliste dans ses centres historiques ; suivi par un chômage de masse confirmait la théorie selon laquelle il y a accumulation de la richesse à un pôle et la pauvreté à l' autre. Durant cette crise, comme en témoignera Paul Mattick le mouvement révolutionnaire resurgissait ( voir les IWW aux USA) et avec lui l'idée que le capitalisme n' en avait plus pour longtemps, son effondrement était proche. Le chômage n' était plus seulement structurel mais chronique. Ceci inquiéta non seulement Keynes, mais aussi Eugène Varga3 économiste de l' Internationale communiste.
la période Keynésienne donna l' impression avec les trente glorieuses que le capitalisme était en mesure de satisfaire au plein emploi et la consommation de masse. La crise de 1929 avait pourtant secouer le monde capitaliste dans ses centres historiques et la reprise ne se fit pas rapidement « le problème du chômage ne fut pas résolu avant que l'approche de la Deuxième Guerre mondiale eût contraint les gouvernements à réaliser ce qu'ils n' avaient pas voulu ou pu entreprendre pendant la dépression. » (Mattick, Marx et Keynes, ed. Gallimard, p.148)
Mattick dans son livre Mars et Keynes dans un contexte d'expansion du capitalisme monopoliste d' état avait prévu que le Keynésianisme aurait une fin.4 .Nous pouvons sans trop nous tromper dire qu' effectivement la vague monétariste anti-inflation visait la restauration des taux de profits, par un réajustement des coûts des états providence de l' OCDE. Malgré une offensive économique sans pareil contre le monde du travail , le capital ne fut pas en mesure d' empêcher la crise de 2007/2008 qui perdure encore actuellement.
Un rapport publié par l' OIT constatait avec une certaine inquiétude le déclin des classes moyennes en occident .Le rapport cite l'exemple de l'Espagne où les ménages à revenus intermédiaires ne représentent plus que 46% de la population active fin 2010, contre encore 50% en 2007. Aux Etats-Unis, la part des ménages aux revenus moyens est tombée de 61% à 51% entre 1970 et 2010. Or, l'affaiblissement des classes moyennes dans les économies développées est un sujet de préoccupation "pour des raisons économiques", souligne l'OIT, car "les décisions d'investissement à long terme par les entreprises dépendent aussi de la présence d'une vaste et stable classe moyenne qui soit en mesure de consommer", analyse Raymond Torres, chercheur à l'Organisation. Il convient donc de soutenir cette classe de revenus, afin de créer un cercle vertueux de croissance. Les chiffres ci dessus datent, mais la tendance se poursuit.
Pour conclure provisoirement notre débat, il faut dénoncer régulièrement toutes les tentatives ( souvent par la fiscalité et taxation...) des états à éponger leur dette. Voir la constitution réelle de ces dettes afin de vérifier ce que nous avançons « le manque de plus-value » et la fuite du capital dans la fictivté.
G.Bad le18 octobre 2020
1 Hjalmar Schacht était le président du Reishsbank allemand de 1923-1930, et puis ministre des finances d’Hitler de 1933 à 1938. Devenu célébre pour son assainissement financier de l’économie allemande lors de l’hyperinflation de 1923, son rôle dans le régime nazi était tout à fait innovateur : c’est lui qui a organisé une circulation massive de valeurs fictives ( les fameux Mefeweshsel) souscrites par l’état qui ont relancé l’économie allemande et la production d’armements comme l’ont fait tous les états capitalistes en 1937/1938.
1« D' un coté, la grande industrie sortait à peine de l' enfance, car ce n' est qu' avec la crise de 1825 que s'ouvre le cycle périodique de sa vie moderne. »Postface de la deuxième édition allemande du Kapital 24 janvier 1873
2« Désormais, le travail individuel cesse, en général, d' apparaitre comme productif. Le travail de l'individu n' est plus productif que dans les travaux collectifs s'assujettissant les forces de la nature ».. (K Marx Grundrisse 3chap. Du Capital ed. 10/18 ,p.333
3Figure importante de l'Internationale communiste, il a été le collaborateur de toutes les Directions qui se sont succédé à la tête du Parti communiste de l'Union soviétique et de l’Internationale - de Lénine jusqu’à Khrouchtchev. Souvent attaqué pour opportunisme « de droite », plusieurs fois disgracié, il est toujours revenu dans le cercle dirigeant, mettant son expertise au service de la Direction en place.
4Voir son livre Marx et keynes ed. Gallimard
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