Philippe Bourrinet
Première édition : octobre 1923
Édition vérifiée et complétée : avril 2024
ACKERMANN [= OTTO GOTTBERG]
ADRIAN
AAUD, Saxe Orientale, délégué à la 3° Conférence nationale de l’AAU à Leipzig (12-14
décembre 1920), « refuse en général les partis, car les partis ont toujours échoué par le passé
et échoueront nécessairement aussi à l’avenir. Les partis sont superflus, y compris le KAP,
étant donné que la tâche de l'Union est d'unir le prolétariat en tant que classe… Le KAP, en
tant que mère de l’AAU, est une vieille personne et elle doit mourir ». Comme délégué à la 4°
Conférence nationale de l’AAU à Berlin (12 juin 1921), il a défendu la même position.
« [Adrian] a parlé contre la nécessité d’organisations politiques indépendantes. Ce sont
précisément les partis qui sont le grand obstacle à l’unification du prolétariat. Le KAPD tout
particulièrement ne pourrait pas demeurer viable s’il ne pouvait pas s’appuyer sur l’AAU...
Le KAPD ira lui aussi au Parlement plus tard. Ce que le parti pratique ici, c’est le prélude à
la vente de l’AAU à Moscou… Tôt ou tard, le parti lancera … une attaque contre l’AAU et il
faut parer à cela. ».
AHLERS, JOHANNES (1884 – 1946)
Journaliste, écrivain, Hambourg-Wandsbeck. 1919 KPD, rédacteur du Hamburger KAZ,
1920, AAUD/KAPD et “national-bolchevik”, après le congrès du KAPD d’août 1920, il est
resté dans le parti. Le 9 septembre 1921, il a démissionné du KAPD lors d'une manifestation,
peu avant le congrès du KAPD, et il a fait l'éloge de la vertu du Dr. Ernst Meyer, membre de
la Centrale du VKPD :
« Le Dr. Ernst Meyer est peut-être l’homme le plus radical dans le KPD. Depuis la
fondation du VKPD, dans lequel il a refusé avec fermeté toute poste politique d’importance et
il n’a joué que le rôle de l’observateur muet, il s’est tenu dans une opposition durable vis-àvis
du Dr. Paul Levi, qu’il a toujours traité ouvertement d’opportuniste ». Wilhelm Fuchs de
l’AAUE de Hambourg décrivait Ahlers en 1925 comme étant vraisemblablement un indic.
Le même Johannes Ahlers traduisait des textes rédigés en français et il publiait des livres de
voyage. Il a édité en allemand en 1930 le livre du professeur de dessin et archéologue suisse
Ernest Mamboury (1878-1953), qui enseignait à Istamboul : Constantinople : guide
touristique, Rizzo, Constantinople 1929 ; durant l’époque nazie, il a publié en 1935 : Polen :
Volk, Staat, Kultur, Politik und Wirtschaft [Pologne : Peuple, État, politique, culture et
économie] qui a été édité par le Berliner Zentralverlag.
ÄHRENS KÄTHE (25.06.1888 – 4.06.1957)
Compagne d’Hugo Wahl, né à Brême, membre des “radicaux de gauche brêmois” et
responsable de la distribution de la revue Arbeiterpolitik publiée par ce groupe ; elle avait
aussi caché des déserteurs dans sa maison et elle avait été condamnée en 1916 à Brême, en
même temps que deux autres femmes.
Elle a été membre fondatrice du groupe des Internationale Kommunisten Deutschlands
[Communistes Internationaux d’Allemagne] (IKD) et, en novembre 1918, avec Gesine Becker
(1888-1968) et Minna Otto, l’une des trois déléguées femmes faisant partie du Conseil des
ouvriers et des soldats brêmois ; elle a été l’unique membre féminin du Comité d’action de ce
conseil qui en comptait 21. Au printemps 1919, elle est devenue la seconde secrétaire du
KPD. C’est à l’automne 1919 qu’elle a effectué sa sortie du KPD. En avril 1920, membre du
KAPD et à partir de 1921 trésorière du KAPD à Brême. À la fin des années 20, elle était
encore trésorière du petit groupe qui restait du KAPD de Brême. Elle est morte en 1957 à
Munich.
ALBANI, MAX (1906 – ?)
Tourneur, avant 1931 AAUE (et ensuite KAU ?) à Altenberg (Dresde) ; après 1945 Plauen
(Chemnitz), contact avec le Gruppe Internationaler Sozialisten [Groupe des socialistes
internationaux] (GIS).
ALPHA [= WALTER AUERBACH]
AMBERGER MAX (1900 – ?)
Berlin, 1920-1933 ? KAPD/AAU, ami d’Alfred Weiland, après 1945 GIS/SWV, 1946 SED.
AMBS, HANS (5.06.1898 – 8.10.1962)
Serrurier, né à Augsbourg, unique enfant d’un maître serrurier ; il a appris le métier de
serrurier de chantier. Enrôlé comme matelot en mars 1917 après un an de compagnonnage.
Après une formation à la 1° Division de chantier naval de Kiel, service dans la demi-flottille
impériale de Méditerranée. En octobre 1918, retour à Kiel. L’insurrection des marins a eu une
influence décisive sur la vie ultérieure d’Ambs et il a adhéré en janvier 1919 l’USPD et en
janvier 1920 au syndicat. À partir de 1919, il a travaillé à Rostock dans différents chantiers
navals en tant que serrurier. En 1920, passage au KPD. En 1923, Ambs a fréquenté pendant
trois mois l’école du parti du KPD à Iéna. Il a été élu en février 1924 au Landtag du
Schleswig-Holstein.
Après la Lettre ouverte de 1925, il a milité dans l’Opposition de gauche, et il a fait partie de
l’“Entschiedene Linke” [Gauche décidée] regroupée autour de Karl Korsch* et d’Ernst
Schwarz*, et c’est la raison pour laquelle il a été exclu du KPD le 20 août 1926. Il a gardé des
liens avec des groupes de gauche (Leninbund, KAPD, etc.) mais il n’a plus été politiquement
actif.
Après avoir fréquenté les écoles du soir, Ambs a passé l’examen de maître en 1930 et il est
parti pour Berlin où il a travaillé pour différentes firmes. En 1942, il a été enrôlé dans l’armée,
et à la fin de la guerre il était caporal-chef. En 1945, déménagement à Eckenförde, et de
nouveau membre du KPD. Ambs a été délégué au Congrès du KPD qui a eu lieu à Berlin en
avril 1946. Il est devenu le deuxième président du syndicat des métallos à Eckenförde,
administrateur adjoint du district, et, en 1946, comme membre du KPD, nommé par la
puissance occupante député au Landtag du Schleswig-Holstein, de même qu’en 1946/47
membre du Conseil consultatif de zone pour la zone britannique pour la réorganisation des
Länder. En 1949, Ambs quittait le KPD et, en mai 1950, il rejoignait le SPD. En octobre
1953, il est devenu la mandataire de l’IG Metall, au bureau administratif de Nordenham
(Basse-Saxe). Il est mort le 8 octobre 1962 à Nordenham.
ANZICK
KAPD-Jugendorganisation [Organisation de la Jeunesse du KAPD] (KAJ), délégué au
Congrès du KAPD en septembre 1921.
APPEL, JOHANNES JOACHIM WILHELM [JAN] (22.08.1890 – 4.05.1985) alias JAN
ARNDT, MAX HEMPEL, JAN VOS
Fils de Friedrich Appel et de Louise Ohle, né dans un village situé dans les environs de
Wittenbourg dans le Mecklembourg ; ouvrier dans la construction navale, métallurgiste ;
membre du SPD depuis 1908. Durant la I° Guerre mondiale, il a fait partie de l’avant-garde
des radicaux de gauche à Hambourg ; en 1918, il a été président des Hamburger
Revolutionären Obleute [Coordinateurs révolutionnaires hambourgeois] et membre du
Spartakusbund [Ligue Spartacus], en 1919 président du KPD de Hambourg et rédacteur du
Bulletin d’information du KPD.
En avril 1920, membre fondateur du KAPD et membre du GHA. En mai 1920, avec Franz
Jung* (et Hermann Knüfken* en tant qu’unioniste et membre de la Ligue des marins), il a été
envoyé, comme délégué du KAPD, à Moscou afin de participer au II° Congrès mondial du
Komintern. Là-bas, il a discuté avec des dirigeants du Komintern comme Lénine, Boukharine
et Radek. Comme Lénine avait terminé sa brochure “Le gauchisme, la maladie infantile du
communisme”, il a fait passer à Appel, à Jung et à Knüfken, le manuscrit en allemand avec
cette remarque : « Vous devez me donner ouvertement votre opinion, même si vous n’êtes pas
d’accord avec les différents points que j’ai traités ».
Revenu en Allemagne, il est devenu un opposant résolu au national-bolchevisme. Au cours
du Congrès du KAPD en août 1920, il a rejeté tout compromis avec le national-bolchevisme
hambourgeois :
« Nous disons, et c’est en cela que nous sommes des marxistes, que le but n’est pas l’unité
de la nation, mais que c’est la domination de la classe ouvrière, et pas seulement dans un seul
pays, mais dans le monde entier. Ce but n’existe pas seulement là où la classe ouvrière a le
pouvoir, mais aussi dans les autres pays. Nous devons compter sur cela. C'est pourquoi nous
ne disons pas : unité de la nation, mais : domination du prolétariat international ». Il a
également critiqué résolument un rapport de Franz Jung relatif à leur visite en Russie, qui
déclarait à ce Congrès que la Révolution d’Octobre n’avait été qu’un putsch :
« Je dois tout d’abord répondre aux explications de Jung qui y indiquent que la Révolution
d’Octobre en Russie doit être considérée comme un putsch. Tout camarade qui a suivi
l’histoire de la Russie sait que la révolution en Russie est en déjà en cours depuis l’année
1905. Et donc parler d’un putsch est un peu fort. Les choses se sont déroulées de telle façon
que les bolcheviks ont su exprimer la volonté de la population laborieuse, et aussi celle des
paysans en Russie, et lancer des slogans. Ils n’étaient pas un très grand parti, mais ils
raisonnaient juste. Ils ont gagné la confiance des masses. Et là-dessus, il y a eu la révolution,
mais pas un putsch. Et donc les travailleurs ont pris le pouvoir en Russie. Ils l’ont encore
aujourd'hui. Ils ont organisé l’Armée rouge et elle n’est pas la convergence de toutes les
armées possibles. Elle est la troupe de base du prolétariat. ».
Plus tard, sous le pseudonyme de Jan Arndt (délégué de l’Allemagnes centrale), il a
participé à la III° Conférence nationale de l’AAUD (12-14 décembre 1920 à Leipzig). Il était
un partisan résolu du centralisme et il rejetait de même le soi-disant “contrôle de la
production”.
« (Arndt) s’oppose à une organisation décentralisée de l’Union et il souligne que l’État,
avec l’Orgesch, la police d’entreprise, les nouveaux règlements d’arbitrage, prend des
mesures parfaitement centralistes à l’encontre des prolétaires en grève... il constate que le
mot d’ordre de “contrôle de la production” aboutira nécessairement au fait de proposer aux
ouvriers une nouvelle mouture des anciens slogans de la majorité socialiste, d’intéresser les
ouvriers à une production accrue. Il en arrive à la conclusion et il réclame une structure
centralisée de l’Union, qui seule pourra convenir à une direction unitaire et à la réalisation
des actions nécessaires à venir. ».
En juillet 1921, il a été délégué du KAP au III° Congrès du Komintern, avec Alexander
Schwab*, Bernhard Reichenbach*, Ludwig Meyer*, Fritz Kunze*, Anna Classe-Lange* et
Käthe Friedländer-Ruminova*. Il y a défendu les actions de Max Hölz en Allemagne centrale,
lesquelles auraient été diffamées dans le télégramme du Congrès : « Il est dit dans ce
télégramme que Hölz ne s’est laissé guider que par son désir de vengeance vis-à-vis de la
bourgeoisie. Ce n’est pas le cas… Tous les actes, toutes les actions, que Hölz a menés dans
les derniers combats de Mars se sont situés dans le champ de vision, et ils se sont déroulés du
point de vue de la révolution prolétarienne… Max Hölz a exécuté et défendu la tactique du
KAPD (bruits et contradictions). ».
Appel défendait avant tout l’idée d’un « parti hautement entraîné et doté d’un noyau acier »,
d’une organisation centralisée et disciplinée :
« Ce dont le prolétariat a besoin, c’est d’un parti hautement entraîné avec un noyau
d’acier. C’est ainsi qu’il devrait être. Chaque individu communiste devrait être un
communiste pleinement formé, tel est notre but, et il devrait être capable de remplir un rôle
dirigeant dans quelque position qu’il se trouve. Il devrait être capable de s’opposer à toutes
les attaques dans toutes les conditions, dans toute lutte où il est impliqué, et ce qui lui donne
une base, ce qui le tient droit, c’est son programme. C’est aussi ce qui le contraint d’engager
des négociations, qui ne peuvent être que les décisions que ses camarades ont prises. Ici la
discipline la plus forte doit prévaloir ».
Lors du Congrès du KAPD en septembre 1921 à Berlin, c’est sous le pseudonyme de JAN
ARNDT qu’il a fait un rapport sur la question des chômeurs. Il était partisan de la création
d’une nouvelle Internationale, la IV° : « Nous devons poursuivre notre chemin, et l’on peut
dire ce que l’on veut, mais nous devons créer l’Internationale Ouvrière Communiste ».
De 1921 à 1923, il a été rédacteur de la revue du KAPD de Dusseldorf : Klassenkampf
[Lutte des classes]. Il y a vécu dans des conditions difficiles : occupation française, montée du
nationalisme, faim, inflation monstre, situations critiques.
En novembre 1923, il a été arrêté sous le nom de Jan Arndt dans la zone d’occupation
française. La raison en était le vol d’un fromage à un trafiquant. Sa véritable identité a été
bientôt découverte et, en 1924, il a été condamné à deux ans et un mois de prison à cause du
détournement du bateau à vapeur du sénateur Schröder en 1920, qui avait eu lieu afin de
pouvoir rejoindre Moscou pour le Congrès du Komintern. C’est durant sa détention à
Hambourg qu’il a étudié intensément le Capital de Marx et c’est dans ce contexte qu’il a
rédigé la première ébauche du texte fondateur de la formation de la théorie communiste des
conseils : “Principes fondamentaux de la production et de la distribution communistes”. Le 25
décembre 1925, il a été relâché. En avril 1926, il a émigré aux Pays-Bas et il a travaillé
comme ouvrier des chantiers navals à Zaandam, un bastion du communisme radical de
gauche. Il a été actif à partir de 1927 dans les GIK/GIC avec Henk Canne-Meijer (1890-
1962), Piet Coerman (1890-1962), Anton Pannekoek, et plus tard avec les plus jeunes Bruun
van Albada (1912-1972), B. A. Sijes (1908-1981), etc.
Les “Principes fondamentaux” qui, après discussions dans les GIK, ont été révisés, sont
parus en 1930 en allemand à Berlin (maison d’édition de l’AAU) et en 1935 en néerlandais
(auteurs : Jan Appel, Hank Canne Meijer et autres).
À la Pentecôte de 1927, Jan Appel a discuté avec Hermann Gorter à Bussum à propos des
“Principes fondamentaux”. Il y a eu une divergence complète. Gorter a exprimé son total
accord avec le texte de Lénine : “L’État et la révolution” : la production “socialiste” devait
être organisée selon le modèle de la poste et des chemins de fer allemands durant la I° Guerre
mondiale.
En décembre 1931, Appel, avec Canne-Meijer, il représentait les GIC néerlandais lors de la
Conférence de fondation de la KAU allemande. Dans la discussion, il a défendu sa propre
conception d’une activité centralisée dans les groupes communistes des conseils :
« La méfiance de Berlin et son opinion contraire à l'égard de la décentralisation existent
parce qu'elle conduit au rejet total du fichage central. Dans le fichage central, nous
cherchons la sécurité au moyen des quartiers. Le transfert de la responsabilité à un groupe
local offre la meilleure garantie pour l’empêchement de la dictature par les institutions ».
En 1933, la justice nazie a réclamé l’extradition de Jan Appel auprès des autorités
néerlandaises. Il a dû entrer en clandestinité et prendre une nouvelle et fausse identité. Il a
choisi le nom de JAN VOS. Il a continué à être actif dans les GIK et il a travaillé sur les
chantiers navals et dans la métallurgie.
Au cours de la guerre, Appel, qui vivait lui-même illégalement, a caché dans son habitation
des militants juifs entrés en clandestinité qui faisaient partie de la périphérie des GIC : Ben
Sijes de même que son épouse ultérieure, l’écrivaine Lea Berreklouw (1914-1997), qui vivait
à cette époque-là avec l’astronome Bruun van Albada.
Comme également d’autres anciens militants des GIC, Appel a pris une part active à partir
de 1942 aux travaux au groupe communiste des conseils nouvellement fondé : le
Communistenbond Spartacus (le “Spartacusbond”) qui était dirigé par Stan Poppe (1899-
1991). Lorsque la plupart des anciens membres des GIC se sont retirés en 1947 du
Spartacusbond, Appel n’a pas suivi cette démarche. Pannekoek en a rendu compte :
« Il est dommage que Jan soit resté avec les gens du Spartacus… Il était … trop un homme
d’action pour se satisfaire exclusivement de faire de la propagande. Être un homme d’action
à une époque où il n’y a pas de mouvement de masse conduit facilement à la formulation de
formes d’action impropres et trompeuses pour le futur. Mais malgré tout, c’est peut-être une
bonne chose qu’elles conservent une bonne vigueur chez Spartacus. ».
À partir de 1948, Appel a été obligé de mettre fin à son activité dans le Communistenbond.
À la suite d’un accident avec un véhicule militaire américain, il s’est avéré pour la police qu’il
était allemand et qu’il ne possédait aucun papier valable. La Commission d’épuration
néerlandaise, après une collecte de preuves approfondie, a pu être convaincue qu’Appel
n’était « ni un fasciste, ni un sympathisant ». Il obtenu un permis de séjour temporaire qui
devait être renouvelé régulièrement. Il a dû toutefois s’engager à s’abstenir à l’avenir de toute
activité politique.
Ce n’est qu’en 1969 que Jan Appel a bénéficié d’un permis de séjour permanent. Il a
entretenu ensuite des contacts politiques avec de petits groupes et des individus. Il a participé
en janvier 1975 au Congrès de fondation de l’Internationale Kommunistische Strömung
(Courant Communiste International) [IKS] à Paris où il a fait un rapport sur la lutte
révolutionnaire du prolétariat allemand en faveur du communisme des conseils, dans lequel il
avait si longtemps pris une grande part.
ARENDT, OTTO (1888 – 13.03.1946)
Berlin, KAPD (tendance Essen), Kommunistische Arbeiter-Internationale (Internationale
Ouvrière Communiste] (KAI). Éditeur du mensuel Vulcan, Berlin, 1925-1927 ; responsable
du “Groupe des émigrants de la KAI” qui était composé avant tout de Russes, ainsi qu’il l’a
écrit dans une lettre à Pierre Ramus. Après juin 1945, il a été arrêté dans la zone d’occupation
russe vraisemblablement par le NKVD et il est mort dans le camp spécial du NKVD n°1 à
Bad Liebenwerda-Neuburxdorf (Brandebourg).
ARMBRECHT, WILHELM (1.08.1885 – ?)
Hambourg, 1920-1921 membre du GHA (Geschäftsführender Hauptauschuss) [Comité
principal de gestion] du KAPD ; il est resté dans l’organisation après la scission en août 1920
et il a été en 1921 “Président de l’Exécutifs du Reich” [= le GHA du KAPD].
ARNDT, GEORG EWALD (1900 – 1977 ?), alias GEORG EWALD, RUTH ECKART
Berlin, KPD, avril 1920 KAPD ; après la scission du KAPD/AAU en 1929, il retourne au
KPD, il devient membre de la Fédération des Amis de l’Union soviétique ; après 1933, travail
illégal dans le groupe de résistance Siegfried Lonnerstädter (né le 2.06.1878 à Hassfurt,
Franconie. Assassiné en mars 1943 à Auschwitz) ; Arndt a été arrêté pendant 6 mois en 1936.
En 1944, il a été incorporé dans la Wehrmacht de laquelle il a déserté en 1945. En mai 1945,
il devient membre du KPD (plus tard SED) ; contacts avec le GIS ; en août 1945, il est devenu
chef du personnel de la police à Berlin-Wedding et contact du NKVD. Dans les années
cinquante, dans le premier cercle du SWD, ensuite SPD ; depuis la fin des années cinquante,
collaboration avec l’hebdomadaire socialiste de gauche Die Andere Zeitung (DAZ) à
Hambourg ; rapprochement avec les positions du SED.
ARNOLD, KARL GUSTAV ADOLF (3.07.1875 – 1950 ?), dit ARNOLD
Né à Berlin ; plombier, membre du Spartakusbund et ensuite du KPD à Brême durant la
République des conseils ; septembre 1919, éditeur du Kampfruf Bremen, “Journal volant pour
l’organisation d’entreprise révolutionnaire”, publié par la maison d’édition “Phönix”, 21
Buchstrasse ; il a été distribué 10 000 exemplaires du premier numéro. L’AAU de Brême
comprenait 7 000 membres à la mi-janvier 1920. En 1921, Arnold exerçait la fonction
d’orateur itinérant du KAPD. Après 1945, il vivait à Berlin, et il était vraisemblablement en
contact avec le groupe d’Alfred Weiland.
ARNOLD, RUDOLF FRIEDRICH (20.12.1896 – 15.07.1950)
Né à Eisenach, fils d’un boucher ; tourneur et outilleur dans des usines de moteurs à Eisenach.
En 1911, Arnold adhère à l’Arbeiterjugend [Jeunesse ouvrière]. En avril 1916, il devenait
soldat à Kiel et il rejoignait le Spartakusbund durant la révolution de Novembre. Il a été
membre du Conseil des ouvriers et des soldats à Memel (Prusse orientale). En 1919, retour à
Eisenach, où il est devenu membre du KAPD de 1920 à 1927, puis du KPD. Depuis 1928
chômeur ; en 1931, il devenait collaborateur permanent de la direction de district du KPD et il
dirigeait la distribution de la littérature du KPD pour la Thuringe. En juillet 1932, Arnold a
été élu député du Landtag de Thuringe. Dès le 28 février 1933, il est arrêté, et le tribunal
régional supérieur d’Iéna le condamnait à deux ans de prison. De 1935 à 1944, il a travaillé de
nouveau comme outilleur à Eisenach. Le 10 août 1944, il a été de nouveau arrêté et envoyé au
KZ de Buchenwald. De juin 1945 à août 1949, Arnold a été maire de Ruhla, et ensuite chef du
département de l’administration des Länder, des districts et des communes, au ministère de
l’Intérieur. Il a été également député de l’assemblée de district d’Eisenach ainsi que son
président. Rudolf Arnold est mort en 1950 à Eisenach.
ARNTZ, GERD (11.12.1900 – 4.12.1988), alias A. DUBOIS, A. VAN HET HOUT
Graveur, né à Cologne, a adhéré à l’AAUE et a produit, entre autres, au cours des années
1926-1932 des gravures sur bois pour la revue “Die Proletarische Revolution”. Durant son
exil en Hollande dans les années 30, il a publié, dans la revue communiste des conseils “De
Kommunistische Arbeider”, l’organe du KAP des Pays-Bas.
Après le lycée et le baccalauréat, Arntz a été appelé sous les drapeaux encore à l’été 1918 et
il a effectué sa formation dans l’artillerie à proximité de la ville de Wesel dans le Bas-Rhin.
Mais il n’est jamais allé au front. Après une brève activité dans la fabrique paternelle, Arntz
est parti pour Dusseldorf où il étudié à l’École des Beaux-arts de Lothar von Kunowski. Arntz
a pris part en 1920 à la lutte contre le putsch de droite Kapp-Lüttwitz. Il est entré en contact
avec l’avant-garde esthétique du début de la République de Weimar, laquelle se regroupait
autour de revues telles que Die Aktion, et il s’est engagé résolument contre l’armée et la
guerre. Arntz a interrompu ses études et, stimulé par Franz W. Seiwert*, Anton Räderscheid
(1892-1970), Angelika (1899-1923) & Heinrich Hoerle (1895-1936), du Groupe des artistes
de Cologne, il a commencé à s’intéresser à la technique de la gravure sur bois. Après une
halte à Karlsruhe dans le pays de Bade, Arntz s’est rendu au cours de l’hiver 1921-1922 chez
Jankel Adler à Barmen-Elberfeld et en mars 1922 à Hagen. C’est là qu’il a entrepris une
formation dans la libraire de Walter Severin. Après deux années, Arntz est retourné à
Dusseldorf où il a rejoint le groupe d’artistes de Cologne, le Junge Rheinland. C’est dans la
Neue Buchladen de Cologne qu’Arntz a fait sa première exposition (personnelle) en 1925.
C'est Franz W. Seiwert qui a établi le catalogue. C’est en tant qu’artiste libre qu’Arntz a
participé à différentes expositions de groupe à Cologne, à Moscou et à Dusseldorf (1926).
Au printemps 1926, durant l’exposition de la foire commerciale de Dusseldorf (la
“GeSoLei”), Arntz a attiré l’attention du directeur du Musée viennois de la Société et de
l’Économie, Otto Neurath. D’abord à titre probatoire, puis à partir de 1929 dans une situation
de collaboration permanente, Arntz a vécu à Vienne afin de participer à la mise en place du
programme du Musée. En outre, il a bientôt fait appel à deux de ses collègues artistes de
l’époque rhénane-progressiste (le pragois August Tschinkel (1905-1983) et le néerlandais
Pater Alma (1886-1969), La Haye – pour travailler ensemble. Même en dehors du travail,
Arntz a noué avec les deux une amitié personnelle.
En 1928, il a travaillé, en collaboration avec le communiste des conseils Franz Seiwert, au
pavillon allemand de la grande exposition de la presse de Cologne, qui a été mondialement
connue avant tout grâce au pavillon soviétique conçu sous la direction de l’important avantgardiste
russe El Lissitzky (23.11.1880-30.12.1941) et qui est encore aujourd’hui considérée
comme unique en termes d’histoire de l’art. En 1930, Arntz a créé la série de la “Grève des
marins” qui était composée de quatre tableaux colorés de grand format. En 1930, il a fait une
autre exposition à Cologne et il a également participé à l’exposition internationale : “L’art
socialiste aujourd'hui” à Amsterdam. De 1931 à 1934, Arntz a visité à quatre reprises la ville
de Moscou, et même en 1932 pendant quatre mois. Il y a été engagé comme graveur dans des
projets de travail. Il y a approfondi aussi sa connaissance auparavant passagère avec El
Lissitzky. Durant l’été 1933, la petite famille d’Arntz a passé ses vacances dans le Caucase.
Après la défaite de l’insurrection du Schutzbund autrichien en février 1934 et l’interdiction
de l’Österreichische Sozialiste Partei [Parti Socialiste Autrichien] (SPÖ), le Musée viennois
de la Société et de l’Économie a été fermé. Arntz et Neurath vivaient maintenant comme des
fugitifs aux Pays-Bas.
Gerd Arntz a travaillé durant ces années-là sur des gravures sur bois et sur des estampes de
manière aussi ouvertement politique que dans son oeuvre “Russie 1934” qui a été créée contre
la politique de Staline. L’on peut citer “Vienne 1934” (1934), “Ouvriers défilant” (1934), le
dépliant commémoratif “Guerre” (1935), la mise en garde politique “Allemagne et Russie”
(1934), finalement encore son message de solidarité aux conducteurs de bus anglais “Grève”
(1935) et aussi deux gravures sur bois en noir et blanc, établies de la même manière
thématique et figurative, même si elles ont été exécutées différemment : “Profit” (1934), et
l’impression : “Le Troisième Reich” (1934), dans laquelle le mot profit apparaît encore, alors
que la priorité de l’économie industrielle de profit avait désormais cédé la place à la primauté
de la politique du chef fasciste. Importante était aussi la gravure sur bois : “Le Troisième
Reich”, pour la raison que l’une de ses « impressions tout à fait essentielles, a été dessinée et
découpée en 1934, imprimée en 1935 », et publiée pour la première fois aux Pays-Bas en avril
1936 sur la couverture de la petite revue radicale de gauche : De Arbeidersraad, Orgaan van
den Kommunistische Arbeiders Groepen (Pays-Bas) sous le titre “Het Derdre Rijk”.
Même pendant l’occupation allemande à partir de 1940, la famille Arntz est restée à La
Haye. Il n’a pas été importuné et, retiré de toutes les affaires publiques, il a continué à
travailler comme employé de la Fondation pour la statistique dans laquelle il était graphiste
illustrateur. En 1943 encore, incorporé dans la Wehrmacht, il a été envoyé sur le front de
l’Ouest au cours de l’été 1944. En tant que prisonnier de la Résistance française, il a vécu la
libération de Paris, puis il a été transféré comme prisonnier de guerre à l’Armée américaine et
enfin libéré par elle en 1946. Il a repris son activité professionnelle à la Fondation
néerlandaise de la statistique à La Haye, et c’est là où il est mort.
AUERBACH, WALTER (1908 – 1966), alias ALPHA
Scénographe, photographe, rédacteur du Kampfruf ; aux alentours de 1930, collabore avec le
Cercle berlinois de Korsch ; délégué de Berlin à la Conférence de réunification de l’AAU et
de l’AAUE du 24-27 décembre 1932 ; en 1932-1933, membre de la direction nationale de la
KAU, et en février-mars 1933, avec Fritz Henssler* et Heinz Langerhans*, publication de la
revue théorique Proletarier, Organe des communistes des conseils internationaux, qui est
parue officiellement à Amsterdam. Il a été arrêté et torturé par les nazis au printemps de 1933.
En 1934, il a pu émigrer en Palestine où il a vécu avec la photographe Ellen Rosenberg
(20.05.1906-30-07-2004). Avec elle, il a ouvert le studio photographique Ishon à Tel Aviv.
La vie dangereuse en Palestine l’a déçu. C'est à ce sujet qu’Auerbach a écrit pour la revue
publiée aux USA par Paul Mattick : International Council Correspondance, dans le n° 9-10
(septembre 1936), d’un point de vue internationaliste, un rapport sur la situation et la révolte
des Arabes sous le titre : The Land of Promise. Report from Palestine. Cet article est paru en
allemand sous le titre “Das gelobte Land (Bericht aus Palästina) [La Terre promise (Rapport
sur la Palestine)] dans le n° 20 /décembre 1936 de l’“Internationale Rätekorrespondanz“ qui
paraissait aux Pays-Bas, accompagné d’un rapport : “Der Aufstand der Araber in Palästina”
[La révolte des Arabes en Palestine] dans lequel il esquisse la perspective suivante en guise de
conclusion :
« C’est là le motif de la lutte arabe pour l’indépendance qui est dirigée aussi bien contre la
puissance capitaliste juive que contre l’Angleterre. Le fait que la Troisième Internationale,
dont la branche en Palestine est de peu d’importance, soutienne également les “mots d’ordre
nationaux” des effendis ne devrait plus surprendre personne aujourd'hui, 19 ans après la
Révolution d'Octobre. L’on agit à l’évidence dans l’intérêt de l’État russe qui opère en Asie
contre l’Angleterre.
L’organisation ouvrière juive en Palestine (Histadrout) est dans la même situation que les
fellahs arabes. Mais elle est pour le développement de la colonisation capitaliste juive et elle
se bat dans le sillage des forces capitalistes juives, en les aidant à réussir dans leur quête du
pouvoir politique. Ce n’est qu’ensuite, lorsque l’ouvrier juif se lèvera pour une lutte
commune avec les fellahs, devenus des prolétaires, contre les effendis et les capitalistes juifs
et qu’il brisera en vainqueur le mode de production actuel, qu’il y aura de l’espace pour les
deux peuples, pour les juifs et pour les Arabes. En attendant, c’est la population, avec les
vieux rapports de production avec lesquels elle est liée, qui sera elle aussi écrasée. Ce ne sera
pas le cas des effendis, mais celui des ouvriers agricoles arabes, des fellahs et des
bédouins. ».
Walter Auerbach et Ellen ont quitté la Palestine et ils ont de nouveau émigré vers la Grande-
Bretagne. En avril 1937, Walter Auerbach a épousé Ellen Rosenberg, qui était citoyenne
américaine, afin d’obtenir un permis d’entrée aux USA. Ils ont trouvé un logement à Elkins
Park, une banlieue de Philadelphie. Entre 1937 et 1940, Auerbach a agi dans le groupe
communiste des conseils gravitant autour de Paul Mattick. Il a écrit en octobre 1939 à Anvers,
sous le pseudonyme d’Alpha, un article qui est paru dans la revue publiée par Mattick, Living
Marxism, dans son premier numéro de l’année 1940, avec le titre : “The Historical Character
of the War and the Task of the Working Class”. Cet article traitait de la Seconde Guerre
mondiale impérialiste, de la “révolution mondiale fasciste” capitaliste, de “l’antifascisme
prolétarien” et d’une révolution mondiale prolétarienne quasi impossible :
« La guerre est une guerre fasciste qui accélère la fascisation du monde… Si l’État fasciste
peut être décrit comme un État capitaliste pleinement mûr et pleinement réalisé, c'est-à-dire
la condition parfaite de l’esclavage salarié ainsi que le système capitaliste qui s’est élevé sur
elle, alors la guerre fasciste peut être décrite comme une guerre pleinement mûre et
pleinement capitaliste. Dans la révolution monopolistique, le processus révolutionnaire est
transformé de manière fasciste et il apparaît au prolétariat comme une contre-révolution
anti-prolétarienne.
«Dans le même temps, le mot d’ordre de la révolution mondiale est devenue un mot d’ordre
ultra-impérialiste. Le pronostic de Lénine selon lequel le monde de 1914 était entré dans une
période de guerres et de révolutions, s’est réalisé, mais ses résultats se sont révélés être
strictement contradictoires. Si nous voulons utiliser la notion de “révolution mondiale” au
sens littéral, nous devons dire que nous nous trouvons aujourd'hui en plein milieu d’une
révolution mondiale fasciste. Il ne reste encore aujourd'hui que peu de vestiges des actions
bolcheviques, ayant pour objectif la révolution mondiale, qui pourraient servir de base pour
de nouvelles actions révolutionnaires (p. 52)… La tâche spécifique de l’antifasciste dans cette
guerre consiste à s’opposer à la révolution mondiale fasciste qui aspire à une entente
internationale ultra-impérialiste. Il s’oppose à toute tentative impérialiste de répartition du
monde, tout en proclamant l’unité de la classe ouvrière du monde entier. Il se retourne
contre la simple existence de ces intérêts privés de classe et de coterie, qui se rassemblent
derrière les buts de guerre impérialistes en une concentration monopolistique.
« Il développe les formes, les moyens et les contenus, de la lutte contre la machinerie d’État
dans son ensemble à partir des conditions objectives de la mobilisation totale. Il s’opposera
au moment voulu au conseil fasciste à venir en organisant les conseils ouvriers
révolutionnaires du monde. Il s’oppose à la gestion monopolistique et à toutes les sortes de
hiérrachie. » (p. 57).
En 1940, Walter Auerbach et Ellen ont déménagé à New York où ils ont frayé avec le
monde artistique. En 1945, ils ont divorcé. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale,
Walter Auerbach a cessé toute action politique.
AUSSERLECHNER, JOSEF (1889 ? – ?)
Göppingen (Bade-Wurtemberg), Schillerplatz I; SPD, Ligue Spartacus. En mai 1915, il était
membre du groupe Westmeyer qui soutenait la lutte contre la guerre et le “social-patriotisme”.
(Friedrich Westmeyer (1873-1917), qui faisait partie depuis 1912 du Landtag du
Wurtemberg, a été exclu en juin 1915 de la fraction social-démocrate de ce Landtag. Avec
Franz Engelhardt et Ferdinand Hoschka (1872-1950), il a formé dans ce Landtag sa propre
fraction, l’“Union Socialiste”. Westmeyer a participé le 19 mars 1916 à Berlin à la
Conférence nationale du groupe Internationale, qui s’appellera plus tard la Ligue Spartacus.
Comme beaucoup d’autres habitants de gauche de Stuttgart, il a été appelé sous les drapeaux.
Le 14 novembre 1917, il est mort dans un hôpital de guerre sur le front occidental). En 1918,
Ausserlechner a adhéré au KPD ; ensuite, il a été sans parti et a travaillé comme
correspondant de la revue Die Aktion à Göppingen. Plus tard, il a rejoint l’AAUE et il se
considérait comme étant un communiste libertaire. Déjà en 1921, il a soutenu la nécessité
d’une Kommunistische Arbeiter-Union [Union Ouvrière Communiste] (KAU) unitaire.
« Comment l’humanité laborieuse doit-elle s’organiser ? L’organisation unitaire
communiste (Union ouvrière) est la forme d’organisation la plus appropriée pour préparer et
mener la lutte prolétarienne d’émancipation ainsi que pour édifier le communisme. L’Union
ouvrière représente en même temps des intérêts politiques et économiques. ».
Il a écrit en 1924-1925 un manifeste au nom d’un groupe favorable au communisme
anarchiste et une brochure en faveur d’une société communiste de besoins.
BAETHKE, KARL
Berlin-Charlottenburg, Kantstrasse 98, porte-parole responsable de l’Opposition dans le
KAPD en 1927-1928, et en 1931-1933, KAU. Après 1945, relation politique avec Alfred
Weiland et le GIS.
BÄR, ADOLF
Barlin, KAPD, GHA 1920-1921 ; Rote Hilfe [Secours Rouge], puis ensuite VRUK.
BÄR, FRITZ
Berlin-Moabit, Jeunesse socialiste, KAPD, et de 1931 à 1936 ? Rote Kämpfer [Combattant
Rouge] ; à partir de 1946, dirigeant du groupe de Moabit des GIS/SWV.
BÄR, HEINZ (1908 – ?)
Berlin-Moabit, en 1920 Naturfreundejugend [Jeunesse amie de la nature], en 1929 KJVD,
KPD, RGO, après 1933 travail illégal dans le groupe de Fritz Boldt, de Rainer Domen et
d’Eugen Schlagowski ; en 1939, employé à la Deutsche Bank et, avec Eugen Schlagowski,
contacts illégaux avec la Scandinavie et avec l’Internationale Sozialistische Kampfbund
(ISK), une dissidence socialiste de la social-démocratie qui avait eu lieu en 1926. Après 1945,
GIS/SWV ; au cours des années cinquante, contacts avec les services secrets français ; dans le
cercle plus fermé des SWV. (Frère de Fritz Bär ?).
BARBASCH, DR. LUDWIG (28.08.1892 – 12.07.1967), alias BRANDIS, FEDOR
GÜNTHER
Grete Gewolls donne une date de décès différente : le 11 juillet 1962 ; né à Berlin, fils d’un
commerçant juif ; avocat ; il a étudié le droit en Suisse et à Berlin. D’autres exposés citent
Berlin, Grenoble et Cambridge, comme lieux d’études. En août 1914, 1° examen juridique
d'État, puis engagé volontaire et service militaire comme sous-officier et mitrailleur dans
l’aviation. En décembre 1918, promotion au titre de docteur en droit à Rostock avec sa thèse :
“Le fondement juridique des ordonnances d’urgence en cas de guerre”.
Du 13 décembre 1918 jusqu’au 10 janvier 1919, il a exercé les fonctions de ministre sans
portefeuille dans le premier ministère d’État du Mecklembourg-Schwerin « en tant que
représentant sans parti, et pourtant lié à l’USPD, du conseil de soldats ». Étant donné que
Barbasch avait soutenu activement dans le Schwerin une tentative de soulèvement qui voulait
parvenir au système des conseils, l’USPD l’a démis de sa fonction. Grete Gewolls spécifie en
plus que Barbasch, après l’écrasement de la révolution, a été condamné à mort et ensuite
gracié. Il a rejoint le KAPD et a été fonctionnaire du KAPD de 1920 à 1933. Pendant
quelques années – 1920-1922, 1924-1928 et en janvier 1933 – il a été rédacteur du journal du
KAPD Proletarier.
Au cours du congrès du KAPD en septembre 1921, il s’est montré plutôt sceptique en ce qui
concerne la création de l’Internationale Ouvrière Communiste (KAI) : « La question n’est pas
de savoir si l’on doit créer une Internationale, mais si l’Internationale Ouvrière peut avoir
une autorité sur la base des partis adhérant à elle. Nous déclarons qu’une Internationale est
nécessaire. Le seul différend concerne le moment. ».
De 1924 à 1933, il a travaillé comme avocat à Berlin et il a oeuvré en particulier comme
avocat défenseur politique pour le KAPD, le KPD, le Leninbund, et plus tard également pour
la Rote Hilfe. Il a défendu entre autres Max Hölz* après l’Action de Mars 1921. Il a collaboré
avec l’avocat réputé Hans Litten (1903-1938). C’est ainsi que Litten et Barbasch ont accusé
l’ancien président SPD de la police de Berlin, Karl Zörgibel (1878-1961), d’avoir provoqué la
mort dans 33 cas lors du “Mai sanglant berlinois” en 1929.
Dans la nuit de l’incendie du Reichstag en février 1933, Barbasch a été arrêté et incarcéré à
Spandau jusqu’en septembre 1933 et ensuite dans le KZ du Brandebourg. Sa libération doit
avoir eu lieu grâce à l’intervention de l’ancien chancelier du Reich Heinrich Brüning (1885-
19710).
Barbasch a été d’abord marié avec Charlotte Brandt, qui lui a donné un fils en 1925, Fedor
Günther, et qui est morte en couches. Fedor Günther est devenu son pseudonyme dans le
journal du KAPD Der Proletarier.
Au début des années trente, il a fait la connaissance de la veuve Else Neumann, née
Marcuse. Après sa libération du camp de concentration, Ludwig Barbasch et Else Neumann
ont émigré en novembre 1933 en Palestine après être passés par la Suisse et par l’Italie.
Après que Ludwig Barbasch s’est qualifié pour une activité d’avocat en Palestine, il a
travaillé à partir de la mi-1937 comme avocat à Tel Aviv, soutenu par sa femme, qui s’est
tenue à ses côtés comme secrétaire pendant trente ans jusqu’à sa mort en 1967.
Barbasch a interrompu toute activité politique et il est revenu en Allemagne en 1957. Il a
travaillé de 1958 jusqu’à sa mort en 1967 à Wiesbaden comme avocat et c’est là avant tout
qu’il s’est occupé de la question des réparations.
BARKOWSKY, alias BARKO
Ouvrier, Essen, KAPD, KAI (KAP tendance Essen).
BARTELS, ARTHUR
USPD, puis en 1919 FAU (tendance Gelsenkirchen). Rédacteur du quotidien de l’USPD
Ruhrwarte qui paraissait à Gelsenkirchen-Buer. En mai 1920, il a publié une brochure dans
laquelle il se prononçait en faveur de la mise en place générale de l’organisation unioniste. Il a
été délégué de la FAU-Gelsenkirchen lors du I° Congrès du Profintern (Internationale
Syndicale Rouge) en juillet 1921. Le 12 juillet il y a lu une déclaration de la tendance de
Gelsenkirchen qui s’opposait à toute politique d’entrisme (“tactique des cellules”) dans les
syndicats réformistes. La tactique des cellules représentait la condamnation à mort des
syndicats révolutionnaires, « une menace pour leur indépendance et un obstacle pour la
réalisation de leurs principes révolutionnaires ». Avec le délégué de l’AAU Nautkuss*, il a
refusé la dissolution du mouvement unioniste.
À l’automne 1921, il a pourtant adhéré à la section de Gelsenkirchen de l’Union des
Travailleurs manuels et intellectuels d’Allemagne, qui était une section du Profintern.
L’Union de Gelsenkirchen était en réalité une organisation annexe du KPD et Bartels est
devenu rédacteur de son organe Der Freie Bergarbeiter ; il a occupé ce poste à partir de
novembre 1921 jusqu’en 1922.
BARTHEL, MAX
AAUE Neustadt (Saxe)
BAVENDAMN, ALBERT (28.02.1885 – ?)
Brême ; KAPD Kamp-Organisation.
BECK, ERWIN JOSEF KARL (17.04.1911 à Berlin-Treptow – 26.04.1988)
Habitant à Berlin SW 68, au 18 Alexandrinenstrasse, croyant en Dieu, célibataire ; fréquente
l’école primaire, puis l’école secondaire jusqu’au diplôme de fin d’études, 3 mois
d’apprentissage au métier de libraire, puis vitrier, et jusqu’à son arrestation, travail dans la
vitrerie de son père ; fin 1928, membre de la SAJ, président de la SAJ de Berlin-Kreuzberg ;
de 1931 jusqu’à sa dissolution, membre du SPD, membre du bureau politique du SPD pour le
district de Berlin-Kreuzberg, fait partie de l’organisation de la Communauté de Travail du
Reich des “Kinderfreunde” [les Amis des enfants], de la Confédération du Bâtiment, et il a
pris part aux manifestations de la SWV. Le 11.09.1932, lors d’une manif de la SAJ, il est
arrêté, puis amnistié le 20.12.1932. Fait partie à partir de 1934 des “Rote Kämpfer”
[Combattants rouges], et il a participé à la production et à la distribution d’écrits illégaux ; le
26.11.1936, il est arrêté, et à partir du 30.12.1936 en détention provisoire à la prison de
Berlin-Moabit, inculpation le 8.07.1937 ; le 22.10.1937, condamné par le Tribunal régional
supérieur de Berlin à 2 ans et demi de prison pour « la préparation d’une entreprise de haute
trahison ». Exécution de la peine jusqu’au 1.03.1939 ; à partir du 16.11.1942, dans la
compagnie du régiment 962 du bataillon disciplinaire 999. À partir du 2.05.1943, captivité
dans une prison britannique.
De là transféré aux USA, après être passé par plusieurs camps en Belgique et en Allemagne
occidentale, et, en septembre 1946, retour à Berlin. De nouveau membre du SPD et du comité
directeur des Falken [les Faucons] ; travaille dans la protection de la jeunesse, et à partir de
1955 dans le conseil municipal pour la jeunesse et le sport du secteur de Berlin-Kreuzberg ; à
partir de 1974, dans la Ligue Internationale pour les Droits de l’Homme, section Berlin-
Ouest ; en 1984, Beck a écrit rétrospectivement :
« Je viens d’un milieu familial républicain et social-démocrate. En 1927, j’ai adhéré à la
SAJ et à l’organisation de jeunesse Schwarz-Rot-Gold [Noir-Rouge-Or]. Les influences que
j’ai reçues de la part de la tendance socialiste de gauche ont été pour moi décisives pour mon
évolution politique ultérieure… C’était un groupe de protecteurs – parmi lesquels avant tout
le dirigeant plus âgé du foyer de jeunes Georg Heims – qui faisaient partie de l’aile Paul-Levi
de SPD (de gauche) et qui se débrouillaient pour que la revue Sozialistische Politik und
Wirtschaft soit lue par nous. À partir d’octobre 1928, cette revue a été fusionnée avec le
Klassenkampf. Grâce à notre éducation et à nos propres études, et en nous fondant sur les
expériences italiennes, nous avons réussi à l’époque à ne pas sous-estimer la possibilité de la
prise du pouvoir par le fascisme… Comme participant à des séminaires, j’ai écouté le
médecin Dr. Max Hodann, l’historien Alfred Rosenberg, le psychanalyste Siegfried Bernfeld
et – comme force marquante – le Dr. Karl Schröder. C’est par lui que j’ai rejoint le “Roten-
Kämpfer-Kreis” [Cercle des combattants rouges]... Depuis 1931/1932, nous étions organisés
en groupes de 5, car il était déjà clair pour notre cercle à l’époque qu’il n’y avait encore
guère de prévention du fascisme. En raison du danger du NS, la sécurité jouait un grand rôle
dans le travail illégal. C’est pourquoi nous ne pouvions pas participer aux funérailles de
sociaux-démocrates persécutés. Au lieu de cela, nous nous efforcions de tisser des relations
avec les fonctionnaires de la jeunesse ouvrière et avec les syndicalistes. Avec les
communistes, nous devions procéder avec beaucoup de prudence parce que la perte
d’hommes dans des actions irréfléchies nous rebutait. Nous disposions aussi de contacts avec
des cercles trotskistes, par exemple avec Hans Berger. Les quartiers de Kreuzberg et de
Neukölln ont été réunis par la direction, et il y avait de nombreux groupes. J’étais dans un
groupe de cinq avec Georg Eitelsberg, Karl Bergner (il est mort à la guerre) et un certain
Richter qui a émigré ultérieurement au Canada… Nous nous rencontrions dans différents
logements… Le groupe illégal “Neu Beginnen” [Nouveau commencement] avait à l’époque
des réflexions similaires et, comme nous, il refusait la scission du SAP socialiste de gauche.
Je suis devenu président de la SAJ de Kreuzberg et porte-parole d’environ 500 membres qui
ont été courtisés à de multiples reprises par des partisans du NB comme Fritz Erler
(Prenzlauer Berg). Mais ces camarades-là me paraissaient trop léninistes, et j’ai été très
influencé par la critique que Rosa Luxemburg a faite du modèle de parti de Lénine et marqué
par l’idée conseilliste de la démocratie directe. ».
BECKER, KARL ALBIN (1894 – 1942)
Durant la Première Guerre mondiale, Becker a fait partie, d’abord à Dresde et plus tard à
Brême, des personnalités de premier plan des radicaux de gauche brêmois. En 1917, en raison
de la diffusion d’écrits antimilitaristes parmi la jeunesse, il a été incarcéré et il n’a été libéré
que grâce la révolution de Novembre.
À Dresde, il est devenu membre du conseil des ouvriers et des soldats. En tant que
représentant des Communistes Internationaux d’Allemagne (IKD), Becker a été délégué au
Congrès constitutif du KPD, et, en 1919, il était déjà un fonctionnaire principal du KPD. Dans
la République des conseils de Brême, il a été membre du Comité exécutif (“Bremer 21er-
Ausschuss”).
Dans les débats internes du parti au cours de l’année 1919, il a d’abord appartenu à
l’Opposition de gauche et il a soutenu l’AAU. Lors de la I° Conférence nationale de l’AAU
en février 1920, l’Opposition brêmoise du KPD qui gravitait autour de Karl Becker a tenté
sans aucun succès de transformer l’Union en courroie de transmission économique du KPD.
En 1921, il est devenu fonctionnaire dirigeant du parti à Hambourg, et entre autres comme
rédacteur en chef du quotidien du KP : le Hamburger Volkszeitung.
En 1923, Becker, en tant l’un des plus jeunes membres, a été élu membre du Comité central
et il a même été appelé à faire partie du Bureau politique. Après l’interdiction du parti comme
conséquence de l’insurrection de 1923 et de l’Octobre allemand lors de la même année, il a dû
entrer en clandestinité et un avis de recherche a été lancé contre lui. Ensuite, il a de nouveau
travaillé pour un bref moment dans le Hamburger Volkszeitung.
Dans les débats internes au parti, il a ensuite appartenu au groupe des partisans de la
“droite” autour d’Heinrich Brandler, d’August Thalheimer et de Jacob Walcher. Après un
séjour à Moscou, Becker a rejoint la tendance d’Ernst Meyer. Par la suite, il a pris de nouveau
des fonctions importantes dans le parti. C'est ainsi qu’il a travaillé dans le département
syndical du Comité central et qu’il a publié, en tant rédacteur en chef, le journal syndical
communiste : Kampf.
En 1928, il a été élu au Landtag de la Prusse. Dans les débats internes au parti, il
appartenait, en tant que porte-parole, au groupe des “conciliateurs”. À la suite de leur défaite
dans le parti, il a été évincé en 1928/29 de toute ses les fonctions influentes dans le parti et il
n’a plus été élu au CC.
Par la suite, Becker s’est surtout occupé d’organisations communistes annexes comme le
Rote Hilfe et à partir de 1930 du Kampfbund gegen den Faschismus [Ligue de lutte contre le
fascisme] (organisation qui a succédé au Rotfrontkämpferbund [Union des combattants du
front rouge] qui avait été interdit). Entre 1931 et 1933, il a été secrétaire régional du “Bund
der Freunde der Sowjetunion“ [Ligue des Amis de l’Union soviétique].
À partir de 1933, Becker a d’abord vécu dans l’illégalité et puis, en 1934, il est parti en exil
à Prague, plus tard à Amsterdam et finalement à Paris. Là, il a travaillé pour le KPD en exil. À
partir de 1937, il a joué un rôle important dans le Comité mondial des Amis de l’Union
soviétique. En juin 1941, il a été arrêté, avec sa compagne Elsa Arnold (1903-1986), à Paris
par la Gestapo.
Le 4 septembre 1942, Becker a été condamné à mort pour préparation de haute trahison par
le Tribunal populaire et il a été exécuté le 1° décembre 1942 à la prison de Plötzensee. Dans
sa dernière lettre à sa compagne Elsa Arnold, il a écrit : « Je meurs debout, comme j’ai vécu,
comme un soldat, pour mon idéal ».
BEHRENDT, ARNO
Environ de 1922 à 1926, Union ouvrière (Révolutionnaires antiautoritaires), Kleine
Schwalbengasse 7, Danzig (Poméranie).
BEIER, RICHARD
Planitz, AAUE de Zwickau, Proletarischer Zeitgeist [L’esprit du temps prolétarien], 1922-
1933.
BENDER, AUGUST (1891 – 1961)
1920 fonctionnaire du KAPD à Kiel.
BENZMANN, WALTER ERNST OTTO (2.11.1905 – 1.09.1990)
Ajusteur, jusqu’en 1932 employé à la Reichsbahn, Strausberg/Brandebourg et Berlin ; 1920-
1927 KAJ, AAU/KAPD ; 1927 incarcéré. 1931-1933 RGO, “Kampfbund gegen den
Faschismus” ; décembre 1931, fonctionnaire du groupe local du KPD de Strausberg ; le 1°
mars 1933, arrêté et du 3.08.1933 au 9.10.1933 emprisonné au KZ d’Oranienburg.
1945-1946 KPD/SED. Il vivait avec sa femme Dora (née Golling) et sa fille Jutta à Berlin-
Reinickendorf et il travaillait dans un service de ce district. Vraisemblablement au début des
années 50, la famille a déménagé à Pankow. Benzmann était membre du Comité de district de
Berlin des Antifaschisten Widerstandskämpfer [Résistants antifascistes] de la RDA et
président adjoint de la Commission du district pour les vétérans.
En tant que Verfolgter des Naziregimes (VdN) [Persécuté par le régime nazi] reconnu, il a
obtenu à partir de 1965 une pension d’honneur. En 1970, on lui a rendu hommage avec la
médaille de la “Banner der Arbeit” [Bannière du travail], et en 1975 il s’est vu attribuer la
médaille en or de l’Ordre du mérite patriotique pour sa « constance dans la résistance
antifasciste » et pour « son engagement généreux dans l’édification, du socialisme dans la
RDA ». En 1982, il a reçu la médaille de Combattant du fascisme de 1933 à 1945 et en 1985
la décoration Karl Marx.
BERG, DR.
Professeur principal à Celle/Basse-Saxe. Il a adhéré au KAPD en juillet 1920 et participé à
une tentative de putsch à Köthen (Magdebourg) en août 1920.
BERG, PETER (7.04.1886 – ?)
Né dans le village de Riesweiler/Rhénanie-Palatinat. Ouvrier à Essen ; avant 1914, SPD, puis
actif dans le Spartakusbund, le KPD, cofondateur du KAPD en avril 1920 ; rédacteur du KAP
(tendance Essen), membre du GHA (1922-1924). Il était encore politiquement actif en 1950.
BERGMANN, EMIL
AAU/KAP, incarcéré en 1927.
BERGES, HEINRICH
AAU, puis AAUE, Francfort-sur-le-Main 1922.
BERGMANN, KARL [= LUDWIG MEYER]
BERGNER, KARL FRANZ (17.06.1909 à Dresde – avant 1945)
Habitant en 1936 à Berlin-Britz, au 6 Thalbergerstrasse, chez Wagner ; membre du
Zentralverband der Angestelleten (ZdA) [Confédération des Employés], 1928 SPD, 1931
SAP ; fréquentation de l’école publique ; ensuite enseignement commercial à Leipzig, à partir
de 1930 à Berlin, jusqu’en février 1933 cours de préparation au baccalauréat à Berlin,
baccalauréat, et à partir de l’été 1933 études d’économie à l’université de Berlin. 1934
correspondant dans différentes entreprises, dirigeant du groupe de résistance “Rote Kämpfer”
à Berlin-Neukölln ; le 26.11.36 arrêté, et à partir du 30 .12.1936 détention provisoire à Berlin-
Moabit ; le 8.07.1937 inculpé (Js. 236/37 49/37) et le 22.10.1937 condamné par le Tribunal
régional supérieur de Berlin à 1 an et ¾ de prison pour cause de « préparation d’une
entreprise de haute trahison » ; mort au cours de la II° Guerre mondiale.
BERG, PETER
Berlin-Lichtenberg, pendant la Première Guerre mondiale, directeur d’une fabrique d’aliments
pour animaux berlinoise, Rittergutstrasse. Le 10 novembre 1918, avec August Wülfrath*,
assiste en tant que conseiller ouvrier élu à la réunion des conseils qui s’est tenue au cirque
Busch, et au cours de laquelle le “conseil des commissaires du peuple” a été élu. En novembre
1918, il s’est engagé dans le Spartakusbund. Depuis avril 1920 il a été membre du KAPD.
Dans ce parti, il s’est opposé à la création de la KAI. En septembre 1921, il a déclaré que la
formation d’autres KAP dans les pays précapitalistes était un rêve. Dans ces pays-là seul le
parlementarisme restait toujours une possibilité : « …nous disons qu’il y a des pays qui, en
raison du fait qu’ils ne se situent pas dans l’épanouissement du capitalisme, ne peuvent pas
introduire le communisme. Il y a des pays dans lesquels le travailleur n’a pas encore utilisé le
parlementarisme comme un moyen de lutte. Dans ces pays-là, la création d’un K.A.P.D est
une chimère. C’est pourquoi nous disons qu’une Internationale de lutte ne peut regrouper que
les pays qui ont à peu près le même degré de développement capitaliste… ».
En mai 1922, il écrivait à Emil Sach*, KAP (tendance Essen), porte-parole de la KAI et
propriétaire de l’imprimerie du KAPD, dans laquelle la revue Proletarier était également
réalisée, que ce dernier devait rendre tout l’argent et toutes les brochures de la tendance
berlinoise (celle du KAPD qui refusait la KAI) : « Vous et votre clique, vous devez disparaître
à jamais du mouvement ouvrier. ».
BETHKE, KARL
Dresde, AAUE.
BETZOLDT, HANS [= ADAM SCHARRER]
BIEDERMANN, ERNST, alias ERNST LICHTENBERG
Berlin Lichtenberg, KAPD/AAU, ami proche d’Alfred Weiland* depuis 1925 ; il a travaillé
comme rédacteur du KAZ, du Kampfruf et du Proletarier ; après 1933, activité illégale dans la
KAU.
1946 membre du SED ; il a travaillé dans le GIS comme proche collaborateur de Weiland. Il
est devenu collaborateur libre de la revue Friedenspost, un organe de l’organisation de masse
Gesellschaft für Deutsch-Sowjetische Freundschaft (DSF) [Société pour l’amitié germanosoviétique].
Après le déplacement de Weiland le 11 novembre 1950 à Berlin-Ouest,
Biedermann a fui à l’Ouest. Il a été exclu du SED en août 1950. Biedermann et Weiland ont
continué à travailler ensemble également après la libération de Weiland de la prison en RDA
en novembre 1958.
BIELINSKI, EMIL
Scharmbeck, comité local de Brême de l’AAU, responsable en 1919 pour Osterholz-
Scharmbeck-Ritterhude.
BLANK, MICHEL [ = KURT WEISSKOPF]
BLUDAU, WILHELM (10.05.1896 – 23.06.1941)
Né à Hörde dans les environs de Dortmund, ajusteur-mécanicien, membre du KPD, puis du
KAPD. Il a fait partie entre 1920 et 1923 des dirigeants des révoltes de la faim dans la Ruhr.
Arrêté à plusieurs reprises pour cette raison, il était considéré comme étant “un petit Max
Hölz”. Dans le Comité des chômeurs de la Ruhr, Bludau, en tant que critique de gauche, s’est
opposé en 1925 au KPD et c’est à cause de cela qu’il a été exclu du parti en 1926. Des
allégations relatives à des liens avec la police politique ont été ouvertement répandues en vue
de l’isoler. Dans les documents de la police, il est décrit comme « éloquent avec des manières
assurées » ; il était sous surveillance policière. Après 1933, il a été actif dans de petits groupes
de résistance contre la dictature NS. En 1936, il a été condamné à dix ans de prison dans ce
qui a été appelé le “procès Bludau” et à la fin de 1937 il a été incarcéré dans le KZ de
Buchenwald, où il a perdu la vie en 1941.
BLUM
Essen-Kettwig, KAPD (tendance Essen).
BOGUSZ, RICHARD (1905 – ?)
Klostermansfeld, aujourd’hui en Saxe-Anhalt, 1918 SAJ, 1919-1924 KAJ, participe aux
“actions” de Max Hölz en Allemagne centrale, 1926-1933 KAPD et AAU, dirigeant de
l’organisation à Klostermansfeld ; 1942-1943 SA/NSDAP ; après 1945 en contact avec la
SWV d’Alfred Weiland ; 27.11.1950 arrestation, et le 11.02.1952 condamné par le tribunal
régional de Halle à 1 an de prison et à 5 ans de mesures expiatoires.
BÖHM, PAUL (1895 – 1942)
Né à Zempelburg (Prusse orientale, aujourd'hui Pologne), Berlin-Spandau, KAPD (tendance
Essen), origines juives, déportation de Berlin vers le ghetto de Theresienstadt de 14 septembre
1942. Vraisemblablement immédiatement assassiné.
BOHN, EMIL (1905 – ?)
Berlin, ajusteur-mécanicien et soudeur à l’arc, 1919 Freie Proletarier-Jugend (Jeunesse
prolétarienne libre], 1920-1923 KAJ et KAPD ; 1923-1926 prison à cause de sa participation
à des attentats à la bombe sur la villa d’un industriel et la statue de l’empereur Guillaume à
Halle, 1927 KAPD et AAU ; pérégrination en Suisse, en France et en Espagne ; à partir de
1928 (avec Otto Quarg*) dirigeant de district du KAP pour l’Allemagne centrale ; 1933
“détention préventive” ; jusqu’à la fin de la guerre travaille comme soudeur à l’arc à Berlin.
En 1945 cofondateur du KPD à Berlin-Jungfernheide, travaille peu de temps pour la police
auxiliaire et le commandement russe, puis secrétaire du syndicat FDGB à Berlin ; 1947 travail
dans le gouvernement régional de Halle, chef du département pour le commerce et
l’alimentation. Quand le groupe trotskiste des Internationale Kommunisten Deutschlands
(IKD), dirigé par Oskar Hippe*, a publié à Berlin une feuille polycopiée Der Marxist, elle a
été distribuée en Allemagne centrale avec l’aide d’Emil Bohn. Bohn, qui s’occupait
également des groupes des IKD dans le bassin minier de Mansfeld, a été arrêté en 1950. En
1952, il a été condamné – « malgré sa repentance » (sic) – à huit années de prison dans le
procès mené contre Weiland et d’autres ; après sa libération de prison en 1956, travail à la
BUNA-Werk à Schkopau/Saxe-Anhalt, l’un des cinq plus grands combinats industriels de la
RDA (18 000 salariés).
BÖLKE, WALTER R. (1905 – 1987), aux USA : BOELKE, pseudo : WALTER BERGH
Graveur de musique ; 1916 adhésion à la Freie Sozialistische Jugend [Jeunesse socialiste
libre] (FSJ), 1919 KPD, 1921 KAPD ? Pour cause de recherche de travail, il a émigré en 1925
aux USA où il a rejoint le groupe de la jeunesse antifasciste (germanophone) “Proletarische
Gemeinschaft” [Communauté prolétarienne], dont il a édité la revue Kampfsignal (1932-34).
En raison de son travail à la revue, il est entré en contact avec Paul Mattick, il a fondé un
groupe communiste des conseils à New York, il a assumé pour New York la distribution de
l’International Council Correspondance et il était considéré dans le groupe qui gravitait autour
de Mattick comme un initiateur de réseaux, qui organisait des événements et la discussion
(semi-publique) de textes et qui établissait le contact entre leurs auteurs et des travailleurs
intéressés. 1938-1939, il a publié la revue Proletarian Outlook (“Published by Proletarian
Group”). Après1941, amitié avec Heinz Langerhans, duquel il a publié quelques écrits à
compte d’auteur.
S’étant rendu très tôt autonome en tant que graveur de musique, il a fondé dans les années
40 une maison d’édition de musique dans laquelle il éditait les compositions d’Arnold
Schönberg, d’Anton Webern et de Charles Ives. Repli dans le petit village d’Hillsdale/N.Y.
Pour son 50° anniversaire, Paul Mattick a envoyé un salut à son ami : « Le socialisme n’est
pas une illusion, mais une façon de se comporter. Se demander si le socialisme est possible est
une fausse question. Il vaut mieux se demander si les socialistes sont possibles et, s’ils le sont,
l’affaire n’est pas perdue ».
BÖRNER, FRITZ (1896 – ?), alias ENSGARD
Pendant la Première Guerre mondiale, marin ; en novembre 1918, membre du Conseil des
ouvriers et des soldats de Kiel ; 1920-1921, fonctionnaire de l’AAU de la Rhénanie-
Westphalie ; conférencier itinérant.
BÖRNER, HEINRICH
AAUD/KAPD, Brême (Wasserkante), Comité national des conseils d’entreprise. Il a participé
le 12 juin 1921, comme l’un des 44 délégués, à la IV° Conférence nationale de l’AAU à
Berlin. Il y a défendu la nécessité du parti pour l’AAU : « (Börner) a décrit le KAPD comme
un parti qui n'est pas de l’ancien style » et il a rejeté toutes les positions anti-centralistes et
ouvriéristes à l’intéreiur de l’AAU : « L’Opposition dans l’AAU naît de la crainte que les
intellectuels puissent duper les prolétaires ».
Quelques mois plus tard, il a été délégué au congrès du KAPD en septembre 1921, où il est
intervenu sur la question : « KAPD et AAU : cartel des Unions en Allemagne, l’Internationale
des Unions ». Il a critiqué sévèrement les positions syndicalistes de la FAUD et les positions
de l’Internationale Syndicale Rouge moscovite qui allaient la main dans la main. Il a mis
l’accent sur la voie nécessaire pour édifier une Internationale des Unions : « Nous devons
briser les syndicats. Nous ne pouvons pas le faire en étant dans l’attentisme. Nous ne pouvons
le faire qu’en émettant le mot d’ordre : “Destruction des syndicats”. Par conséquent :
“Sortons des syndicats !”.
BÖTTICHER, HERMANN
AAU Hambourg, rédacteur de la revue Arbeiterpolitik.
BOUILLON (POUILLON ?)
Gotha, KAPD, 1920-1921, dirigeant du groupe local.
BOVENSIEPEN, OTTO (1895 ? – ?)
Erhard Lukas écrit que Bovensiepen a été l’un des chefs de combat lors de l’insurrection de la
Ruhr à Mülheim (“Quartier Général de l’Armée rouge de la dictature du prolétariat”) ; à
l’automne 1920, Bovensiepen a été membre du GHA [Comité exécutif] berlinois du KAPD et
de la direction suprême de l’organisation de lutte du KAPD.
BRACKERT, HEINRICH
Au 132 de l’Am schwarzen Meer (Brême), Comité local de Brême de l’AAU, responsable en
1919 pour Hastedt.
BRANDIS = [LUDWIG BARBASCH]
BRAUN, OTTO (né le 28.09.1900 à Ismaning/Bavière – 15.08.1974 à Warna) alias OSKAR,
OSKAR SCHUMANN, LANGNER, KARL WAGNER, LIDE
Fils d’un libraire et d’une enseignante, il a fréquenté de 1913 à 1919 l’école normale de
Pasing/Bavière et a rejoint au cours de la Première Guerre mondiale le Mouvement de la
Jeunesse et, après la fin de la guerre, la Freie Sozialistische Jugend [Jeunesse socialiste Libre]
(FSJ). En 1919, il a adhéré en secret au KPD. Après le putsch de Kapp en mars 1920, Braun a
rallié le KAPD pour six mois. Il était déjà revenu au KPD à l’automne 1920. Cela a été le
début d’un excellent CV au service de l’appareil stalinien du Komintern.
Il a agi de manière dissimulée jusqu’en 1926 dans son service de prévention et d’informations
et, à partir de 1921, de la même manière dissimulée, comme rédacteur de la presse du
KPD. Il a participé à la création de la République des conseils de Munich et en 1921 aux
insurrections en Allemagne centrale. Otto Braun, qui, déjà quand il était jeune, présentait “des
tempes dégarnies” importantes, et portait une paire de lunettes voyantes à la Harold Lloyd,
agissait pourtant sous différents pseudos et alias tels que OSKAR, OSKAR SCHUMANN,
LANGNER et KARL WAGNER, et il collaborait “de manière supposée étroite” avec les
services de police secrète du “commissaire d’État pour la surveillance de l’ordre public”. Plus
tard, afin de camoufler ses activités de services secrets, il a fondé le Bureau d’informations
Coruna qui collectait prétendument des informations sur le mouvement communiste en
Allemagne et à l’étranger afin de les transmettre à la presse.
En 1921, Braun a été considérablement impliqué dans ce qui a été appelé “l’affaire
Freyberg” à Berlin, dans laquelle des communistes se faisant passer pour des agents
allemands de la police secrète ont délesté un colonel russe en exil, Freyberg, de papiers
militaires secrets afin de les transmettre à l’Union soviétique. Braun a été pour la première
fois soupçonné sérieusement de collaborer avec les communistes, mais il a pu se justifier et
ensuite se faire passer pour un solide homme de droite. Au plus tard à partir de 1925, il a
travaillé également pour le service de renseignements militaire soviétique (GRU).
Lorsque Braun a procuré en 1926 à un émissaire du Komintern, le danois Georg Laursen
(1889-1977), des documents de la police secrète allemande qui avaient été volés ou obtenus
illégalement, et qui portaient entre autres sur les activités du service de renseignements
anglais dans les États occidentaux voisins de l’Union soviétique, il a finalement été arrêté le
30 septembre 1926 à Berlin après une filature de plusieurs jours. De 1926 à 1928, Braun a été
en détention provisoire ou en prison à Berlin-Moabit. Il a été libéré le 11 avril 1928 grâce à
une action audacieuse menée par un groupe armé de communistes, sous la direction de son
ancienne compagne, Olga Benario (1908-1942), et il s’set enfui sans délai vers Moscou, où,
en 1928/29, il a été membre de la Proletarische Schützendivision (Division prolétarienne des
fusiliers), et où il a étudié jusqu’en 1932 à l’Académie militaire Frounzé.
De 1932 à 1939, il a travaillé pour le compte du (GRU) de l’Union soviétique en tant que
conseiller militaire de l’Internationale Communiste et en tant qu’officier supérieur de l’Armée
Paysanne Rouge en Chine. Étant donné que l’Internationale Communiste n’était pas d’accord
avec la tactique de guérilla de Mao Tsé-toung, Otto Braun a dû, sous le pseudonyme chinois
de LIDE, prendre lui-même en main la direction de l’armée. En 1934, l’Armée Paysanne
Rouge a subi sous sa direction, à l’occasion d’une bataille rangée, des pertes si graves que la
protection ultérieure de la base principale à Rouijin a semblé impossible. C’est pourquoi
l’Armée rouge chinoise a entamé alors sa célèbre “Longue marche” dont le seul participant
étranger était Braun. Braun était à cette époque en couple avec une Chinoise. Otto Braun, qui
a été désigné comme “chien de garde” du Komintern auprès de Mao Tsé-toung, a été
complètement dominé à partir de 1934 par ce dernier, beaucoup plus rusé, qui a réussi
également à saper durablement la confiance de ses employeurs soviétiques en Otto Braun.
Après son retour à Moscou, Braun n’a certes pas été soumis à des représailles, mais, malgré
sa formation militaire antérieure et son expérience des services secrets, il n’a plus jamais été
employé de manière adéquate. De 1939 à 1941, il a travaillé comme rédacteur et traducteur
pour la maison moscovite d’édition de littérature en langue étrangère. Jusqu’en 1946, il a été
instructeur politique dans différents camps de prisonniers de guerre et membre du Comité
national “Freies Deutschland” [Allemagne libre]. Il a ensuite vécu, comme traducteur, et, à
partir de 1951, comme écrivain libre à Moscou et à Krasnogorsk.
En 1954, il est revenu en RDA et il est devenu membre du SED. En tant que collaborateur
scientifique à l’Institut pour le Marxisme-léninisme auprès du Comité central du SED, il a été
le rédacteur responsable de l’édition allemande des oeuvres de Lénine. Dans le cadre de « la
polémique sur la ligne générale » de 1959 à 1964, Braun a exercé pour le compte de la
direction du SED une violente critique visant la politique de la direction de l’État et du parti
chinois. Après la rupture entre le PCC et le PCUS, Braun a pu, dans le but de “discréditer”
Mao Tsé-toung, publier également ses Notes chinoises (1932-1935) (Berlin 1975) dans
lesquelles il critiquait de manière très violente l’attitude politique de Mao ainsi que sa façon
d’être personnelle et son mode de vie.
Braun a été distingué en 1960 avec la médaille du mérite patriotique en argent et en 1967
avec celle en or, en 1969 avec la médaille soviétique de la Guerre patriotique, avec
la médaille Karl-Marx et avec la médaille commémorative de Lénine.
BRAUNE, FR.
Brême, 42 Wiedstrasse. En janvier 1920, adresse de contact de l’AAU de Brême.
BRAUNE, OTTO
KAP/AAU, arrêté en 1927.
BRAUNWALD
Délégué de la KAJ au congrès du KAPD en septembre 1921.
BROECKER, HUGO (23.06.1999 – 2.06.1976)
Relieur, vivant en 1937 à Berlin-Rummelburg, au 25 Eitelstrasse. Après sa fréquentation de
l’école publique, Broecker est devenu apprenti relieur et, avant d’avoir fini son apprentissage,
il a été appelé au service militaire sur les fronts oriental et occidental ; de 1919 à 1928, travail
dans différentes imprimeries ; le 2.01.1928, il a été relieur à la Berliner Städtische
Elektrizitätswerke Akt. Ges. (la Bewag), et il a adhéré au Syndicat des relieurs, qui faisait
partie Syndicat général des ouvriers de l’État et de la Commune ; de 1928 jusqu’à la
dissolution du SPD, membre ayant pour fonction celle de trésorier de district et délégué
syndical du Syndicat général à la Bewag. Il a pris part aux cours de la SWV et il appartenu à
partir de 1933 au groupe de résistance des Rote Kämpfer à Berlin-Lichtenberg ; il a été son
dirigeant et son homme de liaison avec Alexander Schwab ; il a mis son habitation à
disposition pour des rencontres illégales ; il a pris en 1935 la direction des finances des RK
pour tout Berlin ; ensuite, à la fin de 1935, responsable de l’appareil technique à Berlin, il
participe à la production et à la distribution d’écrits illégaux ; le 2.12.1936, il est arrêté, et, à
partir du 28.12.36, en détention provisoire dans la prison de Berlin-Tegel ; le 22.10.1937,
condamné par le Tribunal régional supérieur de Berlin à 3 ans et demi de prison et à 5 ans de
privation d’honneur pour “préparation à une entreprise de haute trahison” ; il a purgé sa peine
à la prison de Luckau/Brandebourg ; de 1946 jusqu’en 1965, il a travaillé dans l’imprimerie
du FDGB.
BROH, JAMES (9.11.1867 – 1942), alias JUNIUS
Berlin-Charlottenburg, né à Perleberg (Brandebourg) ; juriste, journaliste, USPD, KPD,
KAPD, AAUE, Broh provenait d’une famille juive et il a étudié les sciences juridiques à
Berlin. Après l'examen d'État, il a obtenu son doctorat en droit et il a commencé la formation
habituelle dans le service judiciaire prussien. Déjà à cette époque-là, il était partisan de la
social-démocratie. Il a fait le pas d’intégrer le service de la justice sur les conseils d’August
Bebel et de Wilhelm Liebknecht, qui espéraient que Broh défendrait ultérieurement des
sociaux-démocrates comme avocat. Broh s’est installé comme avocat à Berlin et a adhéré au
SPD. Il a écrit pour différentes revues socialistes et il a été un cofondateur de l’Organisation
de la Jeunesse du SPD : la “Verband der Arbeiterjugendvereine” [Fédération des unions de la
jeunesse ouvrière]. À cette époque-là, il faisait partie de l’aile révisionniste du parti.
Pendant la Première Guerre mondiale, Broh s’est tout d’abord retiré de la politique. Il a
écrit des poèmes contre la guerre ainsi que la pièce de théâtre “Bettina”. C’est en tant
qu’opposant à la guerre qu’il a adhéré à l’USPD. Lors de la révolution de Novembre, il est
devenu secrétaire général du Conseil exécutif des Conseils des ouvriers et des soldats et il a
officié en tant que tel jusqu’au I° Congrès national des conseils. Après la sortie de l’USPD du
Conseil des délégués du peuple le 27 décembre 1918, Broh est apparu comme orateur du
parti. En 1919, il a été élu conseiller municipal de Charlottenburg. Déjà, peu de temps après, il
démissionnait afin de s’occuper de la formation politique dans l’USPD.
Professionnellement, il est devenu entre autres l’avocat de Karl Liebknecht. À partir de
1919, Broh a fait partie du groupe d’opposition dans le KPD. Après la scission du parti sur la
question : démocratie des conseils ou bien Assemblée nationale, Broh a adhéré en 1920 au
KAPD. Dans le nouveau parti, il représentait avec Franz Pfempfert, lors du Congrès du parti
à Gotha, la minorité qui refusait l’adhésion au Komintern de Moscou. Avec Otto Rühle*,
Franz Pfempfert et Oskar Kanehl, il est devenu en 1921 le cofondateur de l’AAUE. Il a
travaillé comme journaliste dans la revue de Franz Pfempfert : Die Aktion. Comme conseiller
judiciaire, il s’est engagé dans plusieurs procès importants comme défenseur de révolutionnaires,
comme par exemple dans celui en 1921 de Max Hölz*, en mai 1924 dans celui
d’Oskar Kanehl* ou, lors du “procès des communistes de la mer Blanche” en faveur d’Arthur
Michaelis*, Fritz Falk*, Ernst General*, Karl Ziegler* et Paul Dolling*. C’est de la plaidoirie
de Broh en faveur de Max Hölz que provient la formule : « L’heure de la mort de la
révolution des partis est l’heure de naissance de la révolution des masses ».
En 1930, il adhérait au KPD. Après l’incendie du Reichstag, Broh a quitté l’Allemagne,
mais il y est retourné pour entreprendre la défense d’un client. Il a été arrêté, tout d’abord
torturé dans un “camp privé”, puis officiellement pris “sous protection” et incarcéré dans la
forteresse de Spandau. Grâce à l’intervention de sa femme, Broh a été libéré quatre semaines
plus tard et il a émigré en Tchécoslovaquie. Ensuite, il a vécu comme écrivain libre à Paris.
Le 27 octobre 1937, on lui a retiré la citoyenneté allemande. À Paris, il a écrit de 1934 à 1940
sous le pseudonyme de Junius pour la revue Neues-Tage-Buch (qui a succédé à Das Tage-
Buch) et pour l’organe de l’Internationale Sozialistische Kampfbund [Union de lutte
internationale socialiste] : Sozialistische Warte. Il est mort pendant l’été 1942 à Paris.
BROUWERS, WILHELM
Secrétaire du KAPD à Dusseldorf, au 511 d’Ulmenstrasse. C’est à cette adresse qu’il y a eu la
possibilité de s’abonner au KAZ.
BRUMMER, HERBERT
Leipzig, conducteur de train ; KAPD/AAU, KAU, après 1933 travail illégal, émigration en
Suède ? ; en 1949, retour à Leipzig. Remise du titre honorifique de “cheminot méritant de la
RDA” le 8 juin 1952.
BUCHHOLZ, WILHELM (1887 – 1984)
Brême ; SPD, novembre 1918 IKD, membre du Conseil des ouvriers et des soldats de
Brême en décembre 1918 ; KPD/AAU ; plus tard FAUD- Commission d’agitation en 1924.
BÜTTNER, ERNA HERTA JOHANNA (31.12.1911 à Berlin Neukölln – 10.09.1990),
née Grzywotz
Habitant à Berlin-Lichtenberg, au 15 Rathausstrasse. Jusqu’à ses 16 ans, fréquentation du
lycée, puis pendant 1 an enseignement commercial supérieur, travail comme employée de
bureau et sténotypiste, elle est devenue membre du SPD en 1929, qu’elle a quitté en 1930
pour raisons personnelles ; entrée au SAP, membre du Zentralverband der Angestelleten
(ZdA) [Confédération des employés] et de la SWV. Après 1936, elle s’est retrouvée seule
dans le groupe de l’Est des “Rote Kämpfer” (RK), elle a été pendant un certain temps chef de
groupe, elle faisait déjà partie en 1933 du groupe de résistance des RK, elle a formé cette
même année un sous-groupe des RK avec Alfred Engel, Karl Gerlich et Emil Schotter, ensuite
chef du sous-groupe de Berlin-Friedrichshain, elle organisait des réunions secrètes, elle
diffusait du matériel illégal et elle recueillait des articles ; le 26.11.36 arrêtée ; avec le mandat
d’arrestation du 29.12.36, en détention provisoire ; en octobre 1937, condamnée par le
Tribunal régional supérieur de Berlin à 2 ans et demi de prison et à 3 ans de perte des droits
civiques ; elle a purgé sa peine à la prison de Lubeck et à la prison de femmes de Jauer/Silésie
(aujourd'hui Jawor/Pologne). Libération le 1.06.1939. Après 1945, pendant trois ans
sténotypiste du syndicat des conducteurs de locomotives, membre du KPD, puis du SED,
rubrique de la culture dans le Neues Deutschland, puis dirigeante-cadre dans l’Académie des
sciences de la RDA.
BURKHARDT, LUDWIG
KAP/AAU, arrêté en 1927.
BÜSSE, ERNST (1894 ? – ?)
Altenberg (Saxe) ; potier, AAUE à Altenberg, après 1945 GIS/SVW, Dresde.
CALLAM, ALBERT (21.01.1897 – 1.03.1956), alias KALLAN, ALBRECHT
Né à Stolp (Poméranie) ; maçon, carreleur, 1919-1932 AAU ; ensuite KPD, directeur de
la revue du KPD “Kampf” et de la Papiererzugungs- und Verwertungs-AG [Entreprise de
production et de recyclage de papier] (la Peuvag) à Chemnitz. Il a été jusqu’en 1933 gérant de
maisons d’édition du KPD et d’imprimeries. Il a été arrêté le 30 avril 1933 à Breslau et
emprisonné jusqu’en février 1934 au KZ d’Esterwegen.
En mai 1934, il a émigré à Prague ensuite, en 1937, en France. Là, il a été responsable, pour
la direction du KPD à l’étranger, de l’impression de matériels illégaux qui étaient ensuite
passés en contrebande en Allemagne. Il a été un collaborateur du Deutsche Volkszeitung à
Paris et chargé de son impression. Callam a réussi en décembre 1941 à partir pour le
Mexique. Là-bas, il a été membre du mouvement stalinien “Freies Deutschland” et de 1942 à
1946 il a travaillé comme directeur éditorial ou comme gérant de la revue Freies Deutschland.
CAVIER, TH.
150 Geschworenenweg. Comité local de l’AAU de Brême pour Buntentor.
CHARPENTIER, FRITZ (22.12.1896 – 2.08.1928)
USPD puis AAU Solingen, décembre1920 VKPD. Charpentier a travaillé, après la
fréquentation d’une école de commerce privée, comme commerçant et voyageur de commerce
en Rhénanie et dans la région de la Ruhr. Il a adhéré au SPD avant l’éclatement de la première
guerre mondiale, En tant qu’opposant à la guerre, Charpentier a quitté ce parti en 1917 et, la
même année, il est devenu membre de l’USPD dont il a été secrétaire de ce parti à Solingen à
partir de 1919. Durant la révolution de Mars en 1920 dans la Ruhr, qui a eu lieu comme
réaction au putsch de Kapp, il a signé – de même qu’Oskar Triebel (1891-1968), dirigent du
le groupe local du KPD de Barmen – l’accord de Bielefeld (24 mars 1920) qui désarmait les
ouvriers : « 12. Il en résulte que les armes et les munitions ainsi que le matériel militaire
réquisitionné et pillé seront restitués immédiatement aux autorités de la commune. ».
Sur proposition du KPD, le 25 mars, lors d’une assemblée générale des comités exécutifs de
la région industrielle à Essen, à laquelle ont également participé quelques chefs militaires de
l’Armée rouge de la Ruhr, un Comité central a été élu en vue d’une direction unitaire des
combats défensifs. Wilhelm Pieck a souligné que l’accord de Bielefeld « n’offrait aucune
garantie », d’autant plus que le gouvernement ne l’avait pas approuvé. L’unique garantie pour
les ouvriers était de conserver les armes pour pouvoir empêcher à tout moment une intrusion
de la Reichswehr. Le 26 mars, Wilhelm Pieck s’est opposé à Hagen aux revendications
utopiques pour la réalisation desquelles les conditions manquaient dans la situation donnée.
« Ce serait un saut dans l’évolution historique si nous voulions introduire déjà maintenant la
dictature du prolétariat. Un tel saut se venge toujours. ». Mais il faudrait parvenir à
l’armement des travailleurs et au désarmement de la bourgeoisie.
Dans les premiers jours d’avril, après ce désarmement unilatéral, 150 à 300 ouvriers et aides
féminines ont été tués. Perquisitions de domicile, désarmements, cours martiales et
arrestations de masse, ont accompagné la progression des troupes de la Reichswehr. Le
6 avril, la Reichswehr pénétrait dans Dortmund. Il s’est ensuivi des condamnations à mort
ainsi que des exécutions de masse. Ceux qui, lors de leur arrestation, étaient trouvés armés,
mais aussi les désarmés, étaient « tués » aussitôt ou « au cours de leur fuite ».
En décembre 1920, Charpentier, qui avait participé en tant que délégué à ce que l’on a
appelé le “Congrès de scission” de l’USPD, est devenu membre du VKPD et secrétaire de ce
parti pour le sous-district de Solingen. Charpentier a été élu pour le KPD en 1921 au Landtag
prussien auquel il a appartenu jusqu’en 1924. Au sein de l’ancienne Fraction du KPD, il y a
eu de vigoureux débats à propos de la ligne politique. On en est arrivé à une scission
temporaire de la Fraction. Charpentier a fait temporairement partie, en tant que représentant
d’une politique modérée, de la Kommunistische Arbeitgemeinschaft dirigée par Paul Levi
dans le Landtag prussien. Charpentier est quand même resté membre du KPD, il est revenu
dans la Fraction et il est devenu secrétaire du parti à Elberfeld. Au début de 1924, il était de
surcroît rédacteur en chef du quotidien du KPD de Remscheid : le Bergische Volksstimme,
mais il a été à nouveau démis de ce poste dès juillet 1924, après que des forces plus à gauche
ont pris la direction du KPD. Charpentier n’a plus été désigné pour un mandat au Landtag. En
raison de sa participation aux préparatifs d’insurrection de l’année 1923, Charpentier a été, à
partir de 1924, recherché par la police et il a émigré en Union soviétique. Là-bas, il a dû être
victime des épurations staliniennes étant donné qu’en 1928 il faisait partie de l’opposition
dans le KPD. Il a probablement péri dans une prison soviétique. Le Rote Fahne en a donné
une autre version. Charpentier aurait été malade depuis un long moment et, le 2 août 1928, il
est mort dans un hôpital de Moscou.
CIERPKA, CARL
Berlin-Friedenau, KAPD (tendance Essen), KAI.
CLASSE-LANGE, ANNA (5.04.1882 – 23.01.1969) ANNA LANGE, alias ANNA
CLASSE, MARIE MEISSNER
Berlin-Lichtenberg; employée dans une coopérative, en 1910 elle était membre de
l’Association éducative pour les femmes et les filles de la classe ouvrière.
1915-1918, participation au travail anti-guerre et illégal de la Ligue Spartacus. Elle y a fait
la connaissance de Paul Fröhlich (1884-1953), de Karl Plättner*, de Ruth Fischer (1895-
1961), de Willi Münzenberg (1889-1940) et de Max Köhler (1897-1975). Elle distribuait de la
littérature illégale, soutenait les déserteurs (entre autres Max Köhler) et elle a été à plusieurs
reprises internée à la prison de Moabit. Elle est devenue membre du KPD en décembre 1918
et elle a travaillé comme secrétaire de la section des femmes de la Centrale.
Elle a participé au Congrès du KPD à Heidelberg en octobre 1919 et, avec l’Opposition de
gauche, elle a été exclue du parti. En 1920 – quelques mois plus tard – elle a été enfermée
dans la forteresse de Königstein près de Dresde. Après sa libération en avril 1920, elle a
rejoint le KAPD. Lors du Congrès du KAPD en février 1921, elle a été le rapporteur en ce qui
concerne la question féminine. Elle a pris part, en tant qu’invitée, au III° Congrès de
l’Internationale Communiste à Moscou et elle y a rencontré Anna Oulianova et Nadejda
Kroupskaïa, respectivement la soeur et la femme de Lénine, et elle a visité des foyers pour
enfants. Lors de son retour en Allemagne, elle était tombée gravement malade.
Durant le Congrès du KAPD en septembre 1921 à Berlin, elle représentait la position selon
laquelle l’émergence d’une opposition ouvrière en Russie ne serait pas un facteur de
puissance suffisant pour édifier une nouvelle Internationale : « Cette opposition russe et celle
dans les autres pays ne sont pas encore suffisamment fortes pour pouvoir fonder une
quatrième Internationale ». Elle a fait partie du KAPD jusqu’en 1931. Elle a rédigé, sous le
pseudonyme de Maria Meissner, des contributions relatives à la question féminine dans le
KAZ et dans le Proletarier. Avec son compagnon Fritz Kunze, elle est revenue au KPD aux
environs de 1932.
Après 1945, elle a adhéré au KPD/SED, mais elle n’y a joué qu’un petit rôle dans le
mouvement des femmes de la RDA. Elle est morte en 1969 à Berlin-Est, et on lui a rendu
hommage pour ses « 70 années de lutte » dans le « mouvement socialiste organisé », sans que
l’on ait fait mention de ses onze années dans le KAPD.
CLAUS [KLAUS], RUDOLF FRANZ PAUL (29.09.1893 – 17.12.1935)
Tourneur, Brunswick, à partir de 1909, actif dans la FSJ ; Rudolf Claus provenait d’un milieu
familial social-démocrate. En 1914, il s’est porté volontaire pour servir à la guerre, mais, au
cours de la Première Guerre mondiale, il est devenu opposant à la guerre. Il a participé à la
révolution de Novembre au Brunswick et en 1919 aux tentatives d’insurrection spartakistes
pour établir une République des conseils. En 1920, il est devenue membre du KPD, et, peu de
temps après, il est passé au KAPD. En avril 1921, à Naumburg, un Tribunal spécial le
condamnait à une peine de prison à perpétuité en raison de sa participation à l’insurrection en
Allemagne centrale. Comme conséquence du mouvement de protestation de masse contre ce
jugement, il était relâché dès 1922. Il a été de nouveau condamné en 1924 pour des raisons
politiques, cette fois-ci à 8 ans de prison. En 1928, il a été une nouvelle fois amnistié. Il a
ensuite travaillé comme fonctionnaire du Rote Hilfe Deutschlands (RHD) à Berlin, à Halle et
à Hanovre.
Au cours de l’établissement de la dictature nazie, il a été de nouveau arrêté en février 1933,
roué de coups sans cesse pendant des semaines et supplicié selon d’autres façons. Lorsqu’il a
été libéré en octobre 1933, il a adhéré aussitôt au mouvement de résistance antifasciste et il est
devenu membre de la direction du RHD. En juin 1934, il a été arrêté par la Gestapo et, le
25 juillet 1935, condamné à mort dans un semblant de procédure judiciaire. Une protestation
internationale a été soulevée contre cela, mais sans succès. Peu avant Noël 1935, il a été
décapité avec une hachette sur le site d'exécution de Plötzensee.
CONRADI
Husumstrasse 34. Comité local de l’AAU de Brême pour le quartier de Walle.
COORS
Weserdeich 34. Comité local de l’AAU de Brême pour le quartier de Woltmershausen.
CUNOW, WILHELM
Opposition du KAPD en 1927.
DANNENBERG, KARL (1888 – ?)
Écrivain, né en Allemagne, a émigré avant 1914 aux USA où il a été un dirigeant des IWW à
Detroit. À l’automne de 1919, retour en Allemagne, où il a développé les activités des IWW à
Hambourg, à Cuxhaven, à Brême et à Bremerhaven. Dannenberg a adhéré à l’AAU au
Brunswick et il a été, après février 1921, le cofondateur de la Sozialistische Industrie-Arbeiter
Union (SIAU) qui comptait 200 membres. La SIAU a quitté le KAPD car elle avait des
tendances anarchistes. L’organe de presse de la SIAU était le Fackel [Flambeau], un
bimensuel qui paraissait à Brunswick et dont Karl Dannenberg était responsable. Des groupes
de la SIAU ont également été créés dans certaines villes de la région industrielle de
la Rhénanie-Westphalie. Étant donné que la SIAU soutenait la participation aux élections et
qu’elle était considérée comme centraliste, cette Union s’est rapidement désagrégée ;
plusieurs de ses membres ont adhéré à la FAUD et d’autres à l’AAUD. Les derniers restes des
IWW allemands se sont investis dans la section locale de L’Union internationale des Marins
(ISF) à Stettin/Poméranie, une organisation qui était proche de l’anarcho-syndicalisme. Le
sort ultérieur de Karl Dannenberg est inconnu jusqu’à aujourd'hui.
DANTZ, WILHELM (27.07.1886 – 28.06.1948)
Menuisier, né à Hanovre. Après son apprentissage de menuisier, il a travaillé dans cette
profession. Avant la Première Guerre mondiale, entrée au SPD, puis au KPD depuis sa
création. En 1919, président du KPD de Brême-Hasbergen. En avril 1920, il faisait partie de
la tendance KAP et il est devenu dirigeant de l’AAU. Il a été délégué à la 1° et à la 2°
Conférence nationale de l’AAU. Fin 1920, Dantz s’est de nouveau séparé du KAP et il est
revenu au KPD.
En 1921, il a été président du KPD de Brême et délégué au VII° Congrès du parti à Iéna, de
1921 jusqu’en 1924 conseiller municipal de Brême et rédacteur de l’organe brêmois du parti.
En octobre 1924, il a été exclu du KPD pour cause de droitisme, mais, après l’épisode
Fischer-Maslow, il a été réintégré. Il est devenu fonctionnaire à temps plein du parti et en
1926/27 une nouvelle fois conseiller municipal de Brême. En 1928, de nouveau exclu du KPD
en tant que “droitiste”, il a adhéré en juin 1929 au SPD. Dantz a travaillé de nouveau comme
menuisier, mais il n’a plus été politiquement actif. Il est mort en 1948 à Brême.
DEGEN, OTTO [= KARL MINSTER] ou bien DEGNER, DEBNITZ (DEMNITZ)
Berlin, délégué au Congrès du KAPD en février 1921.
DENGEL, PHILIPP (1.12.1888 – 1948), alias SCHMIDT
Né à Oberingelheim ; journaliste, fonctionnaire de parti, fils d’un viticulteur rhénan. Il a
fréquenté le lycée jusqu’en 1887 à Mayence et il a poursuivi ses études jusqu’en 1911 à
Heidelberg. De 1911 à 1913, travail de professeur particulier, puis jusqu’en 1918 service
militaire, pour finir lieutenant de réserve. Après le déclenchement de la révolution, Dengel a
rejoint Kurt Eisner à Munich et il est devenu secrétaire de la délégation bavaroise à Berlin.
Avec Alfons Goldschmidt, il a fondé le Räte-Zeitung [Journal des conseils] et il a été
rédacteur du journal Republik dirigé par Wilhelm Herzog (1901-1970). Dengel a adhéré au
KPD en mars 1919. À Berlin, où il a pris part en 1920 à la défaite du putsch de Kapp, il a fait
temporairement partie du KAPD. Il l’a quitté après un voyage en Union soviétique et une
rencontre avec Lénine. En 1921, il était rédacteur chargé de l’étranger au quotidien du KPD,
le Rote Fahne, en 1922 il assumait la rédaction en chef du quotidien du KPD de Cologne, la
Sozialistische Republik, en 1923 la rédaction du Hamburger Volkszeitung du KPD et il a pris
une part active à l’insurrection hambourgeoise. Dengel se situait à l’aile gauche du parti. Au
début de 1924, il est devenu dirigeant politique (Pol-Leiter) du district de Wasserkante et en
août 1924 Pol-Leiter du district de Niederrhein (sous le nom de Schmidt). De mai 1924 à
1930, il a été député au Reichstag pour la circonscription électorale de la Westphalie-Sud ou
de celle de Dusseldorf-Est. Lors du X° Congrès du KPD en juillet 1925, Dengel a été élu
membre du Comité central (ZK). Depuis la “Lettre ouverte” de 1925, il siégeait au Bureau
politique et il a travaillé jusqu’en 1929 comme secrétaire au ZK à Berlin, où il faisait partie du
groupe de gauche gravitant autour d’Ernst Thälmann.
Le VI° Congrès mondial du Komintern en 1928 a élu Dengel comme membre du CEIC et
de son Bureau, auquel il appartiendra officiellement jusqu’en juin 1941. Après la découverte
de l’Affaire Wittorf, il a pris ses distances avec Thälmann et il a été en octobre 1928 l’une des
personnes agissantes qui ont demandé sa destitution : « Le camarade Thälmann doit
disparaître du sommet du parti pour un certain temps ». Après le rétablissement de Thälmann
par Staline, Dengel a été sanctionné et déchargé de ses fonctions comme secrétaire du CC. Élu
par le XII° Congrès du parti en 1929 comme membre du CC, mais ne faisant plus partie du
Bureau Politique, il a travaillé en 1930/31 comme rédacteur et comme professeur à l École du
Parti à Berlin, et l’on s’en est finalement débarrassé en le nommant en 1931 collaborateur du
CEIC à Moscou où il a travaillé dans l’appareil du Komintern.
De 1933 à 1935, chef du secrétariat pour les pays scandinaves du CEIC, il s’est rendu à
Paris en 1935/36. Ce n'est qu’à partir de 1936 que l’on a fait de nouveau appel à Dengel pour
travailler dans le KPD : il a travaillé comme rédacteur à Prague dans le secrétariat de la
direction pour l’étranger. La Conférence de Berne du KPD l’a élu de nouveau en 1939 au CC,
mais il est resté en permanence à Moscou. Le 22 juillet 1941, le jour de l’attaque de
l’Allemagne contre l’Union soviétique, Dengel a eu un AVC qui l’a complètement paralysé.
Certes, il a travaillé à partir de 1944 dans le Comité national de Freies Deutschland, mais il
n’a plus joué de rôle politique. Le 10 septembre 1947, il est rentré, au côté de sa femme
Katharina (1899-1977) grièvement malade à Berlin. Philipp Dengel est mort le 28 mats 1948.
DERTSCH
KAPD, fonctionnaire à Kiel-Friedrichsort, agent de liaison de l’Organisation de lutte du
KAPD 1920-1921.
DETHMANN, DR. ADOLF (3.12.1896 – 6.08.1979) né à Neumünster, alias ERWIN
GRÜNBERG
Kiel, Desau, Hambourg ; ingénieur, secrétaire de direction, libraire, chef de service, employé ;
né à Neumünster (Schleswig-Holstein), fils d’un commerçant national-libéral. En août 1914,
ayant à peine 17 ans, il s’est porté volontaire pour rejoindre l’armée impériale, mais, en raison
d’une faiblesse corporelle générale, il n’a pas été pris. En septembre 1915, pourtant engagé au
service de l’armée à Neumünster, il a été renvoyé de nouveau au printemps 1917 pour
inaptitude. Dans cette phase, il se voulait déjà anticapitaliste :
« Les causes profondes de la guerre résidaient simplement, selon mon avis d’alors, dans le
pouvoir de l’argent, et je croyais qu’avec l’élimination de la propriété privée, et par
conséquent du pouvoir de l’argent, les guerres devraient être évitées à l’avenir. ».
Il a étudié à Heidelberg et à Kiel le droit et ensuite les sciences politiques. L’Institut pour
l’Économie mondiale à Kiel, où Dethmann a obtenu son doctorat en décembre 1920
s’occupait aussi, entre autres, des thèmes du mouvement ouvrier et du marxisme.
Peu de temps après la révolution de Novembre 1918, il a adhéré à l’USPD. Il a écrit
quelques articles dans le quotidien de l’USPD : Die Republik. Les prolétaires des quartiers de
Kiel, Friedrichsort, Holtenau et Pries, ont décidé de quitter l’USPD et, déjà le 3 janvier 1919,
deux jours après la fin de la Conférence de fondation du KPD, il s’est constitué à Kiel un
groupe local du KPD auquel Dethmann a immédiatement adhéré. Il est devenu le rédacteur de
premier plan du journal Spartakus, l’Organe du Parti Communiste pour la province du
Schleswig-Holstein, dont le premier numéro est paru le 9 mars et le dernier le 8 mai. Il a écrit
avec emphase : « Spartakus est devenu la terreur citoyenne du XX° siècle. Et nous écrivons ce
mot sur le drapeau rouge de la révolution. ».
En octobre 1919, les districts du parti en Allemagne du Nord-ouest – et avec eux Dethmann
– ont été exclus du KPD. Il est devenu un co-fondateur du KAPD et aussitôt un opposant
féroce du national-bolchevisme “hambourgeois”. À l’encontre de l’idée d’une “union des
nations libres”, le groupe local de Kiel du KAPD défendait celle d’une commune mondiale
“antinationale”. En mai 1920, il a suggéré le nom de “Ligue communiste antinationale”.
Pendant le congrès du KAPD en août 1920, il a été, avec Arthur Goldstein*, le défenseur le
plus déterminé de l’internationalisme à l’encontre des positions national-bolcheviques de
Laufenberg et de Wolffheim : « Laufenberg a dit à l’occasion de la Conférence de district à
Hambourg : “Le but du socialisme est le rassemblement de l’ensemble des membres de la
nation. Les buts de l’humanité se retrouvent dans la nation. La seconde phase du socialisme
réside dans l’époque du rassemblement de l’unité populaire”. La nation a donc un caractère
d’éternité aussi longtemps que l’humanité existera… La nation est un produit historique, une
unité économique figée qui disparaîtra un jour. Laufenberg et Wolffheim ont abandonné le
point de vue du matérialisme historique en déclarant que la nation est la base de la société
humaine… Notre but est la communauté communiste de l’humanité qui ne connaît plus de
différences nationales… La lutte du prolétariat est non seulement internationale, elle est aussi
vraiment antinationale…À cette époque où la Russie est à la frontière de l’Allemagne,
propager ces idées nationalistes revient à poignarder le front prolétarien dans le dos. ».
Le 17 décembre 1920, le doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques de
l’Université de Kiel, a décerné à Dethmann le “titre de docteur” pour sa thèse : L’idée des
conseils comme théorie de l’État et ses germes dans les écrits de Karl Marx et de Friedrich
Engels. Ce travail est resté inédit.
Début janvier 1921, il est devenu président du KAPD de Kiel et – avec Alexander Schwab*,
Bernhard Reichenbach* et Goldstein – membre du groupe de travail pour la formation
scientifique du Parti. Il a été également le représentant du KAPD lors des négociations avec le
CEIC et le KPD à propos d’un plan d’action éventuel en vue de la révolution allemande, plan
qui n’a jamais été conclu. Au milieu du même mois, il s’est rendu à Moscou en tant que
“délégué suppléant” au côté du premier représentant officiel du KAP au CEIC, Arthur
Goldstein. Dans la “patrie du socialisme”, où il est resté jusqu’au début d’avril, il a pu assister
à l’écrasement des ouvriers et des marins de Cronstadt. Il a traité à Berlin les idées qu’il
s’était fait en Russie dan un “pamphlet de dénonciation” non signé contre le régime
soviétqiue : Le gouvernement soviétique et la III° Internationale à la remorque de la
bourgeoisie internationale ! [Paru en août 1921 à Berlin].
Lors du congrès du KAPD de septembre 1921 à Berlin, il a justifié, en tant que l’un des cinq
membres du GHA du KAPD, la nécessité d’une IV° Internationale après la rupture avec le
Komintern à Moscou :
« La III° Internationale est perdue pour la révolution prolétarienne mondiale, et n’importe
quelle tentative de révolutionnarisation, quelle que soit sa forme, l’est aussi. Le KAPD est
maintenant au beau milieu de cette situation, c'est-à-dire dans une situation mondiale dans
laquelle le capitalisme considère que sa tâche principale est de se constituer en instrument
de lutte international pour la reconstruction du capitalisme et la répression du prolétariat
mondial. En ce moment, le prolétariat n’a pas une Internationale ouvrière révolutionnaire
correspondante. Nous sommes d’avis que, sur la base de ce fait, la conséquence doit être
tirée, à savoir que là où il n’y a pas d’Internationale prolétarienne révolutionnaire, une
nouvelle doit être créée. Cette Internationale viendra et doit venir, peu importe que nous la
refusions ; car alors elle sera fondée par d’autres. Elle est tout simplement une nécessité
historique qui naîtra et vivra. L’Internationale Ouvrière Communiste, ainsi que nous
désignerons peut-être notre nouvelle Internationale, sera quelque chose de complètement
nouveau. Toutes les Internationales antérieures ont été, soit en paroles, soit en actes,
l’expression de la lutte réformiste et syndicale-parlementaire de la classe ouvrière.
L’Internationale Ouvrière Communiste, en tant que véritable expression de la révolution
prolétarienne, devra s’exprimer, aussi bien dans sa forme d’organisation que dans sa
tactique, de la même manière véritable révolutionnaire-prolétarienne. ».
Avec Karl Schröder*, Bernhard Reichenbach* et Emil Erdmann Sach*, il a proposé de
mettre en place immédiatement un Bureau International d’Information et d’Organisation de la
IV° Internationale :
« La mesure à mettre en oeuvre immédiatement est de créer un Bureau d’Information et
d’Organisation international ayant la tâche suivante : séparation de tous les éléments et
groupes d'opposition révolutionnaire à la III° Internationale d’avec la III° Internationale ou
d’avec ses sections, et leur regroupement sur la base des principes énoncés ci-dessus. ».
Dethmann est devenu responsable du travail de presse et, comme enseignant itinérant, des
formations, et il s’est également occupé avec Bernhardt Reichenbach, Alexander Schwab et
Arthur Goldstein, des cours de sciences qui étaient donnés dans tous les districts où le KAPD
avait une existence.
En tant que partisan de la KAI et résolument opposé à toute intervention “réformiste” de
l’AAU dans la lutte de classe, Dethmann a développé en mars-avril 1922 une étrange théorie
de l’individu :
« Le réformisme est la lutte à l’intérieur du capitalisme afin d’obtenir de meilleures
rémunérations et conditions de travail, en d’autres termes la lutte pour une plus grosse part
de la propriété privée. Cette lutte est menée par le prolétaire-individu en concurrence avec
les autres individus humains dans son intérêt d’individu. Les syndicats sont la représentation
des intérêts du travailleur individu au sein du capitalisme…
L’Allgemeine Arbeiter-Union [Union Ouvrière Générale] organise la classe prolétarienne
dans le seul but d’éliminer directement le capitalisme en tant que système ; elle ne s’attaque
pas du tout à la représentation des intérêts personnels de l’ouvrier individu au sein du
capitalisme. Le fait est qu’ils [les ouvriers] renoncent, à ce moment-là et avec cette
démarche, à la représentation organisationnelle de leurs intérêts individuels au sein du
capitalisme et qu’ils doivent les défendre à l’avenir seuls sans une organisation prévue pour
cet objectif. Il est possible que les syndicats veuillent voir leur raison d’être dans le fait de
gagner davantage de propriété privée pour le prolétaire individuel au détriment du bourgeois
individuel, et de représenter l’intérêt personnel de chaque prolétaire et petit-bourgeois
individuel à la distribution de la propriété privée bourgeoise… Si un unioniste est embauché
dans une entreprise capitaliste, il conclut alors avec l’entrepreneur, en tant qu’ouvrier
individuel, un contrat privé dans lequel les conditions de salaire et de travail sont
stipulées… ».
La série d’articles de Dethmann a rencontré les plus grands éloges chez Herman Gorter, qui
avait participé au Congrès du parti en septembre 1921 à Berlin. À la base du parti, cette
“théorie de la personne-individu” était massivement rejetée, car l’Union perdait de ce fait
toute importance pratique au quotidien. Emil Sach remarquait en 1952 que le « tout jeune
camarade », avec son point de vue relatif à l’automaticité de la révolution avait « beaucoup
nui » à la cause du KAPD.
La confrontation politique entre l’organisation du parti de Berlin, gravitant autour d’Adam
Scharrer*, de Fritz Kunze* et d’August Wülfrath, et le groupe de Karl Schröder, d’Emil Sach,
de Bernhard Reichenbach et de Dethmann, s’est intensifiée et la “théorie de la personneindividu”
de Dethmann a constitué en fin de compte l’occasion immédiate pour la scission du
KAPD en mars 1922.
Dethmann, avec Schröder, Sach et d’autres, a fondé en avril 1922 l’Internationale Ouvrière
Communiste (KAI), qui représentait en Allemagne au total 400 membres du KAPD de la
tendance Essen et seulement 600 de l’AAU.
Dethmann, en tant que protégé de Karl Schröder, a pu travailler de la mi-septembre 1922
jusqu’au printemps de 1927 dans une usine sidérurgique à Keula (Silésie). Il a été le
successeur de Schröder au poste de secrétaire de direction. Dans le roman de Schröder
Aktien-Gesellschaft Hammerlugk [La société anonyme Hammerlugk] (Büchergilde
Gutenberg 1930), l’on trouve de nombreux traits biographiques de Dethmann, qui y apparaît
sous le nom d’ERWIN GRÜNBERG.
En 1924, Dethmann, Schröder* et Marianne Gundermann*, avaient officiellement quitté la
KAI. Dethmann a été de nouveau membre du KPD. Le Berliner KAZ écrivait en juin 1925 :
« Après le chute de Schröder lui-même, c’est le pilier de la KAI qui est tombé ; il n’y avait
pas vraiment d’autre pilier, à moins que l’on considère les Dethmann, les Gundermann – qui
sont aujourd'hui au KPD – ou [Emil] Sach lui aussi, comme des “piliers” ».
En avril 1929, Dethmann est parvenu à trouver un poste chez Junkers. Il est devenu
l’homme de confiance d’Hugo Junkers et, en 1931, directeur de l’usine aéronautique Junkers.
De 1929 à 1933, il a été celui qui a collaboré le plus étroitement avec Hugo Junkers et qui
possédait sa plus grande confiance. C’est pour cette raison-là qu’il a été impliqué dans les
négociations avec le président de la Reichsbank Hjalmar Schacht. À Dessau, il a agi comme
un économiste professionnel, mais avec un esprit idéaliste. Dans un procès-verbal
d’interrogatoire de la Gestapo du 13 août 1933, l’on peut lire qu’il a toujours mené une
« politique spirituelle » chez Junkers :
« L’idée est tout, la matière n’est rien. La liberté donne de l'espace et un nouveau territoire.
Les lois posent de limites et des murs. Ici une brillante réussite créative, là le banditisme,
l'argent, la destruction. ».
Depuis septembre 1921, Dethmann était marié avec Elli Boysen. Celle-ci a déclaré en 1933
que son homme était « non seulement un communiste idéel, mais aussi un fonctionnaire du
KPD et qu’il s’était rendu deux fois en Union soviétique en 1932 en mission pour le parti ».
Peut-être sur ordre d’Hermann Goering, Dethmann a été « placé en détention préventive » le
23 mars 1933 – avec son ami proche, l’ancien peintre expressionniste Peter Drömmer (1889-
1968), qui dirigeait, de 1923 à 1933, le service publicité des usines Junkers à Dessau.
Après sa sortie de prison (26 mai 1933), il s’est retrouvé sans emploi. Il a dû déménager à
Hambourg afin d’y chercher un nouveau poste de travail. Il y a trouvé un travail dans une
librairie d’occasion scientifique qui n’avait jamais proposé de livres nazis à l’achat.
Après la Libération en mai 1945, il a adhéré de nouveau au KPD et il est devenu chef de
service à temps plein dans des entreprises de Kiel. En tant qu’opposant du stalinisme, il a été
exclu ultérieurement du KPD. Il a participé de mars 1951 jusqu’en septembre 1952 à la
tentative qui a échoué de constituer un Unabhängige Arbeiter Partei Deutschlands [Parti
Ouvrier Indépendant d’Allemagne] (UAPD) titiste dans lequel se sont unis avant tout
d’anciens membres du KPD et des trotskistes. S’agissant de la “tactique” du parti (marcher
avec Staline ou avec Truman), il y a eu, dans la phase de préparation, de violents conflits
entre les ex-staliniens et les trotskistes. Les “camarades yougoslaves” – de même que les
services secrets américains – ont bientôt interrompu leur financement parce que l’UAP
demeurait marginale et que les titistes avaient conclu une collaboration avec le SPD. L’UAPD
affaibli financièrement s’est alors dissous en septembre 1952. Revenu à Hambourg,
Dethmann a travaillé comme libraire. À la fin des années 50, il a pu de nouveau trouver un
revenu professionnel assuré, cette fois-ci comme employé des autorités économiques
hambourgeoises. Adolf Dethmann est décédé en 1979 à Hambourg.
DETTMANN (= DETHMANN)
DICKMANN, JULIUS (8.12.1894 – 1942)
Né à Czortkow/Galicie – assassiné dans le camp d’extermination de Belzen ; employé de
banque. Après la mort de son père, Julius Dickmann est parti, bien avant la Première Guerre
mondiale, à Vienne où il a commencé à agir dans le cadre de la social-démocratie, en tant que
partisan du Centre marxiste gravitant autour de Karl Kautsky. En 1917/18, il a cependant
rompu ouvertement avec Kautsky et il s’est rangé du côté des radicaux de gauche de Brême et
de Karl Radek. Il a sympathisé avec la révolution des conseils des ouvriers, des paysans et des
soldats, en Russie et il est devenu un partisan résolu de l’idée des conseils, antérieurement à la
toile de fond d’un mouvement des conseils en Autriche qui a commencé déjà à se développer
à la mi-1917 et qui n’a pris fin qu’en 1923/24. Julius Dickmann est devenu l’un des
théoriciens les plus importants du mouvement autrichien des conseils.
Il a été aussi l’un des cofondateurs de la FRSI (Föderation Revolutionärer Sozialisten -
Internationale) en novembre1918 qui, d’après Ruth Fischer, pourrait être considérée d’une
certaine façon comme une organisation qui anticipait celle du KAPD. La FRSI rejetait toute
forme de partitocratie et elle essayait de façonner sa structure comme une image du
mouvement des conseils existant. Elle refusait non seulement le parlementarisme et la
participation aux élections bourgeoises, mais aussi le putschisme des partis communistes et de
l’Internationale. Quand en 1919, des républiques des conseils ont été proclamées en Hongrie
et en Bavière, cela est devenu pour elle l’une des tâches centrales de faire devenir une réalité
le plus vite possible une république des conseils en Autriche. La majorité de la FRSI, et avec
elle Julius Dickmann, a alors rejoint le KPDÖ dans le but de pouvoir augmenter la force de
persuasion du camp révolutionnaire. Pourtant, en dépit de cela, la tentative pour aider le
pouvoir des conseils à percer en Autriche a échoué.
En 1921, Julius Dickmann a quitté de nouveau le KPÖ et il s’est attelé à travailler aux
nombreux chantiers du mouvement ouvrier intérieur et du marxisme ainsi qu’aux défis
théoriques de son époque. Il a publié en 1927 la revue Die Wende dans laquelle il s’engageait
aussi, entre autres, dans les débats relatifs à Rosa Luxemburg et au problème de
l’accumulation capitaliste. En 1932, il publiait ses contributions à une autocritique du
marxisme dans lesquelles il remettait en question la notion du travail chez Marx, mais aussi,
dans la loi fondamentale de l’évoution sociale, il formulait une critique à l’égard de Marx
avec la méthode de Marx. Il a écrit également plusieurs fois dans le journal de Boris
Souvarine : La Critique sociale, et il a aussi influencé à cette époque-là la pensée de Simone
Weil.
Julius Dickmann était d’origine juive, un dissident marxiste et, à partir de la fin des années
20, presque sourd. Lorsqu’en mars 1938, la Wehrmacht allemande a envahi l’Autriche, ses
perspectives de pouvoir quitter le III° Reich étaient extrêmement mauvaises. Comme
beaucoup de juifs et de juives de Vienne, il a été déplacé de force dans les maisons juives de
Leopoldstadt et le 15 mai 1942 dans le camp de concentration polonais de Ghetto Izbica dans
le voisinage de Lublin. Aucun des 4 000 juifs et juives autrichiens déportés à Izbica n’a
survécu.
DIETRICH
Essen, KAPD, 1922-1927 KAI et Reichsarbeitsausschuss (RAA) de l’AAU (tendance Essen).
DIETRICH, FRIEDRICH (16.07.1903 – 16.09.1978), alias SORGE
Berlin, marbrier, employé, né à Vienne, fils d’un tourneur sur bois. En 1905, déménagement
des parents à Berlin, en 1910, mort du père ; formation au métier de marbrier, il a dû cesser ce
métier à cause de la silicose et il a été reconverti pour le service de bureau. De 1921 à 1923
membre du KAPD. À partir de 1924, membre du KPD et du RFB. Jusqu’en 1929,
officiellement employé auprès de la direction fédérale du RFB, il voyageait comme messager
en Europe du Sud et il faisait partie de l’AM-Apparat. Tout d’abord dirigeant du BB-Ressort
pour le district de Berlin-Brandebourg, ensuite chef-adjoint national du BB-Ressort. En 1932,
sous le nom de SORGE, “cadet” à la M-école à Moscou, Dietrich a ensuite coordonné le
travail du BB dans la zone de l’Allemagne centrale. Le 27 octobre 1933, arrêté à Leipzig, il a
été condamné le 6 mai 1935 par le VGH à huit ans de prison qu’il a purgés à Luckau et à
Brandebourg-Gorden.
Depuis novembre 1941, détenu à la maison d’arrêt de la Gestapo de la Prinz-Albert-Strasse
à Berlin, il a été libéré en février 1943. Avec sa femme Else Welsing, divorcée de Köhler, il a
pu déménager en Autriche, où il a trouvé un emploi dans une coopérative agricole. À la fin de
la guerre, il se trouve en Styrie ; en 1945 membre du KPÖ et directeur de la maison d’édition
Volksverlag, et à partir de 1947 au service du gouvernement régional de la Styrie, il a été mis
à la retraite en 1963 pour causes de santé. Friedrich Dietrich est mort en 1978 à Sankt
Radegrund près de Graz.
DISCH, JOHANN HERMANN MORITZ (MAURICE) (18.02.1888 – juin 1959)
Né à Cologne-Ehrenfeld, ingénieur, publiciste, écrivain, journaliste de voyage, bibliothécaire ;
Brême, Berlin, Prague, Zurich, Paris, Iéna, Tutzing. Dans ses souvenirs, il anoblissait sa mère
(von Gehlen), la transformait en citoyenne belge et son père en directeur de banque. Après
avoir suivi un enseignement de constructeur de machines, il a travaillé comme ouvrier ; puis il
a étudié quelques semestres à l’École supérieure de Construction de machines des Technische
Staatslehranstalten de Brême et à l’Ingenieurakademie de Mannheim ; il se faisait passer plus
tard comme ingénieur (constructeur de sous-marins). En raison d’un accident de travail, il n’a
pas été appelé au service militaire. Depuis 1908, SPD, à la mi-1919, secrétaire du KPD à
Brême et, en tant que représentant de l’Opposition de gauche antiparlementaire, délégué au
II° Congrès du KPD à Heidelberg. Après son exclusion du KPD, il est devenu en avril 1921
membre du KAPD et fonctionnaire du Deutsche Seemannsbund (DSB). Sous son influence
les marins de Bremerhaven se sont séparés du DSB et ont rejoint l’AAU comme organisation
locale. Il a été un porte-parole de la tendance anti-centraliste dans l’AAU. Comme délégué à
la IV° Conférence nationale de l’AAU (12 juin 1921), il s’est exprimé en faveur d’une
organisation unitaire et contre tout parti :
« Dans la lutte, seule l’organisation unitaire peut vaincre. L’on a quand même vu, lors de la
lutte au mois de mars de cette année, ce que les partis ont fait. Je suis un opposant à l’action
de Mars et je rends les partis responsables des victimes. Le KAPD a obligé ses membres, lors
de son dernier congrès, à devenir membre de l’Union. Ce recrutement forcé pour l’Union est
une dictature exercée sur les membres du KAPD et il a eu lieu en vue de procurer plus
d’influence au parti. Nous nous opposons au parti, les coteries du parti ne doivent pas nous
contrôler. ».
En août 1921, Disch, en tant que délégué du DSB, a participé au congrès de fondation de
l’Internatioanle Syndicale Rouge à Moscou. Il a vécu et travaillé jusqu’en 1923 dans la
commune de Barkenhoff, mais, comme il s’était brouillé avec Heinrich Vogeler*, il est parti à
Berlin où il a été employé temporairement par la représentation commerciale soviétique. Des
voyages de formation l’ont conduit en Suisse et en Italie. Plus tard, il a vécu à Vienne, à
Prague, à Zurich et à Paris. Il a travaillé sous divers pseudonymes comme publiciste, écrivain
et journaliste de voyage. À partir de 1925, il est devenu membré du SPÖ. Lors de sa tentative
de franchir la frontière tchéco-polonaise en avril 1939, il a été arrêté par la Gestapo et déporté
dans le KZ de Sachsenhausen, et ensuite dans celui de Dachau. En avril 1945, avec un
transport de prisonniers tchèques, Disch est parvenu à Prague où il a été interné
provisoirement en raison de sa citoyenneté allemande, et, en août 1945, il s’est rendu en
Thuringe. À Iéna, il est devenu collaborateur de l’Ernst Abbé-Bibliothek, et membre du
KPD/SED. Après des conflits politiques avec la puissance d’occupation soviétique et avec le
SED, il a fui en 1948 en zone occidentale. À partir de 1948, il a vécu à Tutzing (Haute-
Bavière) où il est mort en juin 1959.
DITTMANN (= DETHMANN), fausse orthographe pour Dethmann (Adolf)
DOLLING, PAUL
Berlin-Weissensee, KAPD, après septembre 1920 (“procès des communistes”) emprisonné
pour plusieurs années.
DOLLING, WALTER (1896 ? – 1965 ?)
KAPD Essen ; en juin 1924 « exclu du Parti et de l’Union en raison d’un comportement
grossier et nuisant à l’organisation ».
DONALIES, UDO HEINZ (26.08.1907 à Königsberg en Prusse – ?)
Habitant à Berlin SW 29, au 94 Gneisenaustrasse, il a fait partie des “Roten Kämpfer” ; en
1936, arrêté et en détention provisoire à la prison de Lehrter Strasse, avec pour motif « la
préparation d’une entreprise de haute trahison » (Js. 236/37 49/37), puis acquitté par le
Tribunal régional supérieur de Berlin.
DONATH, ALFRED (1900 – ?)
Cottbus/Löbtau, employé, AAUD.
DÖRFEL, ERNST
Enseignant, AAU, puis AAUE.
DOWIDAT (DOVIDAT), WILHELM
AAU, ouvrier de chantier naval à Hambourg, 1920-1921 ; habitant au 33 de Beim Strohhause,
Hambourg 20. En juin 1921, il a été délégué de l’AAU à Hambourg et il a attribué au KAPD
l’intention de “vendre” l’AAU au Komintern : « Le KAPD veut seulement vendre l’Union à
Moscou. C’est pourquoi aussi il a été agréé dans la Troisième Internationale ». En août 1921,
il a été peu de temps éditeur responsable du bimensuel national-bolchevik Der Volkswart à
Hambourg, qui était publié par Emil Geiger*, Heinrich Laufenberg* et Fritz Wolffheim*.
DRAISBACH, JACOB
KAPD Magdebourg, après 1945/49 KPD-SED.
DREBETZKI, (GREWITSKY ?)
Osthavelland, KAPD/AAU.
DUNST, PETER
Stettin (Poméranie), 16 Münzstrasse, point d’achet et de vente du KAZ et prolétaire ; membre
du KAPD/AAU, avant 1914 ami d’Otto Rühle*. Après la fondation du KAPD, partisan de la
Centrale de Berlin. Rühle a essayé de rapprocher la section de Stettin de la “tendance
saxonne” fédéraliste. Dans une lettre privée datée de septembre 1920 et envoyée à Dunst,
Rühle écrivait :
« Je voudrais savoir ce qui te détermine pour rester éloigné de nous. Certes, tu n’es pas
obligé de me rendre des comptes, je ne suis pas ton confesseur. Mais je porte intérêt à
apprendre à connaître la raison de ton attitude. Je ne suis guère satisfait avec Berlin, les gens
se dirigent vers la droite et ils atterriront bientôt chez Spartacus. C’est pourquoi la Saxe
orientale a déjà coupé les ponts lors de la dernière conférence de district du KAPD.
Également la Thuringe, le Nord-ouest et le Nord ont rompu le lien avec Berlin. C’est ainsi
que le KAPD est en pleine décomposition en raison de l’inconséquence de sa politique. ».
DYCK, FRITZ (? – 1920) et DYCK, HARRY (? – 1920)
KAPD Königsberg, soupçonnés d’être des indics par le SPD, en septembre 1920 « incarcérés
à la prison du tribunal de Goldaper » ; les deux frères se sont suicidés.
Lors du Congrès du KAPD en août 1920, l’un des frères Dyck critique de manière cinglante
le national-bolchevisme de Laufenberg-Wolffheim qui, en Prusse orientale, était pour le
KAPD une véritable catastrophe : « Il est absolument certain que le KAPD a à souffrir de la
propagande que les camarades L. et W. pratiquent au moyen de leurs brochures et de leurs
discours… Les ouvriers se sont opposés avec acharnement aux idées nationales. Ce n’est que
lorsque nous leur avons démontré que nous n’étions pas sur le terrain du nationalisme que
les ouvriers révolutionnaires se sont réunis dans le KAPD… Les ouvriers refuseront d’être
membres d’un parti dans lequel des idées nationales sont propagées. Les membres du district
de la Prusse orientale exigent que, si L. et W. ne modifient pas leurs opinions et continuent de
défendre leurs points de vue, il doit en résulter l’exclusion de ces camarades. Autrement, il
n’est plus possible d’être membre d‘un parti qui a des mots d’ordre aussi peu clairs. ».
EBERT, MARTHA (10.04.1904 – ?)
Née à Halle (Saxe-Anhalt), elle a été l’une des nombreuses jeunes femmes faisant partie du
cercle de Karl Plättner*, dont le charisme a contribué à la création du groupe local du KAPD
à Magdebourg. Ebert avait rejoint en mars 1919 la Freie Sozialistische Jugend (FSJ) [Jeunesse
Socialiste Libre] qui, en septembre 1920, a pris le nom de “Kommunistische Jugend
Deutschlands” (KJD) [Jeunesse Communiste d’Allemagne] et, en avril 1920, elle a adhéré au
KAPD. Il est possible qu’elle ait assisté au Congrès de Berlin du KAPD en août 1920 et
qu’elle ait été chargée de rédiger le procès-verbal. « Comme membre de la “Commission des
prisonniers” de la KJD, elle s’est occupée, après les combats de Mars, des détenus
incarcérés dans les prisons de Moritzburg, de Leuna et de Wittenberg. Au début de 1921,
après l’arrestation de plusieurs de ses camardes, elle quittait Halle, et depuis, elle séjourne
illégalement à Berlin. ». Dans le groupe de Plättner, elle faisait fonction de courrier et elle
conservait également les “prises” des raids. Lors du procès Plättner, Martha Ebert a été
condamnée, en raison de son âge, à un an de prison qu’elle était censée avoir purgé en
détention provisoire.
ECKHARDT, WALTER (1881 – 1945)
Berlin, KAPD, après 1922 tendance Essen à Berlin.
EDER, HERMANN (16.02.1887 à Ellrich/Harz du Sud – 1970)
Fils d’un maçon ; apprentissage et travail comme serrurier, 1905 membre du DMV [Syndicat
des métallos]. De 1907 à 1910, service militaire (intervention à Kiautschou/Chine), à partir de
1910 travaille à Essen dans la firme Krupp ; en 1912 il adhérait au SPD. En 1914, il est appelé
sous les drapeaux, en 1915 blessure grave, et ensuite agent postal à Wilhelmshaven. Là, Eder,
contournant la censure postale, a transmis des lettres aux députés au Reichstag Hugo Haase,
Wilhelm Dittmann, Clara Zetkin et Luise Zietz. En novembre 1917, il a été arrêté avec, entre
autres, Alfred Rebe et condamné à trois ans et trois mois de prison. En novembre 1918, libéré
à Cologne, Eder retourne à Essen et il est devenu membre de l’USPD, puis de la Ligue
Spartacus. Il a été délégué d’Essen lors du Congrès de fondation du KPD à Berlin ; là-bas il a
pris part aux combats de janvier 1919. Pendant le putsch de Kapp, actif à Essen, puis fuite et
séjour illégal à Ellrich/Harz du Sud et à Walkenried. Il y a été cofondateur du KAPD, et
dirigeant de l’AAU à Ellrich et à Nordhausen.
Plus tard, adhésion au KPD pour lequel, de l’automne 1924 jusqu’en 1929, il a été
conseiller municipal à Ellrich, et depuis 1929 maire. De juin à décembre 1933, il a été
enfermé au KZ d’Esterwegen, puis libéré et à partir de 1938 travail comme serrurier à Stettin.
En 1945, de nouveau membre du KPD, Eder a été pour quelques années représentant du
district et dirigeant du groupe local du SED d’Ellrich, et à partir de 1948 retraité. Il est mort le
14 septembre 1970 à Eilenburg.
EICK, PAUL
KAP/AAU, arrêté en 1927.
EITELSBERG, GEORG (4.08.1904 à Berlin – ?)
Orfèvre, habitant Berlin SO 36, au 2 Lausitzer Platz, SMV, 1920 SAJ, 1921 SPD, comité
directeur du district de Kreuzberg, responsable de l’éducation, intervenant dans les groupes de
la SAJ du Grand-Berlin, chef de groupe et membre du comité de travail de la Jungsozialistische
Vereinigung de Berlin, membre du SPD jusqu’en 1933, représentant du comité
directeur du district de Kreuzberg ; ensuite sans parti ; il s’est chargé du groupe de Berlin
Sud-est ; en 1932 il se démet de ses fonctions, était membre du SPD et jusqu’en 1931
organisé dans le DMV, a rencontré les “Rote Kämpfer” dans le cadre du SWV, après 1933
responsable de la formation dans les RK, en 1935 abandonnait la fonction et reprenait la
direction du groupe de Kreuzberg (d’après les informations de la Gestapo) ; appréhendé le
26.11.36, détention provisoire à Berlin-Tegel, mandat d’arrêt le 28.12.36, pour cause de
« préparation d’une entreprise de haute trahison » (Js.7.O. 266/3) ; activité illégale de janvier
1933 jusqu’à son arrestation en novembre 1936. Fabrication et distribution de matériel illégal,
membre de la direction de Berlin, temporairement de la direction nationale, brève activité
provisoire à Hambourg, 15 mois de détention préventive dans les prisons d’Alexanderplatz,
de Tegel, de Plötzensee, et prison judiciaire du Brandebourg ; jugement : 2 ans ¼ de prison,
3 ans de privation des droits civiques, a purgé sa peine à Brandebourg-Görden ; libération le
28.02.1939 ; ensuite 100% invalide. Après 1945 : retour au SPD. Passage au SED. En 1949,
en sort et ensuite sans parti.
EINZELMANN, PAUL (= HEINZELMANN)
EISENSTADT, ALEXANDER
Responsable révolutionnaire, AAU Mühlheim.
EISOLD, P.
AAUE Saxe orientale.
ELBERT, JOHANNES (1889 – n ?)
Commerçant, en novembre 1918 membre du conseil des soldats de Lohr am Main ; le 16 juin
1919, condamné pour haute trahison par la cour martiale d’Aschaffenburg à 2 ans de prison,
réclusion à Niederschönenfeld/Bavière. KAPD 1921.
ENGEL, ALFRED HERMANN ERNST (12.06.1909 à Stettin – ? à Berlin)
Habitant à Berlin, au 109 Brauner Weg (aujourd'hui Singerstrasse), fréquentation de l’école
primaire, puis secondaire jusqu’à 15 ans, apprenti commerçant (expéditionnaire à la Fa.
Schenker), en 1929 s’occupe du Syndicat Central des Employés, il a adhéré au SPD en 1930,
et il en a fait partie jusqu’à sa dissolution, il a beaucoup voyagé professionnellement :
Danemark, Angleterre, France ; en 1929, arrivée à Berlin. Contact avec Karl Schröder* à la
bibliothèque ; il a fait partie des “Rote Kämpfer” à partir de 1934 ; jusqu’à l’été 1936 chef
d’un groupe des RK, il mettait son logement à disposition pour des réunions secrètes, et il
distribuait du matériel illégal ; arrêté le 26.11.1936, ensuite en prison préventive à Plötzensee,
mandat d’arrêt du 29.12.1936 ; le 12.10.1937, condamné par le tribunal régional supérieur de
Berlin à 2 ans ½ de prison pour “préparatifs de haute trahison”. Déjà, de 2 à 3 semaines après
le procès, en janvier 1937, placement dans le camp de prisonniers d’Aschendorfer Moor
(1 000 détenus, malnutrition, 7-10 morts par semaine), libération le 1.03.1939. Par la suite
envoi au bataillon disciplinaire 999. Voici ce qu’Alfred Engel a écrit sur ce moment-là dans
une rétrospective datée de 1990 :
« Le tribunal supérieur régional de Berlin m’a condamné le 12 janvier 1937 à 2 ans ¼ de
prison. Un co-accusé était Karl Gertich (1a Scharnweber Strasse), qui connaissait aussi
beaucoup de gens des autres groupes des RK et qui avait travaillé activement avec eux.
Quelques semaines après le procès, j’étais déjà envoyé au camp de prisonniers
d’Aschendorfer Moor II : 10 baraques avec 100 détenus chacune. Cela a été le moment le
plus effroyable de ma détention ! Bien qu’il y ait eu des camps marécageux – je pense à ce
sujet au camp VII (Esterwegen) – dans lesquels les conditions étaient encore pires. Les
travaux agricoles dans la lande marécageuse étaient particulièrement difficiles à supporter
par temps froid et humide, étant donné que l’on nous traitait comme du bétail. J'ai donc
considéré comme un cadeau personnel le fait d'avoir le droit d'interrompre la poussée du
chariot pour aider un géodésiste dans ses travaux d'arpentage. Cette circonstance heureuse
s’est présentée après un trimestre dans le camp marécageux. J’ai été alors vouvoyé et, de
temps à autre, un sandwich était là pour moi. Au demeurant, 75 pour cent des gardiens, pour
la plupart jeunes, étaient grossiers, et seule une minorité se comportait raisonnablement. La
plus grande partie des prisonniers politiques provenait des rangs du KPD. Ils n'avaient
toujours rien appris et le doute concernant leur parti leur était étranger. Leur embarras était
sans espoir lorsque les négociations entre le national-socialisme et la Russie soviétique
(1939) ont été divulguées. Au cours de discussions dans le dortoir avec un communiste de
Silésie, je lui ai dit que je ne considérais les différences entre Hitler et Staline comme pas très
grandes. Mais cela ne pouvait pas lui être transmis parce qu'il manquait de pensée
autonome. ».
Et il décrivait sa capacité de résistance chez les Rote Kämpfer de la manière suivante : « Le
danger du NS a été tôt reconnu par les Rote Kämpfer, et l’on était préparé au fait de devenir
très isolés… Les Rote Kämpfer étaient un petit groupe, une certaine élite. Ils avaient leurs
propres manières de faire. Il régnait du respect à l’égard des autres opinions, et l’on voulait
agir par la persuasion. Tout au contraire des communistes chez lesquels la pensée autonome
était absente. À côté de mes relations à Berlin-Est, je possédais aussi des contacts avec des
camarades dirigeants comme Utzelmann, Schwab et Schröder. Étant donné mes bonnes
connaissances du russe, je traduisais en effet certaines contributions pour leurs publications.
Le Dr. Schwab était le penseur profond du groupe, et le Dr. Schröder davantage l’homme
agréable au public avec ses conférences (jusqu’en 1933). Après 1933, j’ai été proche d’Hugo
Broecker. Notre groupe se réunissait à côté d’une habitation dans la Dresdner Strasse
(Kreuzberg), chez moi, près du Jannowitzbrücke, au 109 Brauner Weg (aujourd'hui
Singerstrasse) et chez Broecker, près de la gare Lichtenberg (25 Eitelstrasse). Faisaient
également partie de notre groupe deux amis du quartier de Stralau, que je ne connaissais
cependant que par leur prénom pour des raisons de sécurité. Hugo Broecker possédait en
outre des contacts avec 5 à 6 autres membres des RK, parmi lesquels Kaulsdorfern. Il était
aussi très habile techniquement et c’est pourquoi il a bien su s’y prendre avec le dispositif de
tirage des sauf-conduits. ».
ENGLISCH, KURT (28.02.1907 à Berlin – ?)
Habitant à Berlin-Neukölln, au 36 A Oderstrasse ; employé commercial ; il a fait partie des
“Rote Kämpfer”, pseudonyme : Bobby ; condamné en raison « d’une activité marxiste
illégale » (Nouvelle organisation “Rote Kämpfer” – Lindner et autres – Stapo B2 – I.
3518/36) par la 5° section criminelle du Tribunal régional supérieur de Berlin du 20 et du
22.10.1937 à 8 mois de prison
ERD [= EMIL SACH]
ERDMANN [= EMIL SACH]
ERLER, KARL [= HEINRICH LAUFENBERG]
ESSER, JOSEPH (21.03.1893 – 21.06.1938)
Mineur, né à Sankt Wendel (Sarre) fils d’un cordonnier. Il a déjà commencé sa vie de travail
comme mineur dans une mine de charbon en 1907. De 1915 à 1918, soldat (caporal), ensuite
de nouveau mineur en 1919 dans la Ruhr, et en 1920/21 dans l’exploitation minière de la
Sarre. Il était marié avec la future députée du Reich Barbara Esser (1902-1952). De 1910 à
1913, il était encore organisé dans le Parti du Centre catholique et ensuite en 1917 il a adhéré
au SPD. En octobre 1919, il est passé à l’USPD et il a ensuite fait partie de 1920 jusqu’en
1923 du KAPD. En mars 1923, il a finalement adhéré au KPD. Esser avait exercé en mars
1920 des fonctions dans l’Armée rouge de la Ruhr et il a été ultérieurement actif dans
l’appareil militaire du KPD. En mars 1924, il a été condamné à un an et demi de prison au
motif qu’il détenait des armes et de la dynamite, et par la suite il a été enrôlé à temps plein
dans l’appareil du KPD. Esser a travaillé entre autres comme chef de sous-district à Essen et à
Recklinghausen, mais aussi dans l’Appareil antimilitariste et comme dirigeant des RK de la
Ruhr.
Après avoir été recruté à partir de 1929 comme mineur allemand pour un travail en Union
soviétique, il a déménagé seul en novembre 1930 en URSS. De mars 1932 à 1935, étude au
KUNMS à Moscou. Josef Esser a été arrêté en 1937 par le NKVD comme prétendu partisan
d’Heinz Neumann, et, le 26 mai 1938, il a été condamné à la peine maximale par décision de
la Commission du NKVD et du ministère public de l’URSS ; il a été exécuté le 21 juin 1938.
Le 5 janvier 1957, le Collège militaire de la Cour suprême de l’URSS a annulé la décision et a
réhabilité Esser à titre posthume.
EULERT, KARL LOUIS (22.09.1884 – 21.10.1967)
Né à Göttingen. Après ses études, membre du SPD ; pendant la guerre, il a adhéré au groupe
Spartacus. Il a pris part comme délégué de Göttingen au Congrès de fondation du KPD en
décembre 1918 à Berlin. En tant que rédacteur du Hamburger Kommunistische
Arbeiterzeitung et que membre de l’AAU, il s’est opposé lors de débats de 1919 à
l’Opposition de gauche hambourgeoise, à savoir le futur KAPD. Il a été délégué au III° et au
IV° Congrès du KPD en 1920. Après de violentes divergences d’opinion, Eulert a été d’abord
démis à l’automne 1920 de ses fonctions dans le district Nord et ensuite exclu. Le V° Congrès
en novembre a confirmé son exclusion parce qu’Eulert aurait déclaré que « le capitalisme
peut surmonter la crise ». Plus tard, il n’a plus joué de rôle actif en politique, mais il a gardé
des relations avec les milieux de gauche (KAPD, Leninbund, etc.). Karl Louis Ebert est mort
en 1967 à Göttingen.
FALK, FRITZ
L’un des dirigeants de l’Organisation de lutte du KAPD à Berlin-Weissensee. Condamné en
septembre 1920 (“procès des communistes”), enfermé pendant plusieurs années.
FARNHOLT (ou VARNHOLT ?)
Berlin, membre de la Centrale du KAPD (GHA), ca. 1924-1928. Sur l’initiative d’Ernst
Schwarz*, il y a eu le 15 novembre 1926 une discussion avec lui, Löwenstein* et Adam
Scharrer*, dans laquelle il a été décidé « d’entrer dans une relation étroite et sympathique les
uns avec les autres ». Die Entschiedene Linke [La gauche décidée], la feuille de discussion
du groupe Schwarz a été tirée depuis lors à l’imprimerie du KAP Iszdonat à Berlin.
FASSHAUER, MINNA (10.10.1875 – 28.07.1949), née NIKOLAI
Femme de chambre, née à Bleckendorf (Wanzleben), elle a adhéré ca. 1903 au SPD à
Brunswick. En 1908, elle a été déléguée par le parti à la Conférence des femmes du SPD à
Nuremberg, conférence qui s’est tenue sous la direction de Clara Zetkin (1857-1933) et de
Luise Zietz (1865-1922). Minna Fasshauer s’est engagée pour le droit de vote des femmes,
elle a été de 1913 à 1915 membre de la Commission pour la protection des enfants du SPD, et
elle a collaboré durant les années de guerre à l’organisation de loisirs pour les enfants
d’ouvriers. Politiquement, elle n’a pas pu soutenir l’approbation des crédits de guerre par le
SPD le 4 août 1914 et elle s’est rapprochée des positions de Karl Liebknecht et de Rosa
Luxemburg. Elle a défendu une attitude anti-guerre stricte et elle est devenue membre de la
Ligue Spartacus.
Peu de temps membre du KPD, elle a rejoint le KAPD en 1920 avec August Merges*,
Rudolf Claus* et la majorité du KPD du Brunswick. En juin 1921, elle a été condamnée à
quatre mois de prison et à 300 marks d’amende à cause « d’une infraction contre la loi du
désarmement ». Elle a été dispensée de sa peine en raison d’une amnistie.
Le 6 septembre 1921, Minna Fasshauer était de nouveau arrêtée parce quelle était
soupçonnée « d’avoir participé à de l’approvisionnement en dynamite » qui, en juillet 1921,
avait été utilisée lors d’une série d’attentas à la bombe. En mars 1922, elle était condamnée à
9 mois de prison, mais, étant donné sa longue détention préventive, la peine de prison a été
levée par le tribunal. C’est le conseiller de justice Victor Fraenkl*, membre de la FAUD, qui
la défendait.
Elle a travaillé pour le KAPD jusqu’en 1933. En 1934, Minna Fasshauer faisait partie du
Groupe de résistance de l’Union communiste des conseils dirigée par August Merges*. Elle a
été arrêtée en avril 1935, puis acquittée par manque de preuves lors de son procès qui a duré
d’août à octobre 1935.
Le 24 octobre 1935, malgré cela, elle a été internée au camp de concentration de Moringen,
duquel elle a été libérée le 13 janvier 1936 souffrant de forts maux d’estomac.
Après la Deuxième Guerre mondiale, elle a travaillé pendant trois années pour le KPD à
Brunswick et, à partir de 1946, elle s’est présentée à la candidature sur ses listes. Elle est
morte d’un AVC au cours d’une réunion de femmes du KPD à Hanovre le 28 juillet 1949.
Elle a été inhumée avec une grande participation de la population.
FEHRMANN, KARL
AAUE Heidenau (Saxe)
FEY, JUL.
77 Pappelstrasse, Comité local de l’AAU de Brême pour Neustadt.
FICHTMANN, HUGO (10.12.1902 – 25.12.1942)
Berlin-Pankow ; plus jeune fils de Leo Fichtmann, KAPD ; 1922-1930 KAPD/KAI tendance
Essen. Vraisemblablement rédacteur de la brochure Der Arbeitslose [Le chômeur], Berlin,
1923. Il a été l’auteur, avec son père, d’un article contre l’antisémitisme dans le mouvement
des sans-emploi :
« Lutte des races ou lutte des classes ? Les juifs sont responsables de tout ! C’est ce cri que
l’on entend où que l’on aille. Les juifs sont responsables de la guerre, du traité de Versailles,
de l’occupation de la Ruhr, du renchérissement des moyens d’existence, du chômage, de la
dégénérescence des partis ouvriers, des syndicats, bref, les responsables de tous les malheurs,
de tous les événements, ce sont les juifs ! Si quelqu’un glisse sur n’importe quoi et se casse
une jambe, c’est certainement un juif qui en est responsable ! Auparavant, c’était un certain
groupe politique sans importance en Allemagne qui considérait les juifs comme le bouc
émissaire pour leurs sottises. Aujourd'hui ? L’on doit malheureusement admettre que ces
raisonnements simplistes ont pris profondément racine dans les rangs de la classe ouvrière.
C’est l’abêtissement nationaliste de notre progéniture dans les écoles ainsi que celui des
travailleurs âgés pendant la guerre et la révolution qui ont provoqué cela. Le trop peu
d’attention portée par les organisations ouvrières à ce problème a favorisé involontairement
cette agitation.
« […] Ayez les juifs à l’oeil ! C’est par cette ambiance de pogrom, que l’on génère en
vous contre les juifs, que l’on veut seulement vous distraire en utilisant la méthode : arrêtez le
voleur ! Ne vous laissez pas induire en erreur. Qu’est ce que la race peut bien nous faire,
nous sommes tous des hommes de la même espèce, que nous soyons des Germains, des Slaves,
des Latins, des Mongols, des Sémites. Dans chacun de nous, c’est le même sang qui coule et
qui fait de nous des frères. En outre, en tant que travailleurs, nous n’avons absolument aucun
droit d’être des populistes. Nous souffrons, peu importe de quelle race ou de quelle
nationalité nous sommes, dans les mêmes conditions et nous ne pouvons nous libérer
qu’ensemble. C’est pourquoi ne vous laissez pas duper et tromper ; votre ennemi ne s’appelle
pas le juif, mais le capital. Ce n’est pas la lutte des races, mais la lutte de classes qui est la
voie de la liberté et qui nous sortira de la misère. ».
1924-1930, il a été rédacteur de la Korrespondenzblatt du KAPD, tendance Essen, affilié à
la KAI. Il est mort le jour de Noël 1942 : « Lieu de décès : Berlin ; destin : suicide ».
FICHTMANN, LEO (16.08.1873 – 28.05.1942), alias SIZIUS, SICIUS (= SCHEKEL)
Berlin-Mitte, né à Elbing (Prusse occidentale), ajusteur, plus tard invalide. Après son
déménagement à Berlin déjà avant la Première Guerre mondiale, actif dans les milieux
anarchistes et radicaux de gauche, et possédant un casier judiciaire (violation de domicile,
émeute, etc.). En raison de sa position anti-guerre enragée, il a même été envoyé dans un asile
de fous pour faire examiner son “état mental”. Il a été, vraisemblablement sous le
pseudonyme de Sicius, délégué de Berlin-Mitte au Congrès constitutif du KPD en décembre
1918. Entre 1918 et 1923, Leo Fichtmann était connu à Berlin pour son radicalisme. Il a fait
partie en avril 1920 des cofondateurs du KAPD et il a joué également un rôle de premier plan
dans l’AAU. Il vivait dans la misère la plus complète. Emil Sach a décrit dans Stirn und
Faust, n°2/1952, ses conditions de vie. Fichtmann « habitait avec sa femme et se deux fils
dans des conditions complètement indignes ! Une petite maison déjà délabrée… pas
d’alimentation en eau, en électricité, en gaz, tout cela bloqué parce que les Fichtmann ne
payaient pas. ».
Étant donné qu’en 1921, comme d’autres rebelles sociaux (Max Hölz et Karl Plättner), il
s’était engagé en faveur de la lutte organisée en bandes, il a été peu à peu isolé. Mais il est
resté actif et très populaire chez les chômeurs berlinois. Lors du Congrès du KAP en
septembre 1921, Leo Fichtmann a parlé en faveur de comités de chômeurs :
« Si nous considérons ce que nous avons à accomplir en tant que comités d’action des
chômeurs, nous n’irons pas mendier, mais nous devrons exiger une existence pleine et entière
pour tous, et si l’on ne nous donne rien, alors nous devrons mener la lutte pour elle. Nous
voulons obtenir la mainmise sur la production, non le contrôle de la production ! Comme
exemple éclairant de preuves de ce que nous considérons comme des usines à chômeurs, nous
devons montrer de façon résolue notre solidarité aux autres prolétaires, nous devons montrer
comment le KAPD s’st engagé. De là, il résulte que nous devons en prendre la direction.
D’après les témoignages, là où les camardes du KAPD sont réellement actifs, nous sommes à
la direction, comme à Berlin. Or – de la part du Reich ou de soi-disant conseils – l’on fait
toujours le reproche que les camarades du KAPD forment aussi leurs comités de chômeurs. ».
En conclusion de son intervention, Leo Fichtmann n’excluait aucun moyen d’expropriation ;
« Une existence pleine et entière pour tous ! Nous sommes des loups féroces, et lorsque nous
avons faim, nous sautons à la gorge de celui qui possède encore quelque chose. Nous prenons
là où il y a quelque chose à prendre, non pas chez des camarades de classe ou des ouvriers,
nous allons le chercher là où il se trouve. Et si c’est déjà payé depuis longtemps, nous avons
juste à aller le chercher. ».
En 1922, dans la revue Kommunistische Internationale, Heinrich Brandler désignait Leo
Fichtmann de manière méprisante comme un « aventurier d’en bas » :
« Si vous avez le courage de réfléchir logiquement au slogan : “Saisir les biens matériels
par le bas”, alors cela équivaut à la phrase indolente que Fichtmann, l'homme du KAP, a
avancée lorsqu'il a posé la question aux chômeurs de Berlin : “Qu'est-ce qui nous sépare des
moyens de subsistance ?” et qu’il a répondu avec l'affirmation naïve : “Uniquement les
vitres” ».
À partir de 1923, Fichtmann a ensuite publié Der Arbeitslose [Le chômeur]. Il a parlé de
nouveau dans une salle de réunion berlinoise à Friefrichshain et il y a défendu ses idées
relatives à une société libre sans bureaucratie d’État et sans partis. Déjà arrêté et maltraité en
1933 par les nazis, il a été de nouveau appréhendé et déporté le 27 mai 1942 avec d’autres
innocents, après l’incendie criminel commis au Lustgarten par le groupe de résistants
gravitant autour de Herbert Baum, et il a été exécuté le 28 mai 1942 au KZ de Sachsenhausen.
Sa femme Clara Fichtmann, née Fuchs (6.04.1877 – 18.05.1944) a été déportée par les nazis
le 6 juin 1942 au KZ de Theresienstadt. De là, elle est partie pour Auschwitz où elle a été
tuée.
FICHTMANN, MAX (22.11.1898 – octobre 1943)
Né à Berlin, fils de Leo, aubergiste dans la Jüdenstrasse à Berlin, Ligue Spartacus, KPD. En
octobre 1919, il a été condamné à une peine de prison de 5 années « pour tentative d'extorsion
de fonds » et à 10 ans pour une tentative de meurtre. Max Fichtmann a été impliqué dans
l’assassinat de l’indic de police Karl Blau (1891-1919) qui rendait des services d’espionnage à
plusieurs organismes. Dans une réunion du KPD à Munich, ce dernier a été démasqué, attiré à
Berlin et, là-bas, assassiné le 2 août 1919. Le 30 juillet 1920, Max Fichtmann a été cependant
acquitté dans cette affaire.
De 1922 à vraisemblablement 1930, il a été organisé comme ses parents dans le KAPD
tendance Essen, et, après 1930, il est probablement passé au KPD. Après sa libération, Max
Fichtmann a épousé Lydia Laube qui n’avait que 17 ans. À l’automne de 1932, cette femme a
fait une demande de divorce pour cause de supposées maltraitances de son mari. Le mariage a
été ensuite définitivement rompu par jugement en 1934. La femme s’était fait conseiller dans
la conduite à mener contre son homme par un membre du NSDAP. Ce nazi lui a donné le
conseil de rejoindre le groupe local nazi du Lietzensee à Berlin-Charlottenburg. Elle y a
indiqué que son époux était juif et communiste et elle y a fait état de supposées maltraitances.
Son mari avait également menacé d'emmener bientôt les deux enfants en Russie. La femme a
adhéré en février 1933 au NSDAP. Max Fichtmann a été placé en “détention préventive”.
Détention : 4 février 1937 – 22 septembre 1938 au KZ de Dachau, et à partir du 22 septembre
1938 envoyé en prison à Brême. En octobre 1943, il a été exécuté dans le KZ.
Il a été lancé un mandat d’arrêt contre Lydia Laube-Fichtmann le 22 juin 1948. L’acte
d’accusation disait : « Crime contre l’humanité ». Dans l’acte d’accusation, celle-ci était
développée :
« Elle est accusée d’avoir poussé en mars 1933 à faire arrêter son époux juif Max
Fichtmann, dont elle était séparée, par la police auxiliaire de la SA. Max Fichtmann a été de
ce fait traîné pendant presque 10 ans dans différentes prisons et camps de concentration.
Depuis l’année1943 il a été porté disparu et apparemment gazé ».
Le 3 mai 1949, la 10° Grande chambre criminelle du Tribunal régional de Berlin a
condamné la femme à seulement 9 mois de prison.
FIEDLER, KARL
KAP/AAU/KAI, arrêté en 1927.
FIERING, ERNST HEINRICH HENRY (13.09.1887 – 23.04.1945)
Électricien au chantier naval H. C. Stülcken de Hambourg. Membre de l’AAU, et puis de
l’AAUE à Hambourg. En 1926, il a fondé avec Karl Matzen, Karl Roche* et Otto Reimers*,
le Bloc des révolutionnaires antiautoritaires, composé d’anarcho-syndicalistes, d’anarchistes,
d’unionistes et d’anarchistes individuels. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il a été
membre du KPD illégal et du groupe Bästlein-Jacob-Abshagen (avec sa femme Marie). En
1945, il a été arrêté avec Karl Kaminski et Paul Zinke : ils ont été exécutés par la Gestapo.
Peu avant la fin de la guerre, Marie et Ernst ont été pendus dans le KZ de Neuengamme.
FIRL, WILHELM (26.01.1894 – 16.08.1937)
Chef de bureau, né à Dresde, fils d’un tailleur. Dans la maison de ses parents, il est élevé de
manière religieuse stricte ; il a travaillé d’abord trois années comme auxiliaire de bureau chez
un avocat. Par la suite il est accueilli dans un séminaire évangélique-luthérien à Leipzig pour
le former comme missionnaire. Mais, après trois ans, il a quitté le séminaire et est allé dans un
bureau d’avocats. En 1915 appelé pour le service militaire, et, en 1917, revenu du front
sévèrement blessé, il est devenu libre penseur et membre du SPD. Jusqu’en 1920, chef de
bureau à Dresde et à Chemnitz, puis il a travaillé deux ans comme secrétaire de chancellerie
au tribunal régional de Chemnitz. En 1919, Firl a adhéré au KPD et à l’AAUD. À la fin de
1921, il a débuté son activité à temps plein dans l’appareil du KPD, tout d’abord dans la
direction de district du KPD de Chemnitz et à partir de 1923 comme rédacteur local du
quotidien Kämpfer. Après un cours de trois mois à l’école du parti du KPD à Iéna, il a
déménagé à Berlin, où il a été d’abord secrétaire du fonctionnaire de premier plan du KPD,
Heinrich Brandler, plus tard de Ruth Fischer, et ensuite collaborateur du service de presse du
KPD et du Rote Fahne. En 1931, condamné à 15 mois de prison, Firl est devenu en 1932 un
collaborateur à plein temps du CC du KPD, et finalement de l’“Informationssdienst”, un
organe du CC pour des directions de district.
Après 1933, il est devenu un des fonctionnaires dirigeants du KPD dans l’illégalité. C’est
depuis Saarbrücken ou depuis la Suisse qu’il donnait des instructions au CC. Firl organisait en
même temps les équipes illégales en Allemagne du Sud, et il était de nouveau à Berlin à la fin
d’octobre 1935. C’est là qu’il devait organiser, avec Martin Hoffmann, le travail illégal du
KPD dans le Reich allemand. Firl a été arrêté le 30 janvier 1936 à Berlin, où il a été
sévèrement torturé, et il est amené en mai 1937 devant le Tribunal populaire. Le 22 mai, il a
été condamné à mort et exécuté le 16 août 1937 à Berlin-Plötzensee.
FISCHER, A.
Berlin-Neukölln, KAPD
FISCHER, FRIEDRICH (1.06.1887 – mars 1925)
Ajusteur, Berlin-Spandau, né à Brückendorf (Brandebourg); il était organisé syndicalement
depuis 1907 et politiquement depuis 1909. En 1912, il est devenu président d’un sous-district
du SPD à Berlin-Spandau et il a soutenu Karl Liebknecht lors de l’agitation électorale. Il était
délégué syndical et membre d’un comité ouvrier à l’AEG de Berlin. Durant la Guerre
mondiale, il a rejoint le Groupe Spartacus. Fischer a participé aux combats de Mars en 1920 et
il a été aussi actif dans le KAPD, de même que dans le “conseil des sans-emploi” à Berlin. En
tant que membre du groupe de Plättner, il a participé, à différents braquages. Il a été
condamné à huit années de prison et, par suite des conditions de détention, il a subi un
traitement psychiatrique pendant plusieurs mois. En mars 1925, il s’est pendu dans sa cellule.
FISCHER, WILLY
Zwickau (Saxe), AAUE, Proletarischer Zeitgeist, 1922-1933.
FISTER, ALBERT FRIEDRICH (1.08.1889 – ? )
Né à Gera, commerçant et journaliste. Membre de l’Union des Internationalistes
révolutionnaires (VRI) de la Bavière qui avait été fondée par Erich Mühsam le 30 novembre
1918. La plupart de membres de la VRI ont constitué plus tard le noyau du KPD à Munich,
comme par exemple Max Levien (1885-1937) et Hans Kain (1887-1926) qui ont été aussi les
délégués munichois lors du Congrès constitutif du KPD les 30 et 31 décembre 1918. Fister a
été membre de l’Opposition communiste à Berlin, puis du KAPD.
En mars-juin 1920, il a été calomnié – comme également Fritz Rasch* – par l’USPD et par
le KPD comme étant « un agent provocateur dans le KAP ».
FITTKO (FITTKOW), HANS (16.05.1903 – 15.09.1960), alias STEFAN
Né à Finsterwalde, employé, activité journalistique, a publié dans Die Aktion de Franz
Pfempfert. Il a été conférencier de l’AAUE de 1923 à 1926 et ensuite de la Ligue Spartacus
n° 2. Avec Oskar Kanehl*, Rudolf Zimmer*, Franz Pfempfert*, il a fait un exposé le 4 juin
1925 au soir à Berlin sur le thème : « La lutte pour le pain quotidien ». À partir de 1927, il a
été membre et fonctionnaire du KPD à Berlin, directeur de pôle et député dans l’Assemblée
de district de Berlin-Spandau. Hans Fittko avait été ami avec Franz Pfempfert et Alexandre
Ramm pendant plusieurs années ; ces deux-là avaient vu en lui une sorte de fils adoptif. Pour
eux, les nouvelles opinions politiques de Fittko étaient de la trahison pure et simple. En effet :
Fittko était devenu un stalinien convaincu. Der Kampfruf, octobre 1932, rapportait en détail
une réunion de chômeurs du KPD (10.03.1932) dans laquelle Fittko est intervenu :
« S’est présenté comme intervenant l’ancien unioniste (dans le jargon du KPD : renégat)
Hans Fittkow qui s’était également donné récemment un rôle d'invité dans la Ligue
Spartacus. Il est significatif que nos camarades présents à cette réunion aient été attaqués par
un commando de perturbateurs et, malgré la résistance, dépouillés d'un certain nombre de
tracts. ».
Après 1933, dans la résistance, Hans Fittko est recherché en tant qu’“initiateur intellectuel”
d’un crime capital, étant donné qu’un membre du NSDAP avait été tué à Berlin au cours
d’altercations. Il s’est enfui à Prague et il a appris qu’il avait été condamné à mort en son
absence. C'est à Prague qu’il a appris à connaître sa future femme Lisa, née Ekstein
(23.08.1909 – 12.03.2005), une Autrichienne qui avait épousé en mars 1932 Gabo Lewin dans
le but d’acquérir la nationalité allemande et qui a travaillé jusqu’en 1933 dans la KJVD. Sous
la pression des autorités nazies, ils ont été expulsés par le gouvernement tchèque et ils se sont
rendus en Suisse.
Hans Fittko, en tant que successeur de Wilhelm Maurer, y a repris la direction de
l’émigration du KPD et, sous le nom de parti de STEFAN, le travail frontalier à Bâle qui
consistait à faire passer de la littérature illégale en Allemagne. Hans et Lisa Fittko ont ensuite
pu transférer leur travail de résistance aux Pays-Bas, et plus tard en France. En 1937, Hans
Fittko a été exclu du KPD en tant que “déviationniste”.
Internés lors du déclenchement de la Guerre, ils ont ensuite aidé de nombreux émigrants en
collaboration avec le Varian Fry Emergency Rescue Committee. Lisa Fittko a décrit cette
période de leur vie dans son témoignage : Mein Leben über den Pyrenäen. En 1941, ils se sont
enfuis à Cuba et ils ont travaillé à La Havane dans un lieu de formation pour des réfugiés
juifs. En 1948, ils ont émigré aux USA. Hans Fittko est mort le 15 septembre 1960 à Chicago.
Pour son activité dans la résistance, il a été honoré comme « Juste parmi les peuples » au Yad
Vashem en Israël.
FLACHMANN, ALBERT (1904 – 1978)
Brême ; typographe, 1946-1969 travailleur social dans les soins aux personnes âgées à Brême,
né à Rinteln (Basse-Saxe) ; en 1922 Kommunistischer Jugendverband (KJV), 1922-28 KAPD
et AAU (tendance Essen) ; en 1925, il a dû, en tant que déjà membre de l’AAU devenir
parallèlement membre du Syndicat des imprimeurs (ADGB), car sinon il aurait perdu son
travail. (Les typographes étaient extrêmement organisés de telle sorte que, si nécessaire, des
non-membres du Syndicat étaient exclus de force de l’entreprise au moyen de la grève). Fin
1931, il a rejoint avec son ami Jan Osnach* le groupe conspirateur des “Rote Kämpfer” dans
lequel il a étudié les principes fondamentaux de la production et de la distribution
communistes. Cet apprentissage a été marquant pour lui.
En 1933, il a été arrêté par les nazis et torturé au KZ Missler de Brême ; en 1937-1938, de
nouveau arrêté ; en 1940-1945 il a été, avec son ami Jan Osnach, membre du KPD, mais il l’a
quitté et il a été depuis opposé à toute forme de parti.
Dans les années 50 et 60, il a entretenu des contacts avec des groupes démocratiques des
conseils et socialistes de gauche et il a rédigé des contributions pour des revues socialistes de
gauche, anarchistes et libres-penseuses. Il est resté jusqu’à sa mort un partisan du KAPD et de
la pensée de Pannekoek :
« Karl Schröder, qui était étroitement lié à Pannekoek, a écrit une fois : “C’est le devoir du
chef véritable de se rendre superflu”. C'est sur cette idée que repose le refus de toute
dictature de parti et du pouvoir des partis monopolistes ; les partis et autres groupes actifs
ont le devoir de favoriser à l’intérieur des masses le développement de leur conscience et leur
activité autonome. ».
Albert Flachmann est mort à Brême et il y a été enterré avec sa femme Frieda (1909-1986).
FLORSTEDT, ALFRED (1907 - ?)
Leipzig ; KPD, Rote Kämpfer, exclusion en 1927 ; AAU, puis KAU en 1931-1933 ; travail
illégal ; KZ ; après 1945, responsable de la protection de l’entreprise dans la Leipziger
Maschinen- und Vorrichtungsbau (LMV). Contacts avec Alfred Weiland ; en 1950, exclusion
du SED.
FOMFERRA, HEINRICH KARL (9.11.1895 – 31.05.1979), alias FRITZ LABER,
ANTON FRANZ, KARL SCHWARTZMANN, FRANZ MAURER, KAROL VIDEN
Mineur, né à Essen-Schonnebeck, fils d’un mineur ; 1912-1915 ouvrier de briqueterie, et
ensuite mineur à Essen-Stoppenberg ; 1912 SPD ; 1915-1918 service militaire ; en 1919 de
nouveau mineur à Stoppenberg ; en janvier 1919 USPD ; en mars 1920, fait partie de l’Armée
rouge de la Ruhr ; en avril 1920, passage au KAPD pour lequel il a attaqué la caisse du dépôt
des Chemins de fer d’Essen-Schonnebeck, fait pour lequel il sera condamné en 1920 à
18 mois de prison ; emprisonnement à Munster et dans le sous-camp de concentration de
Königsmoor (Oldenbourg) ; plus tard ouvrier du bâtiment à Essen et charpentier à Iéna.
Quand il est revenu au KPD en 1923, cela a été le début d’un excellent curriculum vitae
stalinien, passant du léninisme au stalinisme, et ensuite de la guerre d’Espagne comme
membres des Brigades internationales au rang d’apparatchik des services secrets de la RDA.
Fomferra est devenu en 1923 leader des Proletarische Hundertschaften dans la Ruhr ; en
février 1924, arrêté pour “possession d’armes et d’explosifs” et condamné à 16 mois de
prison ; il a purgé sa peine à la prison de Bielefeld ; 1925-1930, il a de nouveau travaillé, avec
des interruptions, dans le bâtiment, sur les routes et dans l’imprimerie ; à partir de 1925
dirigeant du Rote Frontkämpferbund (RFB) à Stoppenberg ; en 1928 membre de la direction
du KPD pour le district de la Ruhr.
Novembre 1929 – juillet 1930, il a participé au cours spéciaux de formation nouvellement
créés à l’École militaire du Komintern à Moscou (pseudonyme : Karl Schwarzmann) ; en
1930 collaborateur de l’Appareil antimilitariste (AM) du KPD dans la Ruhr ; là, homme de
confiance d’abord pour les armes et ensuite pour les activités (Anton Franz) ; en novembre
1932 à 1935 de nouveau fréquentation de l’École militaire de Moscou ; il y a enseigné les
armes, les explosifs et les matières incendiaires ; il a travaillé ensuite dans le service du
courrier du Département des Relations Internationales (OMS) du Komintern à Moscou. Juillet
1936-mai 1937, engagement en Espagne (en tant qu’Autrichien sous le nom de HANS
LABER), capitaine dans la XIV° Brigade internationale ; organisateur et enseignant d’une
école de partisans ; il a travaillé ensuite à la direction du service d’informations de l’URSS et
à la formation à l’École de la radio des services secrets militaires soviétiques (GRU) à
Moscou ; en août 1938, opérateur radio de Johann Wenzel (“Rote Kapelle”) en Belgique ; en
novembre 1938 de nouveau à Moscou pour enseigner dans l’école du GRU.
Mai-octobre 1939, engagements à Paris, à Bruxelles et en Suisse ; en novembre 39/40, en
Hongrie en vue d’établir une antenne du GRU pour le sabotage de l’industrie de l’armement
allemande ; 1940-1942, mise en place d’un groupe de subversion en Slovaquie ; il y a été
arrêté et livré à la Gestapo ; en 1944 à Bratislava, condamné à 12 ans de prison, mais libéré
par des partisans slovaques ; ensuite commissaire politique d’une unité de partisans et actif
dans le ministère de l’Intérieur provisoire slovaque.
En juin 1945, retour à Berlin ; à partir d’octobre 1946, conseiller principal du gouvernement
dans le 5° Commissariat de la police criminelle, un précurseur du MfS ; en février 1950, prise
de fonctions dans le Ministerium für Staatssicherheit (MfS) ; en 1951, chef du secrétariat du
ministre Wilhem Zaisser* ; à partir de 1952, chef de la Commission de contrôle du parti au
MfS ; en décembre 1953, mis en disponibilité puis congédié à cause de “déclarations de la
Gestapo” datant de 1942. De nouveau “lavé de tout soupçon”, il est devenu à partir de mai
1954 lieutenant-colonel de la police des frontières à Pätz.
À partir de 1956, il a reçu les distinctions suivantes : la médaille Hans-Beimler ; la médaille
du combattant contre le fascisme ; l’ordre du mérite patriotique. En 1958, il avait eu la
mission de préparer la Nationale Volksarmee (NVA) à d’éventuels actes de sabotage dans la
RFA au cas d’une guerre entre les blocs de l’Est et de l’Ouest.
En décembre 1959, il a quitté le “service actif” ; en 1961, retraité ; en 1975, ordre de Karl
Marx et médaille du souvenir pour la 30° anniversaire de la libération de la Tchécoslovaquie.
Il est mort à Berlin et il a été inhumé avec sa femme au cimetière central de Friedrichsfelder à
Berlin-Est.
FRÄNKEL, FRITZ (7.09.1892 – 21.06.1944).
Né à Berlin ; fils d’un commerçant juif. Après son bac (1910), il a fait des études de médecine
à Berlin. Après son examen d’État, Fränkel s’est porté volontaire pour le service militaire. Il a
d’abord travaillé à l’hôpital militaire de Graudenz, puis il est allé en 1916 sur le front oriental
et il a été pendant 20 mois médecin de bataillon dans l’infanterie ; puis, à partir de janvier
1918, il a dirigé un service du département des névrosés de guerre du 1° corps d’armée à
Königsberg. Les horreurs et les conséquences des champs de bataille, avec lesquelles, en tant
que médecin, il a été tout particulièrement confronté, ont transformé le partisan conservateur
de la guerre en un socialiste radical et en un opposant à la guerre.
Il a adhéré à la Ligue Spartacus et il a été – car il était connu comme étant un bon orateur –
l’un des cinq délégués que les conseils des ouvriers et des soldats du district de Königsberg
ont envoyé en décembre 1918 à la réunion nationale à Berlin. En même temps, Fränkel a été
le délégué de Königsberg de la Ligue Spartacus lors du Congrès constitutif du KPD.
Participant activement à la discussion, il a fait deux propositions, l’une d’aide à la jeunesse (il
n’avait lui-même que 26 ans) et l’autre pour le futur programme du KPD. En outre, il a salué
la fondation, annoncée par le Congrès du Parti, d’une “Union des étudiants et des
universitaires communistes” et il encouragé une réforme de l’université. Fränkel est resté en
1919 à Berlin où il est devenu assistant de Paul Schuster à la clinique de neurologie et de
psychiatrie de La Charité. En mai 1919, il a terminé son doctorat (ses thèmes étaient les
névroses de guerre) et il a déménagé à Stuttgart. Il y a travaillé à l’hôpital civil, et il s’est fait
remarquer par de nombreuses contributions à des revues spécialisées. En 1920, il est parti
pour travailler comme médecin à la clinique Berlin-Buch, et, avec son ami Georg Benjamin, il
s’est engagé dans le Proletarische Gesundheitsdienst (PGD) [Service de santé prolétarien],
dont il est devenu en 1924 le président du groupe berlinois. Par la suite, il a travaillé dans le
Verein Sozialistischer Ärzte (VSÄ) [Union des médecins socialistes], et il est devenu connu à
cause aussi bien de ses activités dans le domaine des soins que de ses écrits sur les stupéfiants.
Son livre “Der Cocainismus”, écrit avec Ernst Joel, est devenu un ouvrage de référence.
Fränkel a été arrêté en mars 1933 et torturé par la SA. En raison de l’intervention de ses
patients, il a été libéré le 23 mars, et il a pu à la fin mars s’échapper de Berlin avec sa femme.
Émigré en France, il a vécu comme médecin à Paris. En 1936, il est parti en Espagne dans les
Brigades internationales et il y a travaillé avec le rang de lieutenant, médecin en chef d’un
hôpital sur le front de Madrid. Plus tard, Fränkel a dirigé à Barcelone l’approvisionnement des
brigadistes internationaux en médicaments en provenance de la France. En raison de sa
sympathie déclarée pour le POUM réputé “trotskiste” et qui était harcelé par les staliniens, il a
rompu avec le KPD. Il a été exclu du parti et, comme d’habitude, diffamé comme “traître”. En
1939, retour à Paris où Gustav Regler, Heinrich Blücher et Hannah Arendt, faisaient partie de
ses proches amis. Le célèbre Walter Benjamin a habité temporairement chez Franziska et
Fritz Fränkel. Après sa fuite en Espagne en 1940, celui-ci s’est suicidé, alors que les Fränkel
ont réussi à s’échapper vers le Mexique.
Là-bas, Fränkel engage une relation avec des cercles antistaliniens, socialistes, et par
conséquent avec Otto Rühle*, Franz Pfempfert* et Victor Serge. En 1943, il a adhéré au
groupe antistalinien et socialiste de gauche “Socialismo y Libertad” et il a collaboré à sa
revue. Fritz Fränkel est mort de manière inattendue le 21 juin 1944 à Mexico.
FRAENKEL, VICTOR (18.09.1869 – 1.03.1951).
Né à Gleiwitz (Silésie) ; conseiller de justice à Berlin, KAPD, AAUD, ensuite AAUE, FAUD.
De 1911 jusqu’au milieu des années 20, il a été très lié avec Franz Pfempfert qu’il conseillait
dans les questions juridiques, et collaborateur de la revue de celui-ci : Die Aktion de 1911 à
1925. Il a défendu Max Hölz* et d’autres insurgés de l’Octobre 1923. En tant que membre du
KPD, il a été élu en 1925 au CC de la Rote Hilfe Deutschlands. Étant donné qu’il était juif, il
a émigré en 1934 en Suisse italienne (Lugano). Les autorités nazies ont déchu de leur
nationalité Fraenkel et son épouse Nina, née Mardon (29.10.1877) à Sutton (Angleterre) le 30
août 1938. Il est mort en 1951 « dans la misère, oublié et sans patrie ».
FRANKE
Artiste-peintre, AAU. Son fils était vraisemblablement Bernhard Franke (1922-2004), né à
Butterfield, lui aussi artiste-peintre.
FRECKMANN, G. et F.
AAU/KAP, arrêtés en 1927.
FRENZEL, MAX (11.04.1893 – 11.10.1985)
Lithographe, né à Breslau, fils d’un cordonnier ; après son apprentissage, il est parti en
vadrouille. En mars 1908, il entre à la Freie Jugendorganisation à Berlin-Wedding, où il a été
plus tard président de l’organisation de jeunesse social-démocrate “Arbeiterjugend”. En
septembre 1913, membre du SPD. De 1914 à 1918, d’abord soldat de renfort, puis dans un
bataillon de remplacement de l’aviation. En décembre 1918, Frenzel s’est rendu à Berlin où il
a travaillé jusqu’en mars 1923 comme lithographe.
À partir de 1919, chef de pôle du Groupe IV de la Ligue Spartacus à Berlin. Après le II°
Congrès du KPD en octobre 1919, pendant peu de temps membre de l’Opposition de gauche,
1920-1921 KAPD.
Frenzel est cependant revenu au KPD et, de 1922 à 1924, il a été dans la direction de district
de Berlin-Brandebourg. Lors du VIII° Congrès de 1923, élu à la commission syndicale, il est
devenu secrétaire en mars 1923 de la Centrale du KPD et membre du département syndical.
Après le IX° Congrès de 1924, en tant que droitiste, il a quitté la direction de district de
Berlin, mais il est demeuré rédacteur de l’Arbeiterrat, l’un des journaux édités par le KPD
pour les conseils d’entreprise. À la fin de 1925, il a été repris dans le département de
l’organisation de la Centrale, puis, en 1926, il est revenu dans la direction du district de Berlin
où il est devenu secrétaire du département syndical. Il a participé au XI° Congrès du parti en
1927 à Essen et il y a fait partie du courant des conciliateurs. En 1928, il a fait son entrée au
Landtag de la Prusse comme député de la circonscription de Berlin. En 1929, Frenzel a été
exclu de la direction du district sur décision du CC et il a dû également démissionner en
septembre de son mandat au Landtag, mais il est resté rédacteur de journaux proches du KPD
(Berlin am Morgen ou Berlin am Abend).
Le 1° mars 1933, arrêté pendant un court moment, Frenzel a travaillé ensuite jusqu’en 1936
comme cordonnier, il a mené une activité illégale dans le Syndicat unitaire des Métallos
berlinois, et, en tant que dirigeant du KPD illégal à Berlin-Moabit, il a gardé des relations
avec les conciliateurs (Karl Volk et Edu Wald).
En mars 1936, ayant émigré à Prague, Frenzel a pris ses distances avec les conciliateurs
après une discussion avec Albert Ulbricht. À partir de juillet 1936, il a été rédacteur du
Deutsche Volkszeitung à Prague, où il a été arrêté le 22 mars 1939 par la Gestapo. Le 24 mai
1940, condamné à dix ans de détention par le VGH, il a été envoyé à la prison de
Brandebourg-Görden où il a été libéré le 27 avril 1945.
En 1945, de nouveau fonctionnaire du KPD, il a été, jusqu’à la partition de Berlin, chef du
service des carburants et huiles minérales de la commune, puis de février 1948 à février 1953,
directeur principal de la municipalité, à partir du 1° mars 1953 chef du département de la
commune pour les transports et de 1955 à 1959, président de la commission du plan du
district de Berlin-Est. Il a ensuite dirigé, jusqu’à son départ à la retraite en 1961, le
département de la presse de la municipalité de Berlin-Est. Frenzel a été le coauteur de
l’ouvrage, paru en 1976 aux Éditions militaires de Berlin-Est, portant sur les prisonniers de la
prison nazie du Brandebourg : “Gesprengte Fesseln” [Les chaînes brisées]. Des anciens
codétenus ont critiqué l’ouvrage à cause de sa tendance à se conformer aux vues du SED. Il a
reçu en 1973 l’ordre de Karl Marx. Max Frenzel est mort en1985 à Berlin-Est.
FREYHOLD, THEO
Avant 1933 KAPD, après 1945 KPD, et ensuite SED, président de district d’Oschersleben,
puis 2° secrétaire de la direction communiste de Torgau (Saxe du nord), en 1951 condamné
par le tribunal militaire soviétique.
FRIEDLÄNDER-RUMINOVA, KÄTE (KATIA) (1895 ? – 1980 ?), alias KATJIA, née
KATHERIN FRIEDLÄNDER
Berlin, Käthe Friedländer a rencontré ca. 1919 le citoyen russe BASIL RUMINOFF* qu’elle
a épousé. Tous deux ont adhéré au KAPD en 1920 et ont participé comme invités au III°
Congrès du Komintern en juillet 1921.
De 1922 à 1924, tous deux ont été membres de la tendance d’Essen du KAPD ainsi que de
la KAI et ils on participé au “travail russe” de la KAI. Tous deux ont été exclus de la KAI à
l’automne de 1925. Après 1929, ils ont été, de même que leurs amis proches Franz et Cläre
Jung*, engagés dans le groupe secret des Rote Kämpfer.
En février 1933, ils ont réussi à émigrer en France. Ils ont demandé sans succès de l’aide
auprès de La Ligue parisienne pour les Droits de l’homme (requête n° 406/8320). Au début de
1939, Käthe Friedländer a pu, avec Vassili Ruminov, obtenir le droit d’asile à New York, où
tous deux vivaient encore en 1971.
FRITZENKÖTTER, WILLY
Ouvrier, né en Allemagne, et décédé le 4 juillet 1970 à l’âge de 86 ans. Il a été, dans la
République de Weimar, collaborateur de la revue Proletarischer Zeitgeist, qui a été publiée de
1922 à 1933 par l’AAUE de Zwickau. Il a ensuite émigré avant la Deuxième Guerre mondiale
aux USA où il a été membre des IWW et ami de Paul Mattick.
Approximativement en 1946, il est revenu en Allemagne où il a vécu à Wuppertal-Elberfeld.
Il a défendu les positions communistes des conseils à l’encontre des positions syndicalistes.
Après 1945, il a été actif dans ce qui restait des groupes anarchistes et il a collaboré au “Bund
Freier Sozialisten und Anarchisten Deutschlands” et à sa revue Neues Beginnen [Nouveau
début]. Il a pris part en tant que l’un des trois représentants allemands au Congrès
international des anarchistes du 23.07. au 1.08.1958 à Londres. Il a correspondu avec de
nombreux camarades et de nombreuses revues dans plusieurs pays, parmi lesquelles il y avait
également la revue révolutionnaire-syndicaliste française La révolution prolétarienne. Dans
une lettre à la rédaction, il critiquait le rôle réactionnaire des syndicats américains à l’époque
de la Guerre froide et il exprimait ainsi sa pensée : « … les États-Unis ont actuellement pour
objectif de devenir un État totalitaire ».
Il a travaillé jusqu’à sa mort dans le “Bund Freier Sozialisten und Anarchisten
Deutschlands”. Le Bund lui a consacré une notice nécrologique émouvante dans Neues
Beginnen, 2° année, n° 7 : « De nouveau, un de nos amis s’en est allé – un homme avec un
caractère sincère et serviable. Depuis sa jeunesse, il a été dans le mouvement socialiste. Il est
devenu un socialiste libre et un anarchiste indigné par tout acte de violence, qu'il soit ami ou
ennemi. Son aspiration était d’être un être humain. Nous qui l'avons connu, nous parlerons
encore souvent de lui. ».
FROEBEL, ERNST KURT (29.10.1912 à Berlin – 19.03.2001)
Habitant à Wilmersdorf, au 20 Lauenburger Straße ; enfant illégitime de sa mère Else
Schilling qui n‘avait alors que quinze ans ; à partir de 1922, il a pris le nom de son beau-père.
(Père : Albert Froebel, mère : Else Froebel née Schilling). Premier mariage jusqu’en 1941
avec Dorothea Froebel, second mariage avec Renate Froebel, née Schröder (beau-père :
Dr Karl Schröder) ; il a fréquenté l’école élémentaire, il a appris le métier de sellier, puis celui
de tapissier, depuis 1930 chômeur, pérégrinations en vélo en Suisse saxonne, en Hollande et
au Danemark, en Rhénanie, en Belgique, il a adhéré en 1927 à Dreppkau à la SAJ et en 1930
au SPD ; en 1930 chef de groupe de l’OV de Berlin-Steglitz, en 1931 et 1932 quelques mois
dans la Reichsbanner. Il habitait en 1933 à Berlin-Steglitz, au 15 Tulpenstrasse. Froebel était
dans un groupe de jeunesse avec Ulla Schroeder, le fille de Karl Schroeder, et a fait partie à
partir de 1934 des “Rote Kämpfer”, il a pris la direction du groupe des RK de Steglitz et, en
1936, il a été nommé par Alexander Schwab responsable de l’organisation pour la sécurité de
tout Berlin ; en tant que gestionnaire de la messagerie, il avait des contacts avec les milieux
socialistes de gauche de l’étranger ; arrêté le 17.11.1936, il a été condamné en 1937 par le
Tribunal régional supérieur de Berlin, dans le cadre du procès contre “Schröder et Cie”, à
3 ans de prison et à 5 ans de perte des droits civiques ; accomplissement de la peine à la
prison de Luckau/Brandebourg et au camp de prisonniers d’Aschendordermoor/Basse Saxe.
Libéré en 1939 ; ensuite de nouveau dans la résistance, il fournissait de l’aide et du soutien à
ceux qui vivaient illégalement et aux familles de ceux qui étaient persécutés politiquement ;
en 1942, il a été enrôlé dans l'unité disciplinaire 999, dans laquelle il a veillé à ce que les
antinazis reprennent la direction du camp et il a mené un travail d'éducation politique auprès
des prisonniers de guerre français en Afrique du Nord. Kurt Flanda, un ouvrier plus âgé, qui a
été le second Karl Schröder, a fait fonction de “maître” de Froebel : « Par le biais des Rote
Kämpfer, nous avons ensuite reçu la formation consciente et appropriée pour devenir des
jeunes révolutionnaires de la SAJ… Naturellement nous n’étions pas capables de nous
mesurer aux nazis et aux brutes de la SA. 20 SA venaient à bout de 50 adhérents de la
Reichsbanner. Qui, à gauche, avait déjà été élevé pour frapper au visage son vis-à-vis (qui
pensait différemment) ? Ce n'était pas notre mentalité, notre façon de faire. ». Un exemple de
la grande habileté de Froebel a été l’enchaînement d’une conférence des RK à Berlin avec son
mariage avec la fille de Schröder Ulla. Tout le monde était beau avec des fleurs à la main. À
propos de la discussion sur les prisonniers politiques dans la prison de Luckau, Froebel a écrit
plus tard :
« Les discussions chez les politiques s'étaient exacerbées. C'était au moment de la
conclusion du Pacte Hitler-Staline à Moscou (…). Les membres du PC allemand étaient
abasourdis ! Ce fut très difficile dans la phase initiale du Pacte ; ensuite, on a trouvé une
"solution" explicative : L'Angleterre était le membre le plus faible de la chaîne (d'ennemis)...
Le Russe soviétique alliée à l'Allemagne allait écraser l'Angleterre. Et quand les Russes
apparaîtront (en Europe occidentale), ils régleront leurs comptes aux fascistes. En effet les
Allemands ne disposent que d'un million d'hommes, les Russes de 10 millions. Alors nous
réglerons nos comptes, et nous aurons brisé la "chaîne" de nos d'ennemis. Tels étaient les
mots d'ordre mis en avant; et dans le camp des marais, Hans Lange, qui après la guerre a été
employé dans les services de sécurité du SED, nous menaçait : "Plus tard nous vous collerons
tous au mur". Nous n'étions pas seulement anticommunistes dans l'acception d'alors, nous
étions antibolcheviks. Nous savions dès le départ qu'il s'agissait d'une tactique électorale du
PC (celle du Congrès d'unité antifasciste de juillet 1932), et que nous nous laissions emporter
par une charrette étrangère. Que nous ne pourrions plus rien empêcher. Tu n'as rien pu
empêcher en 1932. Avec qui? Avec ce parti? Avec ce syndicat? Avec ce syndicat qui
regimbait à remettre sa caisse au NSDAP qui s'y refusait. A remettre une caisse bien en
ordre, construite dans les règles de l'art ... Si nous avions eu une idée du concept de fascisme,
de la terreur et de tout le reste, nous ne nous serions sans doute pas délesté de nos millions.
“Mais notre argent nous le récupérerons”. Il est en train de se déprécier! C'est cette certitude
qui nous a fait agir. ».
En 1947, grâce à la médiation de sa première femme Ulla, il a pu mettre fin à sa condition
de prisonnier de guerre et revenir à Berlin. Là, il a repris contact avec l’ancien cercle des Rote
Kämpfer et avec le cercle qui gravitait auteur d’Alfred Weiland. Pour le compte des Rote
Kämpfer, il a travaillé d’abord de manière entriste dans la Freie Deutsche Jugend, dans le
Comité central de laquelle il était responsable du Service d’informations pour la jeunesse
(JUNA). C’est dans ce poste qu’il alimentait le cercle des Rote Kämpfer en informations sur
les affaires internes, les stratégies, etc., de la FDJ, des informations qui leur servaient à faire la
critique du socialisme faisant référence au modèle soviétique dans la zone d’occupation
soviétique. Il est tout d’abord monté jusqu’au poste de second secrétaire du département du
personnel de la FDJ, mais, en 1949, après que sont activité a été découverte, il a dû s’enfuir
pour éviter une arrestation. Ensuite, il a pris part à la constitution de la Sozialistische Jugend
Deutschlands (“Die Falken” [Les Faucons]), de laquelle il a fait temporairement partie du
Bureau à Berlin. Froebel a été le dirigeant de l’“Arbeitkreise Politische Bildung” et président
d’honneur du SPD à Berlin-Ouest. Après 1945, il a établi d’étroits contacts avec les
survivants du village de Lidice que les nazis avaient détruit et dont ils avaient tué les
habitants, et il est devenu citoyen d’honneur de ce village. Une plaque commémorative
(“Collège Ernst Froebel”) à Berlin-Glienicke évoque son souvenir.
FROMM
KAPD ; délégué des chômeurs au IV° Congrès du KAPD, en septembre 1921 à Berlin.
FUCHS, WILHELM
AAUE Hambourg, actif dans l’organisation de bord de l’AAUE de la compagnie maritime
Woermann-Linie, principal militant de l’AAUE à Hambourg dans les années 20.
FÜLLER, KARL
AAUE Francfort/Main, 1922.
GAIEWSKI-PLÄTTNER, GERTRUD (28.02.1899 – 12.02.1980), plus tard GERTRUD
SCHIESCHKE-PLÄTTNER
Leipzig, première épouse de Karl Plättner ; ouvrière, secrétaire ; né à Leipzig-Lindenau,
1917-1919 FSJ. Elle a fait la connaissance de Karl Plättner en 1919 et elle est devenue sa
compagne. Elle a sympathisé avec le KAPD et elle a participé à ses activités. Arrêtée après
l’action de Mars 1921, libérée ensuite “par manque de preuves”. Elle a aidé Plättner et ses
camarades dans leurs activités et leurs braquages, que le groupe désignait comme étant « de
l’expropriation communiste ». Le 17 juin 1921, les policiers de Leipzig ont arrêté Gertrud
Gaiewski sur son lieu de travail ; lors de son interrogatoire, elle a avoué sa participation à
l’attaque de la Deubener Bank. Lors du procès devant le tribunal régional de Dresde, le 10
octobre 1921, elle a été condamnée à deux ans de prison “pour recel”. Étant donné que la
maîtresse de Plättner était enceinte, sa peine a été dans un premier temps suspendue à la fin de
1921. Après sa libération, la relation a pris fin et Karl Plättner s’est séparé de sa femme.
Gertrud Gaiewski a fait la connaissance d’un membre du KPD du nom de Schieschke, elle l’a
épousé et est devenue immédiatement membre du KPD. Sous le nazisme, elle a effectué du
travail illégal à Leipzig dans le groupe du graveur en relief William Zipperer (1884-1945), qui
a été exécuté en janvier 1945 sur la Münchner Platz. Après mai 1945, elle a adhéré de
nouveau au KPD-SED. Elle a rédigé les souvenirs de son activité passée. Elle a surtout
souligné les bonnes “personnes de référence” de son parcours de vie politique : Ernst
Thälmann, Walter et Hilde Ulbricht, qu’elle avait rencontrés autrefois.
GALLERT, OTTO [= KARL SCHRÖDER ?]
GEHRE, JULIUS
Berlin-Norden, KAPD.
GEIGER, EMIL (22.10.1883 – 1960 ?)
Ouvrier de chantier naval, né à Hambourg, il a habité à Altona qui était à l’époque en Prusse,
1901-1914 SPD, pendant la guerre actif comme radical de gauche avec Laufenberg* et
Wolffheim*. En novembre 1918, secrétaire du conseil des ouvriers et des soldats de
Wilhelmshaven, d’avril jusqu’en août 1920 dirigeant du KAPD de Wilhelmshaven. Au cours
du Congrès du KAPD en août 1920, il a défendu la justesse des positions “nationalbolcheviques”
:
« Les frontières naturelles se situent là où d’autres moeurs et coutumes deviennent visibles.
Un congrès de parti n’est pas en mesure d’effacer ces frontières… L’on a essayé ici de
manière répétée de construire une opposition entre international et national. Une
Internationale présuppose toujours l’existence de nations. La nation veut dire le peuple et si
nous aspirons à une Internationale prolétarienne, c’est alors l’Internationale des peuples
libérés du joug capitaliste.
« Le prolétariat a conquis le pouvoir à partir du moment où il est armé. (Contestation). Au
moment où nous avons les armes en mains, la bourgeoisie est éliminée. Que voulons-nous
faire avec les personnes individuelles de la bourgeoisie ? Nous ne pouvons pas les battre à
mort si elles se placent sur le terrain des faits, nous saurons utiliser leur intelligence pour
notre cause… Nous devons exploiter les forces de l’adversaire… ».
Après ce congrès, il a formé avec Laufenberg* et Wolffheim* le “Bund der Kommunisten”.
À partir de juillet 1921, il a participé à la publication du Volkswart, “Bimensuel indépendant
pour une organisation sans classes et pour une politique étrangère révolutionnaire”. De 1924 à
1933, il a été compagnon de lutte du “révolutionaire-national” Fritz Wolffheim. Sur les
conseils de Louis Cahnbley, Geiger a adhéré en 1933 au NSDAP. Après 1945, il est revenu
au SPD à Hambourg.
GEIGER, STANISLAUS (13.11.1901 à Vienne – 1988)
Il vivait à Vienne-Margareten, au 104/1/18 Wiedner Hauptstrasse. Employé de commerce et
chauffeur, KPÖ en 1919, rédacteur du Wiener Kommunistische Arbeiterzeitung, l’organe du
Parti Ouvrier Communiste d’Autriche (KAPÖ), affilié à la KAI (Kommunistische Arbeiter-
Internationale).
Stanislaus Geiger a fondé en novembre 1923 le KAPÖ et – selon le modèle allemand – une
“Allgemeine Arbeiter-Union”. Le KAPÖ avait à ses débuts environ 20 membres, et en 1924
vraisemblablement pas plus de 10. Il est resté quelques tracts de cette organisation (par
exemple pour les élections au conseil national de 1924) et, à partir de 1922, sont également
parus quelques numéros du Kommunistische Arbeiter-Zeitung. Il était imprimé à
Mülheim/Ruhr et il est paru jusqu’en 1924. Le texte de ce journal était identique aux Essener
KAZ. Comme promoteur du KAPÖ, Geiger se présentait sous le nom de “Jacques Andres”.
Geiger a été en relation avec le KAPD jusqu’en 1928 et il semble qu’il a rédigé des articles
pour lui. En 1927, Stanislaus Geiger a été délégué à la Première conférence du KPÖ-
(Opposition) qui était sous la direction de Josef Frey (1882-1957), président du conseil des
soldats de Vienne à partir de novembre 1918, et exclu du KPÖ en 1927 comme trotskiste. En
1928, Geiger est devenu membre du Groupe Kurt-Landau, communiste de gauche, qui était
opposé à Josef Frey. Mais il avait toujours de fortes relations avec le KAPD tendance Essen.
Le 5 octobre 1928, Stanislaus Geiger a été arrêté en même temps que cinq autres
représentants d’un “Proletarische Abwehrkomitee”, parmi lesquels l’ancien président du KPÖ
Johann Koplenig. Le “Proletarische Abwehrkomitee”, indépendant de tout parti, s’était fixé
pour but d’empêcher la marche de la Heimwehr (le chef d’état-major de la Heimwehr était
l’assassin de Karl Liebknecht, le major Pabst) dans la ville industrielle de Wiener Neustadt.
La Heimwehr a annoncé vouloir rassembler les 6 et 7 octobre 1928 60 000 personnes pour
une manifestation comme répétition générale d’une marche sur Vienne.
Après les combats de Février 1934 en Autriche, à cause de ses activités politiques,
Stanislaus Geiger a été incarcéré entre 1934 et 1935 pendant 7 mois et demi dans le camp
d’internement de Wöllersdorf créé en 1933 et à Vienne. (Tiré du rapport à la direction de la
police à Vienne le 9.03.1935 : « Agissait comme agent de liaison pour une organisation
communiste secrète (…). A salué pendant sa détention les prisonniers du “Rotfront”). Il est
mort à 87 ans à Vienne.
GEIST, MAX
Groupe local de l’AAUE de Harbourg-sur-Elbe.
GEITHNER, OTTO (23.05.1876 – 31.07.1948)
Menuiser, rédacteur, bibliothécaire d’État ; né à Merseburg (Saxe-Anhalt). Déjà membre du
SPD avant le tournant du siècle, en 1907 expéditionnaire à la maison d’édition du SPD, à
partir de 1907, rédacteur de la Sozialdemokratische Parteikorrespondanz. À partir de 1910,
rédacteur et finalement rédacteur en chef du Gothaer Volksblatt du SPD qu’il a dirigé, après
le déclenchement de la guerre, selon une orientation internationaliste. Ensuite, le journal a été
interdit en février 1915. Geithner a pris part à la conférence qui a décidé de la parution de
l’Internationale. C’était l’organe du “Gruppe Internationale” qui était un groupe oppositionnel
à l’intérieur du Parti Social-démocrate d’Allemagne (SPD). C’est de lui qu’est issu le
“Spartakusgruppe” en 1916. Geithner a produit plus tard les tracts illégaux du Spartakusbund
dans l’imprimerie du Volksblatt. En 1917, il a adhéré à l’USPD et il s’est retrouvé en
novembre 1918 à la tête du conseil des ouvriers et des soldats ainsi que du Comité exécutif de
Gotha. Après la révolution, Geithner a fait partie du premier gouvernement populaire de Saxe-
Gotha qu’il a représenté à la Conférence des États fédéraux allemands à la fin novembre
1919 à Berlin. En 1919, il y a eu dans le gouvernement de Gotha dominé par l’USPD une
rupture entre l’aile droite de l’USPD autour d’Emanuel Wurm et la gauche autour de
Geithner, lequel s’est retiré du gouvernent.
En 1920 il a été délégué au Congrès de scission de l’USPD et, en décembre 1920, délégué
au Congrès d’unification de la gauche de l’USPD avec le KPD. Le Congrès d’unification et
également le VII° Congrès du KPD en 1921 l’ont élu au Comité central du Parti. Geithner
avait déjà fait partie depuis 1912 du Landtag de Saxe-Cobourg-Gotha et il a été en 1919
engagé pour le compte du l’USPD dans le Landtag de Gotha et en 1920 dans celui de
Thuringe. Il a été également réélu en 1921 et en 1924 pour le compte du KPD. Depuis 1921, il
a été rédacteur et temporairement rédacteur en chef de l’organe du KPD, le Thüringer
Volksblatt.
Étant donné que Geithner se situait dans l’aile ultragauche du KPD, il a été exclu du Parti en
mars 1926 en tant que l’un des premiers “ultragauchistes”. Il a fondé avec Agnes Schmidt
(1875-1952) et Hans Schreyer (1866- ?) la Kommunistische Arbeitsgemeinschaft n° 2, un
groupe d’“ultragauche” en Thuringe qui, aux élections de 1927, à présenté ses propres listes
(sans succès). Geithner a rejoint de groupe de Korsch* pour lequel il a travaillé jusqu’à la fin
des années vingt.
Au début des années trente, il a été membre du SAP. À cette époque, les cercles de
l’opposition de gauche de Gotha et de Thuringe se rassemblaient autour de lui. Après 1933,
actif dans la résistance “antifasciste”, il a été condamné en 1935 à trois ans et demi de prison
et puis, en octobre 1938, il a été interné au KZ de Buchenwald. Après sa libération le 7 mai
1945, il est retourné à Gotha. Il a adhéré au KPD puis au SED, et, à l’automne de 1946, il est
devenu conseiller municipal de Gotha ainsi qu’en 1945/46 rédacteur du Thüringische
Volkszeitung, puis directeur administratif de la Bibliothèque du Château à Gotha. Otto
Geithner est mort à Gotha le 31 juillet 1948.
GELHAR
KAPD/AAU Berlin, délégué syndical.
GELLWITZKI (GELWITZKI), FRIEDRICH (1895 ?)
Danzig, cheminot, délégué du 4° district de Berlin (Wedding-Gesundbrunnen), en 1919
dirigeant des groupes de cheminots du KPD. Il doit avoir adhéré peu de temps au KAPD en
1920, et on ne l’a plus vu ensuite apparaître sur le plan politique. Au cours du Congrès
constitutif du KPD, Gellwitzki a soutenu les positions du “camarade Rühle” contre la
participation aux élections, au nom « d’un bon nombre d’associations berlinoises de
district » :
« Les membres de ces associations se déclarent contre une participation à l’Assemblée
nationale. Ils exigent plutôt que l’on mette en application tous les instruments de pouvoir
contre elle. Ils invitent en outre tous les travailleurs révolutionnaires à faire en sorte que tout
le pouvoir soit ancré fermement dans les conseils des ouvriers et des soldats. Si cela est
nécessaire, ils lutteront pour le pouvoir au prix du sang dans la rue afin de parvenir à la
révolution mondiale… Notre plus grand devoir réside dans le fait d’aller dans les casernes et
d’expliquer la différence entre l’Assemblée des conseils et l’Assemblée nationale.
L’Assemblée des conseils est le gouvernement du prolétariat mondial, alors que l’Assemblée
nationale est le gouvernement de la contre-révolution. ».
GENERAL, ERNST
Berlin-Weissensee, KAPD, après le 20 septembre 1920 (“procès des communistes”) incarcéré
pour plusieurs années.
GENICKE, KARL (1.05.1891 – ? )
Né à Lubeck, trésorier du KAPD, Brême, octobre 1920.
GERBSCH, PAUL
Rédacteur du Kampfruf de 1928 à1933, avec Rudolf Ziegenhagen, Wilhelm Tietz et Franz
Rother.
GERLAND, HEINRICH
1920 fait partie de la rédaction du Kampfruf de l’AAU de Brême.
GERTICH, KARL FRANZ (9.03.1905 à Beuten/Haute-Silésie – ? ).
Habitant à Berlin, au 1A Scharnweber Straße, école primaire jusqu’à 14 ans, puis
apprentissage du métier de serrurier du bâtiment, travail sur les chantiers en Haute-Silésie et à
Berlin, en 1931 adhésion au SPD jusqu’en juillet 1932, puis membre du Syndicat des métallos
(DMV), et, à partir de 1933, il a fait partie du groupe de résistance des “Rote Kämpfer” à
Berlin-Lichtenberg ; à l’automne de 1934 jusqu’au début de 1935, il est devenu chef du
groupe de Berlin-Lichtenberg II, et il distribuait du matériel illégal ; arrêté le 2.12.1936 ;
mandat de dépôt du 29.12.1936 ; en détention préventive à la prison de Berlin-Plötzensee,
condamné en octobre 1937 par le Tribunal régional supérieur de Berlin dans la procédure
contre Hugo Broecker en raison, entre autres, “de la préparation d’une entreprise de haute
trahison” à deux ans et demi de prison ; peine accomplie dans la prison de Dessau/Rosslau ;
en 1941 libéré de prison ; ensuite, de nouveau dans la résistance ; en 1943, incorporé dans
l’unité pénitentiaire 999 et fait prisonnier de guerre par les Britanniques.
GERWIEN, GEORG
Rédacteur du Kampfruf 1928-1933.
GIEHL, J.
Kaiserslautern, KAJ.
GIWAN, HEINRICH (1.08.1881 – 26.02.1957)
Berlin-Wedding ; né à Rosendorf (Thuringe) ; manoeuvre, et plus tard formation de
mécanicien. Après avoir accompli son service militaire, déménagement à Berlin. En 1902,
entrée au SPD, en 1917 passage à l’USPD, et en décembre 1920 adhésion au VKPD.
Conseiller municipal à Berlin, il sera à partir de 1923 le chef de pôle de l’important district de
Wedding. En 1924, fonctionnaire à temps plein de la direction de district de Berlin-
Brandebourg, puis du service de l’organisation. Giwan a été l’un des porte-parole du KP
berlinois durant la période Ruth Fischer.
Lors de la rupture de l’Opposition “ultragauche” en mai 1925, il était un partisan actif de ce
groupe. Giwan a participé à la session du CEIC élargi en mai 1925, et il a été également
représentant du KPD aussi bien dans la Commission hollandaise qu’à la Conférence
d’organisation du Komintern. En tant que délégué au X° Congrès du parti (12 juillet 1925), il
a représenté l’Opposition “ultragauche” dans la Commission politique du congrès.
Lors de la scission des “ultragauches” en 1926, il a rejoint la “gauche décidée” de Karl
Korsch. Le 1° octobre 1926, il a été exclu du KPD « en raison d’actions contrerévolutionnaires
dirigées contre l’Union soviétique » (il avait appelé les prolétaires russes à
une lutte de classe renforcée et à la “préparation d’une seconde révolution”).
De nouveau travaillant comme ouvrier, Giwan est passé du groupe de Karl Korsch au
KAPD et il a été membre de ce parti jusqu’en 1933. Parce qu'il avait déjà déménagé de
Wedding à Spandau avant 1933, ses positions politiques sont restées inconnues des autorités
nazies locales, et c’est la raison pour laquelle il a échappé aux poursuites de la Gestapo.
Après 1945, il ne s’est plus occupé de politique, il a vécu comme retraité à Berlin-Ouest où
il est mort le 26 février 1957.
GLAAB, GEORG
Francfort sur le Main. Communiste des conseils dans l’AAUE, poste d’information.
GLÄSER, GERTRUD
Chemnitz, KAPD 1920-1929 ?
GOHR, THEODOR (23.03.1881 – 1950)
Ouvrier sur machine, Hanovre, né à Osche (district de Schwerz) dans l’ancienne Prusse
orientale. Dans ses jeunes années, il est arrivé en Basse-Saxe. Soldat dans la Guerre mondiale,
il a été ouvrier sur machine après la guerre. Il a été membre et fonctionnaire de l’USPD et il
est passé en 1920, avec la gauche de l’USPD, au KPD. Il était partisan de l’aile gauche du
KPD et, de 1921 à 1923, en tant que membre du Comité central du VKPD, il a représenté le
district de la Basse-Saxe. Comme délégué au IX° Congrès du parti à Francfort, Gohr s’est
opposé de manière particulièrement radicale à la ligne syndicale préconisée par le Komintern
et il a défendu des syndicats communistes indépendants. En mai 1924, il a été désigné comme
candidat du KPD pur les élections au Reichstag et il figurait comme candidat dans la
circonscription électorale d’Hanovre-du-Sud-Brunswick sur la liste derrière Iwan Katz, mais
il n’a pas été élu. Élu président du KPD d’Hanovre, il a été également, à partir de la mi-1924,
secrétaire de la direction du district de la Basse-Saxe. À la fin de 1924, il a officié pendant
quelques mois comme chef de l’organisation de la Basse-Saxe. Gohr était un ultragauchiste et
un partisan actif d’Iwan Katz. C'est pourquoi, au printemps 1925, il a été éloigné de la
direction du district, mais il a pu conserver sa position dans le KPD d’Hanovre. Il organisé en
janvier 1926 l’assaut des ultragauchistes sur le bureau de la direction du district de la Basse-
Saxe à Hanovre et c’est pour cette raison qu’il a été exclu du KPD en même temps que Katz.
Gohr est devenu cofondateur du Spartakusbund n° 2. À la fin de 1926, il a démissionné –
avec Berthold Karwahne, Dora Malle et Willy Langrehr – de son mandat de conseiller
municipal. Étant donné que Katz a malgré tout conservé le sien, Gohr, qui rejetait maintenant
aussi fondamentalement le parlementarisme, a quitté le Spartakusbund. Il a déclaré (avec
Berthold Karwahne et Willy Langrehr) la guerre en novembre 1926 à « l’opportunisme
d’indemnités parlementaires » d’Iwan Katz : « Lors de la Conférence nationale (20-21
novembre), Gohr a renouvelé sa proposition selon laquelle tous les représentants
parlementaires doivent démissionner. Cette proposition a été adoptée par 27 voix contre une
par les représentants du KPD (gauche). C’est ainsi que la voie politique du Spartakusbund
refondé a été établie. Nous déclarons que, sur la base de notre conviction politique, nous
démissionnons aujourd'hui de nos mandats de conseillers municipaux, contrairement à Iwan
Katz et à d’autres, et que nous ne pouvons pas faire partie de cette organisation tant qu’elle
ne sera pas libérée de toutes les illusions démocratiques bourgeoises. ».
Il s’est rapproché du KAP, mais il ne s’est plus distingué politiquement. Pendant la dictature
nazie, il a été mis sous surveillance en raison de son passé. Jusqu’à l’âge de la retraire en
1946, il a travaillé comme ouvrier. Theodor Gohr est mort le 2 janvier 1950 à Hanovre.
GOLDSTEIN, DR. ARTHUR (18.03.1887 – 25.06.1943), alias STAHL
Fils de Hermann Heinrich Goldstein et de Feige Köpler-Goldstein, né à Lipine/Lipiny
(Silésie) ; professeur de philosophie, journaliste, Berlin-Charlottenburg ; GHA du KAPD,
école scientifique du parti. Goldstein a adhéré au SPD en 1914, dans lequel il s’est situé à
l’aile gauche ; il a rejoint l’USPD en 1917, puis la Ligue Spartacus, et il a compté parmi les
membres fondateurs du KPD. Il y a été partisan des positons antiparlementaires et
antisyndicales. Exclu en octobre 1919, il est devenu cofondateur du KAPD et membre de son
GHA en 1920.
C’est sous le pseudonyme de STAHL qu’il a été (avec Emil Sach* et Friedrich Wendel*)
l’un des signataires du projet de programme du KAPD. Le premier Comité exécutif du KAPD
était composé d’Emil Sach (ERDMANN ou ERD), de Friedrich Wendel (FRIEDRICH) et
d’Arthur Goldstein (STAHL).
Goldstein a été, avec Karl Schröder*, Alexander Schwab*, Jan Appel* et Adolf Dethmann*,
un opposant résolu à la tendance hambourgeoise et à ses représentants au sein du KAPD, qui,
comme Heinrich Laufenberg*, Fritz Wolffheim* et Emil Geiger*, défendaient un
communisme national. Lors du II° Congrès du KAPD, du 1° au 4 août 1920 à Berlin-
Weissensee, Goldstein a fait adopter la séparation avec la tendance hambourgeoise :
« Aujourd'hui, dans la situation où tout nous pousse à formuler aussi vigoureusement que
possible l’idée de la lutte de classe internationale, où la Russie soviétique est menacée par le
capital de l’Entente, où le prolétariat international doit constituer un front unitaire afin
d’opposer à l’énorme puisance du capital mondial une puisance aussi énorme du prolétariat
international, nous devons combattre sans ménagement toutes ces tendances [c'est-à-dire la
tendance hambourgeoise] qui pourraient être susceptibles de détourner le prolétariat de son
chemin. Le prolétariat ne doit aujourd'hui sous aucun prétexte être amené à défendre ne
serait-ce que l’idée d’un compromis avec la bourgeoisie. Entre le capitalisme en voie de
dépérissement et le développement de la révolution prolétarienne, il n’y a de compromis
d’aucune sorte. ».
Lorsque le Comité Exécutif du Komintern [CEIC] a accueilli le KAPD en décembre 1920
comme “parti sympathisant” dans le Komintern, Goldstein a été pendant une courte période
(janvier-mars 1921) délégué du KAPD à Moscou.
Après son retour en Allemagne, il est devenu, avec Jan appel, rédacteur du Klassenkampf,
l’organe du KAPD dans la Ruhr. Lors du Congrès du parti en septembre 1921 à Berlin, il a
fait un rapport sur : « Le développement et les perspectives de la Révolution russe ».
Goldstein a décrit la politique non-révolutionnaire de l’État bolchevik après l’offensive ratée
de l’Armée rouge devant Varsovie. Il a commencé son discours avec une référence à Rosa
Luxemburg :
« Et maintenant, je voudrais mettre en tête de mon propos les mots d'une révolutionnaire
allemande que l’on a très généralement considérée dans le monde entier comme une
révolutionnaire et comme une marxiste révolutionnaire, et que l’on considèrera toujours
comme telle, Rosa Luxemburg :
“La Révolution russe a pour tâche immédiate l’élimination de l’absolutisme et la mise en
place d’un État de droit bourgeois-parlementaire moderne. Formellement, c’est exactement
la même tâche qui était imminente en Allemagne pour la révolution de Mars, et en France
pour la Grande révolution à l’issue du XVIII° siècle. Sauf que les conditions, le milieu
historique, dans lequel ces révolutions formellement analogues ont eu lieu, sont
fondamentalement différentes de celles de la Russie d’aujourd'hui“. ».
Ensuite, il en est venu à l’évoution actuelle de la Russie soviétqiue : « … je voudrais dire
que l’insurrection de Cronstadt elle aussi, doit être abordée comme un symptôme, comme la
contradiction entre le prolétariat et le gouvernement soviétique. L’histoire de la révolte de
Cronstadt n’est pas encore terminée et, encore aujourd'hui, nous ne voulons pas porter un
jugement définitif sur elle. Mais une chose est sûre : non seulement le capital étranger a été
un des facteurs du soulèvement de Cronstadt contre le gouvernement soviétique, mais une
grande partie du prolétariat russe était intérieurement du côté des insurgés de Cronstadt…
Notre position vis-à-vis de la politique soviétique, qui nous semble invariable, ne peut
toutefois jamais nous empêcher de reconnaître l’énorme importance en soi de la Révolution
russe. Je pense que la Révolution russe, et c’est ce qu’a dit hier ici le camarade Gorter, est
l’unique grand événement de l’époque la plus récente à côté de la performance théorique
accomplie par Karl Marx. La Révolution russe a pour une fois montré au prolétariat mondial
le chemin qui doit être pris si le socialisme doit être réalisé. La Révolution russe a ainsi, par
les actes, régler son compte a tout révisionnisme ou réformisme qui, à l’époque d’avantguerre,
et de nouveau maintenant, a colporté l’idée que le socialisme pourrait devenir une
réalité en se développant progressivement dans le capitalisme. La Révolution russe a en outre
donné la grande leçon qui consiste dans le fait que c’est une chimère de croire pouvoir
réaliser le socialisme sur une base démocratique, mais que la condition préalable à la
réalisation du socialisme doit être évidemment la prise du pouvoir par le prolétariat pour luimême
au moyen de la dictature du prolétariat, à l’exclusion des autres classes. La grande
leçon de la Révolution russe consiste en plus dans le fait que l’État bourgeois, dont le
prolétariat s’empare, ne peut pas continuer à exister dans sa forme, mais qu’il doit être
détruit de fond en comble, et que le prolétariat a le devoir d’édifier lui-même son propre État,
un État qui correspond à ses propres intérêts de classe. Nous n’oublierons jamais ces leçons
que la Révolution russe nous a données. Et c’est précisément maintenant où la Russie glisse
vers le chenal capitaliste qu’émerge naturellement chez les masses laborieuses de l’Europe
occidentale l’idée selon laquelle le communisme ne serait rien du tout, qu’il serait une utopie,
qu’il ne peut pas être réalisé, étant donné que la Russie en offre apparemment le meilleur
exemple. Et c’est précisément maintenant que nous avons à plus forte raison le devoir
d’indiquer que c’est justement l’exemple russe qui est le meilleur argument en faveur du
communisme. C’est précisément maintenant que nous devons montrer de façon claire et nette
au prolétariat allemand et au prolétariat mondial en général comment les choses se passent
en Russie, et nous devons leur dire très clairement la vérité afin d’empêcher que des
idéologies de ce type émergent. L’expression sans ménagements de la vérité a toujours été la
meilleure chose dans la révolution. Exprimer très clairement les choses telles qu’elles sont, et
ensuite en tirer nos conclusions. Alors nous continuerons au mieux à aller sur le chemin de
la révolution. ».
En tant que partisan de la KAI et membre dirigeant de la “tendance d’Essen”, il a été en
mars 1922, avec Karl Schröder, Adolf Dethmann, Bernhard Reichenbach et Emil Sach, exclu
du KAPD. Il a repris contact avec Paul Levi et il a collaboré à sa revue Unser Weg. En 1923,
il est retourné finalement au SPD dans le but d’y constituer une “aile gauche” culturelle.
À Berlin, il a transformé à partir de 1928/29, avec Karl Schröder, la Sozialwissenschaftliche
Vereinigung (SWV) [Association des sciences sociales], créée par Levi en 1924, en une
organisation communiste des conseils pour les cadres qui a représenté le noyau de la faction
des “Rote Kämpfer” fondée en 1931/32 et ayant une activité illégale. Dans les groupes de
celle-ci, Goldstein oeuvrait comme spécialiste des questions économiques. En même temps, il
publiait dans les journaux du SPD tel que le Vorwärts et il entretenait des contacts avec
d’autres organisations de gauche, telle que l’Opposition de gauche trotskiste. Avec Schwab,
Schröder, Reichenbach, Utzelmann* et d’autres, il dirigeait l’organisation nationale des Rote
Kämpfer. Le 6 mars 1933, les SA perquisitionnaient le logement berlinois de Goldstein.
Heureusement, il n’était pas chez lui. Les SA ont menacé sa femme qu’ils allaient le
retrouver. Goldstein a émigré en mai 1933 d’Allemagne et il est s’est rendu à Paris. Sont
restés à Berlin sa femme Katherine Johan Wiemann (1890 ?- 1951) qui, d’après la loi raciale
nazie, était d’origine “aryenne”, ainsi que ses deux enfants Vera (1914-1982) et Alexander
Gabriel (1916-1993), qui ont pu tous deux émigrer à Londres à la fin des années 30.
Lorsque Arthur Goldstein a été menacé en 1939 par les autorisés françaises d’être expulsé
vers l’Allemagne, il s’est tourné vers la Ligue des Droits de l’homme pour obtenir le statut de
réfugié politique, étant donné qu’en Allemagne il risquait « d’être tué… ou interné dans un
camp de concentration, ce qui revenait à peu près au même ». Après la tentative infructueuse
de constituer une direction à l’étranger des “Rote Kämpfer”, il a adhéré à l’IKD trotskiste
(organe : Unser Wort) dont il a été temporairement membre de sa direction en exil. Comme
Paul Kirchhoff* et Aberknecht*, il a quitté l’IKD en juin 1934. Il rejetait résolument le
concept d’“entrisme” de Trotski, concept qui avait encouragé les trotskistes en France et en
d’autres pays à entrer immédiatement dans la social-démocratie pour y travailler de manière
fractionnelle. Il a été arrêté au début de l’année 1943 par la Gestapo parisienne et interné au
camp de Drancy (France). D’après les documents disponibles à Auschwitz, Arthur Goldstein
a été déporté le 23 juin 1943 de Drancy à Auschwitz dans un transport de masse de 1 108
juifs. Là-bas, il a été immédiatement sélectionné à son arrivée le 25 juin 1943 avec 517 autres
juifs et il a été assassiné par les SS dans la chambre à gaz.
GONSCHORECK, KARL (1900 ? – 1928)
Berlin ; fils d’un mineur, KAPD ; ami de Paul Mattick ainsi que de Max Hölz* et de Karl
Plättner*. Gonschoreck faisait partie de ceux que l’on a appelé les “rote Expropriateure”. Il a
attaqué des banques pour financer le KAPD et les Unions, mais il a continué à donner
également des parts du butin directement pour soutenir des prolétaires affamés. Il a été arrêté
et emprisonné de 1921 à 1927 ; après sa libération, il a travaillé comme rédacteur du KAZ et
du Kampfruf. Karl Gonschoreck est mort en juillet 1928 de tuberculose.
GÖPEL, KURT ALEXANDER (17.01.1905 – 18.05.1985)
Habitant à Biesdorf-Süd, cité de Biesnhorst, bloc 30, lotissement 30, marié depuis le
8.08.1947 avec Klara Goschinski-Rambollzki (20.04.1908), motoriste, employé technique ;
USPD, ADGB, de 1911à 1919 fréquente l’école primaire, de 1919 à 1923 apprentissage du
métier de motoriste chez Daimler-Benz AG à Berlin-Marienfelde ; travaille dans différentes
entreprises, et finalement comme motoriste dans la fabrique Herbert Linder Werkzeug-
Maschinen à Berlin-Wittenau. À partir de l’automne 1923, auditeur à l’Université populaire
du Grand-Berlin, de 1930 à 1933, représentant des auditeurs et membre du bureau de
l’Université populaire ; en 1923 Syndicat des travailleurs manuels et intellectuels ; en 1932,
KPD, membre des “Rote Kämpfer”, temporairement dirigeant du district de Berlin-
Köpenick/Schöneweide ; il a dirigé à partir de 1934, dans le réseau de résistance des RK, le
groupe de Berlin-Lichtenberg I, pseudonyme : Rolf ; à partir du 1.10.1936, aspirantvérificateur
de moteur au ministère de l’Aviation du Reich, et le 13.12.1936 arrêté ; détention
préventive à la prison de Berlin-Moabit et à Berlin-Plötzensee, et le 16.12.1936 condamné par
le Tribunal régional supérieur de Berlin dans la procédure contre Hugo Broecker à 2 ans de
prison pour cause, entre autres, de « préparation de haute trahison » ; a purgé sa peine du
15.11.37 jusqu’en juillet 1938 à la prison de Brandebourg/Görden et jusqu’au 16.12.38 à la
prison d’Amberg/Bavière ; le 1.12.42, incorporé à l’unité pénitentiaire 999 qui a été déployée
à Salonique et sur l’île de Rhode ; il y a été fait prisonnier de guerre des Britanniques à partir
du 9.05.45 ; le 11.02.47 retour à Berlin ; SED et, dans les années 50, travaille comme taxi de
la VEB à Berlin ; inhumé au cimetière de Berlin-Baumschulenweg.
GOTTEBERG, OTTO (1884 – 1960), alias ACKERMANN
Voyageur de commerce, Brême, Hanovre, Francfort/Main, Magdebourg, Genthin, Leipzig.
Avant 1914 SPD, en 1917 USPD, collaboration avec les radicaux de gauche de Brême
gravitant autour de Johann Knief (1880-1919), secrétaire de la section du KPD d’Hanovre en
1919 jusqu’au Congrès de Heidelberg (octobre 1919) ; après avril 1920, trésorier du KAPD à
Hanovre, ensuite à Francfort/Main, puis à Magdebourg. Il était aussi membre du GHA. Après
la scission du KAPD en mars 1922, il a adhéré à la tendance d’Essen (KAI), mais il est
bientôt passé à la “tendance berlinoise”. Jusqu’en 1932, il a été président de la structure du
KAPD de Magdebourg.
Après la fin de II° Guerre mondiale, il a rejoint le KPD à Genthin (Saxe-Anhalt) et, de ce
fait, il a été ensuite aussi membre du SED. Il était en contact avec les GIS et la SVW. À la
suite du procès contre Alfred Weiland* et d’autres, il a été arrêté en octobre 1950. En octobre
1953, il a été libéré de prison et il est mort à Leipzig en 1960.
GRAF, WILHELM (19.05.1904 – ?)
Né à Neustadt am Harz (Thuringe), AAU/KAP, Munich.
GRAHLKE
Hambourg, KPD, KAPD, 1920, partisan de Laufenberg et de Wolffheim.
GRANZOW, WILHELM (WILLI)
KAPD Berlin-Charlottenburg, rédacteur du KAZ, porte-parole du KAPD ; 1927-28
Opposition dans le KAPD et l’AAU.
GRASS, WILHELM
KAPD, chef du petit groupe local de Velbreter (près de Dusseldorf en Rhénanie-Westphalie)
du KAPD.
Par suite d’une révolte ouvrière, la dictature des conseils y a été proclamée le 20 août 1920.
Après un débat dans l’usine métallurgique Tiefenthal à Velbert, environ 60 manifestants sans
armes se sont rassemblés devant la mairie. Grass a fait une brève allocution. Après son
discours, plusieurs ouvriers armés sont entrés dans la mairie et ils y ont investi la caisse
municipale, le central téléphonique et un bureau. La police de sûreté d’Essen a réprimé un
jour plus tard le soulèvement, lequel a été désigné à Velbert comme le “putsch de Grass”.
GRAUDENZ, JOHANNES (JOHN) (12.11.1884 – 22.12.1942), alias THYSSEN,
THIESSEN
Berlin, né à Danzig, serveur, guide-conférencier, hôtelier, correspondancier, chef d’une
agence photographique, photographe et journaliste. À dix-sept ans, après une dispute avec son
père, il est parti en Angleterre. Ensuite, il est revenu en Allemagne pour y apprendre d’autres
langues. En 1915/16, il a travaillé pour la première fois comme journaliste et il a pris la
direction du bureau berlinois de l’United Press. En décembre 1918, membre du KPD, et
ensuite porte-parole de l’Opposition de gauche berlinoise ; en avril 1920, cofondateur du
KAPD. Lors du premier Congrès ordinaire du KAPD du 1° au 4 août 1920, il a été l’un des
critiques principaux de la politique “national-révolutionnaire” de la tendance hambourgeoise
réunie autour de Laufenberg*, Wolffheim*, Geiger*, Carl Happ* et d’autres : extrait du
procès-verbal du 1° jour des débats :
« Th. Zone occupée (c'est-à-dire Graudenz). Je voudrais d’abord aborder la façon dont
Laufenberg et Wolffheim envisagent l’armement des entreprises. Peut-être sous la contrainte
d’officiers allemands ? [W. (Wolffheim) – Hambourg : Commission des armes !] Très juste,
mais obtenu par une insurrection populaire nationale. Durant le putsch de Kapp, vous avez
trahi avec votre mot d’ordre d’arme au pied. [W. (Wolffheim) – Hambourg : tout à fait
comme Berlin ! (Schr. (Schröder) – Berlin : Notre tract du dimanche est disponible !)]. Par
conséquent, l’action en Rhénanie a capoté parce que l’on a tenté de faire des compromis avec
les majoritaires. Pendant l’action, nous avons compté sur le fait que cette action dépasserait
les frontières de la Rhénanie et que Hambourg ferait la preuve de son activité et nous
soutiendrait. Nous nous sommes saignés à mort. Vous aviez le devoir et la responsabilité, en
tant que véritables révolutionnaires, de soutenir l’action en Rhénanie. [W. – Hambourg :
Nous l’avons fait !]. Non, vous ne l’avez pas fait !
Laufenberg a dit hier que la possibilité avait existé en Novembre 1918 de réorganiser
l’armée allemande. Vous ne voudrez pas prétendre qu’en Novembre nous n’avons pas eu du
tout le pouvoir [L. – Hambourg : Oui !] Camarade Laufenberg, le 9 novembre, nous n’avons
pas eu de révolution sociale, l’on s’est débarrassé d’une dictature militaire. Cette lutte a été
mise à profit par la bourgeoisie et elle n’était quand même pas une lutte de classe du
prolétariat. Les conseils ouvriers n’ont pas été composés d’ouvriers révolutionnaires. Ce sont
des existences inconnues qui se sont fait passer pour des conseils ouvriers. Alors que les
conseils ouvriers semblent dicter quelque chose, les officiers sabotent. Et qu’en était-il du
général Watter ? Les soldats nous assuraient solennellement que Watter nous soutenait.
Quand nous lui avons fait remarquer que les volontaires ne pouvaient pas être recrutés,
Watter a fait arrêter tout le conseil de soldats. En février 1919, nous avons conclu un
armistice avec Watter. Mais les généraux l’ont ignoré pour nous matraquer impitoyablement.
– Que pensez-vous donc de la guerre populaire nationale ? Dans la zone occupée, la presse
ouvrière est accusée de tant de malheurs, et la presse de Hambourg se joint à cela avec
dignité. Les officiers ne luttent pas pour vous, Laufenberg et Wolffheim, mais pour Guillaume
II qui est en Hollande. – Nous avons besoin des intellectuels, s’ils se mettent au service de
notre politique, mais ce ne sont pas eux qui font l’histoire. Nous n’avons pas de L. et pas de
W., nous n’avons pas de G. (Goldstein), mais nous avons la révolution sociale. Suppression
des classes au moyen de la dictature du peuple laborieux, du mitraillage impitoyable de la
bourgeoisie. Nous avons toujours perdu nos acquis sociaux du fait de compromis. Pratiquons
réellement la tactique de la lutte de classe et non pas vos idées nationales, ne nous engageons
pas dans cette voie. [H. Happy – Hambourg : Nous menons une politique réaliste !] Nous
menons en effet une politique réaliste. Si l’on vous a laissé tranquille à Hambourg jusqu’à
maintenant, alors l’on serait tout à fait certain que vous n’avez pas touché un cheveu à la
bourgeoisie. ».
…
Lors du 3° jour des débats, il a pris également une position critique à l’égard de l’anarchosyndicalisme
: « Th. (THYSSEN) – Zone occupée : Les anciens membres de notre
organisation sont aujourd'hui contaminés par le syndicalisme, et ils sont perdus pour notre
mouvement. Ils rejettent l’action armée. Les membres de la Freie Union sont allés au combat
avec nous, mais sans avoir connaissance qu’ils délaissaient ainsi le terrain de leur
programme, qu’ils n’étaient plus des syndicalistes véritables. Je refuse résolument
l’amalgame. Nous devons nous adresser aux membres des organisations syndicalistes pour
leur dire qu’ils cheminent sur le mauvais chemin. ».
À la fin du Congrès, il a rédigé, avec Erich Lewinsohn*, Dresde, et avec Hermann Zinke*,
Berlin, un « Appel au prolétariat révolutionnaire ». Avec Karl Schröder et d’autres, il a
représenté l’AAUD berlinoise durant ses Conférences nationales. Il a toujours défendu le
centralisme et rejeté toute position syndicaliste. Au cours du Congrès du KAPD de septembre
1921, dans la discussion qui a eu lieu lors de la 3° journée du Congrès, il a défendu l’activité
du KAPD à l’intérieur des Unions et rejeté toute “politique d’entente” avec les syndicalistes :
« Même si les différents syndicalistes ont pris part aux combats en Allemagne centrale, nous
ne pouvons pas travailler avec eux, étant donné qu’ils manifestent sur la place du Palais avec
le pacifisme ecclésiastique et démocratique. Les syndicalistes espagnols, eux non plus, ne
sont pas marxistes et c’est pourquoi il ne leur convient pas de créer la base générale d’une
organisation. Nous ne rejetterions pas l’idée de créer un front général de lutte. Pour le
moment, le terrain n'est pas encore établi pour constituer une base d’entente. Il faut encore
une fois insister sur le fait que nos délégués à Moscou ont agi tout à fait correctement. Les
tacticiens des cellules sont les ennemis les plus dangereux des anti-syndicalistes. Une petite
Union musclée aura davantage d’influence sur l’attitude du prolétariat à l’égard de la lutte
de classe. L’on travaillera beaucoup plus dans l’Union. Les intervenants du KAPD ne font
pas leur devoir à cet égard. Dans le Reich, nous avons eu une bonne caisse de résonance
parce que la trahison des syndicats est manifeste. Mais si nous restons en petits groupes, nous
n’obtiendrons rien, nous devons aller dans les entreprises. ».
En 1921, il était en Russie et il a rompu avec le KAPD en raison des expériences qu’il a
faites là-bas. En 1922, il a accédé au bureau de Moscou de l’United Press dans lequel il a été
employé comme correspondant jusqu’en 1924. Entre autres choses, c’est Graudenz qui a
annoncé le premier à l’Amérique la mort de Lénine. En 1924, il a organisé une excursion en
bateau sur la Volga, lors duquel il a voyagé avec d’autres journalistes dans des régions de
l’Union soviétique dans lesquelles la faim et la misère régnaient. Étant donné que ce
témoignage du triste état du pays a déplu à l’Union soviétique, il a été de ce fait expulsé.
En 1925, il a épousé Antonie Wasmuth ( ? – 1985), la fille de l’éditeur d’art Ernst Wasmuth.
En 1928, il a entrepris avec Franz Jung* la création de l’agence photographique berlinoise
Dephot. De 1928 à 1932, il a eu un emploi solide au New York Times. À partir de 1932, John
Graudenz a représenté une entreprise de construction mécanique allemande en Irlande.
Travailler plus longtemps en Irlande a été compliqué à cause de différences politiques – pour
les catholiques irlandais, son mode de vie était trop “moderne”. Il est revenu en 1935 à Berlin
avec sa famille. Comme il n’avait pas de travail, la famille s’est vue obligée de se rendre à
Giessen chez l’une de ses tantes. Au cours de la même année, Graudenz a travaillé comme
représentant de commerce dans la branche aviation de la firme Graubremse. Du fait de son
bon salaire, il a pu revenir à Berlin avec sa famille et acquérir une maison dans la banlieue de
Berlin à Stahnsdorf.
Après 1933, il a eu des contacts avec différents groupes de résistance. Ses contacts avec
Franz Jung* et les “Rote Kämpfer” ont persisté. Il a aussi aidé la fille d’un vieil ami de Jung,
Otto Gross, à émigrer. Grâce aux contacts du couple Jung, il a fait connaissance au printemps
1939 de Harro et de Libertas Schulze-Boysen. Graudenz a ensuite participé aux activités de
résistance de la Rote Kapelle berlinoise. Il s’est procuré un appareil de reproduction avec
lequel différents tracts du groupe ont été imprimés. Il a participé de manière prépondérante à
la production du pamphlet dit d’Agis que le groupe a envoyé en février 1942 de manière
anonyme à des fonctionnaires, des médecins, des officiers et des professeurs, berlinois. Il a
soutenu avant tout Harro Schulze-Boysen concernant l’obtention d’informations en particulier
concernant l’aéronautique la plus récente.
John Graudenz a été arrêté le 12 septembre 1942 et condamné à mort le 19 décembre 1942
par le Tribunal de guerre du Reich. Avant que le jugement ait acquis, selon les lois nazies,
l’autorité de la chose jugée, il a été pendu le 22 décembre 1942 à la prison de Berlin-
Plötzensee sur ordre d’Hitler. Déjà avant le début des audiences du Tribunal de guerre du
Reich, « sa strangulation a été ordonnée […] par le haut commandement de la Wehrmacht à
l’encontre de toutes les traditions et dispositions de la justice militaire et civile en tant que
“méthode d’execution” ».
GREWITZKY
Osthavelland. Délégué au Congrès du KAPD en février 1921.
GRIMM, HERMANN
AAUE Hambourg, 1926 ? – 1931 ?
GROSSER, PAUL
AAUE Saxe orientale.
GROTH, CARL
Docker, Altona, au 2 Steinstrasse, Maison 1. Délégué syndical de l’AAUD, 1920-1921.
GUNDERMANN, MARIANNE (20.08.1902 – 29.05.1974), alias JOHANNA RUDOLF
Berlin, sténotypiste, né à Crimmitschau (Saxe). Elle a travaillé dans différentes maisons
d’édition à Berlin. Elle a été active dans : la FSJ et le KAJ-KAPD. Après la scission du
KAPD, elle a fait partie de la tendance d’Essen et de la KAI.
En 1923-1924, Marianne Gundermann a été exclue du KAPD avec Karl Schröder* et Adolf
Dethmann*. Le Berliner KAZ a écrit en juin 1925 : « Après que Schröder est tombé, c’est le
pilier de la KAI qui est tombé ; un autre pilier a réellement disparu, c'est-à-dire que l’on
comptait les Dettmann (sic), Gundermann – qui sont aujourd'hui au KPD – ou Sach
également, au nombre des “piliers”. ».
Elle a adhéré officiellement au KPD en 1924 et elle a travaillé comme rédactrice du journal
du KPD Klassenkampf à Halle ; elle a été destituée de ce poste en 1929 parce qu’elle était
membre des “conciliateurs” (un courant d’opposition interne du KPD gravitant autour d’Ernst
Meyer). De 1930 à 1932, elle a dirigé la rédaction de la revue du KPD Weg der Frau. En
1933, elle a émigré à Paris et, de 1934 à 1935, elle a effectué du travail illégal en Allemagne.
En 1935, émigration à Moscou, où en 1936 elle a étudié à l’École internationale Lénine. En
1938, envoyée en Hollande, elle y a fait partie de l’émigration du KPD. En 1943, elle a été
arrêtée. Elle a dû (après une tentative de suicide ratée) donner des informations à la Gestapo.
Internée dans les KZ d’Auschwitz et de Ravensbrück, elle est allée, grâce à la Croix rouge, en
Suède en 1945-1946.
En 1946, retour en Allemagne et travail à la radio de Berlin(-Est) ; de 1949 à 1953,
également à la rédaction du Neues Deutschland. À cause de ses déclarations supposées à la
Gestapo, elle n’a été acceptée dans le SED qu’à partir de 1956, et elle a été pleinement
réhabilitée en 1970. À partir de 1956, il a travaillé comme chef de service au ministère de la
Culture ; elle était une amie de l’écrivain Stefan Zweig. En tant que critique de littérature et
de musique, elle a reçu en 1959 le prix Händel. En 1964, on lui a attribué le titre de docteur et
elle a reçu en 1969 le Prix national de la RDA. En 1972 est paru un recueil de ses discours et
de ses dissertations. Elle est morte en 1974 à Berlin. Le SED a publié cet éloge :
« Le 29 mai 1974 est décédée l’historienne de l’art et la chercheuse spécialiste de Georg
Friedrich Händel internationalement connue, la camarade et docteur Johanna Rudolph, née
Marianne Gundermann, à l’âge de 71 ans. Sa mort signifie une perte douloureuse pour notre
Parti et notre société socialiste. Déjà dans les années de la République de Weimar, la
camarade Rudolph se tenait aux côtés du mouvement ouvrier révolutionaire. ».
GÜNTHER, FEDOR [= LUDWIG BARBASCH]
GUTTMANN, KETTY (29.04.1883 – 25.09.1967)
Hambourg, née Katharina Ekey à Hungen (district de Schotten en Hesse). Elle a épousé à
Hambourg le social-démocrate Guttmann et est entrée au SPD avec lequel elle a rompu en
août 1914. En 1917 elle est devenue membre de l’USPD. Durant la Révolution, Ketty
Guttmann est devenue une agitatrice connue. Elle est passée à la fin de 1920 au KPD avec la
gauche de l’USPD et elle a été élue pour celui-ci en 1921 au Parlement hambourgeois dont
elle a fait partie jusqu’en 1924.
En février 1920, elle fonde le périodique Der Pranger [Le pilori], l’organe de l’Union des
prostituées de Hambourg-Altona, pour la cause de laquelle elle s’est engagée. Déjà après une
demi-année, le journal est également disponible dans d’autres villes allemandes (Duisbourg,
Essen, Bremerhaven, Leipzig, Göttingen, Hanovre, Dresde, Berlin …). Malgré les hostilités
bourgeoises et les procès au pénal, Ketty Guttmann a réussi à publier le “Pranger” chaque
semaine pendant plus de quatre années. La fin du journal est survenue en 1924, parallèlement
à la rupture définitive de Guttmann avec le KPD.
Après l’insurrection d’Octobre 1923 à Hambourg, elle a fui à Moscou, mais elle en est
revenue désillusionnée en 1924. C’est sous le mot d’ordre : « Los von Moskau ! » [Éloignonsnous
de Moscou !] (c’était également le titre de la brochure qui a été publiée en 1924 par le
groupe local du Grand-Hambourg de l’AAUE) qu’elle a fait campagne contre le KPD et le
Komintern au cours de laquelle elle a trouvé le soutien des unionistes hambourgeois. Avec sa
thèse son laquelle le Komintern devrait être démantelé parce qu’il représentait non pas les
intérêts de la révolution des travailleurs, mais ceux de la politique extérieure soviétique, elle
se rapprochait du KAPD et du mouvement des Unions. La conclusion de sa brochure était un
clair appel à la “sédition” :
« Dans toute lutte économique, … nous voyons émerger les directions de grève que l’on
appelle “sauvages” et auxquelles les travailleurs se soumettent dans tous les cas plus
volontiers qu’à n’importe quelle autorité traditionnelle. Dans les luttes politiques réelles du
prolétariat aujourd'hui, non pas lors des élections parlementaires, mais lors des “rébellions”
et des soulèvements armés, le comité d'action apparaît toujours comme s'il surgissait de nulle
part. Tel est l’esprit spontané de corporation de la classe prolétarienne d’aujourd'hui. ».
Ketty Guttmann a été exclue du KPD en juillet 1924, mais elle est restée active comme
communiste de gauche. Elle a survécu à la dictature nazie et elle correspondait encore en
1947, depuis son lieu d’habitation de Burscheid (Cologne), avec Ruth Fischer à New York.
Ketty Guttmann est décédée en 1967.
GUTTMANN, WILHELM SIMON (1891 – 1980)
Né à Vienne : KPD, puis KAPD. Simon Guttmann a milité avec Walter Benjamin dans le
Freideutsche Jugendbewegung et il s’est lié d’amitié avec les peintres de la communauté
artistique “Die Brücke”, en particulier avec Ernst Ludwig Kirchner. Guttmann a été le
fondateur de la revue littéraire Neue Weltbühne et il a rédigé lui-même quelques contributions
littéraires dans des revues de l’expressionnisme primitif. Il a participé de 1909 à 1912 au
Neue Club et au Cabaret Néo-pathétique qui en est issu, qui faisait partie de la scène
expressionniste berlinoise et qui avait été fondé en 1909 par Kurt Hiller avec une salle de
théâtre située à proximité du Hackeschen Markt. Guttmann avait la charge de la liaison entre
les artistes du Brücke et ce cercle. En 1912, il a fait partie avec David Baumgardt, Erwin
Loewenson, Jakob von Hoddis et Robert Jentzsch, des éditeurs des poèmes posthumes de
Georg Heym qu’il avait introduit en 1910 dans le Neue Club. Avec Franz Jung, il a publié en
1913, dans la revue munichoise Revolution l’appel : « Sauvez Otto Gross ! » et il a participé à
la campagne pour sa libération.
Pendant la première Guerre mondiale, il a émigré en Suisse où il a fait partie du cercle
dadaïste de Zurich au Grand Café Odéon. En compagnie de Wieland Herzfelde, il s’est
engagé aux côtés des spartakistes. En 1920, il a fait partie, avec Alexander Schwab*, Karl
Schröder*, John Graudenz* et Franz Jung*, des fondateurs du KAPD. En 1923, il a vécu deux
semaines chez Ossip et Lilja Brik à Moscou où il a également rencontré Vladimir
Maïakovski ; ultérieurement c’est lui qui a ramené les premiers films soviétiques à Berlin. En
1927, il a été coréalisateur avec Curt Oertel de séquences filmées de la première, produite par
Erwin Piscator au Théâtre de Berlin, de la pièce d’Ernst Toller : « Hoppla, wir leben ! » [Oh
là, nous vivons !], avec Alexander Granach dans le rôle principal. En 1928, il fondait l’agence
photographique de presse Dephot en compagnie d’Alfred Marx comme financier.
En 1933, il a émigré en France et plus tard à Londres où il a géré sa propre agence photo de
presse. En 1935, après son émigration à Paris, il a envoyé son apprenti photographe Endre
Friedmann, qui deviendra connu ultérieurement, en Espagne pour une reportage-photo. Au
début des années 50, il a accueilli Inge Morath pour son stage de fin d’études à Londres avant
qu’elle rejoigne en 1953 l’agence photo Magnum. De 1961 à 1969, Guttmann a travaillé avec
Romani Cagnoni à des reportages-photo pour des quotidiens et des magazines britanniques
importants.
HAASE, LUCIE
KAJ, KAPD, Berlin-Neukölln
HAASE, WILHELM (18.02.1890 – 15.03.1965)
Né à Berlin-Köpenick, tourneur, après 1907 actif dans le syndicat des métallos, le Deutsche
Metallarbeiterverband (DMV). Pendant la Première Guerre mondiale, Haase est entré à
l’USPD. Lorsque, au début de la révolution de Novembre, des conseils d’ouvriers et de
soldats se constituaient dans tout le pays, Haase a adhéré en décembre 1918 au
“Spartakusbund”. Pour lui ensuite, le débat relatif à la position sur la question syndicale, qui a
été mené en 1920 dans le parti, a eu une importance si cruciale qu’il a adhéré au KAPD
auquel il a appartenu jusqu’en 1925. Ce n’est qu’en 1926 que Haase est revenu au KPD et
qu’il s’est engagé dans le travail dans les entreprises. Il est devenu le protagoniste de la
politique de la RGO. Avec la politique de la Revolutionäre Gewerkschaft-Opposition (RGO)
[Opposition Syndicale Révolutionnaire], aussi bien la lutte contre la prétendue “bureaucratie
social-fasciste” devait être accrue dans les syndicats libres que l’organisation indépendante
des actions de lutte pour faire participer les non-organisés et les sans-emploi devait être
renforcée. En tant que communiste sans emploi, Haase a été, au cours de la période allant de
mars à novembre 1931, engagé par le Comité central du KPD comme instructeur du Parti
dans différentes régions d’Allemagne. Ensuite, il a été nommé par le bureau de l’EVMB
dirigeant du syndicat de Marienfelde-Tempelhof ; Haase a exercé cette fonction jusqu’au
début de 1933.
Après plusieurs perquisitions en avril et en mai 1933, lesquelles ont été combinées pour
Haase avec quatre semaines de détention, il a été arrêté le 13 décembre 1933. Le 14
décembre, la Gestapo l’a amené pour interrogatoire à la “Hausgefängnis” de la Prinz-Albert
Strasse. Il s’est ensuivi un temps d’incarcération dans le camp de concentration de berlinois
de Columbia-Haus et peu der temps après, il a été envoyé, comme beaucoup d’autres
activistes illégaux de l’EVMB, pour une brève période, au camp de concentration
d’Oranienburg/Sachsenhausen (du 6 au 16 janvier 1934), d’où il a été transféré par la Gestapo
dans la prison de la police d’Alexanderplatz et ensuite dans le centre de détention de Moabit.
En juin 1934, la section criminelle du Tribunal régional supérieur de Berlin l’a condamné à
deux ans et demi de prison, étant donné que les juges ont considéré comme avéré que Haase
faisait partie du groupe qui avait agi pour « les objectifs de haute trahison » de l’EVMB.
Après sa libération, il est resté sous la surveillance constante des autorités de contrôle.
Néanmoins, selon ses propres déclarations, il a participé, « avec les moyens de type
individuels qui demeuraient à sa disposition », à de plus petites activités de résistance et il est
toujours resté en relation avec quelques camarades qui le connaissaient du fait de son travail
dans le parti et dans les syndicats. Haase est resté exclu de la Wehrmacht en raison de son
passé politique.
Après la fin de la guerre, il s’est engagé dans le KPD nouvellement créé. Plus tard, il a
travaillé à temps complet au Comité central du SED et il a été responsable de la coopération
d’organismes du Parti avec le Freie Deutsche Gewerkschaftsbund (FDGB). Il est mort le 15
mars 1965 à Berlin-Köpenick.
HAEGEBARTH, ALBERT (1909 – ?)
Fils d’Albert Wildt et de Frieda Haegebarth, tourneur, Magdebourg, Monistische Jugend
(organisation de jeunesse libre-penseuse) ; 1923 KAJ, 1927-1933 KAPD/AAU, 1933 coursier
de la KAU, 1945 KPD ; 1949 figurant sur une liste du journal berlinois Der Telegraph du
23.07 comme collaborateur du NKVD.
HAEGEBARTH, FRIEDA (1888 – ?)
Magdebourg, ouvrière de filature, 1918 Spartakusbund, 1920 KAPD/AAU, 1945 KPD/SED,
Comité directeur du Groupe-antifa à Magdebourg, 1948-1950 invalide, 1951 bref séjour en
prison.
HAHN
Ouvrier, Essen, KAPD (tendance d’Essen), KAI.
HAHN, PAUL (1893 – 1960)
Paul Hahn était le fils du magasinier Julius Hahn. Il a appris le métier d’ajusteur et a
commencé à s’engager politiquement. En février 1919, il faisait partie, aux côtés de Karl
Baier, de Jacob Draisbach, d’Else et de Karl Reimann*, ainsi que d’Albert Vater, des
fondateurs du groupe local de Magdebourg du KPD. En 1920, il a été pendant une courte
période membre du KAPD. Il a travaillé comme agitateur pour le KAPD dans la région du
Brunswick.
À l’époque du national-socialisme, il a constitué dans la filiale de Krupp à Magdebourg, la
Friedrich Krupp Grusonwerke AG, un groupe de résistance dont faisaient partie aussi des
membres du SPD à côté des communistes. Le groupe travaillait en commun avec les groupes
de résistance gravitant autour d’Hermann Danz et de Martin Schwantes.
Hahn a été arrêté à plusieurs reprises, il était sous surveillance policière et menacé de la
peine de mort. Il a été en tout interné pendant plus de dix ans en camp de concentration. Il a
survécu à la prison et il est mort en 1960 à Magdebourg.
HALBE, ERNA, née Demuth
AAU et KPD Hambourg, 1920. Elle est née à Hambourg le 30 juin 1892 comme fille d’un
fourreur. Son père était fonctionnaire dans le syndicat des fourreurs et dans le SPD. C'est dans
la Fröbelhaus de Hambourg qu’elle a appris son métier d’institutrice de maternelle. Elle a
connu son mari Max Halbe dans la Jeunesse ouvrière ; ce dernier est mort à la guerre en mars
1918. En 1907, membre du Jugendbund, en 1910 SPD. En 1916, exclusion du SPD en raison
de son opposition à la politique de guerre ; fonctionnaire active de la Jeunesse des radicaux de
gauche de Hambourg. Participante au Congrès constitutif de l’USPD en 1917 à Gotha, mais
elle a refusé d’y adhérer comme presque tous les radicaux de gauche hambourgeois. Fin mai
1917, trois mois de détention. Le 27 mars 1918, elle est condamnée à 2 ans et demi de prison
pour fabrication et distribution de tracts révolutionnaires. Après sa libération anticipée à la fin
d’octobre 1918, cofondatrice du KPD à Hambourg, membre du conseil des ouvriers et des
soldats jusqu’en avril 1919. En 1920, secrétaire aux femmes dans la direction du district de
Wasserkante. Novembre 1921-1924, cheffe de pôle à Magdebourg-Anhalt, déléguée au VIII°
Congrès du parti en 1923, où elle a été élue à la Commission syndicale. Elle se situait à l‘aile
gauche du Parti. En 1924, après le changement qui a donné la direction à Ruth Fischer-
Maslow, elle est devenue dirigeante du département des femmes dans la Centrale du KPD. Là,
elle a pris peu à peu ses distances avec la gauche, elle a été élue lors du XI° Congrès du Parti
en 1927 à la Commission d’organisation, mais elle a aussi quitté le département des femmes
et elle a rejoint les droitistes. Elle est devenue la dirigeante du foyer pour enfants
d’Elgersburg de la RHD. Début 1929, exclue du KPD, elle a rejoint le KPD(O) dans lequel
elle a été une fonctionnaire active et membre de la direction nationale. En 1931, elle a rejoint
le SAP avec la minorité ; en 1933 élue à sa direction nationale illégale.
Après une brève détention en 1933, elle a exercé une activité illégale durant une année et
elle a ensuite émigré à Prague et à Paris. En mai 1940, elle a été internée dans le camp de
Gurs dans le sud de la France. À la fin de 1940, elle a obtenu son autorisation de sortie du
territoire vers les USA. En 1950, retour en RFA, en 1951 membre du SPD. Elle a vécu avec
son second mari Josef Lang à Francfort où elle est morte le 18 mai 1983.
HAMLAU
Délégué au Congrès extraordinaire du KAPD du 15 au 18 février 1921 à la Maison du peuple
de Gotha. Élu à la commission de vérification des mandats.
HAMMER, ERICH KURT (1911 – ?)
Pirna, électricien, 1926-1929 Freie Jugend (et ensuite AAUE), décembre 1931
vraisemblablement KAU, après 1945 KPD/SED, FDGB, jusqu’en 1950 collaborateur de la
police du peuple à Pirna.
HANNEMANN, EMIL
Collaborateur de la Centrale berlinoise du KAPD, 1921.
HANSCHMANN, ERICH (1899 – ?)
Tourneur, Magdebourg, Genthin, 1908 SPD, déserteur lors de la Première guerre mondiale,
1917 USPD, novembre 1918 conseil des ouvriers et des soldats de Kiel, puis celui de
Magdebourg, 1919 KPD, 1923 KAPD, 1929 exclusion du KAPD pour cause de “manque
d’intérêt”, 1933 travail illégal, peu de temps en prison. 1945 entré au KPD, président du
groupe local du KPD de Genthin jusqu’en 1950, dirigeant des services sociaux du district, le
24 novembre 1950 arrêté, 1952 transféré à Berlin où Erich Mielke s’est déclaré d’accord le 12
mai 1952 pour le libérer. Hanschmann a été libéré le 16 juin 1952 de sa détention préventive.
HAPP, KARL (CARL) (17.03.1879 – 2.07.1943), alias KUHLMANN, CARL SCHLICHT
Hambourg, Berlin, né à Strelno/Mogilno dans l’ancienne province de Posen en Prusse
occidentale. Ingénieur, il a vécu longtemps à Hambourg. À partir de 1927, il a vécu avec sa
seconde femme Loti Happ-Cohn (1902-1943) et son fils Günther Josef (1927-1943) à Berlin-
Charlottenburg.
Durant la Première guerre mondiale, en relation et en collaboration avec Johann Knief
(1880-1919) et avec le groupe de Brême des radicaux de gauche. À Hambourg, il a travaillé
avec Jan Appel*, Heinrich Laufenberg* et Fritz Wolffheim*. En novembre 1918, adhésion
aux IKD, et avec eux entrée au KPD. Depuis la fondation du KPD et de l’AAU à Hambourg,
il était rédacteur responsable du KAZ dont le contenu était essentiellement décidé par
Laufenberg et Wolffheim. Il s’est donné le pseudonyme de Kuhlmann. Karl Happ a publié en
1919 un petit recueil de poésie contre la guerre : “Entre deux tombes. Versets de la guerre”.
Après le Congrès de Heidelberg, il a adhéré au KAPD. Au cours du Congrès du KAPD
d’août 1920 à Berlin, il a défendu les positions “national-bolcheviques” de la tendance
hambourgeoise. Il s’est exprimé le premier jour des débats en faveur de la “guerre nationalrévolutionnaire”
qui, presque certainement, devrait être menée avec l’aide de la bourgeoisie
allemande contre les puissances de l’Entente :
« Nous devons mettre la bourgeoisie au service de la classe ouvrière. Nous n’avons laissé
aucun doute, comme cela est interprété ici, sur le fait que nous ne voulons pas du tout la paix
civile avec la bourgeoisie, mais que nous prendrons des mesures contre elle par tous les
moyens, et si c’est nécessaire, par les moyens de la terreur. Si nous arrivons à la prise du
pouvoir du prolétariat, nous entrerons alors en collision avec l’Entente, et nous serons
obligés de lui faire la guerre. Nous ne sommes pas des pacifistes, il faut lutter pour la paix
mondiale. ».
Dans son intervention, il s’est également opposé résolument à tout “rattachement” à
l’Union soviétqiue : « … parce qu’à Moscou se font sentir des aspirations à tout diriger et à
tout gouverner depuis là-bas. Ne pas passer à côté du rattachement à Moscou signifie
chercher un rattachement à la Ligue Spartacus. La Ligue Spartacus est une filiale de la
politique russe. Nous devons nous en rendre compte afin de comprendre les différences qui
existent entre les travailleurs russes et allemands. ».i
Happ, porte-parole des Unions “antiautoritaires” de Hambourg, soutenait également le mot
d’ordre célèbre d’Otto Rühle* : « La révolution n’est pas une affaire de parti ». Après le
Congrès du KAPD de Berlin en août 1920, il s’est retrouvé pour une brève période exclu du
KAPD. Mais comme il a rapidement rompu avec Laufenberg et Wolffheim, il a pu revenir
dans le parti quelques semaines plus tard. Déjà lors du congrès du KAPD de février 1921 à
Gotha, il faisait de nouveau partie des délégués hambourgeois :
Le deuxième jour des débats, il s’est exprimé à propos des tâches d’un parti communiste et
de l’importance de la Révolution russe :
« Nous sommes l’avant-garde du prolétariat qui doit éventuellement remplir sa mission de
tomber sous les roues de l'histoire en accomplissant ses devoirs révolutionnaires. ».
Il a défendu l’Union soviétique contre Franz Pfempfert et s’est prononcé pour l’adhésion au
Komintern : « Ce n’est pas pour des raisons tactiques que je suis d’accord avec notre entrée
dans la Troisième Internationale comme parti sympathisant, mais pour le simple fait que la
Russie soviétique est la flamme révolutionnaire que les prolétaires de tous les pays regardent,
malgré toutes les imperfections ainsi que les conditionnalités historiques de la Troisième
Internationale qui sont inopérantes pour l’Europe occidentale et qui conduiraient
nécessairement à la défaite. Et nous avons le devoir de dire au prolétariat : Moscou, c’est là
que se lève le nouveau soleil, et nous devons manifester notre solidarité indéfectible au
prolétariat russe avec notre rattachement… Nous sommes prêts, en tant que prolétariat
allemand, à nous mobiliser indéfectiblement pour la Révolution russe (Applaudissements) ».
Lors du Congrès extraordinaire du KAPD à Berlin en septembre 1921, il s’est opposé au
délégué berlinois August Wülfrath* qui réclamait de « renoncer au gouvernement
soviétique ». Happ a développé :
« La question ne se pose pas du tout ainsi : les Russes ont-ils mal agi ? Il faut dire : au
même titre que les Russes ne pouvaient pas faire autrement, ils n’ont aucune possibilité de
mener une autre politique… Nous ne pouvons pas dire que nous réclamons le retrait du
gouvernement soviétique de la même façon que nous ne demandons pas le retrait d’Ebert.
Nous devons aider à faire ressortir l’aggravation des contradictions de classe. Il arrivera
probablement que l’opposition ouvrière se soulève et que le gouvernement soviétique
disparaisse. ».
Avec Arthur Goldstein*, il a défendu la nécessité de la constitution d’une KAI ouesteuropéenne
: « …le refus provisoire de la création d’une Internationale Ouvrière Communiste
aujourd'hui et demain, et cette conception est en accord avec les déclarations des Berlinois
sur la Russie, c’est ce qui doit être fondamentalement combattu. Le point de vue qu’a défendu
Goldstein, c'est-à-dire celui d’une Internationale ouvrière ouest-européenne, est la seule qui
est somme toute possible. ».
Bien que Happ ait été partisan de la fondation de la KAI et que cette question ait constitué le
déclencheur principal de la scission du KAPD en mars 1922, il est resté dans le KAPD
berlinois. Jusqu’à environ l’année 1929, il a été un pilier du Parti et un auteur important dans
la revue théorique du KAPD : Der Proletarier ; il y signait sous le pseudonyme de CARL
SCHLICHT.
Dans un article qu’il a écrit pour Der Proletarier, Happ critiquait les opinions de K. Horner
(A. Pannekoek) qui, en 1927, dans une contribution figurant dans les numéros 7 et 8 du
Proletarier (“Principes et tactique”), constatait le déclin complet du “vieux” mouvement
ouvrier : (« Le capitalisme n'est pas encore à l’agonie. Celui qui le croit et qui par
conséquent admet que l’on n’a besoin que de tenir bon encore quelque temps pour qu’ensuite
la victoire arrive, voit cette affaire de manière trop simpliste. Le plus difficile, et en réalité
presque tout, est encore devant nous ; nous sommes seulement au pied de la montagne. ».)
Pannekoek discernait également la progression d’un cours contre-révolutionnaire et la fin
définitive de toute activité de parti se situant à gauche. Ce qui était déterminant, c’était le fait
que Pannekoek refusait de manière résolue la prévision d’une “crise mortelle du capitalisme”,
un espoir et une certitude qui étaient alors très en vogue à cette époque-là dans le
communisme des conseils international. Pannekoek s’exprimait ainsi à l’encontre de ceux qui
espéraient l’effondrement du capitalisme et qui y croyaient :
« Celui donc qui bâtit sa tactique sur la croyance que le capitalisme serait entré dans une
crise durable, dont il lui serait impossible de se relever, entretient une illusion dangereuse.
Une telle illusion conduit à établir sa tactique sur le court terme au lieu d'un lointain avenir,
et la déception ne mène ensuite que trop facilement au découragement. C'est pourquoi il faut
souligner que nous n'avons pas une seule raison fondamentale qui puisse appuyer cette
croyance et que ce que nous avons tout au plus, c'est notre souhait, et aussi l'expérience que,
jusqu'à présent, le capitalisme n'a pas été capable de surmonter sa crise d'après-guerre. Mais
le fondement de la théorie du capital de Marx reste juste, à savoir que, pour le capitalisme, il
n'existe pas du tout d'impossibilité à se relever et à parvenir à un élargissement beaucoup
plus grand de la production, et donc à retrouver une conjoncture vigoureuse. ».
Happ a aussi analysé, dans Der Proletarier de 1927, la nature de classe de la Russie
soviétique et celle des partis communistes. Sa position n’était guère éloignée de celle des
bordiguistes. Dans un article : “Centrisme dans le KPD”, il parle des “centristes moscovites”
et il qualifiait Staline de représentant de la “petite bourgeoisie” russe :
« Staline, comme Scheidemann, est devenu le porte-parole d’une autre classe, et c’est
pourquoi il ne peut lui aussi être vaincu que dans une guerre de classes ». Et il en concluait
« que la lutte contre Moscou incluait en premier lieu la lutte contre ce centrisme ; sa
dénonciation est la tâche principale de la politique prolétarienne de classe. ».
En février 1933, il a émigré aux Pays-Bas où il a obtenu l’asile. Il a d’abord vécu à La Haye,
ensuite à Gouda où il a été arrêté avec sa famille en 1943 par la Gestapo. Avec sa femme Lotti
et son fils Günter âgé de 16 ans, il a été déporté vers le camp d’extermination de Sobibor où il
a été immédiatement assassiné.
Il y a encore malheureusement un autre récit concernant ses dernières années que la vision
stalinienne relative à l’activisme communiste des conseils illustre :
Louis Cahnbley (1892-1970), membre du KPD de Hambourg, responsable pendant
longtemps du droit de la presse pour l’édition des publications du Komintern qui paraissaient
à Hambourg [Édition Carl Hoym et successeurs], a écrit sans aucune preuve, dans l’inventaire
du SED (SAPMO-BArch) des archives fédérales berlinoises, des “souvenirs” conservés selon
lesquels Carl Happ « a rejoint ultérieurement les nazis ».
HARLINGHAUSEN, ALFONS (29.01.1900 – ?)
En 1933, habitait à Berlin-Kreuzberg, au 66 rue Reichenberger ; 1921 DMV ; père : Alfons
Harlinghausen, maître cordonnier, mère : Hedwig Harlinghausen, née Nickel ; marié depuis
1943 avec Louise Harlinghausen, née Katholy ; fréquente l’école élémentaire, et à partir de
1918, apprentissage du métier d’ajusteur-mécanicien à l’atelier de constructions mécaniques
Bergmann & Westphal à Berlin-Stralau ; à partir de 1927, employé à celui d’AG
Schwartzkopff ; il a adhéré au SPD en 1928, et il a fait partie des “Rote Kämpfer” ; le 1.12.36,
arrêté et envoyé en détention préventive à la prison d’Alexanderplatz, où il est resté jusqu’au
1.01.37, puis détention dans les prisons de Tegel et de Plötzensee ; le 30.10.37, condamné à
quatre années de prison et à quatre années de perte des droits civiques par le Tribunal
supérieur régional pour cause de « préparation d’agissements de haute trahison » ; a purgé
ensuite sa peine au camp d’Aschendorfer Moor, puis jusqu’en 1938 à la prison de Brandebourg/
Görden et ensuite dans un SGL à Emsland et à la prison de Sonnenburg près de Küstrin
(aujourd'hui Kostryn en Pologne) ; le 21.12.40, libéré de prison ; il a fait partie du Syndicat
des métallos (DMV), de la Ligue des Libres-penseurs et de la Volksbühne ; après 1945,
emploi d’électricien à la municipalité de Berlin ; en 1946 il est entré au SPD-Est dans lequel il
a eu la fonction de chef de service. En raison de la possibilité d’avoir de meilleurs soins de
santé pour sa femme malade, déménagement dans le secteur-ouest le 4.12.50.
HART
Délégué au Congrès extraordinaire du KAPD du 15 au 18 février 12921 à Gotha.
HARTIG
Essen ; KAPD/AAU, 1920-1921.
HARTWIG (OTTO ?)
Halle, KAPD/AAUD, plus tard de 1926 à 1932 FAUD ?
HASSE, ARTHUR
KAPD et Libres-penseurs, après 1945 groupe Steinicke, ouvrier à la Gochius GmbH.
HEIDEL, PAUL
AAUE.
HEIDEL, WAENER
AAUE, Eisenach (Thuringe), rédacteur de la revue Proletarischer Zeitgeist.
HEIDRICH, HERMANN (= FRITZ HENSSLER)
HEILAND, WILHELM
Berlin-Köpenick, AAU/KAPD
HEIMANN, FRITZ
AAUE, Iserlohn.
HEINEMANN, HEINRICH (= HEYNEMANN, HEINRICH)
HEINO, KARL
AAU et KAPD, 1931-1933 KAU ; arrêté ; KJPD/SED après 1945.
HEINRICH, A.
Ouvrier, émigration en France dans les années 20, KAPD, ensuite collaboration avec le
“Groupe communiste” à Paris 1930-1932 ; contact et travail politique avec André et
Prudhommeaux ainsi qu’avec Hans Schieschke*.
HEINZELMANN, PAUL (1888 – 1961)
Berlin-Lichtenberg : écrivain, poète, éditeur. Premier né des enfants d’un cheminot à Berlin-
Friedrichshain. Pendant son apprentissage de peintre, il a été à l’origine d’une association de
jeunesse et il a collaboré pendant de nombreuses années avec le mouvement de la jeunesse
ouvrière. Dans la section berlinoise de la Ligue Allemande des Travailleurs Abstinents, il a
lutté en faveur d’une éduction sans alcool de la jeunesse. À l’âge de 20 ans, il a adhéré au
SPD, mais il a rendu sa carte du parti dés 1914 par protestation contre l’approbation des
crédits de guerre. Il a ensuite rejoint le groupe des Lichtstrahlen [Rayons de lumière] qui
gravitait autour de Julian Borchardt. Au cours de la Première Guerre mondiale, il a accompli
son service militaire comme brancardier en Galice et plus tard en France. C'est sous
l’influence des expériences qu’il a vécues sur le front que sont nés : “Verse eines Gemeinen
gegen den Krieg” [Vers d'un homme ordinaire contre la guerre] qui sont passés de main en
main dans les tranchées. C’est à cause de la diffusion d’un tract hostile au gouvernement que
Paul Heinzelmann a été condamné à de la prison.
À partir 1919, il a fait partie de la Ligue Spartacus et il a collaboré à l’organisation de la
Jeunesse socialiste Libre (FSJ). C’est à cette époque que se sont produites aussi ses premières
tentatives d’édition. Son centre communautaire de la jeunesse (centre d’éducation pour la
jeunesse, librairie et maison d’édition), située dans Brüderstrasse à Berlin, a été “conquis”
pendant le putsch de Kapp en mars 1920 par la brigade de marine Ehrhardt. Après de brèves
études à l’Université Albert Ludwig de Fribourg, la fondation d’un foyer pour enfants
d’ouvriers en Forêt Noire et un séjour au centre de formation socialiste du château de Tinz à
Gera, Paul Heinzelmann a ouvert en 1922 à Spandau la Werktat-Verlag [Éditions du travail].
C’est sur une presse manuelle qu’il a dès lors imprimé lui-même des poèmes et des réflexions
sur l’époque – et à côté des siens, entre autres aussi, le recueil de poésie de Kurt Huhn (1902-
1976), le cofondateur plus tard de l’Union des Écrivains prolétariens-révolutionnaires
(BPRS). Vers 1922/1923, dans le cadre de la réalisation de ses idéaux de réforme de la vie, il
a participé à l’organisation d’une communauté de vie et d’éducation autosuffisante au bord du
lac de Boddensee à Birkenwerder, et en même temps il s’est engagé aux côtés de Tami
Oelfken (1888-1957) dans la lutte pour une école à la pédagogie réformée à Spandau. Entretemps,
il a déménagé pendant deux ans dans la vallée tyrolienne de Paznaun où, avec des
amis, il a aménagé des maisons paysannes inhabitées en foyers pour la jeunesse alpine. Les
autres étapes dans sa vie de jeunesse mouvementée ont été les vagabonds (Volkswandervogel),
le groupe Strom, la Heideschar ainsi que la Jeunesse Physiocratique.
Le Cercle des travailleurs qu’il a lancé à Berlin était proche de la Confrérie des vagabonds
et de son chef Gregor Georg (1891-1945). Il entretenait une amitié de longue date avec le
poète vagabond Jakob Haringer (1898-1948) et le jeune poète Herbert Fritsche (1911-1960).
Paul Heinzelmann a trouvé sa patrie politique avec son beau-frère Adam Scharrer* au sein
du KAPD. Il entretenait en outre de nombreux contacts, en particulier avec les anarchistes
Rudolf Geist (1900-1957), Erich Mühsam, Artur Streiter (1905-1946), Kurt Zube (1905-
1991) et d’autres. Avec ce dernier, il a publié le premier numéro de la revue Der Steinklopfer
[Le casseur de pierre] en 1932. Après l’incendie du Reichstag, son appartement de
l’Althoffstrasse à Steglitz a été envahi au cours de la persécution des opposants au régime par
dix individus de la SA qui, comme il l’écrit dans une esquisse de soixante-dix ans de sa vie :
« en tout premier lieu, ont détruit dans l’imprimerie la composition du Steinklopfer, puis ont
confisqué les manuscrits et les envois postaux, ainsi que toutes les publications, et ont
diminué ma bibliothèque de près de 200 ouvrages d’auteurs “indésirables” ». Sa première
édition du recueil de poésie “Das Leichenfeld” [Le champ des cadavres] a été aussi détruite au
cours de cette action : l’éditeur a été arrêté et l’entreprise, qui avait été entre-temps renommée
Steinklopfer-Verlag, a été fermée.
C’est grâce à un article de 1937 portant sur “Les misères du métier de peintre” dans le
monde du bâtiment qu’il se fait connaître et que de ce fait il est nommé expert en peinture ;
c’est pourquoi, pendant les années de guerre, il travaille comme technicien de peinture à la
base aérienne de Prossnitz (Prostějov) en Moravie. Cependant, il a été licencié après quatre
années parce qu’il avait résisté aux appels à rejoindre le NSDAP.
À la fin de la guerre, il a établi domicile à Fürstenfeldbruck, la ville natale de sa seconde
femme Julia, la fille du peintre Henrik Moor. Il a relancé sa maison d’édition en 1953 et il a
publié de 1955 jusqu’à sa mort la série, éditée par la maison d’édition Steinklopfer, d’environ
35 volumes intitulée : “Der Aussenseiter” [Le marginal] qui comprenait des titres de Willy
Alante-Lima, de Robert Browning (1812-1889), de Rudolf Geist (1900-1957), de Jakob
Haringer (1898-1948), de Friedrich Markus Huebner (1886-1964) , de Louise Labé (1524-
1566), de Monika Mann (1910-1992) , d’Erich Mühsam, de Hans Pflug-Franken (1899-
1977) , d’Arno Reinfrank (1934-2001) et de Cornelius Streiter (1930-1988).
HELBIG, KURT (CURT)
Dusseldorf, AAU/KPD, rédacteur en chef et éditeur du KAZ. Le 29 mai 1925, il est présenté
devant le Tribunal du Reich « pour cause d’appel à la haute trahison ».
HELLWIG, KURT
Leipzig, Dusseldorf, Berlin ; KAPD, rédacteur en chef et éditeur du KAZ. Lors du I° Congrès
du Parti en août 1920, il s’est exprimé, le troisième jour des débats, sur un point de l’ordre du
jour : « Parti et organisation d’entreprise » et il a plaidé pour une collaboration avec la Freie
Arbeiterunion [Union Ouvrière Libre] anarcho-syndicaliste, étant donné que la FAUD se
tenait sur le terrain de la lutte des classes.
« Il est faux de vouloir identifier les membres de la Freie Union avec les syndicalistes. Il y
a différents points où les conceptions de l’AAU coïncident avec celles de Freie Union. Je fais
cependant une différence entre les syndicalistes et la Freie Union. Le nombre de syndicalistes
qui refusent la violence est très faible. Pour moi, l’opinion de Kater [Fritz Kater 1865-1945]
n’est pas déterminante en cela. Elle est repoussée aussi bien par les membres de la Freie que
par ceux de l’Union Ouvrière. La Freie Union est un facteur avec lequel nous devons
compter. ».
HEMPEL, MAX [= JAN APPEL]
HENNIG
AAUD Eisenach ; durant la 3° Conférence nationale de l’AAUD à Leipzig (12-14 décembre
1920), il a soutenu les thèses figurant dans le rapport de Karl Zech (= Karl Schröder*) et il a
défendu le point de vue selon lequel, désormais, le foyer de la révolution mondiale était « en
Orient et en Chine ». À partir de la fin de 1921, collaboration avec l’AAUE.
HENKE, HUGO EMIL (9.06.1888 – 3.05.1945), alias BERGER
Wilhelmshaven, ouvrier, né à Jever (district de Frise/Basse-Saxe), apprentissage du métier de
forgeron, a travaillé à Rüstringen (Oldenbourg). Il a quitté l’Église en 1912 et il a été enrôlé
dans l’armée en 1914 après le début de la Guerre mondiale. Après une participation à cette
guerre sur le front occidental pendant quatre années, Henke est revenu en 1918 à
Wilhelmshaven où il a pris part à la révolution de Novembre et où il a fait partie du conseil
des ouvriers et des soldats. En 1919, il était membre de l’AAU. En octobre 1919, Henke a
rejoint la minorité qui avait été exclue du KPD lors du Congrès de Heidelberg et qui a fondé
en avril 1920 le KAPD. Il appartenu à ce Parti jusqu’en 1923.
En septembre 1921, il a été délégué du KAPD de Wilhelmshaven lors du Congrès
extraordinaire du Parti à Berlin. Le procès verbal a consigné ceci en ce qui concerne l’ordre
du jour : « 4. La Troisième Internationale et la nécessité de créer une Internationale
Ouvrière Communiste », et également une contribution de Henke qui s’exprimait en faveur
d‘un Parti mondial du prolétariat, mais qui, en même temps, mettait en garde résolument
contre une création purement administrative sans base réelle :
« Nous ne voulons pas une Internationale, pas un Bureau d’information, mais un Exécutif
d’un Parti mondial. Nous ne pouvons pas créer une Internationale dans laquelle nous
rassemblons un ramassis de syndicalistes. Et donc il ne nous reste plus qu’un petit groupe en
Hollande et en Bulgarie. Le moment de la création d’une Internationale avec un bureau n’est
pas encore arrivé. Si l’on veut s’exprimer clairement et si l’on continue ce qui a été fait
jusqu’ici, dans ce sens, nous avons alors toujours eu une union internationale. Elle ne peut
guère être plus étendue. ».
En 1931, il a adhéré au KPD et il a été bientôt l’un des activistes les plus importants du Parti
à Wilhelmshaven et ses environs, où il a aussi bien dirigé l’Union de lutte contre le fascisme
que l’agitation antifasciste du KPD. En 1932, il est entré au Landtag d’Oldenbourg en tant que
député du Parti. En 1933, il a été placé en détention préventive, et ensuite il s’est retrouvé
sans travail. Henke était surveillé par la Gestapo, mais l’on n’a pas détecté une activité
politique chez lui. En août 1944, il a été arrêté lors de l’“Aktion Gewitter” [Action tempête] et
interné au KZ de Neuengamme. Durant l’évacuation du camp, Henke est tué le 3 mai 1945
au cours du bombardement du navire Cap Arcona qui transportait 7 000 prisonniers des KZ.
HENSSLER, FRIEDRICH (FRITZ) (1903 – 1986), alias HERMANN HEIDRICH
BERGER
Fils d’un banquier, il a étudié la sociologie. Il a été membre de l’AAU/AAUE et à partir de
1932 de la KAU ; il a publié en février 1933 à Berlin – avec Walter Auerbach* et Heinz
Langerhans* – la revue Proletarier à laquelle, pour des raisons de couverture et de
mystification de la Gestapo, il a été utilisé une fausse adresse située à Amsterdam.
Henssler, dans cette phase-là, a été actif dans la lutte illégale contre les nazis. Étant donné
que, avant 1933, il n’avait pas été enregistré comme un adversaire des nazis, il lui a été même
possible de dissimuler son travail illégal en étant membre du NSDStB (Ligue étudiante nazie).
Lorsque cela est devenu trop dangereux, il a émigré, d’abord en Suisse et ensuite aux USA.
Là, il a pris contact avec les groupes communistes des conseils et avec Paul Mattick. Henssler
a trouvé un emploi comme sociologue dans une université et il a vécu à Newark (New Jersey).
Il collaborait en même temps avec le groupe communiste des conseils de New York et il
participait au travail rédactionnel des revues communistes des conseils Living Marxism et
New Essays, qui étaient essentiellement inspirées par Paul Mattick. À la fin de la Guerre
mondiale, il a travaillé pour le gouvernement américain dans le soi-disant travail de
“rééducation” des prisonniers de guerre allemands. Après la guerre, il s’est consacré
entièrement à ses activités d’enseignement dans le domaine de la sociologie.
HENTSCHEL, ARNO
Leipzig ; imprimeur, AAUD, 1931 KAU ; arrêté en août 1933 pour cause d’activité illégale ;
1933-1934 KZ de Colditz et de Hohnstein ; 1945-1946 KPD/SED ; “juge du peuple” à
Wurzen dans le district de Leipzig.
HERBERT EMIL (1901 – ?)
Berlin, 1928-1933, rédacteur du Kampfruf et propriétaire officiel de la revue Der Unionist,
1931-1932, de ce fait, arrêté et emprisonné. À partir de 1933, travail illégal avec Alfred
Weiland ; après 1945 KPD/SED, GIS, 1948-1949 exclusion du SED. En 1952, recruté comme
“collaborateur social” par la Sécurité d’État de la RDA. Cette dernière a rompu le contact
avec Herbert étant donné que « ses rencontres avec les partisans du KAP avaient disparu ».
D’après elle, il avait des contacts conspiratifs avec Berlin-Ouest.
HERING, WILHELM, alias FERRY ou FRANZ
Ouvrier, KAPD, en mars 1921 dirigeant militaire du KAPD en Allemagne centrale. Il a
participé le 14 mars 1921 à l’attentat à la bombe contre la Colonne de la victoire à Berlin et
condamné de ce fait à huit années de prison. Dans le cadre d’une amnistie, il a déjà été libéré
après une demi-année et publiquement qualifié de mouchard par le KPD.
D’après les descriptions de Max Hölz, FERRY menait aux environs de 1927, « en tant
employé social-démocrate du syndicat, une bonne vie bourgeoise. ». Toutefois, les registres
correspondants des employés permanents des syndicats – comme le “Handbuch des Vereins
Arbeiterpresse” – ne le mentionnent pas. Étant donné que ce Handbuch mentionne de la page
100 à la page 607 uniquement les secrétaires syndicaux – dans le langage d’alors, les
“employés syndicaux” –, il est parfaitement possible que Hering ait occupé à temps plein une
autre fonction.
HEROLD, KURT
Berlin-Lichtenberg, KAPD. En 1947 environ, il adhérait au GIS.
HERRMANN, GUSTAV
Berlin-Steglitz, 1922-1927 fonctionnaire de la KAI et du KAPD tendance Essen.
HESS, KURT EGON (24.08.1913 à Berlin-Neukölln – ?)
Autrefois habitant à Berlin-Neukölln, au 14 Lichtenrader Strasse, à Deibel, et à Berlin-
Kreuzenberg, au 13 Liegnitzer Str. ; DFV, père : Fritz Hess, fréquentation de l’école primaire
et de l’école professionnelle ; apprentissage du métier d’ajusteur-mécanicien à l’AEG, à partir
de 1932 contact avec la KAJ ; a fait partie des “Rote Kämpfer”, et le 3.12.1936 arrêté ; du
3.12.1936 jusqu’au 15.01.1937, détention préventive à la prison de la police
d’Alexanderplatz, puis du 02.1937 au 10.1937 en prison provisoire à la Lehre Strasse ;
condamné par le Tribunal régional supérieur de Berlin pour cause de « préparatifs d’une
entreprise de haute trahison » (Js. 236/37 49/37) à deux années et demi de prison et à trois
années de perte des droits civiques ; a purgé sa peine de juillet 38 à juillet 39 à la prison de
Luckau, puis de Papenberger Moor, et à partir de 1942 de nouveau dans la résistance ;
bataillon disciplinaire 999, et à partir d’octobre 1944 prisonnier de guerre des Britanniques en
Égypte ; 1945 retour à Berlin.
HESSE, FRITZ (1898 – ?)
Berlin ; 1919 KPD ; 1920 KAPD et AAU ; décembre 1931, délégué à la Conférence
d’unification de l’AAUD et de l’AAUE, puis membre de la KAU. Après 1933, travail illégal
dans la Communauté de gymnastique à Berlin et dans les groupes illégaux de la KAU ; après
1945 GIS. En 1952, condamné par la cour suprême de la RDA à la prison à vie.
HEYDE, HUGO (1897 – 1967)
Marin, Cuxhaven ; avec Hermann Knüfken et Willy Klahre, il a pris part au détournement du
chalutier “Senator Schröder” (avril-mai 19220) en vue de transporter vers la Russie soviétique
les deux délégués du KAPD, Jan appel* et Franz Jung*, ainsi que Hermann Knüfken
(Syndicat des marins). Après son retour en Allemagne, il a été arrêté et, en compagnie de
Hermann Knüfken, traduit en justice. Il a été condamné à 3 années de prison, mais bientôt
amnistié. Il a navigué comme marin jusqu’en 1925 sur des chalutiers et il a commencé ensuite
des études d’architecture qu’il a menées au bout. En 1940, il a officié au Bureau de la
construction navale à Bremerhaven et il a aussi travaillé après 1946 comme chef de chantier et
ingénieur en génie civil à Bremerhaven.
HEYER
KAPD ; 1921, secrétaire de la Rote Hilfe.
HEYNEMANN, HEINRICH (1885 – ?)
Menuiser, Dresde-Neusatdt, au 11 Görlitzer Str. ; ami d’Otto Rühle*. Le 16 novembre 1918,
il a été membre, avec Marie Griesbach* et Erich Lewinsohn*, du conseil des ouvriers et des
soldats du Grand-Dresde, dont Otto Rühle était le président. Avec ce dernier et Marie
Griesbach, il était responsable de la rédaction du journal Der Kommunist, l’organe des IKD.
Après la fondation du KAPD, il a adhéré en avril 1920 à ce parti ainsi qu’à l’AAU. Dès le
Congrès extraordinaire du KAPD en août 1920 il représentait le KAPD de Dresde, et il a
défendu, lors du III° Congrès, les positions de Rühle en ce qui concerne la “question
syndicale” :
« Le BO est aujourd'hui devenu un pilier du KAP… Pour nous, il est beaucoup plus
important de promouvoir la propagande communiste dans les entreprises que de briller
numériquement… Notre tactique consiste à laisser la politique des conventions collectives
aux syndicats jusqu’à ce que le moment décisif soit imminent, et ensuite de continuer la lutte
dans l'esprit de nos mots d’ordre. Il est possible que des camarades du KAP soient encore
membres de la Freie Union. Chez nous, en Saxe, seule existe l’AAU. Je salue la révolution. Il
ne peut y avoir aucun compromis, mais seulement une question qui serait à envisager, à
savoir si la Freie Union pourrait s’intégrer éventuellement à la AU. Les calomnies dirigées
contre Rühle, à savoir que nous serions des syndicalistes et des anarchistes, doivent
également être repoussées. ».
Il est ensuite passé de l’AAU à l’AAUE dans laquelle il est resté actif de 1921 jusqu’en
1931. Il a ensuite collaboré à la fusion avec la KAU. Au cours de la Conférence de fondation
de la KAU en 1931, il a indiqué que « les conditions objectives étaient bien révolutionnaires,
mais que les conditions subjectives manquaient ». Il a développé également, chose notable
pour un communiste des conseils, une position de “tolérance” à l’égard de l’Union soviétique,
laquelle serait non-capitaliste :
« Eh bien, il continue en disant que nous devons maintenant exercer une critique positive
dans la question du capitalisme d'État, puisque nous ne pouvons nous permettre une telle
critique négative que dans les époques révolutionnaires. Même si la Russie a aussi des
“effets” similaires à ceux du capitalisme international, la Russie signifie cependant dans sa
“finalité” quelque chose de tout à fait différent. La Russie fait avec détermination de la
propagande en faveur du communisme. Aucun autre État capitaliste ne fait cela. D’un point
de vue subjectif : la Russie effectue en particulier auprès de la jeunesse un travail
d’éducation communiste qui doit conduire, dans l’évolution ultérieure de la jeunesse, à un
abandon du voile existant. Et donc : tolérance. ».
À l’encontre de cette prise de position de Heynemann, Arthur Michaelis* avait déjà défendu
sans ambages dans la discussion la position classique du communisme des conseils allemand :
« Dans un conflit militaire opposant la Russie à d’autres puissances capitalistes, notre mot
d’ordre ne peut être que : guerre à la guerre, soulèvement révolutionnaire dans son propre
pays (y compris en Russie), ce qui équivaut au refus de toute tolérance à l’égard de la Russie
actuelle ».
Sur d’autres questions, ils étaient d’accord. Heynemann, comme Arthur Michaelis,
considérait la KAU comme une “avant-garde” : « Dans les circonstances dans lesquelles nous
vivons, l’Union n’est pas une classe, mais une avant-garde. L’individu n’a aucune influence
sur l’ensemble du mouvement… l’organisation de classe (l’AAU) est une “avant-garde”, et
dans une certaine mesure un “parti”, mais sans le terme : nous ne devons pas prendre le
chemin de devenir un parti, mais l’on doit finalement essayer de devenir une organisation de
classe. ».
Après février 1933, Heynemann a été arrêté. Après mai 1945 KPD/SED, et en même temps
collaboration au GIS/SVW. En 1950, sortie du SED.
HOFFMANN, PAUL (1894 – 1920)
Flensburg, assistant de machine, collaborateur du Conseil révolutionnaire des chômeurs de
Flensburg et du KAPD, arrêté dans la nuit du 29 décembre 1923 par la police de sécurité et
abattu “lors de sa fuite”. Au cours des protestations qui ont suivi l’enterrement de Paul
Hoffmann le 4 janvier 1921, 11 autres manifestants ont été tués.
HOHMANN, KARL
AAUE, Francfort-sur-le-Main/Rödelheim, 57 Niddagaustrasse.
HOLLMANN, WILLY (1900 – ?)
Imprimeur, Dresde ; délégué au I° Congrès de KAPD en août 1920, en 1921 responsable de
la revue Die Revolution, Dresde ; de la fin 1921 à 1931, AAUE ; en décembre 1931, délégué
pour Dresde à la Conférence de fondation de la KAU. Après 1945, SED et GIS.
Déménagement à Berlin.
HÖLZ, MAX (HOELZ, MAX) (14.10.1889 – 15.09.1933), alias STURM
Technicien, né à Moritz près de Riesa (Saxe) comme deuxième de six enfants d’une famille
d’ouvriers agricoles ; après une jeunesse difficile, il a travaillé comme valet de ferme, ensuite
comme domestique dans des pensions, entre autres à Baden-Baden, et en 1908 il a émigré à
Londres où il a été marmiton et laveur de voitures, et où il a étudié en même temps au
Polytechnikum de Chelsea. En 1910, revenu en Allemagne, Hoelz a adhéré à l’Union
Chrétienne des Jeunes Hommes (CVJM) et à l’Organisation évangélique de la Croix blanche.
À Falkenstein dans le Vogtland, il est devenu l’assistant d’un géomètre. Après le début de la
I° Guerre mondiale, il s’est porté volontaire, il a été au front jusqu’en 1918 et il a été décoré
de la Croix de fer de seconde classe. Le Hoelz apolitique n’avait eu initialement aucune sorte
de lien avec le mouvement ouvrier, contrairement à Karl Plättner qui était 4 ans plus jeune.
Ce n’est qu’après qu’il avait été élu en novembre 1918 au conseil des soldats de Falkenstein
qu’il a adhéré à l’USPD et qu’il a finalement fondé au printemps de 1919 un groupe du KPD
à Falkenstein. L’excellent organisateur Hölz a été élu dans cette localité président du conseil
des chômeurs. Il possédait un grand courage personnel, sa détermination et ses actes de
bravoure activistes l’ont fait rapidement connaître partout. Il se battait avec véhémence pour
les classes inférieures, et il organisait avant tout essentiellement des actions qui, dans la
tradition marxiste, étaient plutôt qualifiées d’“anarchistes”. Ce faisant, le rebelle terrorisait la
bourgeoisie possédante, il extorquait des taxes aux fabricants et il distribuait, comme un
Robin des Bois régional, l’argent aux pauvres. Recherché par la police, Hoelz s’est enfui en
1919 et il a travaillé comme agitateur pour le KPD en Saxe et en Bavière. Au cours du putsch
de Kapp en mars 1920, il est revenu à Falkenstein et il a mis sur pied dans le Vogtland une
milice qui s’est fait connaître à l’époque sous le nom d’“Armée rouge”. Après sa défaite
contre les troupes de la police, il a émigré en Tchécoslovaquie. En raison de son
comportement indiscipliné au cours de ses actions dans le Vogtland, il a été exclu du KPD au
printemps 1920 et il est entré au KAPD à la fin de 1920.
Lorsqu’en mars 1921, en Allemagne centrale, l’on en est arrivé des conflits armés entre les
organes étatiques armés et les milices ouvrières, Hölz était présent sur le terrain, il a relancé
ses partisans et commandé une “Garde rouge” qui, d’après des estimations de l’époque,
comprenait environ de 60 à 100 hommes.
Après la répression faisant suite aux combats de mars 1921, il s’est rendu à Berlin où il a été
arrêté en avril 1921. Devant le tribunal spécial, Hoelz a été défendu par l’avocat James Broh*
qui avait quitté peu de temps auparavant le KAPD. Broh a souligné dans sa plaidoirie le
caractère politique du procès : « Formellement, c’est Hölz qui est assis sur le banc des
accusés, et pourtant il ne s’agit ici pas du tout de sa personne. Lui, c’est un morceau de
l’histoire. Sur le banc des accusés c’est l’ensemble du prolétariat révolutionnaire
d’Allemagne qui est assis. Et sur les sièges des juges, c’est la bourgeoisie…. De quoi s’agit-il
ici ? De pas moins que l’affrontement appartenant à histoire mondiale entre deux classes. ».
Devant le tribunal spécial, Max Hölz a prononcé le 22 juin 1921 un réquisitoire contre la
société bourgeoise allemande, l’accusé est passé à l’attaque et il s’en est pris au tribunal
comme faisant partie de la justice de classe contre le prolétariat. On lui a rapidement retiré la
parole, mais le texte de ce discours a été distribué dans toute l’Allemagne et a transformé Max
Hölz en mythe :
« Ce procès a démontré que je ne suis pas l’accusé, mais que c’est le procureur qui l’est.
Tous vos jugements sont des jugements contre le prolétariat révolutionnaire. Vous ne me
jugez pas, mais c’est vous-mêmes que vous jugez. Je suis convaincu que, du fait de ce procès,
vous avez davantage servi la révolution que moi pendant toute mon activité révolutionnaire…
Si vous prononcez la peine de mort contre moi aujourd'hui, vous ne tuez pas grand-chose.
Vous tuez la chair, mais vous ne pouvez pas tuer l’esprit. Vous me jugez, comme vous dites.
Vous abattez un arbre, et il en repousse un millier. Parmi ces mille arbres, il y en aura
certains qui seront en fer et qui ne feront pas la révolution en se bornant à donner des
claques au visage. Le temps viendra où le prolétariat ne dira plus : nous ne pouvons pas
lutter, nous n’avons pas d’armes. C'est avec les mains, avec les poings, qu’il brisera ses
adversaires ! Aussi longtemps que la classe dominante pourra parvenir à mettre en fuite
25 000 manifestants avec deux à trois mitrailleuses, votre domination durera. Mais dès le
moment où le prolétariat révolutionnaire se précipitera sur les armes et les brisera, ou bien
les retournera contre vous, alors la véritable révolution arrivera ! Devant cette révolution,
vous et la classe dominante, vous pouvez trembler. Ce qui s’est passé en Allemagne en 1918,
ce n’était pas une révolution ! Je ne connais que deux révolutions : la française et la russe…
Mes défenseurs tiennent à établir que je suis un idéaliste et un combattant passionné. Je me
fiche de ce que vous en pensez. Je ne peux exiger de vous aucun honneur bourgeois. Vous ne
pouvez pas non plus me dénier les honneurs bourgeois. Les honneurs bourgeois pour lesquels
vous vous chamaillez, je n’en ai jamais eus. L’honneur bourgeois signifie pour moi l’art de
vivre du travail des autres. Il signifie le monocle à l’oeil, le ventre plein et la tête creuse. Pour
moi, il y a seulement un honneur prolétarien, et celui-là vous ne voulez pas et vous ne pouvez
pas me l’enlever. L’honneur prolétarien signifie la solidarité de tous les exploités, il signifie
l’amour du prochain, il signifie prouver par l’action que l’on aime son prochain comme son
frère… Le monde est notre patrie et tous les hommes sont nos frères… Vive la révolution
mondiale ! ».
Il a été immédiatement escorté hors de la salle d'audience par les policiers. Il s’est écrié :
« Viendra le jour de la liberté et de la vengeance, et alors ce sera nous qui serons les juges !
La justice est une putain et vous (les juges) vous êtes ses souteneurs ». Il a été condamné à la
prison à perpétuité.
Peu auparavant, le 6 juin 1921, le président d’honneur du Komintern, August Brandler, qui
avait été traduit devant le Tribunal spécial de Leipzig, a tenu un tout autre discours, dirigé
contre la KAPD et Max Hoelz, en faveur de la défense de la Constitution de la République de
Weimar :
« Ce que fait le KAP, qui appelle à la lutte pour la dictature du prolétariat, ne peut pas
nous être mis sur le dos, l’on ne peut pas nous en rendre responsables… je dis : la dictature
du prolétariat est possible même avec la Constitution existante ! Que signifie la dictature du
prolétariat ? La dictature du prolétariat, au sens de l’Internationale Communiste, signifie que
le pouvoir de la classe ouvrière devient un facteur essentiel dans la société et dans l’État. Il
se peut qu’un gouvernement ouvrier soit possible en Allemagne peut-être dans 14 jours, et ce
sans haute trahison ! ».
De juin 1921 à la fin août 1927, Max Hoelz a passé le temps dans les prisons de Munster, de
Breslau et de Grand-Strehlitz en Silésie – dans de conditions aggravées et la plupart du temps
à l’isolement, frappé par la maladie et maltraité fréquemment par les gardiens et, dans le
dernier lieu mentionné, également par le directeur sadique.
Depuis novembre 1921, Hoelz n’était plus membre du KAPD. Il a envoyé une lettre (Rote
Fahne n° 584 du 21 décembre 1921) à la fraction du KPD au Reichstag pour annoncer sa
sortie du KAPD :
« J’ai rompu mes relations avec le KAPD le 24 novembre 1921 par une lettre envoyée au
camarade Emil Schubert, 3 Calvin-strasse Charlottenburg, le président du Parti Ouvrier
Communiste, groupe local de Charlottenburg. Le Comité national du KAPD n’a pas le droit
de faire de la publicité avec ma dépouille, ni même de tirer tout le bénéfice possible de mon
cadavre… ».
En 1926, Erich Mühsam, admirateur de l’homme d’action révolutionnaire Hölz, a publié
pour le Rote Fahne une brochure pleine d’empathie pour lui : “Gerechtigkeit für Max Hoelz”
[Justice pour Max Hoelz]. À la fin de 1926, le tirage de cette brochure avait atteint les 45 000
exemplaires. Cette brochure a été réimprimée avec de forts tirages à plusieurs reprises dans le
mouvement étudiant de l’Allemagne de l’Ouest. La publication des lettres de prison de Max
Hoelz par le journaliste connu Egon Erwin Kisch a été pareillement couronnée de succès. La
révision du jugement a été constamment réclamée, par exemple en avril 1922, par la Rote
Hilfe/MOPR, mais aussi par des personnalités allemandes comme Bert Brecht, Martin Buber,
Otto Dix, Albert Einstein, Lion Feuchtwanger, Oskar Maria Graf, Alfred Kerr, Gustav
Kiepenheuer, Käthe Kollwitz, Emil Ludwig, Heinrich Mann, Thomas Mann, Ludwig
Marcuse, Erwin Piscator, Joachim Ringelnatz, Ernst Toller, Kurt Tucholsky, Heinrich Zille et
Arnold Zweig. Il a finalement été libéré le 18 juillet 1928 en raison d’une amnistie.
Dans un discours, qu’il a tenu à Berlin après sa libération, il a déclaré qu’il n’a « pas de
doute sur le fait que le Comité central du Parti utilisera nos forces révolutionnaires d’une
manière juste » ; par conséquent, « il ne cessera jamais de lutter en pleine confiance et avec
discipline aux côtés du Parti communiste ! ». En 1929, est parue son autobiographie : “Vom
‘Weißen Kreuz‘ zur Rote Fahne. Jugend, Kampf- und Zuchthauserlebenisse“ [De la “Croix
blanche” au Rote Fahne. Jeunesse, expériences de lutte et de prison] aux éditions Malik de
Berlin. En 1969, la maison d’adition Neue Kritik de Francfort en a publié une réédition. En
1984, une nouvelle édition de la publication de Malik est parue en RDA.
Max Hoelz comptait parmi les communistes allemands de la République de Weimar les plus
populaires et les plus appréciés ; il a été loué par ses contemporains comme étant un “homme
d’action” et il était vénéré en particulier dans les rangs prolétariens. Il a joué un rôle éminent
dans les révoltes du début des années vingt, mais il n’a pas exercé de fonctions importantes au
sein de l’organisation du Parti communiste. Il était devenu un pur symbole de l’ancienne
action prolétarienne révolutionnaire. C’est à ce titre que tous les partis réactionnaires le
haïssaient. En avril 1929, il a été sévèrement blessé par un coup de matraque de la police et il
a dû s’installer en Russie soviétique. Là-bas il a été instrumentalisé par le PCUS comme un
révolutionnaire d’exhibition et un support publicitaire.
En 1930, revenu en Allemagne, Hoelz a participé comme orateur à diverses manifestations
concernant les luttes électorales du KPD. En septembre, il a été roué de coups lors d’un
discours à Bad Elster (Vogtland) par des partisans du NSDAP. Après plusieurs menaces de
mort, il a de nouveau déménagé en Union soviétique.
Entre 1931 et 1933, il a travaillé dans différentes mines, usines et entreprises agricoles, et il
y a fait l’expérience dans son propre corps des mauvaises conditions de travail du prolétariat
russe. Le ministère de l’Intérieur (NKVD) ne faisait pas confiance au Max Hoelz
“incontrôlable” et il a été mis sous surveillance. Début mai 1933, convoqué par la Centrale
moscovite des services secrets à la Loubianka, Hoelz s’est barricadé dans sa chambre d’hôtel.
Selon le témoignage de Karl Retzlaw, qui est devenu trotskiste par la suite, Hoelz défendait
en mars 1933 des positions qui ressemblaient pour le moins à celles de Trotski :
« Ma visite à Max Hoelz a été passionnante. Il était logé dans deux pièces dans l’un des
plus grands hôtels de Moscou. Hoelz m’a dit que son souci majeur était son retour en
Allemagne. Il avait depuis longtemps adressé des requêtes au Bureau de l’Internationale
Communiste pour pouvoir rentrer en Allemagne afin d’y effectuer du travail politique. Toutes
ses demandes ont été refusées. La situation en Union soviétique le déprimait tant qu’il
préférait prendre le risque de persécutions en Allemagne. Je n’ai pas pu le dissuader de cette
idée, j’avais moi-même à cette époque encore l’illusion de pouvoir travailler de manière
conspirative. Mais ensuite il m’a interrogé pour savoir si je savais quelque chose sur la vie et
l’action de Trotski. Il m’a raconté qu’il avait été récemment invité à un exercice de manoeuvre
militaire. Quelques officiers, chacun séparément, l’avaient pris à part et questionné :
comment cela allait-il pour “Lev Davidovitch”. Les officiers lui avaient dit qu’ils ne
croyaient pas les allégations staliniennes en ce qui concerne l’attitude prétendument hostile
de Trotski à l’égard de l’Union soviétique… Le comportement de Hoelz m’a de nouveau
déprimé, comme à l’époque où je lui ai rendu visite à la prison de Breslau. Lorsque j’ai sonné
le service d’étage pour commander du thé, il m’a dit : “le serveur est un espion du GPU, il ne
faut pas parler quand il sera dans la pièce”. Lorsque je lui disais au revoir, il m’a dit que la
femme de ménage dans le couloir et le garçon d’ascenseur étaient également chargés de sa
surveillance. Je n’ai pas eu cette impression. Tout cela n’était pas nécessaire concernant
Hoelz étant donné qu’il étalait son insatisfaction dans les termes les plus grossiers devant
tous ses visiteurs. Les fonctionnaires du parti et du gouvernement connaissaient sa
position. ».
Le 7 mars 1933, Hölz a envoyé une lettre impérative à Ossip Piatnitski dans laquelle il
demandait de pouvoir retourner immédiatement en Allemagne :
« Je me tourne par conséquent vers toi pour te demander de m’aider à obtenir une
affectation [sic] en Allemagne. Je suis prêt à effectuer un tout petit travail, c'est-à-dire un
travail subalterne, et de m’en tenir tout à fait strictement aux instructions qui me seront
données. Mais il m’est impossible – du fait de la situation actuelle en Allemagne – de rester
en Union soviétique. Il faut avoir honte devant le plus simple travailleur ici. J’ai honte du
reste d’aller dans la rue. Que dois-je en effet répondre aux questions quotidiennes
continuelles sur le pourquoi je traîne ici en Union soviétique au lieu de travailler en
Allemagne. ».
Le 15 septembre 1933, Max Hoelz, qui vivait à Gorki, s’est noyé dans l’Oka, un affluent de
la Volga. La version officielle était que cela avait été un “malheureux accident”. Pourtant,
l’on a soupçonné que la police secrète soviétique avait assassiné le très bon nageur qu’était
Hoelz. L’on peut désormais partir du principe qu’il a été une victime précoce des purges
staliniennes. Pour le spécialiste du communisme Hermann Weber, c’est une certitude, étant
donné qu’en 1936/37 le NKVD a même inventé une “conjuration trotskiste, terroriste et
contre-révolutionnaire”, à laquelle, à côté d’Erich Wollenberg (1892-1973) et de Zenzl
Mühsam (1884-1962), la femme d’Erich Mühsam, Max Hoelz, qui à ce moment-là était déjà
mort depuis trois ans, aurait prétendument appartenu.
À Burg près de Magdebourg, il existe une rue Max Hoelz. La CDU locale s’est efforcée
d’en changer le nom. La question est de savoir si ces démocrates étaient conscients qu’ils
agissaient en droite ligne de la tradition stalinienne et qu’ils voulaient rebaptiser Hölz pour
l’évincer de l’histoire, ou bien s’il s’agissait “seulement” de la liquidation d’un
révolutionnaire devant lequel les bourgeois de districts entiers avaient tremblé il y a cent ans ?
HÖLZEL, WALTER (10.01.1899 – ?)
Ouvrier du bâtiment sans qualification professionnelle, né à Gittersee près de Dresde ; après
1914, il a participé en tant que membre de la Jeunesse ouvrière socialiste oppositionnelle à
des actions illégales contre la guerre ; en 1917, il a refusé l’appel sous les drapeaux. Il a été
alors arrêté et il est parti contraint et forcé pour une formation dans un camp militaire à
Freiberg (Saxe). Il a déserté pour se rendre en Hollande, et il n’est revenu qu’après la fin du
Reich en novembre 1918 dans son lieu d’origine de Dresde.
Sans travail, il a adhéré à l’USPD, mais il est ressorti rapidement de ce parti “centriste” qui
n’était pas assez radical pour lui. Pendant le putsch de Kapp en mars 1920, il a pris part à la
lutte armée contre les putschistes à Dresde. Il a fait partie de l’Organisation de combat (KO)
du KAPD. Il a participé aussi à ce que l’on a appelé “l’action de mars” en 1921 et il a rejoint
ensuite le “groupe Plättner” ainsi nommé. Il était convaincu que « seuls des hommes
d’action » étaient à même d’abattre la société capitaliste, ce qui n’était pas le cas des partis
(comme l’USPD et le KPD) « avec leurs programmes rongés par les mites » et leurs
« dirigeants corrompus », lesquels n’aspiraient qu’à « avoir un bon fromage ». Avec le groupe
Plättner et son entourage, il a participé en 1921 à des braquages de banque. Toutes les
institutions accessibles du système capitaliste comme les banques, les administrations
minières, les caisses de la poste, les bureaux des aciéries, ont été attaquées.
Le 11 décembre 1921, il a été arrêté par la police (avec Alfred Menzel*, Oskar Jandke*,
Karl Reimann*, Friedrich Richter* et Martha Ebert*) dans un local berlinois. Le 22 décembre
1922, il a été condamné à Halle (avec Plätter, Töpfer, Menzel et Jandke) à 7 années de prison
et envoyé en 1923 à la prison centrale de Cottbus. La Commission nationale d’amnistie a
sollicité en 1925 le procureur général compétent de Leipzig pour que Hölzel soit amnistié et
libéré « après avoir purgé la moitié de sa peine ». Bien que le directeur de la prison centrale
de Cottbus ait lui-même soutenu cette demande, elle a été refusée.
Hölzel s’est évadé en juillet 1926 de la prison et il n’a été repris qu’en avril 1927. Il
reconnaissait : « Je supporte ma punition avec une fierté intérieure, bien que je ne professe
plus les opinions dont l’activité m’a valu cette punition. Ceci sans préjudice de mes
convictions communistes. ».
HÜBLER, ERNST
AAUE, Zwickau. Collaboration à la revue Proletarische Zeitgeist.
HOTTENBACHER, FRIEDRICH
Fils d’un ingénieur, après l’école primaire apprentissage commercial à la coopérative de
consommateurs de Berlin-Lichtenberg, il est devenu libraire en 1930, licencié en 1933, puis
annonceur pour des maisons d’édition de revues, il s’est converti en représentant
d’aspirateurs, et ensuite indépendant ; adhérent de l’Organisation centrale des Employés
(ZdA), de mars 1931 à novembre 1932 membre du SPD, puis en 1931 du SWV,
vraisemblablement arrêté en tant que membre des “Rote Kämpfer” et accusé de « préparation
d’une entreprise de haute trahison », il a pu cependant, en raison de la violation de la loi sur
la reconstitution des partis politiques, être condamné seulement à une peine de prison d’une
année.
HUHN, WILLY (11.01.1909 – 17.02.1970)
Fils d’un policier Paul Huhn ; en 1919 sa famille a été expulsée de Metz parce que
l’administration française ne voulait pas continuer à employer son père de nationalité
allemande et que Paul Huhn ne voulait pas servir l’administration française. La famille a
déménagé à Berlin car c’est là que vivait une grande partie de la famille. Il a entamé dans la
capitale du Reich un apprentissage du métier de libraire qu’il n’a pas pu terminer parce que
l’entreprise est tombée en faillite et que, dans une seconde entreprise, la relation
d’apprentissage a été rompue du fait de la non-application de la convention collective par
l’entrepreneur. Le fils Willy a travaillé au côté de son père autoritaire (le “patriarcat
policier”), a dévoré la littérature dans tous les domaines possibles du savoir et a finalement
découvert le socialisme. « Le socialisme veut nous aider. Je lui appartiens ». Les bases
théoriques du socialisme de la main tendue de son époque sont encore toutefois étrangères au
jeune rebelle à ce moment-là. Après la mort de son père, Willy a pu agir politiquement et il a
adhéré au Syndicat Central des Employés, qui était social-démocrate de gauche. En 1930, il a
rejoint également l’Union des Jeunes Socialistes du Grand-Berlin et, après sa dissolution par
décret du SPD, il est devenu membre en 1931 du Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands
(SAPD). Il en a fait partie jusqu’en 1933. À cette époque-là, Huhn était fortement influencé
par des personnalités de la mouvance du KAPD, laquelle, après la scission d’avec le KPD,
représentait à Berlin la plus grande partie de ses membres. Kurt Stecher a été un peu comme
son mentor. Il possédait des expériences fondamentales, et aussi internationales, concernant le
monde du travail salarié, lesquelles manquaient encore au jeune Huhn. Dans la SAPD, Huhn
et Stecher faisaient partie d’une fraction antiparlementaire. Leur point de vue sur la
République de Weimar s’exprimait dans l’appel suivant aux élections de 1932 au Reichstag :
« Le parti révolutionnaire doit maintenant représenter la forme supérieure de la démocratie
prolétarienne, c'est-à-dire la dictature des conseils, par opposition à la démocratie
bourgeoise... Seule la conscience révolutionnaire des ouvriers conduit à la formation des
conseils. Tout dépend donc du renforcement de cette révolutionnarisation de la conscience.
Au Parlement, ce sont les “dirigeants” qui pensent et qui agissent pour les masses. Mais ce
qui compte, c’est que les masses pensent par elles-mêmes et par leurs propres organes, les
conseils... Pas de participation aux élections, parce qu’aujourd’hui elle ne suscite pas de
prise de conscience, mais qu’elle soutient la manoeuvre frauduleuse du capital monopoliste,
c'est-à-dire qu’elle est contre-révolutionnaire. Le fait des élections est une provocation pour
la classe ouvrière... Pas de participation, parce qu’aujourd’hui et ici c’est un crime politique.
On ne peut pas prouver la futilité du parlementarisme en y participant... Pas de participation
pour des raisons de “se faire connaître”, parce que... un parti prolétarien n’est pas un
“nouveau magasin” dans le quartier menaçant des concurrents plus anciens, qui
marchandent pour une fréquentation massive par des annonces criardes, des tracts et une
“activité” de chien grimpeur d’escalier... C’est pourquoi notre mot d’ordre est : Pas de lutte
électorale, mais : lutte de classe !!! ».
La majorité du SAPD a répondu à cette propagande antiparlementaire par l’exclusion de ses
protagonistes.
Au début des années 30, Huhn a travaillé à un manuscrit qui n’a pas été publié, qui
finalement est resté inachevé, et auquel il a donné le titre suivant : Von der Koalition- über die
Tolerierungspolitik zur Kapitulation vor Hitler [De la politique de coalition, en passant par
celle de tolérance, à la capitulation devant Hitler]. Dans le manuscrit, l’auteur récapitulait la
liquidation de la République de Weimar et il essayait de rendre compréhensible la raison pour
laquelle la stratégie que le SPD a suivie dans le but d’empêcher les nationaux-socialistes de
prendre le pouvoir devait échouer : à cause de leur soutien à l’instauration d’une dictature
présidentielle, il n’avait pas consolidé les forces qui voulaient s’opposer aux nazis, mais il
avait favorisé la transformation étatique de l’exécutif afin de résoudre la crise de l’État de
manière autoritaire. Il avait en même temps indiqué aux ennemis politiques de la démocratie
que l’on admettrait leur prise légale du pouvoir. Huhn et ses camarades ne critiquaient
cependant pas seulement la stratégie du SPD, mais également les tentatives de la gauche en
général qui étaient destinées à empêcher le fascisme. Ils tenaient la victoire du fascisme pour
inévitable et ils déclaraient qu’il était un « élément inséparable du capital monopoliste ». Leur
stratégie pour le combattre avec succès se fondait sur l’espoir que la classe ouvrière puisse se
retrancher dans les entreprises et y recevoir sa force de résistance. Huhn est devenu un
élément de la structure des “Rote Kämpfer”. Les RK s’étaient tôt préparés à l’illégalité, ils
continuaient à se réunir en petits groupes et ils suivaient ainsi une “stratégie d’hivernage”.
Quand les processus de crise et de désillusion vis-à-vis du NS rendraient à nouveau une
résistance renouvelée prometteuse, la lutte pour la révolution prolétarienne devrait être
reprise. En 1935, Huhn et Stechert ont été arrêtés et amenés à la Columbia-Haus, le premier
KZ à Berlin. Ils ont eu de la chance. Leur déclaration selon laquelle ils n’avaient jamais
appartenu “Rote Front-Kämpfer Bund” leur a rendu la liberté. Plus tard, Stechert a été de
nouveau arrêté par la Gestapo et les mauvais traitements qu’il a vécus à cette occasion l’ont
incité à fuir en Suède. Quant à Huhn, il s'est complètement retiré dans son bureau à domicile
et il s’est consacré à des études relatives à la critique historique du national-socialisme, du
fascisme, du bolchevisme et du naturalisme.
Ses critiques du bolchevisme, qu’il concevait comme l’expression d’un jacobinisme prémarxiste,
sont encore aujourd'hui séduisantes et dignes d’être lues, mais ses études, qui ont été
menées pendant la phase d'auto-isolement et qui ont abouti à attribuer à l’attaque nazie contre
l’Union soviétique un sens historique, sont également décourageantes.
C’est le sentiment de culpabilité, qui l’a saisi après cet égarement, qui l’a poussé en 1945 à
adhérer au KPD et ensuite au SED. Il l’a fait cependant avec l’intention de vouloir modeler
ce parti non pas dans le sens stalinien, mais dans l’esprit de Rosa Luxemburg. Huhn avait
alors pour activité d’être le directeur d’une université populaire à Berlin-Est et ensuite à Gera.
La fuite de Huhn en 1948 vers Berlin-Ouest a montré l’insuccès d’une telle tentative
d’influence. Il est devenu membre du SPD et un théoricien de son aile gauche, le Marxistische
Arbeitkreis [Cercle de Travail Marxiste] (MAK) qui a pris position contre l’orientation en
faveur de la Guerre froide du SPD. Huhn, qui, à cette époque-là, a trouvé également un poste
d’enseignant à l’Institut August Bebel (ABI) qui était contrôlé par le SPD, a développé une
critique fondamentale de l’orientation du SPD berlinois et il a voulu revitaliser les racines
marxistes du Parti. Mais le Parti a “riposté”. Huhn a perdu son poste de travail à l’ABI et
ultérieurement sa qualité de membre du Parti. La procédure d'exclusion engagée à son
encontre était fondée sur les “infractions” suivantes : en sa qualité de rédacteur responsable de
la revue Pro und Contra (sous-titre : “Weder West noch Ost – eine ungeteilte
sozialistische Welt” [Ni Ouest, ni Est – un monde socialiste sans partage”]), et dans le cadre
d’une série d’articles : “La victoire de la contre-révolution en 1919”, il avait pris une position
portant atteinte au Parti, puisqu’elle rendait responsable le SPD de cette défaite. De plus, il
devait porter la responsabilité du fait qu’un article d’Ernest Mandel y a pu paraître sous un
pseudonyme, article qui mettait en lumière le rôle contre-révolutionnaire des USA dans la
Guerre de Corée. Et pour finir, il lui a été reproché le fait que la revue avait publié une
annonce de l’UAPD, un petit parti de gauche qui avait été fondé par des partisans du modèle
yougoslave. Pro und Contra (tirage maximum de 1 500 exemplaires), qui s’était développé
sous Huhn pour être le réceptacle de l’opposition antistalinienne, a finalement échoué étant
donné que la partie trotskiste de la rédaction a essayé d’annihiler le caractère pluraliste de
gauche de la revue pour en faire une revue du courant de la IV° Internationale, ce qui a
entraîné la démission de Huhn. Après son départ de Pro und Contra, il a publié ensuite dans la
circulaire Neues Beginnen [Nouveau début] publiée après la guerre par les communistes des
conseils et paraissant illégalement, et dans Funken [Étincelles] que le socialiste de gauche de
Stuttgart, Fritz Lamm, marquait de son empreinte en tant que rédacteur en chef. Cette
coopération s’est elle aussi terminée parce que les idées relatives à ce que devaient être les
missions de la revue étaient devenues trop différentes.
Huhn s’est retrouvé alors à peu près seul à nouveau. Il était exclu de l’éventail socialiste –
une pratique qu’ignoraient depuis longtemps seulement des groupes locaux des Falken [les
Faucons] et en fin de compte uniquement les sympathisants des Naturfreunde [Amis de la
Terre]. Les fenêtres ouvrant sur le monde du PC et sur les trotskistes ont été elles aussi
fermées. Il publiait par conséquent de manière accrue dans des médias qui étaient moins
proches des traditions du mouvement ouvrier, y compris dans des médias qui avaient un
caractère politique de front transversal. Il est resté aussi actif en tant qu’antimilitariste dans le
Comité de travail de l’Internationale der Kriegsdienstgegner (IDK) [Internationale des
objecteurs de conscience]. C’est dans cette organisation que s’était engagé aussi durant toute
sa vie son meilleur ami, le pacifiste Heinz Kraschutzki. Kraschutzki s’est soustrait aux
poursuites des nazis en fuyant en Espagne, où il a vécu jusqu’à sa mort. Huhn correspondait
avec lui par de longs messages clandestins. Il a écrit entre autres :
« J’ai constaté désormais que non seulement la droite, mais aussi la gauche, a ses tabous et
ses sujets brûlants. Il ne s’agit pas pour les deux bords de la vérité et de la connaissance,
mais de la vérité qui leur sert, que l’on fait valoir pour une certaine politique en cours. Si ces
gens-là sont “interrogés”, ils feront la même chose sous d’autres auspices que les gens qui
sont au pouvoir : seules les “élites”, et non pas les “systèmes”, se supplantent ! Mais ils ne
tolèrent que des vérités partielles et des demi-vérités dans leurs paroles et leurs écrits. ». Ce
qui ressemble à un chant du cygne pour la gauche est en réalité son exact contraire : une
défense du marxisme critique.
Dans l’un de ses derniers plus grands travaux, Huhn a essayé encore fois de travailler sur
Lénine. Son manuscrit, qui portait le titre suivant : “Le radicalisme de gauche – la maladie
infantile de l’Opposition extra-parlementaire ?”, devait être une réplique au texte bien connu
de Lénine contre le radicalisme de gauche. Pourtant, il n’y avait pas du tout de nouvelles
réponses – précisément avec pour arrière-plan les expériences de la stratégie de l’AAU – à la
question centrale posée par Lénine, à savoir comment les marxistes devaient se positionner
vis-à-vis des syndicats et des parlements, et, à la place, Huhn tentait de réhabiliter la politique
de la ligne hambourgeoise du communisme allemand, laquelle défendait une variante de
gauche de la défense de la patrie. C’est à cet effet qu’il citait Marx/Engels, Luxemburg et
Mehring, qui ont formulé ce point de vue relatif à la position des communistes vis-à-vis de la
guerre, mais dans une situation historique dans laquelle s’opposaient des États impérialistes
non arrivés à maturité. Lénine quant à lui a fait un pas de plus avec son défaitisme
révolutionnaire. Dans d’autres questions politiques, comme par exemple l’utilisation de
l’énergie atomique pour des buts civils, il était en avance sur son temps et il peut être
considéré comme l’un des premiers critiques politiques de cette aberration, bien longtemps
avant que le véritable mouvement antiatome soit né.
Quelques années avant sa mort, il y a eu une rencontre de Huhn avec l’aile anti-autoritaire
du SDS berlinois, dont les activistes l’estimaient en raison de ses grandes connaissances et en
tant que l’un des derniers représentants de la tendance communiste des conseils de Weimar.
Sont devenus étroitement liés avec Huhn et inspirés par lui les théoriciens de la Nouvelle
gauche comme Christian Riechers, Michael Mauke et Klaus Meschkat. Willy Huhn a
également participé à la préparation de la campagne d’hiver 1968/69 : « 50 ans de contrerévolution,
ça suffit » organisée par le Club Républicain (RC). Mais sa longue maladie a été la
cause du fait qu’il n’a pas pu assister à cette campagne. Il est mort en 1970.
Huhn a formulé une leçon centrale de sa vie politique dans une lettre adressée au RC à
l’époque où l’on pouvait voir que la gauche radicale prenait de plus en plus goût à
l’autoritarisme de gauche :
« Je n’ai jamais été membre ni du KAP, ni des “Rote Kämpfer”, même si j’ai été
impressionné et influencé par eux dans mes jeunes années, je reste aujourd'hui critique sur
plusieurs points vis-à-vis de leur tradition, parce qu’elle ne tient pas le coup même chez ses
meilleures têtes qui ont émigré aux USA, en Angleterre et en Suède. Je considère chaque
tentative des anciennes fractions du mouvement ouvrier ou des partis ouvriers de s’établir et
de s’imposer à nouveau comme étant la seule “juste” comme ratée et stérile – aussi bien
KAP et AAU que “Rote Kämpfer” non exclu –, et c’était là du reste déjà mon opinion quand
j’étais rédacteur de Pro und Contra en 1950/51. Je vais donc probablement continuer à
essayer de faire ma part au sein du RC et de lutter contre les nouvelles tendances “élitistes”
en matière de gouvernement, même si elles sont censées paraître antiautoritaires. ».
HUNDT, MARIE (26.11.1896 – 1984), née GRIESBAR, alias ROTE MARIE
Née à Dresde. Elle a été peinte en 1919 par Heinrich Vogeler comme “Rote Marie” [Marie la
Rouge], ce qui lui a assuré une place dans l’histoire de l’art allemande.
Âgée de 15 ans, Marie travaillait dans une fabrique d’objets de cuir à Dresde, et elle a
adhéré avec son frère Otto à l’“Union de la Jeunesse ouvrière socialiste de Dresde”. En tant
que membre de la direction de l’Union d’éducation social-démocrate pour la Jeunesse, elle
était considérée comme l’une des personnalités de premier plan du mouvement de la jeunesse
ouvrière de cette ville. En mai 1918, elle a été condamnée pour haute trahison à une peine de
prison de plusieurs mois en raison de la diffusion d’une propagande anti-guerre. Après sa
libération à la suite de la révolution de Novembre, elle a rejoint le groupe des IKD qui
gravitait autour de Johann Knief et d’Otto Rühle, et elle a parlé avant tout à Dresde et à Pirna
devant des milliers d’auditeurs. En novembre 1918, elle était responsable du contenu du
journal Der Kommunist qui était publié à Dresde par les IKS.
En avril 1919, Marie Griesbach s’est rendue à Brême pour l’enterrement de Knief et elle y a
rencontré Heinrich Vogeler, lequel avait caché temporairement Knief à Barkenhoff après la
liquidation de la République de Brême. Elle a accepté son invitation à Barkenhoff où, au
cours encore de la même année, une relation amoureuse a commencé entre les deux et le
tableau “Rote Marie” a été réalisé.
En 1920, Marie la Rouge a épousé Walter Hundt (1897-1975) qui était venu pour aider aux
travaux agricoles à Barkenhoff et qui plus tard travaillera comme peintre, auteur et paysan. En
1924, tous deux sont partis pour une petite ferme de pionniers à Ohlenstedt qu’ils ont gérée
selon les principes anthroposophiques. Ils ont eu sept enfants, parmi lesquels Hundt Jr. (1928-
2004) qui a déserté en 1945 au cours des dernières semaines de la guerre. Son frère, Gabriel
Hundt (né en 1930), a été jusqu’en 1995 chef du service du bâtiment dans le district
d’Osterholz et c’est lui qui a publié en décembre 2009 le livre sur sa mère : “Die Rote Marie”.
HUPPERTZ, WILLY (18.11.1904 – 15.03.1978)
Ajusteur, installateur. Après une courte phase comme socialiste chrétien, il est devenu athée et
il a adhéré au milieu des années 20 à la FAUD et à l’AAUE, dans lesquelles il s’est engagé
politiquement. C’est en tant qu’anarcho-communiste et syndicaliste qu’il est devenu actif dans
la mouvance de la revue Proletarischer Zeitgeist publiée à Zwickau. Au début de la dictature
nazie, il a été arrêté et interrogé pendant plusieurs semaines. En septembre 1940, il a été de
nouveau arrêté et le 20 juillet 1944, en réaction à l’attentat à la bombe contre Hitler, il a été
transféré au KZ de Sachsenhausen, où il a réussi à survivre en dépit des rations alimentaires
réduites.
Après la guerre, Willy Huppertz a refusé, en raison de ses principes anarchistes, un poste
fixe dans le syndicat et il a établi des contacts entre les peu nombreux anarchistes survivants
dans la Ruhr et la zone occupée par les Russes. En 1947, Huppertz a publié le “Rundschau
Zwickau” édité en 1946 par Jelinek, et qui est paru jusqu’en 1948. Wilhelm Jelinek lui a
envoyé de l’argent pour une machine à reproduire et une liste des abonnés au Zeitgeist, et
Huppertz a fondé en 1948 à Essen la revue Befreiung [Libération] qu’il a réalisée et publiée
en fait tout seul jusqu’à ce qu’il puisse la transmettre en 1973 à un groupe de jeunes activistes.
Befreiung est parue jusqu’en 1978, avec un tirage de 1 500 exemplaires.
En 1950/51, il a publié, en commun avec le métallo Rudolf Oestreich, les revues anarchistes
Der Frei Arbeiter [Le Travailleur libre] et Vereinigte Blätter [Les Feuilles réunies]. À la fin
des années 60, il a préparé, en commun avec le physicien Rudolf Krell, le Congrès
international de la Fédération anarchiste à Carrare (31.08 – 5.09.1968). A pris part à ce
congrès, entre autres, le futur politicien vert Daniel Cohn-Bendit. Willi Huppertz a écrit des
contributions pour le bulletin de préparation de cette réunion, lequel est paru à Paris en août
1968 et a été publié par l’anarchiste français Guy Malouvrier (né en 1938). Willi Huppertz a
montré un grand scepticisme à l’égard des nouveaux mouvements sociaux des années 1968-
1975, car il considérait qu’ils étaient dans une trop grande proximité avec le “marxismeléninisme”.
Huppertz a été sans aucun doute l’un des “anarchistes ouvriers” les plus
importants d’après la Seconde Guerre mondiale.
HILAU, ALFRED (6.11.1879 – 1.10.1952)
Berlin, employé dans une Caisse d’assurance maladie, partisan d’Otto Rühle, KAPD/AAU, il
est devenu, à partir de l’automne 1921, une figure principale de l’AAUE “anti-autoritaire”. Il
a été membre de la Communauté des libres-penseurs prolétariens (GpF) et en décembre 1931
une personne importants lors de la création de la KAU.
Au cours de cette Conférence de fondation, il a critiqué les positions des Hollandais (Jan
Appel* et Henk Canne-Meijer) à propos de la nécessité d’une double organisation :
« Les camarades de Hollande confondent l’AAU avec le mouvement ouvrier et ils atténuent
l'organisation d'entreprise au profit des noyaux d’entreprise. Le patrimoine commun de
l’Union et du KAP est que les travailleurs doivent lutter en tant que classe. Ilhau est d’avis
que, dans le mouvement ouvrier, il ne peut exister qu’une unique organisation de lutte de
classe. Nous devons en toutes circonstances empêcher qu’à côté de l’Union, il y ait encore un
parti politique qui lutte pour la même chose que l’Union. Il faut mener le combat le plus
vigoureux contre cela. ».
Il a survécu au nazisme et à la Seconde Guerre mondiale, et il est décédé en 1952 à Berlin.
IKARIUS [= ERNST SCHNEIDER]
ISZDONAT, WILLY
Imprimeur du KAPD et de l’AAU, il est possible qu’il n’ait pas été membre du mouvement
communiste de gauche. Le KAPD précisait en septembre 1927 :
« Dans l’imprimerie privée dans laquelle le KAZ est fabriqué, il y a d’autres publications
de presse qui sont produites : AAU, KAI, USP, syndicalistes, anarchistes, syndicats
d’opposition, sport ouvrier et deux revues bourgeoises ». Iszdonat gérait, à côté de son
activité d’imprimeur, une “Librairie de littérature ouvrière” au 19 Langstrasse à Berlin O 17.
JÄCKEL, WILLI
AAUE, rédacteur du Proletarischer Zeitgeist.
JACOB, MAX
AAUE, Wilthen dans le district de Bautzen.
JÄGER, HANS (10.02.1899 – 12.10.1975)
Né à Berlin, fils d’un sculpteur. Après le baccalauréat en 1917, soldat. À la fin de la guerre, il
a étudié l’histoire de 1919 à 1922. Ensuite, il a travaillé comme publiciste et rédacteur. À
partir de 1919, membre du KPD, puis pour peu de temps du KAPD, et en 1921 de retour au
KPD. Il a été fonctionnaire dans diverses organisations du KPD et collaborateur des journaux
du parti. Jäger s’est en particulier engagé dans la Ligue contre l’Impérialisme (LgdI) et dans
l’Union des écrivains prolétariens-révolutionnaires. À partir de 1925, il a été membre de
l’Institut pour la Recherche sociale à Francfort/Main et directeur de la maison d’édition Marx-
Engels.
En1929, il a organisé le II° Congrès de la LgdI et il est devenu en 1932 sont directeur
national. Entre-temps, il agissait comme dirigeant dans le service d’agit-prop du CC du KPD
et il était de premier plan dans les activités menées parmi les intellectuels et dans les milieux
nationaux-révolutionnaires. Jäger était considéré comme un idéologue du KPD. En mars
1933, il a émigré à Prague. C'est là qu’est paru son livre : “Das wahre Geschichte der
NSDAP” [La véritable histoire du NSDAP]. Lors d’un séjour à Moscou, il a refusé l’offre de
prendre en main la maison d’édition Marx-Engels à Leningrad. En 1935, il a quitté le KPD et
il a été exclu ultérieurement de la Commission Internationale de Contrôle du Komintern. Parti
de Prague pour émigrer à Londres en passant par la Pologne et Copenhague, Jäger a eu des
relations avec des groupes anti-Hitler les plus divers et il a travaillé avec beaucoup d’entre
eux. De juin 1940 à mars 1941, il a été interné en Angleterre et il a ensuite fait partie à
Londres du Forum Culturel, une organisation qui s’opposait à l’Union Culturelle Allemande
Libre qui était dominée pat les communistes. À la fin de la guerre, il s’est rapproché du SPD.
Jäger est devenu citoyen britannique en 1944 et, après la guerre, il s’est engagé avant tout en
faveur de l’entente germano-britannique. Il est devenu célèbre du fait de nombreuses
conférences et publications et il a reçu en 1969 la Grand-croix fédérale du Mérite. Hans Jäger
est mort le 12 octobre 1975 à Londres.
JÄNCHEN
KAPD, Berlin-Wilhelmsruh, 1924 KAPD, “service des abonnements au KAZ”. Après 1945, il
a participé à la rencontre GIS/SWN.
JAHN, ALFRED PAUL (20.04.1907 à Berlin – ?)
Bardeur, habitant à Berlin au 72 Boxhagener Strasse. Arrêt de son apprentissage en vue du
métier de maçon ; il a dû s’occuper de ses frères et soeurs, il a travaillé comme ouvrier du
bâtiment, de 1930 à 1932 la plupart du temps sans travail, 1926/27 il a été membre de la
“Rote Jugend” [Jeunesse rouge] et aussi temporairement de la “Rote Hilfe” [Secours rouge],
et en 1929 du Syndicat des Travailleurs de la pierre. Actif dans le KAPD et le RGO. Il a
appartenu aux “Rote Kämpfer” ; il y a participé au travail de formation ; le 22.01.1938 arrêté
chez lui, probablement trahi par le père et le fils Valentin. Mandat d’arrêt du 8.02.1938 ;
ensuite, détention provisoire à la prison de Lehrer Strasse ; condamné à 1 an de prison à cause
de la violation de la loi contre la reconstitution de partis politiques du 14.07.33 (7.a O.Js
22/38). En 1943-45, “libération conditionnelle au front” dans le bataillon disciplinaire 999. En
1946, reconnu dans l’annuaire comme le Groupe I des VdN [Persécutés par le régime nazi].
JAHNKE, KARL HANS HEINRICH (3.02.1898 – 13.08.1961)
Né à Hambourg ; employé, il a fréquenté le lycée et effectué ensuite une formation
commerciale. En 1919, actif dans la FSJ et dans le KPD, dans lequel il se situait dans l’aile
gauche. Après la scission en 1920, entrée au KAPD. Lors du I° Congrès du KAPD, il a été
délégué de Hambourg, il a cependant pris se distances avec la “tendance hambourgeoise” de
Heinrich Laufenberg* et de Fritz Wolffheim*, et il a critiqué de manière résolue leur nationalbolchevisme
dictatorial ainsi que leur défaitisme au cours de l’insurrection de mars 1920 dans
la Ruhr :
« Dans son discours d’hier, le camarade L. [Laufenberg] a mis à vrai dire en doute
l’existence de l’opposition à Hambourg. Il a posé la question : à quoi ressemble-t-elle à
Hambourg ? Je peux répondre à cette question. Dans l’ancien groupe local, toute initiative
émane des deux camarades L. et W., et malheur à quiconque d’autre désire lui aussi pendre
une fois la parole… Lorsque les camarades de la Ruhr ont appelé à l’aide, c’est le mot
d’ordre : “l’arme au pied” qui a été donné. Tout le prolétariat hambourgeois attendait des
directives ; l’on a commandé : “l’arme au pied”… Nous considérons également le fondement
théorique comme erroné. La nation est née au moment où l’État, c'est-à-dire l’appareil du
pouvoir bourgeois, s’est constitué. L’on avait besoin d’une formule pour faire miroiter aux
yeux de l’ensemble de la masse opprimée une illusion, et on l’a appelée la nation… Si l’on
doute du fait que le prolétariat peut arriver au communisme par ses propres forces, alors je
demande : n’y a-t-il pas suffisamment de gens de science qui ont réussi à s’extirper du
prolétariat ? Nous refusons résolument toute collaboration avec la bourgeoisie. Au
contraire : écrivons sur notre drapeau l’éradication de la bourgeoisie, et nous réaliserons le
communisme. Nous avons à Hambourg un exemple effrayant de la manière avec laquelle les
slogans du nationalisme pèsent sur le cerveau des masses prolétariennes. Là tout est refusé,
seul demeure le pouvoir de deux personnes. Le groupe local de Hambourg essaie d’étouffer
toute autre opinion. Ce sont là les effets de cette doctrine. L’on parle de caïds. Allez à
Hambourg. Toute initiative provient de ces deux camarades. Le camarade L. a parlé des
principes du Comité d‘action. Ce ne sont pas les principes du Comité d’action, mais ceux des
camarades L. et W. Nous devons faire table rase. Nous sommes ou nationalistes, ou
révolutionnaires ; les deux en même temps, ça n’existe pas. ».
En 1921, Jahnke est revenu au KPD et il a pris une part active à l’insurrection
hambourgeoise en octobre 1923. En 1924, il a été pendant peu de temps dirigeant de l’agitprop
du district de Wasserkante, dont Hambourg faisait partie. La même année, il a été élu au
Parlement de la ville, la Hamburger Bürgerschaft. En 1924, il avait été condamné à plusieurs
années de prison en raison de sa participation à l’insurrection de Hambourg. Au début de
1926, il a été amnistié et il a trouvé un emploi dans la Société commerciale germanosoviétique.
Quand en février 1926, à la Bürgerschaft, le ministre de la Justice a déclaré
qu’Hugo Urbahns – un dirigeant de l’aile gauche du KPD – était un “criminel politique”,
Jahnke l’a attaqué, lui a jeté une liasse de documents au visage et a quitté ensuite le Parlement
hambourgeois. Au cours des débats violents qui ont eu lieu au sein du parti de 1926 à 1928,
Jahnke se situait à l’aile gauche du parti. Dans l’affaire Wittorf en 1928, dans laquelle le
président du KPD Thälmann a été accusé d’avoir couvert les détournements de fonds du
fonctionnaire du KPD John Wittorf, il a pris position contre Ernst Thälmann, lequel a été
sauvé par l’intervention du Komintern et a ensuite éliminé ses adversaires. Fin 1928, Jahnke
a été licencié sans préavis de la Société commerciale germano-soviétique et ultérieurement
exclu du KPD.
Après la scission du groupe trotskiste d’avec le Leninbund, Jahnke a rejoint les trotskistes en
1929 et il faisait partie de la direction du groupe hambourgeois. En 1931 – après un voyage de
sa femme en Union soviétique – il s’est de nouveau séparé des trotskistes et il a capitulé
devant le KPD qui l’a repris. En 1932, il est devenu employé de la direction nationale de la
RGO à Berlin. Après 1933, arrêté et malmené à plusieurs reprises, il a souffert d’une perte
auditive.
Après 1945, il a de nouveau adhéré au KPD et il est devenu délégué du personnel dans une
firme hambourgeoise. D’abord membre du Deutschen Angestellten-Gewerkschaft [Syndicat
des Employés Allemands] (DAG), il est passé ensuite au syndicat DGB pour le commerce, la
banque et les assurances, et il est devenu membre de son administration locale à Hambourg.
Karl Jahnke est mort en 1961 à Hambourg.
JAHNKE, PAUL (13.08.1993 – 27.10.1951)
Né à Pasewalk/Mecklembourg-Poméranie occidentale, apprentissage en construction mécanique.
En 1916, appelé sous les drapeaux. Il est revenu de la guerre avec une invalidité de 50
pour cent. Il est devenu membre de l’USPD en1917, du KPD en 1919 et, en 1920, il est passé
au KAPD. En 1922, il est retourné au KPD et il est devenu secrétaire du parti dans le sousdistrict
de Berlin-Nordost. En mai 1933, il est devenu dirigeant de pôle dans le KPD illégal de
Brême. Étant donné que Jahnke a “échoué” dans cette fonction, l’on s’en est débarrassé en le
faisant émigrer en France. La justice nazie l’a condamné à mort par contumace en 1936. De
novembre 1936 à février 1939, Jahnke a combattu comme membre des Brigades
Internationales dans la guerre civile espagnole. Il a été commissaire politique au centre des
Brigades Internationales à Albacete et ensuite dirigeant technique d’une école du Parti. En
1939, il a émigré en Norvège où, avec le soutien de la “Nansen-Hilfe”, il est passé en Suède
en 1940. Interné dans ce pays, il a “dépendu” temporairement du groupe du KPD en Suède.
Durant son internement, Jahnke a débuté un concubinage avec Hanna Sandtner. Tous deux
sont revenus en Allemagne en mars 1946. Il est devenu fonctionnaire du SED de Berlin-
Prenzlauer Berg et ensuite chef du personnel de sa maison d’édition de Berlin. Après des
conflits avec son directeur Rudolf Herrnstadt, Jahnke a quitté la maison d’édition et il est
entré dans la Police du peuple (VP). Il y a été directeur du service interne à Prenzlauer Berg,
puis directeur du bureau de presse de la présidence de la VP de Berlin-Est. En 1951, il a été
renvoyé du service actif à cause de son émigration à l’Ouest et il a été ensuite chef d’usine de
la VEB, une entreprise de construction d’ascenseurs de Berlin. Paul Jahnke est mort en 1951 à
l’hôpital de la police de Berlin-Est.
JAKOBI (JACOBY)
Ouvrier de chantier naval, Hambourg, AAU. Il a dirigé l’“Antiparti”, une tendance fédéraliste
de l’AAU, de 1920 à 1921. En tant que délégué à la 3° Conférence de l’AAU à Leipzig (12-
14 décembre 1920), il a pris fermement position contre l’action des partis à l’intérieur du
mouvement syndical : Il « s’est exprimé contre le parti, étant donné que le KAP ne [peut pas
être] le parti qui est à même de diffuser l’idée des conseils, rien que sur la base de son
programme. Si nous devions nous placer sous l’aile d’un parti, nous devrions nous soumettre
au parti qui a la majorité dans la localité. ».
Le 30 mai 1921, avec ses partisans, il a interrompu une réunion convoquée par le KAPD,
laquelle devait prendre position par rapport à l’Union. Les unionistes de Jacoby ont entamé
l’interruption de la réunion par « l’incitation à la bagarre » avec l’aide « d’individus avinés ».
Comme délégué à la IV° Conférence nationale de l’AAU à Berlin (12 juin 1921), il a
déclaré que « les Conférences nationales ne sont pas nécessaires, d’autant plus qu’elles ne
doivent avoir qu’un caractère informatif » et il a parlé « des expériences pratiques des IWW
avec leur utilisation de la résistance passive et il recommandait la même chose pour
l’AAU. ».
Il est possible que Jacoby/Jakobi soit la même personne que Max Jacoby, né en 1884 à
Seehausen (Saxe-Anhalt), déporté et exécuté en 1942 ou en 1943 dans le ghetto de Minsk.
JANDKE, OSKAR (27.05.1875 – ?)
Né à Caputh (Potsdam), opérateur sur machine, soudeur autogène, il était déjà avant 1914
“corps et âme” social-démocrate. Durant la guerre, il a fait partie d’un groupe spécial qui
devait effectuer sous l’eau des réparations sur des navires endommagés. Du fait de son travail
dangereux, il a subi à plusieurs reprises de lourdes blessures. Après la fin de la guerre, en
novembre 1918, il a travaillé pendant quelque temps comme opérateur sur machine et il a été
ensuite au chômage. Il avait adhéré au KPD et, en avril 1920, il est passé au KAPD. Il a
travaillé avec Friedrich Fischer*au Conseils des chômeurs du KAPD de Berlin.
En octobre 1921, il a été membre de la garde rapprochée armée du “chef de bande” Karl
Plättner et il a participé aux braquages de Plättner. Le 11 décembre 1921, la police a surpris
Oskar Jandke et 5 de ses camarades dans un local de Berlin. Dans la presse bourgeoise de
Berlin, l’arrestation de la « bande des brigands communistes » a été enregistrée avec une
grande satisfaction.
Le 28 novembre 1923, Oskar Jandke a été condamné à 10 années de prison dans le procès
« contre Plättner et consorts » devant la Cour d’État de Leipzig. En détention, la cohésion du
groupe Plättner s’est complètement décomposée. Seul Jandke, imperturbable, n’a pas laissé
tomber Plättner. Mais en 1926, lui aussi s’est résigné ; dans une déclaration du 19 septembre
1926 adressée au procureur général, il a écrit : « Ayez pitié de ma famille et ne soyez pas dur
avec moi, puisque je ne suis qu'une personne qui a été séduite… Je promets encore une fois
de ne plus m’occuper de politique. ». La direction de l’établissement pénitentiaire de
Sonnenburg a commenté ainsi ce repentir 11 jours plu tard : « (Jandke) fait une bonne
impression et il semble aussi en être arrivé à une prise de conscience et au renoncement à ses
penchants criminels. Il ne veut plus être communiste ».
JANO, FELIX WILHELM (22.11.1907 – n ?)
Habitant à Berlin SO, au 40 de la Cuvrystrasse, fréquentation de l’école primaire, apprentissage
du métier de commerçant, de 1926 jusqu’à la mise au pas nazie, membre du Syndicat
central des Employés ; de 1928 à 1933, membre du SPD ; à partir de 1936, a travaillé comme
postier au service postal de SO 36 ; il a adhéré à partir de 1933 aux “Rote Kämpfer”, et il a
participé à des réunions secrètes et à la diffusion de matériel, et parfois de courrier, illégal. Le
10.12.36, arrêté, mandat de dépôt du 30.12.36 ; condamné par le Tribunal régional supérieur
de Berlin à 1 ¼ année de prison pour « préparation de haute trahison » ; détention provisoire
à la prison de Lehrter Strasse, a purgé sa peine à la maison d’arrêt de Berlin-Tegel ; en juillet
1940, enrôlé dans la Wehrmacht, est tombé sur le front de l’Est en URSS.
JELINEK, WILHELM (WILLY) (25.12.1889 – 24.03.1952), alias ŽELINCK, RASIN
Né à Ludwigsdorf (plus tard Charbielin/Pologne), ouvrier métallurgiste, Zwickau, partisan
d’Otto Rühle ; en 1919 KPD-Opposition, en avril 1920 – mars 1921 KAPD ; membre de
l’AAU, et plus tard de l’AAUE. Il a été le représentant de la Saxe occidentale lors des
Congrès du KAPD en février et septembre 1921.
Lors du Congrès du KAPD à Gotha en février 1921, il a rejeté, en tant que délégué de la
Saxe occidentale, la notion de “parti”, mais il a cependant défendu le programme du KAPD :
« Nous avons, dans notre district, été de tout temps dans l’opposition à la Centrale de la
Ligue Spartacus et nous avons fait ainsi des expériences si peu encourageantes avec les
organi-sations que nous avons toutes les raisons d’être prudents, et jusqu’à un certain degré
méfiants vis-à-vis de la direction qui constitue pour le moment le Comité central. La demande
a été également formulée par notre district de laisser tomber le terme de “parti”. Mais elle a
été refusée. Ce n’est pas tellement le nom qui compte, mais plutôt le contenu… Nous faisons
opposition en nous fondant sur le programme. Or beaucoup de choses ont été dites ici qui
sont contraires au programme. Notre district veut également prévenir d’emblée toute
tentative d’abandonner le programme. ».
Jelinek reste membre de la double organisation AAU/KAPD et il rejette la conception de
Rühle selon lequel il faudrait créer une organisation unitaire ou une cartellisation unioniste :
« En ce qui concerne l’organisation unitaire, nous ne sommes pour le moment pas d’avis
que tout doit se fondre dans l’AAU. En effet, le but devrait être le développement du KAPD.
Nous avons cette conception dès son Congrès de constitution. Nous avons besoin d’une
organisation politique. Nous n’avons quand même pas rejeté fondamentalement la tendance
de la Saxe orientale. Mais, pour notre district, nous devons refuser une cartellisation de ce
type, comme celle de la Saxe orientale, parce que chez nous ce n’est pas possible… Je ne suis
pas encore d’avis que le parti, c'est-à-dire l’organisation politique, soit superflu, pour la
raison que l’organisation d’entreprise n’est pas encore implantée dans tous les districts.
C’est pourquoi l’organisation politique est toujours nécessaire. ».
Au printemps 1921, Jelinek a rompu avec le KAPD et c’est sous le nom de ŽELINCK, Saxe
occidentale, qu’il a défendu le 12 juin 1921, lors de la Conférence nationale à Berlin, les
positions saxonnes à l’encontre du KAPD berlinois : « Nous refusons tout compromis et nous
restons toujours sur le terrain du projet de programme de la Saxe orientale. L’action de
scission n’émane que du KAZ, au nom du parti. Dans plusieurs articles, il a suggéré une
scission de l’AAU. ». Il est devenu membre de l’AAUE en 1922 (avec Ernst Hübler et Rudolf
Lehnert) ainsi que rédacteur de la revue Proletarischer Zeitgeist [November 1922 – juillet
1933 (illégal)]. Celle-ci a été publiée avec le sous-titre suivant : Organe de l’AAUE, district
de Saxe occidentale, et plus tard Organe de l’AAUE, districts économiques de Saxe
occidentale et d’Allemagne centrale. À partir de l’édition du n° 39, elle est devenue : « Une
revue écrite par les travailleurs pour les travailleurs ». La plupart des unionistes du “Cercle
de Zwickau” ont été exclus de l’AAUE en raison de leur participation aux conseils
d’entreprise légaux dans l’industrie minière et dans les ateliers ferroviaires. La revue s’était
séparée de la ligne communiste des conseils de l’AAUE et elle est devenue une revue
d’opposition qui était accessible à des groupes unionistes, communistes des conseils et
anarchistes, plus petits. Le nom de la maison d’édition continuait à être l’AAUE. Pour
l’ensemble de l’Allemagne, des “groupes-PZ” [Proletarischer Zeitgeist] (qui s’appelaient
Mouvement-PZ), il est paru un bulletin ayant pour titre : Information der PZ-Bewegung. En
1930, la première réunion du Mouvement-PZ a eu lieu à Pirna. L’évolution de la revue qui
part d’un communisme des conseils marqué par l’antiparlementarisme et le marxisme pour
arriver à « une communauté d’idée anarchiste » a conduit en 1932 à l’idée que les groupes-PZ
pourraient travailler avec la Fédération Anarchiste (AF), ce qui cependant ne s’est pas produit.
Sous la main de fer des nazis, les groupes du “Proletarische Zeitgeist” sont demeurés en
général non identifiés, et ceux de Zwickau n’ont pratiquement pas été importunés. Mais en
1933 et en 1937, Jelinek a été placé à chaque fois pour quelque temps en prison préventive.
En 1934, un groupe qui était dans la mouvance des Socialistes libres a été arrêté à Hagen.
Martin Küchler, ancien rédacteur du Proletarische Zeitgeist a été arrêté à Pirna-Copitz pour
avoir écouté des “radios ennemies” et condamné en même temps que sa femme.
À partir de 1945, Wilhelm Jelinek a organisé, avec d’autres anarchistes et anarchosyndicalistes,
dans la Zone d’occupation soviétique, un lieu de rencontre pour les Socialistes
libres, lesquels étaient désignés sous le nom de “tendance de Zwickau”. À cette époque-là,
elle publiait les bulletins du Centre d’information du groupe de Zwickau. D’anciens membres
de le Fédération anarchiste participaient au Centre d’information et aux bulletins. Entre 1945
et 1948, les groupes anarchistes étaient si bien organisés dans la Zone d’occupation soviétique
qu’ils ont pu accorder, entre autres, leur aide financière aux anarchistes de l’Allemagne de
l’Ouest.
C'est en tant qu’employé au dépôt de livraison de la Siemens-Schuckert à Zwickau que
Jelinek a été élu avec 95 pour cent des voix comme délégué du personnel. Il a adhéré au
FDGB afin de pouvoir agir aussi au-delà de sa région. Lors de la première Conférence des
délégués des métallos de Zwickau le 26 mai 1946, il a déclaré que « la division des
travailleurs en des organisations politiques et économiques était une absurdité et devait
disparaître ». Bien qu’il ait incité le SED à s’auto-dissoudre, il a reçu “pas mal
d'applaudissements”.
Le SED lui a demandé à plusieurs reprises soit d’adhérer au Parti, soit de démissionner de
sa fonction de délégué du personnel. Il a repoussé ces exigences, bien que certains
syndicalistes se soient résolus à adhérer au SED. Pour Jelinek, c’était clair : « … l’on ne doit
pas se faire acheter par des postes. C'est là la différence ». Étant donné que Jelinek et sa
tendance étaient espionnés de plus en plus par le SED et l’administration soviétique, la liste
des abonnés au bulletin a été envoyée à Willy Huppertz* qui vivait à Müllheim. En novembre
1948, une rencontre des groupes libertaires a été organisée à Leipzig. Jelinek, qui avait
contribué à organiser cette conférence, a été, comme tous les participants, arrêté le 10
novembre par les collaborateurs du service du K 5 (commissariat 5) de la police du peuple
ainsi que par la police secrète soviétique (MGB). Un tribunal militaire soviétique l’a
condamné le 26 février 1949, pour “agitation antisoviétique” et ”constitution de groupes
illégaux”, à une peine d’emprisonnement de 25 ans. Jelinek a effectué sa peine dans
l’établissement pénitentiaire de Bautzen qui est devenu en 1950 la prison de la RDA. C’est
dans des circonstances suspectes que Jelinek est mort en mars 1952 à la prison de Bautzen.
Ses compagnons d’armes ont parlé d’un “assassinat politique”.
JOËL, ERNST (18.01.1893 – 1929)
Berlin ; médecin d’origine juive. Après ses études et sa formation à l’hôpital Moabit, il a
travaillé à Utrecht sur une étude relative à la pharmacologie de la cocaïne et de la morphine.
Médecin militaire, il est devenu morphinomane durant la Première Guerre mondiale. Après
novembre 1918, il a fondé avec Fritz Fränkel une clinique spécialisée dans la toxicomanie. En
1924, est paru son traité rédigé avec Fritz Fränkel : “L’addiction à la cocaïne. Une
contribution à l’histoire et à la psychopathologie des stupéfiants”. En 1926, il a fondé le
premier dispensaire pour les alcooliques et autres toxicomanes dans le district de Tiergarten,
dont il était le directeur.
Le groupe qui réunissait Ernst Joël, Hans Blüher (1888-1955), Gustav Landauer (1870-
1919), Marin Buber (1878-1965), Kurt Hiller (1885-1972), Rudolf Leonard*, Alfred
Wolfenstein (1883-1945), Hans Reichenbach (1891-1953), le frère de Bernhard
Reichenbach*, etc., a publié à Berlin pendant l’été 1915 la revue radicale de gauche et
pacifiste : Der Aufbruch. Monatsblätter aus Jugendbewegung [Le renouveau. Mensuel du
Mouvement de la Jeunesse]. Après quatre numéros, la revue a été interdite, et Joël a été rayé
du registre de l’Université de Berlin par son recteur. Une “Pétition pour Ernst Joël”, signée
par Walter Benjamin, Martin Buber, Thomas et Heinrich Mann, Kurt Eisner, Ferdinand
Tönnies, Magnus Hirschfeld, etc., a été remise à la chambre des députés prussienne. Entre
1918 et 1920, Ernst Joël a entretenu des contacts épisodiques avec les milieux libertaires et
unionistes.
Le Kommunistische Rätebund (“Organisation de classe prolétarienne”), qui publiait en 1924
Die Epoche et Die Perspektive, comme “Organe de lutte de l’AAU”, puis en 1925 un
Document de clarification à Leipzig, était en partie influencé par Joël. Cette “tendance de
Leipzig” ainsi nommée, qui s’était séparée de la tendance d’Essen en novembre 1923 en
raison de divergences d’idées relatives à la position des “intellectuels” dans une organisation
prolétarienne, a “liquidé” peu après le KAPD et s’est appelée le “Kommunistische Rätebund”.
L’AAUE a refusé d’établir la communauté de lutte proposée par le “Kommunistische
Rätebund” étant donné qu’elle le considérait comme étant centraliste et “pseudorévolutionnaire”.
Le Rätebund avait des groupes à Berlin, Leipzig, Dresde, Zwickau,
Francfort/Main, Essen, Hanovre et Danzig. (Union des Organisations d’entreprise
révolutionnaires). Il n’a pas acquis d’influence dans les groupes communistes de gauche, et
ses membres sont passés à l’AAUE.
JOHANSEN, HENRI MAX FRIEDRICH (8.05.1905 – 5.12.1967), alias ERNEST J.
SALTER (en 1954), PETER MARUM, THEODOR LÖHRSTEIN
Né à Waren (Mecklembourg), fils d’une famille ouvrière ; il a étudié le métier de
commerçant. Johansen a adhéré en 1921 à l’âge de seize ans au KPD, il y a occupé un poste
d’assistant administratif à la direction du district du Mecklembourg dans laquelle il était
dirigeant de district de la KJD. À la fin de 1922, il a déménagé à Berlin où il a été
collaborateur de la Centrale du KPD (service de la trésorerie). Au printemps 1923, envoyé à
Nuremberg, il a été responsable de l’encadrement de la jeunesse dans la direction du district
de la Bavière du Nord. Il a été bientôt connu comme un orateur excellent et radical. De
novembre 1923 au 30 avril 1924, Johansen est placé en détention provisoire. Qualifié par la
police de « particulièrement radical », toutes les manifestations où il devait prendre la parole
ont été interdites en 1924. Étant donné qu’il était considéré comme « le chef spirituel de la
jeunesse communiste en Bavière du Nord », il a été expulsé de Bavière. Après le transfert de
la direction du KPD à la gauche, Johansen, qui n’avait pas encore vingt ans, s’est rapidement
élevé en 1924 dans la Centrale en tant que jeune théoricien, et il a été employé dans
l’Appareil antimilitariste. En 1925, il a rejoint l’ultragauche, et il est devenu bientôt un porteparole
du groupe oppositionnel de Karl Korsch. Johansen s’est rendu au Mecklembourg où
l’ultragauche, sous sa direction et celle de Hans Ambs, possédait de l’influence.
En 1926, exclu du KPD, il est resté, lors de la scission de la Gauche Résolue lors de la
conférence nationale en septembre 1926, du côté du groupe de Korsch et il a combattu les
partisans d’Ernst Schwarz*. Il a commencé des études et il a été encore actif pendant quelque
temps dans de petits groupes de gauche. En 1928, secrétaire du Syndicat des ouvriers du
bâtiment licenciés à Mönchengladbach.
De 1929 à 1933, écrivain libre, collaborateur attitré de feuille syndicales, et entre autres de
l’Aufwärts, l’organe de l’ADGB. Après 1933 chômeur, il a vécu parfois dans l’illégalité. Il a
émigré en Tchécoslovaquie, puis il est revenu en 1934 d’abord dans le Mecklembourg et
ensuite à Berlin où il a été finalement greffier à l’Office principal d’aide sociale. En 1943
enrôlé dans la Wehrmacht, il est devenu en mai 1945 prisonnier de guerre des Soviétiques, et
il a dirigé l’activité antifasciste à Brno, puis à Chisinau.
En août 1946, il est devenu membre du SED de Berlin, mais il l’a quitté pour adhérer au
SPD et il est devenu en 1948, par l’entremise d’Ernst Reuter, directeur de la rédaction
orientale du Neue Zeitung américain. C’est sous le pseudonyme d’Ernst J. Salter qu’il a fait
son apparition en tant que critique de l’Union soviétique et du stalinisme. Ses nombreuses
publications et ses nombreux articles (entre autres dans Monat), l’on fait connaître comme
soviétologue dans les années 50 et 60 ; il a surtout analysé la politique extérieure soviétique et
la politique de l’Allemagne. Une polémique officielle entre lui et l’idéologue soviétique
Eugen Varga a suscité l’intérêt des médias en 1956.
Johansen est devenu membre du Deutsch-Russische Freiheitsbund fondé par Ernst Reuter
en 1951, il a également travaillé avec Alfred Weiland qui avait créé de manière illégale un
Groupe des Socialistes Internationaux de tendance communiste des conseils. Ernst J. Salter
est devenu un proche collaborateur du Comité de Libération pour les Victimes de la Tyrannie
Totalitaire, créé en 1951 par Margarete Buber-Neumann, et il s’est engagé dans le cadre du
Congrès pour la Liberté Culturelle.
Il entretenait également des relations avec les services secrets américains. En 1959, il a
participé au Comité anti-communiste “Sauvez la liberté” qui avait été créée par Rainer Barzel,
CDU, et Franz Josef Strauss, CSU. Avec Otto Stolz, le directeur de la rédaction pour l’Europe
orientale de la Deutsche Welle, il a combattu l’influence grandissante d’Herbert Wehner dans
le SPD après son retour d’Union soviétique et son orientation vers la nouvelle politique de la
“lutte sur deux fronts” et de la “troisième voie”. Henri Johansen a été temporairement exclu
du SPD, mais il y est revenu au début des années soixante. Au milieu des années soixante, il
est retourné à Berlin-Ouest et il a écrit entre autres pour le journal Die Welt. Il a publié depuis
1950 de nombreux articles dans la revue Der Monat et dans la revue culturelle FORUM. Ces
deux revues étaient des plateformes de discussion d’un haut niveau culturel pour des
intellectuels et des auteurs connus et considérés comme étant de gauche, libéraux, et ayant des
opinions anticommunistes. Vingt ans après leur fondation, il est apparu qu’elles étaient
financées par la CIA. Henry Johansen-Salter est mort le 5 décembre 1967 à Berlin-Ouest.
JOHNSCHKER, KARL (29.08.1901 – 4.07.1944), alias MARTIN
Né à Recklinghausen ; mineur dans la Ruhr, en Silésie, ouvrier du cuir et du béton en Alsace-
Lorraine, membre du KPD à partir de 1919. En 1927, exclusion du KPD pour raison
d’attitude oppositionnelle, cofondateur de la Gauche Résolue, rattachement au KAPD et à
l’AAU. Après 1931, de nouveau membre du KPD, trésorier, il faisait partie de la direction du
sous-district de Gelsenkirchen-Buer.
Après 1933, travail illégal à Gelsenkirchen, Herne, Duisbourg, Bielefeld. Le 24 juin 1935,
arrêté, Johnschker déclarait, à partir de la prison d’Osnabrück, dans une lettre adressée au
groupe local du NSDAP de Gelsenkirchen, qu’il coupait les ponts avec le KPD. Le 26
septembre 1936, condamné par le Tribunal du Peuple (VGH) nazi à 15 années de prison. Il est
mort en 1944 à l’hôpital pénitentiaire de Waldheim (Chemnitz).
JUNG, FRANZ (26.11.1888 – 21.01.1963), alias JOE FRANK, PAUL RENARD, FRANK
RYBERG, FRANZ LARSZ (LARSCH), FRANZ KLINGER, GRÄTZER
Écrivain, journaliste dans des journaux commerciaux, né à Neisse (Silésie), fils d’un horloger.
Jeune, il a mené une vie aventureuse, il a été journaliste pour des journaux boursiers, bohème,
analyste économique et activiste révolutionaire, et avant tout écrivain. Il a étudié de 1907 à
1911 le droit et l’économie politique à Breslau et à Berlin, et ensuite il a été écrivain
indépendant, et également éditeur de revues (Die freie Strasse).
En 1913, Jung déménage à Berlin où il fait la connaissance de Franz Pfemfert et de son
cercle de Die Aktion. Là, il rencontre aussi Clara (Cläre) Otto qu’il épousera plus tard. Quand,
en 1913, Otto Gross, à l’instigation de son père, le professeur Hans Gross, influent professeur
de criminologie viennois, est enfermé à l’asile d’aliénés de Troppau [aujourd'hui clinique
psychiatrique de la ville tchèque d’Opava] en raison de sa conduite de vie inappropriée, Franz
Jung, parmi d’autres hommes de lettres, lance une campagne de libération de l’interné, qui est
marquante pour la jeune intelligentsia artistique révolutionnaire de ces années-là. Mais ce
n’est qu’en juillet 1914 que Gross est déclaré de nouveau sain d’esprit. Jung a travaillé de
manière étroite avec Gross et, après sa mort prématurée en 1920, il a préparé une édition de
ses écrits qui ne sont parus que de façon posthume. En août 1914, il a été d’abord volontaire
après qu’il avait pris part, encore quelques semaines auparavant, selon ses propres
déclarations, à une manifestation syndicaliste pour la paix. À la fin de 1914, il est devenu
déserteur, en 1915 il est arrêté et incarcéré entre autres à la prison-forteresse de Spandau
(Berlin). Libéré à la mi-1915, Franz Jung travaille comme journaliste pour des journaux
commerciaux. En novembre 1918, Jung est actif en matière de dadaïsme et il fait de
l’agitation pour la Ligue Spartacus. Il est membre du conseil des ouvriers et des soldats.
Le 9 novembre 1918, il occupe à Berlin, à la tête d’ouvriers armés, l'agence de presse
Wolffsche Telegraphbüro. À la mi-janvier 1919, Jung participe aux luttes dans le quartier de
la presse berlinois. Il adhère au KPD nouvellement fondé et il travaille pour de multiples
publications, entre autres pour Die Aktion, pour le Berliner Räte-Zeitung, pour la Russische
Korrespondenz. Avec l’Opposition de gauche (Otto Rühle*, Karl Schröder*, etc.), Jung est
exclu du KPD lors de son Congrès de Heidelberg. Il fait partie en 1920 des cofondateurs
principaux du KAPD, parti communiste de gauche, et de son Organisation de lutte (KO). À
partir de 1919, Franz Jung est collaborateur de la maison d’édition Malik. Il a été l’auteur de
romans ainsi que de récits expressionnistes et socialement critiques, il a écrit des pièces de
théâtre, entre autres pour Piscator, et il a été un co-initiateur du mouvement Dada. Avec
Hermann Knüfen* et d’autres, il a organisé le détournement du chalutier “Senator Schröder”
vers Mourmansk dans le but de parvenir avec Jan Appel* à Moscou pour participer au
Congrès de l’Internationale Communiste. Les premiers pas à Mourmansk sur le sol de cette
“patrie des hommes” sont devenus pour lui une révélation mystique : « Cette masse a ensuite
commencé à chanter. Ils ont chanté l’Internationale, le chant du drapeau rouge, et encore de
nombreux autres chants. Entre deux chants, les commissaires ont fait un par un de brefs
discours en attendant de passer à un autre chant. Des heures ont dû ainsi s’écouler. C'est
devenu l’événement le plus important de ma vie. C’était ce que j’ai recherché et ce pour quoi
j'ai déménagé depuis l'enfance : la patrie, la patrie des hommes. ».
Lors du I° Congrès ordinaire du KAPD (août 1920 à Berlin), Jung a recommandé d’adopter
les conditions d’admission au Komintern. La reconnaissance de « la Troisième Internationale
comme l’état-major du prolétariat international » compte parmi ses exigences. Lors de ce
Congrès, Jung a fait un rapport sur son voyage à Moscou. L’éditeur des comptes rendus du
Congrès du KAPD a fait remarquer qu’« une reproduction sténographique des déclarations
n’a pas été possible pour de raisons particulières » et c’est la raison pour laquelle les
rédacteurs des procès-verbaux de ces déclarations ont dû les résumer. « Nous récapitulons
tout en étant fidèles au contenu ». Pour Franz Jung, les bolcheviks étaient des “putschistes”,
« l’état-major du prolétariat international » s’appuyait sur « les anciennes troupes du tsar »,
pour « faire la révolution ». Il a continué : « … une Armée rouge, sous la forme qu’elle a
prise en Russie, ne peut pas se maintenir dans la durée. Cette armée ne tient que par la
propagande, c’est là le miracle que les communistes russes accomplissent. – La révolution
d’Octobre russe a été un putsch typique. Ce sont les anciennes troupes du tsar qui ont fait la
révolution en Russie ». Après son retour en Allemagne, Jung a été recherché par la police à
cause du détournement du chalutier. À la fin de 1920, il a été arrêté, mais il a été libéré en
1921 contre une caution déposée par le gouvernement soviétique. Lors des combats de Mars
1921, Jung a été actif en Allemagne centrale pour le compte du KAPD (contacts avec Bela
Kun, Max Hoelz* et Karl Plättner*). Après la défaite de l’insurrection en Allemagne centrale,
Franz et Cläre Jung sont arrêtés aux Pays-Bas où ils se trouvent à la mi-1921 après être passés
par l’Angleterre. Malgré une demande allemande d’extradition, Jung a pu partir de la
Hollande pour se rendre en Union soviétqiue. C’est le 28 août 1921 qu’il a réussi à voyager
vers la Russie soviétique avec le cargo danois Flora.
En Russie soviétique, il travaillé plus de deux années dans différentes fonctions : à l’IAH et
dans la production, en particulier dans la construction d’une usine à Petrograd/St Petersbourg
et dans une fabrique d’allumettes à Tchoudovo près de Novgorod. Après le congrès du KAPD
en septembre 1921, il rompt complètement avec son parti en décembre et il affirme que ce
parti a menti sur la nature de la politique soviétique :
« Le manière d’écrire du KAZ [Kommunistische Arbeiter-Zeitung] fait apparaître que les
instances du parti, au lieu de dire la vérité aux membres du KAP, préfèrent mener
ouvertement la lutte contre-révolutionnaire contre le Parti Communiste russe et le
Gouvernement soviétique russe, lesquels luttent dans des conditions très difficiles. Cette
clique du parti, qui a dû envoyer au diable tout travailleur révolutionnaire honnête dans le
KAP, ment quand elle prétend que seul un véritable travailleur ou un prolétaire sympathise
avec sa position envers la Russie soviétique. Elle utilise la volonté révolutionnaire honnête
des ouvriers du KAP pour une politique aventureuse dictée par l'ambition personnelle, qui n'a
plus rien à voir avec la clarification et l'élaboration des contradictions existant au sein des
partis ouvriers sur les questions de tactique dans la lutte de classe prolétarienne. ».
Sur la base de circonstances qui ne sont complètement éclaircies depuis lors, Jung a
interrompu son séjour en Russie soviétique à la fin de 1923 et il est revenu en Allemagne, où
il a vécu de façon illégale sous le nom de LARSZ jusqu’à l’amnistie de 1927. C’est depuis ce
moment-là que Jung s’est détaché du mouvement ouvrier révolutionnaire. Il a travaillé comme
journaliste spécialisé dans différentes correspondances et il a essayé d’avoir du succès
littéraire dans les années 20. Mais il n’a plus le succès que ses oeuvres expressionnistes, et
ensuite ses oeuvres prolétariennes-révolutionnaires, avaient rencontré auparavant. Jung se
consacre en particulier au théâtre, et c’est ainsi que son drame “Heimweh” [Nostalgie] est
présenté pour la première fois à la Piscator-Bühne.
En 1931-1932, il publie la revue Der Gegner [L’adversaire], un forum des forces qui
s’opposent à l’air du temps et au fascisme qui menace, et dont la rédaction a été transférée en
1932 au résistant postérieur Harro Schulze-Boysen. Depuis ce moment-là, Jung a vécu avec
Harriet Scherret, mais il a continué à être en relation avec Cläre Jung. En 1933, Jung a été
frappé par une interdiction d’écrire et il a été arrêté en 1936 par les nazis. Il a été ensuite actif
chez les “Rote Kämpfer” et il est allé en prison pour trois mois en 1936. Finalement, grâce à
“l’intervention des hommes de Canari” (Canari était le chef des services de renseignement
extérieur), il a été de nouveau libéré. Sa libération surprenante a alimenté la rumeur selon
laquelle il serait un “mouchard nazi”. Ce reproche pouvait cependant être réfuté au vu des
actes de la police secrète d’État dans les Archives nationales allemandes de Coblence.
Mais la procédure imminente intentée contre lui devant le Tribunal populaire, que cela ait
été comme témoin ou comme accusé, l'a contraint à émigrer au printemps 1937. Avec le
soutien de l’écrivain et attaché de presse auprès de l’ambassade tchécoslovaque à Berlin,
Camille Hoffmann, il s’est enfui à Prague. Là, Jung a lancé le “Central European Service”, le
“Service économique pour l’Europe centrale”. Il a également travaillé pour les soi-disant
“Rapports verts” qui ont été organisés par le Parti Social-démocrate d’Allemagne (SOPADE)
et qui contiennent des informations sur les activités dans le pays, c'est-à-dire une documentation
sur la résistance quotidienne silencieuse sous le régime hitlérien. L’annexion de
l’Autriche par le Reich nazi en 1938 a mis fin à son activité, et il a émigré d’abord à Paris et
pour finir à Genève. En Suisse, il travaille comme “conseiller économique” dans une banque
privée suisse jusqu’à ce qu’il bascule, avec l’aide d’une recommandation de banques
américaines, dans la “réassurance”. En octobre 1939, il a été expulsé et il n’avait plus le droit
d’entrer en Suisse.
La prochaine étape de son séjour a été Budapest où il a habité jusqu’à l’automne 1944 avec
sa troisième femme Harriet et le fils Peter qu’ils ont eu ensemble. Étant donné sa fonction
d’agent de la Baseler Transportversicherung, il a effectué aussi, durant la guerre, des voyages
d’affaires dans les Balkans. Jung dirigeait en même temps en Hongrie des activités
oppositionnelles-antifascistes (par exemple l’aide à l’acheminement des réfugiés). Après
la prise de pouvoir par le Parti des Croix fléchées, les fascistes hongrois, Jung a été arrêté en
octobre 1944 à Budapest et il n'a échappé à l'exécution que par hasard. En novembre 1944, il
a été arrêté à nouveau, transféré à Vienne, où il a pu en mai 1945 s’enfuir vers l’Italie du
Nord. Il y a été arrêté, et de nouveau libéré.
Après une autre arrestation, il a été finalement remis en liberté le 12 septembre 1945 alors
qu’il se trouvait dans un camp américain à Naples. Après sa libération, Jung est resté dans un
premier temps en Italie. Il est revenu à la religion catholique. En 1947, émigration aux USA
où il a travaillé à New York et à San Francisco comme journaliste économique. En 1960,
retour en Europe, où est parue en 1961 pour la première fois son autobiographie : “Der Weg
nach unten” [Le chemin vers le bas]. Franz Jung est mort le 21 janvier 1963 à Stuttgart.
C'est dans la maison d’édition hambourgeoise Nautilus qu’est parue à partir de 1980 une
édition complète des oeuvres de Franz Jung (14 volumes plus des publications secondaires).
https://edition-nautilus. de/programm/franz-jung-werkausgabe/.
JUNG, CLÄRE (23.02.1892 – 25.02.1981), CLARA MARIA HENRIETTE, née OTTO
Berlin, journaliste, écrivaine. En 1911, collaboration avec Die Aktion de Franz Pfempfert*;
ensuite, elle travaille comme journaliste ; en 1915/16, assistante scientifique à l’hôpital de
Berlin-Moabit ; de 1916 à 1921, secrétaire dans le service de presse de journaux à Berlin ;
contributions à la Russische Korrespondenz ; en 1920-21, secrétaire au Bureau central du
KAPD. En août 1921, transfert en Union soviétique (avec son compagnon Franz Jung) ; en
1921/22, secrétaire du CEIC à Moscou ; en 1922/23, collaboratrice de l’IAH (MOΠP) à Perm
et à Ekaterinenbourg ; jusqu’en novembre 1923, travail dans l’atelier de construction
mécanique “Ressora” à Petrograd ; en 1924-1927, collaboratrice de la maison d’édition
Literatur und Politik à Berlin ; en 1927-1944, (d’abord avec Franz Jung) éditrice du
Deutschen Feuilleton-Dienst à Berlin.
À partir de 1933, activités illégales ; collaboration avec l’organisation de Schulze-
Boysen/Harnack (Rote Kapelle), aide aux réfugiés juifs et politiques, communiqués de presse
pour des services d’information illégaux (Grüne Berichte). En 1945-1952, intervenante à la
Berliner Rundfunk à Berlin-Charlottenburg (littérature, politique culturelle, éducation
populaire) ; contributions dans différents journaux ; en 1945, KPD : en 1946 SED ; en 1952-
1955, Direction des Syndicats d’Entreprise (BGL), secrétaire du parti, pédagogue ; à partir de
1955, écrivaine indépendante, entre autres de récits. Ses mémoires (Paradiesvögel) [Les
oiseaux de paradis] ne sont parues qu’au milieu des années 80 à la maison d’édition
hambourgeoise Nautilus.
JUNIUS [= JAMES ROH]
KÄFERSTEIN, WILLY
District industriel de Limbach, AAUE de la Saxe.
KAISER, WILLY (15.11.1897 – 8.09.1971)
Mansfeld, Hettstedt, menuisier, né à Oberwiederstedt (Mansfeld). Fils d’un mineur, 1917-18
soldat, 1919 USPD, avril 1920-1922 KAPD, participation à l’insurrection en Allemagne
centrale. 1923 KPD. Il a été dirigeant de pôle du groupe local du KPD de Wiederstedt et
membre de la direction du KPD de Mansfeld. De novembre 1930 jusqu’en avril 1931,
participant au cours (cadet) de l’École militaire du Komintern à Moscou. Après 1933, travail
illégal, responsable de l’approvisionnement en armes. En 1937, émigration en Tchécoslovaquie,
puis en 1939 en Grande-Bretagne ; en 1940-41 internement, puis ouvrier agricole
et charpentier de marine à Londres-Kingston.
À l’été de 1946, retour en Allemagne, membre du SED ; en 1946-1947, instructeur du SED
et secrétaire du FDGB de Hettstedt ; en 1949-1953, maire de Hettstedt ; en 1954-1955, fondé
de pouvoir de la Sécurité d’État du district de Halle ; enfin, président de la Commission de
contrôle du SED pour le district de Hettstedt. Il est mort à Hettstedt.
KALBITZER, WALTER (6.12.1880 – ?), alias KALB
Né à Lückenbach (Rhénanie-Palatinat), ajusteur, Essen ; 1920 KAPD ; 1922-1927 membre du
GHA du KAPD (tendance Essen).
KAMINSKI, KARL
Avant 1933 AAUE. Il a été arrêté en 1945 avec Paul Zinke* et Ernst Fiering* et tous les trois
ont été exécutés dans leur cellule.
KÄMMERLING, CLAUDIUS ?
Essen, secrétaire du GHA du KAPD (tendance Essen).
KÄMPF, PAUL (= KLIMMEK, PAUL)
KANEHL, OSKAR (5.10.1888 – 28.05.1929)
Né à Berlin, fils d’un enseignant, il a étudié à Berlin et à Greifswald les langues et la
philosophie, il a soutenu une thèse sur “Goethe et le jugement de la Jeune Allemagne”. Il a
publié en 1912/13 le Wiecker Bote [Le messager de Wieck], une revue pré-expressionniste
importante. En tant que vigoureux opposant à la guerre, il est devenu dans la République de
Weimar un poète et un homme politique radical de gauche connu (il a été actif entre autres
dans l’AAUE et ensuite en 1926 dans la Ligue Spartacus n° II). Déjà à partir de 1913, il
publiait dans Die Aktion de Franz Pfempfert*. Ses poèmes anti-guerre ont été réimprimés en
1922 sous le titre “Die Schande” [La honte] et c’est George Grosz qui a dessiné la couverture.
Le recueil de poésie séditieux de Kanehl “Die Strasse frei” [Dégagez la route] a été interdit en
1924. Ses travaux radicaux, révolutionnaires, qui appelaient souvent à la violence, (de même
que ses articles politiques, par exemple contre Otto Rühle*), ont toujours été publiés dans Die
Aktion de Pfempfert. Il est par exemple remarquable qu’en novembre 1919 des vers
expressionnistes de lui s’y soient terminés par ces mots : « Vive vague de joie sauvage et
rouge. Révolution ». Dans le même numéro, Johann R. Becher, qui écrivait lui aussi autrefois
pour Die Aktion, terminait en revanche son poème Révolution mondiale par : «Typhon et lave
– Christ – et faites signe ! et agitez-vous ! ». Oskar Kanehl est mort le 28 mai 1929 après une
chute de la fenêtre de son appartement. Les éloges funèbres pour leur camarade ont été
prononcés par Erich Mühsam et par Franz Pfempfert, lequel a souligné : « Bien sûr, il n’a
jamais fait la conversation avec l’ennemi, mais il lui a crié ouvertement au nom du
prolétariat : qui n'est pas avec nous, est contre nous… Abandonne et meurs, bourgeoisie
décadente. ».
KARWAHNE, BERTHOLD (3.10.1887 – 14.11.1957)
Né à Koberwitz (Basse-Saxe) ; mort à Krainhagen (Obernkirchen, Basse Saxe). Karwahne a
adhéré au milieu des années 20 au KPD, qu’il a représenté au conseil municipal de Hanovre.
Dans les débats internes au parti, il faisait partie du groupe que l’on qualifiait d’“ultragauche”
et qui gravitait autour d’Iwan Katz* ; il a été exclu du parti après la tentative d’occupation de
l’immeuble de la rédaction de l’organe du KPD, le Niederssächsische Arbeiterzeitung le
11 janvier 1926. Avec le groupe de Katz, Karwahne s’est associé en novembre 1926, avec
l’AAUE qui gravitait autour de Franz Pfempfert*, aux organisations communistes de gauche
de la Ligue Spartacus, qu’il a cependant déjà quittées deux mois plus tard.
Vers 1928, Karwahne a adhéré au NSDAP, qu’il a représenté comme député au Reichstag
de 1930 à 1945. Il est devenu le représentant le plus important de l’Organisation d’Entreprise
Nazie (NSBO) dans la province de Hanovre et il a fait partie pour le NSDAP, de 1929 à 1932
pour la circonscription électorale de Nienburg-Hoya, et en 1933 pour celle de Hanovre-ville,
du Landtag provincial de Hanovre. Après la prise du pouvoir par le NSDAP en 1933, il a
travaillé en outre dans l’administration des possessions expropriées des syndicats et comme
fonctionnaire du Deutsche Arbeitsfront (DAF).
KATZ, IWAN (1.02.1889 – 20.09.1956)
Né à Hanovre comme fils du commerçant Gustav Katz et de son épouse Johanna, née
Magnus. Après le lycée, étudiant en sciences juridiques et politiques, en économie politique et
en médecine, dans les universités de Berlin et de Würzburg, ainsi qu’à l’Institut technique de
Hanovre. Il a rejoint le mouvement ouvrier en 1906 et il est devenu en 1907 président de la
Jeunesse ouvrière social-démocrate de l’Allemagne du Nord-ouest. En 1908, il a travaillé
pendant une année comme ouvrier dans des entreprises métallurgiques, puis il est devenu
assistant dans des cours de sciences juridiques et économiques de l’Institut technique de
Hanovre, et en 1911 auxiliaire scientifique dans le Service statistique de la ville de Hanovre.
Les titres de docteur, qui sont mentionnés par Iwan Katz dans son curriculum vitae, n’ont pas
pu être démontrés. En 1913, il a épousé Anna Kerwel, qui faisait également partie du SPD et
qui était fille d’un officier qui avait été licencié à cause de se activités social-démocrates.
Durant la Guerre mondiale, Katz, qui accompli son service militaire en 1912, a été
lieutenant, et il assistait le commandant de compagnie d’une unité de mitrailleuses, ou bien
officier d’état-major. À partir de 1918, il a été directeur du Comité de démobilisation de
Hanovre. Il est resté au SPD et il est devenu en février 1919 conseiller municipal de Hanovre
et délégué au congrès du SPD en juin 1919. À la fin de 1919, il est passé à l’USPD dans
lequel il faisait partie de l’aile gauche. Lorsque, en décembre 1920, l’aile gauche de l’USPD a
fusionné avec le KPD, lui et sa femme étaient des délégués au congrès de la scission de
l’USPD et au congrès consécutif d’unification USPD-KPD. En février 1921, Katz est entré
au Landtag de la Prusse et il a été dans les années suivantes avant tout un orateur itinérant
pour le KPD. Il se posait en radical et il a été arrêté en août 1923 parce qu’il y avait eu des
troubles à la suite de son discours à Hanovre. Situé à l’aile gauche du KPD, il a pourtant été
nommé directeur de l’Administration communale dans la Centrale. Lors du VIII° Congrès du
KPD en 1923, il a fait un rapport sur le travail communal. Après la défaite en octobre 1923 de
l’un des porte-parole de l’Opposition de gauche, Katz a été élu lors du IX° Congrès en avril
1924 à la Centrale et au Bureau politique, et au Reichstag en mai 1924, ainsi qu’en décembre
1924, dans la circonscription de Hanovre du Sud-Brunswick.
En tant que membre de la Centrale de Ruth Fischer, il a été envoyé pour faire partie du
présidium du CEIC à Moscou, où il est resté jusqu’à la mi-1925. Là-bas, en tant qu’homme de
confiance de la direction allemande de gauche, il a joué un rôle important. Durant les débats
de 1925 qui ont eu lieu dans la direction de Ruth Fischer, Katz est devenu l’un des dirigeants
de l’ultragauche. Il est par conséquent remplacé comme représentant auprès du CEIC, et il a
organisé durant l’été 1925 l’Opposition d’ultragauche en Allemagne et c’est surtout dans sa
ville natale de Hanovre qu’il a trouvé un grand soutien. Après la “Lettre ouverte” du
Komintern que les ultragauches ont refusée, Katz a renforcé son activité. Avec ses camarades
Theodor Gohr* et Berthold Karwahne*, il a pu conquérir la majorité du parti à Hanovre. Il a
violemment insulté ses adversaires, qualifiant le chef de l'organisation fidèle au Comité
central, Paul Grobis, de “sujet tombé au plus bas”. C’est en tant qu’orateur entraînant, qui
savait répondre aux sentiments de ses auditeurs, que Katz est parvenu à ce que ses partisans
occupent la rédaction du Niedersächsische Arbeiterzeitung le 12 janvier 1926. C’est après de
grosses bagarres et seulement avec l’aide de la police, que les communistes fidèles au CC ont
pu récupérer le journal. À la suite de quoi, Katz a été exclu du KPD.
Pour ses partisans, il a publié à Hanovre une feuille d’informations dans laquelle il rendait
publiques aussi des affaires internes du KPD. Cette feuille est parue de mars à décembre 1926
dans une édition comptant 3 000 exemplaires. En juin 1926, il a fondé, avec l’AAU de Franz
Pfempfert, la Ligue Spartacus des organisations communistes de gauche, laquelle constituait
l’aile gauche la plus extrême du mouvement communiste. Katz, que Clara Zetkin qualifiait de
« voyou ou de psychopathe » et de « Iwan le Terrible », est entré cependant bientôt également
en conflit avec cette organisation, étant donné qu’il ne démissionnait pas de son mandat au
Reichstag. Après que la nouvelle Ligue Spartacus s’est dissoute au printemps de 1927, Katz
n’est plus guère apparu en politique.
Il s’est engagé dans la Société des Amis de la Nouvelle Russie et il fréquentait également
des intellectuels anarchistes. Professionnellement, il a occupé une position de direction dans
les services sociaux de Berlin-Wedding. Le 16 mars 1933, écarté de son poste, il a été arrêté
deux jours plus tard et interné pendant quelque temps dans un KZ. Il a dû sa libération à l’une
de ses anciennes connaissances, le ministre de l’Intérieur-NSDAP Frick. Tous deux avaient
fait partie, au Reichstag en 1924/25, de la Commission d’amnistie qui négociait l’amnistie des
prisonniers politiques du KPD et du NSDAP. Mais cette protection n’a pas duré. En tant que
juif, Katz a été de nouveau arrêté au début de 1941 et enfermé dans un camp de travail
berlinois, duquel il a pu s’échapper. Il a vécu de manière illégale jusqu’à ce que la Gestapo
l’ait envoyé en 1944 à Auschwitz et finalement au KZ de Mauthausen. Sa femme a protesté
contre le traitement inhumain infligé à son homme lors du transfert, elle a été elle-même
arrêtée et elle s’est retrouvée au KZ de Ravensbrück. Au début de 1945, Katz a été extrait du
KZ de Mauthausen pour être engagé comme médecin de compagnie dans la Wehrmacht et il a
été promu le 20 avril médecin-chef des unités allemandes qui stationnaient dans la forteresse
de Mauthausen. Grâce à son habileté, il est parvenu à remettre sans combats la forteresse aux
troupes US, et Katz est resté du 6 mai au 7 juin 1945 à la disposition de l’armée US comme
médecin au camp de Mauthausen.
Revenu à Berlin, il a adhéré au KPD et en 1946 au SED. Walter Ulbricht n’a pas pu
empêcher qu’il reprenne son poste dans l’administration urbaine berlinoise (sur la base de la
disposition sur la réinstallation des employés sanctionnés par les nazis). Katz voulait assumer
à Berlin un rôle important dans la conciliation entre les puissances d’occupation soviétique et
américaine et l’on a fait appel à lui à l’occasion des deux côtés pour être le médiateur. Par
exemple, après l’élection d’Ernst Reuter comme maire, en accord avec Hermann Mater, il a
négocié avec les hauts responsables sociaux-démocrates Franz Neumann et Kurt Mattick, à
propos d’une reconnaissance ultérieure éventuelle de Reuters comme maire par les deux
partis. Quand, le 10 janvier 1947, sa femme est morte, conséquence de sa détention en KZ, il
a publié une nécrologie dans Neues Deutschland. Enfin, Iwan Katz, qui était constamment
dans l’opposition, était sous le coup d’enquêtes de la part du parti.
Sa critique officielle, lors de la Conférence des délégués de district du SED à Zehlendorf à
la fin de 1948, du blocus et du plan de deux ans, a entraîné son licenciement le 21 décembre
1948 de son poste de magistrat de Berlin-Est. Le 14 mars 1949, Katz a quitté le SED, et, le 12
mai 1949, le jour de la levée du blocus, il a adhéré au SPD. Le Parti Ouvrier Indépendant
(UAP), qui était proche de Tito (et du bloc de l’Ouest), fondé à Worms en 1950, a été salué
avec emphase par Katz. C’est à cause d’une maladie cardiaque sévère qu’il a déménagé en
1954 en Suisse et qu’il s’est établi à Castagnola près de Lugano. Iwan Katz y est mort en
1956.
KEMPIN (= FRANZ PETER UTZELMANN)
KENNECKE, KARL (18.12.1891 – 18.10.1972)
Leipzig ; ajusteur, chauffeur, né à Aschersleben (Saxe-Anhalt), fils d’un charpentier ;
apprentissage et travail comme ajusteur-mécanicien, errance, membre du Syndicat des
métallos (DMV) et de la Jeunesse ouvrière, et en 1913 du SPD. De 1914 à 1918, soldat,
chauffeur dans la division des chantiers navals à Emden (Basse Saxe) et là, en novembre
1918, président du conseil des ouvriers et des soldats. En novembre 1918, il est devenu
membre de la Ligue Spartacus et il a pris part à la fin décembre 1918 au Congrès constitutif
du KPD. À partir d’avril 1919, ajusteur dans l’usine à gaz de Leipzig-Sud, et là, à partir de
1926, membre du conseil d’entreprise et, temporairement, président du conseil d’entreprise.
En avril 1920, Kennecke a adhéré au KAPD, mais il est revenu au KPD en 1925. De 1930 à
1933, il a été conseiller municipal non rémunéré à Leipzig et membre de la direction de
district de la Saxe. Incarcéré de décembre 1934 à février 1935, condamné à un an et demi de
prison en février 1936, ensuite de la fin 1937 à 1945, de nouveau ajusteur. Fin 1945, il a été, à
l’usine de gaz de Leipzig-Sud, le directeur du service du personnel et ensuite responsable des
questions culturelles. Il semble avoir exercé, du moins temporairement, la fonction de
procureur, étant donné qu’un “Karl Kennecke” est révoqué en 1951 de cette fonction par le
secrétariat du SED. De 1953 à 1957, il a été administrateur du district de Leipzig et il a été
distingué en recevant en 1962 l’Ordre du Service Patriotique en bronze. Karl Kennecke est
mort en 1972 à Leipzig.
KERN, MAX (1896 – 1952)
Caissier, Berlin, avec Paul Schiller*, l’un des responsables principaux de la FSJ, lesquels,
depuis le 27 novembre 1918, ont publié le journal die Junge Garde ; en avril 1920, KAPD et
Opposition dans la FSJ ; en août 1920, fonctionnaire de la KAJ, et, après la scission de la FSJ,
rédacteur de la Rote Jugend, l’organe de la KAJ. Avec Paul Schiller, délégué de la KAJ à la
Conférence internationale de la Jeunesse Communiste à Moscou (14-24 juillet1921). Mort en
RDA.
KIEPSCH, KURT
KAPD/KAJ, 1928 Berlin-Charlottenburg.
KINDLER, RUDOLF
AAUE, Zwickau, rédacteur du Proletarische Zeitgeist.
KIRCHHOFF, PAUL (1900 – 1972), alias EIFFEL
Il a étudié la théologie évangélique et la religion à l’Université Friedrich-Wilhelm de Berlin
ainsi qu’à l’Université Albert-Ludwig de Fribourg. À Leipzig, il a étudié la psychologie et il
s’est spécialisé en ethnologie mexicaine, dans laquelle il a obtenu son doctorat couronné d’un
prix. Kirchhoff se trouvait à Berlin durant la Semaine rouge (5-11 janvier 1919). Il a fait
partie en 1920 des cofondateurs du KAPD et il a été correspondant de Die Aktion de Franz
Pfempfert à Fribourg en Brisgau. Il a été actif jusqu’en 1931 dans cette revue et dans
l’organisation d’entreprise de l’AAUD qui lui était proche. La même année, après qu’il s’était
vu refuser pour des raisons politiques un visa pour un séjour de recherche en Afrique du Sud,
il a émigré aux États-Unis d’Amérique, pays dans lequel il s’est engagé jusqu’en 1934 dans
un groupe d’exilés, celui des Communistes Internationaux d’Allemagne (IKD) de tendance
trotskiste, et ensuite, en raison de son refus de la politique d’entrisme promue par Trotski,
dans la Revolutionary Workers League (RWL) de Hugo Oehler. Dans ces deux organisations,
Kirchhoff faisait partie de la direction. À la fin de 1936, Kirchhoff a été expulsé des USA et il
s’est enfui vers le Mexique où il a été à l’origine en 1937 du Grupo de Trabajodores Marxistas
(GTM) communiste de gauche et de sa revue Communismo, qui n’ont duré que quelques
années. Étant donné que Kirchhoff était communiste, il a perdu sa citoyenneté allemande,
mais il a obtenu en 1941 la nationalité mexicaine. En 1938, il a été le cofondateur de l’École
nationale d’Anthropologie et d’Histoire à Mexico. Il a effectué ses recherches à l’Universidad
Nacional Autónoma du Mexique à Mexico, dans laquelle il a produit des résultats de
recherche importants sur les civilisations mexicaines. En 1943, Kirchhoff a introduit le
concept de Mésoamérique pour ce qui concerne la classification des phénomènes
ethnographiques dans l’espace du Mexique et de l’Amérique centrale, et il a ainsi unifié un
espace civilisationnel varié et dynamique selon le concept de “Cultural-Area” de la cultural
anthropology étasunienne.
KLAHRE, WILLI (1893 – 1970)
Ancien maître d’équipage dans la II° Division de détection des mines, il est stationné à partir
de 1916 à Cuxhaven, fonctionnaire de l’Association des marins à Cuxhaven ; condamné en
1921, à cause du détournement d’un bateau vers Mourmansk (voir Appel*/Jung*) à 18 mois
de prison, après sa libération, à partir d’août 1922, marin, d’abord comme matelot, ensuite
jusqu’en 1937 comme timonier sur des chalutiers ; 1941-1945 capitaine de l’Aéronavale à
Kiel.
KLAPP, MAX
Heidenau, 1922 AAUE.
KLASSE, ANNA (= CLASSE, ANNA)
KLEIN, PAUL (= PAUL MATTICK)
KLEINECKE, FRITZ (10. 04. 1911 à Berlin – ?)
Résidence à Berlin NW 87, Alt Moabit 41, 3 années d’école élémentaire, puis école
secondaire de Luisenstadt, jusqu’à la dernière année de lycée où il a passé le baccalauréat.
Membre de l’Association nationale des Employés communistes, il a adhéré en 1929 à la SAJ
et en 1931 au SPD, collaborateur du bureau de district de Berlin-Kreuzberg ; il en a été
licencié le 30.06.1933 en raison de son appartenance au SPD, et jusqu’en 1935 sans travail ; à
partir du 21.02.1935, collaborateur scientifique à la Berliner Stadtbank, il faisait partie des
“Rote Kämpfer”, et le 15.12. 1936, il est arrêté et condamné à 3 ans de prison pour cause de
« violation de la loi d’interdiction la reconstitution de partis politiques du 4.07.1933 » (Js
236/37 49/37). A purgé sa peine à la prison de Berlin-Tegel et au Camp d’éducation par
le travail (AEL) de Ketzin/Brandebourg. Ensuite, il a été de nouveau actif dans la résistance et
il a été incorporé dans la Wehrmacht le 20.02.40 : il a été fait prisonnier par la Britanniques et
il est revenu à Berlin le 10.01.1946.
KLIMMEK, PAUL (29.11.1899 – 1960 ?), alias PAUL KÄMPF, PAUL, ADOLF
Ouvrier, Berlin. En tant qu’adolescent, il a été militant en 1914 dans la Jeunesse ouvrière de
Berlin et il a pris part à tous les combats de rue qui ont eu lieu au cours de la révolution de
novembre 1918 à janvier 1919 à Berlin. Il a été également membre de la Ligue Spartacus
jusqu’en mars 1920 et il a été actif à partir d’avril 1920 dans la KAJ et le KAPD ainsi que
dans l’AAU. De la fin de 1920 jusqu’à la fin de 1922, il a été PAUL KÄMPF ou PAUL dans
la clandestinité.
En tant que délégué K. (KÄMPF) à la Conférence nationale de l’AAU à Leipzig (12-14
décembre 1920), il a soutenu la conception du KAPD berlinois et ses principes directeurs :
« Il constate que l’Allemagne occidentale et la Saxe orientale ne sont pas d’accord, il parle
en faveur de la reconnaissance du parti et il recommande l’adoption des principes directeurs
berlinois ». Sous le pseudonyme de PAUL, il s’est exprimé lors du Congrès du KAPD de
septembre 1921 à Berlin, relativement au point 7a de l’ordre du jour, “la question de la
jeunesse”, à propos de la relation entre la légalité et l’illégalité. Le procès-verbal le cite : « Le
camarade de la Jeunesse Paul : Si je me suis décidé à parler, c’est uniquement pour la raison
qu’il ressorte quelque chose de positif pour vous de la part d’un jeune. Le respect des lois
n’est, d’un point de vue historique et marxiste, rien d’autre que la légalité du parti. Pour le
moment, le parti est obligé, pour atteindre les masses, de procéder de manière légale. Mais
notre illégalité ne peut exister que si nous n’avons pas à nous soucier de savoir si nous
sommes interdits ou non. Nous avons reconnu les signes de la tempête de l’époque et vous ne
les avez pas encore reconnus. Pour nous, il s’agit de saisir le bon moment pour déclencher le
combat, et pas seulement de saisir cet instant du point de vue économique. ».
Klimmek a quitté le KAPD en 1923 et il été actif dans l’Aide Ouvrière Internationale (IAH)
ainsi que dans le Secours Rouge d’Allemagne (RHD). À partir de 1932, il a mené un travail
de formation des cadres pour le KPD dans la police et il a continué en 1933 à travailler
illégalement ; en autres choses, il a sauvegardé des documents provenant de la KarlLiebknecht-
Haus, c'est-à-dire de l’ancienne Centrale du KPD. En 1937, il a été arrêté et
interrogé par la Gestapo qui le soupçonnait d’espionner l’usine Daimler-Benz Flugmotorenund
Panzerwagenbau AG à Berlin-Marienfelde. La cellule d’entreprise illégale du KPD
(environ 50 salariés de Daimler-Benz AG), qui existait depuis 1938, était dirigée par Paul
Klimmek. Au cours des années 1943/44, il a poursuivi son activité illégale (sous le
pseudonyme d’Adolf) en relation avec le groupe Anton-Saefkow. Au début de 1944,
Klimmek a été arrêté par la Gestapo, condamné en raison de préparatifs de haute trahison et
incarcéré à partir de février 1944 à la prison de Bayreuth. Le 14 avril 1945, il a été libéré de la
prison de Bayreuth par les troupes américaines. Paul Klimmek a quitté la zone d’occupation
américaine pour rejoindre Berlin et, à partir de 1945, il a travaillé d’abord pour le KPD et
ensuite, après la réunification forcée avec le SPD le 23 février 1946, pour le Parti Unitaire
Socialiste d’Allemagne (SED) dans le Service de l’alimentation dans le district sous
occupation soviétique de Berlin-Friedrichshain. Il était en contact avec le groupe d’Alfred
Weiland. Ce qui lui a valu une vérification effectuée par le Département de la politique du
personnel (PPA) du SED.
KLINGENBERG, RHEINHOLD (1899 – ?)
Berlin, fils d’un architecte, électricien de courant haute tension, milite dans l’éducation
ouvrière ; ami de Paul Mattick*, 1917 USPD ; décembre 1918 Ligue Spartacus, KPD ; blessé
durant le putsch de Kapp en mars 1920 à Berlin. 1920-1929 KAPD/AAU ; ensuite 1931-1933
KAU. Après 1945, il a travaillé au Service de la culture de Schöneberg ; en 1946 SED. Au
début de 1948, avec Weiland et Mattick, il a organisé à Berlin une conférence portant sur la
situation internationale. Plus tard, il a été jusqu’à sa retraite en 1964, directeur de l’université
populaire locale.
KLÖTZNER, FRIEDRICH OSKAR
Maître électricien, Frankenberg (Chemnitz), KPD ; en 1920-1921 KAPD ; en 1921 retour au
KPD ; en 1930 NSDAP après un voyage dans la “patrie du socialisme”.
KLUPSCH, EMIL
KAPD/AAU/KAJ, arrêté en 1927.
KENTTER, PAUL
KAPD/AAU dans les années 20 ; après 1933, travail illégal dans la KAU ; en 1945
KPD/SED ; avec Alfred Weiland, travail dans à l’Office de l’éducation publique de
Schöneberg, et à partir de 1947-1948 retrait du cercle de Weiland ; en 1951 exclusion du
SED, perte de contact avec la SWV.
KNOOPP, FRITZ (28.09.1874 – ?)
Chaudronnier, AAU de Brême, en 1919 KPD, adversaire de la participation aux élections,
KAPD.
KNORR, FRIEDRICH (1904 – 1978)
Cobourg, en 1924 étudiant à Leipzig, propriétaire du journal Die Epoche, organe de
l’Association des conseils. Il est vraisemblable que Knorr ait été à cette époque-là
sympathisant du mouvement unioniste. À partir de 1932, il était bibliothécaire universitaire à
Leipzig et en 1933 il a adhéré au NSDAP. Après la création de la République fédérale, il a été
un militant à droite. C’est ainsi qu’il a, entre autres, représenté la circonscription électorale de
Cobourg au Bundestag de 1957 à 1965 en tant que député de la CSU. De 1931 à 1965, il a
dirigé le Comité consultatif de la bibliothèque du Bundestag.
KNUDEL ou KNODEL
Berlin, KAPD, assistance aux réfugiés de guerre.
KNÜFKEN, HERMANN (9.02.1893 – 8.02.1976)
Knüfken est né comme cinquième enfant d’une femme de ménage et, en 1914, il a été
incorporé à la Marine impériale. En 1917 il a déserté, mais il a été capturé. En novembre
1918, les matelots révolutionnaires l’ont libéré de sa prison dans le cadre de l’insurrection des
marins de Kiel. Le 21 avril 1920, sous la menace de l’exécution du capitaine, il a détourné
avec d’autres activistes de gauche le chalutier Senator Schröder vers l’Union soviétique.
Knüfken, en tant que membre de l’occupation du chalutier, avait introduit à bord en cachette
les fonctionnaires communistes Franz Jung* et Jan Appel*, lesquels devaient convaincre
Lénine en Russie de la possibilité d’une révolution allemande. Le contexte était l’insurrection
de la Ruhr. Knüfken était encore de retour en octobre en Allemagne et il a été arrêté au début
du mois à Stettin en raison d’un mandat d’arrêt qui avait été émis par le tribunal régional de
Hambourg à cause du détournement du Senator Schröder. Le 13 mai 1921, il a été condamné
par la Cour d’assises de Hambourg à une peine de prison de cinq années pour vol aggravé,
mutinerie et sévère séquestration, mais il a déjà été libéré de prison par anticipation le 1° mai
1923 et il est retourné immédiatement en Russie. Là, il a dirigé à partir de 1923 à Leningrad le
Club International des Marins, il a été délégué du Syndicat International des Ouvriers du
Transport (ITF) et messager dans le réseau international de liaison de l’Internationale
Communiste. Après un emprisonnement dans la célèbre Loubianka à Moscou dans le cadre de
la terreur stalinienne, il a quitté l’URSS. Dans les années 30, il a dirigé un groupe de
résistance antifasciste. Finalement, il a travaillé comme agent secret pour le Secret
Intelligence Service (SIS) britannique. Après 1945, il a aidé à la dénazification du côté
britannique, à Hambourg, mais il a continué à travailler pour le SIS et il avait des contacts
avec la zone d‘occupation soviétique. À Hambourg, il a bientôt eu des démêlés avec des
parties du mouvement syndical et il a été exclu de l’ÖTV. En 1950, il est retourné en Grande-
Bretagne et il a travaillé ensuite au ministère des Affaires étrangères à Londres. En 1976, il
est mort entant que citoyen britannique en Angleterre. En 2008, ses mémoires ont été publiés.
KOBURG
KAPD (tendance Essen), KAI, Berlin-Spandau.
KOCH, HERMANN
1927-1928, membre de l’Opposition dans l’AAUD ; en 1927, rédacteur responsable du
Kampfruf avec Rudolf Ziegenhagen ; en février 1928, rédacteur du Klassenfront, organe de
l’opposition de l’AU (Organisation des Révolutionnaires d’Entreprise).
KÖHLER, ANNO
KAPD.
KÖHLER, HUGO (1888 – 1980)
Friedrichsort (Kiel), fonctionnaire du KAPD. Friedrichsort était un centre important du
radicalisme ouvrier. C'est là que toutes les torpilles et les tubes lance-torpille étaient fabriqués
et testés, et l’équipement des torpilleurs effectué.
KÖHLERT, WALTER
Königsberg, AAUE (tendance Zwickau).
KOHLISCH, ERNST
AAUE, Eisenach.
KOHN (COHN), JOSEPH (13.03.1903 – 1986)
Fourreur, Berlin-Schöneberg, ami de Paul Mattick*, 1920 KAJ, 1921 KAPD, 1928 KPD,
1929-1932 ouvrier itinérant en France, 1940-1945 détention en camp en France et en
Allemagne, 1945 KPD, et ensuite en 1946 SED, fonctionnaire dans la SBZ de la RDA.
KOHN, PAUL (1896 ? – ?), alias PINKUS, alias ALFRED HEINEMANN ?
Marin, figure de proue de la Freie Sozialistische Jugendorganisation (FSJ) à Hambourg qui
publiait depuis avril 1916 la feuille Proletarier-Jugend. En tant que national-bolchevik, il a
suivi la ligne hambourgeoise de Laufenberg* lorsqu’il y a eu la scission dans le KAPD en
août 1920. Paul Kohn se prononçait pour une “union mondiale des peuples” ainsi que pour la
“guerre populaire contre l’Entente” :
« Nous avons toujours parlé de l’égalité de droits des nations. La pratique du mouvement
communiste est liée à la situation d’un pays. Nous ne pouvons jamais accepter d’appliquer la
situation russe à la nôtre. Nous disons dans notre résolution que la III° Internationale est
encore loin d'être achevée, qu’elle n’en est qu’à ses débuts. Aujourd'hui, nous n’avons qu’un
État soviétique, alors que le but de l’Internationale est le rassemblement de tous les groupes
révolutionnaires dans les différents pays et ensuite de réunir ces pays dans la III°
Internationale, dans l’Union mondiale des peuples. La nation ne signifie jamais pour moi des
poteaux frontières. L’on dit également que le prolétariat aurait le devoir de parvenir au
pouvoir au moyen d’une lutte des classes intensifiée. Nous sommes aussi sur cette position.
Cela dépend de quelle lutte il s’agit. À notre avis, c’est de la lutte populaire contre l’Entente
qu’il s’agit. (Acclamations : hourra !) »…
Il défendait également la position “antiparti” de Rühle : « Nous ne sommes pas d’avis que le
parti, dans sa forme ancienne, soit nécessaire. Nous sommes plutôt d’avis que la révolution
n’est pas une affaire de parti. Les partis n’ont plus la tâche qu’ils avaient auparavant. Le
prolétariat parviendra au pouvoir en se passant des partis. Nous déclarons aussi que nous ne
sommes pas d’accord sur le fait que le parti se présente pour la conquête du pouvoir politique
parce que nous arriverions ensuite à une dictature du parti, et non pas à une dictature du
prolétariat. La réalisation de la révolution ne peut pas être la tâche d’un parti. ».
De la même façon que Karl Happ*, Kohn est lui aussi bientôt retourné au KAPD après la
scission d’août 1920. Lors du Congrès de septembre 1921, il représentait déjà la section de
Hambourg du parti. Malgré le repli de celle-ci, il défendait la Révolution russe :
« Pourquoi avons-nous défendu la Russie jusqu’à présent si le fait que la révolution
prolétarienne ait été possible en Russie avait été une chimère ? Avec raison, car je suis
précisément d’avis qu’une Russie capitaliste est impossible. Aussi impossible qu’une
reconstruction capitaliste de l’Europe occidentale… L’on doit toujours dire que le repli des
bolcheviks a été seulement nécessaire à cause de l’absence de révolution ouesteuropéenne.
».
Il a été vraisemblablement le rédacteur d’articles dirigés contre les IWW qui ont été publiés
dans la revue du KAPD : Proletarier. En 1929, il a quitté le KAPD, mais il est resté membre
de l’AAU et a été ensuite de 1931 à 1933 membre de la KAU. Il a défendu d’une manière peu
claire la double organisation. Seul le KAPD pouvait être le Parti communiste, mais pas
l’Union :
« Mais les gens de la gauche dans la Ligue Spartacus ont toujours défendu, immédiatement
après sa création, le point de vue selon lequel le travail politique et le travail syndical
formeraient une unité. Vu sous cet angle, les hambourgeois ont toujours été des partisans de
l’unité. Lorsque l’Union veut accueillir des lutteurs de classe dans ses rangs, c'est-à-dire
simplement des prolétaires qui sont impliqués pratiquement dans la lutte active, alors elle ne
peut pas être du tout une organisation communiste et l’on devra par conséquent permettre
aussi la liberté de créer une formation plus rigoureuse. Dans la pratique, nous ne pourrons
pas nous débarrasser du KAPD. ».
KÖÖPEN, ERNST (1880 – ?)
AAU, président du Comité du Travail berlinois.
KÖPNICK, SIEGFRIED (1898 – ?)
Né à Stolp (Poméranie, aujourd'hui en Pologne), Berlin-Charlottenburg, travaille comme
illustrateur pour la maison d’édition Bärenreiter, et il a fréquenté pendant quelque temps
l’“École intensive des pionniers” à Worspede ; membre du KAPD/AAU ; à partir de 1925,
ami d’Alfred Weiland ; après 1933, travail illégal dans la KAU ; cadre chez Siemens, en 1940
entrée au NSDAP pour raison de camouflage, après 1945 GIS, SWV. Dans les années 1950-
1952, il était en contact politique avec Anton Pannekoek. Sept lettres datant de cette période
ont été transmises à l’IISG.
KORSCH, HEDDA (1890 – 1982), née GAGLIARDI
Enseignante, traductrice, professeur d’université ; Hedda était une petite-fille de la féministe
Hedwig Dohm, une cousine de Katia Mann (1883-1980), l’épouse de Thomas Mann, et la
fille de l’italien Ernesto Gagliardi. Elle a obtenu son doctorat en 1914 avec sa thèse : Chaucer
comme critique. De 1916 à 1921, elle a été enseignante en compagnie de Gustav Wyneken à
Wickersdorf. De 1926 à 1933, elle a enseigné à l’École Karl-Marx de Fritz Karsen (Berlin-
Neukölln) et, lors de son exil suédois, jusqu’en 1936, à la Viggbyholmskolan (École
Réformiste Quaker) près de Stockholm. Elle a été ensuite, jusqu’en 1956, maîtresse de
conférence en études germaniques au Wheaton College.
Elle était mariée avec Karl Korsch depuis 1913. Elle est passée de l’USPD au KPD en
décembre 1920. Elle a participé avec Karl Korsch à la “Semaine du travail marxiste” qui est
considéré comme l’acte fondateur de l’Institut pour la Recherche sociale et celui de la Théorie
critique (“École de Francfort”). En 1924, elle a travaillé à la Mission commerciale soviétique
à Berlin, mais elle en a été licenciée en raison de sa relation avec Karl Korsch, qui était
considéré comme un ennemi. Elle a traduit du russe en allemand des textes du groupe russe
d’Opposition Sapronov : Avant Thermidor. Révolution et contre-révolution en Russie
soviétique. La plateforme de l’Opposition de gauche dans le Parti bolchevik (Sapronov,
Smirnov, Oborin, Kahn, etc.). Elle a traduit en italien des lettres de Karl Korsch destinées aux
oppositionnels de gauche italiens Amadeo Bordiga et Michelangelo Pappalardi (1895-1940)
et en allemand des lettres de Bordiga et de ses partisans.
KORSCH, KARL (15.08.1886 – 21.10.1961), alias K. K.
Né à Tostedt (Basse-Saxe), professeur, philosophe. Entre 1906 et 1909, il a étudié le droit,
l’économie politique et la philosophie, dans les universités de Munich, Genève, Berlin et Iéna.
Il y a adhéré à l’Association étudiante libre et il a été rédacteur du Jenaer Hochschulzeitung.
C’est à cette époque qu’il a fait connaissance avec Alexander Schwab*.
Après son premier examen juridique national, Korsch a été avocat stagiaire de 1909 à 1910
à Meiningen (Thuringe). Il a obtenu son doctorat en 1910 à l’université d’Iéna avec une thèse
qui portait sur “L’utilisation des dispositions relatives à la charge de la preuve”. En
1910/1911, Korsch a fait son service militaire à Meiningen. En 1912, il a adhéré au SPD et il
est devenu au cours de la même année assistant scientifique d’Ernest Schuster (1850-1924) à
Londres. Il y a adhéré à la Fabian Society réformiste et il s’y est marié en 1913 avec Hedda
Gagliardi*avec laquelle il a eu deux filles.
Lorsque la Guerre mondiale a éclaté en 1914, Korsch est revenu en Allemagne et il est
devenu lieutenant. Après trois semaines au front, il a refusé de continuer à porter une arme et
il a exprimé ses opinions pacifistes, ce pourquoi il a été dégradé (sergent). Il a été blessé à
deux reprises. En novembre 1918, Korsch a fait partie des cofondateurs du Conseil des
ouvriers et des soldats de Meiningen. En janvier 1919, il a été temporairement membre de la
Commission de socialisation de l’industrie houillère à Berlin, et en juin de cette année-là il a
adhéré à l’USPD dans lequel il y a bientôt fait partie de l’aile gauche, laquelle s’est prononcée
pour sa fusion avec le KPD lors du Congrès de Halle. En outre, il a obtenu son habilitation en
octobre 1919 en droit et en protection juridique dans le contentieux civil anglais et il est
devenu d'abord maître de conférences à Iéna, où, contre la volonté de la faculté et de la
direction de l'université, il est nommé professeur associé de droit civil, procédural et du
travail, à la fin du mois d'août 1923, puis professeur titulaire à partir du 1er octobre.
En mai de l’année 1923, il a participé à la “Semaine du travail marxiste” (Institut de la
Recherche sociale, Francfort-sur-le-Main) dont il peut être considéré comme l’initiateur
intellectuel. Après la catastrophe de l’action de Mars 1921, Korsch est devenu un partisan
d’Heinrich Brandler et c’est de manière logique qu’il a soutenu sa “politique de front uni”. Du
16 octobre jusqu’au 12 novembre 1923, Korsch a été ministre de la Justice de l’éphémère
gouvernement de coalition du SPD et du KPD en Thuringe, et il a dû, après le renversement
de ce dernier par le président du Reich Ebert, se cacher pour un moment. Korsch avait appelé
à la constitution d’unités prolétariennes et il a pris part à leur formation. Après cette
expérience instructive d’un soulèvement contre le SPD qui a échoué, le KPD s’est gauchisé,
et Korsch a représenté lui aussi, jusqu’à son éviction du parti, une position “léniniste”
d’ultragauche dans le KPD.
En février 1924, Korsch a été élu au Landtag de Thuringe ; en juillet, il est entré au
Reichstag, mais il a renoncé ensuite à son mandat, et il a été également réélu lors des élections
au Reichstag en décembre 1924. Il a assumé la fonction de rédacteur en chef de l’organe
théorique du KPD Die Internationale et il a participé durant l’été 1925 au V° Congrès du
Komintern à Moscou. Il y a rencontré Amadeo Bordiga avec lequel il a pris contact.
La tentative de Korsch, en mai 1924, de tenir d’une conférence inaugurale à l’université de
Iéna, et ainsi de reprendre un poste dans cette université, a échoué. Le nouveau gouvernement
du Land (DVP, DNVP, Thüringer Landbund), lui a refusé l’exercice de sa fonction
d’enseignement, mais il lui a conservé officiellement les droits et le titre de professeur
titulaire. En raison de la loi adoptée en avril 1933 relative à la reconstitution de la fonction
publique, Korsch a été licencié officiellement.
Jusqu’au milieu de l’année 1927, Korsch se revendiquait comme étant un “pur léniniste”,
ainsi qu’il l’exprimait dans l’article : “Lénine et le Komintern” (Die Internationale du 2 juin
1924). Pour lui « (il n’y avait) en Russie aucun dualisme entre les intérêts de l’État et ceux de
la classe prolétarienne » (Neue Zeitung, Iéna, 11 août 1924). En 1925, Korsch a commencé
de plus en plus à critiquer la stalinisation du Komintern et du KPD et il s’est retiré de
la rédaction de Die Internationale. C’est en automne 1925 qu’ont débuté les tentatives pour
unifier l’opposition d’ultragauche dans le KPD, des tentatives qui ont débouché sur la
fondation de la fraction interne du KPD de la “Gauche résolue” en janvier 1926 et à celle du
mensuel Kommunistische Politik en février 1926. À la suite de quoi, en mai de cette même
année, il a été exclu du parti. Pour Korsch et ses partisans, le Komintern était devenu un
instrument de la contre-révolution, un système contre-révolutionnaire qui régnait sur et contre
le prolétariat, et non pas au moyen du prolétariat. Selon Korsch, la dictature soviétique était
une “dictature des koulaks”. Le KPD, à l’instar du Komintern, était mort. Le “crétinisme
parlementaire” du KPD l’avait complètement abâtardi ; le KPD était devenu une véritable
“seconde social-démocratie”. Dans le processus « de la préparation et de l’organisation de la
révolution ainsi que de l’instauration de la dictature du prolétariat », toutes les “gauches” – à
l’exception de celle de Ruth Fischer-Arkadi Maslow qui était considérée comme “centriste” –
devaient se rassembler, en particulier au moment où il existait encore en Allemagne une
situation qui comportait « tous les éléments objectifs pour une politique concrètement
révolutionnaire ».
En compagnie des deux autres communistes également exclus, Ernst Schwarz* et Heinrich
Schlagewerth, Korsch a formé au Reichstag le Groupe des Communistes Internationaux, et il
a rejoint en novembre 1926 le groupe des Communistes de gauche au Reichstag ; il y a
collaboré avec, entre autres, le député Werner Scholem, qui avait été lui aussi exclu. C’est en
août 1926 que Korsch a lancé le mot d’ordre : « Pour un nouveau Zimmerwald ! », ce qui
signifiait l’association de tous “les communistes marxistes” en une véritable fraction
internationale du communisme contre les “liquidateurs léninistes” et les “centristes”. Korsch a
cherché à prendre contact avec le KAPD, au début sans succès. Le KAPD lui a répondu avec
un mépris sectaire :
« De même que la Centrale du KPD, Korsch cherche lui aussi à se créer une plateforme
dans sa lutte contre le KPD. Il essaie de présenter le KAPD comme étant sans influence, et il
est le grand dieu du nouveau Zimmerwald. Il est le grand Lénine de la gauche
zimmerwaldienne… L’avenir du mouvement ouvrier révolutionnaire est de toute façon
confronté à une claire décision : ou bien avec le KAPD, en tant que parti qui a résolu
pratiquement le problème des chefs et des masses et qui, dans le travail collectif communiste,
offre à tous les camarades qui suivent son programme la plateforme pour l’attaque et la
suppression révolutionnaires du capitalisme, ou bien, avec les “grands” hommes qui utilisent
l’immaturité du prolétariat pour leur politique bourgeoise de chefs et d’intrigues et pour leur
mégalomanie.
C’est à cette prétention du KAPD à être « le véritable parti de demain » que Korsch a
répondu de manière caustique : « Finalement, je dois repousser le lourd reproche selon lequel
c’est de ma “faute” si “l’influence du KAPD n'est pas plus grande”. Pour le moins, le KAPD
ne devrait pas invoquer cela. Mon activité ne devrait pas non plus à l’avenir consister
directement à faire grossir l’influence du KAPD. Nous voulons tout tenter pour éclairer, pour
aiguiser la conscience de classe du prolétariat et pour l’amener à une action
révolutionnaire. ».
Sur le plan international, Korsch a entretenu des contacts avec d’autres critiques du
stalinisme comme Amadeo Bordiga en Italie. Celui-ci a envoyé à Korsch une lettre qui était
une explication du fait qu’il se refusait à une intervention :
« L’on ne doit pas vouloir la scission des partis et de l’Internationale. L’on doit laisser
l’expérience de la discipline artificielle et mécanique aller à sa fin, et la suivre dans ses
absurdités de procédure aussi longtemps que ce sera possible sans jamais renoncer aux
positions de critique idéologique et politique et sans jamais se solidariser avec la tendance
prédominante. ».
La relation avec le dissident de gauche russe Timofei Sapronov (1887-1939), qui venait en
cachette à Berlin, s’est présentée de manière plus positive. Karl et Hedda Korsch, laquelle
étant une excellente interprète, parlaient avec lui de la perspective du communisme de gauche
au regard du capitalisme d’État russe. En 1927, il a été le seul orateur du Reichstag à critiquer
le traité commercial germano-soviétique que le KPD approuvait :
« Le Parti Communiste d’Allemagne, avec cette prise de position relative au traité
germano-soviétique, s’est placé objectivement sur le terrain de la communauté de travail
entre le prolétariat et la bourgeoisie à l’échelle internationale… [C’est un] fait que c’est
précisément aujourd'hui que l’Internationale Communiste et sa section allemande, le Parti
Communiste d’Allemagne, font l’un des pas les plus importants pour la préparation du 4 août
1914 pour l’Internationale… ».
Malgré un rapprochement politique indéniable, Korsch a en 1927 accentué sa critique du
KAPD en ce qui concerne la question syndicale : contre « le fétichisme organisationnel
antisyndical des membres du KAP et des partisans de Schwarz », Korsch insistait sur le fait
que la première tâche « des vrais communistes, des marxistes révolutionnaires » était de
« participer à toutes les luttes économiques et politiques de la classe ouvrière et d’entrer dans
toutes les organisations économiques et politiques de lutte de la classe ouvrière. ».
En 1929, Korsch a soutenu Miasnikov qui s’était enfui de Russie pour aller en Perse et
ensuite en Turquie. Korsch a constitué un Comité international en faveur de Miasnikov, qui
avait rédigé un Manifeste du Groupe Ouvrier du Parti Communiste Russe (b), afin de l’aider
politiquement et financièrement.
En 1929, Korsch a été critiqué par Trotski dans “La défense de la République soviétique et
l’Opposition” comme étant un ennemi de la “patrie socialiste soviétique” :
« 1. L’on doit prendre une claire position en ce qui concerne la question de Thermidor et du
caractère de classe de l’État soviétique d’aujourd'hui. L’on doit condamner de manière
implacable les tendances korschistes.
« 2. L’on doit prendre la position de la défense résolue et inconditionnelle de l’URSS contre
les dangers extérieurs, ce qui implique une lutte impitoyable contre le stalinisme dans la
guerre encore plus que dans la paix. ».
Entre autres à cause du soutien de Korsch à la Déclaration des 700, un appel de la gauche
modérée du KPD, il y a eu une séparation avec Ernst Schwarz et une cessation de la revue.
Par la suite et jusqu’en 1933, le groupe de Korsch a plutôt agi comme une association de
cercles de nature lâche. Des contacts ont ainsi été entretenus, entre autres, avec la gauche du
SPD, avec le Leninbund de Hugo Urbahns, avec le KAPD et avec le mouvement de résistance
des “Rote Kämpfer”. L’on ambitionnait une coopération plus intensive des gauches. Il y a eu
également de manière temporaire une coopération avec un syndicat indépendant de gauche, le
Deutsche Industrie-Verband (DIV), pour lequel Korsch a organisé des conférences et des
cours concernant avant tout les questions du droit du travail et pour le journal (Kampffront)
duquel il a écrit plusieurs articles. À partir de 1931, il a écrit et discuté aussi régulièrement
dans la revue Der Gegner publiée par Franz Jung et Harro Schulze-Boysen.
Korsch s’est consacré au cours de ces années-là à des études et à des discussions théoriques.
Il a discuté avec Alfred Doblin, de même qu’avec le social-révolutionnaire de gauche russe
Isaak Nachman Steinberg (1888-1957), avec Erich Mühsam, Augustin Souchy (FAUD),
Heinz Langerhans*, Alexander Schwab*. Durant l’été 1929, il a pris contact avec Pannekoek
et Henk Sneevliet. En 1931, il a été invité (comme délégué de la FAUD) au Congrès de la
CNT anarcho-syndicaliste à Madrid.
Après l’arrivée au pouvoir du NSDAP en 1933, Korsch est d’abord entré en clandestinité,
puis, à l’automne de cette année-là, il a émigré au Danemark, ensuite en Grande-Bretagne et
finalement aux États-Unis en 1936. En exil, il a collaboré avec Bertold Brecht, avec les
membres du SAPD et des groupes communistes des conseils comme celui du cercle gravitant
autour de Paul Mattick aux USA, et il s’est consacré à des études théoriques intensives (par
exemple sur Karl Marx, sur Mikhaïl Bakounine et sur des questions sociologiques). En 1935,
Korsch a été calomnié par le KPD qui l’a traité d’“agent trotskiste d’Hitler”, ainsi que
Michael Buckmiller le rapporte à la page 105 de l’annuaire 1.
Il a toujours conservé une conception du marxisme qui ne comprenait pas celui-ci comme
une matière académique. Le marxisme révolutionnaire ne pouvait être que le support d’un
bouleversement de la production capitaliste :
« 2. Il [le marxisme] n'est pas positif, mais critique.
3. Son sujet n’est pas la société capitaliste existante et confirmée dans sa stabilité, mais la
société capitaliste en déclin et qui démontre qu’elle est en déclin.
4. Son but n’est pas la contemplation et la jouissance du monde, mais son bouleversement
pratique. ».
Durant la guerre d’Espagne, il a soutenu les tentatives de socialisation de la CNT, bien que
cela ait impliqué la rupture du “Front d’unité antifasciste” avec la bourgeoisie républicaine :
« Pour la première fois depuis les tentatives de socialisation effectuées en Russie soviétique,
en Hongrie et en Allemagne, après le Première Guerre mondiale, la lutte révolutionaire ici
décrite des ouvriers espagnols montre un nouveau type de passage du mode de production
capitaliste à un mode de production fondé sur l’économie communautaire qui, même s’il n’est
pas achevé, est mis en oeuvre selon une diversité impressionnante de formes. L’importance de
cette expérience révolutionnaire n'est pas diminuée par le fait que ces progrès de la classe
ouvrière sur la voie d’une économie communautaire libre ont été détruits entre-temps soit, de
l’extérieur, par l’avancée de la contre-révolution, soit, de l’intérieur, par les soi-disant alliés
du front antifasciste. Du fait de l’oppression ouverte ou – plus fréquemment – sous le prétexte
de la “nécessité supérieure” d’une conduite disciplinée de la guerre, les travailleurs ont été
obligés de renoncer aux fruits de leur lutte. Les réalisations révolutionnaires de la première
heure ont été en grande partie volontairement sacrifiées par leurs initiateurs dans le vain
souci de favoriser ainsi l’objectif suprême, c'est-à-dire la lutte commune contre le fascisme.
Malgré tout, les efforts des travailleurs espagnols sur le front social et économique n’ont pas
été totalement inutiles. ».
En ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale et son écran de fumée idéologique, Karl
Korsch a été très clair en 1941 :
« Les travailleurs ne peuvent pas participer à “la lutte de la démocratie contre le fascisme”
pour la simple et bonne raison que cette lutte n’existe pas. Pour les travailleurs des pays
jusqu’ici démocratiques, combattre le fascisme signifie, en premier lieu, combattre la branche
démocratique du fascisme dans leur propre pays… C'est précisément en dehors des champs
de bataille de la guerre capitaliste que se développe la lutte pour un nouvel ordre social.
L'action décisive des travailleurs commence là où la guerre capitaliste s'achève. ».
Aux USA, Korsch a obtenu plusieurs postes d’enseignement et de recherche, ainsi que de
professeur invité, dans les universités, entre autres, de Washington State College à Pullman et
de Tulane University à La Nouvelle Orléans, mais beaucoup de ses candidatures à des postes
d’enseignant ont été refusées pour des motifs politiques. Dans ses “Dix thèses sur le
marxisme aujourd'hui” qu’il a diffusées en 1950 lors d’une conférence à Zurich, Korsch a
rompu avec le marxisme traditionnel. Pour lui l’idéologie du marxisme-léninismebolchevisme
fusionnait avec le capitalisme d’État :
« VII. 1. La survalorisation de l’État en tant qu’instrument de la révolution sociale ;
2. L’identification mystique du développement de l’économie capitaliste avec la révolution
sociale de la classe ouvrière…
VII. … Dans le même temps, a eu lieu l’évolution du socialisme marxiste d’une théorie
révolutionnaire vers une idéologie qui peut être mise et qui a été mise au service d’un grand
nombre d’objectifs ».
À partir de 1956, une grave maladie (dégradation des cellules cérébrales) est devenue
visible chez Korsch ; il a dû passer les quatre dernières années de sa vie dans des hôpitaux et
des sanatoriums. Il est mort en 1961 à Cambridge (Massachusetts).
KORTH, ERNST
Ouvrer des chantiers navals de Hambourg, Altona, 22 Teichstrasse, fonctionnaire du KAPD.
KORTH, HANS (? – 1929)
Hambourg, marin, IWW, AAU Hambourg.
KORTH, RUDOLF KARL GEORG (18. 02.1914 – ?)
Habitant à Berlin, Baumschulenweg, Colonie des amis de la nature n°134, employé de
banque ; en 1931, SAJ et AVB, fréquentation de l’école élémentaire, il a travaillé ensuite
comme coursier à la Diskonto-Gesellschaft ; en 1931, il est devenu membre de la SAJ jusqu’à
sa dissolution, et, à partir de 1931, membre du Syndicat Général des Employés de Banque
Allemands ; à l’été 1936, huit semaines de formation au 14° bataillon supplémentaire à
Küstrin (aujourd'hui Kostrzyn/Pologne) ; il a appartenu à partir de 1934 aux “Rote Kämpfer” ;
arrêté le 10.12.1936, en détention préventive à partir du 29.12.1936 à la prison de Berlin-
Plötzensee, mandat d’arrêt du tribunal d’instance du 29.12.36 ; le 19.10.1937, condamné à un
an d’emprisonnement par le Tribunal régional supérieur de Berlin dans la procédure visant
Hugo Broecker, entre autres, pour cause de “préparatifs de haute trahison”.
KOSCHZOLL, FRANZ
Dresde, bureau d’information de l’AAUE, Dresde-Saxe orientale.
KRACKE
KAPD ; fonctionnaire à Friedrichsort (Kiel).
KRANNICH, HUGO
Hambourg, 1 Sachsenstrasse IV, responsable du KAPD à Hambourg, spécialiste du droit de la
presse pour les journaux du KAPD à Hambourg.
KRÄUKE
66 Hüttenstrasse, il représentait le quartier de Grambke dans le Comité local de l’AAU de
Brême.
KRAUS, KARL
Francfort-sur-le-Main, KPD, KAPD, AAUD, 1921-1931 AAUE ; dirigeant de l’INO
(Internacia Informservo – Service d’Information International en espéranto) ; 1931-1933
membre de la KAU. Durant la Conférence de fondation en décembre 1931, il a déclaré « que
Francfort s’était décidé pour le nom de la KAU pour la raison que l’Union, après
l’unification, n’était plus l’AAU au sens traditionnel. En outre, il n’est plus possible aussi de
lui attribuer des tendances syndicalistes. ».
KRAUSE, HEINZ (17.12.1900 – 28.12.1986)
Berlin ; électricien, employé de la poste, magasinier chez Daimler, Berlin-Marienfelde, 1935-
1965. Fils d’un mineur, né à Obenwaldenburg (Haute-Silésie). Durant la Première Guerre
mondiale, c’est en tant qu’apprenti dans une usine d’armement qu’il est entré en contact avec
l’agitation antimilitariste et les mouvements de grève. Il a pris part aux manifestations et aux
luttes de 1918-1919 à Berlin, il a adhéré au SPD et en 1920 au VKPD. Il a été actif dans le
syndicat en tant que délégué du personnel. En janvier 1929, exclu du KPD, il a rejoint
l’Opposition du KPD. Après 1933, il a mené un travail illégal avec Rudolf Umbach (1908-
1999), Fritz Käufer et d’autres. À partir de 1937, il a été membre de la direction du KPO
berlinois avec Käthe Dräger (1900-1974).
Après 1945, il a adhéré au KPD à Berlin-Ouest, mais il était aussi membre des groupes
gravitant autour d’Alfred Weiland (GIS, SWV). En 1949, il a été exclu du SED. Il a collaboré
ensuite avec le Gruppe Arbeiterpolitik [Groupe de la Politique Ouvrière] (GAP) jusqu’en
1953. Lorsque ce dernier a décidé de voter pour le SPD lors des élections au Bundestag, il
s’est retiré, mais il y a repris sa collaboration en 1956. Lors de sa retraite, il a déménagé à
Fellbach près de Stuttgart où il a gardé le contact avec le GAP.
KRULL, ARTHUR (18.01.1898 – 13.07.1964)
Ajusteur et outilleur, Brunswick, gendre d’August Merges*, KAPD et AAU, qui avait 200
membres à Brunswick, et ensuite AAUE. Il a travaillé en 1945 à la fabrique de machines
Karges & Hammer. Il y a été président du comité d’entreprise et actif syndicalement. Il a été
nommé en 1946 dans le Landtag de Brunswick désigné par les Alliés. Au cours de la première
période électorale, il a représenté le KPD du 20.04.1947 au 23.10.1947 au Landtag élu de
Basse Saxe. Il a ensuite renoncé à son mandat. En 1949, c’est lui qui a fait le l’éloge funèbre
devant le tombeau de Minna Fasshauer* dans lequel il rendait hommage à son activité
politique. En 1950, Arthur Krull a finalement rompu avec le KPD et il a adhéré au SPD.
KRUSE
AAU Chemnitz. Il a représenté l’AAU de Chemnitz lors de la Conférence fondatrice de la
KAU (décembre 1931).
KUBACKI, MAX
Berlin ? AAU-Opposition, 1927-1928.
KUBAKI (ou KUBACKI ?), GERTRUD (TRUDE)
Berlin, KAU, après 1933 travail illégal avec Alfred Weiland. Après 1945, GIS/SWV.
KÜCHLER, MARTIN
AAUE, Rédacteur du Proletarier Zeitgeist, Freital/Heidenau.
KUES, KARL
KAPD, assesseur dans la direction centrale.
KUHLMANN, ELLA
KAPD Hambourg.
KULBE, PETER
Conseiller de district dans celui de Wasserkante, AAUE.
KÜNITZ, JOHANN (1879 – ?)
Avant 1914, membre de la Fédération Anarchiste d’Allemagne (AFD) ; en 1920, il est passé
au KAPD.
KUNOW, WILHELM (1896 – 1978)
Berlin-Steglitz, GHA du KAP, 1927
KUNTZE, KARL (1909 – 8.11.1989)
Né à Schivelbein/Świdin comme fils d’un conducteur de locomotive social-démocrate. De
1925 jusqu’au baccalauréat en 1929, il a fréquenté l'établissement d'enseignement public de
Berlin-Lichterfelde, il a adhéré au SPD et il a participé au travail de l’Association pour les
Sciences Sociales (SWV) des anciens communistes de gauche et des sociaux-démocrates de
gauche, laquelle était dirigée entre autres par son oncle Karl Schröder* et provenait du cercle
communiste des conseils des Rote Kämpfer. En 1929-1931, formation d’apprentissage à
Francfort/Main et collaboration avec l’Association des étudiants socialistes. En 1931, Kuntze
revient à Berlin où il a été enseignant dans une école primaire expérimentale, la Karl-Marx-
Schule (Berlin-Neukölln) et où il a participé au travail antifasciste conspirationnel des “Rote
Kämpfer”. Au début de 1934, il est transféré à Pokraken (Prusse orientale) [depuis 1946 :
Leninskoje] comme instituteur dans une école de village, et lui et sa femme Marianne Kuntze
ont été arrêté en novembre 1934 à cause de contacts pris avec des restes du KAPD et des
visites qu’ils leur ont faites (Königsberg) ; ils ont été condamnés à deux années de prison en
raison de « préparatifs de haute trahison ». Après cette condamnation, d’abord exclu du
service militaire, Kuntze a été incorporé en 1942 dans l’“’unité de probation 999” ainsi
nommée et envoyé en Afrique du Nord où il a été fait prisonnier de guerre.
Aux USA, il a pris une part intensive au travail culturel et politique de formation des
antifascistes allemands parmi ses codétenus, et finalement comme directeur des études des
groupes de travail du camp “special-project” de Fort Kearney qui essayaient, par la
collaboration à des plans des USA comme puisance de détention, puis d’occupation, d’influer
sur la réorganisation de l’Allemagne d’après-guerre. Après son retour en Allemagne, Kuntze a
dirigé de 1946 jusqu’en 1951 la radio scolaire de Radio Stuttgart (radio de l’Allemagne du
Sud). Durant la Guerre froide, il a été évincé de ce poste, et il a travaillé ensuite jusqu’en 1972
à la radio scolaire du Bade-Wurtemberg et il est mort à Dinkelsbühl.
KUNZE (KUNTZE ?), ELLEN
Potsdam, KAPD/AAU ; à partir de 1928, rédactrice du Kampfruf ; en 1931-1933 KAU ; en
1945 KPD/SED, secrétaire d’Alfred Weiland*, en 1948 exclusion du SED, fuite à Berlin-
Ouest, en ensuite en l’Allemagne de l’Ouest.
KUNZE, FRITZ (12.10.1895 – 1960 ?), alias SACHSE, SACKERMANN, RICHARD
PETERSEN, R.P.
Berlin-Lichtenberg; deuxième mari de Anna Classe-Lage* ; pharmacien, correcteur,
ingénieur, écrivain spécialisé. Son beau-frère était Hans Pfeiffer (1895-1968) qui a occupé le
poste de secrétaire de parti pour le KPD entre autres à Magdebourg, à Nuremberg et à Berlin.
Durant la guerre, Kunze a été membre de la FSJ, du Spartakusbund, en ensuite en 1917 de
l’USPD. En novembre 1918, il était infirmier sur le front russe à Baranovitchi, Biélorussie.
De retour à Berlin, il a été désigné comme délégué dans le conseil des chômeurs de Berlin. Il
était secrétaire de la fraction du KPD dans le conseil des ouvriers et des soldats de Berlin. En
avril 1919, il a été envoyé à Munich par le KPD, et, à la suite de la défaite de la République
des conseils, il est revenu à Berlin. À partir d’avril 1920, Kunze s’est vu confier des tâches
importantes à la tête du KAPD. Il a été dirigeant de l’Organisation de lutte du KAPD et, en
compagnie de Max Rosam* et de Karl Schröder*, rédacteur du KAZ. C’est en tant que
responsable juridique de presse du KAZ qu’il a été arrêté en mai 1921 à cause de l’article :
« L’esprit de Max Hölz est toujours vif ». Mais son véritable auteur était Bernhard
Reichenbach*. Kunze a été condamné par un tribunal spécial pour cause de “haute trahison”
et il a été libéré six semaines plus tard. En juillet 1921, il a été envoyé en Russie par le KAPD
muni de documents fourni par un prisonnier de guerre qui était revenu au pays. C’est dans le
train qui le menait à Leningrad qu’il a rencontré le peintre dadaïste Johannes Becker (1875-
1855).
À Moscou, en tant que secrétaire de la rédaction du KAZ, Fritz Kunze a été le chef de
l’organisation de la délégation du KAPD au III° Congrès mondial du Komintern. En tant que
dirigeant de l’Organisation de combat du KAPD, il a participé à Leningrad à une formation
d’officier. Dans un récit écrit quelques décennies plus tard sur son voyage aventureux, il
soulignait que, en Russie, « la grande majorité de la population était restée analphabète ». –
« Le travailleur en Allemagne, et même le chômeur, vit mieux, a une meilleure alimentation,
qui est plus riche que même celle des délégués au Congrès ».
Il a admiré tout particulièrement Trotski : « Trotski a par exemple tenu un discours en
allemand, a bu dans un verre à eau, a parlé ensuite en russe, a bu de nouveau une gorgée
d’eau et a parlé en français ». Kunze a également parlé avec Lénine et il a rencontré la
Kroupskaïa ainsi que la soeur de Lénine. Il est revenu avec la délégation du KAPD à
Hambourg, mais il s’est retrouvé rapidement sans travail. Il a été choisi comme délégué pour
le Congrès des chômeurs berlinois. Mais son chômage n’a pas duré. Il a trouvé du travail
comme pharmacien, puis comme correcteur à la Maison d’édition E.S. Miller et fils. Avec
Adam Scharrer* et August Wülfrath*, Kunze a été membre du GHA du KAPD jusqu’à
environ 1929 ; en 1926 et 1927, il a été rédacteur de la revue théorique Proletarier sous le
pseudonyme de RICHARD PETERSEN. En 1931, il a quitté le KAPD et est retourné au KPD
avec sa compagne Anna Classe-Lange. En mars 1933, il a été arrêté, et ensuite interné
pendant six semaines au KZ de Sonnenburg (Słońsk).
Redevenu chômeur, Kunze a préparé un examen technique. Ensuite, il a pu travailler de
1938 à 1945 comme ingénieur (développement des tuyaux) chez Telefunken à Berlin. Après
la fin de la guerre, il a fondé en mai 1945, la section du KPD de Berlin-Kaulsdorf ainsi que la
Kaulsdorfer Kulturbund « pour le renouveau de la culture allemande », et il est devenu un
auteur spécialisé en ce qui concerne la technologie de la radio. Plus tard, il semble avoir cessé
toute activité politique.
KURRAT, FRIZ
Leipzig, cordonnier, KPD, AAU, KAU, après 1933 travail illégal, KZ, après sa libération de
nouveau travail illégal, et à partir de 1945 KPD/SED.
KUSCHEWSKI, KURT
Berlin, trésorier, KAPD, un des responsables de l’AAU à Berlin ; plus tard AAUE. Il a
déclaré le 13 avril 1921 au cours d’une réunion de fonctionnaires qu’« il devait s’éloigner
d’un parti qui … s’instituait en un parti dans lequel une politique du chef et une certaine
dictature des chefs se propageaient ».
KÜSTER
Il a été en février 1921 délégué au congrès du KAPD à Gotha.
LADWIG, L. ( ? – 19.01.1920)
Travaillant sur le chantier naval brêmois de l’AG-Weser, il a été actif dans l’AAU.
LÄMMERZAHL, MAX
Suppléant dans le Comité du travail berlinois, AAU Berlin.
LAMPE, FRIEDRICH
Ouvrier, Berlin, AAUE.
LAND, FRITZ
De 1922 à 1924, AAUE, Zwickau.
LANGE, GUSTAV
Cologne, 1920 AAU/KPD ; à partir de 1924, rédacteur du Kampfruf.
LANGE, KURT [= ERNST LINCKE]
LANGENDORF, RUDOLF (19.12.1894 – 15.09.1942)
Mannheim (Bade-Wurtemberg), comptable, négociant technique, né dans une famille
catholique à Hausen im Wiesenthal/Pays de Bade. Lors de la révolution de Novembre, il
faisait partie du conseil des ouvriers et des soldats de Lörrach, il a adhéré en 1919 au KPD à
Mannheim, et il est passé au début des années 20 au KAPD sans y être actif. En 1925,
condamné à une peine de prison de trois années, Langendorf a été, après sa libération,
collaborateur de la direction du district de Baden dans laquelle il était principalement
responsable de la distribution de la littérature.
En mars 1933 arrêté, il a été placé en “détention préventive” jusqu’en 1935 dans les KZ de
Heuberg, d’Ankenbuck et de Kislau. Après sa libération, il a cherché à nouer le contact avec
le fonctionnaire du KPD du Pays de Bade Georg Lechleiter. C’est avec lui et avec d’autres
membres du KPD qu’il a constitué à partir de 1941 le Groupe-Lechleiter, l’un des plus
importants groupe de résistance du KPD. Ce groupe ne produisait pas seulement des tracts à
Mannheim, mais aussi le journal illégal Der Vorbote. Ce dernier à été distribué dans les plus
grandes entreprises jusqu’au moment où le groupe s’est fait pincer. En février 1942, Rudolf
Langendorf a été arrêté, et en mai 1942, avec Georg Lechleiter et d’autres, condamné à mort
et exécuté le 15 septembre 1942.
LANGERHANS, HEINZ (22.02.1904 – 4.05.1976), alias ALPHA
Né à Köpenick ; fils du juriste Georg Langerhans (1870-1918), maire de Köpenick, et de son
épouse Katarina, née Otto.
Heinz Langerhans a adhéré au KPD en 1922 et, après son diplôme en 1923 (lycée de
Körnerschule, Berlin-Köpenick) comme étudiant à l’Institut Universitaire de Technologie,
Berlin-Charlottenburg, il a travaillé dans la Fraction Étudiante Communiste (KOSTUFRA).
En 1923, il a été collaborateur de la direction de gauche du KPD du district de Berlin-
Brandebourg. Après la victoire de la gauche en 1924, il a été l’assistant personnel de Ruth
Fischer dans la Centrale et secrétaire du Bureau politique. Étant donné que, après la
destitution de Fischer et de Maslow, il s’était engagé dans l’Opposition de gauche, il a été
exclu en tant que “korschiste” du KPD en 1926. Collaboration avec le groupe de Korsch et
début d’une étroite amitié avec Karl Korsch. Langerhans a d’abord étudié l’architecture, et
puis il s’est tourné à Berlin vers la sociologie. Ses études se sont terminées à Francfort/Main.
En 1931, doctorat en sociologie auprès de Max Horkheimer (co-rapporteur Karl Mannheim),
titre de la thèse : Syndicats orientés politiquement et autonomie syndicale. Une recherche
relative à l’histoire de l’hégémonie du syndicat dans le mouvement ouvrier allemand 1890-
1914 ». De 1929 à 1932, collaborateur de l’Institut pour la Recherche sociale de Francfort.
En 1930, après la dislocation du Groupe-Korsch, adhésion tactique au SPD. En 1932, retour à
Berlin où il a essayé de s’établir comme journaliste, amitié avec entre autres Bertold Brecht.
Le 27 février 1933, au soir de l’incendie du Reichstag, le cercle des amis et d’études de
Korsch s’est réuni une dernière fois.
Langerhans a décidé de rester en Allemagne et il a constitué, avec des camarades issus du
groupe local de Charlottenburg du SPD, un groupe indépendant de résistance. Ils ont publié
deux journaux illégaux : Die Initiative et Proletarier Pressedienst. Le groupe a été dénoncé et
Langerhans a été arrêté en décembre 1933 pour diffusion de littérature antifasciste et torturé
dans la prison de la Gestapo. Le ministère public l’a inculpé pour trahison du pays et a
demandé une peine de quinze ans de privation de liberté. Korsch, qui séjournait avec Brecht
en exil danois à l'époque, s’est alors efforcé de prouver que les informations – principalement
des nouvelles sur les activités d’armement dans l’Allemagne national-socialiste – étaient déjà
connues à l’étranger avant que le journal reproduit par Langerhans ne soit imprimé. Les
anarcho-syndicalistes suédois (SAC) ont imprimé sur sa demande une publication avec les
déclarations correspondantes et ils ont antidaté la feuille ; Harald Andersen-Harild, un
membre du KAP danois, en a passé un exemplaire an contrebande en Allemagne et il l’a fait
parvenir dans la salle d’audience à l’adresse du défenseur de Langerhans, après quoi une
preuve rigoureuse des documents n’était plus possible. Les pièces justificatives ont été
acceptées et Langerhans n’a pas été condamné pour trahison du pays, mais “seulement” pour
haute trahison, et puni de trois années d’incarcération à la prison de Brandebourg-Görden.
En mai 1935, sont parues dans l’International Council Correspondance, rédigée par Paul
Mattick, ses thèses relatives à la compréhension du présent sous le titre : “The Next World
Crisis, the Second World War and the World Revolution”. Le manuscrit avait déjà eu
jusqu’au moment de sa publication un long chemin derrière lui : en juillet 1934, rédigé dans
une prison national-socialiste sur du papier à cigarette, sorti en contrebande de la prison par
un détenu “apolitique” libéré, il est parvenu à son destinataire en exil, Karl Korsch, à la fin de
1934.
Lors de sa libération de prison, Langerhans a été transféré immédiatement en KZ et,
jusqu’en 1939, interné dans celui de Sachsenhausen où il a dû travailler comme constructeur
de baraques. Dans le cadre d’une amnistie à l’occasion du 50° anniversaire d’Hitler, il a été
gracié en avril 1939 en même temps qu’environ 2 000 détenus choisis arbitrairement. Étant
donné que Langerhans s’attendait à une nouvelle incarcération, il s’est enfui, lors d’une action
du genre Nacht-und-Nebel, qui avait été organisée par son amie Ilse Bloch (en exil à
Amsterdam), tout d’abord à Anvers. Là, il a repris contact avec Korsch et avec son Institut
pour la Recherche sociale, ainsi qu’avec le groupe Korsch, et en particulier avec Walter R.
Boelke. Il s’est également lié d’une étroite amitié et d’une alliance de travail avec le socialiste
de gauche Leo Friedmann.
Influencé par le pacte Hitler-Staline, il a actualisé ses thèses sur le capitalisme d’État et sur
le fascisme et il a écrit deux tracts que Paul Mattick a publiés : “Guerre et fascisme” et
“Lettre à un défaitiste. Concerne : Bulletin de l’IAF contre le guerre”. Lorsque la Wehrmacht
a envahi les États du Benelux en mai 1940, Langerhans et Friedmann ont traversé la frontière
française. Il a de nouveau été arrêté en France et envoyé dans le Sud de la France. Là,
internement dans les camps de St Cyprien, Gurs et Les Mille. Avec l’aide de Korsch, du
Comité Matteotti et de l’Institut pour la Recherche sociale qui s’était entre-temps établi à New
York, il a obtenu des papiers et un visa d’entrée pour les USA. En mai 1941, presque
exactement un an après sa fuite de Belgique, Felix Weil, le fondateur de l’Institut pour la
Recherche sociale, a pu le l’accueillir à New York.
Soutenu par une bourse d’études de l’Institut pour la Recherche sociale, défrayé par
quelques postes de chargé de cours (1942, maître de conférences à la St. Pauls’s Academy,
Concord/New Hampshire et à la Andover Academy, Boston/Massachusetts ; 1941-1945,
fellow de l’International Institute of Social Research, Columbia University, New York /N.Y.),
il lui a été possible de faire déboucher ses expériences dans le mouvement ouvrier et dans le
national-socialisme, ainsi que sa polémique, fondée sur le communisme des conseils, avec le
la “bolchevisation” du mouvement communiste, sur un bilan important : c’est en 1941/42
qu’est né – mais est resté inédit – son ouvrage principal : “How to Overcome
Totalitarianism”. En 1942/43, il a élaboré, en tant que collaborateur du premier Projetantisémitisme
de l’Institut pour la Recherche sociale, l’étude : “L’attitude de la population
allemande vis-à-vis du programme antisémite du gouvernement nazi” (1943). En 1944/45, il a
travaillé avec Ruth Fischer au projet-“Network” relatif à la dégénérescence des structures
staliniennes d’influence dans le milieu des émigrants allemands, il a retravaillé son ouvrage
principal : “Staline et le communisme allemand. Le passage à la contre-révolution”, et il s’est
occupé de sa traduction en allemand.
De 1947 à 1956, professeur de sociologie au Gettysburg College, Gettysburg/Pennsylvanie,
en 1956 retour en Allemagne, professeur invité de sociologie à l’Université de la Sarre. En
1959-1964, professeur de sociologie à l’université de Dacca (à cette époque encore “Pakistan
oriental”), où il a aussi participé à la fondation de la faculté de sociologie. En 1966, par
l’entremise de Wolfgang Abendroth, il a obtenu un poste d’enseignement relatif à l’éducation
politique à Giessen, ensuite en tant que professeur non titulaire et, à partir de 1969, comme
professeur titulaire et directeur du séminaire pour l’éducation politique. Après son départ à la
retraite en 1972, il s’est retiré à Francfort/Main. Le 4 mai 1976, Heinz Langerhans est mort
par suite d’une grave maladie à Bad Homburg.
LANGFELD, MARTIN
Zittau, 1922 AAUE.
LANZER, ROBERT [=RUDOLF LEONHARD]
LARSZ, FRANZ [= FRANZ JUNG]
LAUFENBERG, DR. HEINRICH (19.01.1872 – 3.02.1932), alias KARL ERLER
Né à Cologne, fils de parents catholiques aisés. Il a étudié la philosophie et il obtenu son
doctorat en 1902 à l’université de Rostock avec sa thèse sur : La valeur historique du
panégyrique de l’évêque Ennodius. Par la suite rédacteur du journal du Parti du Centre
Germania à Berlin, il a voyagé pour des motifs d’étude en Grande-Bretagne. Revenu en
Allemagne, Laufenberg a quitté le Parti du Centre et est devenu membre du SPD. De 1904 à
1907, rédacteur de l’organe du SPD, le Volkszeitung, à Dusseldorf, participant au Congrès
Socialiste International en 1907 à Stuttgart et délégué du Congrès du SPD en 1907 et de 1911
à 1913. Durant la Guerre mondiale, il faisait partie des adversaires les plus résolus de la
guerre et de la politique de trêve politique du SPD. Avec Fritz Wolffheim*, il a mené une
propagande en faveur des actions révolutionnaires de masse sous la direction d’un parti de
cadres selon le modèle des bolcheviks. Le commandement général de Hambourg lui a interdit
en août 1915 tout travail politique et l’a convoqué pour le service militaire. Revenu du front,
Laufenberg a pris la direction des radicaux de gauche de Hambourg. Du fait de son initiative
et de celle de Wolffheim, le petit groupe des radicaux de gauche (100 à 200 membres) a
atteint dans le conseil des ouvriers et des soldats une position qui a largement dépassé sa force
numérique. Laufenberg est devenu le 12 novembre 1918 président du conseil des ouvriers et
des soldats de Hambourg et il a essayé de faire prévaloir de manière systématique et avec
assurance sa revendication de la direction de cet organe révolutionnaire. Ses adversaires
politiques l’ont bientôt traité de « dictateur rouge du Grand-Hambourg » et de « nouveau
Danton ».
Au cours de la révolution, il a adhéré en 1919 au KPD et il a démissionné le 20 janvier 1919
de sa charge de président du conseil des ouvriers et des soldats. L’aura de Laufenberg et de
Wolffheim, qu’ils ont obtenue pendant les journées révolutionnaires, a assuré à la jeune
organisation du KPD hambourgeois un entourage initial considérable. Elle a compté 6 000
membres au cours de l’été de 1919. Avec Wolffheim et Otto Rühle*, Laufenberg a défendu
une politique syndicaliste et anti-autoritaire du KPD et il s’est opposé de manière résolue aux
lignes directrices relatives aux principes et à la tactique communistes adoptés lors du II°
Congrès en 1919. En novembre 1919 à Hambourg, condamné par un tribunal de guerre
extraordinaire à un an de prison, il a été amnistié par le Sénat de Hambourg en avril 1920. En
1919-1920, Wolffheim et Laufenberg ont dévoilé l’approche nationale de leur programme et
ils ont défendu ouvertement la reprise des hostilités armées contre « le captal financier angloaméricain
» aux côtés de la Russie soviétique. En novembre 1919, ils publient la brochure :
Guerre révolutionnaire du peuple ou guerre civile contre-révolutionnaire ? Dans l'esprit « de
la trêve civile promise pour le moment de la guerre dirigée vers l’extérieur », les Dioscures
hambourgeois ont sondé les milieux militaires ayant une orientation nationale-patriotique en
vue d’un soutien de leurs objectifs de politique extérieure.
Laufenberg a été exclu du KPD lors du III° Congrès du Parti en 1920 et il a ensuite emmené
avec lui au KAPD presque l’ensemble des membres hambourgeois. Laufenberg, Wolffheim et
Emil Geiger*, sont parvenus rapidement à la tête du district Nord du KAPD et ils ont été
délégués au Congrès du KAPD en août 1920. Mais déjà en août 1920, ils ont été à nouveau
exclus de ce parti.
Laufenberg et Wolffheim ont rapidement été complètement isolés. C’est pourquoi, en
septembre 1920, est née la “Freie Vereinigung zum Studium des deutschen Kommunismus”
[Libre Association pour l’Étude du Communisme allemand], une “société de propagande”
qui, en tant que cercle théorique, complétait le “Bund der Kommunisten” [Union des
Communistes] qui avait été créé en parallèle à Bremerhaven. Ce “Bund der Kommunisten”
devait constituer « l’organisation de défense révolutionnaire contre les puissances
impérialistes de la Société des Nations » et faire avancer pour cela « la constitution de
l’Armée rouge ». De nouveaux groupes du “Bund” sont certes nés à l’extérieur de Hambourg,
de Bremerhaven et de Berlin, mais ils se sont tous sans exception délités peu de temps après.
Le groupe de Hambourg, qui comptait au début environ 200 membres et qui s’est stabilisé
ensuite à environ 150 membres, n’a existé que pendant quelques années. Après les succès
initiaux spectaculaires de la “Freie Vereinigung zum Studium des deutschen Kommunismus”,
il s’est produit une forte chute qui a été provoquée par le déclassement des capitaines et des
officiers de marine dont les navires de commerce avaient dû être livrés par suite du traité de
Versailles. C’est ainsi que les cercles de propagande ont plongé rapidement jusqu’à atteindre
une complète insignifiance, et que de plus, à l’automne 1922, avec la retraite de l’Armée
rouge de Pologne, l’espoir, dans les cercles bourgeois déstabilisés, du début d’une hégémonie
de la Russie soviétique avait rapidement disparu.
La volonté de Laufenberg et de Wolffheim de transférer l’AAU du district de Wasserkante
dans le “Bund der Kommunisten” a échoué étant donné que le Comité de lutte, qui était formé
de manière paritaire par le KPD et le KAPD, avait imposé leur exclusion de l’AAU en avril
1921.
En septembre 1921, Laufenberg a fondé une maison d’édition, la Hamburger Kulturverlag,
qui a publié sa revue théorique, la Volkswart, avec le sous-titre programmatique : “Bimensuel
sans parti pour une structure sans classes et une politique étrangère révolutionnaire”.
Après1923, après sa rupture avec Wolffheim, Laufenberg a ouvert une petite imprimerie. En
1923, il a été l’éditeur de la revue Weg und Ziel – Organe pour la reconstruction allemande –,
et en 1927, il a coédité la revue Harpune – Mensuel pour un radicalisme culturel. Il a pris se
distances avec le marxisme avec l’article : “Karl Marx, l’idéaliste de la conception
matérialiste de l’histoire”.
Heinrich Laufenberg est mort complètement appauvri le 3 février 1932 à Hambourg. Une
notice nécrologique dans le Kampfruf, l’organe de l’AAU, le saluait comme « un adversaire
résolu du national-socialisme ».
LEHMANN, BERNHARD
Ouvrier, KAPD/AAU. Lehmann est né en 1902 à Forst/Lusace. Il y habitait en 1938 au 36
Taubenstrasse. L’on ignore s’il a appris un métier et, si cela a été le cas, lequel. Lorsqu’il est
arrêté le 24 mars 1938 par la police à Forst, il travaillait comme ouvrier à la construction
d’une autoroute du Reich. Au cours de son arrestation, la police politique a trouvé chez lui des
écrits “de haute trahison”, parmi lesquels le “Programme et les statuts d’organisation du
KAPD”. Il lui a été reproché lors du procès devant le Tribunal du peuple” d’avoir mené des
activités de haute trahison, en tant que fonctionnaire du cercle communiste des conseils, de
1933 au printemps 1938 – et donc pendant une durée d’au moins cinq années – aussi bien à
Forst et dans ses environs qu’à Berlin et à l’étranger (ČSR). En tout cas, Lehmann, qui devait
avoir été probablement actif déjà avant 1933 dans le KAPD, avait été capable de constituer un
groupe de résistance communiste des conseils dans la petite ville de Forst et il avait réussi à
maintenir ensemble pendant plusieurs années un groupe qui se réunissait régulièrement de
manière conspiratrice, mais qui apparemment ne menait pas d’agitation de masse. Sans cette
prudence, que Lehmann justifiait par la stabilité du système NS, le groupe de Forster n’aurait
pas eu de durée de survie aussi longue. Voici que ce qui était souligné dans l’acte
d’accusation du Tribunal du peuple :
« Comme l’accusé l’affirme, ils ont vu cependant, au cours de l’évolution politique
ultérieure, l’absence de perspectives d’une abolition par la force de la forme d’État existante
et c’est pourquoi et ils ne se rencontraient qu'à intervalles irréguliers. Lors de leurs
rencontres, qui se déroulaient généralement sur rendez-vous, ils discutaient également de
questions politiques d'actualité. L’accusé a rencontré dans ce but de manière répétée des
personnes partageant les mêmes idées, entre autres, Georg John, Erich Kloss, Kurt Hoffmann
et Paul Unger. ».
À côté du groupe de travail à Forst, Lehmann avait des contacts avec des gens ayant les
mêmes idées politiques à Berlin et il en ramenait du matériel illégal à Forst. Des voyages à
l’étranger pour rencontrer des cercles du KAPD en exil en Tchécoslovaquie sont aussi des
faits avérés.
Le Tribunal du peuple l’a condamné le 22 août 1938 à six années de prison. En avril 1943,
le procureur général a rejeté la suspension de l’exécution de la peine au motif que Lehmann,
dans ce cas, aurait dans la troupe une influence « hostile à l’État » sur ses camarades. Étant
donné que les personnes condamnées pour des motifs politiques étaient « indignes du service
militaire » et n’étaient donc pas enrôlées dans les unités « normales » de la Wehrmacht, il est
fort probable qu'il ait été incorporé dans la soi-disant “Division de liberté conditionnelle 999”.
On ne sait pas si Lehmann a survécu à la prison et à l’ère nazie.
LEHNERT, RUDOLF
Pirna, AAUE (tendance Zwickau).
LEONHARD, RUDOLF (1889 – 1953), alias RAOUL LOMBAT, ROGER LEHARDON,
ROBERT LEWANDOWSKI, ROBERT LANZER
Issu d’une famille d’avocats juive, il a étudié les sciences juridiques et la philologie à Berlin
et à Göttingen. En 1914, il s’est déclaré volontaire pour partir à la guerre et il a pris part à la
Première Guerre mondiale. Il s’est rapidement transformé d’un partisan de la guerre en un
adversaire déterminé de cette guerre et il a été traduit devant un tribunal militaire.
Leonhard a adhéré à l’USPD et il a participé activement en 1918/19, en tant que partisan de
Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg, aux combats révolutionnaires. En 1919, il a rejoint le
KPD qu’il a abandonné en 1921 pour rejoindre le KAPD communiste de gauche, duquel il est
à nouveau parti après une année. En 1918, il a épousé l’écrivaine Susanne Köhler (1895-
1984) [celle-ci a été emprisonnée en URSS en 1936 et elle a passé douze années de captivité
dans le camp de travail de Vorkouta et en Sibérie] ; ils ont divorcé au bout d’une année.
Depuis 1919, indépendant, il a été contributeur à la Weltbühne, il a travaillé pour la maison
d’édition Die Schmiede comme lecteur, et il a publié deux séries importantes de reportage :
“Les marginaux” et “Récits tirés de la réalité”. Fin novembre 1925, il a été à l’origine du
Groupe 1925 et il l’a dirigé. Ce groupe était une association lâche de 39 d’écrivains et
d’artistes allemands principalement de gauche (parmi lesquels Bertold Brecht, Alfred Doblin,
Albert Ehrenstein, Leonhard Frank, Walter Hasenclever, Walter Mehring et Kurt Tucholsky).
Suite à des différends concernant le caractère du Groupe, Leonhard a annoncé qu’il le quittait
en janvier 1927.
En mars 1928, il a déménagé à Paris sur l’invitation de son ami Walter Hasenclever et il y a
vécu dans son appartement jusqu’en 1934. En avril 1933, il a participé à la fondation de la
“Ligue des combattants de la paix” et il est devenu, avec Albert Einstein, président de sa
section allemande. À la suite de la Gleichschaltung [mise au pas], l’“Association de défense
des écrivains allemands” s’est transformée le 31 juillet 1933 en “Association du Reich des
écrivains allemands” ; Leonhard a lancé la fondation de l’Association de défense des écrivains
allemands à l’étranger et il est devenu, à partir de sa fondation le 30 octobre 1933, le président
de sa section française. Il a écrit sur ce qu’il a vécu lors d’un voyage en Espagne durant la
Guerre civile espagnole en 1937 dans un recueil de nouvelles : “La mort de Don Quichotte”.
De1939 à 1944, il a été interné dans le camp du Vernet (Ariège). En 1941, des personnalités
françaises influentes sont intervenues en faveur de Leonhard et ont proposé sa libération.
Mais elle n’a pas eu lieu. Plus tard, incarcération à la prison secrète de Castres. Il a réussi à
s’en échapper, il a été repris, il s’est enfui à nouveau et il est entré en clandestinité à
Marseille. En tant que membre de la résistance française, il a publié sous les pseudonymes de
RAOUL LOMBAT, de ROGER LEHARDON, de ROBERT LEWANDOWSKI et de
ROBERT LANZER, des poèmes de résistance et il a rédigé des tracts. En 1944, retour à
Paris. En 1947, il a participé au I° Congrès des écrivains allemands et, déjà gravement
malade, il a déménagé en 1950 à Berlin-Est. En tant que soi-disant migrant de l’ouest et que
père présumé de Wolfgang Leonhard (1921-2014), il n’a joué qu’un rôle mineur dans la vie
littéraire de la RDA malgré l’intercession de nombreux amis et son adhésion au SED.
LEUTKUSS (= DAUTGUSS)
Brunswick.
LEWANDOWSKI, FRIEDERICH (27.02.1875 – juin 1924)
Né à Königsberg, KPD, KAPD. Il est mort au début de l’année 1924 après un opération en
hôpital.
LEWINSOHN, ERICH PAUL (17.01.1892 – 1970 ?), alias WILLY
Né à Dresde, fils de la socialiste Auguste Gantze (1868-1957), laquelle était l’épouse de
Salomon Lewinsohn, et a été en 1907 déléguée de l’Union des femmes socialistes de la Saxe
au Congrès socialiste international à Stuttgart ; assistant-jardinier à Dresde. Avec Marie
Griesbach*, Erich Lewinsohn a été la figure principale de la FSJ saxonne durant la guerre.
Avec son jeune frère Felix Lewinsohn* et Otto Rühle*, il a participé, comme délégué de
Pirna, à la Conférence de la Jeunesse de Iéna les 23 et 24 avril 1916. À l’automne 1917, il a
été arrêté et emprisonné après une grève-manifestation contre la guerre à Dresde et ses
environs (2-3 septembre). Il aurait dû passer 8 ans derrière les murs de la prison. Libéré par la
révolution de Novembre, il a été, avec Otto Rühle*, Heinrich Heynemann* et Marie
Griesbach, membre des IKD, puis du KPD, et dans l’Opposition après le Congrès de
Heidelberg en octobre 1920. En effet, en avril 1920, il avait adhéré au KAPD du district de
Dresde-Pirna. C’est durant le Congrès du KAPD en août 1921 qu’il a écrit avec Hermann
Zinke* et Johannes Graudenz* l’“Appel au prolétariat d’Allemagne”.
En août 1921, il est revenu au KPD avec sa parenté (six personnes provenant de la famille
Lewinsohn). De septembre 1921 à 1933, il a suivi tous les tournants du KPD. Après 1933,
arrêté et interné en tant que membre du KPD à Dachau (9.02.1937 – 22.09.1938), puis à
Buchenwald (octobre 1938 ? – 1945 ?), où il a pris une part active au travail de la cellule
illégale du KPD. Il a survécu à la guerre et au KZ de Buchenwald ; en 1945 KPD/SED, il est
devenu “vétéran du parti” à Hainsberg (Saxe), et en 1950 maire de Hainsberg.
LEWINSOHN, FELIX (19.03.1897 – ?)
Né à Dresde ; le plus jeune frère d’Erich Lewinsohn* ; électricien à Dresde, FSJ, en novembre
1918 IKD, 1920-1921 KAPD, ensuite en août 1920 KPD. Durant le national-socialisme,
arrêté et incarcéré à Dachau (20 mai – 18 juin 1937). En tant que “prolétaire juif”,
vraisemblablement déporté en Pologne au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
LICHTENBERG, ERNST [= BIEDERMANN]
LIEBETRAU, ERNST
Commission de propagande et de formation de l’AAUE, groupe local de Francfort/Main, au 5
de la Bergstrasse ; responsable de l’INO (Service de Presse International de l’AAUE), revue
en espéranto, 1924-1932.
LIEBING, WALTER (1890 – juillet 1974)
Né à Leipzig ; 1907 FSD, 1909 participation aux agitations ouvrières de Lodz (Pologne),
arrêté ; en 1917, Ligue Spartacus, en 1919 KPD ; vraisemblablement sortie du KPD en 1923,
1925 ?-1928 KAPD et président de l’AAUD pour l’Allemagne centrale ; vers 1928, rupture
avec le KAPD ; 1928-1930 AAU ; 1931-1933 direction nationale de la KAU. Au cours de la
Conférence de constitution en 1931, Liebing dénonçait toute collaboration politique avec le
KAPD qu’il déclarait être “contre-révolutionnaire” :
« La réponse négative que nous faisons au parti n’est pas née chez nous parce que nous
voulions nous unir avec les unitariens, mais du fait de nos connaissances historiques. Depuis
que je suis membre de l’Union, j’ai toujours été partisan de refuser le parti… La KAU ne doit
pas caractériser un nouveau nom, mais indiquer que la tendance de l’organisation est le
communisme. Cette attitude idéologique de l’organisation unitaire rejoint celle de l’Union en
Allemagne centrale… Si aujourd'hui des membres de ce qui reste du KAP viennent à l’Union,
l’on doit les accueillir. Mais ils doivent avoir rompu avec le KAP étant donné que ce KAP est
aussi contre-révolutionnaire que tout autre parti. Si les camarades du KAP ont déjà cette
prise de conscience, c’est qu’ils ont déjà rompu intérieurement avec lui. ».
Liebing a été arrêté le 11 juin 1933 et sévèrement maltraité par la police : « Les
interrogatoires ont été terribles. L’on essayait, parce que l’on tâtonnait complètement, de me
soutirer quelque chose. Sans succès. Le rein droit a été entièrement brisé, et le bras gauche
écrasé. 13 dents cassées. Deux hémorragies pulmonaires dues au piétinement. Fracture du
crâne avec hémorragie cérébrale, paralysie presque complète du côté droit ».
1933-1934 KZ de Hohnstein. En avril 1934, il s’est effondré au KZ de Colditz pour cause
d’hémorragie rénale. Il a terminé son temps d’incarcération à l’hôpital Sank-Jacobi de Leipzig
duquel il est sorti le 7 juin. Il a ensuite mené immédiatement une activité illégale. Avec Fritz
Kurrat*, Karl Heino* et Herbert Brummer*, il a publié des écrits illégaux et il a maintenu la
relation politique avec Berlin.
En 1944, Wehrmacht, et en 1946 retour à Leipzig après avoir été prisonnier de guerre des
Anglais ; il a adhéré au SED et a travaillé pour l’Union d’Information Soviétique (SNB) ; en
1950, licencié de l’École de parti du SED en raison du fait qu’il avait fait partie de la KAU.
En 1959, il a reçu l’Ordre du Mérite patriotique (bronze).
LIEBY, EUGEN
Né en alsace-Lorraine, tourneur, KAPD.
LIEPE, JOHANNES HANS (1900 – ?)
Ajusteur, Berlin-Pankow, AAUD/KAPD, à partir de 1924, rédacteur de Der Kampfruf, KAU
1931-1934 ?, 1945-1946 KPD/SED ; GIS ; en 1948, se retire du travail avec le groupe-
Weiland ; contacts avec le MfS.
LIERS, ARTHUR
Berlin-Neukölln, KAPD/AAUD, rédacteur en chef du KAZ et de Der Kampfruf ; commission
de la presse ; en 1929, rupture avec le KAPD ; AAU, et décembre 1931-1933 KAU.
LILIE, FRIEDRICH (26.07.1874 – ?)
Brême, chaudronnier, né à Brême, AAU/KAPD.
LINCKE, ERNST, alias KURT LANGE
Berlin, ouvrier du bâtiment. 1920-1929 KAPD, rédacteur du KAZ ; 1927-1928, organisateur
de l’Opposition dans le KAPD et dans l’AAU (Front Ouvrier Communiste et Front de
Classe) ; rupture avec le KAPD et ensuite avec l’AAU ; 1931-1934 KAU.
Au cours de la Conférence de fondation de la KAU en décembre 1931, il constatait son
refus complet de l’ancienne théorie du KAPD de “la crise mortelle du capitalisme” :
« La notion de crise mortelle n’a pas été abandonnée parce qu’elle implique une conception
mécaniste, mais parce que le prolétariat a fait sienne cette conception mécaniste. C’est la
seule raison pour laquelle nous parlons aujourd'hui de l’époque de déclin, (dans laquelle) les
formes de domination du capitalisme changent avec son essor et son déclin respectifs »,
indique Lincke, et c’est pourquoi pour lui le fascisme ne serait pas l’expression de la force,
mais le signe brutal de la faiblesse. Concernant le fait de tolérer le capitalisme d’État en
Russie (position de Heymann*) comme étant une sorte de “capitalisme juvénile”, Lincke
défendait la “non-tolérance” :
« Lorsque Gen. Hey. dit que la Russie éduque sa jeunesse dans un sens communiste, c'est un
truc qui sort de la maison de fous. Il existe quand même une différence entre le communisme
que nous défendons (lequel est fondé de manière scientifique) et celui tel qu’il est compris en
Russie. En conséquence, notre mot d’ordre ne peut être que : rejet de toute tolérance. ».
Après février 1933 exil en suède en passant par le Danemark. Harald Andersen-Harild
(GIK, Copenhague), ancien éditeur de la revue Marxistisk Arbejder Politik, Organ for
Raadskommunismen (1931-1932), était opposé à Ernst Lincke. Il a “bombardé” les groupes
communistes des conseils aux Pays-Bas, aux Etats-Unis et même en Allemagne, de lettres qui
demandaient que Lincke quitte immédiatement le Danemark en direction de la Suède. Une
circulaire du GIC hollandais (20 août 1936) insistait sur le fait que de telles lettres envoyées
aux camarades allemands contenaient le danger qu’ils soient tous internés rapidement dans les
KZ nazis. Le GIC exigeait qu’Andersen-Harild cesse tout contact avec le Centre berlinois du
communisme des conseils.
LINDTNER, BRUNO (23.04.1901 à Berlin – 12.01.1987)
En 1933, résidant à Berlin-Neukölln, au 51 Werrastrasse ; en 1928, SPD (Berlin-Tempelhof) ;
en 1934 Ligue des enseignants nazie et RLB [protection antiaérienne] ; père : Karl Lindtner,
employé des postes, mère : Anna Lindtner, née Wiendorff, femme de ménage ; 1 soeur, 1 frère
qui était marié depuis 1926 avec Erna, née Chmilewski. Jusqu’en 1915, il fréquente l’école
primaire, puis le lycée ; étudiant à l’école normale de Cottbus ; en 1921, premier examen
d’aptitude pédagogique ; depuis 1921 réside à Berlin ; là, il est d’abord employé de bureau au
Service National de la Statistique, et, à partir de 1925, professeur à l’école Rütli à Berlin-
Neukölln ; élevé de manière strictement religieuse, il s’est détourné pourtant de l’Église sous
l’influence de la révolution de Novembre, il a adhéré au mouvement Wandervogel, a eu des
contacts avec l’USPD, a rejoint l’organisation de jeunesse de la Jeunesse Prolétarienne
Socialiste (SPJ), et, après la fusion de l’USPD et du KPD, la Ligue de la Jeunesse
Communiste, et, en 1928, passage au SPD. En 1933, transfert punitif à Mariendorf. Là, sur le
conseil d’un père dans son école, il a ensuite adhéré aux “Rote Kämpfer”. Il a obtenu un
contact avec eux grâce à Franz Utzelmann*.
Après le transfert de pouvoir, il est resté l’un des membres actifs des groupes de Neukölln et
de Kreuzberg. En 1934, membre de la direction des “Rote Kämpfer”. Pourtant, en raison de
différends politiques, il a quitté les “Rote Kämpfer” en 1936 et il a cherché de nouveaux
moyens de relation conspiratrice. Mais il a été ensuite victime de la vague d’arrestations.
Arrêté le 26.11.1936, il est interné au quartier général de la police de Berlin-Alexanderplatz.
Par la suite, détention provisoire à Berlin-Tegel et, à partir de la fin janvier 1937, à la prison
de Berlin-Plötzensee. Accusé de “préparatifs de haute trahison” (affaire criminelle
“Neuorganisation “Rote Kämpfer” Stapo B 2 L 3518/36”), il est condamné à 7 ans et demi de
prison. Il a purgé sa peine à la prison de Brandebourg-Görden, puis au camp d’Abbendorf ; le
7.07.43, il est incorporé au bataillon disciplinaire 999 et engagé en 1944 en Grèce dans la lutte
contre les partisans. En 1944, il a fait défection devant les troupes bulgares et il est entré en
relation avec un petit groupe de communistes qui l'ont accepté en 1944 dans le KPD ; en
mars 1945, il est transféré en URSS comme prisonnier de guerre. Après la fin de la guerre, il
s’est retrouvé dans le grand camp de prisonniers à Marioupol, un port sur la mer d’Azov ; il y
a fait fonction d’enseignant à l’“école antifa” et d’assistant du directeur de cette école. En
1948, retour au SBZ, travail comme instituteur et ensuite au département de l'instruction
publique de la municipalité de Berlin, directeur de l’école de parti du SED à Berlin-Grünau et
en 1959 directeur du VHS de Berlin-Köpenick.
LOEWEL, RUDI (21.03.1913 à Berlin – ?)
En 1937, il habitait à Berlin-Tempelhof, au 57 Manteuffel Strasse. Fréquentation de l’école
primaire, puis apprentissage d’ajusteur (interrompu pour des raisons financières), il a ensuite
travaillé comme coursier ; en 1929 SAJ, en 1931 RB, et à partir de 1934 travail comme
greffier à l’Assurance des fonctionnaires ; il faisait partie des “Rote Kämpfer” ; le 8.07.1937,
inculpé et le 23.07.37 condamné à 8 mois de prison par le Tribunal régional supérieur de
Berlin en raison de “l’infraction au $ 20 de la loi destinée à la protection du peuple”.
LOHMEYER, FRANZ
Tourneur, Berlin, jusqu’en 1917 SPD, puis USPD ; en 1919 Opposition communiste ; en avril
1920, KAPD, GHA ; en juillet-août, membre de la délégation (invité) au III° Congrès du
Komintern à Moscou ; en 1922 retour au KPD.
LOHMANN, JOHANNA ( ? – 17.01.1943)
AAUE Hambourg, responsable juridique de l’hebdomadaire Der Unionist.
LOHSE, PAUL
Freital 2, 9 Kirchstrasse, maison d’édition de l’AAUE.
LOQUINGEN, PETER (14.08.1898 – 31.01.1965)
Ouvrier d’usine, tenancier, marchand de savon, voyageur de commerce, vendeur au détail, né
à Dusseldorf, en 1919 membre du SPD, ensuite passage à l’USPD, et en décembre 1920 au
VKPD et partisan des tendances de gauche. À partir de 1924, il a été secrétaire du KPD à
Hagen et député au Landtag de Prusse. En 1925, il a rejoint ce qui était appelé l’“ultragauche”
et c’est en tant que défenseur du groupe-Korsch* qu’il a été exclu du KPD le 19 août 1926.
Malgré son antiparlementarisme, Loquingen a conservé – comme Ernst Schwarz* et Iwan
Katz* – son mandat au Landtag jusqu’en 1928. Il a fait partie de la direction du groupe
“Politique Communiste” jusqu’à sa dissolution.
De 1929 à 1932, il a été tenancier d’une auberge dans la Sarre. Plus tard il est revenu
comme représentant de commerce (vente de savon) dans la Sarre, où il a été membre du Front
Allemand (DF), un mouvement de masse qui a résulté de l’accord entre le Parti Allemand
National du Peuple (DNVP), le Parti du Centre, le Parti Allemand et Sarrois du Peuple
(DSVP), le Parti de l’Économie (WP) et le NSDAP de la Sarre. Après l’annexion de la Sarre,
il a déménagé à Neuss et il n’a plus eu d’activité politique. En 1936, incorporé comme soldat,
il a servi dans l’artillerie de campagne à Magdebourg. Il a repris ensuite son activité de
voyageur de commerce.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, de nouveau enrôlé, et, vers la fin de la guerre, il s’est
retrouvé prisonnier des Américains. Il a été transféré chez les Français. Il est rentré chez lui en
1946 et s’est établi de nouveau à Dusseldorf comme commerçant de détail. N’appartenant
plus à une organisation politique, Peter Loquingen est mort à Dusseldorf en 1965.
LOSSAU, FRITZ (25.07.1897 – 7.05.1987)
Laborantin, né à Hanovre. A participé à la guerre, et il est revenu du front grièvement blessé.
En 1918, membre de l’USPD, il est passé au KPD en 1920 avec la gauche de l’USPD. Lossau
se situait à l’aile gauche du KPD. En 1924, il a été engagé comme secrétaire à temps plein et
il est devenu la même année député au Landtag de Prusse. Ayant déménagé à Dusseldorf, il y
a dirigé, en compagnie de Loquingen*, l’Opposition d’ultragauche. C’est pour cette raison
qu’il a été exclu du KPD le 19 août 1926. Il a conservé son mandat de député jusqu’en mai
1928 et il a ensuite adhéré le groupe Korsch*-Schwarz. Après la scission de ce dernier, il a
rejoint avec Ernst Schwarz* le groupe de la “Gauche décidée”. En avril 1927, il a eu des
différends avec le groupe à cause de l’attitude de celui-ci à l’égard du KAP. C’est sur la base
de ces raisons « politiques et tactiques » qu’il a quitté la “Gauche décidée”. Sa demande de
réadmission dans ce groupe de mai 1927 a été refusée. Du fait de ses blessures de guerre,
Lossau a été longtemps malade et il n’a plus été politiquement actif. Ensuite, il est passé aux
syndicalistes et à l’AAU/KAU, mais il s’est encore séparé de ce groupe avant 1933.
Après la Seconde Guerre mondiale, Lossau est entré au SPD et il est devenu un
collaborateur à temps plein de la “Ligue Nationale des Invalides de guerre et des Survivants”
en Basse-Saxe. Finalement, il a habité à Hemmingen, près de Hanovre. Fritz Lossau est mort
en 1987.
LÖWENSTEIN
Berlin, Centrale du KAPD, 1924-1928. Sur l’initiative d’Ernst Schwarz*, a eu lieu le 15
novembre 1926 une réunion entre lui, Farnholt* et Adam Scharrer*, au cours de laquelle il a
été décidé de s’engager « dans une relation étroite de sympathie entre eux ». Die Entschiedene
Linke, la feuille de discussion du Groupe Schwarz, a été imprimée à partir de ce moment-là à
l’Imprimerie Iszdonat du KAP à Berlin.
LÜCKE, HERMANN (1893 – 1976)
Brême, enseignant, 1920 SPD, 1931 SAPD, puis Rote Kämpfer avec Albert Flachmann* et
Jan Onasch*. En 1933, il est licencié de son poste d’enseignant et il déménage à Brême ;
1937-1939 incarcéré ; 1946-1951, membre du Parlement brêmois ; 1948-1959, directeur des
écoles du DGB à Brême et à Hambourg ; 1965 exclusion du SPD ; contacts avec les
communistes des conseils.
LÜHRS, FRIEDRICH (25.09.1889 – ?)
Né à Emden, ajusteur, KAPD de Brême.
LUMPI, JOSEF (18.04.1893 à Salzbourg – ?)
KAP Vienne, en 1924, travaille avec Stanislaus Geiger*, employé de commerce. Depuis ses
15 ans, il a été actif dans le Mouvement de la jeunesse du Parti social-démocrate ; il a agi,
après sa sortie de l’école du Parti, comme agitateur et il est devenu délégué syndical des
ouvriers de la verrerie. Durant la guerre, il a passé 25 mois au front et il est devenu sousofficier.
Après les événements révolutionnaires de 1918, il s’est consacré à l’organisation des
soldats révolutionnaires, il a adhéré à la Garde rouge et il a été jusqu’en mai 1919 dans le
bataillon 49 de la milice populaire. Lumpi a adhéré au Parti Communiste Germano-autrichien
(KPDÖ), il a organisé le groupe local de Vienne-Floridsdorf, il a été secrétaire du Parti des
femmes communistes de Floridsdorf et il est a été élu à l’automne de 1919 au conseil ouvrier.
Lumpi était quelqu’un de semblable au bien plus connu Max Hölz*. C’est ainsi que, par
exemple, à l’automne de 1919, à un moment où les caisses du Parti étaient vides, il a pillé
avec deux de ses fidèles les troncs des églises de la province de Basse-Autriche. En juillet
1919, il a tenté de faire sauter à Vienne le Pont du Nord sur le Danube dans le but d’empêcher
les livraisons d’armes destinées à la lutte contre la République des Conseils hongroise. Le 28
octobre 1920, dans le cadre du grand procès des communistes, Lumpi a été condamné à deux
ans et demi d’années de prison sévère à cause de cette action. Précocement libéré de prison, il
a pu apparaître de nouveau à partir du 5 septembre 1921, pour un très court temps, comme
intervenant lors des assemblées du KPÖ. En tant qu’intervenant, c’est le 15 septembre 1921
qu’il a fait face à ses deux dernières réunions. Ensuite, il est tombé en disgrâce parce que,
entre autres, il n’a pas pu soutenir les résolutions du III° Congrès du Komintern. Avec
Stanislaus Geiger, il a travaillé en 1924 dans le KAPÖ. Tous deux ont également participé en
1926/27 à la constitution de l’Opposition au KPÖ qui gravitait autour de Josef Frey, ce qui a
eu pour conséquence leur exclusion du KPÖ. Lumpi a encore travaillé un certain temps à
l’organisation de l’émigration en Union soviétique jusqu’à ce que le KPÖ ait mis en garde
contre « la nature indisciplinée » et radicale de gauche de Josef Lumpi. Après son exclusion
de la Ligue Républicaine pour les Victimes de Guerre et du Travail en 1928/29, l’on perd sa
trace.
LUTZE, W.
Conseil de district de Wasserkante, AAUE.
MAI, OSKAR
AAUE Saxe orientale
MAIBAUER, OTTO
Berlin, libraire, KAPD, 1920-1921.
MAINZ, HANS GUSTAV PAUL (12.11.1900 – 29.120.1939), alias MEINS, JENSEN
Hambourg, employé, né à Hambourg dans une famille ouvrière, 1923-1926 études portant sur
l’économie coloniale ; en 1919 KPD, et en 1921 incursion au KAPD. En 1922, passage à la
SAJ et SPD, et à partir de 1923 membre du KPD, employé à la représentation commerciale
soviétique à Hambourg ; en 1928-1929, secrétaire à l’agitprop de la direction du district de
Wasserkante, secrétaire du Department de l’agitprop du Comité Central du KPD ; en 1930,
secrétaire général pour le KPD du Comité Exécutif de l’Internationale des Libres-penseurs
prolétariens (IPF) fondée à Vienne en 1925. Après 1933, émigration en France, il a écrit des
articles sur la question de l’Église qui sont parus dans l’Inprekorr sous le pseudonyme de
JENSEN. En 1937, Mainz a été envoyé en Union soviétique où il a été arrêté par le NKVD et
exécuté le 29 octobre 1939.
MALKOWSKI, HANS (29.04.1901 – 1938 ?)
Né à Berlin, électricien, en 1919 KPD, en 1920-1923 fonctionnaire du KAPD ; en 1924,
retour au KPD. Il a travaillé comme instructeur du Parti, d’abord dans le sous-district de
Berlin-Sud-est, et ensuite dans le Service de renseignements. En juin 1933, émigration à
Prague, et ensuite en octobre 1933 en Union soviétique. En mai 1937, il a été arrêté par le
NKVD à Moscou et probablement exécuté en 1938 dans le goulag soviétique.
MANSFELD, HEINZ
Leipzig, KAPD/AAU, il a rapidement quitté le KAPD et il est devenu l’un des cofondateurs
de l’AAUE en 1921-1922 et partisan du fédéralisme dans le cadre des organisations
d’entreprise :
« Les cellules de l’Union Ouvrière Générale (AAU) sont les organisations d’entreprise…
Ces organisations d’entreprise s’unissent de manière fédérative, au sens du système des
conseils, du bas vers le haut, jusqu’à former l’AAUE. Chaque organisations d’entreprise est
indépendante et elle choisit ses représentants, qui sont révocables à tout moment, aux
conseils eux-mêmes… L’organisation d’entreprise est cependant aussi la cellule de la société
prolétarienne future… Elle ne lutte pas pour se membres, mais pour la classe
prolétarienne… ».
MARCHWITZA, HANS (25.06.1890 – 17.01.1965)
Mineur, écrivain, né à Scharley près de Beuthen (Haute-Silésie) ; fils de mineur. En 1904, à
14 ans, Marchwitza travaillait déjà au fond. En 1910, il se fait recruter comme mineur dans la
Ruhr. Mais deux ans après, il se retrouvait déjà sans travail parce qu’il avait participé à une
grève. Jusqu’à ce qu’il parte au service militaire en 1915, Marchwitza a gagné sa vie comme
manoeuvre. Jusqu’en 1918, il a servi comme soldat sur le front de l’Ouest. Revenu de la
guerre, il est encore devenu au cours de la même année membre de la défense des conseils des
soldats. En 1919, il a adhéré au SPD. Au cours de l’année suivante, il a combattu comme chef
de section de l’Armée rouge de la Ruhr contre les corps francs et la Reichswehr. En 1920, il a
temporairement fait partie des organisateurs de l’AAU dans la Ruhr. Agissant comme
correspondant ouvrier, il s’est tourné vers le KPD (1922-1923 ?) après la dispersion
organisationnelle du mouvement de l’Union.
À partir de 1924, Marchwitza a pu publier dans les journaux du KPD : Rote Fahne et Rote
Front. En 1928, il est entré dans la Ligue des Écrivains prolétariens-révolutionnaires
d’Allemagne. En 1929, il a été invité en Union soviétique avec plusieurs journalistes et
écrivains. En 1930, Marchwitza a fait ses débuts avec son premier livre “Sturm auf Essen”
[Tempête sur Essen] (un reportage sur les combats ayant eu lieu dans la Ruhr en 1920). Après
1933, il s’est enfui en Suisse, mais il en a été expulsé déjà en 1934. Jusqu’en 1935, il a
travaillé pour le KPD dans la Sarre et ensuite il a combattu à partir de 1936 dans la Guerre
civile espagnole comme officier dans le bataillon Tchapaïev de la XIII° Brigade internationale.
En 1938, il est revenu d’Espagne et il a été arrêté et interné immédiatement à son
passage de la frontière en France. En 1941, il a réussi à s’enfuir aux USA. Il y a été également
interné à New York, mais il a pu y travailler comme ouvrier du bâtiment et manoeuvre. En
1942, il a fait la connaissance de Hilde Stern qui, en qualité de juive, s’était enfuie aux USA
en 1937. En 1945, ils se sont mariés et ils sont rentrés en Allemagne en 1946. Ils se sont
d’abord installés à Stuttgart, mais ils sont ensuite partis à Babelsberg (Zone d’occupation
soviétique) en 1947. En 1950, Marchwitza est devenu membre fondateur de l’Académie des
Arts de la RDA. On l’a remercié pour cette tâche en 1950 avec le Prix national de la RDA.
(Cette distinction lui a été encore accordée en 1955 et en 1964). Au cours de la même année,
il a été nommé attaché culturel à Prague. Il a occupé cette fonction jusqu’en 1951. Pour son
70° anniversaire, il a reçu l’Ordre de Karl-Marx et le titre d’honneur de Docteur honoris causa
en philosophie de l’Université de Humboldt. Marchwitza est mort en 1965 à Potsdam. Son
urne a été placée dans le complexe funéraire de “Pergolenweg”, lieu commémoratif des
socialistes dans le Cimetière central Friedrichsfeld à Berlin-Lichtenberg.
MÄRKER, OTTO
Ouvrier, Essen-ouest, pendant la Guerre mondiale figure dominante de la Jeunesse Socialiste
Libre, ensuite KAJ, KAPD ; 1922-1926 KAPD (tendance Essen), KAI, dirigeant de la “Rote
Jugend”, section Essen.
MARMUTH, HERMANN (1891 – 1964)
Magdebourg, Berlin ; fraiseur, en 1914 blessé et libéré, en 1917 Ligue Spartacus, et ensuite en
1917-1918 USPD, en novembre 1918, membre du conseil ouvrier, cofondateur des groupes
locaux du KPD dans l’Altmark (Nord de la Saxe-Anhalt). En 1920-1933, KAPD et AAU, et
depuis 1926 dirigeant du KAPD à Magdebourg ; en 1933-1937, activité illégale, et, en 1939,
réunion nationale du KAPD dans l’appartement de Marmuth. En 1945, KPD/SED, arrestation
le 24 novembre 1950, le 1° avril 1952 transféré à Berlin et condamné en 1952 dans le procès
intenté à Weiland et d’autres à 2 années de prison.
MÄRSCHNER
Spandau, en 1926 rédacteur de Die Einheitsfront, AAUE.
MARTIN
AAU, Saxe occidentale, délégué à la IV° Conférence nationale de l’AAU à Berlin (12 juin
1921), partisan d’Otto Rühle*. Il y a déclaré :
« Tous les partis trahissent nécessairement le prolétariat parce qu’ils sont dirigés de
manière centrale par des chefs. Le centralisme est la perdition du mouvement ouvrier. C’est
la raison pour laquelle l’AAU ne peut être établie sur une base fédéraliste. ».
MARTIN, UDO, alias HAASE
Dusseldorf. AAU/KAPD, exclu en juin 1927.
MATT
Hanovre, en 1922-28 ? KAPD (tendance Essen).
MATTERN, LYDIA E.
Hanovre, KAPD (tendance Essen), KAI.
MATTICK, PAUL (13.03.1904 – 7.02.1981), alias PAUL KLEIN, LUENIKA
Né à Stolp (Poméranie) ; il a grandi dans une famille de gauche. Déjà à 14 ans, Mattick était
membre de la Jeunesse Socialiste Libre (FSJ) de la Ligue Spartacus. En 1918, il a commencé
un apprentissage d’outilleur chez Siemens. Pendant la révolution de Novembre, il a été élu
comme représentant des apprentis dans le conseil ouvrier de la firme. Mattick, qui avait
participé à de nombreuses actions durant la Révolution, qui avait été arrêté à plusieurs reprises
et qui avait été menacé de mort, a contribué à la radicalisation progressive de la tendance
oppositionnelle de gauche des communistes en Allemagne. Dans le cadre de la scission du
KPD en octobre 1919 à Heidelberg, il a rejoint au printemps de 1920 le KAPD nouvellement
fondé. Il y a collaboré à la publication du journal Die Rote Jugend, qui était l’organe de la
KAJ.
À l’âge de 17 ans – et donc en 1921 – Mattick est parti pour Cologne pour y travailler
quelque temps chez Klöckner, jusqu’à ce que des grèves, des révoltes et sa nouvelle
arrestation, ruinent toute perspective d’emploi ultérieur. Au cours de son activité comme
organisateur et agitateur du KAPD et de l’Union Ouvrière Générale (AAU) dans la zone de
Cologne, il a fait la connaissance, entre autres, de Jan Appel*. Il a en outre noué des contacts
avec des intellectuels, des écrivains et des artistes, faisant partie de l’AAUE dirigée par Otto
Rühle* et Franz Pfempfert*.
En 1926, il a émigré aux USA parce que, à ce moment-là, il était déjà sans travail depuis
quelques années. Il avait également vu, en particulier après 1923, s’épuiser ses espoirs de
révolution du fait du déclin continu du mouvement de masse radical. Il a cependant maintenu
ses contacts avec le KAPD et l’AAU en Allemagne. Aux USA, Mattick s’est employé à
étudier systématiquement les fondements théoriques, et avant tout les oeuvres de Karl Marx.
La publication en 1929 de l’oeuvre principale de Henryk Grossmann : “La loi de
l’accumulation et de l’effondrement du système capitaliste” a constitué un événement
important pour Mattick. En effet, avec cela, Grossmann ramenait la théorie de l’accumulation
de Marx, qui était tombée complètement dans l’oubli, au centre des discussions dans le
mouvement ouvrier. Pour Mattick, la “Crique de l’économie politique” de Marx a eu une
influence déterminante pour sa position révolutionnaire. Depuis ce moment-là, Mattick s’est
concentré entièrement sur la théorie de Marx concernant le développement du capitalisme et
sa logique inhérente contradictoire de crises inévitables comme base de la pensée stratégique
du mouvement ouvrier. Vers la fin des années 20, Mattick est parti à Chicago. Là, il a travaillé
à unir les différentes associations ouvrières d’origine allemande. En 1931, il a tenté de
redonner vie au Chicagoer Arbeiterzeitung, un journal à orientation très traditionnelle qui
avait été publié pendant un certain temps par August Spies et Josef Dietzgen. Pourtant, cela
n’a pas été un succès.
Mattick est devenu membre des Industrial Workers of the World (IWW). Les IWW étaient
la seule organisation révolutionnaire aux USA qui voulait réunir, par-delà les États et les
secteurs, tous les travailleurs et les travailleuses avec l’objectif de la préparation d’un grand
coup pour faire tomber le capitalisme. Mais, pour cette organisation, le meilleur moment qui a
culminé dans les tentatives militantes de renversement du capitalisme, avait déjà trouvé sa fin
au début des années 30, de sorte que seul le mouvement des chômeurs qui naissait a procuré
aux IWW un élan régional de courte durée.
En 1933, Mattick a conçu à Chicago pour les IWW un nouveau programme dans lequel il
essayait d’élaborer pour l’organisation une base marxiste plus solide en se fondant sur la
théorie de Grossman. Pour Mattick, cette nouvelle période était « la crise mortelle du
capitalisme ». Dans cette phase de la crise mortelle, les syndicats se révélaient être les armes
du capital :
« Dans la phase finale de la société capitaliste, les syndicats n’ont plus de fonction à
remplir, de même qu’ils n’ont plus de fonction dans le communisme. Ils sont arrivés à leur
limite objective. Cependant, cela ne signifie pas qu’ils disparaissent, car les idéologies sont
toujours en retard par rapport aux situations. Mais ils deviennent contre-révolutionnaires,
car, pour sauver leur vie, ils essaient d’aider le capitalisme à se remettre sur pied. Un
capitalisme qui fonctionne bien est une question vitale pour les syndicats. C'est pourquoi les
syndicats deviennent des briseurs de grève, et c’est pourquoi ils tentent d’évacuer les
véritables luttes de classes grâce à des maquignonnages perfides avec les entrepreneurs. ».
Un pamphlet des IWW en langue allemande, terminé en 1933 au moment de la “prise du
pouvoir” par le NSDAP, s’intitulait : « La crise mortelle du système capitaliste et la tâche du
prolétariat ». Mattick y argumentait que la classe ouvrière allemande avait été complètement
désarmée par le mythe de la démocratie :
« Mais au lieu de l’arme de la démocratie, on leur a donné sa phrase. Et c’est ainsi que
nous voyons la classe ouvrière d’Allemagne aller de défaite en défaite, sous des pluies de
balles et face à des pointes de baïonnette sur lesquelles la classe dominante fondait son
pouvoir et le faisait protéger par ses laquais, qui n’avaient sur les lèvres qu'un chant de
louange pour la démocratie… Conséquence : la classe ouvrière allemande accepte sa
condamnation à mort étant donné qu’elle a été prononcée par la voie démocratique. Face à
cet état de fait, nous demandons aux travailleurs, à l'ensemble de la classe ouvrière, si elle est
désormais capable de reconnaître que le mot “démocratie” lancé de par le monde n’est pas
une question de forme de gouvernement, mais exclusivement un question de pérennité du
capitalisme et, logiquement, une question de chute de la classe ouvrière ? Demandons-nous
encore si la démocratie peut exister dans un contexte économique capitaliste ? ».
En 1934, Mattick a fondé, avec des amis des IWW ainsi qu’avec quelques exclus du
Proletarian Party léniniste, le United Workers Party, qu’il a renommé ultérieurement Group of
Council Communists. Ce Groupe entretenait d’étroits contacts avec les groupes communistes
de gauche allemands et hollandais qui subsistaient en Europe et il publiait la revue
International Council Correspondance. Cette dernière est devenue au cours des années 30 le
parallèle anglo-américain de la Rätekorrespondanz du Groupe hollandais des Communistes
Internationaux, (GIC/GIK). L’on traduisait des articles et des débats provenant d’Europe et on
les publiait avec des analyses économiques et des commentaires politiques critiques sur
l’actualité aux USA et dans le reste du monde.
À côté de son travail dans une usine, Mattick organisait non seulement les aspects
techniques de la rédaction, mais il était également l’auteur d’une grande partie des
contributions qui paraissaient dans cette revue. Parmi les autres auteurs, qui contribuaient
volontiers à cette tâche de manière régulière, il y avait Karl Korsch* avec qui Mattick était
entré en contact en 1935 et avec qui il avait lié une amitié politique étroite pendant plusieurs
années après que ce dernier avait émigré aux USA en 1936.
À l’époque des Fronts populaires en France et en Espagne, « une défaite du prolétariat »,
Paul Mattick, comme tous les communistes des conseils, dénonçait l’intégration idéologique
du prolétariat dans la guerre mondiale à venir dont les gérants étaient les anarchistes, les
staliniens et les trotskistes :
« Les anarchistes sont devenus les propagandistes du fascisme de marque moscovite, les
serviteurs des intérêts capitalistes qui s’opposent aux plans actuels de Franco en Espagne. La
révolution est devenue un terrain de jeu de rivalités impérialistes… Mais ce qui se passe
également toujours, si les travailleurs n’élèvent pas de nouvelles barricades contre les
loyalistes [c'est-à-dire le gouvernement du Front populaire], s’ils ne combattent pas vraiment
le capitalisme, c’est que le résultat des combats en Espagne, peu importe ce qu’il sera, n’aura
pas d’importance véritable pour la classe ouvrière qui continuera à être exploitée et
opprimée. Un changement de la situation militaire en Espagne pourrait forcer le fascisme
moscovite à enfiler une fois de plus son habit révolutionnaire. Or, du point de vue des intérêts
des travailleurs espagnols – et aussi de tous les travailleurs du monde –, il n’y a pourtant pas
de différence entre le fascisme franquiste et le fascisme moscovite, aussi grandes que
puissent être les différences particulières entre Franco et Moscou. Au cas où les barricades
seraient de nouveau érigées, l’on ne devrait pas les laisser s’écrouler de nouveau. Le mot
d’ordre révolutionnaire pour l’Espagne est : “À bas les fascistes et aussi à bas les loyalistes”
[c'est-à-dire le gouvernement de Front populaire]. Même si, au vu de la situation mondiale, il
est possible que la tentative de combattre pour le communisme soit vaine, c’est pourtant
toujours l’unique direction dans laquelle les travailleurs doivent aller ».
Lorsque le communisme des conseils européens a officiellement disparu dans la seconde
moitié des années 30 et qu’il est passé par force à la clandestinité, Mattick à changé de nom
la Correspondance : à partir de 1938, elle s’est appelé Living Marxism et, à partir de 1942,
New Essays. La contribution théorique de Karl Korsch y est devenue très importante. Les
deux revues ont dénoncé la nouvelle Guerre mondiale impérialiste. À côté de Karl Korsch et
de Henryk Grossmann, Mattick était aussi en contact avec l’Institut de Recherche Sociale de
Max Horkheimer, qui s’appellera plus tard l’“École de Francfort”. C’est pour cet Institut qu’il
rédigera en 1936 une vaste étude sociologique relative au mouvement des chômeurs
américains. Elle a été conservée dans ses archives jusqu’à sa publication en 1969 par la
maison d’édition du SDS “Neue Kritik”.
Après l’entrée des USA dans la Seconde Guerre mondiale et la campagne de persécutions
contre les intellectuels de gauche qui en a découlé, cette dernière a été mise en pièces par
Joseph McCarthy. À la suite de quoi, Mattick s’est retiré “officiellement” de la vie politique
au début des années 50. Il est parti pour la campagne et il a pu s’y maintenir à flot avec des
emplois temporaires et son activité d’écrivain. Dans l’après-guerre, Mattick – comme d’autres
également – n’a pris part qu’occasionnellement à des activités politiques plus restreintes et il a
écrit de temps en temps de courts articles pour différentes revues.
Dans un article curieux (Politics, mars 1947), Mattick dénonçait le double visage du
bolchevisme sous sa forme jumelle du stalinisme et du trotskisme, dont il considérait le
résultat comme étant le “capitalisme d’État” :
« Trotski pensait que Staline détruirait la nature capitaliste d’État de l’économie en faveur
de l’économie bourgeoise. C’est ce que Thermidor est supposé signifier. Le déclin de l’ordre
économique bourgeois a empêché Staline d’accomplir cela. Tout ce qu’il pouvait faire a
consisté à imprimer les traits haïssables de sa dictature personnelle sur une société qui avait
été établie par Lénine et par Trotski. C’est dans ce sens que le trotskisme a vaincu le
stalinisme, bien que Staline continue à occuper le Kremlin. ». Le stalinisme et le trotskisme,
selon la pensée de Mattick, n’auraient cependant pas vaincu. Ils s’avéraient être un passé
mort :
« Trotski ne pouvait pas se permettre de voir dans le bolchevisme seulement un aspect de la
tendance se produisant dans le monde entier à une économie mondiale fasciste. Aussi tard
que 1940, il restait d’avis que le bolchevisme avait empêché l’avènement du fascisme en 1917
en Russie. Il devrait pourtant être clair depuis longtemps que tout ce que Lénine et Trotski ont
empêché en Russie, c’est l’utilisation d’une idéologie non-marxiste pour la reconstruction
fasciste de la Russie. Étant donné que l’idéologie marxiste du bolchevisme ne servait que des
objectifs capitalistes d’État, elle s’est elle aussi discréditée. Comme tous les points de vue qui
laissent derrière eux le système capitaliste d’exploitation, le stalinisme et le trotskisme sont
des reliques du passé. ».
En commençant dans les années 40 et en poursuivant jusque dans les années 50, Mattick
s’est intéressé aux ouvrages de Keynes et il a rédigé une série de remarques et d’articles
critiques relatifs à la théorie et à la pratique de Keynes. Dans le cadre de ce travail, il a
continué à développer la théorie de Marx et de Grossmann sur l’évolution capitaliste dans le
but d’analyser de manière critique de nouveaux phénomènes et manifestations du capitalisme
moderne.
C’est dans le contexte des transformations générales du paysage politique et de la
réapparition des idéologies radicales dans les années 60 que Paul Mattick a fourni quelques
contributions politiques fouillées et importantes : l’une de ces oeuvres majeures est : Marx and
Keynes. The Limits of Mixed Economy (1969), qui, traduite en plusieurs langues, a eu une
très grande influence sur le mouvement étudiant post-1968. Un autre ouvrage important a été :
Critique of Herbert Marcus – The one-dimensional man in class society, dans lequel Mattick
rejetait résolument la thèse selon laquelle le prolétariat, au sens de Marx, est devenu un
« concept mythologique » dans une société capitaliste avancée. Bien qu’il ait été d’accord
avec l’analyse critique que fait Marcuse de l’idéologie dominante, Mattick objectait que la
théorie de l’unidimensionnalité elle-même n’existait que comme idéologie. Marcuse a
confirmé par la suite que, parmi les critiques que son livre avait subies, celle de Mattick a été
la seule qui était à prendre au sérieux.
Jusqu’à la fin des années 1970, de nombreux articles de Mattick, nouveaux et anciens, en
différents langues, ont trouvé place dans les publications les plus diverses. Pour l’année
académique 1974/75, Mattick a obtenu un poste de professeur invité à l’Université “rouge” de
Roskilde au Danemark. Il y a donné des cours sur la “Critique politique de l’économie” de
Marx et sur l’histoire du mouvement ouvrier. Il a participé de manière critique à des
séminaires d’autres invités tels que Maximilien Rubel, Ernest Mandel, Joan Robinson et
d’autres encore. En 1977, il a achevé son dernier voyage de conférences important qui l’a
conduit à l’Université de Mexico. Dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest, il s’est produit dans
des manifestations en 1948 et en 1971 à Berlin et en 1975 à Hanovre. De ce fait, Mattick a
réussi à gagner à sa vision du monde quelques partisans, y compris dans les jeunes
générations.
Pour cette nouvelle génération, la révolution sociale n’était concevable que sur un plan
international. Dans un article célèbre (“Capitalisme et Écologie. Du déclin du capitalisme au
déclin du monde”, 1976), Mattick soulignait l’enjeu historique véritable :
« Qu’est-ce qui est donc à faire dans cette situation qui semble désespérée ? Rien du tout si
l’on aborde le problème du point de vue de l’écologie. Ne serait-ce que parce que ce n’est pas
la chose la plus évidente qui menace l’existence même de l’humanité. La “crise écologique”
est pour une grande partie un produit de la situation sociale en crise, et la catastrophe
imminente la plus récente qui en résulte précède la catastrophe écologique. De la façon dont
les choses se présentent aujourd'hui, la grande vraisemblance de guerres nucléaires rend
superflu de s’occuper de la crise écologique. Toute l’attention doit être dirigée sur les
événements sociaux afin de couper l’herbe sous les pieds aux criminels atomiques de l’Est et
de l’Ouest. Si les travailleurs du monde n’y arrivent pas, ils ne seront pas non plus en mesure
de s’opposer à la menace écologique et de créer, avec la société communiste, les conditions
préalables pour la survie de l’humanité. ».
En 1978 est paru un recueil volumineux relatif à son activité de plus de 40 années sous le
titre : “Communisme anti-bolchevik”.
Paul Mattick est mort au mois de février de l’année 1981 et il a laissé derrière lui un
manuscrit presque terminé destiné à un autre livre qui a été revu par son fils et qui est paru
ultérieurement sous le titre : “Marxism – Last Refuge of the bourgeoisie ?”.
Paul Mattick a été marié depuis 1945 à Else Mattick (1919-2009). Leur fils, le philosophe et
économiste Paul Mattick Junior, est né en 1944.
MATZEN, KARL
AAUE, Grand-Hambourg, ensuite FAUD. En 1926, il a fondé à Hambourg, avec Otto
Reimers*, Karl Roche* et Ernst Fiering*, le “Bloc des révolutionnaires antiautoritaires”,
composé d’anarcho-syndicalistes, d’anarchistes, d’unionistes et d’anarchistes individuels.
MAUSCHEWSKI
Hanovre ; KAPD (tendance Essen).
MEERHEIM, AUGUST (1896 – ?)
1919 KPD, conseiller municipal à Weissenfels (Saxe-Anhalt), 1927-1929 KAPD de
Weissenfels ; 1946 SED, 1948 exclusion du SED, et ensuite concierge.
MEIER, MARIE
Zwickau ; AAUE, rédactrice de la revue Proletarischer Zeitgeist, 1922-1933. Elle est mise en
prison préventive après février 1933.
MEISTER, HUGO (27.02.1901 – 13.11.1956)
Gotha ; menuisier, cheminot, né à Langensalza (Thuringe), il a grandi dans un orphelinat ;
fréquentation de l’école primaire. 1915-1916, apprentissage du métier de menuisier, mais
interruption de cet apprentissage à cause d’une maladie oculaire ; en 1918, membre de
l’USPD et de la Jeunesse Socialiste Libre (FSJ). En 1919, membre du KPD et de l’AAU. En
mars 1920, il participe aux combats armés des travailleurs de Gotha contre le putsch de Kapp-
Lüttwitz. En avril 1920, passage au KAPD jusqu’en 1923 ou 1924. En 1925, retour au KPD ;
Meister est devenu membre de la direction du sous-district de Gotha. En 1926, ouvrier des
transports dans la Reichsbahnausbesserungswerk (RAW) de Gotha – membre du conseil
d’entreprise. En 1927-1931, dirigeant politique du sous-district de Gotha du KPD et membre
de la direction élargie de district de la Thuringe. En 1928-1932, membre de la fraction du
KPD dans le conseil municipal de Gotha. En 1929-1932, président du conseil d’entreprise de
la RAW de Gotha et dirigeant de la RGO (chemin de fer) en Thuringe ; licencié du service de
la Reichsbahn à cause de la direction d’une grève de protestation contre un décret d’urgence
de Papen. En 1933-1935, arrestation et incarcération pour raison d’activités illégales ; après
sa libération, il poursuit son travail illégal. En 1939-1944, proche collaborateur de Theodor
Neubauer (1890-1945), membre du Comité National de l’Allemagne Libre du KPD et de son
groupe de résistance. En août 1944, arrestation par la Gestapo et internement au KZ de
Buchenwald. En 1945, il participe à un poste de direction à la reconstruction du KPD de
Gotha et de son district ; maire-adjoint de Gotha et direction du SED pour le district de
Gotha ; en 1949, il fréquente de l’Académie d’administration de Forst-Zinna. Début 1951 –
31 mars 1951, directeur des entreprises économiques communales. En 1951, exclusion du
SED. Hugo Meister est mort en novembre 1956 à Gotha.
MELZER, HEINRICH (1890 – 1967), alias WILLI, FRITZ BIELEFELD
Chaudronnier, ouvrier du génie civil ; 1910-1913, chauffeur dans la marine, 1914-1918,
soldat dans la marine ; 1918, participation à la révolution hambourgeoise, 1920 commandant
dans l’Armée rouge de la Ruhr, 1920-1922, secrétaire du DSB (Deutscher Seemannsbund),
l’Union des gens de mer allemands, à Stettin ; 1922-1929, gestionnaire de la FAUD
(Rhénanie) ; 1930-1940, représentant juridique d’une Association des Victimes de la guerre et
du travail ; 1933-1945, interdiction professionnelle et arrestation.
En 1945, il est l’un des fondateurs de la Freie Deutsche Gewerkschaftsbund (FDGB), la
Fédération Libre des Syndicats Allemands, pour la zone urbaine de Müllheim. Il a fait partie,
en tant que représentant du KPD, du 3 août jusqu’au 21 décembre 1945, du Comité des
citoyens nouvellement créé de la ville de Müllheim. Melzer a été élu président de district du
DGB et il est resté en fonction jusqu’en 1954. « Déçu par l’évolution politique et sociale de la
République fédérale », il s’est retiré de la vie politique en 1954 après sa mise à la retraite. Le
14 mars 1972, l’on a donné son nom à une rue à proximité de l’hôtel de ville (Heinrich-
Melzer-Strasse).
MENZEL, ALFRED (3.06.1894 – 1993 ?)
Potier de Meissner, né à Hohenleine (Saxe) ; Halle, mécanicien, KAP/AAU/KAJ. Soldat, il a
été blessé à trois reprises, distingué pour sa bravoure par le Croix d’honneur de II° classe, et,
en tant qu’ouvrier qualifié, mobilisé à la Junkers-Fokker Werke à Dessau. Après la guerre,
mécanicien à Halle, il a adhéré à l’USPD et à l’AAU.
Au cours de l’action de Mars en 1921, il a sympathisé avec le KAPD et avec Karl Plättner*.
En 1922, il est devenu membre de la “Bande rouge de Plättner”, et, quelques mois plus tard,
il a été arrêté et condamné le 28 novembre 1923 à 10 années de prison ; en 1927, il était
toujours incarcéré, et, le 18 juillet 1928 il a été amnistié avec Karl Plättner (et quatre jours
avant Max Hölz). À l’occasion de la grande manifestation, organisée à l’initiative de la
direction du KPD, sur la Rossplatz de Leipzig, Mendel ainsi que Plättner ont été portés sur les
épaules des travailleurs. Malgré ce retour à la liberté triomphal, il s’est retiré de toute activité
politique. Le 12 septembre 1936, il a demandé l'attribution d'une “Croix d'honneur” pour sa
participation à la guerre et il a combiné ce souhait avec une flagornerie à l’égard des nazis :
« Le redressement actuel de notre peuple me remplit de satisfaction, et je me réjouis que
notre jeunesse soit conduite vers un but bon et unitaire avec la Jeunesse hitlérienne (à
laquelle mon fils de 17 ans appartient également). ».
MENZEL OTTO (1895 ? – 1957 ?)
Dresde-Altstadt, 62 Residenzstrasse ; AAU, partisan d’Otto Rühle*, unioniste “antiautoritaire”,
rédacteur de la brochure “Revolutionäre Betriebsorganisation und Allgemeine
Arbeiter-Union” [Organisation révolutionaire d’entreprise et AAU] en 1919. Durant la III°
Conférence de l’AAU à Leipzig (12-14.12.1920), il a signé la résolution anti-centraliste des
délégués de la Saxe orientale, du Wurtemberg, de l’Allemagne occidentale et du Brunswick,
qui refusaient le rattachement au Komintern, étant donné que « … il ne peut être question
pour eux d’un rattachement à la III° Internationale, même comme organisation
sympathisante. Les signataires … disent qu’ils ne voient dans le système qui règne en Russie
que l’expression d’une domination de parti et qu’ils ne considèrent pas la dictature qui y est
exercée comme la dictature du prolétariat, mais que celle-ci représente seulement une
dictature de parti au vrai sens du mot… ».
MERGES, ALFRED (10.04.1900 – 3.08.1971)
Mécanicien de précision, Brunswick, fils d’August Merges* : « Il a été celui qui a influencé
énormément ma vie et qui m’a conduit sur le chemin de la lutte politique ». Il a fait partie de
la Jeunesse Spartacus à Brunswick. En 1919, coursier pour la Centrale du KPD, et à partir
d’avril 1920 entre au KAPD. Après l’action de Mars en 1920, condamné à cinq années de
réclusion à cause de « la violation de la loi sur les explosifs ». Après une grève de la faim à la
prison de Wolfenbüttel, il a pu, bénéficiant d’un congé de maladie, s’enfuir, et jusqu’à
l’amnistie de 1928, il a vécu sous un faux nom. Plus tard, correspondant ouvrier de Freiheit et
reporter photographe pour l’AIZ. À partir de 1931, il a travaillé dans l’appareil-AM de la
direction de district de Basse-Rhénanie. Après 1933, travail illégal ; Merges a survécu à
l’époque NS, et, en 1946, il est devenu membre du SED ; il a vécu jusqu’à sa mort à Zittau.
MERGES, AUGUST ERNST REINHOLD (3.03.1870 – 6.03.1945), alias KRUMMER
AUGUST
Agent de voyages, éditeur et rédacteur, fils d’un boucher, tailleur, Brunswick, né à Malstatt-
Burbach près de Sarrebruck. Durant son compagnonnage, il est devenu membre du SPD et il a
travaillé plus tard à temps plein comme économiste de la Maison des syndicats d’Alfeld. En
1906, il a cessé de travailler dans son métier et a occupé un poste de fonctionnaire rémunéré
du SPD à Hildesheim et à Alfeld sur la Leine. Il y a administré la Maison des syndicats. De
1908 à 1910, il a été élu pour le SPD au conseil municipal de Delligsen, dans lequel il s’est
montré avec succès comme un orateur prônant l’agitation. En 1911, il a déménagé avec sa
famille à Brunswick, où il a d’abord géré une poterie d’art. Ensuite, il a travaillé comme
annonceur publicitaire pour le Braunschweiger Volksfreund et il est devenu éditeur et
rédacteur de ce journal social-démocrate.
Il s’est prononcé vigoureusement contre la capitulation de la social-démocratie en août
1914, et il a fondé au début de 1915, avec Sepp Oerter (1870-1928) et August Thalheimer
(1884-1948) le “Braunschweiger Revolutionsclub”. Ce Club était proche des spartakistes et il
entretenait des contacts, par l’intermédiaire de Thalheimer et de Merges, avec la Centrale
berlinoise du Spartakusbund. Ce sont environ 15 personnes qui faisaient partie du
“Revolutionsclub” et elles étaient opposées au soutien de la guerre par le Comité directeur du
SPD. La moitié des membres étaient des fonctionnaires du SPD et du syndicat, l’autre moitié
se composait de jeunes oppositionnels de l’“Association éducative pour les jeunes travailleurs
et travailleuses”. Au début de 1916, le “Revolutionsclub” a changé de nom et s’est appelé le
“Groupe Spartacus du Brunswick”. Le Groupe a pu exposer et discuter ses principes
directeurs dans les assemblées du SPD et il est devenu aussitôt un élément déterminant au
sein du parti. Il est parvenu à avoir des personnes de confiance de Spartacus dans presque
toutes les entreprises. Cette même année, Merges a été mis en “détention préventive” à cause
de ses « activités antimilitaristes contre la guerre ». En 1917, Merges est devenu membre de
l’USPD (lequel, contrairement à l’ensemble du Reich, détenait la majorité au Brunswick). Il
était en même temps membre de la Ligue Spartacus et il collaborait activement avec les
Communistes Internationaux d’Allemagne (IKD). En 1917-1918, Merges dirigeait une
“Centrale des déserteurs”, fondée par les spartakistes, qui assurait des planques aux déserteurs
et leur procurait de faux passeports et bons alimentaires. Le 3 novembre, il a parlé lors d’une
manifestation illégale de protestation à environ un millier de participants sur la Leonhardplatz
à Brunswick. En tant qu’orateur et agitateur habile, il avait une grande influence sur le
prolétariat dans l’État libre du Brunswick.
Le 8 novembre 1918, vers 7 heures du matin, il a occupé, avec un groupe armé, l’immeuble
du Volksfreund du SPD grâce auquel les radicaux de gauche se sont procuré leur propre
porte-voix. Dans l’après-midi du même jour, Merges et d’autres ont imposé l’abdication au
dernier duc guelfe de Brunswick, Ernst-August, qui, le lendemain, a quitté la ville avec sa
famille pour partir en exil. Après cela, c’est le conseil des ouvriers et des soldats qui a pris la
direction politique du Brunswick. Son président était le “hussard Schütz”. C’est deux jours
plus tard, le 10 novembre 1918, que le conseil des ouvriers et des soldats proclamait déjà un
gouvernement du seul USPD. La “République Socialiste du Brunswick” a été proclamée et,
sur les conseils de Sepp Oerter, August Merges en a été déclaré le président. La République
Socialiste du Brunswick comprenait huit “commissaires du peuple” : Minna Fasshauer*
(éducation populaire, la seule femme), Karl Eckhart (travail), Gustav Gerecke (alimentation),
August Junke (justice), Michael Müller (transport et commerce), Sepp Oerter (Intérieur et
finances), Gustav Rosenthal (défense révolutionnaire) et August Wesemeier (ville de
Brunswick). Le 23 novembre 1918, Merges sa pris part à la Conférence nationale du Conseil
des délégués du peuple à Berlin. Avec le représentant de Gotha, Merges a été le seul à se
prononcer contre la convocation d’une Assemblée nationale. Lors des élections à l’Assemblée
nationale le 19 janvier 1919, ont été élus comme représentants pour le Brunswick le conseiller
du tribunal régional supérieur, August Hampe, ainsi que l’avocat Dr. Heinrich Jasper et
August Merges. Lors de constitution de l’Assemblée nationale à Weimar, il a tenu un discours
tranchant contre le gouvernement du Reich d’Ebert-Scheidemann. Dès le 22 février 1919, il a
abandonné son mandat à l’Assemblée nationale et il a quitté le gouvernement du Brunswick
parce qu’il considérait que « la révolution était trahie par le parlementarisme ».
Après l’entrée des troupes du général Maercker en avril 1919, Merges s’est caché et il a
vécu dans l’illégalité pendant un certain temps en fuyant à Berlin. Il a quitté l’USPD et a
adhéré au KPD, mais, après le II° Congrès du parti à Heidelberg à l’automne 1919, il s’est
situé dans l’Opposition à la Centrale dirigée par Paul Levi, Clara Zetkin et Wilhelm Pieck. En
1920, Merges a quitté le KPD et il a entraîné avec lui la majorité du KPD de Brunswick pour
rejoindre le KAPD à la mi-1920. En juillet 1920, il a accompagné Otto Rühle* à Moscou pour
le II° Congrès du Komintern. Merges et Rühle ont rejeté les “Principes directeurs sur les
tâches fondamentales de l’Internationale Communiste” qui avaient été établis par Karl Radek,
qui devaient être adoptés lors du Congrès et qui comprenaient les conditions d’admission au
Komintern. C'est pourquoi ils sont déjà repartis avant le début du Congrès. Encore sur le
chemin du retour, leur est parvenue une invitation renouvelée provenant du Comité Exécutif
qui leur garantissait que le KAPD bénéficierait du plein droit de vote sans qu’il ait pour cela à
remplir des conditions de quelque sorte que ce soit.
Dans une lettre que Merges, qui avait quitté la Russie, avait obtenu d’un participant au
Congrès et qu’il avait fait connaître aux membres du KAPD, il était dit : « Quand Levi avait
appris que Rühle et Merges avaient été admis avec une voix consultative et délibérative, Levi
a posé au nom de la délégation allemande un ultimatum : l’équipe de Levi quitterait le
Congrès au cas où Rühle et Merges apparaîtraient lors du congrès ! ».
Après son retour en Allemagne, Merges a déclaré au cours de plusieurs conférences dans
différentes villes : « La Russie est certes le pays qui a été le premier à effectuer sa révolution,
mais elle sera le dernier pays qui réalisera le socialisme ». En octobre 1920, Rühle (et peutêtre
Merges lui aussi) a été exclu du KAPD. August Merges est intervenu durant le Congrès
du parti qui s’est tenu en février 1921 à Gotha en faveur de Rühle et pour le soutien d’une
initiative en faveur des femmes.
À Brunswick, il n’a pas adhéré à l’AAU, mais à la FAU ; et en 1921, il est passé à l’AAU-E
antiautoritaire. August Merges et Minna Fasshauer se sont également rapprochés des anarchosyndicalistes
de l’Union Ouvrière Libre et ils se présentaient comme orateur et oratrice dans
ses assemblées.
Dans les années de la République de Weimar, il a été à plusieurs reprises accusé, entre
autres, d’avoir publié l’acte d’abdication du duc de Brunswick et d’avoir dissimuler des
armes. Merges, qui a été un membre actif du Rote Hilfe au Brunswick, dirigeait en 1926 un
petit groupe d’ancien membres du KAPD (Franz Pfempfert*, Oskar Kanehl*) qui s’appelait le
Spartakusbund n° 2 et qui avait des contacts avec Erich Mühsam.
Lors de la prise de pouvoir des nationaux-socialistes en 1933, Merges a rédigé un tract avec
ce titre : « Hitler signifie la guerre et le déclin ». Il a été imprimé par son fils Oskar et par
Oswald Berger et distribué devant les agences de l’emploi. Il a été procédé à de nombreuses
perquisitions de sa maison et beaucoup de ses livres ont été confisqués. En 1934, August
Merges et Minna Fasshauer ont participé à l’Union des Conseils Communistes. Celle-ci a
commencé à produire et à distribuer divers pamphlets (Kampfsignal, Der Rote Rebel, Die
braune Pest…) auxquels Merges a collaboré. Le 27 mai 1935, Merges a été arrêté et le
7 octobre 1935 condamné par le Tribunal régional supérieur du Brunswick à trois années de
prison. Il a été interné entre autres à Wolfenbüttel et soumis à de graves mauvais traitements.
Libéré le 20 décembre 1937, il est resté jusqu’à la fin de sa vie sous la surveillance de la
police. Au matin du 6 mars 1945, August Merges a été retrouvé mort dans son jardin à
Brunswick.
METZGER, ADAM (1892 – ?)
Tourneur, Francfort/Main, à partir de 1934 Berlin ; en 1919 Jeunesse Ouvrière Socialiste
(SAJ), 1912-1914 SPD ; 1917 USPD ; 1920 KAPD/AAU ; 1924-1927 membre de la direction
du district de Francfort/Main (Sud-ouest) ; délégué AAU à la Conférence de fondation de la
KAU (décembre 1931) ; 1931-1933 KAU. Après 1933, arrestation pour cause de “haute
trahison et trahison du pays”, libération après 5 mois ; membre du groupe de résistance dans
la société Schwarzkopf de Berlin-Reinickendorf. Après 1945, GIS/SWV ; 1946 SED ; 1950
sortie du SED ; « Il a été attiré par ruse dans le secteur Est où il a été arrêté. Metzger devait
se présenter comme témoin à charge dans le procès intenté contre Weiland, ce qu’il a refusé
de faire. Il a fourni au ministère de la Sécurité une multitude d'informations détaillées après
des interrogatoires intensifs. ». En août 1952, il a été condamné à 10 années de prison. En
1956, après avoir été libéré de prison plus tôt que prévu en raison d’une grâce, il s’est enfui à
Berlin-Ouest.
METTENDORF, WALTER (1904 – ?)
Klostermansfeld ; mineur, 1919 SAJ, partisan de Max Hölz*, 1922 KJVD, 1925 KAJ,
1926 AAU, 1927-1930 ? KAPD. Après 1945, KPD/SED, 1949 SED, chef d’exploitation d’un
puits du combinat de Mansfeld. Le 25.11.1950, arrestation et le 11.07.1952 condamné par le
Tribunal régional de Halle à 1 an de prison et 5 ans de mesures d’expiation.
MEYER, LUDWIG (30.03.1861 ? – 13.09.1942 ?), alias BERGMANN
Métallo, né à Leipzig, avant la Guerre mondiale membre du SPD, en 1917 USPD, puis KPD,
et ensuite KAPD/AAU. En tant que délégué révolutionnaire de Leipzig, il a rompu en
décembre 1918 avec l’USPD. À l’été de 1921 KAPD/AAU, délégué de l’ISR (Internationale
Syndicale Rouge) et du Komintern à Moscou. Durant le Congrès de l’ISR, il a combattu
vigoureusement Losovski qui exigeait l’autodissolution des Unions et l’adhésion directe des
unionistes aux syndicats réformistes. Après 1922, vraisemblablement retraité, il a abandonné
toute activité politique. Le 19 septembre 1941, il a été déporté de Weimar dans le KZ de
Theresienstadt/Terezín où il est mort.
MICHAELIS, ARTHUR (15.09.1888 – juillet 1942), alias JANUS ?
Berlin-Weissensee, employé, prisonnier de guerre ; KPD 1918-1919 ; en mars 1920, il a
participé aux combats de l’Armée rouge de la Ruhr ; en avril 1920, KAPD/AAU et Kampf-
Organisation (KO) à Berlin-Weissensee ; après septembre 1920 (“Procès des communistes”),
emprisonné pour plusieurs années ; en 1924 amnistié ; 1924-1929 GHA du KAPD, rédacteur
de la revue Proletarier.
Durant la Conférence de fondation de la KAU (décembre 1931), c’est Michaelis qui a mené
les débats. Il y a fourni un rapport sur le 2° point de discorde : “L’essence de l’Union”. De la
même façon que les GIC hollandais, il proclamait l’effondrement final du vieux mouvement
ouvrier allemand (SPD :
« Le vieux mouvement ouvrier n’a plus le moindre avenir en termes de conversion réelle à
une vision révolutionaire. Après toute son évolution, il ne lui reste rien d’autre de plus que de
rejoindre Hitler, de la même façon qu’à l’heure actuelle il accompagne Brüning ». Il ne
voyait pas différemment la situation dans les sections du Komintern : « Une opposition, une
véritable critique dans la III° Internationale est encore moins possible que dans le vieux
mouvement ouvrier, la pensée et l’autocritique y sont encore plus fortement étouffées que
dans la social-démocratie. La III° Internationale est tombée au niveau de la caricature de
l’ancien mouvement. Nous ne pouvons rien avoir en commun avec ce mouvement. ».
Michaelis établissait également un sévère bilan final de l’activité du mouvement des
conseils (organisations d’entreprise) en Allemagne : « Il n’y a eu en réalité de véritables
organisations d’entreprise que dans les structures industrielles modernes de la côte de la mer
du Nord et dans la Ruhr. Considéré de manière générale, après la Révolution, il n’y a eu
aussi autrefois qu’un faible nombre de prolétaires qui ont été influencés par nous. Notre
idéologie ne s’était en aucun cas ancrée de manière générale. Après la fin de la révolution,
les masses des travailleurs ont reflué de nouveau vers les syndicats. Et aujourd'hui, que
représente le mouvement unifié des Unions ? C'est une infime chose comparée à l'ensemble
du prolétariat… Ce qui va arriver, c’est que nous devrons traverser le désert pendant encore
un certain temps. ».
Michaelis tirait également un bilan impitoyable en ce qui concernait la situation du KAPAAU
et des conseils ouvriers : « La légitimité d’un parti politique particulier à côté de
l’Union découlait d’abord de ses tâches politiques particulières. C’est avant tout lors de la
prise de pouvoir que les tâches politiques devaient lui incomber. L’on parlait d’une
séparation des conseils en fonction des points de vue : dictature et économie. L’on pensait
que le travail de l’Union était la mise en place de l’économie. Elle devait englober au fil du
temps la classe prolétarienne dans sa totalité. Autrefois, l’on identifiait l’Union et les
conseils. En réalité, la pratique des deux organisations est devenue toutefois la même du fait
que les possibilités de tâches séparées étaient quasi inexistantes. Plus tard, il est ensuite
apparu une autre justification : le problème chefs/masse. Si l’Union devait englober les
masses, les faiblesses et les hésitations en étaient la conséquence au cours de son
développement. C’est ce fait qui devait nécessiter l’existence d’un parti particulier. Il était
donc pensé comme étant un critique de l’Union. Il devait réunir les tètes les plus claires et
les plus mûres. Or dans la pratique, l’Union est devenu en soi un second parti. Son activité
s’est cantonnée dans l’ensemble à une critique constante. Une véritable séparation n’existait
pas ; ce n'est que vis-à-vis de l’extérieur que les tâches étaient partiellement différentes. Le
KAP a compris plus tard les mêmes éléments que l’Union…
« Elle est née dans les luttes. Cependant, dans la pratique, elle n’a pas pu englober le
prolétariat en tant que classe. Généralement, ce n’ont été que des fractions des ouvriers qui
ont adopté les idées du mouvement de l’Union. C’est uniquement dans la Ruhr et sur la côte
de la mer du Nord qu’il a fédéré dans un sens classiste les travailleurs dans leur ensemble. Là
l’Union et les conseils ont trouvé véritablement un dénominateur commun. (Il y a eu toutefois
également en Saxe orientale des BOs [organisations d’entreprise] qui comprenaient tout le
personnel ; mais cela ne s’est pas passé de la même façon en raison de la particularité de
l’industrie de cette région, à savoir des entreprises plus petites). »
Michaelis a considéré le processus de déclin du KAPD comme étant le résultat d’une
identification erronée du parti révolutionnaire avec le soi-disant “État prolétarien” :
« Le tout début des débats qui ont conduit finalement à la séparation entre l’Union et le
KAP, a résidé dans les idées qu’avait le KAP sur l’exercice du pouvoir après la victoire de la
révolution, sur ses conceptions relatives à un État prolétarien. Il existait encore beaucoup de
références aux expériences et aux opinions russes. Le pouvoir politique était tout simplement
identifié au parti (Scharrer dans le Proletarier). Les différends ne sont pas provenus du fait
que des bonzes faisaient leur apparition dans le parti, mais à cause des théories qui y étaient
développées, comme la bipartition des conseils, etc. Les choses sont allées si loin que les
conseils n’étaient considérés et reconnus comme possibles par de nombreux camarades que
s’ils adoptaient la ligne du KAP. À cela s’ajoutaient encore, du fait de l’isolement après
la défaite de 1923, l’étroitesse d’esprit et la mise à l’arrêt d’une meilleure perspicacité. Il en
a résulté un effet rétroactif sur la tactique de l’Union. La lutte pour une tactique flexible ou
rigide a atteint le coeur de l’essence de l’Union. Elle a conduit à la séparation entre l’Union
et les entreprises. L’on en est arrivé à des conceptions idéalistes sur la lutte de classe du fait
desquelles l’Union recevait le même visage que le KAP… Néanmoins, l’on doit reconnaître
que le KAP a lui aussi développé de bons côtés. Dans les débats qui se sont déroulés en
Russie, dans l’affaire des grenats, il a montré des choses tout à fait positives. Naturellement,
ces mérites n’ont pas suffi pour démontrer son existence séparée. Si maintenant sa
justification ultérieure va au-delà de l’idée que le KAP devait être le critique de l’Union, qu’il
voulait représenter l’élite, il est nécessaire de dire que le KAP ne représentait pas une élite.
Toutes les scissions se sont produites aussi bien du fait du KAP que de celui de l’UNION. À
chaque fois, dans de tels cas, une partie de la soi-disant avant-garde s’en allait. Aujourd'hui,
toutes ces tendances particulières ont disparu. Pourquoi ? Parce que les questions
Parti/Union et l’essence de l’Union, n’ont pas trouvé leur véritable solution… Nous pensons
que, fondamentalement, l’AAUE ne représentait pas autre chose qu’un parti. Malgré l’accent
mis sur le subjectif, elle s’était certainement égarée – précisément en raison de sa
surestimation du subjectif – dans son approche. Elle ne voyait pas la pratique de la vie, elle
ne comprenait pas que l’on devait renouer avec les mouvements primitifs de la lutte des
classes. La conséquence de cela a été de se comporter comme des petits-bourgeois, de tomber
au niveau des discussions de club, de lutter et de se quereller pour des questions
insignifiantes et de n’avoir d’yeux que pour elles. Ce n'est que ces derniers temps – depuis
environ deux ans – que cela a changé. Peut-être que les discussions dans l’AAU y ont
contribué ou bien, autrement dit, les luttes internes de l’une des organisations ont diffusé sur
l’autre, et les deux organisations se sont mutuellement poussées vers le haut. L’AAUE est
aujourd'hui sur le même chemin que nous. ».
D’où la nécessité d’unifier le communisme des conseils, mais pas à n’importe quel prix :
« Il reste à examiner comment nous nous comportions à l’époque vis-à-vis des forces qui
allaient dans la même direction que nous (KAP, Spartakusbund, etc.). Nous voulions les
accueillir dans la mesure où elles reconnaissaient notre plateforme. Nous pensions que – si,
sous cette condition, elles nous rejoignaient – tôt ou tard, elles entreraient en contradiction
avec leurs propres organisations. Mais en fin de compte, elles doivent y défendre leurs
actions et, compte tenu de l’attitude actuelle, cela signifie l’exclusion. C’est de cette manièrelà
que nous en arriverons à une unification pratique avec les camarades. ».
Michaelis donnait finalement un aperçu assez contradictoire sur la question de l’élite
prolétarienne, l’avant-garde, mais aussi sur la discipline ainsi que sur la centralisation, et il
défendait ici une conception proche de celle du KAPD :
« La vieille séparation entre parti et syndicat correspondait à la différence naturelle entre
l’avant-garde et la classe. Après la guerre, ce dualisme doit avoir perdu sa justification étant
donné qu’alors le prolétariat devait se présenter comme une unité. Mais la contradiction
entre avant-garde et masse a pourtant continué à exister selon notre pensée actuelle
concernant l’essence de l’Union. Nous sommes aussi l’élite, l’avant-garde, même si nous (les
membres de l’Union) ne considérons pas le concept de communistes de manière aussi étroite.
Le but final pour lequel nous faisons de la propagande est le communisme. Et donc les
membres de l’Union sont communistes, mais ils n’en sont pour autant des “communistes” à
100 pour cent sur le plan théorique… Nous ne pouvons pas agir comme si chaque district ou
chaque groupe était en soi autonome, étant donné que nous devons nous comporter comme
une unité homogène. C’est précisément pour cela qu’il est nécessaire que le fonctionnement
de l’appareil soit impératif. Toute friction au sein de l’organisation, tout gaspillage des
forces, doit être évité… Le Comité central d’action doit mener son travail de sa propre
initiative en tant qu’exécutif de l’ensemble du mouvement en raison de ses connaissances
approfondies. C'est ainsi que nous aurons une bonne action et peu de déperdition des
forces… Nous ne pouvons naturellement avoir rien de commun avec le véritable
fédéralisme. ».
Michaelis n’a jamais pris en considération la perspective d’une contre-révolution radicale,
laquelle a été incarnée par le nazisme – malgré l’importance du chômage, l’angoisse des
travailleurs de perdre leur travail. Les unionistes devaient être l’avant-garde de la lutte de
classe :
« Il a été dit ici que la révolution prolétarienne n’était pas aujourd'hui encore à l’ordre du
jour en raison de l’absence de conditions subjectives. La révolution prolétarienne est
pourtant à l’ordre du jour. Elle est à l’ordre du jour depuis que les conditions objectives
existent et elle sera là jusqu’à ce que la révolution aura été victorieuse…
« Ici, nous devons mobiliser les masses et amener leur opposition à un niveau supérieur. Le
développement à un niveau supérieur provenant de ces débuts de l’opposition est possible
grâce à notre tactique particulière de l’anti-légalité, de notre spécificité de la “lutte de classe
révolutionnaire”. Ce caractère particulier réside dans le fait que nous faisons de la
propagande pour la conduite autonome des luttes, pour la nécessité du refus de l’immixtion
de toute organisation, et que nous mettons au premier plan l’opposition à la conciliation. ».
De 1931 à 1933, Arthur Michaelis est resté de représentant principal et le théoricien de
l’Union Ouvrière Communiste (KAU). En 1942, il a été assassiné en tant que juif et que
communiste dans le camp d’extermination de Sobibor.
MILLER, JOSEPH (27.08.1883 – 24.03.1964), alias SEPP
Brême, ajusteur, ouvrier des chantiers navals (A. G. Weser), né à Scheppach (Bavière), depuis
1907 SPD ; durant la I° Guerre mondiale, radical de gauche brêmois, jusqu’à son passage en
septembre 1919 à l’AAU, fonctionnaire rémunéré du Syndicat les Métallos Allemands
(DMV) à Brême.
Depuis la fin de 1918, Miller a adhéré au KPD. Après qu’il s’était engagé dans l’éphémère
République des conseils de Brême, il est entré en mars 1919 à l’Assemblée Nationale
brêmoise et à partir de 1920 à la mairie de Brême dont il a fait partie de 1921 à 1923 en tant
que président de fraction. En tant que dirigeant du Syndicat des Métallos à Brême, il est
devenu secrétaire du syndicat à temps plein et il a officié de 1920 à 1921, après Karl Jannack,
comme secrétaire local du KPD à Brême. En 1921, il a occupé le poste de secrétaire pour le
district de la Basse-Saxe. Parallèlement, il faisait fonction de dirigeant de la presse ouvrière à
Hanovre. Lors du Congrès du KPD de 1923 à Leipzig, il a été élu membre du Comité Central.
Au cours de la même année, il est entré dans le Syndicat Central des Employés. Après 1923, il
a été un fonctionnaire important du KPD stalinien.
En 1933, il a émigré (France, Norvège, Suède) et il est revenu en Allemagne en janvier
1946. De 1946 à 1954, Miller a fait partie de la Commission Centrale de Révision du SED. Il
était également le principal conseiller du département de la politique du personnel de la
direction du parti SED. En 1919, Miller est devenu chef du Bureau du personnel du SED.
Après qu’en 1952 il a critiqué le travail de ce bureau, il a été forcé de prendre sa retraite et il
a été nommé directeur du Musée Allemand à Berlin, lequel avait été rouvert en 1947.
MINSTER, KARL (1873 – 10.02.1943), OTTO DEGNER, PETER SCHÄDKE,
MOOSMANN, KÖNIG
Né le 25 décembre 1873 à Edenkoben (Palatinat) ; commerçant et agent de voyages, il s’est
formé et a travaillé dans l’affaire de son père. En 1896, il a émigré aux USA ; de 1899
jusqu’en 1901, il a été secrétaire des syndicats allemands de Philadelphie, et, de 1901
jusqu’en 1906, rédacteur du New Yorker Volkszeitung. Au cours d’un séjour temporaire en
Allemagne – il en était le correspondant lors du Congrès du SPD à Brême en 1904 –, il est
devenu le successeur de l’ancien correspondant du Vorwärts aux États-Unis d’Amérique et
dans le même temps correspondant du Wiener Arbeiterzeitung, du Hamburger Echo, du
Leipziger et du Dresdner Volkszeitung.
En 1905, Minster a acquis la nationalité américaine, mais il est rentré en Allemagne en
1912 ; il y est devenu membre du SPD et rédacteur du Bergische Arbeiterstimme à Solingen
et à partir de janvier 1914 de l’organe du SDP de Duisburg, le Niederrheinische
Arbeiterzeitung. Après le déclenchement de la guerre, il y a organisé l’opposition à la
politique du Comité directeur et de la majorité de la fraction du SPD du Reichstag. Licencié
pour cette raison de la rédaction, il a publié le bulletin de l’Association social-démocrate de
Duisbourg et la feuille radicale Der Kampf, une feuille de propagande pour la Rhénanie et la
Westphalie. Minster a adhéré au Groupe Spartacus et a participé à sa Conférence nationale le
1° janvier 1916 ; il a exercé également une activité dans le groupe des Socialistes Internationaux
d’Allemagne (Julian Borchardt). À partir d’octobre 1916, rédacteur du Volksfreund,
l’organe du SPD du Brunswick, mais là aussi il a été licencié en raison de son refus de la trêve
politique. En mai 1917, il s’est enfui aux Pays-Bas où il a été l’éditeur de l’hebdomadaire
révolutionnaire Kampf à Amsterdam. Minster a été enlevé en décembre 1917 par des agents
allemands, arrêté à la frontière et incarcéré. Libéré de la prison de Berlin-Moabit par la
révolution de Novembre 1918, il est devenu actif dans le Groupe Spartacus de Mülheim an
der Ruhr pour le compte duquel il a participé au Congrès de fondation du KPD à la fin de
1918. Minster était (avec Leo Jogiches) opposé à la fondation du parti et il a ensuite plaidé
dans la discussion en faveur de la participation aux élections à l’Assemblée nationale. En
1919, il a déménagé à Francfort/Main où il a mené une activité politique sous les pseudonymes
d’Otto Degner, de Peter, de Schädke et de Moosmann, et où il a été pendant un certain
temps le chef de l’organisation du KPD. Lors du II° Congrès du KPD en octobre 1919, il s’en
est séparé et est passé au KAPD. Par la suite, balançant entre un courant politique et un autre,
il a rompu au début de 1921 avec le KAPD et il est retourné à l’USPD.
Finalement, actif dans le mouvement séparatiste, il est devenu en janvier 1924 secrétaire
d’État du soi-disant gouvernement autonome du Palatinat. Après la chute de ce dernier,
Minster a été pendant quelques années gérant d’une entreprise ; il a vécu de 1928 à 1933 à
Essen en tant qu’écrivain libre et il a publié des articles et des essais politiques dans des
journaux socialistes comme le Welt am Abend et le Rhein-Ruhr-Fackel.
À partir de 1929, dans l’Opposition du KPD de Branler-Thalheimer, il est passé en 1931 au
Parti Ouvrier Socialiste (SAP). Minster a émigré en 1933 en Sarre où il a adhéré à la
francophile Association Économique Sarroise (SWV). Il a travaillé dans l’organe de la SWV,
le Freie Saar, ainsi que dans d’autres journaux et revues sarrois favorables au mouvement du
statuquo opposé au rattachement à l’Allemagne.
Après le référendum en Sarre, il a émigré en Lorraine, à Metz, où il a travaillé dans de
nombreuses organisations antifascistes. Après le déclenchement de la guerre, il s’est enfui à
Paris. Sa tentative en 1941 de rejoindre les USA a échoué étant donné qu’il avait perdu son
ancienne citoyenneté américaine.
Le 10 décembre 1941, il est arrêté par la Gestapo, et le 27 juillet 1942 il a été condamné à
mort par la 2° Chambre du Tribunal supérieur de Berlin (VGH). Karl Minster a été exécuté le
10 février 1943 dans la prison de Berlin-Plötzensee.
MÖBEST, OTTO (1898 – 1971)
Mansfeld, boucher, ouvrier du bâtiment, mineur, 1916-1918 soldat, 1919 KPD/AAU ; actif
dans les combats en Allemagne centrale, 1921 prison à cause de sa participation aux actions
de Max-Hölz* ; depuis la fin des années 20, dirigeant dans le KAPD/AAU de
Klostermansfeld, ami proche d’Emil Bohn* ; 1933-35 travail illégal ; 1939 soldat, vers la fin
de la guerre, il s’est retrouvé prisonnier de guerre des Soviétiques en Tchéquie jusqu’en
1947 ; SED 1948 ; école du Parti à Mansfeld. 25.11.1950 arrestation ; 11.07.1952 condamné à
un an de prison ainsi qu’à 5 ans de mesures d’expiation ; a été recruté comme employé non
officiel immédiatement après sa sortie de prison ; a travaillé jusqu’à sa mort comme
informateur des services secrets est-allemands (MfS), et finalement comme collaborateur non
officiel de la Sécurité.
MÖHRLING
Brunswick, AAU, délégué à la III° Conférence nationale de l’AAUD à Leipzig (12-14
décembre 1920), tendance anti-centraliste ; il rejette, de même que neuf autres délégués (Saxe
orientale, Wurtemberg et Allemagne occidentale) toute adhésion à la III° Internationale :
« Nous sommes d’avis que le travailleur allemand et avant tout l’AAU peuvent être
davantage utiles au prolétariat russe en lutte s’ils utilisent toutes leurs forces à faire avancer
la révolution en Allemagne par tous les moyens. L’Internationale ne sera pas là où l’on
décide, mais elle sera là où les prolétaires luttent. ».
MOLLE, KARL (17.10.1904 – 18.11.2004), alias CHARLES (BERRY)
Technicien, Opposition de gauche à Gelsenkirchen, IKD, bimensuel Unser Wort [Notre
parole] à Paris en 1934, 1935-1940 IKD à Anvers ; 1942 RKD en France avec Georg
Scheuer ; fuite en Suisse, noyau des RKD-Communistes Révolutionnaires à Zurich ; il a
collaboré avec les Unabhängige Sozialistische Blätter [Feuilles Socialistes Indépendantes]
libertaires, puis avec les Freie Sozialistische Blätter [Feuilles Socialistes libres],
Zurich/Amsterdam, 1948. Après 1950, émigration aux USA et retour aux activités
révolutionnaires. Décédé à Wooden Hills (Los Angeles).
MÖLLER, KUNO (13.12.1883 – ?), alias WOLTER, PETER HUBERT
Né à Aix-la-Chapelle ; KAPD, avec August Merges* et Karl Plättner, membre du Conseil
Supérieur d’Action (OAR) du KAP.
MOND
Niederlausitz (Cottbus), AAU, délégué à la III° Conférence nationale de l’AAU à Leipzig
(12-14 décembre 1920) s’est déclaré contre la tendance saxonne anti-centraliste.
MÖRCHE
Fonctionnaire du KAPD, Friedrichsort 1920.
MORR, A.
1 Blütenstrasse.En octobre 1919, il représentait la banlieue ouest dans le comité local de
l’AAU à Brême.
MÜHLE [= MÜLLER, MILLER]
Fonctionnaire du KAPD, Berlin-Neukölln.
MÜLLER, GERHARD (3.10.1908 à Berlin-Neukölln – 2.05.1982)
En 1933, il habite à Berlin-Neukölln, au 39 Lichtenrader Str., et en 1937 dans le 16 A.
Fréquentation de l’école primaire, puis de l’école secondaire supérieure jusqu’à la cinquième
classe ; ensuite sculpteur sur bois et apprentissage du métier de tourneur d’art, membre du
Syndicat des Ouvriers du bois dans lequel il n’a pas eu d’activité, RJ, KJVD, et 1926 DHV,
ZdA, Mouvement des Amis des enfants et membre du SPD ; à partir de 1928 employé de
bureau à la Viktoria-Versicherung AG et rejoint le KPD. Père : Richard Müller, employé
d’assurances ; mère : Helene Müller, née Ziele ; marié depuis le 9.12.1938 avec Erika Müller,
née Kootz (3.09.13 – 31.01.89) ; fils : Reimar (*1939) et Heider (*1945) Müller ; dirigeant
politique d’un groupe, ensuite du sous-district de Neukölln du KJVD, il a fait partie à compter
de la fin de 1933 des “Rote Kämpfer” (groupe Berlin-Kreuzberg), il a participé à des réunions
secrètes, il a distribué des écrits illégaux et a collecté des contributions ; le 10.12.36 arrêté ; à
partir du 29.12.1936 en détention provisoire à la prison de Berlin-Tegel. Le 8.07.1937 inculpé
et le 22.10.1937 condamné à deux années de prison par la Cour suprême royale de Berlin pour
cause de « préparatifs de haute trahison » ; il a purgé sa peine à la prison de Berlin-Tegel, à
celle de Berlin-Plötzensee et à celle de Francfort/Oder ; après sa libération, il a travaillé dans
la fabrique de machines-outils Herbert Linder à Berlin-Wittenau ; inhumé au cimetière de
Berlin-Baumschulenweg.
MÜLLER, HELMUT
Leipzig, AAU, 1931-1933 KAU. Arrêté en 1933.
MÜLLER, HERBERT
Leipzig; Jeunesse Socialiste Libre (FSJ), et ensuite KAJ.
MÜLLER, PAUL (GERHARD), (13.09.1882 – 6.05.1953)
Né à Völlenerkönigsfehn, à l’heure actuelle Westoverledigen, district de Leer. Gerhard Müller
(appelé Paul) était le fils d’une famille ouvrière très chrétienne. Apprentissage de dinandier.
De 1913 à 1932, il a travaillé comme installateur de chauffage à Oldenburg et en 1934/35
comme dinandier. En 1902, il est entré au Syndicat des Métallos, cofondateur et à partir de
1924 président de la caisse du Syndicat des Métallos à Oldenburg. De 1903 à 1914 SPD, il a
adhéré au Spartakusbund en 1918 et il a été membre du KPD depuis sa fondation ainsi que
chef de pôle du parti à Oldenburg. En 1920-21, membre du KAPD. Par la suite il a refait
partie du KPD à Oldenburg jusqu’en 1933. En 1922, il est entré pour la première fois au
Landtag d’Oldenburg dans lequel il est resté jusqu’en 1924. En 1924, il a publié un article
dans la revue Die Aktion. En 1928 et jusqu’en 1932, de nouveau député au Landtag et de
1922 à 1933 également conseiller municipal à Oldenburg. En mars 1933, il a été arrêté
pendant un certain temps. À partir de 1935, Müller a vécu à Sandkrug. Après le 20 juillet
1944 arrêté, il a passé plusieurs mois à la prison de la Gestapo à Oldenburg-Osterburg. Après
1945, il est redevenu membre du conseil de district pour le KPD. Paul Müller est mort en
1953 à Sandkrug (Hatten).
MÜLLER-WEILAND, ANNE-SOPHIE (1903 – 1968 ?), alias ÄNNE
Infirmière, née à Heidelberg, mariée à Alfred Weiland*. Début 1919, elle a été membre de la
FSJ et pendant peu de temps du KPD. En 1923, elle est ressortie du KPD pour cause de
« différends insurmontables », elle est partie pour Berlin où elle a commencé une formation
d’infirmière.
En 1927, elle est entrée dans une section de l’AAU où elle a rencontré son conjoint Alfred
Weiland. En 1932, elle a perdu son travail en raison de ses activités unionistes. Elle a ensuite
accepté une offre consistant à se rendre comme infirmière en Union soviétique où « elle a
participé à des expéditions sanitaires dans des territoires jusqu’alors inexplorés en Sibérie,
au Kazakhstan, etc., des expéditions qu’elle a même effectuées en partie de manière
autonome ». Après février 1933, elle a cependant eu « des différends politiques de plus en
plus importants avec le système soviétique qui a cherché à me diffamer en me traitant d’agent
d’Hitler. En très mauvaise santé, j’ai ensuite quitté l’Union soviétique en octobre 1934 et je
suis retourné à Heidelberg afin d’y soigner mon père ».
Après son retour en Allemagne, elle a participé avec Alfred Weiland au travail illégal de la
KAU. En novembre 1939, son CV indique : « Nous nous sommes finalement mariés ». Le
mariage et la naissance des enfants ont servi de couverture à de plus grandes réunions
illégales de la KAU.
NACHTIGALL, KARL (1893 – ?)
Berlin-Schöneberg, né à Schöningen ; en 1910 Syndicat des Mineurs et Association Libre de
Gymnastique ; en 1918, Conseil des soldats à Schöningen (Helmstedt) ; en 1919 participation
aux combats contre les troupes du général Märcker qui se dirigeaient vers le Brunswick,
blessé ; Opposition dans le KPD ; en avril 1920, KAPD, il se lie d’amitié avec Minna
Fassbauer* et August Merges* ; en mars 1921 participation à l’insurrection en Allemagne
centrale ; il faisait partie du cercle étroit gravitant autour de Max Hölz* ; en 1925, il est arrêté
et condamné à 15 années de prison (Brandebourg, Luckau, Sonnenburg) pour cause de
« préparatifs de haute trahison » ; fin 1932, amnistié, il est d’abord resté à Berlin sans être
inquiété, mais il a été arrêté dans sa ville natale de Schöningen pendant huit mois, et après
février 1933, collaboration lâche avec le groupe conspiratif des “Rote Kämpfer”.
1945 KPD/SED, collaboration avec Alfred Weiland*, membre du GIS. Nachtigall a été
responsable de la distribution pour l’Allemagne de la revue Neues Beginnen (qui s’appellera
ensuite en 1950-1954 Der Funke). En 1954, Karl Nachtigall a constitué un petit cercle
d’étudiants de la Freie Universität de Berlin-Ouest et en 1956, une tentative du MfS pour le
recruter a échoué.
NAUMANN, MINNA (27.01.1882 – 17.01.1967), née SCHREIBER
Neusalza-Spremberg en Haute-Lusace. Fille d’un postier, elle a appris à être fournisseur
d’imprimerie. En 1899, elle est devenue membre de l’Association de secours des imprimeurs
et elle a adhéré au SPD en 1901. En 1904, elle a épousé le maçon Max Naumann. À partir de
1910, dirigeante de district d’une circonscription électorale du SPD à Dresde. En 1913,
déléguée titulaire au Congrès du parti à Iéna. Minna Naumann faisait partie depuis le
déclenchement de la guerre de l’opposition à la politique de la majorité du Comité directeur
du parti et de la Fraction au Reichstag.
Après la Conférence Internationale des Femmes Socialistes à Berne (26-28 mars 1915),
Minna Naumann a reçu de Clara Zetkin et de Rosa Luxemburg la mission d’utiliser les
rassemblements provoqués par les pénuries alimentaires pour mobiliser les femmes
prolétaires en faveur la lutte contre la guerre. En janvier 1917, elle a adhéré à l’USPD et elle a
participé comme déléguée au Congrès de l’Internationale à Berne. En novembre 1917, elle a
été arrêtée pour cause de propagande antimilitaire et, en mai 1918, elle a été condamnée, en
même temps que des jeunes socialistes oppositionnels, à un an et demi de prison lors d’un
procès devant la Cour suprême de l’Empire.
En novembre 1918, libérée par la Révolution, elle a adhéré aux Communistes
Internationaux d’Allemagne (IKD) et elle est devenue membre du Comité des ouvriers et des
soldats de Dresde. Quelques semaines plus tard, elle en démissionnait avec d’autres membres
des IKD. C’est en tant que déléguée de Dresde que Minna Naumann a pris part en décembre
1918, avec Karl Becker* et Karl Plättner, au Congrès de fondation du KPD à Berlin. En tant
que partisane d’Otto Rühle, elle s’est opposée à la participation aux élections à l’Assemblée
nationale, qu’elle considérait comme une rechute dans le parlementarisme bourgeois.
« Nous, à Dresde, nous sommes des adversaires absolus de la participation aux élections à
l’Assemblée nationale… Ce sera encore moins le cas depuis la tribune de l'Assemblée
nationale que ce ne fut le cas pour les camarades Liebknecht et Rühle au Reichstag... C’est
pourquoi je vous demande à tous d’engager vos forces pour cela partout, de vous opposer à
la participation et d’adopter la proposition du camarade Rühle. ».
À partir d’avril 1920, elle a été membre du KAPD, mais elle est retournée ensuite (1923 ?)
au KPD sans y exercer des fonctions particulières. Entre 1933 et 1945, elle a été arrêtée
temporairement. En 1945, elle est devenue fonctionnaire locale du KPD à Dresde et elle y a
mené jusqu’en 1948 un travail à temps complet pour le parti. Ensuite elle a été “vétéran du
parti” du SED à Dresde et elle a obtenu en 1958 l’“Ordre du mérite patriotique” (sic) en
bronze parce que, durant la Première Guerre mondiale, elle avait lutté contre toute défense de
la “patrie” et pour l’internationalisme. Minna Naumann est morte à Dresde en 1967.
NAUTKUSS (écrit parfois DAUTGUSS ou DANTGUSS)
Brunswick (Basse-Saxe), KAPD/AAU. Durant le Congrès en février 1921, il a critiqué
sévèrement l’attitude d’Otto Rühle : « Pourquoi, lors du congrès de fondation du KAP, Rühle
n’a-t-il pas prêché et dit tout de suite que le parti ne serait pas nécessaire et qu’il devrait
fusionner avec l’Union ? Il s’est laissé nommer délégué à Moscou et il a caché ses véritables
convictions. Il y agissait déjà de manière malhonnête. ».
Il a également critiqué le “pacifisme” des partisans de la tendance Dannenberg (IWW) à
Brunswick : « Ce ne sont pas des révolutionnaires étant donné qu’ils refusent la lutte armée.
Ils ne veulent combattre qu’avec la science. Nous à Brunswick, nous sommes d’avis que nous
devons lutter avec la science et aussi avec les armes. (Très bien !). ».
Il a été envoyé (avec Arthur Bartels* et Ludwig Meyer*) comme délégué de l’AAU au
Congrès du Profintern (ISR) à Moscou (juillet 1921). Tous ont rejeté l’ultimatum de Moscou
de dissoudre les Unions, ainsi que Ludwig Meyer le constatait lors du congrès du KAPD en
septembre à Berlin :
« Les membres des Unions étaient censés rejoindre une organisation internationale dont les
principes directeurs stipulaient que les Unions allemandes étaient des entités contrerévolutionnaires.
Dans la Commission de rédaction, Nautkuss et Bartels ont exigé que cette
phrase soit supprimée et, quand cela a été refusé, ils ont quitté cette Commission. J’indiquais
la contradiction consistant à accueillir une organisation contre-révolutionnaire, ce sur quoi
Losovski a dit : “Oui, nous exigeons votre dissolution. Oui, c’est la seule chose que je veux
entendre” – La déclaration finale que nous avons déposée n’a pas été lue. Mais, après cette
déclaration, l’on a retiré des principes directeurs le passage qui disait que nous étions
contre-révolutionnaires. Après que le statut avec le passage en question a été adopté par le
Congrès, la Centrale n'en avait évidemment plus le droit, et, quand Losovski m'a [Ludwig
Meyer] dit après le Congrès, avant mon départ, que le passage avait été supprimé, je lui ai
expliqué que puisqu'il agissait ainsi, nous n'avions vraiment aucune raison d'appartenir à
l’ISR. ».
NETTBALL, KURT ERWIN HERMANN (6.03.1903 – 9.03.1978), alias ERWIN
Né à Berlin-Neukölln; électro-monteur. Il a grandi dans le quartier de Prenzlauer Berg, où il
est allé à l’école. C’est après l’école primaire qu’il a appris le métier d’électro-monteur. En
1918, Nettball a adhéré au Syndicat Allemand des Métallos (DMV). Il était en outre membre
de la Jeunesse Socialiste Libre (FSJ), puis de la KAJ. À partir de 1921, il faisait partie du
KAPD. En 1924, il est passé au KPD et il s’est engagé dans des associations proches du KPD
telles que l’“Union des Libres-penseurs prolétariens” et du “Secours rouge”. Son engagement
syndical n’est pas non plus resté indemne du fait de son orientation vers le marxismeléninisme
: à un certain moment inconnu, il s’est converti au Syndicat Unitaire des Métallos
de Berlin (EVMB) – une organisation de l’Opposition Syndicale Révolutionaire (RGO)
communiste. Nettball a été nommé “chef politique” du district de Kreuzberg pour la RGO et il
a été par moments président d’un conseil d’entreprise ainsi que membre du Comité des
conseils d’entreprise de la RGO pour le Grand-Berlin. Fin 1933, on lui a demandé d’entrer
dans la direction illégale du KPD du sous-district de Prenzlauer Berg. La Gestapo avait réussi,
grâce à des arrestations, à couper le contact entre la direction du district de Berlin-
Brandebourg et les cellules de quartier et d’entreprise. Nettball a recréé une partie de
l’ancienne organisation du parti pour le district. C’est la raison pour laquelle il est devenu,
sous le pseudonyme d’ERWIN, le “chef politique” du sous-district. Kurt Nettball fournit une
description exhaustive du travail illégal à Prenzlauer Berg dans ses « Souvenirs relatifs au
travail de parti dans la direction du KPD du sous-district de Prenzlauer Berg à Berlin au
cours de l’année 1933. »
Le 3 octobre 1933, Nettball a été arrêté à son domicile et conduit en prison préventive :
d’abord à la prison berlinoise de la police, puis du 9 janvier au 15 février 1934 au camp de
concentration d’Oranienburg, et finalement au centre de détention de Moabit. Après plus d’un
an, le procès a débuté le 25 octobre 1934 devant la IV° Chambre criminelle du Tribunal
régional supérieur de Berlin. Il s’est exprimé ainsi devant le tribunal au sujet des aveux
forcés : « Les méthodes d’interrogatoire à la Gestapo ont été si particulières qu’il ne me
restait pas d'autre choix que de signer ». Cela n’a toutefois pas empêché le juge de le
condamner deux jours plus tard à trois années de prison pour “préparatifs de haute trahison”.
Sur les 21 accusés, c’est lui qui a écopé de la peine la plus lourde. Nettball a passé les années
suivantes jusqu’au 17 janvier 1937 à la prison de Luckau, interrompues par environ deux
mois d’incarcération à la prison de Plötzensee.
Après l’expiration de sa peine, la Gestapo a mis Nettball de nouveau en “détention
provisoire”. Du 24 février 1937 jusqu’au 18 novembre 1938, il a été enfermé au camp de
concentration de Sachsenhausen. Il y a travaillé dans le “commando des électriciens”. Libéré
du camp de concentration, Nettball est resté soumis dans l’immédiat à la surveillance de la
police. Néanmoins, il a travaillé de nouveau à partir de la fin de 1939 pour le KPD illégal. Le
4 février 1943, Nettball a été appelé à rejoindre l’armée – malgré son “inaptitude au service
militaire” qui avait été prononcée en 1940. Il a fait partie du corps des transmissions dans la
“41°division d’infanterie” du “bataillon disciplinaire 999”. Après sa constitution initiale, la
division a été transférée en juin 1943 en Grèce. Un groupe d’opposants au national-socialisme
auquel Nettball appartenait a bientôt noué des contacts avec les partisans grecs. Ils
transmettaient des informations sur les actions de terreur planifiées par le bataillon de la
Wehrmacht et ils soutenaient ainsi la lutte contre les occupants allemands et italiens. Plusieurs
membres du groupe de Nettball ont de ce fait été victimes de la justice de la Wehrmacht.
Le 10 juin 1946, Nettball, qui avait été fait prisonnier de guerre en avril 1945 par les
Yougoslaves, a été libéré et il est rentré à Berlin. Il y a travaillé de nouveau pour le KPD, qui
s’appelait désormais le SED. En 1948, il a été employé au secrétariat de sa Centrale. Au cours
des années suivantes, il est devenu, en tant que collaborateur du bureau de district de la
Fédération Libre des Syndicats Allemands (FDGB), chef de service dans le Bureau du
président de l’“ Association des coopératives de consommation allemandes”.
À partir de 1951, il a travaillé tout d’abord au FDGB et à partir 1952 comme rédacteur à
l’“Institut pour le Politique Internationale et l’Économie” à Berlin.
De plus, Nettball s'est attaqué une fois de plus à l'histoire du bataillon dénommé le 999°.
C’est ainsi qu’il a été en 1948 le chef d’une Commission homonyme pour l’Union des
Persécutés par le Régime nazi (VVN). En 1974, lui, ainsi que deux autres membres de la
Division disciplinaire, ont été chargés par la direction centrale du “Comité des Résistants
antifascistes de la RDA” de produire un livre portant sur la résistance dans ces bataillons. Ce
livre est paru de manière posthume en 1982. En 1958, Nettball a reçu la médaille des
“combattants contre le fascisme 1933-1945” et un peu plus tard une “pension d’honneur pour
les combattants”. En outre, on l’a appelé à la direction du “Comité des Résistants antifascistes
de la RDA”. Kurt Nettball est mort en 1978, peu après son 75° anniversaire. L’inhumation a
eu lieu au “Cimetière des socialistes” à Berlin-Friedrichsfelde.
NEUBERT, ALFRED (1900 – ?)
Sellier, Dresde-Nord, avant 1933 AAUE, KAU ; résistance du KPD pendant la guerre ; après
la guerre, GIS, et, en 1950, il s'est enfui à l'Ouest, mais il est revenu à l'instigation d'Alfred
Weiland*.
NEUBERT, OTTO (1909 – ?), alias WALTER HAUBOLD
Outilleur, Dresde-Nord, AAUE, 1931-1933 KAU et après 1945 FDGB, GIS ; 1952-1955,
sous la pression du MfS, recruté comme “collaborateur non officiel” (indic) avec pour “nom
de guerre” Walter Haubold.
NEUBERT, RICHARD (1898 – 1972 ?)
Tailleur, Dresde-Nord, 1922-1931 AAUE, KAU ; frère aîné d’Alfred et d’Otto.
NEUMANN, FELIX (23.12.1889 – 1943)
Berlin ; typographe, 1910 SPD, USPD, 1919 KPD, avril 1920 KAPD aux activités duquel il
n’a participé que quelques mois. En 1921, il est retourné au VKPD. En 1923, secrétaire à
l’organisation de la Centrale du KPD à Berlin, témoin-clé au “procès de la Tcheka” (février
1925). Selon l’acte d’accusation du procureur auprès du Tribunal d’État de Leipzig, le
“groupe des tchékistes” allemand a été créé le 19 novembre 1923 par Felix Neumann. Le seul
homicide que le Tribunal de Leipzig a pu prouver concernant les accusés était le meurtre du
coiffeur berlinois Johann Rausch que Felix Neumann a abattu le 7 janvier 1924 dans son
appartement et qui est mort le 17 mars 1924 des suites de cet attentat. Rausch était soupçonné
d’être un mouchard. Neumann a été condamné à mort le 22 avril 1925, puis la peine a été
commuée en prison à perpétuité, plusieurs fois réduite par des amnisties et finalement
complètement levée en octobre 1930. C’est en 1928 déjà qu’a eu lieu le passage ouvertement
mis en scène de Felix Neumann aux nationaux-socialistes. À l’automne de 1928, il s’est évadé
de prison – probablement avec l’aide de fonctionnaires nazis – et il est resté dans l’illégalité
jusqu’en octobre 1930. Le 1° novembre 1930, admission officielle dans le NSDAP.
En avril 1933, dirigeant d’un bureau de district du NSDAP duquel il a été licencié en raison
de son passé. Il a ensuite travaillé pendant deux ans comme représentant. En novembre 1936,
il a été réhabilité par le Tribunal supérieur du NSDAP et il a obtenu un poste comme
collaborateur à plein temps du Front du Travail Allemand (DAF).
NEUMANN, HARRY (Heinrich)
Berlin, fonctionnaire du KAPD, 1921 responsable de la Commission de Soutien
Révolutionaire Unifiée (VRUK).
NEUMANN, MORITZ (1905 - ?)
Jeune unioniste, AAUE, Francfort/Main.
NEUMANN, WILHELM
Rédacteur du Kampfruf 1928-1933.
NEUNAST
Hambourg, ouvrier au chantier naval Vulkan, AAUD, porte-parole du KAPD.
NICKEL, OSKAR
Mülheim an der Ruhr, contremaître, communiste de gauche, président du Comité exécutif de
Mülheim. Il a proclamé dans un rassemblement comprenant plus de mille participants le
30 mars 1920 sur le marché de l’Hôtel de ville : « D’ici, depuis la zone industrielle, la vague
ardente de la révolution se propagera dans le monde entier ! Il est exclu que nous
disparaissions ; notre mouvement est comme une vague géante irrésistible qui submergera
tout. ». [Si pourtant la Reichswehr devait être suffisamment forte pour envahir la Ruhr], alors
ce sera « seulement sur nos cadavres et sur les décombres de l’industrie ! ». En avril 1920, il
a adhéré au KAPD. Délégué au Congrès d’août 1920 à Berlin, il a accusé le nationalbolchevisme
:
« En tant que prolétaires ayant une conscience de classe, nous refusons les compromis avec
la bourgeoisie. Si nous voulons combattre le capitalisme international, nous ne pouvons pas
faire de la propagande en faveur de la nation. Nous crions la même chose également aux
syndicalistes. Nous avons beaucoup regretté qu’aucune aide ne nous soit venue de
Hambourg. – Le mot de paix civile sonne en soi de manière si bourgeoise qu’un
révolutionaire honnête devrait refuser d’agir en général avec ces mots-là… Nous devons
veiller à ce que notre parti ne devienne un parti de chefs. Pour nous, les personnes ne jouent
aucun rôle. En ce moment où la Russie est à la frontière de l’Allemagne, faire de la
propagande pour ces idées nationalistes signifie poignarder le front prolétarien dans le
dos. ».
Retiré de la politique, Oskar Nickel a déposé le 22 juillet 1922 une demande de brevet pour
une invention (“Procédé de production de ciment”) au Grand-duché de Luxembourg. Au
milieu des années 20, il semble qu’il ait émigré aux États-Unis.
NOACK, KARL AUGUST
AAU Riesa (Meissen), puis en 1921 AAUE.
NOBEST (NOWEST ?)
Bitterfeld, AAU/KAPD, 1920-1921.
OEHLSCHLÄGER, HUGO (1898 – ?)
Spécialiste en sciences sociales ; KAPD ; 1918-1919 KPD à Kiel ; en 1920-1921, il dirige
avec Adolf Dethmann* la section de Kiel du KAPD ; plus tard, il a déménagé à Mülheim an
der Ruhr. En mars 1922, il est devenu membre de la tendance Essen à Mülheim. Jusqu’en
1921, il est resté membre du Secours Rouge, et ensuite de la VURK. En 1927, il est exclu de
la KAI. En tant que spécialiste des sciences sociales, il a participé de 1928 à 1932 à l’activité
de la Ligue Mondiale pour la Réforme Sexuelle, qui avait été fondée par le célèbre sexologue
et réformateur an matière sexuelle, le Dr. Magnus Hirschfeld (1868-1935).
OLDAG, ARTHUR WILLIAM (1905 – 1977), qui s’appelait OLDAY, JOHN, alias
FREDERICK FROSTICK, FRANK ALLEN, WILLI FREIMANN, MICHAEL PETERSON
Né à Londres, il a passé sa petite enfance à New York où sa mère avait déménagé après sa
naissance. Lors d’un séjour de celle-ci dans sa patrie, l’Allemagne, en 1913, elle a laissé son
fils à sa mère. Jusqu’à son départ à Londres en 1938, ce dernier a vécu en Allemagne. En tant
qu’agitateur de la “Jeunesse Communiste”, il a pris part à des pillages effectués par des
masses de gens affamés, lesquels souffraient du manque permanent de denrées alimentaires.
C'est en raison de ses « déviations anarchistes » qu’Olday a été pourtant rapidement exclu de
la “Jeunesse Communiste”. Peu de temps après, il est devenu membre des “anarchospartakistes”.
Il a combattu dans un de leurs groupes de guérilla pendant le soulèvement de
Hambourg de 1923. Au cours de l’année suivante, il a travaillé dans la Ruhr qui était
antérieurement occupée par la France et qui était le centre de l’exploitation minière et de
l’industrie dans l’Allemagne de l’ouest. En tant qu’anarchiste révolutionnaire, il a agi en
faveur du retour au mouvement des conseils ouvriers.
À partir de 1925, Olday s’est retiré pour quelques années du mouvement révolutionnaire
afin de concentrer principalement son énergie sur la création artistique. Ses pièces de théâtre
critiques envers la société qu’il donnait dans des cabarets hambourgeois, lui ont apporté de la
reconnaissance. Après 1933, il a continué de travailler avec les activistes sociaux révolutionnaires
qui n’avaient pas encore été arrêtés par les fascistes. Ses camarades ont réduit la taille
des dessins d'Olday et des textes qui les accompagnaient. En même temps, Olday jouait le
rôle du peintre homosexuel excentrique. C’est par ce moyen qu’il a eu accès aux cercles les
plus élevés du NSDAP de Hambourg. De cette manière-là, il obtenait des informations de
première main qu’il transmettait à la clandestinité antifasciste. C'est ainsi qu’il a été en
mesure d’informer à temps de nombreux camarades sur leurs arrestations imminentes. Il a
sauvé beaucoup de personnes de la mort, laquelle était pratiquement inévitable en camp de
concentration.
Quand en 1938 la répression politique et intellectuelle s’est faite plus forte, il était devenu
impossible à Olday de demeurer en Allemagne. Lorsqu’un commando de la Gestapo était sur
le point de l’arrêter, Olday s’est enfui en Grande-Bretagne. En 1939, des pacifistes
britanniques l’ont aidé à publier un recueil de dessins sous le titre “The Kingdom of Rags”
[Le royaume des guenilles]. C’est au moyen de l’illustration par son style graphique très
anguleux qu’il fournissait au public britannique une représentation impressionnante des
atrocités du régime nazi. Il a aidé l'État à coordonner le naufrage d'un navire de munitions
allemand au large des côtes hollandaises et il a organisé l’assassinat d’un collaborateur juif
des nazis à Anvers. De temps en temps, il a pu se rendre à Paris et travailler avec d’autres
communistes des conseils exilés. Ils ont rédigé un “Appel aux travailleurs allemands” qui a
été diffusé grâce au programme en langue allemande de Radio Strasbourg. En rappelant la
résistance passive couronnée de succès des mineurs pendant l’occupation française de la
Rhénanie après la Première Guerre mondiale, Olday incitait les ouvriers à employer les
mêmes méthodes, y compris le sabotage, afin de bloquer la machine de guerre nazie. C’est
dans le contexte de ces activités qu’Olday a épousé en 1942 Hilde Monte [c'est-à-dire Hilde
Meisel]. Olday a expliqué ce mariage à ses camarades par le fait qu’il la protégeait ainsi de
la déportation possible vers l’Allemagne en lui procurant la nationalité britannique. Les
activités politiques de Hilde Monte comprenaient l’édition de différentes revues en langue
allemande et le soutien de la résistance juive clandestine dans les territoires occupés par la
Wehrmacht. Lors de l’accomplissement d’une mission comme courrier à Tisis, dans une
zone-frontière située entre l’Autriche, le Liechtenstein et la Suisse, elle a été arrêtée par une
patrouille SS et sommairement exécutée. Différentes sources indique comme date de ce fait
1944 ou avril 1945.
Olday devait aussi à l’origine prendre part au devoir patriotique. Il aurait dû servir comme
sapeur s’il n’avait pas déserté avec succès avant qu’il ait pu être envoyé participer à la guerre
impérialiste. C’est grâce au soutien du groupe anarchiste “Freedom”, qui lui a procuré de faux
documents d’identité, qu’il a réussi à rester en cavale jusqu’en 1944. Lors de ces années-là, il
a consacré toutes ses forces au combat antimilitariste et il a été intégré en 1942 la rédaction de
“War Commentary” [Commentaires sur la guerre]. Il est également resté rédacteur quand le
nouveau journal Freedom [Liberté] en a pris la suite. Lors de ces années-là, Olday, qui signait
“xxx”, a apporté son concours au journal avec des bandes dessinées et des caricatures. Avec
Marie Louise Berneri et Vernon Richards, Olday rédigeait un journal qui s’adressait aux
soldats de l’armée britannique et qui paraissait toutes les deux semaines. Olday utilisait cette
publication pour défendre la création de conseils d’ouvriers et de soldats, comparables à ceux
pour lesquels il avait lutté dans les soulèvements de Hambourg après la Première Guerre
mondiale. Pour Olday, le but du pouvoir des conseils résidait dans une réorganisation
communiste libertaire de la société. Bientôt, un nombre croisant d’anarchistes a été arrêté.
Heureusement, une solidarité inébranlable a permis d'éviter que de rares cas de sabotage ne
soient prouvés.
Pendant la guerre, Olday s'est efforcé d'aider les quelques révolutionnaires sociaux restés à
Hambourg dans leur guerre clandestine contre le régime nazi. Avec l’aide de membres
anarcho-syndicalistes de la FAUD, il a rendu possible la transmission d’informations et de
provisions à Hambourg. Il y avait des marins et des marchands scandinaves dont le travail les
amenait encore régulièrement dans les ports allemands, même pendant la guerre. Olday
produisait pour leur journal, l'Industrial Worker, un approvisionnement constant de dessins et
de poèmes. Du fait du soutien résolu de ses amis de Freedom et des camarades de
l’Association Internationale des Travailleurs, Olday est parvenu en 1943 à publier un second
recueil de dessins politiques intitulé “The March of Death” [La marche de la mort]. C’est avec
son style graphique, qui était tranchant de manière caractéristique, qu’il dévoilait les
similitudes entre les pouvoirs en place, « qu’ils aient une apparence idéologique capitaliste,
impérialiste, fasciste ou socialiste », dans l’oppression de leurs populations.
En 1944, Olday a été surpris en train d'essayer de se procurer une machine à écrire pour le
groupe Freedom. Bien que le soupçon de vol se soit rapidement révélé faux, la véritable
identité d’Olday n’a pas pu être gardée secrète. En janvier 1945, il a été condamné à un an de
prison, après qu’il a été déclaré coupable pour « vol par découverte et usage frauduleux d'une
carte d'identité ». Après qu’il a purgé huit mois, les autorités militaires l’ont emmené
immédiatement dans un camp de prisonniers où il a dû passer deux années pour cause de
désertion. Grâce à une massive campagne publique et avec l’aide d’intellectuels
sympathisants comme Herbert Read, George Orwell et George Woodcock, les amis d’Olday
de la “Freedom Press Defense Campaign” ont obtenu sa libération au bout de trois mois. Sur
la base de ses contacts avec des prisonniers de guerre allemands incarcérés en Grande-
Bretagne, Olday a commencé en août 1946 à mettre sur pied d’une nouvelle organisation de
propagande, le “Groupe-Bakounine International” (IB-G), dans le but avant tout de revitaliser
le mouvement anarchiste en Allemagne. Les objectifs déclarés étaient : « la destruction de
l’État dans toutes ses formes, et la création d’une communauté non-autoritaire s’appuyant
sur un système de conseils ouvriers et de conseils communaux ». Olday s’est vu confier la
tâche d’en créer les conditions organisationnelles, au cours d’une campagne mêlant idées et
actions, avec les prisonniers de guerre allemands détenus dans les camps en Angleterre. Il a
non seulement fait entrer clandestinement des tracts et des brochures dans les camps, mais il a
également contribué à la création de petits groupes anarchistes reliés entre eux par des
coursiers. L’“IB-G” soutenait le concept du travail dans de petits groupes clandestins. Elle
refusait comme réformiste toute collaboration avec des institutions gouvernementales. Olday
a été aussi chargé de s’occuper de la nouvelle section allemande de l'“IB-G”
Le succès du travail de propagande anarchiste britannique a été démontré peu après le
rapatriement des prisonniers de guerre en Allemagne. Déjà pendant l’été, les anarchistes ont
pris part aux révoltes de la faim en Rhénanie. Dans un manifeste illégal, l’“IB-G” allemand
appelait les affamés à participer à la création de conseils révolutionnaires. Olday envoyait
depuis Londres un bulletin d’informations régulier, avec des recommandations qui allaient de
la grève des loyers aux boycotts des consommateurs.
Dans l’Allemagne dévastée par la guerre et maintenant divisée de manière géopolitique, les
quelques camarades survivants étaient confrontés à une atmosphère de désespoir social
complet et au manque de perspectives. Rudolf Rocker a écrit la brochure : “A view of the
situation in Germany – the Possibilities for a Libertarian Movement” [Considérations sur la
situation en Allemagne – les possibilités d’un mouvement libertaire. New-York-Londres-
Stockholm, 1947]. Sa préoccupation centrale était la renaissance de l’anarchisme en
Allemagne. Il pensait que cela dépendait aussi bien de l’entente entre les activistes libertaires
restants que de la préservation de l’héritage historique et théorique du socialisme libertaire.
Olday a reproché à Rocker d’avoir oublié les soulèvements révolutionnaires du prolétariat
allemand de 1919, de 1921 et de 1923. Il l’accusait d’avoir abandonné les principes
révolutionnaires de la FAUD. Olday était furieux contre l'esprit d'auto-organisation
communautaire et coopérative de Rocker. Olday appelait cela un capitalisme autogéré, pas
fondamentalement différent du capitalisme d'État occidental. Malgré un système
prétendument “communaliste”, l’exploitation de l’homme par l’homme se poursuivrait. Olday
opposait une association révolutionnaire de tous les socialistes, communistes des conseils et
anarchistes, à la préconisation de Rocker d’une coalition des fédéralistes. Ces révolutionnaires,
ainsi pensait-il, devaient s’unir dans une nouvelle “alliance Spartacus” sur la base des
principes anarcho-communistes, sans bureaucratie ou stricte discipline. Olday a quitté l’“IBG”
en février 1948 et il a continué à travailler à mettre sur pied une organisation qui
correspondait à sa pensée. Très rapidement, il a collaboré avec un réseau de “groupes
spartakistes” aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, en Sarre et en Grande-Bretagne. Rien
qu'en Allemagne, soixante groupes étaient impliqués, principalement dans la zone Est
occupée par les Soviétiques. Le bulletin d'information d'Olday, dont le titre est passé
d'“Anarchiste” à “Anarchiste des Conseils”, n’est paru qu'en petit nombre par numéro. À la
fin des années 1940, Olday a cessé brutalement toute activité au sein du mouvement
anarchiste international. Les “Groupes spartakistes”, privés de son implication fougueuse, ont
perdu de leur vitalité et, finalement, ils ont disparurent complètement.
Au début des années 1950, Olday a émigré à Sydney en Australie. Là-bas, il a travaillé pour
la scène de cabaret et de théâtre, et il a pu finalement exercer une activité qui était en
harmonie avec ses idées social-critiques et révolutionnaires. C’est ce qu’Olday avait essayé de
faire auparavant, mais sans succès durable.
Attiré par les luttes explosives des nouveaux mouvements sociaux, Olday est revenu à la fin
des années 1960 à Londres, après un détour par Hambourg et par Berlin. Au début, il a
collaboré avec les plus grands journaux anarchistes : Freedom et Black Flag. En 1974, il a
fondé l’“International Archive Team”, un bureau de correspondance mondial. C’est dans ce
contexte qu’il s’est engagé dans l’anarchisme des conseils. Il a collaboré avec les IWW et il a
publié le bulletin d’information germano-anglais Mitteilung. Il a traduit des matériaux des
IWW en allemand, dessiné des caricatures et gardé le contact avec des exilés et des
prisonniers à travers l’Europe et au Japon. Il est mort à l’automne 1977 à l’âge de 72 ans.
ONASCH, JOHANN (JAN) (17.11.1884 – 1965)
Né à Brême, chauffeur à l’usine à gaz de Brême, 69 Gertsfelder Strasse. 1902-1914 SPD, il a
participé à la révolte des marins en novembre 1918 à Kiel ; collaborateur de Johann Knief
chez les radicaux de gauche brêmois, et, d‘avril 1920 jusqu’en 1929, dans le KAPD/AAU.
Après 1930, avec Albert Flachmann*, membre des “Rote Kämpfer”. En 1933, interné dans le
KZ de Brême-Missler. Après des maltraitances et des menaces de mort en permanence,
l’ancien camarade du KAP, Jan Onasch, a mis au défi ses tortionnaires du camp de
concentration de Missler : « Si vous me pendez, s'il vous plaît, pendez-moi assez haut pour
que je puisse lécher mon cul confortablement ». Finalement, le KZ de Missler, qui était situé
au milieu de la ville, a dû être fermé le 11 septembre sous la pression de la population. Avec
Albert Flachmann*, il était membre des “Rote Kämpfer” et des ISK ; tous deux, en tant que
végétariens revendiqués, avec l’aide de l’institution des restaurants végétariens favorisés par
Hitler, ont maintenu le contact entre les groupes des “Rote Kämpfer”. Onasch a été arrêté en
1936 après avoir prononcé une oraison funéraire pour un collègue de travail. Mais une
inculpation a été refusée par le Tribunal spécial de Brême. Onasch a quand même été amené
pendant l’été de 1936 au camp d’Esterwegen, et après sa fermeture, à celui de Sachsenhausen.
En raison de la prétendue diffusion d’écrits illégaux (tel que le mensuel Blick an die Welt), il
a été condamné à 18 mois de prison et le 4 avril 1938 transféré dans un KZ ; il a été libéré en
1939.
Après 1945, Onasch a été chef du comité d'entreprise de l'usine à gaz de la rive gauche de la
Weser et il a rejoint le KPD. Il a cependant rompu de nouveau avec le KPD et il est resté
jusqu’à sa mort communiste des conseils.
ORLOPP, JOSEPH (29.08.1888 – 7.04.1960)
Fils d’un menuisier, né à Essen ; il y a fréquenté une école élémentaire catholique. Durant la
Première Guerre mondiale, Orlopp est devenu un opposant actif à la guerre et il a adhéré à
l’USPD en 1917. En avril 1917, il a été membre du comité de grève des ouvriers des
munitions aux usines Krupp d’Essen et, après la proclamation de la République en 1918 il a
été élu au conseil des ouvriers et des soldats de sa ville natale. D’après les dires d’un indic de
la police, il a été membre de l’AAU à Essen de 1919 à 1921.
OSTERMANN, A.
KAPD, AAU, AAUE, Segeberg (Holstein).
OSTROWSKI, FRITZ (1906 ? – 1967 ?)
17° district, Berlin-Lichtenberg, fonctionnaire de la KAJ berlinoise, 1927.
OSWALD (OSTWALD), FRIEDRICH (= WÜLFRATH, CARL AUGUST)
PARLOW, FRIEDRICH MARTIN (1906 – 1983) JOHANN (FRITZ)
Métallo, imprimeur, libraire ; né à Berlin, après un apprentissage d’ajusteur, il a travaillé dans
des entreprises métallurgiques berlinoises. Après les débuts de son activité syndicale et
politique dans la Jeunesse des Ouvriers Métallurgistes et dans la Jeunesse Prolétarienne
Socialiste d’Allemagne, il est devenu membre de l’USPD et en 1920 de la Jeunesse
Communiste (KJD). À partir de 1922, il s’est engagé jusqu’en 1931 dans l’AAUE
syndicaliste, et plus tard dans la KAU communiste de gauche. En 1924, il est devenu
rédacteur de l’hebdomadaire Die Einheitsfront et de 1932-1933 du Kampfruf, l’organe de la
KAU. Parlow était en outre actif dans la communauté des libres-penseurs prolétariens et il
avait des contacts avec le cercle de Franz Pfempfert*, d’Otto Rühle*, ainsi que d’Erich
Mühsam*. En tant que délégué berlinois de l’AAUE à la Conférence de fondation de la KAU
en décembre 1931, il a défendu l’idée d’une rupture avec tous les partis (y compris le
KAPD) :
« Si l’Union a une orientation communiste, elle est par conséquent une organisation
communiste de lutte des classes. De ce fait, l’Union ne tombe pas dans le sectarisme si elle
refuse l’organisation politique. Peut devenir membre de l’Union celui qui tourne le dos à
l’organisation précédente (la RGO par exemple). ».
En 1933, il est passé à la clandestinité, mais il a pourtant été arrêté à la fin mai 1933 lors
d’une réunion illégale de la KAU. Il a d’abord été interné à Plötzensee, puis au KZ de
Brandebourg/Havel et, de janvier à Pâques 1934, au KZ d’Esterwegen. Lors de sa libération,
il a géré une imprimerie.
Après la guerre, Parlow est devenu membre du SED à Berlin-Mitte, mais il s’est occupé
aussi du secteur ouest et il a fait partie du Groupe des Socialistes Internationaux (GIS)
gravitant autour d’Arthur Weiland* et de la revue Neues Beginnen. Blätter Internationaler
Sozialisten [Nouveau Commencement. Feuilles des Socialistes Internationaux]. Devant la
menace d’une arrestation, Parlow s’est enfui en janvier 1950 dans le secteur ouest de Berlin
(Moabit) où il a ouvert une librairie. Il a parfois collaboré avec Willy Huhn*. En octobre
1954, il a rejoint le SPD et il est devenu, au cours des années suivantes, conseiller de district
et secrétaire de section du SPD du district de Berlin-Tiergarten.
PASSLACK, WILHELM
Essen ; GHA du KAPD (tendance Essen), KAI, 1922-1927.
PAUL (= KLIMMECK, PAUL)
PAUL (= MATTICK, PAUL)
PAUL, WILHELM (WILLI) (1.07.1897 – 27.04.1979)
Métallo. Né à Göttingen. Après que Willi a eu terminé son apprentissage de menuisier, il a
travaillé en 1915 comme ouvrier métallurgiste. Il a participé comme soldat à la Guerre
mondiale et il a été chômeur de 1926 à 1933. Au cours de ses activités politiques, il a fait la
connaissance de sa future épouse, Erna Schüssler, qui rejoindra elle aussi le mouvement
anarcho-syndicaliste.
Après la fin de la Première guerre mondiale et après la révolution de Novembre, il a
déménagé à Cassel. Il est devenu membre de l’USPD, ensuite, en décembre 1918, de la Ligue
Spartacus, et, en fin de compte, en mai 1920, du KAPD.
Sur l’initiative de Josef Hodeck [aussi : Hodek] (1876-1945), ancien membre des FVDG
(Association Libre des Syndicats Allemands), Willi Paul a fondé à Cassel, avec d’autres, un
groupe local de l’Union Ouvrière Libre d’Allemagne (FAUD) qui comptait au début entre 20
et 30 membres.
Paul était en même temps membre de la Fédération des Anarchistes Communistes
d’Allemagne (FKAD). Le groupe se concentrait sur l’agitation et sur la formation parmi les
ouvriers. Ses membres vendaient les journaux Der Frei Arbeiter (FKAD) et Der Syndikalist
(FAUD), distribuaient des tracts et organisaient des manifestations.
C'est en vendant le journal que Paul a fait la connaissance de sa future épouse, Erna
Schüssler. Elle était à l’époque encore membre de l’Union de la Jeunesse Communiste
(KJVD). En 1923/24, sa critique du concept de la “dictature du prolétariat” a pris de
l’ampleur. On en est arrivé à des conflits au sein du groupe local de la KJVD et elle et
d’autres ont quitté l’organisation. Elle a participé ensuite de plus en plus souvent à des
rencontres avec la FAUD et finalement elle en est devenue membre en 1924/25. En 1926, elle
a épousé Paul. En 1923, elle a été arrêtée pour la vente d’un journal dans lequel l’on appelait à
la grève générale, et elle est restée en prison quatre semaines. Elle a été finalement libérée.
Étant donné que seulement peu de membres du Groupe de la FAUD de Cassel avait un
emploi, le groupe n’était pas impliqué directement dans les luttes d’entreprise, mais il était
pour cette raison particulièrement actif dans le mouvement des chômeurs.
C’est à Cassel qu’a été fondée en 1931 par des membres de la FAUD l’organisation
antifasciste des “Schwarze Scharen” [Bandes noires] à laquelle Willi Paul a participé
activement. En tant qu’éditeur de la revue Proletarische Front et au moyen d’une imprimerie
illégale dans son jardin familial, où les revues Die Kommenden et Internationaler Sozialismus
éraient produites, il continuait à mener sa résistance contre le fascisme montant.
Lors d’une réunion du mouvement des chômeurs, Paul a été élu en juin 1932 délégué pour
l’action antifasciste. Avec deux autres camarades, il a pu empêcher que le KPD stalinien
infiltre des nationaux-socialistes dans le Comité directeur du mouvement des chômeurs. À
Cassel, en 1933, c’est devant l’Agence pour l’emploi que Paul et d’autres membres de la
FAUD distribuaient la publication Die Internationale.
Vers la fin de 1933, Paul s’est retrouvé en “détention provisoire” pendant plusieurs
semaines à cause des nazis. En mars 1937, il s’est enfui à Amsterdam après que des enquêtes
contre le membre de la FAUD Julius Noden avaient été menées à Dusseldorf. Paul n’est resté
que quatre semaines à Amsterdam et il est parti ensuite à Bruxelles. Le 25 avril, il s’est rendu
à Barcelone où il a adhéré au groupe des “Anarcho-syndicalistes Allemands à l’Étranger”
(DAS). Durant les journées de Mai 1937 à Barcelone, Paul, comme beaucoup d’autres
anarchistes, a été arrêté par les staliniens. Étant donné que sa carte de membre de la CNT ne
lui avait été délivrée que le 5 mai, Paul a pu prétendre qu’il n’était pas à Barcelone lors des
journées de Mai. Après sa libération, Paul s’est rendu avec Paul Sammel à Lérida
[aujourd'hui : Lleida] et ensuite à Tardienta sur le front de l’Aragon. Il y a combattu dans la
colonne Ascaso et il est resté en Espagne jusqu’en août 1938.
Il a quitté l’Espagne en passant par Perpignan et il est rendu à Paris où il a rencontré
l’activiste dirigeant de la FAUD Helmut Rüdiger. Il est parti de Paris pour Amsterdam pour y
rencontrer sa femme et ses enfants, et il y a vécu sans permis de séjour. En mars 1939, il a été
découvert lors d’un contrôle de police et interné pendant six mois. À la fin août, la
Commission d’Internment lui a laissé le choix entre être interné sur une île ou être déporté en
Belgique. Paul s’est décidé pour l’option belge. Il y a obtenu un permis de séjour, mais la
Wehrmacht a attaqué la Belgique et les Pays-Bas en mai 1940. Paul a été détenu avec d’autres
étrangers dans une caserne à Anvers. Le 10 mai 1940, il a été déporté vers la France
méridionale où il a été emprisonné dans les camps d’internement de St. Cyprien, de Gurs et
du Vernet, avant d’être extradé en mai 1942 par le gouvernement de Vichy et déporté en
Allemagne.
Lors d’une procédure à Cassel, il a été condamné à six ans et demi de prison. Avant la fin de
son temps d’emprisonnement, il a été transféré à la division disciplinaire 999 dans laquelle il
s’est retrouvé de juillet 1943 jusqu’à sa libération le 25 mars 1945 par l’armée US. « La
Gestapo m’a frappé au visage et j’ai été accusé de haute trahison de la patrie… Le 1° mars
1943, nous avons été transportés à Heuberg pour y être incorporé à la Division disciplinaire.
Les arrestations, les jugements et les exécutions, ont commencé dès le premier jour… Le 25
mars 1945, je désertais en tant que soldat de la division disciplinaire 999 pour me rendre aux
Américains. »
En février 1946, il a été libéré de la prison américaine et il a pu revenir à Cassel. Il a
participé à la fondation de la “Fédération des Socialistes libéraux” (FfS), une organisation qui
a pris la suite de la FAUD. En tant qu’auteur, il a écrit pour les revues libertaires Zeitgeist et
Akratie, mais aussi pour Neues Beginnen. Il s’y exprimait, entre autres, de façon critique à
propos de l’assimilation de la Fraction Armée rouge (RAF) à l’anarchisme. Il critiquait la
RAF dont les membres s’entraînaient avec les fedayin dans les camps palestiniens. Il est mort
en 1979.
Avec sa femme Erna, il avait gardé le contact avec des groupes et des personnes
anarchistes, par exemple avec Helmut Rüdiger et Otto Reimers*. En mai 1989, sa femme a
reçu du maire de Cassel la médaille de la ville pour « la résistance contre le nationalsocialisme
» que tous les deux avaient menée.
PETERMEIER, HANS (12.10.1899 – 2.04.1938), alias WINOKUROW
Employé, né à Munich ; il a étudié l’économie politique. En 1916, incorporé dans l’armée, il
est devenu pilote d’avion et il est arrivé blessé dans un hôpital de Munich. Durant la
République des conseils de 1919 dans cette ville, Petermeier a été aide de camp du
commandant de la ville de Munich et membre du KPD. En raison de sa participation à la
République des conseils de Munich, Petermeier a été recherché et il a été condamné à un an et
demi de prison par contumace. Pendant peu de temps membre du KAPD et fonctionnaire de
l’AAU, il s’est rendu en 1921 à Moscou en tant que délégué de l’AAU au Congrès de création
de l’Internationale Syndicale Rouge. Ensuite, Petermeier s’est séparé de l’AAU, il est devenu
en 1921 collaborateur du Rote Fahne et de la Représentation commerciale soviétique à Berlin.
En 1922-1923, c’est sous le pseudonyme de Winokurow qu’il est entré dans l’appareil de la
Centrale du KPD aux côtés d’August Kleine (Samuel Guralski) et qu’il a participé, dans
l’Appareil antimilitariste, à la préparation de l’insurrection armée planifiée d’octobre 1923.
Sous la menace d’une arrestation, il a fui l’Allemagne et a obtenu un poste à la
Représentation commerciale soviétique de Londres, mais il a été expulsé. Ensuite, de 1924 à
1926, il a travaillé en Italie pour le compte du Komintern. De là il a émigré en Union
soviétique où il est devenu membre du PCUS et conseiller au Commissariat du peuple pour le
Commerce extérieur et, à partir de 1931, directeur de département à l’Institut du “Professorat
rouge” pour ce qui concerne les questions d’économie politique et de politique mondiale. En
dernier, Petermeier a été directeur de la Bibliothèque Internationale de Moscou et il faisait
partie du cercle d’amis d’Erich Wollenberg, qui a été “dénoncé” en 1933 comme trotskiste.
Le 27 juillet 1937, arrêté par le NKVD, il a été condamné à mort le 2 avril 1938 par le collège
militaire de la Cour suprême pour cause d’“espionnage” et le même jour exécuté au polygone
de Boutovo. La Cour suprême de l’URSS a “réhabilité” Petermeier le 22 juillet 1965.
PETERSEN, JAN (= HANS SCHWALM)
PETERSEN, RICHARD (= PINKOWSKI)
PFEMPFERT, FRANZ (20.11.1879 – 26.05.1945), alias U. GADAY, DR. S.
PULVERMACHER, AUGUST STECH
Berlin, journaliste, écrivain, photographe, né dans la petite ville de Lötzen (Prusse orientale),
aujourd'hui Giżycko (Pologne). Ses parents ont déménagé peu après sa naissance à Berlin où
Pfempfert a fréquenté le lycée de Joachimsthal. Après la mort de son père, sa mère l’a retiré
de l‘école parce qu’elle voulait qu’il l’aide dans son commerce de volailles et de poissons à
Berlin-Charlottenburg. Mais Pfemfert lui a résisté, il s’est rendu pendant un certain temps
chez son grand-père à Lötzen et il a rejoint pour environ une année un cirque ambulant. En
1900, il a vraisemblablement travaillé pendant un moment comme coursier et il a
probablement suivi un apprentissage en impression de livres. C'est à cette époque-là, aux
environ de 1900, qu’a eu lieu également son premier contact avec des cercles littéraires et
anarchistes. En 1903, c’est par l’intermédiaire de l’anarchiste Senna Hoy [Johannes
Holzmann] qu’il a fait la connaissance de sa future épouse Alexandra Ramm* ; ils se sont
mariés en 1912. Les premiers poèmes de Pfempfert sont parus en 1904 dans la revue de Senna
Hoy, Kampf, et dans une autre revue anarchiste, Der arme Teufel. De 1909 à 1910, Pfempfert
a été collaborateur de la revue Das Blaubuch et, en 1910, rédacteur en chef de la revue
radicale-démocratique Der Demokrat. Après un conflit avec l’éditeur, qui avait retiré d’un
numéro un texte de Kurt Hiller sans avoir consulté Pfempfert, ce dernier a quitté la revue et a
fondé sa propre revue Die Aktion. Le premier numéro de die Aktion est paru le 20 février
1911. La revue est devenue rapidement non seulement un organe politique de premier plan
pour tous ceux qui se situaient à la gauche du SPD, mais aussi, du fait de l’habileté de
Pfempfert comme éditeur, le forum des artistes et des écrivains d’avant-garde de
l’expressionisme. Dans le numéro du 17 avril 1911, il a pris radicalement position contre le
système scolaire wilhelminien. Elle était motivée par le suicide de trois écoliers de Berlin.
L’appel du numéro a été soutenu par ce qui a été appelé les “soirées d’Aktion” – des lectures
avec des auteurs de la revue, de même que par des “ bals d’Aktion” organisés par la femme de
Pfempfert. De 1911 à 1933, Pfempfert a habité le district berlinois de Wilmersdorf.
Pfempfert avait déjà critiqué vivement la politique du SPD, longtemps avant le début de la
Première Guerre mondiale. Il est aussi resté fidèle à cette ligne après le déclenchement de la
guerre. Les deux seuls députés du SPD qui avaient voté au Reichstag contre les crédits de
guerre, Karl Liebknecht et Otto Rühle, sont devenus des amis et des allés politiques de Franz
Pfempfert. Durant la guerre, Die Aktion s’est abstenue, pour éviter la censure, de déclarations
politiques directes. Pfempfert a cependant réussi à maintenir intelligemment son cap en
imprimant des poèmes de guerre (entre autres d’Oskar Kanehl*), en rassemblant des rapports
glorifiant la guerre provenant d'autres journaux et en faisant paraître des numéros spéciaux
consacrés à la culture d'un “pays ennemi” à ce moment-là. En 1917, sa femme Alexandra
Ramm a ouvert à Berlin-Wilmersdorf une “librairie-boutique d'art de l’Aktion” dans laquelle
ont eu lieu de 1917 à 1918 des expositions des oeuvres de Karl Schmidt-Rottluff, l’un des
représentants les plus importants de l’expressionnisme, et d’Egon Schiele.
C’est également durant la guerre que sont parus à la maison d’édition Die Aktion plusieurs
séries de textes, c'est-à-dire dans la Bibliothèque Politique d’Aktion : à partir de 1916, avec
les oeuvres d’Alexander Herzen, de Lénine, de Karl Marx, et avant tout de Ludwig Rubiner
(1881-1920). Ce dernier est devenu le précurseur du dadaïsme. Au printemps 1919, Rubiner a
fondé à Berlin avec Arthur Holitscher (1869-19141), Rudolf Leonhard*, Franz Jung et Alfons
Goldschmidt (1879-1940) – coéditeur en 1919 du Journal des conseils – la Ligue pour la
culture prolétarienne selon le modèle russo-soviétique.
Franz Pfempfert avait déjà fondé en 1915, avec d’autres opposants à la guerre, le Parti
Socialiste Antinational (ASP) qui travaillait de manière illégale. En avril 1918, Pfempfert
publiait sous la forme d’une brochure un recueil de sa critique du SPD, qui se référait à Rosa
Luxemburg, et qui datait des dernières années d’avant la guerre. Le manifeste de fondation de
l’ASP, qui n’est paru qu’en novembre 1918 dans Die Aktion, était signé, en plus de Franz
Pfempfert, par six autres écrivains. Le plus connu d’entre eux était Carl Zuckmayer,
lieutenant de réserve et détenteur de la Croix de Fer des deux classes. L’ASP s’adressait au
« peuple travailleur de langue allemande », mais il soulignait les points communs entre tous
les Européens qui avaient souffert sous la guerre : « Nous avons été brisés lorsque l’on a
détruit notre Paris, notre Londres, notre Varsovie, “copieusement sous les bombes”, et nous
avons été ceux qui ont été violentés à Brest-Litovsk et à Bucarest. Toujours nous. Nous, le
peuple ! Criant de douleur dans toutes les langues, mais toujours et encore seulement :
nous ! ».
Pfempfert et le groupe de l’ASP se sont solidarisés immédiatement après la révolution de
Novembre avec la Ligue Spartacus dans laquelle Pfempfert a vu au début l’organisation
révolutionnaire qu’il avait réclamée avant la guerre en tant que “parti révolutionnaire
syndicaliste”. Il a développé au cours des premiers mois de la révolution une intense agitation
dans Die Aktion et dans des conférences contre la convocation de l’Assemblée nationale. Il a
subi ensuite différentes perquisitions de sa maison qui avaient été menées en raison de son
radicalisme. En décembre 1918, Pfempfert a été le délégué de Berlin ou de Gotha au Congrès
constitutif du KPD à Berlin. En janvier 1919, plusieurs perquisitions domiciliaires ont été de
nouveau menées chez lui, et il a été arrêté deux fois. En 1919, il a rompu rapidement avec la
bureaucratie du parti et il a été exclu du parti après octobre 1919. Il est resté, comme Otto
Rühle, dans l’Opposition et il rejetait toute idée d’un parti prolétarien centralisé :
« Tour le pouvoir aux conseils ! Cela signifie : élimination des bonzes, suppression des
politiciens de profession qui agissent contre la volonté révolutionnaire du prolétariat,
révocation des parlementaires. Cela signifie : décentralisation, cela signifie : abolition de
l’obéissance aveugle social-démocrate, cela signifie ; activation de toutes les forces
révolutionnaires qui ont été réprimées dans le prolétariat allemand pendante 40 ans, cela
signifie enfin : coup de grâce aux syndicats et aux partis dirigés de manière centraliste. ».
À la place, il s’est engagé à partir d’avril 1920 dans le KAPD dont il a été membre à Gotha.
En tant que délégué au Congrès du KAPD à Berlin en août 1920, il a défendu la politique des
bolcheviks et il a dénoncé le social-patriotisme menchevik des membres du KAPD
hambourgeois Heinrich Laufenberg* et Fritz Wolffheim* :
« Il est faux de dire que les bolcheviks ne sont pas parvenus au pouvoir avec le mot d’ordre
de la guerre civile, mais avec le mot d’ordre de la paix civile et de la guerre populaire
nationale. Ces mots d’ordre ont été émis par les mencheviks. Au contraire, les bolcheviks ont
imposé la paix et c’est avec ce mot d’ordre qu’ils ont signé la paix de Brest pour se ménager
un répit. Ce n’est qu’après avoir pu transformer l’armée qu’il leur aurait été possible de
proclamer la guerre populaire révolutionnaire. Et même dans ce cas, ils seraient toujours sur
la défensive. Ils exigent encore aujourd'hui tous les quatorze jours la paix de l’Entente. L.
n’était pas du tout en 1914 contre la guerre, mais seulement contre la paix civile. Il ne devrait
pas donner l’impression qu’il était le seul à avoir fait ce qu’il fallait en 1914. L. exigeait en
d’autres termes ce que Haase a proclamé en 1914 : nous n'abandonnons pas notre patrie à
l'heure du danger. ».
Il a refusé également le diktat du Komintern qui demandait l’exclusion directe d’Otto Rühle
du KAPD. Il a proposé un amendement (finalement adopté) qui refuse toute capitulation du
parti : « Le congrès du KAPD refuse avec indignation la demande inacceptable du Comité
exécutif selon laquelle le KAPD devrait exclure le camarade Rühle de l’organisation. Il
déclare sa solidarité avec Otto Rühle et nie le droit à l’Exécutif de se mêler des questions
internes d’organisation du KAPD. Le congrès voit dans cette immixtion une activité de
propagande scandaleuse en faveur de la Ligue Spartacus. ». Pour le Congrès du parti en
février 1921 à Gotha, il a présenté un contre-rapport relatif à l’entrée du KAPD dans les rangs
du Komintern. Pfempfert était le porte-parole d’Otto Rühle lorsque celui-ci a été exclu du
parti en octobre 1920 :
« Dans la question de la Troisième Internationale, non seulement l’USP a été divisé et le
mouvement transformé en un vaste marécage, mais elle travaille systématiquement à nous
détruire. Et donc l'agitation contre Otto Rühle est malheureusement venue de notre parti…
L’Exécutif utilisera toute occasion pour exploiter contre le KAPD les illusions que le nom de
“Troisième Internationale” éveille dans les cerveaux des travailleurs, pour nous attirer dans
le marais… Nous ne devons pas sous-estimer le danger que ce travail de fragmentation de la
Troisième Internationale puisse être dirigé aussi contre nous maintenant. Alors que nous
étions auparavant une structure solide que le monde regardait, du fait de cette sympathie
pour l’opportunisme, nous sommes maintenant, que cela nous plaise ou non, déjà carrément
associés et apparentés avec lui dans l’esprit des masses. (Hilarité) Et, camarades, le fait que
l’on explique que le livre de Lénine a sombré, que l’on explique que l’on a éveillé la croyance
que nous pouvions séparer le VKPD de la Troisième Internationale et nous mettre à sa place
– que l’on éveille cette croyance, c’est de la politique illusoire… Nous luttons au mieux pour
la révolution mondiale quand nous défendons notre programme, nos idées, contre la
Troisième Internationale, contre le VKPD, et pour l’idée des conseils à laquelle cette
Internationale résiste de manière hostile, mortellement hostile ; nous sommes donc des
ennemis mortels des dirigeants de l’Internationale et nous n’avons rien à faire avec elle et
avec ses astuces démagogiques (de manière isolée : bravo !). »
Au printemps 1921, il a finalement été exclu du KAPD par le groupe local de Gotha :
« En raison de l’activité vicieuse que le camarade Pfemfert mène à l’encontre du parti, le
groupe local de Gotha a pris la décision d’exclure ce camarade du parti. La conférence de
district a pris connaissance avec indignation de l’activité de Pfempfert, et elle a accepté son
exclusion étant donné que, par sa campagne de diffamation, il a essayé à nuire de la manière
la plus grave au parti. ».
À partir de la fin de 1921, Pfempfert a travaillé, avec Otto Rühle, dans l’AAUE. Die Aktion
est devenue l’un de leurs organes de publication. Cependant, Pfempfert a cessé toute relation
avec Rühle à partir de 1924. En 1943, il a expliqué à Rudolf Rocker pourquoi il n’avait plus
eu de contact avec Rühle : « J’ai coupé toute relation avec Otto Rühle, à peu près en 1924,
quand il s’est tourné vers la psychologie individuelle d’Alfred Adler. ».
Le 28 juin 1926, Franz Pfempfert a fondé avec l’Opposition du KPD (le groupe d’Iwan
Katz*), avec l’AAUE et avec l’Association industrielle pour l'Industrie des transports, une
“Ligue Spartacus des organisations communistes de gauche”, et, après une conférence
nationale à Göttingen (20-21 novembre 1926), ce cartel a déclaré que la Ligue Spartacus était
son organe. Mais cela a été un échec : sur les prétendus 12 000 membres, il n’en restait que
3 000 une année plus tard: c’est une centaine d’entre eux qui s’est rassemblée en 1930 dans la
“Ligue Spartacus n° 2”. Pfempfert a entretenu aussi un contact critique-solidaire avec Rudolf
Rocker et avec l’Union Ouvrière Libre d’Allemagne (FAUD).
En 1927, après qu’il s’était intéressé depuis longtemps déjà à la photographie, il a ouvert un
“Atelier pour la photographie de portrait”, avec lequel il gagnait sa vie ainsi que celle de sa
femme. Des portraits connus, et aujourd'hui encore souvent reproduits, de peintres, de
publicistes et d’hommes politiques, comme Gottfried Benn, Karl Kraus, André Gide et Frans
Masereel, ont été produits dans cet atelier, ou bien dans d’autres ateliers ultérieurs de
Pfempfert. À partir de 1927, Pfempfert a été de nouveau gravement malade. En 1927, en 1930
et de nouveau en 1932, il a séjourné pendant de longues périodes en hôpital et en cure. Die
Aktion a souffert de cela, ainsi que de la situation politique qui empirait. Les numéros ne
paraissaient plus que de manière irrégulière.
À partir de 1929, Alexandra Ramm-Pfempfert a été l’agent littéraire et la traductrice de
Léon Trotski. Par la suite, un échange animé de courrier s’est développé, non seulement entre
la femme de Pfempfert et Trotski, mais aussi entre Pfempfert et le Trotski qui vivait en exil en
Turquie. De nombreux articles de l’ex-chef de l’Armée rouge ont été publiés dans Die Aktion.
En août 1932, Franz Pfempfert publiait, dans le denier numéro de la revue, la prédiction de
Trotski : « Une victoire d’Hitler signifierait la guerre avec la Russie soviétique ».
Après la prise du pouvoir des nationaux-socialistes, les Pfempfert se sont enfuis précipitamment
de Berlin au début du mois de mars 1933 et, en passant par Dresde, ils se sont rendus
à Karlsbad où Franz Pfempfert a de nouveau ouvert un studio de photos. L’existence des
Pfempfert en Tchécoslovaquie était constamment menacée, non seulement parce qu’ils
dépendaient du soutien d’amis, mais aussi parce qu’ils étaient isolés politiquement et
socialement : les Allemands des Sudètes, majoritairement nationalistes allemands, se
méfiaient tout autant du couple radical que des communistes tchèques et des communistes
allemands fidèles à la ligne du parti qui vivaient en exil dans ce pays. C'est pourquoi en
octobre 1936 ils sont partis pour Paris. Dans leur exil parisien, les Pfempfert étaient moins
isolés étant donné que non seulement des parents d’Alexandra Ramm-Pfempfert y vivaient,
mais également des personnes connues de l’époque de Berlin tels que par exemple Thea
Sternheim, Franz Jung, son beau-frère Carl Einstein et Lev Lvovich Sedov. Franz Pfempfert y
a ouvert également un atelier de photographie à côté de l’église de la Madeleine. À cette
époque, tous deux n’étaient que peu actifs politiquement – et puis seulement en secret –, étant
donné que, d’une part, le gouvernement français réprimait les déclarations politiques des
émigrés et que, d’autres part, des agents du Service secret soviétique, le GPU, rendaient un tel
engagement dangereux (leur ami Kurt Landau a été assassiné à ce moment-là en Espagne
par des agents soviétiques et le fils de Trotski, Lev L. Sedov, est également mort dans des
circonstances mystérieuses). Après l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, les
Pfempfert ont été d’abord internés à Paris en tant qu’“étrangers hostiles”, puis ils ont été
séparés et confinés dans des camps de concentration du Sud de la France. Pfempfert a été
probablement interné dans le camp de Bassens près de Bordeaux d'où il a réussi bientôt à
s'échapper d'une manière inconnue. Durant l’été 1940, Pfempfert a finalement retrouvé à
Perpignan sa femme, qui elle aussi s’était échappé du camp. Tous deux sont partis pour
Marseille d’où, après une longue lutte pour obtenir des papiers valables, ils se sont rendus à
News York en passant par Lisbonne et, à partir de là, au Mexique. Le 9 mars 1941, ils sont
arrivés à Mexico. Au Mexique, les Pfemfert étaient presque complètement isolés. Franz
Pfempfert ne désirait pas avoir de contact avec Otto Rühle :
« Je vivais ici – je ne l’avais jamais vu, je n’ai jamais eu le désir de lui parler bien que j’aie
eu une haute opinion du fait qu’il ne se soit pas laissé circonvenir par les staliniens, mais
qu’il ait vécu et soit mort en solitaire. ». Le couple Pfempfert-Ramm se trouvait dans un pays
inconnu, ne parlait pas l’espagnol, n’avait pas d’argent et presque aucune connaissance. Seule
Natalia Ivanovna Sedova, la veuve de Trotski, les a soutenus et est restée en contact
permanent avec eux. La tentative pour partir aux USA a échoué du fait de la politique
restrictive d’immigration américaine – et cela bien que le physicien Albert Einstein se soit
porté garant par écrit de la bonne réputation des Pfempfert et qu’il y ait eu un industriel
américain qui était prêt à répondre d’eux financièrement. Pfempfert a de nouveau ouvert un
atelier photo à Mexico, mais lui et sa femme n’ont pas pu vivre de ses recettes. La plupart du
temps ils étaient dépendants des allocations et des moyens de l’International Rescue
Committee. En 1952, un cancer du foie a été diagnostiqué chez Pfempfert dont il est mort en
1954.
PIEPER [= PIEPKORN, WILLI]
PIEPKORN, WILLI, alias PIEPER, PIEP
Altona, 86 Bürgerstrasse, liens avec le KAZ, KAPD/AAUD, plus tard KPD. C’était un indic
comme Wilhelm Fuchs l’avait prétendu en 1925.
PINKOWSKI, (FRITZ ?) (1884 ? – 1945 ?), alias FRANZ BUCKOW, R. P. BUCKOW
D’origine polonaise, ouvrier métallurgiste, Berlin GHA du KAPD 1924-1929 ?, rédacteur du
KAZ et de la revue Proletarier. Vraisemblablement mort (ou assassiné) avant la fin de la
guerre et enterré en février 1946 sur l’île de Rügen (Mecklembourg-Poméranie occidentale).
PLÄTTNER, KARL ROBERT (3.01.1893 – 4.06.1945), alias SCHUSTER, MICHAEL
KOLHAAS
Mouleur, assistant-rédacteur, écrivain, marchand de bois ; né à Opperode près de Ballenstedt,
fils d’une famille ouvrière. Il a appris le métier de mouleur et il est parti, après la fin du temps
de l’apprentissage, faire le tour de toute l’Allemagne. À la fin de 1912, il s’est rendu à
Hambourg ; il a adhéré en 1911 au Syndicat des métallos et au SPD. Il s’est engagé dans le
Jeunesse social-démocrate, il a été depuis l’été de 1913 chef de district à Hambourg et il a fait
partie, avant la Guerre mondiale, de la gauche du parti. En août 1914, il était un opposant
résolu à la guerre. À Hambourg, le sentiment anti-guerre parmi la jeunesse ouvrière socialiste
était si fort que le journal du SPD, Hamburger Echo, du 2 août 1914, mettait en garde contre
« le risque de se laisser emporter par des déclarations irréfléchies mais lourdes de
conséquences, voire par des manifestations inutiles ».
En septembre 1914, incorporé comme soldat, Plättner est parti pour le front occidental et, à
l’automne 1915, il a été transféré à l’hôpital en raison d’une blessure par balle à la main
droite. À la fin de 1915, il est devenu invalide de guerre et il a travaillé comme assistantrédacteur
de la Caisse maladie locale de Hambourg. Plättner était en 1916 un opposant
déterminé à la guerre : à côté de sa fonction de rédacteur du Proletarier-Jugend, il a établi des
relations avec des groupes radicaux de gauche. À Pâques 1917, à Berlin, lors d’une
conférence nationale de la Jeunesse social-démocrate d’opposition avec Karl Becker* et
Reinhold Schoenlank (1890-1960), il a été élu à la Commission de rédaction qui devait
élaborer les principes directeurs de la Jeunesse oppositionnelle.
À la mi-septembre 1917, il a été arrêté. Le procès devant le Tribunal du Reich avait été fixé
au 14 octobre 1918. Mais début novembre, la Révolution l’a libéré de la prison de Dresde. Il a
bénéficié d’un non-lieu. Plättner a fait partie à Dresde des cofondateurs des Communistes
Internationaux d’Allemagne (IKD) et il a été temporairement membre du conseil des ouvriers
et des soldats de Dresde. Avec d’autres membres des IKD il a démissionné le 16 novembre –
avec Otto Rühle*, Erich Lewinsohn*, Minna Naumann*, Heinrich Heynemann*, Karl
Becker*, marie Griesbach*, etc. – du SPD/USPD pour protester contre sa politique :
« L’on ne peut pas unir les tendances révolutionnaires et contre-révolutionnaires. La tâche
de poursuivre, de faire progresser et d’achever, le mouvement révolutionnaire qui a débuté
ne peut être accomplie que par les communistes. C'est pourquoi nous quittons le Conseil
révolutionnaire uni des ouvriers et des soldats du Grand-Dresde et nous démissionnons des
fonctions qui nous avaient été confiées. ».
Plättner a été, avec Minna Naumann* et Karl Becker*, délégué des IKD de Dresde au
Congrès constitutif du KPD à Berlin (30/31 décembre 1918 - 1° janvier 1919), il a participé
au début de janvier 1919 activement au conseil des ouvriers et des soldats de la République
des conseils de Brême et il a dirigé le district Nord-Ouest du KPD. Lors d’une session
houleuse du conseil des ouvriers et des soldats le 13 janvier 1919, il a réclamé sans succès la
démobilisation immédiate de toute la garnison et la constitution d’une Armée rouge :
« … je crois, et la plus grande partie de mes camarades de parti sont d’avis, que nous ne
devons pas simplement épurer ce conseil des soldats, mais démobiliser toute cette garnison,
et que nous devons créer une armée véritablement rouge et communiste qui défendra
réellement les intérêts du prolétariat (cris d'excitation, rires, cloche) ».
Il s’est enfui début février 1919 devant l’avancée des troupes des corps francs. Les ouvriers
ont eu 29 morts à déplorer. Une chasse officielle aux têtes dirigeantes de la République des
conseils a commencé. Un gouvernement provisoire composé de cinq sociaux-démocrates de
la majorité a été mis en place, il a immédiatement imposé l’état de siège et a fait interdire la
littérature du KPD.
Plättner s’est enfui à Berlin où il a participé à l’organisation des troubles causés par les
chômeurs. Dans une circulaire adressée au district Nord-ouest du KPD, il a tiré, avec des
réminiscences bibliques, un bilan de la “Révolution allemande” : « … Nous avons subi une
défaite non seulement sur la côte, mais une défaite de la Révolution en Allemagne sur toute la
ligne… le poing calleux du prolétariat, encore bâillonné partout, à la ville comme à la
campagne, doit s'abattre sur ses bourreaux, afin qu'enfin les meurtriers de la révolution
prolétarienne mondiale, les profanateurs du système des conseils prolétariens, soient écrasés
et gisent morts sur le sol pour toujours. Il faut mettre de la violence à ces coups de poing, une
violence tirée de toute la force finale du cerveau, du coeur et de la main du prolétariat. ».
Ensuite, l’orateur itinérant du KPD a voyagé à travers l’Allemagne centrale. Arrêté en
septembre 1919, il a cependant réussi à s’enfuir déjà en décembre. Dans les luttes de tendance
internes du KPD, Plättner se situait en 1919-1920 toujours du côté de l’Opposition
communiste de gauche. En avril 1920, il a pu faire passer la majorité du groupe local
d’opposition du KPD de Magdebourg au KAPD. À partir d’avril 1920, Plättner a été le chef
de l’organisation de combat du KAPD, il a dirigé l’organisation du parti à Brême et il a fondé
la section de Magdebourg du KAPD. Il a également participé activement à l’action de Mars
1921. Pour lui, la situation était plus que mûre :
« Premièrement il était clair pour moi qu’il s’agissait d’un tout – c’était nous ou bien la
bourgeoisie, pour moi il n’y avait pas de compromis, mais seulement la volonté : chute du
gouvernement, dictature du prolétariat en armes. ».
De mars 1921 jusqu’à son arrestation le 3 février 1922, il a dirigé plusieurs “actions de
bandes”. Le groupe Plättner a braqué des filiales bancaires et pillé des caisses d’usine. En
février 1923, le KAPD a critiqué durant son procès cette “propagande par l’action” appliquée
par Plättner et ses partisans :
« L’idéologie de Plättner est commune à la plupart des membres de ce groupe. Aucun d’eux
n’est marxiste. En tant qu’homme d’action, Plättner est bakouniniste. Par le seul fait qu’il
croit accélérer par les actions de son organisation les conditions objectives et subjectives du
but final de la classe ouvrière. Comme but final, il ne voit toutefois avant tout que le
renversement de l’ordre étatique. À cet égard, il considère les actions de son groupe comme
un but, et non pas seulement comme un moyen… C’est par la création de l’inquiétude chez la
bourgeoisie, comme par les actions hardies d’une petite avant-garde, qu’il pense pouvoir
éveiller les masses laborieuses de leur léthargie. ».
Wilhelm Pick, secrétaire du KPD, jugeait de manière un peu plus indulgente Plättner et ses
camarades, dans un article du Rote Fahne : c'étaient de « courageux combattants de la
révolution qui, malheureusement, en raison de déceptions face au cours rampant de la
révolution, ont eu recours à des actions... que nous rejetons et que nous combattons ».
Après une détention provisoire d’un an et demi, il a été condamné le 30 novembre 1923 par
le Tribunal du Reich à dix années de prison et, le 18 juillet 1928, il a été amnistié avec Alfred
Menzel*. Plättner s’est ensuite rapproché du KPD et il a travaillé à Leipzig pour le Secours
rouge. Il a, entre autres, publié à la fin de 1928 une brochure portant sur le système
pénitentiaire et en 1930 l’ouvrage qui a fait beaucoup parler : Eros im Zuchthaus [Eros en
prison] pour lequel Magnus Hirschfeld et Felix Abraham (Institut pour la Science sexuelle de
Berlin) ont rédigé un avant-propos.
En 1933, 1937 et 1938, il a été arrêté pour un certain temps. La raison en était toujours :
“communiste” ; “politique”. Afin de se rapprocher de sa famille, il a travaillé comme
marchand de bois. En septembre 1939, il a été arrêté comme “ennemi de l’État”, de même que
d’innombrables “politiques”, “criminels professionnels”, “réticents au travail”, étudiants de la
Bible et juifs, et interné au KZ de Buchenwald. Dans ce camp, il semble avoir participé
activement à un cercle du dimanche trotskiste clandestin. Participaient également à ce cercle
le psychanalyste et trotskiste autrichien Ernst Federn (1914-2007), le rhénan Woichen, et
quelques membres du SAPD [comme Erich Melcher (1892-1944)] et brandlériens. En janvier
1944, il a été transféré au KZ de Maidanek et, de là, déporté à Auschwitz à l’été 1944. Au
début de 1945, Plättner est arrivé à l’issue d’une “marche de la mort” à Melk, un camp annexe
du KZ de Mauthausen, et ensuite déporté encore en avril 1945 au KZ d’Ebensee dans le
Salzkammergut autrichien. Il y a été libéré par les troupes américaines et il s’est mis en route
pour Leipzig. Mais en chemin, Karl Plättner est mort le 4 juin 1945 à l’hôpital de Freising
(Bavière) des conséquences de sa captivité.
PLENIKOWSKI, ANTON (1899 – 1971)
Instituteur, employé ; né à Zopott (Danzig), durant la Révolution de 1918, membre du conseil
des soldats de Breslau. Plenikowski a repris l’école normale après la guerre et il a adhéré en
1920 pour une courte période à l’Organisation de la Jeunesse du KAPD (KAJ). DE 1920 à
1928, instituteur. En 1926, membre du SPD de Danzig et de 1926 à 1930 député du conseil de
district du Grand Werder/Danzig, d’abord pour le SPD, et ensuite pour le KPD. Le 1° août
1927, Plenikowski est passé au KPD dans lequel il est devenu membre de la direction du
district et secrétaire à l’agit-prop. À l’automne 1927, il a été élu à la Diète du peuple de
Danzig dont il fera partie jusqu’en 1937. Rédacteur du Danziger Volkszeitung, il devient en
1929 chef de l’organisation du KPD à Danzig. En 1937, il a émigré en Suède, où il a été pour
un temps chef des émigrés communistes, mais, au printemps 1939, après une procédure du
parti, il est démis de toutes les fonctions qu’il occupait dans le parti. De mars 1940 à juin
1941, interné, puis travailleur agricole et employé à l’Institut universitaire agricole d’Uppsala.
En 1944, réhabilité et, à la fin de 1945, nommé chef du groupe de parti du KPD. En mars
1946, il est retourné en Allemagne et il est devenu en avril collaborateur au Secrétariat central
du SED. De 1954 à 1967, Plenikowski a été candidat au Comité central et, de 1956 à 1963,
chef du Bureau du Présidium du Conseil des ministres, ainsi que secrétaire d’État, de la RDA.
PÖNISCH, ERNST (1903 – ?)
Menuisier, Pirna, FSD, puis KAPD/AAUD ; 1933 KZ, 1939 Wehrmacht, après 1945 SED,
travail chez Kripo à Pirna, en 1950 fuite à l’Ouest, contacts avec l’Union pour les Sciences
sociales (SWV), il vivait en 1980 à Berlin-Ouest.
PRENZLOW, MAX (1890 – ?)
Né à Seegefeld (Falkensee), tourneur ; 1910 SPD, 1917 USPD, 1919 Opposition de gauche du
KPD, et avril 1920 KAPD ; Comité d’entreprise principal chez Siemens, et ensuite chez
Deutschen Werke AG de Berlin ; il a participé avec Peter Utzelmann* (KEMPIN), le 23 mars
1921, à la révolte des Leunawerke, représentant du KAPD photographié dans l’action avec le
KPD ; condamné à deux années d’emprisonnement ; à la fin des années 20 propriétaire d’une
blanchisserie. Après 1945, il a vécu à Berlin.
QUARG, JOHANNA (5.10.1904 – 12.10.1976), née WEGE
Leipzig, 1925 KPD ; 1927 quitte le parti ; 1927-1929 KAPD/AAU, 1931-1933 KAU. Exil en
Suède avec son mari Otto Quarg* et les enfants ; 1946 installation en Norvège. Johanna
Quarg a été enterrée avec son époux à Tønsberg (Vestfold).
QUARG, OTTO ANDREAS (17.02.1901 – 18.12.1974)
Leipzig, ouvrier, né à Oldenbourg ; 1925 KPD à Leipzig ; en 1927, quitte le KPD et le RFB.
Passage au KAPD/AAU et en 1931-1933 membre de la KAU. En 1932-1933, propriétaire
officiel de la revue Scharf links, organe de la KAU pour l’Allemagne centrale. Avec sa
femme Johanna Quarg* (née Wege), il a pu en 1933 s’enfuir avec les enfants en Bohème,
ensuite à Prague et, après le 15 mars, en Norvège. Finalement, après l’invasion allemande
d’avril 1940, il est parvenu en Suède. La famille est revenue en Norvège en 1946. Otto Quarg
y a travaillé comme bucheron. Johanna Quarg a été enterrée à Tønsberg (Vestfold), une petite
ville du sud de la Norvège.
QUEST, ERNST
Trésorier du KAPD, Berlin, 1927.
RADT, RICHARD
Depuis 1921, membre du Conseil économique du Reich, Berlin-Rummelsburg, 1920-1929
KAPD/AAU ; en 1929, avec Adam Scharrer*, exclu de l’AAU. Après 1933, activité illégale
dans la KAU et à partir de 1945 actif dans le groupe Weiland.
RAMM-PFEMPERT, ALEXANDRA (12.02.1883 – 17.01.1963), née RAMM, alias ANJA
Mariée avec Franz Pfempfert*, née GILELEWNA RAMM à Starodub (Empire russe),
traductrice allemand-russe, journaliste et galeriste. Après son émigration à Berlin, elle s’est
engagée dans les cercles de gauche de cette ville et elle a publié à partir de 1911, avec son
époux Franz Pfempfert, Die Aktion, la revue qui, à côté de Der Sturm d’Herwarth Walden, a
été la plus importante du début de l’expressionnisme littéraire. Elle a acquis une très grande
importance en tant que traductrice des écrits de Léon Trotski.
Alexandra Ramm-Pfempfert est vraisemblablement arrivée à Berlin en 1901. Il est probable
qu’elle y ait suivi, en tant qu’auditrice libre, des cours de philologie à l’Université Humboldt.
Elle a eu des contacts avec le groupe anarchiste Neue Gemeinschaft [Nouvelle Communauté]
et en particulier avec Senna Hoy. C’est grâce à ce groupe qu’elle a fait aussi en 1903 la
connaissance de Franz Pfempfert, qu’elle a épousé en 1912. En 1911, Franz Pfempfert a créé
Die Aktion, revue à laquelle elle a collaboré activement. Le siège de la rédaction de la revue
était le logement des Pfempfert au 17 Nassauische Strasse, à Berlin-Wilhelmsdorf. Un
important collaborateur des débuts de Die Aktion, l’écrivain libertaire Carl Einstein (1885-
1940) a épousé en 1913 la soeur d’Alexandra, Maria.
Alexandra Ramm-Pfemfert a contribué à Die Aktion en tant que critique littéraire et que
traductrice des textes littéraires et politiques en langue russe. Ella organisait aussi bien les
lectures du Cercle d’Aktion que les Bals d’Aktion, les deux contribuaient à financer la revue.
Le 1° novembre 1917, elle a ouvert la librairie-boutique d’art de l’Aktion, ainsi qu’une
bouquinerie au 222 Kaiserallee (aujourd'hui Bundesalle), qui a existé jusqu’en 1927. De 1917
à 1918, c’est là qu’ont eu lieu aussi des expositions avec des oeuvres de Karl SchmidtRottluff,
d’Egon Schiele et d’autres. Alexandra Ramm-Pfempfert et son mari avaient attaqué
vigoureusement la politique nationaliste du SPD bien avant la Première Guerre mondiale, et
ils l’avaient condamné énergiquement ensuite à cause de l’approbation des crédits de guerre.
Les deux seuls députés du SPD qui avaient voté contre ces crédits, Karl Liebknecht et Otto
Rühle*, sont devenus des amis et des alliés politiques des Pfempfert. Durant la guerre, tous
deux ont participé à la résistance illégale. C’est dans ce but que Franz Pfempfert avait déjà
créé en 1915 le Parti socialiste antinational, sur lequel, étant donné qu’il devait agir dans
l’ombre, l’on sait peu de choses.
Après la fin de la guerre, les Pfempfert ont soutenu la Ligue Spartacus, et c’est la raison
pour laquelle ils ont dû subir patiemment plusieurs perquisitions domiciliaires et ils ont aussi
été arrêtés au début de 1919 pour quelques jours. À partir de 1920, Alexandra Ramm-
Pfempfert a travaillé, toujours comme traductrice du russe, pour différentes maisons d’édition
pour lesquelles elle a traduit en allemand non seulement des romans, mais aussi des ouvrages
de vulgarisation et des textes politiques.
En 1929, par l’intermédiaire de la maison d’édition S. Fischer, elle a établi le contact avec
Léon Trotski qui voulait écrire son autobiographie lors de son exil en Turquie. À partir des
négociations portant sur le livre, il s’est développé une collaboration étroite et familière entre
Trotski et Alexandre Ramm-Pfempfert, laquelle est devenue son agente littéraire. Dans
l’important échange de lettres entre eux, l’on trouve des discussions sur de nombreuses
questions politiques et sociales. En outre, Alexandra Ramm-Pfempfert approvisionnait
Trotski en littérature, faisait fonction d’adresse de couverture pour lui et établissait des
contacts avec des partisans de Trotski vivant en exil. Les allégations du KPD et de la presse
soviétique selon lesquels les Pfempfert étaient des trotskistes n’étaient pourtant pas valables –
les Pfempfert étaient proches de Trotski et de certaines de ses idées, mais ils sont restés toute
leur vie durant des gauchistes non-dogmatiques.
Alexandra Ramm-Pfempfert a finalement traduit une série d’écrits de Trotski, parmi
lesquels son autobiographie Mein Leben [Ma vie], Die Geschichte der russischen Revolution
[L’histoire de la Révolution russe] et Die permanente Révolution [La révolution permanente].
À côté de cela, les Pfempfert se sont occupés du fils de Trotski, Lev. L. Sedov – il a étudié de
février 1931 jusqu’au printemps 1933 à Berlin – et de sa fille Zinaïda L. Volkova, qui, sur
l'insistance de son père, était venue de Prinkipo à Berlin à l'automne 1931 gravement malade
et sans son jeune fils. Elle s’y est rendue à cause d’une tuberculose pulmonaire et de graves
problèmes psychiques ; elle y a été « immédiatement mise sous traitement par deux médecins
amis d'Alexandra », à savoir son médecin de famille Ernst Mai et le médecin qui la
connaissait depuis l'avant-guerre, un psychiatre et psychothérapeute, le professeur Arthur
Kronfeld, « l’un les meilleurs médecins de Berlin ». Toutefois, personne n’a pu empêcher que
Zina, le 5 janvier 1933, peu avant la prise du pouvoir d’Hitler à Berlin, se suicide par
désespoir. Après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, les Pfempfert se sont enfuis
précipitamment début mars de Berlin et ils se sont rendus à Karlsbad en passant par Dresde.
Pfempfert, qui avait déjà aussi travaillé comme photographe de portraits à Berlin, y a ouvert
un studio photographique. Alexandra Ramm-Pfempfert a continué à travailler à cette époque à
des traductions de textes en langue russe. Leur existence en Tchécoslovaquie était cependant
constamment mise en danger, non seulement parce qu’ils étaient tributaires du soutien
financier d’amis, mais aussi parce qu’ils étaient isolés politiquement et socialement.
Dans leur exil parisien, les Pfempfert ont été moins isolés étant donné que non seulement
quelques parents d’Alexandra Ramm-Pfempfert y vivaient, mais également des connaissances
de l’époque berlinoise, comme par exemple Thea Sternheim, Franz Jung, Carl Einstein et Lev
L. Sedov. Après le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, les Pfempfert ont été
d’abord internés à Paris en tant qu’“étrangers hostiles”, puis ils ont été séparés et transférés
dans des camps du Sud de la France – Alexandra Ramm-Pfempfert dans le camp de Gurs,
près de Pau. Mais, déjà après quelques semaines, elle a réussi à s’enfuir du camp avec Thea
Sternheim et d’autres. Après une errance dans le Sud de la France qui a duré plusieurs
semaines, elle a finalement retrouvé Franz Pfempfert à Perpignan, d’où ils sont partis pour
Marseille. Après une longue lutte pour obtenir des papiers valides, les Pfempfert ont réussi à
rejoindre New York en passant par Lisbonne, et de là le Mexique où ils sont arrivés au
printemps 1941. À Mexico, les Pfempfert se sont trouvés presque complètement isolés. À
l’âge respectivement de 57 ans pour elle et de 62 ans pour lui, ils se retrouvaient dans un pays
inconnu dont aucun des deux ne parlait la langue, l’espagnol, et dans lequel ils n’avaient ni
argent ni de connaissances. Seule Natalia Ivanovna Sedova, la veuve de Trotski, les a
soutenus et est restée en contact constant avec eux. La tentative pour partir aux USA a échoué
en raison de la politique d’immigration restrictive des USA – et ce, bien qu’Albert Einstein ait
garanti par écrit la bonne honorabilité des Pfempfert et qu’il y ait également eu un industriel
américain qui était prêt à se porter garant d’eux du point de vue financier.
À Mexico également, Franz Pfempfert a de nouveau ouvert un atelier photographique, mais
ses recettes étaient insuffisantes pour que lui et sa femme puissent en vivre. La plupart du
temps, ils étaient dépendants de libéralités de tiers et des moyens fournis par l’International
Rescue Committee. En 1952, un cancer du foie a été diagnostiqué chez Franz Pfempfert, et il
en est mort en 1954. Après sa mort, Alexandra Ramm-Pfempfert a souffert d'une dépression
nerveuse et elle a eu besoin de soins pendant un certain temps.
Au début de 1955, elle est revenue en Europe où elle s’est installée en mai à Berlin. Sa
soeur, Maria, en tant que juive, y avait survécu dans l’illégalité à la guerre et aux persécutions.
Le logement de sa soeur, au 23 Laubenheimer Strasse, à Berlin-Wilmersdorf, a été son dernier
domicile. Dans ses dernières années, elle a eu des contacts avec Karl Otten, un ancien
collaborateur de Die Aktion qui a publié en 1957 une anthologie de l’expressionisme
(Ahnung und Aufbruch), dans laquelle revivait le souvenir de poètes de Die Aktion en grande
partie oubliés. En outre, elle a soutenu Paul Raabe lors de l’édition d’une réimpression des
premières années de Die Aktion qui est parue en 1961. En 1961, un cancer a été diagnostiqué
chez Alexandra Ramm-Pfempfert. Après plusieurs traitements, elle est morte affaiblie le 17
janvier 1963 d’une infection pulmonaire à l’hôpital Westend de Berlin. Elle a été inhumée le
23 janvier 1923 dans une tombe à urnes du cimetière juif de la Heerenstrasse à Berlin-
Charlottenburg. Sa soeur Maria a fait ajouter sur la pierre tombale le nom de son mari Franz,
enterré au Mexique.
RASCH, FRITZ OTTO KARL (13.02.1889 – 23.02.1954)
Tailleur, ouvrier métallurgiste, fils d’Hermann Rasch et de Luise Stritzkowsky, protestant, né
à Berlin-Friedrichsfelde. Durant la Première Guerre mondiale, il a travaillé comme métallo à
Hambourg et il a participé aux activités des radicaux de gauche de Brême. Revenu à Berlin en
1916, il a adhéré à la Ligue Spartacus. En novembre-décembre 1918, il a été membre du
Conseil exécutif du conseil des ouvriers et des soldats de Berlin et, avec Karl Schröder*,
Alexander Schwab*, Emil Sach*, Jan Appel*, Franz Pfempfert* et Franz Jung*, membre du
KPD. En octobre 1919 il a été exclu du parti et, en avril 1920, il est devenu un pilier du
KAPD. En mars-mai 1920, il a été calomnié par l’USPD et le KPD qui le traitaient d’“agent
des KAPistes”. Rasch a accompagné Hermann Gorter et Karl Schröder en décembre 1920
pour discuter avec Lénine et avec le CEIC de l’accueil du KAPD comme parti sympathisant
dans le Komintern. Au cours de l’action de Mars 1921, il a été envoyé, avec Franz Jung, en
Allemagne centrale, pour coordonner l’“action” avec le KPD et le Komintern. Les grèves qui
y avaient lieu devaient être élargies en une grève générale.
Quand il a été exclu en octobre 1922 du KAPD berlinois, il avait déjà cessé ses activités
politiques. Rasch est revenu à Hambourg où il a travaillé comme manoeuvre. En 1936-1937, il
a été poursuivi par les autorités nazies “pour comportement immoral” selon le § 176
(maltraitance des enfants) du code pénal allemand (StGB). Il a été placé en détention
provisoire à la prison de Holstenglacis de Hambourg, du 26.11.1936 au 27.02.1937, sur la
base de l’allégation selon laquelle il aurait eu des rapports sexuels avec des mineurs. Il a été
cependant acquitté et autorisé à quitter la prison. L'affaire n'a pas été approfondie. Fritz Rasch
est mort le 23 février 1954 à Hambourg (au 1 Rennkoppel).
RAUKITTIS, WILLY (1899 – ?)
Berlin, Ligue Spartacus, KPD, et en avril 1920 KAPD/AAU ; en mars 1921, membre de la
“bande à Plättner” en Allemagne centrale, 4 années de prison ; en 1931-1932, KAU ; après
1945, membre du KPD/SED, du GIS/SWV ; en 1951, exclusion du SED ; en 1956 coéditeur
de la revue Von unten auf (qui a succédé à Neues Beginnen).
REGLIN, GEORG
Fonctionnaire de la Centrale du KAPD, agitation à la campagne et éducation. [Pseudonyme de
Max Rosan ?].
REICHENBACH, BERNHARD (12.12.1888 – 19.02.1975), alias JOHANNES SEEMANN
Né à Berlin, fils d’un commerçant juif ; après le lycée, comédien à Bochum et à Hambourg,
de 1912 à 1914, études de littérature et d’histoire de l’art à Berlin. Là, avec ses frères Hans
(1891-1953) et Hermann (1898-1958), dans la Freie Studentenschaft [Etudiants libres],
coéditeur de la revue Der Aufbruch. De 1915 à 1917, soldat (ambulancier) au cours de la
Première Guerre mondiale, puis dans le Service de presse du ministère des Affaires
étrangères. Reichenbach a été en 1917 membre fondateur de l’USPD et membre de la Ligue
Spartacus ; lié étroitement à Karl Schröder*. Reichenbach est devenu en 1920 l’un des chefs
du KAPD, dans lequel il a été temporairement rédacteur de son Kommunistische
Arbeiterzeitung ; à partir de mars 1921 représentant du KAPD au CEIC de Moscou,
participant au III° Congrès mondial en juin/juillet 1921 (pseudonyme SEEMANN). Il a donné
en 1969 à la revue londonienne Solidarity une interview intéressante portant sur sa rencontre
avec Lénine et Alexandra Kollontaï (Opposition ouvrière) :
« J’ai rencontré Lénine en 1921 dans sa pièce au Kremlin. Nous avons eu une longue
discussion sur la situation en Allemagne. Il y avait une grande carte de la Russie au mur et il
était évident que Lénine était surmené. Il m’a expliqué qu’en tant que parti dominant, ils
devaient diriger un pays énorme comme la Russie et que lui n’avait quasiment pas le temps de
s’occuper de manière approfondie des détails de l’activité révolutionaire à l’Ouest. Je lui ai
fait part de notre critique de la politique du KPD que les bolcheviks considéraient comme un
parti frère. Je critiquais la position politique de ce parti ainsi que la sienne concernant le
soulèvement de Mars 1921. Sans entrer dans les détails, il a dit qu’il suivait l’analyse de
Trotski sur la situation en Europe et de Radek sur celle en Allemagne. Cela signifiait que, dès
que nous aurions par conséquent un conflit avec Radek, nous nous opposerions
immédiatement à Lénine, même si d'autres ont souvent reformulé la ligne du parti bolchevik
sur cette question… Il y a eu en particulier d’assez nombreuses discussions avec l’Opposition
ouvrière. Peu de jours avant le début du III° Congrès du Komintern, Alexandra Kollontaï, à
l’époque membre éminent de l’Opposition ouvrière, est venue dans ma chambre à l’Hôtel Lux
et elle m’a dit qu’elle attaquerait Lénine après son discours sur la “Nouvelle Politique
Économique” (NEP). Elle a indiqué qu’elle serait peut-être arrêtée ensuite et elle m’a
demandé si je pouvais conserver en lieu sûr le texte de son discours sur l’Opposition
ouvrière. J’ai accepté, et comme nous envoyions justement un courrier à notre présidium à
Berlin, je lui ai confié le texte. ».
En mars 1922, Reichenbach a été exclu du KAPD avec le groupe de Karl Schröder*
(tendance Essen). Il a adhéré en 1925 au SPD et il a travaillé comme fondé de pouvoir dans
une usine de tissage à Krefeld (Dusseldorf). En 1927, il a participé à un congrès de la
tendance d’Essen (KAI), et il a publié en 1928 dans “Grünberg-Archiv” la première
contribution à l’histoire du KAPD. À partir de 1930, Reichenbach a participé à la constitution
du groupe des “Rote Kämpfer”. En 1931/32, il est devenu également membre du SAP et a fait
partie en 1933 à la direction nationale illégale des “Rote Kämpfer”. En avril 1935, à la suite
d’une perquisition domiciliaire, il a émigré en Grande-Bretagne et il est entré au Labour
Party. Le gouvernement britannique a interné Reichenbach en 1940-1941 sur l’île de Man. Il
y a travaillé comme rédacteur du journal des prisonniers Die Wochenpost. Même après 1945,
il est resté à Londres où il a travaillé comme correspondant pour des journaux allemands et
pour la radio. En 1958, il a reçu la Croix fédérale du mérite de 1° classe. Bernhard
Reichenbach a continué à rester membre du Labour Party dont il a vanté les mérites dans le
livre “Planification et liberté. Les leçons de l’expérience anglaise” (1954). En 1964, il
avouait : « La voie de la révolution, que le KAPD voulait prendre, est déjà un échec à
l’époque. Aujourd'hui, elle serait complètement anachronique ». En 1969, Rudi Dutschke lui
a rendu visite pour une interview. Il est mort en 1975 à Londres.
REICHERT
AAU/KAPD, Metzingen (Bade-Wurtemberg).
REIMANN-DRÄHNE, ELSE (6.06.1893 – 6.09.1975)
Née à Barleben (Wolmirstedt), avec pour nom Else Drähne, fille d’un maître-peintre. De 1908
à 1913, domestique à Magdebourg, et ensuite ouvrière. En 1914, elle a adhéré au SPD et elle a
été ensuite femme de ménage et blanchisseuse. En 1917, trésorière en chef de l’USPD de
Magdebourg. Avec les délégués Albert Wildt et Ernst Kindl, elle a participé à titre d’invitée
au Congrès constitutif du KPD en 1918 à Berlin. Reimann-Drähne a été membre du KPD en
1919 et elle a participé en 1920 au Congrès de femmes à Mannheim. Après le II° Congrès en
1919 à Heidelberg, sous l’influence de Karl Plättner, elle a quitté le KPD et elle est restée
membre du KAPD jusqu’en 1923 ; ensuite, sans organisation. En 1945, elle est devenue
membre du KPD, en 1946 du SED, et à partir de 1950 présidente pour le district urbain de
Werder/Magdebourg de l’organisation du parti pour le logement. Else Reimann est morte en
1975.
REINMANN, KARL (21.05.1900 – 20.07.1973), alias WILLI SETZKORN
Né à Ilmenau (Thuringe); il a appris le métier de taillandier. Depuis 1917 membre de l’USPD
et proche compagnon de route de Walter Stoecker (1891-1939). En 1918, fonctionnaire de la
FSJ et respectivement de la KJD du district de Halle-Mersebourg, depuis 1919 membre du
KPD et, d’avril 1920 jusqu’en 1923, du KAPD ; Reinmann a participé à l’insurrection en
Allemagne centrale en mars 1921, il a pu s’enfuir et il a vécu pour une brève période à Berlin
sous le nom de Willi Setzkorn. Il y a fait connaissance du groupe de Karl Plättner* et il a
participé à ses actions de bandes. En décembre 1921, il a été arrêté et condamné d’abord à
trois années de prison par la cour d’assises de Halle-Dresde, puis, le 30 novembre 1923, par le
Tribunal d’État à cinq années de prison qu’il a purgées à Bautzen et à Cottbus. Amnistié en
mars 1926, et libéré de la prison centrale de Cottbus, il est devenu le chef du Secours rouge de
la Thuringe. Après 1933, il a mené un travail illégal, il a été arrêté en 1934 et condamné à une
peine deux ans et demi de prison. Par la suite transféré dans le KZ de Lichtenburg et puis dans
celui de Buchenwald. Après sa libération, collaboration au Centre de recherche et
d'information des anciens prisonniers des camps de concentration d'Erfurt. En 1946, membre
du SED, il est devenu inspecteur du bétail dans le district d'Erfurt-Weißensee. À partir de
1947, secrétaire de la direction régionale de Thuringe de l'Union de l'agriculture et de la
sylviculture, puis secrétaire de la VVN (Union des syndicats agricoles allemands) de
Thuringe. En 1953, il a travaillé pour le conseil du district d'Erfurt. Karl Reimann est décédé
le 20 juillet 1973 des suites d'un accident à Erfurt.
REIMERS, OTTO (17.09.1902 – 22.10.1984)
Hambourg, ouvrier du bâtiment, chef de chantier, né à Grambek près de Mölln (Schleswig-
Holstein), AAU, à partir de 1922 AAUE dans l’environnement de la revue Proletarischer
Zeitgeist, 1930 anarchiste, 1933 travail illégal ; 1945 éditeur de journaux anarchistes et, avec
Alfred Weiland*, éditeur de Neues Beginnen.
En tant qu’aîné de cinq frères et soeurs, Reimers a dû commencer à travailler dès la fin de
l’école pour soulager la situation financière de la famille. Il l’a fait auprès de bûcherons et de
paysans. Dans les années 20, Reimers a été actif dans le mouvement ouvrier antiautoritaire.
En 1926, il a créé à Hambourg, avec Karl Matzen*, Karl Roche* et Ernst Fiering*, le bloc des
révolutionnaires antiautoritaires, qui comprenait des anarcho-syndicalistes, des anarchistes,
des unionistes et anarchistes individualistes. Lors des réunions, les orateurs étaient entre
autres Pierre Ramus, Ernst Friedrich, Helmut Rüdiger et Rudolf Rocker. Avec Paul Schöss*,
il a assumé en 1926 la distribution de la revue Proletarischer Zeitgeist (1922-1933) de l’Union
Ouvrière Générale (AAU) et il a collaboré à la revue Die freie Gesellschaft.
Après la prise du pouvoir des nazis, Reimers a été obligé de cesser son travail pour les
revues. Dans l’illégalité après février 1933, le groupe de Hambourg a pu publier presque
mensuellement jusqu’à la mi-1934 l’écrit de douze pages Mahnruf. Reimers a passé
principalement la II° Guerre mondiale à reconstruire les voies et les tunnels de chemin de fer,
ainsi que le métro aérien de Hambourg, endommagés par les bombardements, étant donné que
son employeur a pu obtenir sans interruption son exemption des obligations militaires. Après
la fin de la guerre, Reimers a travaillé comme éditeur de la première revue anarchiste
d’Allemagne, le Mahnruf, qui est parue quelques semaines après la fin de la guerre (de mai à
décembre 1945). Avec le Mahnruf, il voulait contribuer à la création d’un nouveau
mouvement anarchiste. L’écho espéré a toutefois fait défaut. Reimers a été en outre (1956-
1961), avec Heinrich Freitag et Walter Stöhr, éditeur de la revue Information – anarchistische
Gedanken und Betrachtungen zur Geschichte, Literatur und Politik der Gegenwart. Dans les
années allant de 1955 à 1959, il a publié aussi en langue allemande la lettre d’information
internationale anarchiste C.R.I.A. (Commission des Relations Internationales Anarchistes).
Lorsqu’en 1959, la Ligue des socialistes libres et des anarchistes a été fondé à Neviges,
Reimers a été l’un des co-initiateurs du Congrès. Il faisait également partie de la Fédération
des socialistes libres (FfS). Sa revue Neues Beginnen (1969-1971) fournissait des
contributions provenant de la vision libérale de gauche, démocratique et socialiste libre. La
publication rédigée par Reimers, Zeitgeist – pour le progrès social, le socialisme libre, la
culture et les actualités –, est parue de 1971 à 1974. Elle a fusionné ensuite avec la revue
publiée par Heiner Koechlin : Akratie, dans laquelle l’anarchosyndicaliste Willi Paul* publiait
également.
À côté de son activité d’éditeur, il a été l’auteur de nombreux articles. Wolfgang Haug a
publié une nécrologie d’Otto Reimers : “L’engagement politique a été sa vocation et son
devoir” dans la revue Schwarze Faden (n° 16 d’avril 1984, p. 56). La maison d’édition Walter
Stöhr a édité de 1969 à 1971 la revue anarchiste Neues Beginnen, laquelle était publiée par
Otto Reimers à Hambourg. Son sous-titre était : Contributions à l'histoire contemporaine, à la
culture et à la politique, d'un point de vue libéral-démocrate et socialiste libre ; une
publication de socialistes antiautoritaires. La revue était introduite par ces mots : « Représente
le socialisme humaniste-démocrate. S'oppose à l'hérésie du mot et de la vision du monde de
l'anarchisme ». Et : « L'avenir ne doit plus être celui de la violence, mais celui de la concorde
et de la coexistence entre tous les peuples ».
Neues Beginnen est paru tous les deux mois avec un tirage de 600 exemplaires. La revue
Zeitgeist lui a succédé. Déjà en 1960, paraissait la publication anarchiste du même nom,
Neues Beginnen, éditée par Karl Blauert à Iserlohn. Le projet consistant à fusionner les revues
Information et Befreiung avec Neues Beginnen a échoué en raison de divergences d'opinion
internes lors du Congrès anarchiste de Neviges, mais il a été réalisé par Reimers en 1969 avec
la continuation de Neues Beginnen. Otto Reimers est mort à Laufenburg (Bade) en 1984.
REITH, WILHELM VON DER (3.07.1897 – 28.02.1967)
Hambourg, né à Altenwerder près de Hambourg, ouvrier du bâtiment, il est entré à
l’Arbeiterjugend en 1913 et au SPD en 1915. Pendant la révolution de Novembre, membre de
l’USPD, il est passé à l’AAU en 1919, et il est devenu membre du KPD et chef de pôle d’un
quartier de la ville de Hambourg en 1921. En 1930, participe aux cours de l’École-M du
Komintern à Moscou. Reith est entré en 1930 comme suppléant au conseil municipal
hambourgeois et il en a fait partie jusqu’en 1933. Il était membre de la direction du district de
Wasserkante et, en 1933, il a été responsable à Rostock des instructions données aux
organisations illégales du parti pour le Mecklembourg. Il a émigré en Tchécoslovaquie et il a
été en 1936 en Espagne membre de la XI° Brigade internationale en tant que “commissaire à
la culture”. Ensuite interné à Djelfa en Afrique du Nord, il a servi en 1942 comme employé
civil dans les forces armées britanniques. Il y faisait partie du groupe des communistes
allemands qui, fin 1943, ont eu la permission de partir pour l’Union soviétique. Là-bas, il a
été employé comme instructeur politique dans les camps de prisonniers de guerre. En 1946,
Reith est retourné à Hambourg où il a rejoint de nouveau le KPD et où il a travaillé pour
l’hebdomadaire communiste hambourgeois, le Blinkfüer d’Ernst Aust. Wilhelm von der Reith
est mort en 1967 à Hambourg.
RENSMANN, ALBERT
Wuppertal-Barmen ; en avril 1920, membre du comité d’action de l’Armée rouge dans la
Ruhr, KPD, KAPD ?
RETTMANN, KARL OTTO FRITZ (FRITZ) (1902 – 1981), alias FRITZ NORDEN,
EGON FUCHS, NICO
Berlin, outilleur. Né à Berlin comme fils d’une famille ouvrière. En tant qu’apprenti, il est
devenu en 1916 membre du Syndicat des métallos (DMV) et en 1919 de la Jeunesse
Socialiste Libre (FSJ). De 1920 à 1928, membre du KAPD et de l’AAU, et, de 1921 à 1928,
membre de la direction générale de l’AAU. Ensuite, quitte le KAPD/AAU et, en 1928, rejoint
le KPD et devient membre de la cellule d’entreprise de l’Allgemeine Elektrizitätsgesellschaft
(AEG) dans l’usine de Wedding-Ackerstrasse. C'est dans le contexte de la politique de la
RGO qu’il est devenu membre en 1929 et ensuite secrétaire syndical en 1930 du Syndicat
Unitaire des Métallurgistes de Berlin (EVBM). Après l’interdiction du mouvement
communiste, travail illégal comme dirigeant politique de l’EVMB.
En juillet 1934, il a émigré en URSS où il a fréquenté en 1934/35 l’École Lénine (sous le
pseudonyme de Fritz Norden). En 1935, dissimulé sous l’identité du citoyen tchèque Egon
Fuchs, il a effectué pendant quatre semaines un travail illégal en Allemagne et il a ensuite
émigré aux Pays-Bas où il a eu comme activité un travail de formation parmi les émigrants du
KPD.
Après lé début de la Guerre civile espagnole, il est parti pour l’Espagne où il a été d’octobre
1936 à juillet 1938 membre de la IX° Brigade internationale. Dans cette unité, il était
capitaine et commissaire politique dans le bataillon Etkar-André. Lors des combats devant
Madrid de 1937, il a été grièvement blessé. En mars 1937, il est passé du KPD au PC
espagnol et il a été, après sa guérison, le dirigeant politique de sa 2° école du parti et
instructeur à l’école des officiers à Benicasim et près de Pozo Rubio en Espagne. En juillet
1938, du fait du retrait des Brigades internationales d’Espagne, il est parvenu en France où il a
travaillé comme dirigeant de la formation du KPD à Paris et, à partir de 1939, comme
courrier parisien de la direction du KPD à l’étranger. Après le début de la II° Guerre
mondiale, en 1939, il est arrêté par les autorités françaises et ensuite interné au camp de Gurs
dans la prétendue “Zone libre” de la France de Vichy. En 1943, il est extradé en Allemagne
où il est interrogé et incarcéré dans la Centrale de la Gestapo à Berlin. En août 1943, il est
transféré au KZ de Sachsenhausen. Peu d temps avant la fin de la guerre, en avril 1945, il a
été obligé par les SS d’effectuer la “marche de la mort” bien connue en direction de Norden.
Rettmann a survécu et il a été libéré par les troupes alliées près de Schwerin dans le
Mecklembourg.
En mai 1945, il est revenu à Berlin et il a travaillé en juin-juillet 1945 comme chef de
l’Office culturel dans les services du district de Reinickendorf. Il est redevenu immédiatement
membre du KPD et ensuite également, avec lui, du SED. Par la suite, il s’est tourné
vers le travail syndical et il a pris en charge en août 1945 la fonction de 1° président de l’IGMetall
du Grand-Berlin ; il a exercé cette fonction – même si elle a été bientôt réduite au
secteur Est – jusqu’en 1951, ainsi que des fonctions de direction dans le FDGB. Ensuite, c’est
une phase de cadre de direction dans l’industrie qui a commencé. En 1952, il a travaillé dans
la direction municipale de la formation professionnelle à Berlin et en 1953 il est devenu
directeur du travail dans l’entreprise VEB qui fabrique des grands tours, la “7 Octobre”, à
Berlin-Weissensee. En 1957, il est revenu travailler dans l’appareil du parti et du syndicat. De
1957 à 1962, il a été dirigeant du département Syndicat et politique sociale du Comité central
du SED. Il est devenu en 1958 membre de la direction du SED pour le district de Berlin et il a
officié de 1959 à 1972 comme membre du Comité directeur du FDGB. À côté de cela, il est
devenu en 1962 collaborateur de la chaire “Histoire” à l’École supérieure du FDGB et en
1963 cofondateur du “Comité de solidarité avec le peuple espagnol”. Il s’est fait également
connaître en RDA en raison de ses conseils spécialisés à l’occasion de la publication de
“Brigada Internacional ist unser Ehrenname” [B.I. est notre nom honorifique], qui est paru à
Berlin/RDA en 1974. Karl Rettmann, qui était marié avec Maria Rentmeister, est mort en
1981 à Berlin/RDA.
REUTER, FRITZ (15.02.1899 – 14.03.1941)
Né à Kotthausen qui fait partie du quartier résidentiel de Herbringhausen du district urbain de
Wuppertal, Langerfeld-Beyenburg. Reuter était boulanger de profession. Il a été depuis 1923
membre du KPD à Hamborn, qui est aujourd'hui un quartier de Duisburg. En 1926, il a adhéré
à la fraction du KPD “Kommunistiche Politik” (Kompol) de Karl Korsch et c’est la raison
pour laquelle il a été exclu du KPD en 1927 ; il a était ensuite membre du KAPD en 1927-
1929. En 1930, il a rejoint l’Opposition de Gauche Internationale (ILO) trotskiste pour
laquelle il a travaillé, entre autres, comme porte-parole littéraire. Il a été actif de 1930 à 1934
pour l’ILO. Il a été arrêté pour la première fois le 19.05.1933 à cause d’une distribution de
tracts et incarcéré jusqu’au 13.11.1933. Après sa libération, il a poursuivi son activité de
résistance en tant que l’un des principaux trotskistes de la Ruhr. Le 26.07.1934, il a été de
nouveau arrêté et, en 1938, après avoir purgé une peine de prison de quatre années, il a été
transféré en tant que “récidiviste” – la Gestapo de Duisburg le qualifiait de « l’un des
communistes fanatiques de ce district » – au KZ de Buchenwald. Il y a été membre de la
cellule trotskiste du camp et il était considéré par le commandement du camp comme un
“communiste obstiné”. Quelques jours avant sa libération programmée, il est tombé malade
de la tuberculose, il a été ensuite envoyé le 24.10.1940 à Dachau où il a été exécuté le
14.03.1941.
RICHTER, FRIEDRICH KARL (né le 10.05.1891 à Bornstedt – ?)
KAPD ; Richter, selon les documents judiciaires, était un ouvrier sans titre professionnel, ce
qui, dans l'usage de l'époque, signifiait “non qualifié”. Lors des combats de Mars 1921 en
Allemagne centrale, il avait dirigé une section armée à Eisleben et c’est pourquoi il était
recherché par la police. Richter était membre du groupe Plättner* et il a été arrêté en
décembre 1921. Au cours du “procès-Plättner”, en 1922/23, il a été condamné à six ans et
demi de prison, qui ont ensuite été réduites à 5 ans. Il a purgé sa peine à la prison centrale de
Cottbus. Il a ensuite été gracié et, en mars 1926, remis en liberté. Il a rompu avec son passé
communiste et il a changé de camp. Il est devenu membre du NSDAP à Berlin-Neukölln et a
été promu Obertruppführer de la SA. Finalement, en 1936, l'ancien braqueur de banque a
postulé à un poste d’employé à la Reichsbank. Probablement sans succès. Les données n'ont
pas pu être déterminées.
RICHTER, WILLI (25.11.1907 à Klein-Wittenberg – ?)
Menuisier, ajusteur, enseignant ; habitant à Berlin-Neukölln, au 41 Stavenhagener Strasse et
au 143 Weserstrasse ; père tué à la guerre, il a fréquenté l’école primaire, et de 1922 à 1925
apprentissage du métier de menuisier, puis compagnonnage, organisé dans l’Union centrale
des menuisiers ; a rejoint le SPD à 16 ans, activité syndicale avant tout à Leipzig où il était
aussi membre du groupe-SAJ, et plus tard président des Jeunes socialistes du Grand-Leipzig ;
de 1926 à 1933 membre de la SAJ et du SPD, fonctionnaire de la DFV et du SPD à Leipzig,
et à partir de 1931 à Berlin. ; là, jusqu’en 1933, participation aux cours donnés aux ouvriers
pour passer le baccalauréat à l’École Karl-Marx à Berlin-Neukölln ; (c’est là qu’il a fait la
connaissance d’Alexander Schwab*, entre autres) ; il a fait partie des “Rote Kämpfer” de
1933 à décembre 1936 à Berlin-Neukölln ; et en octobre 1936, il a été invité par Karl
Schröder* en octobre 1936 à entrer dans la direction nationale des RK. Mais cela n’est pas
arrivé étant donné qu’il a été arrêté le 10.12.36. Ensuite, prison préventive sur la base du
mandat d’arrêt du 23.12.36. Puis détention d’un mois à la direction de la police de Berlin-
Alexander Platz et 11 mois dans la prison cellulaire de Lehrer Strasse à Berlin-Moabit. Le
5.05.38, condamné par le Tribunal régional supérieur de Berlin à 2 ans et 6 mois de prison et
à 3 ans de perte des droits civiques à cause de « préparatifs de haute trahison » (7.0.Js
266/37) ; a purgé sa peine à la prison de Luckau/Brandebourg et d’Untermassfeld/Thuringe ;
le 13.06.39, libéré de la prison ; de juillet 1939 jusqu’en mai 1945, ajusteur dans la fabrique
de machines-outils Linder à Berlin-Wittenau, Lübarser Strasse ; président du district de
Berlin-Neukölln et à partit du 16.06.45 enseignant suppléant à la 7° école élémentaire de
Berlin-Neukölln.
RIEGER, ERNST (10.06.1875 – 1947)
Fils d’une petite famille d’artisans ; ouvrier/chef de bureau, né à Lautenburg (Prusse
occidentale, depuis 1920 partie de la Pologne). Il a émigré au cours des années 90 à Berlin et,
en 1895, il est devenu membre du SPD dont il a fait partie jusqu’en 1914. Il a été élu en 1899
à l’assemblée municipale de Spandau, il a été actif comme orateur-propagandiste et il écrivait
pour le “Vorwärts” et la feuille du SPD de Spandau “Die Laterne”. Après 1903, il a été
membre de l’Union Libre des Syndicats Allemands (FVdG) syndicaliste dans laquelle il a
bientôt été un “membre d’avant-garde”. En 1915, il a adhéré à la Ligue Spartacus et en 1917 à
l’USPD. Il a participé au Congrès constitutif du KPD (30-31 décembre 1918/1° janvier 1919)
en tant que délégué de Berlin-Hohenschönhausen.
Lors de ce congrès, il a combattu toute phraséologie bourgeoise-démocratique ainsi que
toute implication dans le parlementarisme :
« Nous devons nous libérer des belles phrases de la démocratie au sens toxique
traditionnel. Si nous avons certes le droit égal de vote, mais par ailleurs pas le droit social
égal, ce n’est pas la démocratie… Nous devons avoir le courage de reconnaître à quels buts
réactionnaires l’Assemblée nationale doit servir, à savoir rendre illusoires les conseils
ouvriers. Il ne peut donc y avoir de pacte avec n’importe quelle institution de la bourgeoisie.
Ne vous laissez pas dissuader et refusez toute participation électorale ! ».
Parmi les délégués, il a été l’un des porte-parole de la ligne antisyndicale et c’est lui qui a
justifié la proposition radicale de gauche la plus importante sur ce point de l’ordre du jour :
« La Conférence nationale déclare : la politique de convention collective des centrales
syndicales, le sabotage des grèves et l’empêchement de la lutte sociale de libération du
prolétariat par la bureaucratie des syndicats, de même que l’attitude négative, et même
hostile, des leaders syndicaux vis-à-vis de la mise en route immédiate de la socialisation des
moyens de production, représentent par leur effet des éléments de soutien à l’État et par
conséquent des ennemis de la révolution. L’appartenance à de tels syndicats est par
conséquent incompatible avec les objectifs et les tâches du Parti Communiste d’Allemagne.
Pour la conduite des luttes économiques et pour la prise de contrôle de la production après la
victoire de la révolution sociale, ce qui est en fait nécessaire, c’est la constitution
d’organisations ouvrières révolutionnaires, limitées localement, (organisations unitaires).
Ces organisations de lutte doivent exercer leurs activités dans le meilleur accord possible
avec le Parti Communiste et les commissions centrales de grève, préparer la production
communiste et aider à la mettre en oeuvre. ».
En 1919, c’est de manière logique qu’il a adhéré à l’AAU et, en avril 1920, il a été
cofondateur du KAPD dans lequel il a défendu en juin 1920 la fusion des communistes de
gauche avec les syndicalistes de la FAUD – l’organisation qui a succédé au FVdG. Par la
suite, comme cela n’était pas susceptible d’obtenir la majorité dans le KAPD, il a quitté les
organisations communistes de gauche et il a travaillé à partir de 1922 dans la FAUD dans les
organes de laquelle il a publié – par exemple dans l’“Internationale” n°4/1929. Il avait ainsi
retrouvé ses racines syndicalistes. Il était également actif dans le mouvement anticlérical des
libres-penseurs et il agissait comme « dirigeant du Cartel berlinois de la “Communauté de
travail des Associations des Libres-penseurs” ». Durant la dictature NS, il n’a pas été
poursuivi et il a adhéré au KPD en 1945, puis au SED. Il a habité en dernier à Schöneiche où
il était chef du groupe local du KPD puis du SED et président de l’Association de
consommateurs de Niederbarnim Sud.
RIEGER, OTTO (1879 – ?)
Danzig, Stettin, ingénieur maritime. Il est devenu membre de l’Union Industrielle syndicaliste
avant 1914. De 1917 à 1919, il a été membre de l’USPD et ensuite, comme Hermann
Knüfken*, actif dans le Deutsche Seemannsbund (DSB) dans lequel il est devenu rédacteur du
“Seemannsbund” et délégué du DSB au XII° Congrès du FVdG le 29.12.1919 lors duquel il a
défendu la collaboration avec l’AAUD. En 1920, il a été expulsé de Danzig en tant
qu’“étranger gênant” et il s’est rendu à Stettin en passant par Bremerhaven. En 1921, il a
officié comme secrétaire international du DSB (Deutsche Schiffahrtsbund), le successeur du
Seemannsbund, qui publiait son organe “Die Schiffahrtswarte” à Hambourg.
C’est pour le compte du DSB qu’il a pris part en 1921 aux négociations avec le Profintern
concernant une possible fusion. Cette fusion, que Rieger refusait, a abouti en 1922. Rieger est
parvenu à ce que les marins anarcho-syndicalistes qui se faisaient appeler la “Seemanns-
Union” n’acceptent pas cette fusion et, en mai 1922, le DSB s’est séparé de la FAUD tandis
que la “Seemanns-Union” restait dans la FAUD. Parallèlement à son appartenance à la
FAUD, la Seemanns-Union a adhéré à l’automne 1923 aux IWW en tant que section
allemande « au nom de ses 1 000 travailleurs portuaires et marins ». Au tournant de
1923/1924, il y a eu à Stettin une longue grève qui a été menée en commun par les IWW, la
FAUD, l’AAU et l’AAUE dans le cadre d’une entente. C’est ainsi que, jusqu’au 8 février
1924, des navires avec des équipages comptant au total 2 000 marins ont pu être immobilisés
et empêchés de quitter le port. La section allemande des IWW de Stettin a existé jusqu’à sa
dissolution par les nazis en 1933. C’est dans les années 1930-1932 qu’y est paru son journal
« Der Marine-Arbeiter – Organe de la section allemande des IWW”.
RISR, PHILIPP
Mayence, vice-président de l’AAUE de Mayence.
ROCHE, KARL (31.10.1862 – 1.01.1931), alias DIOGENES
Roche est né à Königsberg/Prusse orientale où il a fréquenté l’école primaire. Il s’est ensuite
débrouillé en tant travailleur itinérant. C’est en 1887 ou 1888 – encore sous le régime de la loi
sur les socialistes – qu’il a adhéré au SPD. À partir de 1891, il a été actif dans le “Mouvement
Syndical Libre” proche du SPD et son activité d’agitateur s’est principalement déroulée dans
la région de Hambourg. « À cette époque-là, Roche a été condamné à deux reprises à des
peines prison dépassant le mois pour cause d’“outrage” ou d’“insulte à sa Majesté” ». Il a
déménagé en 1902 en Rhénanie-Westphalie où il est devenu “chef de district” de
l’“Association des ouvriers non qualifiés du bâtiment, des travaux de terrassement et de
l'industrie, d’Allemagne”. Au début de 1906, il est devenu dirigeant d’une branche de ce
syndicat à Bochum/Ruhr. Début mai 1907, il a travaillé dans le bureau de Hambourg de la
direction principale de son syndicat. Étant donné que Roche a révélé à l’administration la
mentalité de profit personnel de quelques membres du comité directeur – par exemple le
détournement des cotisations des membres par le caissier en chef – et que la tentative de le
faire taire a échoué, il a été finalement licencié sans préavis en avril 1919. Le SPD lui a refusé
sa solidarité ; en conséquence, Roche a quitté ce parti après 22 années d’adhésion et il est
passé à l’“Union Libre des Syndicats Allemands” (FVdG).
Il a bientôt fait partie des forces dirigeantes du FVdG et il a encore publié en 1909 le texte
suivant : “Hors du marais rouge ou : comment ça barde dans une Union centrale pas tout à fait
petite”, un rapport sur ses expériences dans et avec la bureaucratie. Durant cette phase de sa
vie, Roche s’est débrouillé en faisant le marchand ambulant et le poissonnier. Il a été le
rédacteur de nombreuses brochures d’agitation. Il a également publié des textes dans
“Kampf”, l’organe de l’anarchisme et du syndicalisme, qui est paru de 1912 à 1914 à
Hambourg. Il jouissait d’une grande réputation parmi les syndicalistes et il a été, entre autres,
délégué en 1913 au Congrès international des syndicalistes à Londres. En 1918, il a été
réquisitionné pour travailler au chantier naval Vulcan de Hambourg où il est devenu, durant
la révolution de 1918/19, l’un des plus importants meneurs de grève. À partir de 1919, il a été
également gérant de la “Fédération Syndicaliste de Hambourg”. Étant donné que, sur la base
de ses activités en novembre 1919, il avait été licencié par le chantier naval Vulcan, il a pu
intensifier ses activités politiques. En décembre 1919, il a quitté le FVdG et il a adhéré aussi
bien au KPD qu’à l’AAU.
La première grande publication de Roche pour l’AAU a été au début de 1920 le texte :
“Démocratie ou dictature ! Un appel de l’Union Ouvrière Générale (AAU), groupe local de
Hambourg”. Il publiait régulièrement dans le quotidien du KPD hambourgeois (à partir d’avril
1920 du KAPD), le “Kommunistische Arbeiter-Zeitung”, et il travaillait comme conseiller
auprès des administrations pour le Parti et pour l’Union avant tout dans la zone de
l’Allemagne du Nord. Il a été également délégué au I° Congrès de l’AAU en 1920. En tant
que président de la Commission de la presse, Roche a été l’éditeur du journal de l’AAU
paraissant à Hambourg depuis 1920 pour le district économique du Wasserkante et l’un de ses
rédacteurs.
Lors de la I° Conférence nationale de l’AAU en février 1920, Roche s’est opposé avec
succès aux tentatives de l’Opposition du KPD de Brême (Karl Becker) de transformer l’Union
en une organisation d’aide économique du parti. Le premier programme, très fédéraliste, de
l’AAU qui a été adopté lors de la II° Conférence nationale en mai 1920 portait la griffe de
Roche. Étant donné que l’Opposition de Brême gravitant autour de Becker et de Paul Fröhlich
n’a pas participé à la fondation du KAPD, le centre des unionistes s’est déplacé vers
Hambourg.
Au cours de la seconde moitié des années 1920, l’influence du KAPD dans l’AAU a
augmenté. La tendance qui voulait dépasser le dualisme du Parti et de l’Union en faveur de
l’Union, et qui défendait l’organisation économique-politique unitaire s’est retrouvée sur la
défensive. Lors de la III° Conférence nationale de l’AAU en décembre 1920 à Berlin (à
laquelle Roche a participé), il s’est dégagé qu’il n’y avait pas de majorité pour le concept
d’organisation unitaire. Toujours au cours du même mois, les unionistes de la Saxe orientale
ont exclu les membres du KAPD, et Hambourg a suivi à la fin mai.
Roche a résumé encore une fois la position de l’Opposition dans le texte : “Die Allgemeine
Arbeiter-Union” (AAU), Hambourg [1921] ; Commission de la presse de l‘AAU du Grand-
Hambourg.
Après l’“Action de mars” en 1921, Roche, en tant que président de la Commission de presse
de l’“Unionist”, a été condamné en avril 1921 à un an de prison, et l’imprimeur de
l’“Unionist” à 15 mois. Cependant, Roche a été libéré au plus tard en novembre de cette
année-là. C’est pourquoi il n’a pas pu participer à la IV° Conférence nationale de l’AAU (de
nouveau à Berlin) au cours de laquelle le modèle dualiste Union (comme organisation de
masse) et Parti (comme cadre dirigeant sur le plan théorique), favorisé par le KAPD, a obtenu
la majorité. En outre, la structure fédéraliste de l’Union a été abandonnée en faveur d’un
modèle centraliste. À la suite de quoi l’opposition à l’intérieur de l’AAU a fondé en octobre
1921 l’“Allgemeine Arbeiterunion Deutschlands (Einheitsorganisation)” [Union Ouvrière
Générale d’Allemagne (Organisation unitaire)].
L'AAUE de Hambourg s'est effectivement effondrée en 1923 durant la période d’illégalité.
Roche s’est tourné vers la Fédération des Anarchistes Communistes d’Allemagne (FKAD),
pour ensuite travailler en juillet 1924 dans la FAUD.
Roche a fait partie des initiateurs du “Bloc des révolutionnaires antiautoritaires” en
Allemagne du Nord. Il a écrit de manière régulière pour l’organe de la FAUD, “Der
Syndikalist”, ainsi que pour la revue théorique “Die Internationale”, qui paraissait depuis
1927, et pour d’autres publications syndicalistes. Dans sa dernière grosse publication, “Le
manuel du syndicaliste”, qui est parue sous la forme d’une série d’articles dans “Der
Syndikalist”, il résumait encore une fois son credo politique.
Il est mort le 1° janvier 1931 à Hambourg. Une notice nécrologique est parue dans le
n° 2/1931 de “Der Syndikalist” et une autre de Rudolf Rocker dans la revue d’Erich Mühsam
“Fanal” : « Son travail d’arrache-pied ne lui a jamais apporté la richesse, il est mort comme
un prolétaire très pauvre, ainsi qu’il a toujours vécu ».
ROCK, CHRISTIAN (1895 – ?)
Essen, KAPD d’Essen, rédacteur responsable du KAZ d’Essen. Durant le Congrès du KAPD
en septembre 1921 à Berlin, il a déclaré au nom du district de la Rhénanie son soutien à la
création d’une nouvelle Internationale :
« Le district de la Rhénanie a déposé une motion destinée à s’adresser au prolétariat
révolutionnaire mondial pour qu’il rejoigne l'Internationale Ouvrière Communiste.
Aujourd'hui encore, nous devons donner une réponse au prolétariat mondial, dont les yeux
sont fixés sur nous. Le prolétariat mondial attend de nous, en tant qu'avant-garde du
prolétariat, une réponse. Au commencement est l’action. ».
RÖGER
AAU Allemagne occidentale. En tant que délégué à la III° Conférence nationale de l’AAU à
Leipzig (12-14 septembre1920), il a pris « position contre le parti, étant donné que
l’organisation d’entreprise représente une organisation unitaire. Si le KAP est grand, il le
devient comme les autres partis le deviennent. ».
RÖHR, WILHELM (26.12.1882 – ?)
KPD, 1920-1925 KAPD, 1925-1933 KPD, après 1946 KPD/SED.
RÖHRIG, HERMANN (19.06.1898 – 26.05.1938)
Ajusteur, né à Berlin-Lichtenberg. Il a été membre de la Ligue Spartacus, et à partir de 1919
du KPD. Comme la majorité des fonctionnaires berlinois, il est passé en 1920 au KAPD, mais
il est revenu en 1921 au KPD dans lequel il est devenu membre de la direction du district.
Lorsque la gauche avec Ruth Fischer a pris la direction du parti, Röhrig est entré dans
l’Appareil Antimilitariste (AM). Officiellement, il travaillait dans la représentation
commerciale soviétique, mais quand son activité illégale dans l’Appareil AM est devenue
connue, il a dû émigrer en 1930 en Union soviétique. À Moscou, Röhrig est devenu chef de
département au Commissariat du peuple au Commerce extérieur et, au milieu des années 30,
instructeur au KUMNS. Il a été ensuite directeur du Collège technique commercial à Engels
(République de la Volga). Le 6 février 1938, Hermann Röhrig a été arrêté et exécuté sur
décision du Tribunal spécial du NKVD le 26 mai 1938. Sa première femme (jusqu’en 1926),
Erna Röhrig, née Schumacher (1899), membre du KPD depuis 1920, est arrivée en URSS en
1932, a été diplômée au KUNMS et a enseigné à Halbstadt (en 1928, ce village ukrainien
habité par des agriculteurs d'origine allemande a reçu le nom administratif russe de
Molotchansk). En 1937, elle a été arrêtée par le NKVD et elle a disparu au Goulag.
ROSAM, MAX (1888 – 1943), alias CAMPUS ?
Intellectuel d’origine juive, né à Lissa/Lezno (Pologne). Il a vécu à Stettin (Poméranie) et il a
été de 1920 à 1922 fonctionnaire du KAPD et membre de la rédaction du KAZ avec Karl
Schröder* et Fritz Kunze*. Son domaine particulier était la question agraire et c’est ainsi qu’il
a été chargé par exemple, lors du congrès du KAPD en février 1921 à Gotha, de présenter un
rapport sur cette question. Durant le Congrès du KAPD en 1921 à Berlin, il s’est exprimé en
faveur de la création immédiate d’une Internationale Ouvrière Communiste (KAI). En février
1922, il a été exclu du KAPD d’Essen en compagnie de Karl Schröder, d’Emil Sach* et
d’Arthur Goldstein*, et il est probablement retourné au KAPD de Berlin. En 1943, il a été
assassiné avec sa femme Clara Liegner par les nazis dans le camp d’extermination de
Belzec/Berlżec.
ROSENTHAL, JOSEZF (1899 – 1943 ?)
Né à Wattenscheid (aujourd'hui district urbain de Bochum), AAU Gelsenkirchen. Mort en
1943 dans le ghetto de Varsovie.
ROTH, LEO (18.03.1911 – 30-11-1937), alias ERNST HESS, VICTOR ALBERT
Né à Rzeszów, qui faisait autrefois partie de l’Autriche-Hongrie, et après 1918 de la voïvodie
polonaise des contreforts des Carapates. Roth a grandi à Berlin. Il a été tout d’abord sioniste
de gauche et membre du Poale Zion, et ensuite à partir de 1926 membre de la KJVD.
En 1927, en tant que partisan de Korsch*, il a été exclu et il est devenu en 1928 membre de
la “Ligue Lénine” oppositionnelle de gauche. En 1929, a eu lieu son retour à la KJVD. À
partir de 1930, il a travaillé dans le N-Apparat du KPD où il a recueilli « pour le Parti des
informatisons brûlantes de toutes sortes ».
Roth est devenu l’un des dirigeants les plus compétents du N-Apparat dans lequel il portait
le pseudonyme de “Victor”. C’est ainsi qu’il a réussi, après l’incendie du Reichstag en 1933, à
se procurer l’acte d’accusation des nazis contre Dimitroff et à le faire passer en contrebande à
Paris, ce qui a permis d’abord la campagne de solidarité internationale, puis l’élaboration du
“livre brun” de Münzenberg. Jusqu’en 1935, il a travaillé dans l’illégalité en Allemagne et
puis il a émigré en Union soviétique. Là-bas, il est tombé en pleine épuration stalinienne. Il a
été arrêté le 5.11.1936 à Moscou et exécuté le 10.11.1937.
ROTHER, FRANZ
Libraire. Membre de l’AAU/KAPD à partir de 1927 ou 1928. Engagé dans l’Opposition du
KAPD/AAU à Berlin, 1931-1933 KAU, 1928-1933 rédacteur du Kampfruf et gérant de la
NAV (Neuer Arbeiterverlag = Nouvelle édition ouvrière) ; Berlin, après 1945 KPD, SED,
GIS, avec Alfred Weiland*.
RUDOLF, EMIL
AAUD Dusseldorf. En 1927, « il a été exclu du groupe local de l’AAU de Dusseldorf pour
cause de soupçons d’espionnage ».
RUDOLF, RUDOLF
Dusseldorf, 1 Geistenstrasse. Collaborateur de l’organe de la KAJ, “Rote Jugend”.
RÜHL, WALTER
AAU Hambourg.
RÜHLE, OTTO (23.10.1874 – 24.06.1943), alias CARL STEUERMANN, CARLOS
TIMONEROS
Enseignant, écrivain, pédagogue, né à Gross-Voigtsberg près de Fribourg (Saxe) comme fils
d’un cheminot.
À partir de 1889, il a étudié à l’école normale d’Oschatz (Saxe du nord) et il est devenu,
encore pendant ses études, membre et fonctionnaire du Mouvement des libres-penseurs. Après
l’examen, il a été, de 1895 à 1896, précepteur chez la comtesse de Bühren, à Öderan près de
Chemnitz En 1896, il a adhéré au SPD et il a créé une école socialiste du dimanche. En raison
de son appartenance au SPD, il a été licencié en 1902 de son poste d’instituteur et il a gagné
sa vie à partir de cette année-là comme écrivain et rédacteur des journaux sociauxdémocrates,
d’abord à Hambourg, et ensuite à Breslau, à Chemnitz, à Pirna et à Zwickau.
Rühle s’était tôt prononcé contre les méthodes autoritaires d’éducation du système scolaire
bourgeois et il a dirigé au tournant du siècle la société d’éducation social-démocrate à
Hambourg et ses environs. En 1907, il est devenu enseignant itinérant du SPD, il a organisé
dans les régions les plus différentes de l’Empire allemand des établissements de formation et
de scolarisation et c’est ainsi qu’il a été connu dans le parti. Il a consigné son concept
pédagogique d’une éducation non-autoritaire, avec un objectif socialiste, dans une série de
textes pédagogiques. Ce sont ses livres et ses brochures tels que “Travail et éducation”
(1904), “Éduquer les enfants sur les questions historiques” (1907), qui ont surtout connu une
large diffusion dans le mouvement ouvrier. Mais c’est avec sa monographie de 1911 :
“L’enfant prolétarien” qu’il a atteint la plus vaste diffusion et la plus grande influence.
Rühle était dans la social-démocratie l’un des représentants les plus connus de l’aile radicale
de gauche et il a été élu dans la “Saxe rouge”, dans la circonscription électorale de Pirna-
Sebnitz, comme député au Reichstag, dont il a fait partie jusqu’en novembre 1918. Avec Karl
Liebknecht, il a voté le 20 mars 1915 au Reichstag contre les crédits de guerre. Par solidarité
avec Liebknecht, il a quitté la fraction du SPD en 1916, il a été cofondateur de la Ligue
Spartacus, et il a participé à la I° Conférence de Spartacus le 1° janvier 1916 dans laquelle il a
accepté comme son programme les “Thèses sur les tâches de la social-démocratie” rédigées
par Rosa Luxemburg en prison. Rühle est entré en contradiction avec Rosa Luxemburg
lorsqu’il s’est exprimé le 12 janvier 1916, dans une lettre au journal du SPD “Vorwärts”, en
faveur de la scission dans le parti. Au contraire, il a obtenu le soutien de Lénine pour cette
position :
« En Allemagne, même le député Otto Rühle, compagnon d’armes de Liebknecht, a reconnu
ouvertement l’inévitabilité d’une scission au sein du parti, puisque la majorité actuelle, les
“têtes” officielles du Parti allemand, est passée du côté de la bourgeoisie… Une telle unité
[du SPD] signifie l’assujettissement de la classe ouvrière à la bourgeoisie de “sa” nation,
elle signifie la division de la classe ouvrière internationale. »
Contrairement à la majorité de la Ligue Spartacus, Rühle n’est pas devenu membre de
l’USPD. Il a agi à Dresde et à Pirna en tant que leader des radicaux de gauche qui ont formé
ultérieurement les IKD. Lors de la session du Reichstag du 25 octobre 1918, Rühle a demandé
ouvertement la destitution et la punition du Kaiser. La conclusion a été un appel ardent à la
révolution sociale contre la social-démocratie et la “Société des Nations” capitaliste de
Wilson :
« La classe ouvrière n’espère pas sa libération et sa délivrance de la Société des Nations
comme Wilson la veut ou comme d’autres l’ont proposée, c'est-à-dire telle qu’elle est
réalisable somme toute sur la base de l’ordre social capitaliste ; elle aspire à la
fraternisation de tous les peuples dans une Société de paix et de culture durable sous le signe
du socialisme victorieux. (“Très vrai !”, sur les bancs des sociaux-démocrates indépendants).
J’appelle les travailleurs, en particulier les travailleurs allemands, à se battre pour ce
socialisme [de la social-démocratie] avec l’arme de la révolution. Le temps de l’action est
arrivé ! (Gros tumulte – Clochette du président). »
Le 9 novembre 1918, Rühle a pris la présidence du conseil révolutionnaire des ouvriers et
des soldats et il a été le lendemain co-président du conseil révolutionnaire uni des ouvriers et
des soldats du Grand-Dresde. Le 16 novembre 1918, avec les autres membres des IKD, il
abandonnait déjà sa fonction étant donné qu’il refusait de collaborer avec le SPD et l’USPD.
Quelque temps plus tard, il a été arrêté à Pirna parce que l’on le soupçonnait de ruminer « un
plan de coup d'État dans sa tête ».
À la fin de décembre 1918, Rühle, en tant que délégué des IKD au congrès de constitution
du KPD, s’est exprimé violemment contre la participation aux élections à l’Assemblée
nationale en faveur de laquelle Paul Levi, Rosa Luxemburg et la Centrale de Spartacus,
s’étaient prononcés :
« Le camarade Levi a dit que nous avons besoin de cette tribune. Nous avons à l’heure
actuelle d’autres tribunes. La rue est une tribune formidable que nous avons gagnée… Je
vous demande instamment de ne pas vous laisser entraîner dans cette politique
opportuniste… suivez la voie rectiligne d’une politique totalement conséquente qui ne formule
qu’une seule revendication : le système des conseils ! ».
Au nom de la gauche radicale, il a déposé cette motion :
« La Conférence nationale de la Ligue Spartacus refuse avec fermeté la participation aux
élections à l’Assemblée nationale, elle oblige ses partisans dans l’Empire à s’abstenir de
voter et elle les appelle à empêcher la mise en place et l’activité contre-révolutionnaire de ce
parlement par tous les moyens. ». La motion de Rühle a été adoptée par 62 voix contre 23.
Rühle a été encore chargé au début de 1919 d’organiser le KPD en Saxe. Mais, au cours de
cette année-là, il a rejoint Heinrich Laufenberg* et Fritz Wolffheim* à la tête de l’Opposition
de gauche lorsque, partout en Allemagne, l’“Union Ouvrière Générale” (AAU) antisyndicale
se constituait.
À l’été 1919, après la conclusion de ce qui a été dénommé la “paix de l’USPD” avec les
puissances de l’Entente, Rühle a exigé une « association avec la Russie, l’Autriche et la
Hongrie, les Balkans etc., afin de créer une coalition de puissances de l’économie fondée sur
les besoins, de la dictature des conseils, par opposition à la coalition des puissances de
l’économe de profit, du socialisme d’État et du simulacre de démocratie. ». Rühle considérait
la Révolution russe « comme l’exemple héroïque de la tentative de réalisation du
socialisme », « comme une révolution orientée vers la création d’une économie fondée sur les
besoins et d’un pouvoir des conseils ». La coalition avec l’Union soviétique était devenue
pour lui, avec la signature du traité de paix de Versailles, la question existentielle de la
révolution allemande.
Lors du II° Congrès du KPD (20-24 octobre 1919) à Heidelberg, la minorité du KPD,
regroupée autour de Paul Levi, a exclu la majorité des membres et des délégués du Parti en
utilisant les status du KPD. À Heidelberg, Rühle et les autres délégués radicaux de gauche
(Laufenberg, Wolffheim, Fritz Wendel* et Karl Schröder*) ont dû quitter la session parce
qu’ils avaient voté contre « les principes relatifs aux fondements et à la tactique
communistes ». Durant le Congrès, Rühle avait défendu, avec l’Opposition dans le KPD
berlinois, les positions du communisme de gauche contre le Parti russe et ses sympathisants
dans le KPD, et il avait prôné :
« Il s’agit de savoir si nous voulons établir une dictature du parti communiste ou bien une
dictature de la classe prolétarienne. La Centrale veut une dictature du parti comme en Russie
(exclamations : le programme de Spartacus). Nous devons essayer de provoquer l’unification
du prolétariat avant le combat. Un moyen pour cela c’est l’Union. Cependant, à mesure que
le temps passe et que les syndicats se renforcent, le parti prendra de plus en plus le contrôle
de l’Union. ».
Rühle a participé à la Conférence de constitution de l’AAU à Hanovre (14-16 février 1920).
La discussion a été interrompue le 16 février 1920 par la police qui a arrêté les 150 délégués.
Rühle a été appréhendé et emmené menotté. Dans le même temps, le III° Congrès du KPD à
Karlsruhe et à Durlach (25-26 février 1920) excluait finalement Rühle du KPD. Il a été en
avril 1920 cofondateur du KAPD en Saxe. Mais pour lui, le KAPD n’était pas un autre parti
parlementaire classique, mais « un nouveau parti communiste, qui n'est plus un parti. Mais
qui – pour la première fois – est communiste ! Le coeur et le cerveau de la révolution ! ».
En juin 1920, il a été envoyé, avec August Merges*, comme délégué du KAPD au
II° Congrès mondial du Komintern à Moscou. Tous deux s’étaient auparavant exprimés lors
du congrès du parti contre cette participation avec cette justification : « les délégations des
partis non-russes n’étaient pas des représentants du prolétariat révolutionnaire » et « les 21
Thèses du Komintern ne pouvaient pas être acceptées par la KAPD ». Lors d’une rencontre
avec Karl Radek, il a justifié sa décision :
« Sans une démocratie totale dans le Parti communiste, organisation à partir de la base,
libre discussion et droit de codécision des unités inférieures du parti, etc., pas d’État
véritablement socialiste ».
Rühle avait également défendu de manière offensive les positions du KAPD vis-à-vis de
Lénine :
« Lorsque j’ai dit au revoir à Lénine, je lui ai dit : “J’espère que le prochain Congrès de
l’Internationale aura lieu en Allemagne. Nous vous aurons alors donné la preuve concrète
que nous avions raison. Il vous faudra alors corriger votre position”. Ce à quoi Lénine a
répondu en riant : “Si cela arrive, nous serons les derniers à faire obstacle à une
correction”. ».
Merges et Rühle étaient repartis déjà avant le début du Congrès du Komintern étant donné
que le droit de vote n’avait pas été accordé au KAPD et qu’ils n’étaient là qu’en tant
qu’observateurs. Encore sur le chemin du retour en Allemagne, ils ont reçu une nouvelle
invitation du Comité Exécutif du Komintern qui présentait l’assurance formelle que le KAPD
bénéficiait du droit de vote plein et entier sans qu’il n’ait à remplir aucune exigence de
quelque sorte que ce soit. Mais cela n’a pas fait abandonner à Merges et à Rühle leur décision
de non-participation. Franz Pfempfert a écrit à ce sujet : « Lorsque [Paul] Levi à Moscou
avait appris que Rühle et Merges se voyaient octroyer le droit de vote consultatif et
délibératoire, Levi a posé cet ultimatum au nom de la délégation allemande : Levi et ses
camarades quitteraient le congrès au cas où Rühle et Merges y feraient leur apparition au
congrès ! ».
Lors que Jan Appel* et Franz Jung* sont arrivés à Moscou en mai 1920, mandatés par
KAPD en remplacement de Rühle et de Merges, le Komintern a exigé l’exclusion immédiate
d’Otto Rühle du KAPD :
« […] peut être lu dans la résolution de votre organisation de Dresde du 18 avril, qui a été
présentée par Rühle et adoptée par l’assemblée du parti. Cette résolution, adoptée deux
semaines après la fondation de votre parti, est dirigée aussi bien contre votre existence en
tant que parti que contre l’existence de l’Internationale Communiste. Nous avons déclaré
ouvertement à vos délégués que nous considérons cette position comme incompatible avec
l’appartenance à l’Internationale Communiste. Un communiste qui se manifeste contre la
nécessité d’un parti communiste ressemble à un homme qui veut se couper la main droite…
Vos représentants se sont déclarés d’accord avec nos conceptions et ils se sont engagés pour
l’exclusion d’Otto Rühle et des organisations qui adhèrent à son point de vue. Nous attendons
de vous que cet engagement soit respecté, et vous devez le respecter si vous voulez apparaître
devant le congrès international en tant que parti communiste. ».
La conduite de Rühle à Moscou avait provoqué, après le retour de Rühle et de Merges, une
violente critique au sein du KAPD, à l’exception toutefois de Franz Pfempfert*. Après cette
critique, Rühle n’a plus participé personnellement à un congrès du KAPD, mais il n’avait pas
encore été exclu du parti. Lors du Congrès d’août 1920, il a même été élu en son absence
comme membre de son Comité Central (GHA). Le congrès a adopté la décision suivante à
l’unanimité :
« Le Congrès du KAPD rejette avec indignation l’exigence du Comité Exécutif de la
Troisième Internationale d’exclure du parti le camarade Otto Rühle. Le congrès se déclare
solidaire avec le camarade Otto Rühle et dénie du reste au Comité Exécutif le droit de
s’immiscer dans les affaires internes du KAPD. Le congrès considère que cette immixtion est
une propagande scandaleuse en faveur de la Ligue Spartacus. ».
Rühle s’éloignait de plus en plus fortement des positions communistes de parti et il
s’exprimait contre toute tendance centraliste et “autoritaire” au sein du communisme de
gauche. Il a déclaré en septembre-octobre 1920, dans une lettre privée adressée à des
camarades, entre autres à Peter Dunst* (Stettin), que « le KAPD est en pleine
désintégration ». C’est la raison pour laquelle, il a été exclu du KAPD par 15 voix contre 8,
en raison d’un comportement préjudiciable à l’organistaion, lors d’une session du Comité
Central élargi qui s’est tenue les 30 et 31 octobre.
Rühle est devenu dans la République de Weimar un théoricien de premier plan d’un
communisme des conseils “antiautoritaire” et un défenseur d’une “organisation, unitaire” qui
remplacerait et dépasserait le parti et le syndicat. Il avait déjà écrit à l’été 1920 : « La
révolution n’est pas une affaire de parti ! ». Conjointement avec Franz Pfempfert, Rühle
agissait dans l’AAU, dans son aile antiautoritaire, laquelle a pris son indépendance en octobre
1921 en tant qu’AAUE. Une cause de cette évolution a été l’échec de l’action de Mars 1921 à
laquelle le KAPD avait participé aux côtés du KPD. Cet échec d'une action rejetée comme un
putsch a été décisive pour la tendance de l’AAU saxonne dans son refus de tout activisme de
parti.
« La révolution en Allemagne est perdue pour longtemps… Elle est perdue tant qu’elle est
mise en branle par des politiciens et des démagogues professionnels avec les moyens du
putschisme et qu’elle doit être combattue par des épigones du militarisme bourgeois selon les
tactiques de combat de rue et de terrain. ».
Rühle est resté jusqu’en 1925 collaborateur de la revue “Die Aktion” et membre de
l’AAUE, mais il a pris de plus en plus ses distances par rapport aux activités politiques
pratiques. Au cours de ce processus, Rühle s’est retrouvé en total désaccord avec Franz
Pfempfert du fait que sa pensée conceptuelle s’éloignait de plus en plus fortement des
concepts traditionnels de la théorie socialiste et se recentrait sur l’idéologie du théoricien de la
psychologie individuelle, Alfred Adler.
Il travaillait avec sa femme Alice Gerstel* comme éditeur de revues pédagogiques telles que
“Am anderen Ufer” [Sur l’autre rive] (1924-1925) et “Das proletarische Kind. Monatsblätter
für proletarische Erziehung” [L’enfant prolétarien. Feuilles mensuelles pour l’éducation
prolétarienne] (1925-1926) ; il était avant tout actif en tant que écrivain et qu’enseignant.
C’est par l’intermédiaire sa femme qu’il s’est fait connaître avec la psychologie individuelle
d’Alfred Adler et il a essayé d’appliquer son système et ses catégories à Marx.
Malgré son antibolchevisme fondamental, Rühle effectuait des différences dans son
appréciation des fractions de parti en Russie. C'est ainsi qu’il appréciait beaucoup la
personnalité révolutionnaire de Trotski, qui incarnait davantage que Lénine le véritable esprit
de la révolution d’Octobre. Son épouse, Alice Gerstel, témoigne :
« Quand… en octobre 1927, Otto est arrivé à Vienne et m’a dit, comme premier mot après
des mois de séparation : “Trotsky est exclu du parti, c’est la fin de la révolution russe...”»
Rühle a eu également du succès en tant que publiciste politique. Sa biographie de Karl
Marx, publiée en 1928, fut très controversée, mais son ouvrage en trois volumes “Die
Revolutionen Europas” [Les révolution en Europe] (1927) et son “Illustrierte Kultur- und
Sittengeschichte des Proletariats” [Histoire illustrée de la culture et des moeurs du prolétariat]
(1920), dont le 2° tome n’a pu être publié qu’en 1977, ont en revanche trouvé une vaste
approbation et font partie du meilleur qui a été publié par la tendance de gauche à ce sujet.
À partir de 1931, il s’est efforcé, sous le pseudonyme de Carl Steuermann, de reprendre de
l’influence sur le mouvement et la discussion politiques. Dans le livre “Imperialismus in
Mexiko. Ertrag einer Mexiko-Reise” [L’impérialisme au Mexique. Fruit d’un voyage au
Mexique], il a rendu compte du développement de l’impérialisme en Amérique latine et il
analysait les événements survenus au cours d’un voyage de 8 mois au Mexique.
Dans l’étude “Weltkrise-Weltende. Kurs auf den Staatskapitalismus” [Crise mondiale-Fin
du monde. Cours sur le capitalisme d’État], il a analysé le parcours du capitalisme d‘État
stalinien en URSS et il le plaçait politiquement dans une série dotée de concepts fascistes
concernant l’État et l’économie.
Après que les bandes de SA ont eu saccagé sa maison en 1933, il a émigré à Prague avec sa
femme Alice Rühle-Gerstel. Grâce aux bons offices de son gendre Fritz (Federico)
Sulzbacher-Bach, qui s’était marié avec sa fille Margaretha, il a été embauché comme
conseiller d’éducation par le gouvernement mexicain, et, en 1936, il est parti pour le Mexique.
Là, il a eu des contacts intenses avec Léon Trotski qui vivait au Mexique comme émigré.
C’est à ces contacts que Rühle a dû sa nomination en tant qu’assesseur dans ce qui a été
dénommé le Tribunal Dewey, une commission d’investigation présidée par le philosophe
américain John Dewey, qui devait dévoiler et invalider les mensonges répandus au cours des
simulacres de procès staliniens dans lesquels le concept d’“hitléro-trotskisme” avait été
divulgué mondialement, à la suite de quoi Léon Trotski s’apprêtait à anéantir l’URSS en
compagnie de la Gestapo, des USA, de l’Angleterre et de l’empereur du Japon. La
Commission Dewey a innocenté Trotski, ce qui n’a pas dissuadé les staliniens de continuer à
propager ce concept pendant quelques décennies.
Otto Rühle a obtenu en janvier 1938 la citoyenneté mexicaine. Il a cependant perdu en
février 1939, à l’instigation des staliniens mexicains et allemands, sa fonction de conseiller et
il a vécu à partir de 1941 pauvrement comme peintre de cartes postales artistiques pour les
touristes américains sous le pseudonyme de Carlos Timoneros. Alice Gerstel les vendait
comme marchande de rue afin d’assurer la vie du couple.
Lorsque la II° Guerre mondiale a éclaté, Rühle a appelé à une lutte antitotalitaire aussi bien
contre le fascisme brun que contre le bolchevisme :
« Il est cependant d’une importance secondaire de savoir quelle idéologie accompagne et
justifie l’État totalitaire. L’idéologie n’est jamais l’aspect principal, mais toujours secondaire
du phénomène…, elle est le seul postulat valable qui a été obtenu pour la pratique de la lutte
contre le fascisme : la lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchevisme !
... Nationalisme, principe autoritaire. Centralisme, dictature du chef, politique de puissance,
système de violence et de terreur, dynamique mécanique, orientation bourgeoise, incapacité
d’aller vers le socialisme… toutes les caractéristiques essentielles du fascisme sont déjà
présentes en lui. Le fascisme est déjà anticipé et préfiguré en lui. Il a trouvé en lui son
modèle, son maître. C’est pourquoi toute lutte contre le fascisme doit commencer avec la lutte
contre le bolchevisme ! ».
Le 24 juin 1943, Otto Rühle est mort d’une crise cardiaque à Mexico. Le même jour, sa
femme s’est suicidée. Franz Pfemfert*, Fritz Fränkel*, le bundiste russe en exil Jacobo
Abrams, Victor Serge, Marceau Pivert (ancien leader du PSOP), Julian Gorkin (POUM) et
d'autres amis espagnols ou mexicains ont pris la parole sur les tombes d'Alice et Otto Rühle.
RÜHLE-GERSTEL, ALICE (24.03.1894 – 26.06.1943), née GERSTLOVÁ, alias LIZZI
KRITZEL, BARBARA FELIX
Née à Prague dans une famille germano-juive de la grande bourgeoisie, qui avait créé une
entreprise de meubles. Elle a fréquenté un pensionnat de filles à Dresde, ville dans laquelle
elle a passé l'examen d'État de musique à l’école normale.
Elle s’est intéressée particulièrement à la littérature et elle a eu des contacts intenses avec la
scène littéraire pragoise. Milena Jesenka, sa plus chère amie d’école, à laquelle elle est restée
liée sa vie durant, a pu jouer un rôle important à cet égard. Cette Milena, plus tard l’amie de
Kafka, et devenue connue en tant que journaliste, était une femme très ardente et active sur les
plans politique et littéraire qui entretenait des contacts divers et variés.
Après avoir fait la nounou un certain temps, Alice a travaillé en 1914-1915 dans les
hôpitaux de guerre de Prague en tant qu’assistante chirurgicale et elle a été décorée de la
Croix rouge pour cela. La jeune femme avait commencé de bonne heure à s’intéresser au
socialisme radical. À l’automne 1917, elle a entrepris à Prague des études dans certaines
matières : littérature allemande, langues anglaise et française. En 1918, elle est partie pour
Munich où elle s’est familiarisée, durant ses études de philosophie, avec l’école d’Alfred
Adler, et où elle s’est investie en tant que psychologue individuelle. En 1921, elle a obtenu
son doctorat en soutenant une thèse sur l’écrivain romantique Friedrich Schlegel.
C'est le 10 décembre 1921 qu’Alice Gerstlová et Otto Rühle ont fait connaissance. Ils se
sont mariés en 1922. Tous deux ont fondé ensemble la maison d’édition “Am andern Ufer” à
Buchholz-Friedewald près de Dresde. C’est là qu’est paru le livre d’Alice : “Freud et Adler.
Introduction élémentaire à la psychanalyse et à la psychologie individuelle”. La revue
théorique du KAPD “Proletarier” a publié en 1926 un article d’elle : “Penser ou ressentir”. En
1927, elle a publié le livre : “La voie vers nous. Une tentative de liaison entre le marxisme et
la psychologie individuelle”. Ce texte a provoqué des débats violents entre les marxistes
traditionnels, les partisans de Freud et les défenseurs de la “psychologie individuelle” selon le
modèle d’Adler. C’est la même année que le plus petit texte : “Conscience de soi et
conscience de classe” est paru. Elle a également publié avec Otto Rühle une série d’écrits :
“Am anderen Ufer”, et plus tard le mensuel “Das Proletarische Kind – Blätter für
sozialistische Erziehung”. En 1932 est paru son ouvrage le plus important : “Das
Frauenproblem der Gegenwart. Eine psychologische Bilanz“ [Le problème des femmes
aujourd'hui. Une évaluation psychologique].
Alice Gerstel et son mari Otto Rühle, devant la menace du national-socialisme, ont émigré
en Tchécoslovaquie en 1932. Le gouvernement NS leur a retiré la nationalité allemande et
leur maison à Dresde a été pillé et détruite par la SA.
Le 8 novembre 1935, Otto Rühle a quitté la Tchécoslovaquie et a émigré au Mexique. Alice
l’avait accompagné jusqu’à Paris. Elle est restée à Paris encore quelque temps comme invitée
de la famille de l’écrivain Georges Duhamel. Après être retournée à Prague, elle a décidé
d’émigrer au Mexique afin d’y retrouver son mari. Dans une lettre qu’elle lui a adressée le
9 mars 1936, elle indiquait clairement ses attentes et ses conditions pour un renouveau de leur
relation :
« … j’aimerais te rejoindre seulement s’il n’y a plus entre nous l’ancienne relation, comme
maître et élève, ou quelque chose comme ça ; j’apprécie mon indépendance, j'ai gagné
énormément de choses dans ma vie, en partie avec douleur, généralement avec joie ; …
j'espère qu'une autre relation pourra se développer entre nous, mais je n'en suis pas sûre, et
je ne sais pas si c'est la bonne chose à faire de l'essayer sur place, ou de laisser les choses
continuer à s'épanouir à distance jusqu'à ce qu'elles deviennent plus claires. ».
Le 1° juillet 1936, elle a pu atterrir à Vera Cruz. Elle a suivi son mari à Mexico pour
s’engager aussi avec lui, sur invitation du gouvernement mexicain, dans la carrière
pédagogique. Mais elle était également active politiquement. Dans le contexte du séjour de
Trotski à Mexico, elle est devenue une personne importante de la gauche antistalinienne.
Avec Otto, Alice Rühle-Gerstel défendait Trotski, qu’elle admirait en tant que personne, et
elle a participé au travail de la Commission Dewey. Elle a traduit en espagnol de nombreux
ouvrages tchèques importants (Karel Čapek, Ivan Olbracht), mais également des chants et des
livrets de nombreuses opérettes comme “La Chauve-souris” de Johann Strauss et l’opéra de
Smetana “La fiancée vendue”.
En 1938, elle a écrit le roman “Der Umbruch oder Hanna und die Freiheit” [Le
bouleversement ou Hanna et la liberté] qui se passe dans le milieu des réfugiés politiques. Il
ne sera publié que longtemps après sa mort, en 1984. Dans ce roman très bien écrit, la
protagoniste du roman Hanna Last (de Berlin-Lichterfelde) avait fui devant les nazis dans sa
ville de naissance, Prague. Elle vivait dans la ville de Kafka, avec en arrière-plan des intrigues
politiques et des dénonciations, de même que des purges et des luttes de fractions, dans le PC
tchèque, avec la peur quotidienne d’être entourée par des agents de la Gestapo et du NKVD.
Alice Gerstel, qui prévoyait de publier son roman aux USA sous le pseudonyme de Barbara
Felix, décrit de manière frappante aussi bien la vie des réfugiés politiques à Prague que le
désarroi des activistes staliniens après le VII° Congrès du Kominterm en 1935 :
« … le basculement opéré lors du Septième Congrès de l’Internationale Communiste a été
une colossale mystification du peuple, et rien d’autre. Pour la protection de la patrie russe.
Le mot patrie – rodina – apparaissait déjà depuis un certain temps dans les meetings officiels
de la Pravda, Hanna devait bien l’admettre ; patrie et famille, que manquait-il au
vocabulaire petit-bourgeois ? C’est pour la patrie russe que l’on a conclu des alliances avec
des pays capitalistes, c’est pour la patrie russe que l'opposition révolutionnaire a été
réprimée, que les travailleurs ont été dépossédés de leur pouvoir, que l'Italie a été
approvisionnée en pétrole pour sa guerre d'Abyssinie et l'Allemagne hitlérienne en minerai de
manganèse pour son réarmement. Et tout cela au nom du socialisme ? Qu'est-ce qui restait du
socialisme ? Où tout cela a-t-il mené ? ».
En 1941, elle est devenue professeur honoraire à l’Université de Morelia à Mexico. Elle
avait abandonné son poste de traductrice au ministère de l’Éducation et de la Formation. En
tant que marxiste révolutionnaire, elle gardait toujours une distance de sécurité avec les
“communistes” staliniens – après tout, c’est un agent stalinien qui avait assassiné Trotski en
1940 à Mexico – et avec le Front populaire proche du cercle gravitant autour du groupe
patriotique en exil au Mexique “Freies Deutschland”.
Immédiatement après la mort de son mari le 26 juin 1943, elle s’est jeté de la fenêtre d’un
immeuble. Elle avait 49 ans, c'est-à-dire un âge auquel sa mère avait choisi le suicide et son
père était mort. Elle a ressenti aussi une désillusion et une détresse profondes devant un
monde dans lequel régnaient la violence, la terreur et la barbarie.
Alice Gerstlová a été incinérée en compagnie de d’Otto Rühle. Tous deux avaient déjà
averti en 1929 :
« … La vie, dans sa totalité couronnée de succès, est précisément le résultat d'un effort
communautaire. Si la communauté est inadéquate ou cesse d'exister, la vie ne peut plus être
vécue. Elle aboutit à la névrose, au crime, à la perversion, à la maladie, au suicide – en
raison d’une conséquence quelconque de l'incapacité ultime à la communauté.» (Sexual
Analysis. Psychologie des Liebes- und Ehelebens, Greifenverlag, Rudolfstadt, 1929).
RUMINOV, VASSILI IVANOVITCH (1894 – 1980 ?), appelé BASIL RUMINOFF
Né en Russie. A participé en tant que soldat russe à la I° Guerre mondiale au cours de laquelle
il a été fait prisonnier par les Allemands. Après la fin de la guerre en novembre 1918, il est
resté en Allemagne. Il a fait connaissance de Käthe Friedländer*, qui est devenue sa femme,
à peu près en 1919. Tous deux ont adhéré au KAPD et ont pris part comme invités en juillet
1921 au III° Congrès du Komintern à Moscou. Après la scission du KAPD en 1922, tous deux
ont été membres de la tendance d’Essen du KAPD ainsi que de la KAI où ils sont restés
jusqu’en 1924. En juin 1929, Ruminov a correspondu avec Trotski afin de s’informer du sort
de Miasnikov – un vieux bolchevik et, en tant que l’un des porte-parole de l’Opposition dans
le parti, déchu de sa nationalité – qui avait fui en Turquie. À partir de 1930, Friedländer et
Ruminov font partie, de même que Cläre* et Franz Jung*, du groupe conspirateur des “Rote
Kämpfer”. Après l’incendie du Reichstag en février 1933, Ruminov et Friedländer se sont
enfuis à Paris où ils ont demandé l’aide de la “Ligue des Droits de l’Homme” (LDH). La
section parisienne germanophone de la LDH était dirigée par des membres du KPD qui les
combattaient en tant qu’“ennemis du parti” et leur refusaient, si besoin par la force, l’accès
aux réunions. Konrad Reisner (1907-2003), représentant de la “Ligue Allemande des Droits
de l’Homme” en exil, s’est adressé le 10 octobre 1937 par lettre à la LDH française. Reisner
prétendait que « Ruminoff est une personne très louche. Il a essayé de s’infiltrer dans
l’émigration politique allemande, mais son comportement est inqualifiable… À notre avis,
l’on doit mettre en garde contre lui toutes les organisations amies. Nous ajoutons que sa vie
privée est également louche, comme son activité qu’il appelle “politique” ». La LDH
française a suivi cette ligne sans délai et a fait front contre cet “étranger” qui « est immoral »
jusque dans sa vie privée : « Notre section a interdit à cet étranger l’accès à toutes nos
réunions ».
Après ces expériences, Käthe Friedländer et Vassili Ruminov se sont efforcés de trouver un
autre pays d’accueil et ils ont pu heureusement obtenir un visa pour les USA au début de
1939. Ils ont trouvé asile à New York où ils vivaient encore en 1971.
RURACK, MAX ARTHUR (1876 – 1952)
Comité local de l’AAUE, Dresde.
RYBERG, FRANK [= FRANZ JUNG]
SAAR, OTTO
Chauffeur, KAPD
SABATH, GUSTAV (31.03.1903 – 1980 ?)
Né à Berlin, menuisier, ami de Fritz Parlow*, 1919-1920 FSJ, 1920-1921 KPD ; ensuite
KAPD/AAU, Groupe de travail des amis des enfants, et à partir de 1925 attaché de presse du
KAPD, plusieurs fois arrêté, “Rote Kämpfer”, 1933-1936 KZ d’Oranienburg, 1941-1945
Wehrmacht.
Après la fin de la guerre, en mai 1945, travail au SWV et contact étroit avec Iwan Katz*.
Membre du SED ; en 1947, exclusion du SED. En 1952, arrestation à Berlin-Est et
condamnation pour le tribunal de district de Halle à huit années de détention. Dans son
certificat de bonne conduite établi par la prison de Waldheim en 1957, il est dit :
« Sa conduite et sa discipline laissent beaucoup à désirer ; il est impoli et provocateur
envers le personnel de surveillance et le dérange constamment avec des choses insignifiantes.
[…] Dans sa position relative à son crime, il exprime le fait qu’il est innocent. Il ne fait
montre d’aucun remords et il n’est pas non plus intéressé par une réparation. Son attitude
vis-à-vis de la forme actuelle de l’État est négative et ce qui ressort de ce qu’il explique dans
les discussions qu’il a avec d’autres détenus est qu’il n’est pas d’accord avec les mesures
prises par notre parti et notre gouvernement. Ce qui s’exprime de lui-même par ailleurs, c’est
qu’il est socialiste, alors qu’en réalité il monte les gens contre notre État et qu’il compare
l’établissement pénitencier avec un KZ. IL n’a pas laissé de journal et il n’est pas intéressé
par ce qui se passe dans le domaine politique. ».
Fin 1957, il est relâché, et Sabath a continué à travailler dans le milieu de l’ancien SWV et
du “Cercle marxiste du Travail” du SPD berlinois dans lequel se rassemblaient les restes de la
gauche de Weimar non-stalinienne.
SACH, EMIL ERDMANN (29. 07.1890 – 26.02.1959), alias ERDMANN, SASCHA
Représentant de commerce, né à Braunsberg (Braniewo/Brus), Prusse orientale, fils de Gustav
Sach, représentant de commerce, et d’Augusta Okonski, tous deux faisant partie de l’Église
évangélique.
Avant 1914, Sach était déjà membre du SPD et en 1918 aussi bien membre de l’USPD que
de la Ligue Spartacus. Il a été membre du KPD depuis sa fondation au tournant de l’année
1918-1919 et il faisait partie, avec la très grande majorité des membres et des fonctionnaires
berlinois, de l’aile de gauche antiparlementaire. Il a participé le 20 décembre 1919 aux
discussions entre la Centrale berlinoise de l’aile gauche et les représentants de la Centrale du
Reich du KPD (Wilhelm Pieck, Ernst Meyer, Arthur König et Ernst Reuter-Friesland) pour
établir un compromis entre les ailes du parti, ce qui est resté vain. Après la scission du KPD,
il est devenu, sous le pseudonyme d’Erdmann, l’un des dirigeants du KAPD. Il a été l’un des
corédacteurs du programme du KAPD et un proche compagnon d’armes de Karl Schröder*,
d’Arthur Goldstein* et d’Alexander Schwab*. En tant que membre du Comité Exécutif
Principal (GHA) et trésorier du KAPD, il a participé à tous ses congrès. Il était l’éditeur du
“Journal Ouvrier Communiste” (KAZ) jusqu’à la scission à Berlin, ensuite de l’édition de la
tendance d’Essen ainsi que le gérant de la maison d’édition et de distribution du journal
mensuel du KAPD “Proletarier”. En mars 1922, Sach a été exclu, en compagnie de Karl
Schröder, d’Arthur Goldstein et d’Adolf Dethmann*, du district économique du Grand-Berlin
du KAPD pour cause « de comportement préjudiciable au parti ». Il a été l’un des principaux
dirigeants de la tendance d’Essen, et de la KAI. En 1924, il a été exclu du KAPD/AAU. Il est
ensuite devenu une force motrice lors de la constitution des groupes communistes des conseils
dissidents et de revues telles que “Brand” et “Vulcan”. Avec Otto Arendt* et Gustav
Herrmann*, il a continué à défendre le concept d’une Internationale Ouvrière Communiste
(KAI) à la tête d’une organisation ouvrière internationale.
Sach, qui, au début de la dictature NS, habitait en Rhénanie, s’est marié le 18 juillet 1934 à
Cologne avec Johanna Oda Brandstäter qui était également originaire de Prusse orientale.
Sach n’a pas été inquiété durant toute l’époque NS, mais il était resté fidèle à ses convictions.
Au milieu de la guerre de Corée, il a publié à Leverkusen (Cologne) la revue polycopiée
“Stirn und Faust. Manuscrits ronéotypés de personnes actives”. Les quelques articles étaient
consacrés à la mémoire du KAPD et au souvenir de quelques figures importantes telles que
Max Hölz*, Adolf Dethmann* et la famille Fichtmann*. Pour Emil Sach, il n’y avait aucun
doute concernant la victoire internationale à venir du socialisme :
« Le socialisme est à cette heure l’unique planche de salut de l’humanité ! La réalisation de
l’ordre social socialiste est la tâche la plus énorme qui ait jamais incombé à une classe et à
une révolution dans l’histoire mondiale ! Cette transformation et ce bouleversement ne
peuvent pas être décrétés par une autorité, par une commission ou par un parlement, ils ne
peuvent être entrepris et effectués que par les masses populaires elles-mêmes ! ».
Mais, compte tenu des guerres en Corée et en Indochine, cette certitude résultait moins
d’une analyse matérialiste du présent que d’attentes du salut quasi religieuses :
« Le jour viendra, peut-être plus tôt que nous le souhaiterions, où nous formerons une
phalange homogène avec tous nos frères et toutes nos soeurs ! Il ne doit plus y avoir de
desperados ! Les socialistes internationaux montrent le chemin ! Les personnes pensantes
l’empruntent ! Tiré de la Lettre de saint Jacques apôtre 5, vers. 1 : “Et vous autres,
maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent”. ».
Emil Erdmann Sach est mort le 26 février 1959 à Leverkusen-Manfort.
SACHS ou SACHSE [= FRITZ KUNZE] – SACHS, FRANZ [= ALEXANDER SCHWAB]
SANDER, CURT
AAUD Brême.
SANDERHOFF, KARL
Berlin-Wilhelmsruh, délégué au congrès du KAPD de septembre 1921 à Berlin ; en 1950,
gardien à la maison d’édition de la police à Berlin-Wilhelmsruh.
SANS (SENS ?)
Francfort/Main, AAU, délégué à la III° Conférence nationale de l’AAU à Leipzig (12-14
décembre 1920).
SASSENHEIM
Dresde, Commission du travail de l’AAUE (niveau national).
SATTLER, PAUL
Berlin, KAPD, 1945 KPD/SED, GIS/SWV jusqu’au début des années 50 ; chef de
l’organisation à la “Maison de la Culture de l’Union soviétique”, mais contacts qui s’espacent
avec ses anciens camarades.
SAUER, ROBERT (1895 ? – 1947 ?)
Francfort/Main, 1919 KPD (Ligue Spartacus), rédacteur du “Rote Fahne”, Francfort/Main,
qui paraissait trois fois par semaine ; ensuite KAPD/AAU, théoricien de l’AAUE.
SCHADE, HERMANN
Maçon, AAUE, Brunswick, il a formé après 1933 un groupe conspiratif : le “Groupe de
résistance Schade” qui se qualifiait lui-même d’“Union communiste des conseils” – il n’a
développé initialement aucune activité dirigée vers l’extérieur. Il y avait également dans ce
groupe des membres du SAP, du KPD et des jeunes qui étaient jusqu’alors inorganisés.
Schade a mis en contact les membres du groupe avec August Merges*. Celui-ci a effectué des
formations pour les membres les plus jeunes et il donnait des conseils. En 1934, le groupe a
commencé à produire et à diffuser des brochures (Kampfsignal, Der Rote Rebell, Die braune
Pest) à l’écriture desquelles August Merges avait également collaboré. En décembre 1934,
quatre membres du groupe ont été arrêtés par la police. En avril 1935, 16 autres l’ont été,
parmi lesquels également August Merges et Minna Fasshauer*.
SCHARRER, ADAM (13.07.1889 – 2.03.1948), alias ADAM, A. SCH., A. LICHT
Berlin, berger de village, ajusteur, ouvrier de chantier naval, correcteur, écrivain ; né à
Kleinschwarzenlohe (Basse-Bavière), fils d’un berger de village ; il a d’abord été jeune
berger, puis apprenti ajusteur. Il a effectué son tour de compagnonnage à travers l’Europe
centrale et l’Italie, puis il a été ensuite ouvrier de chantier naval à Kiel et à Hambourg, ville
où il a rencontré en 1915 sa femme Sophie Dorothea Berlin. Lors de la Guerre mondiale,
soldat d’infanterie sur le front occidental, et, à partir de 1917, ouvrier de l’armement à Berlin,
où il a participé à la grève des ouvriers fabriquant des munitions en 1918, membre de la Ligue
Spartacus et en 1919 actif dans le KPD berlinois. Avec la majorité des communistes berlinois,
Scharrer rejoint le KAPD en avril 1920, dans lequel il est resté un dirigeant de premier plan
jusqu’en 1933 (en tant que membre du GHA). Scharrer a été, entre autres, rédacteur du KAZ,
de l’organe théorique du KAP Proletarier, et de nombreux documents du parti. Lors du
Congrès du KAP en février 1921, il s’en est pris à Franz Pfempfert* qui exigeait la rupture
avec le Komintern. Il a fait en particulier un exposé sur la question des chômeurs. Dans un
long rapport, il soulignait l’importance de cette question dans la “Crise mortelle du
capitalisme”, dont la solution était la condition de la “dictature des conseils” ainsi qu’elle
était formulée dans le programme du KAPD :
« …la question des chômeurs est la question dans laquelle notre parti s’incarne, la question
des chômeurs montre le plus clairement la situation existante, elle nous montre que les
conditions de l’émancipation de la classe ouvrière est la dictature prolétarienne. Et pour
créer les conditions de la dictature prolétarienne, il est nécessaire que les chômeurs fassent
front commun avec ceux qui travaillent… Si vous luttez pour les conseils, vous luttez en
premier lieu pour votre propre émancipation et pour l’émancipation de toute l’humanité ; et
c‘est cela le programme du KAPD. (Bravo et très bien !) ».
Scharrer a été en 1921-1922, avec August Wülfrath*, le chef de la tendance berlinoise qui
s’opposait à la tendance d’Essen, soutenue par Karl Schröder*, Adolf Dethmann* et Bernhard
Reichenbach*. En septembre 1921, il demandait, au nom de l’Opposition berlinoise, la
création d’une Internationale Ouvrière Communiste :
« Je me souviens de la création du KP. Pourquoi n’avons-nous pas fondé le KAP plus tôt ?
Parce que nous devions laisser mûrir les choses. Avec une création prématurée, nous aurions
obtenu le contraire de ce qu’un KAP est. L’on ne fonde pas une Internationale, mais cette
Internationale est la conséquence logique, c’est ce que quelqu’un a dit une fois. Et
maintenant nous voulons voir ce qui existe de l’Internationale. L’on doit constater que, d’un
point de vue international, excepté en Hollande, il n’existe pas du tout de KAP… La motion
de l'organisation de Berlin stipule très clairement que les conditions préalables doivent
exister partout pour prendre la mesure pratique de tout essayer pour faire avancer
l'opposition dans tous les pays, pour la détacher, et lorsque cela aura réussi, alors un congrès
sera organisé et alors aura lieu la fondation du KAI. Il faut d’abord accomplir l’acte de
détacher l’opposition d’elle-même, c’est seulement alors que les groupes pourront s’unir
dans une nouvelle Internationale, et cette nouvelle Internationale devra être créée par ces
groupes internationaux et non par un parti. ».
Il est probable que Scharrer ait été, avec Fritz Kunze* et August Wülfrath*, le principal
rédacteur du second programme du KAPD (1924). L’on trouve en effet littéralement son style
dans ce nouveau programme dans lequel le parti joue un rôle considérable en tant que
professeur des Unions ouvrières :
« L’Internationale Ouvrière Communiste naîtra des luttes de classe et des nécessités de
classe. La condition de son existence est l’existence de partis ouvriers communistes dans les
pays les plus importants pour la révolution mondiale. Créer cette condition est la tâche des
partis ouvriers communistes existants. L’Internationale Ouvrière Communiste doit être une
étape préliminaire d’une véritable Internationale, c'est-à-dire qu’elle doit réaliser l’idée des
conseils, le principe “du bas vers le haut”, et qu’elle doit éviter et combattre tout ce qui se
met en travers de ce principe… Une Internationale Ouvrière Communiste travaillera de la
manière la plus étroite possible avec une Internationale des Unions ».
En tant que porte-parole idéologique du KAP berlinois et de sa théorie de la crise mortelle,
il a fourni en 1924 une appréciation irréaliste de la situation historique : « Le soleil
capitaliste-réformiste peut encore une fois sembler jeter de faibles rayons : tous les
tremblements de terre de la crise colossale feront trembler la société avec une plus grande
force et poussera la classe à se déployer dans son combat historique pour la “décision
finale” ».
À partir de 1925, il a publié des récits. Son premier, qui est paru dans la revue du KAP
Proletarier, a été “Weintrauben” [Les raisins]. Il a provoqué en 1925 un procès pour “haute
trahison littéraire”. Scharrer était un partisan résolu d’une littérature “prolétarienne”. Il
considérait « la culture prolétarienne comme l’expression de la vie intellectuelle de la
classe ». Le fonctionnaire du KAPD hambourgeois Karl Happ* a lancé une polémique contre
« l’étroitesse d’une telle conception de la culture » et contre « l’exclusion de la culture
prolétarienne de la lutte pour le pouvoir ». Sur l’initiative d’Ernst Schwarz*, a eu lieu le
15 novembre 1926 une discussion avec lui, Löwenstein* et Farnholt* (KAPD, GHA), dans
laquelle il a été décidé de faire montre « d’une attitude étroite de sympathie ». Die
Entschiedene Linke, la feuille de discussion du Groupe Schwarz, a été depuis lors imprimée
dans l’imprimerie du KAPD Iszdonat à Berlin. En 1927-1928 est née une opposition dirigée
contre lui au sein du KAPD, tandis que le GHA n’élevait aucune critique à l’égard d’Ernst
Schwarz – un nouveau membre du parti qui voulait cependant conserver son mandat impérial
et ses salaires. En 1929, Scharrer a été exclu de l’AAU qui, finalement, avait rompu avec le
KAPD. C’est en 1930 qu’est paru le roman Vaterlandslose Gesellen [Des compagnons sanspatrie]
marqué par de forts traits autobiographiques. Il a été loué par la critique comme le
premier ouvrage antimilitariste d’un travailleur révolutionnaire portant sur la Guerre
mondiale. Le métallo Hans Betzold était Scharrer lui-même ; et la chérie de Betzold, Sophie,
était sa propre femme Sophie Dorothea Berlin. Elle est morte en 1923.
Pendant l’été de 1933, il s’est enfui en Tchécoslovaquie. C’est à Prague, à l’automne 1933,
qu’est paru ensuite son “roman paysan allemand” Maulwürfe. En 1934, il est parti en
compagnie de sa femme Charlotte Buss à Moscou où il a participé à un voyage d’études à
travers le Sud de l’Union soviétique Du 17 août au 1° septembre 1934, il a assisté au Premier
Congrès de l’Union des Écrivains soviétiques sous la présidence de Maxime Gorki à Moscou.
Suivant Andrei Jdanov, le congrès s’est prononcé en faveur du “réalisme socialiste”. À partir
de 1935, Scharrer vit en Ukraine, et ensuite à Peredelkino, dans la colonie des écrivains située
près de Moscou. Bien qu’il ne fasse pas partie du KPD, il a collaboré avec les organes du
Komintern et à la radio. De 1941 à 1943, avec Theodor Plievier, Johannes Becher, etc., il a été
évacué à Tachkent ; ensuite il a vécu près de Moscou et il a écrit des lettres de l’exil. Son
roman “Der Hirt von Rauweiler” [Le berger de Rauweiler] a déjà été publié en 1942. En
1945, il est parti pour Schwerin et il a participé, au Mecklembourg, à la création de
l’“Association culturelle pour le renouveau démocratique”. Scharrer est mort le 2 mars 1948.
SCHATZ, WILLI
KAP/AAU, incarcéré en 1927.
SCHAUMANN, AMALIE (1890 – ?)
Ouvrière d’usine, Magdebourg. En décembre 1918 Ligue Spartacus, KPD et à partir d’avril
1920 KAPD/AAU. En janvier 1919, elle est envoyée comme agitatrice dans la Ruhr
(Hamborn) par la Centrale du KPD ; en avril 1920, après la fin de l’insurrection de la Ruhr,
elle a été arrêtée et elle a dû comparaître devant un tribunal de guerre extraordinaire. Devant
le tribunal, elle a lu un poème contre l’oppression de la femme qui « toucha profondément le
public ». Elle a pu retourner à Magdebourg où elle a adhéré à la double organisation
KAPD/AAUD. Schaumann a été déléguée de la section de Magdebourg pour le congrès du
KAPD d’août 1920 qui s’est prolongé jusqu’en décembre. La “camarade de Magdebourg” a
participé également, avec les activistes du KAPD qui marquaient l’organisation, à la III°
Conférence nationale de l’AAU, à Leipzig. Durant le IV° Congrès du KAPD (Berlin, 11-14
septembre 1921), elle a effectué, sous son véritable nom (“camarade Schaumann”) un exposé
portant sur les relations entre l’AAUD et les syndicats. En mai 1922, le KAZ (tendance
Essen) déclarait : « La représentante la plus éminente du point de vue berlinois à
Magdebourg, Amali Schaumann, s’est convertie au KPD en raison de sa position
opportuniste. »
SCHENKEMEIER
33 Vahrer Weg. En 1919, il a représenté Hasted dans le comité local de l’AAU de Brême.
SCHIESCHKE, HANS JOHANNES (1903 – ?)
Leipzig, journaliste. En tant que membre du KPD, il a pris part en 1923 à l’insurrection de
l’Allemagne centrale et il a été correspondant pour le Rote Fahne. En 1927, il a été exclu du
KPD et du RFB, comme entre autres Otto et Johanna Quarg*. En 1927-1929, AAU/KAPD. À
cette époque-là il s’intéressait aux relations politiques internationales, avant tout en France et
en Italie. Dans une lettre d’informations (novembre-décembre 1928), il reprochait à Amadeo
Bordiga une attitude de capitulation vis-à-vis du Komintern. Vers 1929-1930, Schieschke est
parti pour Paris pour y explorer le milieu communiste des conseils et il a logé durant quelques
mois chez André et Dori Prudhommmeaux. En 1931-1933, KAU à Leipzig. Dans l’illégalité,
agent de liaison à Berlin ; admission dans un hôpital psychiatrique ; Wehrmacht ; prisonnier
de guerre. À partir de mai 1946, rédacteur du Leipziger Volkszeitung, porte-parole du SED
pour la Saxe occidentale (Schieschke habitait au 86 Kochstrasse) ; en janvier 1949, licencié
sans préavis. Il faisait vraisemblablement partie du groupe du GIS de Leipzig. Hans
Schieschke a fait passer à André et à Dori Prudhommeaux une collection du Kampfruf, de Die
Aktion, ainsi que de nombreuses brochures du KAPD et d’Hermann Gorter. Tous ces
éléments se trouvent aujourd'hui archivés dans la bibliothèque du CERM-TRI (28, rue des
Petites Écuries, 75010 Paris, et ensuite, 3, rue Meissonnier, 93500 Pantin,).
SCHIESCHKE-PLÄTTNER, GERTRUD (= GAIEWSKI, GERTRUD)
SCHILLER, FRIEDA ALICE (11.10.1891 – 1970 ?), alias FRIEDA, née SCHULZ
Berlin-Charlottenburg ; fille d’un maître relieur ; sténodactylo. Elle a commencé en 1907 son
activité professionnelle de sténodactylo et d’expéditionnaire au Deutsche Grundeigentümer-
Zeitung à Berlin-Charlottenburg. Elle avait adhéré dès 1906 à l’“Union des femmes et des
filles de la classe ouvrière”. En 1907, elle a rejoint les “Libres Nageurs de Charlottenburg”,
elle était devenue membre du Syndicat des employés et elle a adhéré en 1908 à la “Libre
Organisation de la Jeunesse de Charlottenburg”. C’est là qu’elle a rencontré son futur mari
Paul Schiller qui « lui a offert le cadeau important de son 18° anniversaire, à savoir le livret
de membre du SPD… ». À partir de 1909, elle a travaillé pour la revue Deutschlands Jugend
publiée d’abord par la maison d’édition Max Reichel & Co et, après la vente de la revue, à
partir d’octobre 1909, par le libraire-éditeur W. Herlet à Berlin. Outre les travaux ménagers,
elle rédigeait le soir des mises au point pour son propre travail politique et pour les articles
écrits par Paul Schiller. Durant la guerre, elle a été une socialiste internationale et, en
novembre 1918, assistante de secrétariat auprès de Mathilde Jakob (1873-1943), la secrétaire
de Rosa Luxemburg, au bureau du groupe Spartacus. Ultérieurement, avec Paul Schiller,
Ligue Spartacus, KPD, et en avril 1920 KAPD. À partir du début des années 20, elle travaille
pour la représentation commerciale russe à Berlin et elle a appris le russe ; 1925-1933 KPD.
Après 1945, KPD/SED.
SCHILLER, PAUL (12.02.1887 – 1984), alias STAUFFACHER
Berlin-Charlottenburg, né à Berlin-Lichtenberg ; typographe, correcteur. En 1905, membre de
l’“Association des apprentis Rouge” de Charlottenburg ; en avril, de l’Union des Typographes
allemands et en même temps du SPD. Délégué et secrétaire de la II° Conférence berlinoise de
la “Jeunesse Libre” (6 décembre 1908). Il a fondé en 1909, la Commission de défense de la
Jeunesse du Grand-Berlin, laquelle collectait du matériel sur l’exploitation des jeunes et des
apprentis. « Au cours de l’année 1908, j’ai été appelé à participer à des sessions illégales du
parti dans lesquelles les questions de l’antimilitarisme, du droit électoral de classe prussien
et de la question de la jeunesse, ont été discutées en vue de la préparation du congrès du
parti ». En 1912, chef de la section de la jeunesse du SPD de Charlottenburg. Durant la
guerre, à laquelle il a été appelé en 1915-1916, il est devenu une figure de premier plan de la
“Jeunesse Socialiste Libre” (FSJ). Dans son curriculum vitae, se trouvait également
l’information suivante : « Le 31 décembre 1918, j’ai participé avec ma femme comme invité à
la Conférence de fondation du KPD (Ligue Spartacus) ». Schiller défend les positions
antiparlementaires et antisyndicales au sein du KPD. Plus tard, dans un curriculum vitae
envoyé à la Commission des cadres du SED, il prétendait ceci de manière peu crédible :
« Je dois reconnaître qu’à l’époque je n’avais pas de lucidité concernant les questions
relatives à la participation au parlement et au travail dans les syndicats. Le texte de Lénine
“La maladie infantile du communisme – le gauchisme” ne m’était pas encore connu à ce
moment-là. Une large discussion sur le parlementarisme et le travail de masse (sic) n’avait
pas eu lieu dans les organisations inférieures de la Ligue Spartacus. ».
C’est sous son propre nom qu’il a publié en 1919 une brochure consacrée à la jeunesse
ouvrière révolutionnaire dans les entreprises : “L’organisation d’entreprise de la jeunesse”. En
septembre 1920, la “Jeunesse Socialiste Libre” (FSJ) a changé de nom pour devenir la
l’“Association Communiste de la Jeunesse d’Allemagne”. L’Opposition, qui est née en 1919,
s’est appelée ensuite la “Jeunesse Ouvrière communiste” (KAJ), quand elle a rompu avec la
KPD en octobre 1920 à Leipzig. Avec sa femme Frieda Schiller-Schulz*, Schiller a été un
fonctionnaire éminent du KAPD jusqu’en 1924. Il y a joué un rôle important en tant que
représentant de l’organisation de la jeunesse. En février 1921, contrairement à Franz
Pfempfert* et à James Broh*, il saluait l’adhésion à la III° Internationale :
« … [nous avons] rejoint la Troisième Internationale en tant qu’organisation
sympathisante. Cela prouve qu’il est possible, malgré les principes directeurs du deuxième
Congrès, que notre organisation fasse partie de la Troisième Internationale avec ses propres
principes… La Troisième Internationale, qui ne sera pas une dictature de chefs, qui prônera
et réalisera l’idée des conseils, est le but. L’organisation d’entreprise est elle aussi seulement
le début de l’organisation des conseils, et la Troisième Internationale, qui existe aujourd'hui,
n’en est que le début. (Très vrai !) ».
En juin 1921, Schiller, avec Max Kern*, a été délégué à la “Conférence de Iéna de
l’Association Communiste” dans laquelle il a défendu les positions du KAPD. En juillet 1921,
toujours avec Max Kern*, il est parti pour Moscou pour y représenter la KAJ. Il a eu
« l’occasion, avant le congrès du Komintern, de participer aux sessions préparatoires de
l’Internationale de la Jeunesse (Communiste) et à la session du Comité Exécutif élargi du
Komintern, dans lequel Lénine s’est exprimé ». Paul Schiller « a participé avec d’autres
délégués étrangers comme orateur à un meeting de l’Armée rouge à Mozhaysk, il a pris part
à un subbotnik [travail non rémunéré du samedi, qui a été adopté plus tard en RDA], … et il
a aussi parlé pour l’Internationale. ».
Il est tombé gravement malade à Moscou, il y est resté plusieurs semaines à l’hôpital, et
c’est la raison pour laquelle il n’a pas pu participer au congrès du KAPD en septembre 1921,
au cours duquel la rupture avec le Komintern a été consommée. Mais il a approuvé
manifestement cette décision puisqu’il est resté membre du parti jusqu’en 1924. En 1923,
Paul et Frieda Schiller avaient appris le russe et, en 1925, ils sont passés au KPD. Paul
Schiller est devenu fonctionnaire du parti, chef du groupe de cellules du district de
Charlottenburg, une place excellente pour combattre l’“ultragauche”. « Là, j’ai réussi à
éliminer l’influence de l’ultragauche dans toutes les cellules, de sorte que, lors des élections
des délégués, l’ultragauche a été battue également dans le district. »
De 1930 à 1933, Schiller a fait partie de la direction berlinoise de la RGO-Graphik, il a été
orateur du KPD dans des meetings de chômeurs et dans des cellules d’entreprise. Il a travaillé
professionnellement comme correcteur au Rote Fahne, puis dans les imprimeries
Typographia, qui ont été fermées par les nazis. Après trois années de chômage, il a pu de
nouveau travailler en tant que correcteur.
Après la libération de Berlin par l’Armée soviétique, il a été en mai 1945 cofondateur du
KPD à Charlottenburg, et, de 1946 à 1948, conseiller de district du SED et membre du
département de la police municipale du 7° district. De 1948 à 1950, secrétaire du groupe
d’entreprise SED à la radio de Berlin-Est. Finalement, en tant qu’enseignant, il a accepté la
vision de l’histoire du SED : en 1952, “formateur en histoire allemande” et, en 1953, en
histoire du PC de la Russie soviétique. En 1954, il a rédigé pour le Conseil central de la FDJ
(“Jeunesse Allemande Libre”) quelques articles sur les 50 ans du mouvement de la jeunesse.
En 1956, il écrivait : « Cela fait cinquante ans que je suis organisé politiquement et
syndicalement ». Il est mort en 1984 à Berlin-Est à l’âge de 97 ans.
SCHLAAF, RICHARD OTTO (14.12.1912 ? – 1949 ?)
Caissier, Halle, vers 1930 KAPD, en 1933 arrêté par les nazis, et après 1946 contact avec le
groupe d’Alfred Weiland.
SCHLAAK, RUDOLF (1916 – ?)
Berlin ; KAU, depuis 1942-1943 contact avec Alfred Weiland lors du travail illégal ; après
1945 KPD/SED, GIS à Berlin-Lindenberg, puis à Pankow ; à partir de 1950, fonctionnaire de
l’IG Metall à Berlin, et en 1952 fréquentation de l’école du FDGB à Werlsee (Brandebourg),
puis ensuite fonctionnaire du FDGB.
SCHLAGEWERTH, HEINRICH (2.05.1890 – 11.08.1951)
Né à Duisburg ; il a appris le métier de coffreur et il a travaillé avec son père dans le bâtiment.
Avant la Guerre mondiale, il est parti pour Mönchengladbach. En 1912/1913, fantassin en
Alsace et de 1914 à 1918 soldat durant la guerre. Blessé et ensuite, pour absence sans
permission, condamné en 1916 à six mois de prison. En 1918, Schlagewerth a adhéré au SPD
et il est passé avec la majorité au KPD en 1920. En 1923, il est devenu président du KPD de
Mönchengladbach et, en raison de son activité politique, condamné à plusieurs reprises à de
courtes peines. Il faisait partie de l’aile d’extrême-gauche du parti et il a été élu en décembre
1924 au Reichstag. En 1925, il a rejoint le groupe de Karl Korsch*. C’est en tant
qu’organisateur de ce dernier, qu’il a été exclu du KPD en 1926, et il a été responsable du
journal du groupe de Korsch : Kommunistische Politik. Le dirigeant du KPD Philip Dengel* a
offert 2000 marks à Schlagewerth s’il démissionnait volontairement de son mandat au
Reichstag. Celui-ci a rejeté l’offre de manière déterminée, il est resté au Reichstag
jusqu’en 1928 en tant que partisan de Korsch, et jusqu’en 1931 en tant que conseiller
municipal communiste indépendant à Mönchengladbach. C’est dans cette ville qu’à partir de
1929 il a dirigé l’“Industrieverband”, un petit syndicat radical de gauche sous la direction de
Paul Weyers.
Après 1933, activité illégale dans divers groupes de gauche. Arrêté en octobre 1933, il a nié
tout d’abord toute activité politique, mais il s’est ensuite déclaré prêt à témoigner. Les
déclarations exhaustives de Schlagewerth ont conduit à la dissolution du KPO (partisans de
Brandler-Thalheimer), des groupes anarcho-syndicalistes et trotskistes, par la Gestapo. Il a
expliqué ses motivations en affirmant avoir « constaté, sur la base de la pratique et de la
théorie, que le national-socialisme avait en lui le niveau et les fondements du socialisme ».
Ses dénonciations ont emmené 57 accusés devant le juge NS. Il a incriminé lourdement en
particulier le “juif Lubinski” (Dagobert Lubinski), qui dirigeait un groupe de résistance illégal
du KPO. En outre, Schlagewerth a accusé une organisation trotskiste ainsi que son ami
Wilhelm Doll, et il a souhaité être à nouveau entendu le 28 octobre 1936 afin de démasquer
un groupe de résistance syndicaliste. Schlagewerth notait ce qui suit à propos de sa séparation
d'avec ces groupes : « En 1934, j’ai commencé à étudier la doctrine national-socialiste, et,
déjà sur le point de mettre de côté toute mon attitude antérieure au nom de l'expérience
pratique, je me suis demandé si je devais signaler l'affaire à la Gestapo. Je me suis dit qu'il
fallait approfondir la question, et c'est en 1935 que j'ai appris de Müngersdorf ce que je peux
dire ici. ». Il a souligné en même temps : « Si j’étais encore communiste et adversaire du
national-socialisme, j’aurais subi toutes les peines, mais je serais resté silencieux comme une
tombe ».
Le 6 avril 1938, a eu lieu devant le Tribunal régional supérieur de Hamm un grand procès
dans lequel Schlagewerth était lui-même accusé, et tous ses co-accusés étaient incriminés. Il a
été condamné à trois années de prison et à trois années de perte de ses droits civiques.
Lorsque le RSHA a ensuite voulu imposer une détention provisoire, la Gestapo de
Mönchengladbach s’y est opposée, étant donné que Schlagewerth avait fait, après son
arrestation, « volontairement des aveux complets », grâce auxquels « l’ensemble de l’appareil
illégal du KPD, du KPO, et des anarcho-syndicalistes » a pu être traduit en justice. Libéré
dès le 16 mai 1939 de la prison de Lüttringhausen, il a travaillé d’abord à Duisburg, puis il est
parti à Osnabrück où il a été employé jusqu’à la fin de la guerre. Après 1945, Heinrich
Schlagewerth ne s’est pas fait remarquer sur le plan politique, et il est mort en 1951 à
Duisburg.
SCHLEGELMICH, HELMUT WILHELM FRITZ (25.06.1908 à Hanau a. M. – ?)
En 1937, habitant à Berlin-Reinickendorf, au 59 General-Woyna Straße ; conducteur
d’automobile, école secondaire de Siemens et de Humboldt jusqu’en première, il a appris le
métier de jardinier dans lequel il a travaillé jusqu’en 1931, puis au chômage jusqu’en 1934,
ensuite a travaillé comme chauffeur d’automobile ; il a été entraîné au SAP par Kurt Stechert,
il a été membre du syndicat libre, et, d’après les archives de la Gestapo, membre de la
Jeunesse du KPD et contact avec la police à l’occasion d’une infraction relative au droit de
manifestation. Schlegelmich a participé le 22.05.1931 à une manifestation communiste sur la
Hermannplatz. Il a été incité par Stechert*, qui s’est par la suite retrouvé en exil en Suède, à
collaborer à la reconstitution du SWV, il a été membre des “Rote Kämpfer”, et il a été arrêté
le 10.02.1936. À partir du 30.12.36, incarcéré en détention provisoire à Berlin-Moabit, mis en
accusation le 8.07.37 et condamné à 1 an ¼ de prison par la Cour de la Chambre royale de
Berlin pour « infraction à la loi sur la reconstitution des partis » (Js 236/37 49/37) ; a purgé sa
peine à la prison de Berlin-Tegel. Schlegelmich a été enrôlé le 4.08.1939 dans la Wehrmacht
et il a travaillé après 1945 à Berlin-Zehlendorf.
SCHLICHT, CARL [= KAL HAPP]
SCHLIWIN
KAPD/AAU, délégué au Congrès de septembre 1921 à Berlin. Il a souligné le rôle du parti
pour donner une sens véritablement révolutionnaire aux Unions : « Nous devons clairement
porter le bouclier de la révolution, et nous pouvons le faire en tant que parti… » Ces unions
sont toujours en proie à “l'opportunisme salarial” : « Dans une certaine mesure, l'AAU doit
devenir opportuniste si la lutte pour une existence meilleure (pour un salaire plus élevé, pour
l'instant) peut être considérée comme de l'opportunisme. Notre tâche est de montrer à la
classe ouvrière que l'amélioration des conditions de vie ne peut plus être obtenue par le
démantèlement du capital (interjection : voilà !) ».
SCHMELZER, WALLY (18.02.1906 – ?)
Enseignante à Berlin-Neukölln, familière de Karl Schröder*, membre du groupe des “Rote
Kämpfer” de 1931 à 1936 ? ; après 1945 GIS/SWV autour d’Alfred Weiland*, et, en 1959,
elle a rédigé un article anonyme portant sur les RK qui a été publié dans les
“Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte”. Sa position politique se situait entre le socialisme
démocratique et l’amitié avec le Tiers-monde :
« Il revient au KAPD et au cercle ultérieur des RK, qui partageaient avec les bolcheviks,
outre l'objectif, l'idée que la réalisation de cet objectif ne serait possible que par une percée
révolutionnaire, le mérite d'avoir reconnu dès le premier jour que les moyens bolcheviks pour
parvenir à l’objectif socialiste conduiraient ces profanateurs à l'absurde... Non seulement les
événements en Hongrie, mais aussi le développement en Yougoslavie, le processus de
fermentation dans les peuples éveillés d'Asie et d'Afrique, où ce développement ne risque pas
de prendre le détour par les structures économiques privées et les grandes structures
capitalistes, montrent des tendances pour lesquelles le travail analytique et critique de ce
petit cercle pourrait fournir de précieuses suggestions ».
SCHMIDT, ALFRED (14.12.1900 – 1945 ?)
Maçon, Halle, né à Stendal (Saxe-Anhalt) ; KAPD/AAU, emprisonné après mars 1921.
SCHMIDT, KURT
Berlin ; KPD, “Gauche résolue”, “Association des Nageurs libres”, à partir de 1926
KAPD/AAU ; Opposition du KPD avec Ernst Lincke* ; exclu du KAP en tant que “desperado
politique”.
SCHMIDT, OTTO
Fourreur, AAUE
SCHMIDT, WILHELM (21.09 (ou 30.09).1905 à Ebersbach en Saxe – ?)
En 1937, habite à Berlin-Tempelhof, au 23 Berliner Strasse ; 1921 SAJ, 1923 SAP, 1924
SPD ; fréquente l’école secondaire à Dresde ; ensuite apprentissage du métier de commerçant,
et en 1929 fréquente le lycée ouvrier à Berlin-Neukölln ; à partir de 1933 chômeur pendant
une année ; ensuite il travaille comme libraire et comme chef de bureau ; il a fait partie des
“Rote Kämpfer” ; le 8.07.1937, accusé de “préparation d’une entreprise de haute trahison” et
le 22.10.1937 libéré par la Cour de la Chambre royale de Berlin (Js 126/37 49/37).
SCHMITZ, JOSEF (5.04.1885 – 4.06.1954)
Né à Oberhausen (Düsseldorf), fils d’un maître-tailleur ; il a appris le métier de tisserand.
Depuis 1910, Syndicats libres. En 1911, entrée au SPD, duquel il est sorti en 1914. En 1914,
appelé sous les drapeaux comme sous-officier, il est envoyé à Berlin, après une blessure,
comme vice-adjudant, pour la formation des recrues. Là, il a eu des contacts avec le Groupe
Spartacus : « Il m’a été donné la tâche d’introduire la propagande anti-guerre dans les
casernes ». En mars 1917, arrêté pour cause de propagande antimilitariste et condamné à trois
ans de forteresse pour cause de “mutinerie”, il est renvoyé sur le front occidental au début de
1918. Libéré durant la Révolution de Novembre et, en novembre 1918, membre du Conseil
des ouvriers et des soldats de Leipzig, il a adhéré à la ligue Spartacus et à l’USPD. À la fin de
1918, Schmitz s’est rendu à Bocholt, où il a fait partie du Conseil des ouvriers et des soldats
et il a été l’un des cofondateurs de l’USPD. En décembre 1920, passage avec l’ensemble du
groupe local au KPD. Membre de la direction du district de la Ruhr et, pendant un certain
temps, également membre du Comité central du parti. En 1923, trois mois en “détention
préventive”. Schmitz était également conseiller municipal de Bocholt : de 1919 à 1920 pour
l’USPD ; de 1921 à 1927 pour le KPD, et ensuite jusqu’en 1930 pour la “Kommunistische
Politik”. Il a mis cela en évidence dans son curriculum vitae : « Aux élections, nous avons
obtenu deux fois plus de voix qu’au SPD ». De 1927 à 1930, il a travaillé pour le “Groupe
Kommunistische Politik”, de 1930 à 1932 pour la KPD, et de 1932 à 1933 pour le SAP.
Arrêté le 1° mars 1933, il a été enfermé jusqu’en octobre 1933 dans le camp d’Esterwegen
situé sur un terrain marécageux. En 1936 et 1937, de nouveau arrêté, il est resté ensuite sous
la surveillance constante de la Gestapo. Arrêté encore une fois en 1938 et, après une année en
détention préventive, il a été envoyé au KZ de Sachsenhausen, puis transféré en 1945 au KZ
de Bergen-Belsen, Schmitz est devenu président du KPD de Bocholt en 1945. Après avoir
critiqué l’orientation du KPD, il a quitté le parti le 18 novembre 1948 avec 19 autres
membres, et il s’est engagé ensuite à fonder un parti ouvrier marxiste :
« Je ne peux plus ignorer l’opinion selon laquelle le PC mène une politique qui contredit les
principes de Marx et d’Engels… J’ai milité durant toute ma vie pour les droits des
travailleurs. Je ne crains pas l’exclusion. Je suis devenu vieux et fragile. Pourtant, dans la
lutte de libération des travailleurs, je pense que je tiendrai encore tête, y compris contre le
PC. ». Josef Schmitz est mort en 1954 à Bocholt.
SCHNEIDER, ERNST, alias IKARUS (23.07.1883 – 1950 ?)
Né à Königsberg (Prusse orientale) ; timonier et ouvrier du port, Cuxhaven (Basse-Saxe),
1913-1914 président de l’“Union Syndicaliste de l’Industrie – Groupe des ouvriers du
transport” à Hambourg. En janvier 1919, participe à l’insurrection communiste de
Wilhelmshaven, arrêté et condamné à six années de réclusion. Le 29 janvier 1920, il s’évade
lors d’un transport de prisonniers (surnommé depuis : IKARUS). Au début de septembre
1920, nouvelle arrestation à Brême lors de la fondation du groupe local du KAPD.
Emprisonnement à Golnow, liberté conditionnelle le 31 décembre 1922 ; retour à Brême et
aux activités du KAPD. Participe à l’insurrection de Hambourg en 1923 en tant que
fonctionnaire de premier plan du KAPD/AAU. De 1924 à 1925, secrétaire du DSB (Deutscher
Seemannsbund = Union Allemande des Marins) à Bremerhaven, de 1926 à 1929 organisateur
d’un groupe local de marins à Cuxhaven ; rédacteur principal de la brochure “Der
Wellenbrecher” [Le brise-lames] qui appartenait au spectre de l’AAU. Son ton était
clairement anti-autoritaire : « ll n’existe pas de “grands hommes”, de chefs, qui puissent vous
libérer de votre joug d’esclave. Vous devez le faire vous-mêmes. Le début de cela est fourni
avec l’organisation de bord révolutionnaire de l’AAU. ».
À partir de 1930, il a repris la mer et il a été condamné en 1935 à 18 mois de prison à
Fühlsbüttel. En 1939, il a émigré en Angleterre en passant par Anvers et il y a publié son
texte : “The Wilhelmshaven Revolt” (Freedom-Press, Londres, 1943). Ernst Schneider est
mort peu après 1945 en Angleterre.
SCHNEIDER, OSWALD
AAUE, Proletarier Geist, Saxe occidentale.
SCHNEIDER, OTTO
KAPD/AAU, 82 Leipziger Straße, Dresde, délégué à la III° Conférence de l’AAU à Leipzig
(12-14 décembre 1920) et aux Congrès du KAPD qui se sont tenus en février et en septembre
1921. Lors du Congrès de février, il a critiqué sévèrement l’attitude politique de Rühle : « Je
dois faire le reproche au camarade Rühle qu’il n’agit plus comme révolutionnaire, mais
comme contre-révolutionnaire. Sur la base des faits, nous pouvons démontrer que le
camarade Rühle ne représente pas le point de vue des camarades, mais le sien. Il est, au sens
le plus vrai du terme, un dictateur. Il a perdu le droit de se qualifier de révolutionnaire. Nous
accusons même le camarade Rühle d’être responsable du fait que de si nombreux
révolutionnaires aient été envoyés en prison pendant toute la période révolutionnaire, en
particulier en Saxe. Il a signé un appel en tant que conseil ouvrier à l’époque de la révolution
dans lequel il était dit : la juridiction bourgeoise continuera à exister. C’était à l’époque de la
révolution, où la juridiction bourgeoise devait disparaitre avant toute chose, et les tribunaux
de la révolution devaient prendre sa place. La tâche principale que le camarade Rühle s’est
fixé aujourd'hui, c’est de détruire le parti en Saxe orientale. Après qu’il a réussi dans son
entreprise, il a comme disparu de la surface de la terre et il n’a pas levé le petit doigt dans
l’intérêt de son organisation, qu’il a fait rentrer comme groupe communiste dans l’Union
Ouvrière, ce qui à son tour a contribué à détruire l’Union Ouvrière en Saxe orientale. Deux
groupes se sont formés déjà aujourd'hui à l’intérieur de l’Union ouvrière et ils s’opposent
l’un à l’autre dans des luttes les plus vives. Le camarade Rühle est d’avis que l’Union
Ouvrière Générale (AAU) doit remplacer le parti. Toute cette propagande provenait de
Dresde, et Dresde s’est montrée la plus incapable de toutes dans toute la révolution. (Très
vrai !). Beaucoup se rendent également compte de l’erreur que le camarade Rühle a commise,
et ils reviennent vers nous. Je dois en outre constater que le camarade Rühle n’a jamais été
membre du KAPD. Il a été délégué au Comité Central, il a été délégué à Moscou pour le
parti, mais il n’a jamais été membre du parti ! ».
Lors du Congrès de septembre, il s’est exprimé contre la création injustifiée d’une IV°
Internationale : « Il n’est pas question de créer une nouvelle Internationale. Nous pouvons
établir des relations avec tous les partis révolutionnaires. Il est inutile de dire qu’il faille
créer une IV° Internationale. Il est évident que nous allons entrer en relation avec les partis
apparentés. C’est la raison pour laquelle nous sommes opposés à la création de
l’Internationale. ».
SCHNEIDER, WALTER
Berlin-Neukölln, KAPD/AAU ; après 1945 Volkspolizei, GIS, SVW.
SCHNELL, RICHARD (1902 – ?)
Berlin; responsable juridique des publications du KAPD. 1936-1945, employé de la poste, en
1946 livreur de télégrammes (bureau de poste de Tiergarten à Berlin). Après 1945 KPD/SED,
GIS/SWV, vers 1948 démissionne du SED ; probablement soupçonné à tort par Alfred
Weiland* d’être un “mouchard”, il s’enfuit à l’Ouest après l’arrestation d’Adam Metzger*,
mais il a gardé vraisemblablement des contacts, bien que lâches, avec le SWV au cours des
années cinquante.
SCHOLL, ANTON
Hambourg, 43 I Königstrasse, référent du KAZ.
SCHÖSS, PAUL
Hambourg, 42 Altstädter Strasse, référent du KAZ, KAPD/AAU, AAUE Heidenau, 1926-
1933 groupe du Proletarischer Zeitgeist.
SCHOTTER, EMIL ROBERT (18.06.1932 – ?)
Habitant Berlin, 17a Stralauer Allee ; fréquentation de l’école primaire, apprentissage du
métier de typographe, travaille dans différentes entreprises berlinoises ; de 1921 jusqu’à sa
dissolution, il adhère à l’Association des Typographes ; en 1923 ou 1924 SPD (sortie en
1931), en 1931 quelques mois chef de groupe du SPD ; il a fait partie à partir de 1934 des
“Rote Kämpfer” (groupe Berlin-Lichtenberg I), dont il était membre de la direction
berlinoise ; il a organisé des formations, distribué des brochures illégales et récolté de
l’argent ; le 10.12.1936, arrêté, à partir du 12.12.1936 en détention préventive à la prison de
Berlin-Tegel ; le 8.07.1937, mis en accusation e t le 22.10.1937 condamné par la Cour de la
Chambre royale de Berlin à 3 années de prison pour cause de « préparation d’une entreprise
de haute trahison ».
SCHREIBER, MAX
Berlin-Schöneberg ; depuis 1927 dans le KAPD/AAU et dans les comités de chômeurs ;
1923-1934 KAU ; après 1945 travail avec Alfred Weiland* dans l’Office de l’éducation
publique de Schöneberg.
SCHRÖDER, ADOLF
Bielefeld, 34a Rolandstrasse ; AAUE, distribution de la revue Die Aktion.
SCHRÖDER, DR. KARL (13.11.1884 – 6.04.1960), alias KARL ZECH, KARL WOLF
Né à Bad Polzin (Poméranie) ; petit-fils de paysans poméraniens et fils d’un enseignant ;
enseignant, sténotypiste, secrétaire privé de direction, libraire, dirigeant d’un club de livres,
correcteur, ouvrier non qualifié, directeur d’une université populaire, conférencier. Après
avoir fréquenté le lycée de Köslin/Koszalin, il a étudié à Berlin les lettres, la philologie, la
philosophie, l’histoire et l’histoire de l’art, et il a accompli son service militaire en 1908. Il a
ensuite travaillé en différents endroits comme professeur particulier. En 1912, doctorat à
l’Université de Marbourg. Membre du SPD depuis 1913. Avant que la guerre n’éclate,
assistant scientifique au Comité central de formation du SPD. C’est là qu’il rencontre Clara
Zetkin et Franz Mehring.
De 1914 à 1918, il fait partie de la réserve territoriale de l’armée à Francfort/Oder. Schröder
a servi jusqu’à la fin de la guerre comme sous-officier dans un camp de prisonniers de guerre
russes. De la fin de 1913 jusqu’au début de 1915, il a rédigé pour la revue Arbeiterjugend une
série d’articles de culture générale relatifs aux questions philosophiques. Ses contributions
comme journaliste dans la presse du SPD se sont concentrées jusqu’à la fin de la guerre
exclusivement sur la question de l’éducation ouvrière. À partir de 1917, il a travaillé dans le
groupe Spartacus. Le 30 novembre 1918, Schröder a fait cette remarque critique dans la revue
Arbeiterjugend : « Nous n’avons pas encore une république socialiste, mais seulement une
république au sommet de laquelle il y a des socialistes… Socialisation de tous les moyens de
production ! Ce n’est qu’ainsi qu’une dissolution complète des classes actuelles et qu’une
unification de la volonté générale auront lieu. ». En décembre 1918, il a participé en tant que
délégué berlinois au Congrès de fondation du KPD à Berlin.
Au printemps 1919, il a assumé la responsabilité d’un cours portant sur “Le développement
historique des conseils” à la “Communauté universitaire libre pour les prolétaires”. Celle-ci
avait été fondée à l’initiative d’Alexander Schwab*. Fin 1919, Schröder était avec Fritz
Rasch*, Emil Erdmann Sach*, Johannes Graudenz*, Alexander Schwab*, Friedrich Wendel*,
Bernhard Reichenbach*, etc., à la tête de l’Opposition de gauche dans le KPD, et c’est la
raison pout laquelle, après le II° Congrès de Heidelberg en octobre 1919, il a été exclu avec
les trois-quarts des membres berlinois. En avril 1920, il a fait parti des cofondateurs du KAPD
et il a été corédacteur du programme du parti. Il a également rédigé en mai/juin 1920 une
brochure importante qui a été publiée par le KAPD : Du devenir de la nouvelle société.
Schröder expliquait le nouveau contenu du concept “Parti” :
« … le parti au sens ancien est peu recommandable et il doit disparaître. Seul est nécessaire
ce parti prolétarien pour lequel l’idée des conseils est le centre de tout son programme ».
Schröder était très prudent en ce qui concerne la durée de la révolution des conseils :
« Le développement des conseils en tant que développement de la forme prolétarienne
d’expression, et en outre d’un monde social, est un processus qui durera pendant des
générations. Ce processus conduit nécessairement sur son chemin à la conquête du pouvoir
politique, et la possession du pouvoir politique devient à son tour le levier le plus puissant
d’une évolution ultérieure. ».
Pour lui, le point central était le développement d’une conscience de soi autonome de la
classe ouvrière :
« Le problème de la révolution allemande, c’est le problème du développement de la
conscience de soi du prolétariat allemand. La lutte pour le pouvoir, la conquête du pouvoir,
en fait partie. Il faut donc concentrer toute la force sur ce travail. ».
C’est avec Arthur Goldstein* et Adolf Dethmann* qu’il a mené en août 1920 la lutte contre
le national-bolchevisme hambourgeois et qu’il a critiqué en même temps, au cours du
congrès, les tendances fédéralistes au sein du parti : « Le fédéralisme, dans la mesure où il
signifie la liberté complète de chaque petit groupe individuel, est une absurdité et il contredit
aussi bien l’idée de communauté que celle de l’organisation des conseils. ». En novembre
1920, il s’est rendu à Moscou avec Hermann Gorter et Fritz Rasch. Après de dures
négociations avec Lénine, Trotski et Boukharine, il a obtenu que le KAPD soit admis
officiellement le 5 décembre 1920 dans le Komintern « provisoirement… comme parti
sympathisant avec voix consultative ». Après la rupture avec le Komintern, Schröder est
devenu partisan en septembre 1921 de la fondation immédiate d’une Internationale Ouvrière
Communiste (KAI). Après la scission de mars du KAPD en 1922, qui a conduit à la fondation
de la KAI, il a été, avec Hermann Gorter, le théoricien de cette “Quatrième Internationale”.
Lors du I° Congrès de la KAI (2-6 avril 1922), les thèses de Schröder et celles de Gorter ont
été adoptées à l’unanimité. Au II° Congrès de la nouvelle “Internationale” (du 1° au 5 octobre
1922 à Berlin-Spandau), Schröder a envisagé la création d’une Internationale des Unions.
À partir de 1924, il est redevenu membre du SPD, il a travaillé comme sténotypiste,
rédacteur, secrétaire privé et libraire. En tant qu’écrivain, Schröder a publié quelques romans
contemporains et il a été, de 1928 à 1933, conférencier au “Bücherkreis”, qui était à l’époque
le plus grand cercle de lecture pour les ouvriers. Là, il a pu publier aussi des ouvrages de ses
compagnons de route communistes de gauche comme Adam Scharrer* et Alexander
Schwab*. À partir de 1931, il a été le cofondateur du réseau illégal des “Rote Kämpfer” et
rédacteur en chef du journal du même nom. Le parti demeurait pour lui une nécessité absolue.
Il est « le cerveau et la volonté de la classe en tant que telle » : « la conscience concrète de la
pensée et de la volonté prolétariennes générales ».
Après 1933, il a ouvert une librairie à Berlin-Neukölln et, dans le cadre des “Rote
Kämpfer”, il faisait de la résistance. En 1933, il devait y avoir environ 400 combattants
rouges. Après l’émigration de Reichenbach à Londres, la direction nationale se composait de
lui, d’Alexander Schwab et de l’instituteur Bruno Lindtner* (1901-1987). Dans une circulaire
des “Rote Kämpfer” d’avril 1933, Schröder décrivait la nouvelle perspective :
« Pour le prolétariat, la situation de lutte des classes illégale va donc exister pour
longtemps. De son côté, le mouvement ouvrier entre, du point de vue historique, dans une
nouvelle étape qui renoue avec la situation des années 80, avec la situation des lois antisocialistes…
La banqueroute du mouvement ouvrier existant est complète… La nouvelle et
importante étape commence avec le dévoilement impitoyable de la vacuité intérieure, de
l’incapacité à lutter et de la lâcheté d’un mouvement-appareil, qui n’était déjà depuis
longtemps qu’un obstacle au développement. Pour la véritable lutte de classe, cette fin du
réformisme et du bolchevisme allemands est selon toute vraisemblance un puissant pas en
avant ».
Lors de la deuxième réunion supra-locale le 15 août 1936 (dénommée Conférence
Olympia) qui était dirigée par Alexander Schwab, « il a été exigé pratiquement comme une
condition essentielle pour faire partie du cercle des RK la reconnaissance de la thèse de la
“crise mortelle du capitalisme” ». Comme résultat de cette confrontation idéologique, la
tendance Eitelsberg/Lindner s’est retirée du groupe des Rote Kämpfer. Le 29 novembre 1936,
Karl Schröder a été arrêté et, le 30 octobre 1937, il a été condamné à quatre années de prison
pour cause de “préparation d’une haute trahison”. Il a été libéré le 30 novembre 1940 du KZ
de Börgermoor. Son récit : Die letzte Station, 1947, traite de l’époque de son incarcération.
De 1941 à 1945, il a été affecté par le Service de l’emploi à un poste d’ouvrier non qualifié
dans une maison d’édition dans laquelle il a travaillé plus tard comme correcteur.
En très mauvaise santé, il a participé à la reconstruction, il a adhéré de nouveau au SPD et il
a dirigé jusqu’en 1948 l’Université populaire de Berlin-Neukölln, où il a essayé de ranimer les
contacts avec des communistes de gauche. Il était aussi en relation avec Alfred Weiland*.
Pendant le blocus de Berlin, Schröder a adhéré de façon démonstrative au SED et c’est la
raison pour laquelle il a été renvoyé peu après de l’Université populaire. Il a travaillé ensuite
comme lecteur dans la maison d’édition des livres scolaires, Volk und Wissen, de Berlin-Est.
Il a noté dans son journal intime qu’il ne voulait vivre que comme un écrivain libre et ne
représenter aucun parti, « ne serait-ce qu’en apparence ». Karl Schröder est mort d’un cancer
le 6 avril 1950 à Berlin-Ouest. Il avait écrit dans son journal intime : « Je veux lutter jusqu’à
mon dernier souffle ; mais j'aimerais mourir debout ». Dans une lettre à Hans-Harald Müller
d’octobre 1975, Helmut Wagner* a fourni le portrait suivant de Karl Schröder :
« C’est le seul homme de tous ceux que je connais que l’on peut qualifier de révolutionnaire
sans aucune réserve. Ce que je pense est la chose suivante : il n’était pas un homme qui
s’était consacré à la revolution parce qu’il était avide de pouvoir ou parce que sa névrose le
poussait à porter et à résoudre ses difficultés spirituelles personnelles dans l'arène politique
À cela s’ajoutaient une volonté de fer et une intrépidité que je n’ai observées avec cette force
chez aucune autre personne. ».
SCHRÖDER-MAHNKE, GABRIELLE
Écrivaine, KAPD 1920, arrêtée. Elle aurait « fourni des informations au service de
renseignements de la Reichswehr ».
SCHROER, ALFRED (1895 – 1970)
Essen ; mineur, maçon, SPD, KPD ; avril 1920, KAPD, et fin 1920, avec Wilhelkm Zaisser,
principal responsable de l’organisation de lutte en Allemagne occidentale ; en 1921, retour au
KPD ; en mai 1924 élu comme candidat du KPD de Dusseldorf-Ouest au Reichstag ; de 1928
à 1932, membre du conseil municipal de Gelsenkirchen et président de la fraction du KPD ;
entre 1933 et 1937, arrêté à plusieurs reprises ; en 1948 de nouveau conseiller municipal et
président de la fraction du KPD ; en 1952, il est exclu du KPD en tant que “titiste” et en 1954
il adhère de nouveau au SPD. Alfred Schroer est mort à Gelsenkirchen.
SCHUBERT, EMIL (1890 – ?)
Né à Berlin ; artisan boulanger, il a été les 30 et 31 décembre 1918 délégué pour Berlin-
Charlottenburg au Congrès constitutif du KPD (Ligue Spartacus) ; de 1920 à 1929, KAPD et
AAU, à Berlin-Charlottenburg. En 1922, “propriétaire” du Kampfruf. Schubert, qui habitait
au 3, Calvinstrasse, a reçu entant que “président du groupe local du KAPD de Charlottenburg
le 24 novembre 1921” une lettre de Max Hölz, dans laquelle ce dernier « cessait sa relation
avec le KAPD ». Cette lettre, qui a été publiée dans le Rote Fahne, divulguait l’adresse privée
d’un dirigeant important du KAPD.
SCHUBERT, RICHARD (1886 – 1955)
Zwickau (Saxe) ; fils d’un tisseur de lin ; il a effectué un apprentissage de tisseur et il a
travaillé dans différentes entreprises textiles. En 1903, il a adhéré au SPD. C’est pour des
raisons de santé qu’il n’a pas été appelé sous les drapeaux durant la Première Guerre
mondiale. En 1917, il est passé à l’USPD et il s’est retrouvé en novembre 1918 à la tête du
conseil des ouvriers et des soldats de Zwickau. Schubert a été un cofondateur de la Ligue
Spartacus à Zwickau et, à partir du milieu de l’année 1919, le premier président du groupe
local du KPD. Durant le putsch de Kapp en mars 1920, il a agi en tant que président du
Comité d’action de Zwickau, il s’est séparé du KPD et il est devenu président du KAPD de
Zwickau et de sa région. En 1924, il a de nouveau adhéré au KPD et il a été élu au Conseil
municipal de Zwickau. Il y a dirigé la fraction communiste. D’abord employé municipal,
Schubert a travaillé jusqu’en 1930 comme pâtissier dans la coopérative de consommateurs. Le
26 février 1931, Schubert a remplacé comme député au Landtag de Saxe Margarete Nischwitz
qui avait démissionné. Après la “prise de pouvoir” des nationaux-socialistes, Schubert a
essayé de continuer à exercer son mandat. C’est pourquoi il a déclaré au bureau du Landtag en
mars 1933 qu’il voulait exercer son mandat à l’avenir en tant que sans parti. L’on n’a pas
donné suite à son souhait, et, au contraire, il a été placé en “détention préventive” et transféré
au KZ du Château d’Osterstein. Il a été libéré en décembre 1933, mais il est resté sous la
surveillance de la police jusqu’en 1939. Schubert s’est retiré de toute activité politique et il a
travaillé dans la boutique de fleurs de sa femme.
SCHUMACHER, JOSEPH
AAU Hambourg.
SCHULZ, ALFRED
Dresde, Commission du travail de l’AAUE, 1921.
SCHULZ, EWALD
Ajusteur, AAU, Duisburg-Meiderich.
SCHULZ, PAUL ( ? – 5.10.1927)
Ligue Spartacus, KAPD/AAUD, Berlin-Neukölln, cofondateur du Parti et de l’Union.
SCHULZE, ERICH (27.08.1904 – 1961 ?)
Né à Ziegelrode (Mansfeld) ; AAU/KAP, Munich.
SCHULZE, ERICH
KAPD, Service des abonnements au KAZ, Berlin-Weissensee.
SCHUMANN, W.
District de Wasserkante, AAUE.
SCHÜSSLER, FRITZ OTTO (1905 – 1982), alias FISCHER
Employé d’une librairie ; 1925-1926 AAUE Leipzig, puis en 1928 Leninbund, Opposition de
gauche. Il a participé en 1938, en tant que l’un des deux délégués allemands, à la Conférence
constitutive de la IV° Internationale à Périgny (Île-de-France). Les deux délégués autrichiens,
(Karl Fischer et Georg Scheuer) ont voté contre cette création. En février 1939, il est parti au
Mexique où il est redevenu secrétaire de Trotski et où, en mai 1940, il a été incarcéré pour
peu de temps. Parce que Schüssler a tenté en tant que théoricien de démontrer que l’Union
soviétique sous Staline était un « pays fasciste », il a été exclu. Il a continué à entretenir des
relations avec des cercles radicaux, il a correspondu avec Johre (Joseph Weber) et il a publié
dans la revue Dinge der Zeit. Durant la Guerre froide, il s’est engagé en faveur d’une guerre
des “démocraties” contre le “fascisme russe”. Otto Schüssler est mort en 1982 à Mexico.
SCHUSTER [= KARL PLÄTTNER]
SCHÜTZ
17, Malerstrasse. En 1919, il a représenté Hemelingen dans le Comité local de l’AAU à
Brême.
SCHWAB, DR. ALEXANDER (5.07.1887 – 12.11.1943), alias STAHL, FRANZ SACHS,
ALBERT SIGRIST
Né à Stuttgart ; fils d’un chef d’orchestre, enseignant suppléant à la Communauté scolaire
libre de Wickersdorf, journaliste. Il étudié la philosophie, la langue et la civilisation
germaniques, et l’économie politique, à Rostock, à Iéna, à Heidelberg et à Fribourg-en-
Brisgau. Quand il était lycéen, Schwab était membre du Wandervogel. Son premier
engagement était étroitement lié avec l’histoire de la Freie Studentenschaft, en particulier avec
le cercle des Étudiants libres qui gravitait autour de Gustav Wyneken. Ce pédagogue
réformiste et fondateur de la Communauté scolaire libre de Wickersdorf (Forêt de Thuringe) a
joué temporairement un rôle d’avant-garde dans le mouvement de la jeunesse, en particulier à
l’occasion en 1913 du Premier Jour de la Jeunesse Allemande Libre sur le Hoher Meissner.
Wyneken a accédé pendant peu de temps après la révolution de Novembre 1918 à la
responsabilité de la politique scolaire. Quelque temps après, de retour à Wickersdorf, il a été
frappé d’une peine de prison pour cause d’abus sexuel sur des élèves.
Walter Benjamin, Ernst Joel*, Hans et Bernhard Reichenbach*, faisaient partie en 1912 du
cercle de Wyneken à côté de Schwab. Ces étudiants libres s’identifiaient à l’“idéalisme
dynamique”. Schwab et ses amis considéraient dans une large mesure l’“esprit” et
l’“organisation” comme des concepts dichotomiques et ils croyaient pouvoir réaliser de
préférence leurs idéaux dans des « cercles et des communautés d’opinions et d’idées
informels ». En août 1914, Schwab s’est porté volontaire pour partir à la guerre, mais il a été
« renvoyé en raison d’une hémorragie pulmonaire ». Quand Wyneken lui-même à la fin de
l’année 1914, dans sa conférence : “La guerre et la jeunesse”, exaltait la guerre impérialiste
comme une “guerre sainte”, Walter Benjamin et Hans Reichenbach ont rompu complètement
avec lui. Schwab a lui aussi critiqué Wyneken, mais il ne s’est pas séparé de lui à cause de sa
position sur la guerre. Jusqu'à la fin de la guerre, Schwab n'a écrit qu'une série d'ouvrages
mineurs, insignifiants et apolitiques, en plus de ses ouvrages sur “Métier et jeunesse” et
“L’évolution de la pensée sociale de Gustav Wyneken”.
En mars 1919, Schwab avait pris contact avec le Conseil exécutif des conseils des ouvriers
et des soldats afin d’obtenir de lui un plan pour la création d’une “Communauté universitaire
libre pour les prolétaires” (FHG). En 1919, il a adhéré au KPD et a pris la direction de
l’École. En octobre 1919, la FHG a changé son nom en “École des conseils des travailleurs du
Grand-Berlin”. Au début de 1920, Schwab a démissionné de son poste de directeur de l’École
et il a quitté l’École des conseils. En janvier 1920, Schwab faisait partie de l’état-major de
l’Opposition communiste de gauche à l’intérieur du KPD de Berlin et, en avril de cette annéelà,
il est devenu cofondateur du KAPD et, avec Karl Schröder* et Bernhard Reichenbach,
l’une de ses têtes idéologiques. Peter Utzelmann* souligne que le centre berlinois du KAP
avait certes travaillé collectivement, mais que, si l'on demandait un “chef”, ce serait Schwab
qui était considéré comme la “tête” du parti, plutôt que Schröder. Un autre le décrit ainsi :
« Schwab n'utilisait pas de slogans. Il se rendait disponible, il se présentait et il était prêt à se
laisser mettre en avant à chaque fois que la méfiance des membres envers la direction
atteignait des proportions menaçantes. »
Dans son rapport sur la situation internationale, au cours du Congrès du parti en août 1920,
il alertait sur le fait que la bourgeoisie allemande pouvait procéder à l’anéantissement des
détachements isolés du front prolétarien avant qu’ils ne puissent se regrouper en vue d’une
action unitaire. « Le fait est que les actions dispersées sont l’un des plus grands dangers pour
le prolétariat. Cela a toujours été le principe des forces armées d’écraser la troupe qui
avance en ordre dispersé avant que les armées ne se rassemblent. Cette théorie est passée
dans les habitudes de notre réaction, et il est clair qu’elle agira ainsi. Les mots d’ordre
relatifs à la date doivent par conséquent être clairs de sorte que l’ennemi affronte seulement
un front unifié, et qu’il ne trouve nulle part la possibilité d’attaquer des groupes individuels
les uns après les autres. Cette question du centralisme ne doit pas être considérée seulement
du point de vue qui existait dans le passé, mais de ce point de vue purement pratique. Je crois
que, si nous n’avançons pas trop rapidement ou trop lentement dans les combats à venir,
nous pouvons atteindre un premier objectif. ».
Schwab était le chef de la délégation du KAPD lors du III° Congrès du Komintern en 1921
à Moscou et il y a critiqué fortement la politique ouest-européenne de Lénine et de Radek.
C’est lui qui a lu la déclaration de la délégation du KAP à la fin du Congrès du Komintern :
« (La délégation) refuse unanimement l’ultimatum de la fusion avec le VKPD. Nous ne
déclarons pas le retrait du KAPD de l’Internationale malgré nos procurations. Ce sont nos
membres eux-mêmes qui se prononceront. Ils donneront leur réponse sur cette demande
inacceptable de suivre la voie du réformisme, de l’opportunisme. Le prolétariat international
entendra cette réponse ». Durant le Congrès du parti de septembre 1921, il a adopté un point
de vue critique sur le rôle du Komintern concernant le soutien de la révolution mondiale :
« La Troisième Internationale est – et je l’ai affirmé aussi en face du délégué de Berlin qui
pensait qu’il y aurait peut-être encore quelque chose à espérer si l’histoire prenait une autre
tournure – perdue pour la révolution mondiale, c’est un facteur négatif ».
Relativement à la KAI, il se prononçait en faveur d’une collaboration avec les syndicalistes
dans les luttes quotidiennes, bien qu’il ait critiqué leur orientation antimarxiste :
« … je me suis convaincu… après beaucoup d'hésitations et de réflexion, que seuls de
véritables communistes doivent être admis dans une Internationale ouvrière qui reste à créer,
étant donné que cette idéologie antimarxiste qui prévaut non seulement chez les syndicalistes
des pays latins, mais également chez les gens des IWW, ne les empêche pas très souvent
aujourd'hui de faire ce qui est juste par instinct révolutionnaire, mais qui peut s'avérer avec
le temps très obstructif pour notre mouvement. Cependant, grâce à un échange d'idées et
d'opinions, nous pourrons parvenir à promouvoir de nouvelles connaissances parmi les
syndicalistes des pays latins, lesquelles entraîneront progressivement l'érosion du
dogmatisme des deux côtés, afin que nous puissions apprendre du mouvement syndicaliste ce
que nous avons à apprendre de lui. Je suis convaincu que nous avons encore beaucoup à
apprendre, et que, d’un autre côté, les syndicalistes apprendront de nous, car le mouvement
révolutionnaire ne peut gagner qu'à l'échelle internationale. ».
En mars 1922, alors que Schröder, Reichenbach, Gottberg*, Sach*, etc., étaient exclus du
parti à Berlin, Schwab quittait lu aussi le KAPD. Il est toujours demeuré marxiste, et il a fait
partie dans les années 20 d’un cercle de discussions marxiste lancé par Karl Korsch à Berlin,
et auquel ont participé Erich Mühsam, Isaak Steinberg, Rudolf Rocker, Bertold Brecht, Alfred
Döblin, etc. Au cours des années suivantes, Schwab s’est construit une existence
indépendante en tant que journaliste et auteur d’écrits sur l’économie (pseudonyme Albert
Sigrist) et il a fondé en 1928 l’Association des sciences humaines. Il s’est également occupé
d’architecture, par exemple dans la revue du Deutscher Werkbund : Die Form. En 1929, il est
devenu chef du service de presse de l’Organisme national chargé du Placement et de
l’Assurance des Chômeurs, dont il a été licencié en avril 1933.
Dans l’État NS, il a été placé en “détention préventive” durant une demi-année, puis il a été
relâché par l’entremise de son beau-père, le Dr. Paul Felisch, qui était national-allemand.
Après sa libération, il a publié la Wirtschaftskorrespondanz avec Franz Jung*. Il a continué sa
résistance à l’égard du régime NS et il a pris la direction des “Rote Kämpfer”, il s’est rendu à
Prague et il a rédigé, avec Schröder* et Reichenbach*, les circulaires des RK. Il a été arrêté en
novembre 1936 et il a pris sur lui la pleine responsabilité de la direction des “Rote Kämpfer”.
Il a formulé le sens et les objectifs des RK avec les mots suivants :
« Comme première tâche du nouveau mouvement ouvrier qui s’annonce aujourd'hui dans
de nombreuses manifestations, je vois la formation d'une direction de classe, c'est-à-dire
d’une direction qui ne se situe pas économiquement en dehors et au-dessus de la classe
ouvrière… L’idée de la direction de classe comprend aussi en elle qu’une dictature de parti
ne peut plus se faire passer pour une “dictature du prolétariat” ; ce vieux concept doit être
restauré dans sa pureté : domination de la majorité laborieuse productive sur la minorité qui
défend ses droits de propriété… Par conséquent, la tâche de notre organisation consistait
uniquement en cela : créer un réseau de propagandistes pour la nouvelle vision, entrer en
contact avec les groupes proches et, ce faisant, clarifier dans un processus permanent nos
positions elles-mêmes. D'où l'incertitude quant au nom de l'organisation : nous étions clairs :
nous n'étions pas un parti, mais seulement une étape préliminaire à un projet futur. ».
Le nombre des arrestations s’est élevé dans l’ensemble à 150 (le réseau des “Rote Kämpfer”
comprenait environ 400 membres). Le 30 octobre 1937, Schwab a été condamné par le sénat
du Tribunal populaire à huit années de prison dans le procès “Schwab et ses camarades” pour
cause de “préparation de haute trahison”. Il a d’abord été détenu à la prison de Brandebourg,
puis il a été transféré dans les KZ de Sonnenburg et de Börgermoor. Alexander Schwab est
mort le 12 novembre 1943 à la prison de Zwickau d’une pneumonie d’après les indications
fournies par les documents établis par ses bourreaux.
SCHWAB, WILHELM (WILLY)
Francfort/Main ; rédacteur de la revue Proletarische Revolution ; Francfort/Main, 1926-1931 ;
ensuite KAU. Durant la Conférence constitutive de la KAU, il a présidé cette conférence avec
Arthur Michaelis* et Helmut Müller*.
SCHWABE, ERNST
Eisenach ; délégué KAPD/AAU en août 1920 ; puis à l’automne 1921 AAUE. Avec Paul
Göpel, il a assuré la présidence du mouvement unioniste en Grande-Thuringe.
SCHWALM, HANS, alias JAN PETERSEN
Berlin. Opposition dans le KAPD en 1927, 1928 KPD ; fils d’un maçon, il a appris le métier
de commerçant et il a ensuite travaillé comme tourneur. Petersen a été membre du KPD, et à
partir de 1931, dirigeant de l’organisation de l’Association des Écrivains prolétariensrévolutionnaires
d’Allemagne. Même après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, il
a continué de diriger, maintenant comme président, illégalement l’Association, et il défendait
des auteurs de gauche et antifascistes. Lors du Premier Congrès international des écrivains en
juin 1935 à Paris, Petersen s’est produit anonymement, à côté d’Henri Barbusse, comme
orateur principal et il a informé sur la situation en Allemagne national-socialiste. C'est
également de manière anonyme qu’il a publié avec Anna Seghers, Oskar Maria Graf et
Wieland Herzfeld, la revue des Neue Deutsche Blätter à Prague. En 1935, Petersen est parti
en exil. En 1938, la nationalité allemande lui a été retirée. Petersen a été membre du Centre
PEN des auteurs de langue allemande à l’étranger, et de 1938 à 1946, président de
l’Association Culturelle Allemande Libre en exil à Londres. En 1940-42, il a été interné au
Canada en tant qu’“étranger ennemi”.
En 1946, il est de retour à Berlin, et on lui a accordé le prix Goethe de la ville en 1950.
Jusqu’en 1955, il est resté le premier président de l’Association allemande des écrivains. En
1958, il a reçu l’Ordre patriotique du Mérite en argent et en 1959 le Prix national II° classe.
Son nom a été attribué à une rue (la rue Jan-Petersen) de Berlin-Marzahn.
SCHWARZ, DR. ERNST (18.01.1886 – 29.05.1958), alias ERNST THIEDE
Après avoir fait ses études secondaires dans sa ville natale et à Berlin, Schwarz a fréquenté les
universités de Grenoble, de Bonn et de Berlin, et il a conclu son parcours universitaire par un
doctorat. Durant la Première Guerre mondiale, Schwarz a été soldat pendant peu de temps et il
a enseigné comme maître assistant. Sans relations antérieures avec le mouvement ouvrier, il a
adhéré au SPD à Chemnitz après la révolution de Novembre 1918, et c’est dans cette ville que
le contrôle de la police lui a été confié au cours de la répression du putsch de Kapp en 1920.
Radicalisé par les évènements, Schwarz a adhéré peu après à l’USPD dans lequel il a occupé
le poste de secrétaire de district à Kiel et, avec l’aile gauche de ce parti, il a fusionné à la fin
de l’année avec le KPD. Au début de 1921, il est devenu secrétaire de district pour la province
de Hesse-Nassau. Après l’action de Mars, il a dû se cacher et il est parti à Berlin où, à la fin
de 1921, il a été arrêté, à la suite de quoi il a passé plusieurs mois à la prison de Cassel.
En octobre 1922, Schwarz, qui faisait désormais partie de l’aile “gauche” du KPD, a pu
occuper un poste de professeur à Berlin et faire en même temps fonction de membre de la
direction du parti du district de Berlin-Brandebourg. Avec l’installation de Ruth Fischer et
d‘Arkadi Maslow à la direction du parti en 1924, il est devenu fonctionnaire à plein temps du
parti et il s’est vu confier la direction du district de Thuringe, lequel était dominé par l’aile
adverse des anciens dirigeants du parti, Heinrich Brandler et August Thalheimer. En mai, et
de nouveau en décembre 1924, il a été élu pour le KPD au Reichstag.
Avec de nouveau le déclenchement de luttes entre les ailes dans le KPD en 1925, Schwarz
faisait partie de l’aile “ultragauche” et il commencé par exemple à critiquer l’Union
soviétique en tant qu’État contre-révolutionnaire. Sous Fischer et Maslow, il a été relevé de
ses fonctions dans le parti, et, à la fin de mai 1926, il a été exclu du parti par la nouvelle
direction chapeauté par Ernst Thälmann. Avec Karl Korsch* qui avait également été exclu, il
a formé tout d’abord le groupe de la “Gauche résolue”, mais il s’est brouillé très peu de temps
après avec Korsch et il s’est rapproché du KAPD antiparlementaire, mais il ne l’a pas rejoint
étant donné qu’alors il aurait dû démissionner de son mandat au Reichstag (qu’il détenait en
du groupe parlementaire des communistes de gauche).
Après la perte de son mandat au Reichstag en 1928, Schwarz a repris son métier
d’enseignant et il s’est éloigné de ses positions politiques précédentes ; il était proche du
mouvement Paneuropéen et il travaillé en faveur d’une entente franco-allemande. Après la
prise du pouvoir par le NSDAP, Schwarz s’est enfui d’abord en France en 1933, puis aux
USA en passant par Cuba et le Mexique en 1937. Là, il a pris la nationalité américaine en
1944. Deux années avant sa mort, il a déménagé en Allemagne de l’Ouest où il s’est installé à
Bad Godesberg. Ernst Schwab est mort en 1958 en Angleterre durant un voyage.
SCHWARZ, HERMANN (1891 – ?)
Né à Zweibrücken (Palatinat) ; tourneur, membre du Conseil économique national de l’AAU,
conférencier itinérant.
SCHWARZ, RUDOLF CHRISTIAN FRITZ (9.09.1898 à Berlin – 24.04.1945)
Commerçant et architecte d’intérieur ; en 1937, il habitait Berlin-Charlottenburg, au 8-9
Horstweg ; en 1919, Comité Central des Employés (ZdA), en 1926 ou 1927 SPD ; marié
depuis le 19.11.1936 avec Maria Schwarz née Hollmach ; fréquentation de l’école primaire ;
apprentissage du métier de commerçant, puis a travaillé comme représentant ; en novembre
1916 jusqu’en 1917, service militaire ; membre du conseil d’entreprise dans la société
Hermann Gerson ; 1930-32, trésorier de district dans le SPD : il faisait partie des “Rote
Kämpfer” ; le 15.12.36, il est arrêté, et à partir du 30.12.1936 détention préventive à la prison
de Berlin-Moabit ; le 8.07.1937, il est inculpé et le 22.10.1937 condamné par la Cour royale
de Berlin à un an de prison pour cause d’« infraction à la loi interdisant la reconstitution de
partis politiques » (Js 236/37 49/37) ; exécution de la peine à la prison de Berlin-Tegel ; après
sa libération, de nouveau dans la résistance, il soutenait les travailleurs forcés tchèques et
néerlandais ; le 24.04.45, il est enrôlé dans la “Volkssturm” ; il est tué lors d’un raid aérien le
même jour.
SCHWENN, WILHELM
Marin, organisation à bord, AAU Hambourg ; délégué à la Conférence d’unification de
l’AAU et de l’AAUE en décembre 1931. Durant la conférence, il a défendu une position de
“non-tolérance” vis-à-vis du système capitaliste d’État en Union soviétique : « … les éléments
écartés ou exclus de la III° Internationale tolèrent encore largement la situation en Russie…
Les discours de Staline, l’échelle des salaires, etc., tout cela n'est pas seulement l’expression
qu’en Russie le pouvoir du capital s’est accru, mais c’est également l’expression de la
composition du prolétariat russe. Les rapports sont complètement différents de ceux de
l’Europe occidentale. Les masses si arriérées du prolétariat sont maintenant brusquement
jetées dans des rapports de production tout à fait étrangers. La concurrence de la Russie
n’est possible que parce que les besoins des travailleurs sont encore en général très faibles,
parce que les salaires sont presque inférieurs à ceux des coolies. ». En 1931-1933, il a été
fonctionnaire hambourgeois de la KAU.
SCHWERS, AUGUST
Brême, AAU 1919-1929 ? ; KAPD 1920-32.
SEEMANN, JOHANN [= BERNARD REICHENBACH]
SEIDEL, WILLI
Berlin ; KAPD-Opposition en 1927-1928 au cours de la querelle autour du “cas Schwarz”.
SEIFERT (ou SEYFERT), WALDEMAR VIKTOR
AAU de Saxe orientale, délégué à la III° Conférence de l’AAU à Leipzig (12-14 décembre
1920) ; il y a défendu les positions fédéralistes :
« (Seifert) conteste l'établissement d'un programme uniforme, car les conditions sont
différentes selon les régions économiques. C'est en Saxe orientale que le prolétariat a le plus
progressé. Cela se reflète dans sa négation des partis politiques en général et dans le fait que
les camarades de Saxe orientale ont dépassé les assemblées populaires comme moyen de
propagande bourgeoise. ». Entre 1932 et 1933, il a été membre des “Rote Kämpfer” à
Dresde ; plus tard, il a travaillé dans la clandestinité pour le “Secours rouge”. Il a été arrêté et
inculpé.
SEIWERT, FRANZ WILHELM (9.03.1894 – 1933)
Né à Cologne, élevé de manière catholique dans la maison paysanne familiale. Il a souffert
d'une brûlure incurable aux rayons X dès l'âge de 7 ans et il a déjà été actif avant la Première
Guerre mondiale comme artiste plastique. Il a produit des gravures sur bois, des aquarelles et
des sculptures, puis également des peintures à l'huile. Durant la Guerre, il est entré en relation
avec des révolutionnaires et il a adhéré au “Parti socialiste antinational ”de Franz Pfemfert.
En 1920, il est entré au KAPD. En 1919/20, il s’est lié avec Ret Marut (Otto Feige) qui,
depuis sa fuite au Mexique, est devenu mondialement célèbre sous le nom de B. Traven. Tous
deux ont publié des travaux en commun dans la Ziegelbrenner. Les gravures, mais aussi les
articles, de Seiwert sont surtout parus dans Die Aktion. Entre 1919 et 1923, il a écrit
d’importants essais relatifs à la théorie de la révolution. C’est avec Otto Rühle, Franz
Pfempfert et James Broh, qu’il a rejoint l’AAU-Organisation unitaire (AAUE) dans laquelle il
est demeuré actif en tant qu’adversaire radical de pointe de la République de Weimar. Sa
collaboration sporadique avec l’IAH en 1923, de même que celle, en 1925/26 du fait de
quelques articles, avec l’organe du KPD de Cologne Sozialistische Republik (parmi lesquels
l’une de ses gravures sur bois typiques comme accroche du journal du 1° mai 1925) ne
signifiaient pas un éloignement du communisme de gauche, mais elles ont été une tentative de
gagner en importance politique.
Seiwert faisait partie des critiques radicaux de gauche précoces du bolchevisme bien qu’il se
soit considéré comme communiste. En tant qu’artiste très connu, il est resté fidèle à Die
Aktion et à Pfemfert en leur apportant des contributions. Cette feuille a également publié (à
côté de travaux de Conrad Felixmüller, de Rüdiger, de Berlit, d’Heinrich Hoerle ou de Karl
Holtz) des gravures sur bois de lui faisant titre, par exemple “Klassenkampf” [Lutte de classe]
d’octobre 1922 ou “Ein deutsches Stilleben” [Une nature morte allemande] (avec un casque
sur lequel il y avait une croix gammée) en juin 1924. En 1926, il a rédigé une “Circulaire”
destinée aux “camarades de l’AAU (E)”. À partir d’octobre 1929, il a publié à Cologne avec
Hoerle la revue “a bis z” en tant qu’“Organe du groupe des artistes progressistes”. C’est sous
sa direction de rédaction unique que le dernier numéro de février 1933 a publié sa gravure sur
bois prophétique : “8000 Gefangene” [8000 prisonniers]. Franz W. Seiwert a été épargné par
les persécutions de la dictature nazie étant donné que, gravement malade, il est décédé le 3
juillet 1933.
SENGEBUSCH
KAPD, rédacteur du KAZ, 1924.
SENGSPIEL, alias SCHMID
Rédacteur du KAP, Berlin.
SETZKORN, WILLI [= KARL REINMANN]
SEUFFERT, GREGOR (1889 – ?)
Verrier, KPD, puis membre du KAPD, condamné le 28 juin 1919 pour “complicité dans une
action de haute trahison” par la cour martiale d’Aschaffenburg (Bavière, Basse-Franconie) à
1 an et 6 mois de prison à Niederschönenfeld (Bavière, Danube-Ries) ; relâché fin mars 1922
en liberté conditionnelle.
SIEBENBORN
Essen ; ouvrier, KAPD (tendance Essen), KAI.
SIGRIST, ALBERT [= ALEXANDER SCHWAB]
SILBERMANN
Fonctionnaire du KAPD, Flensburg.
SILBERSTEIN, LEO (1900 – ?)
Contremaître de chantier, Berlin, 1919 KPD et AAU, puis en avril 1920 KAPD, trésorier
national, président des III° et IV° sous-districts (Wedding – Prenzlauer Berg). En 1945,
collaboration avec l’Institut du Journalisme ; en 1947 arrestation, et, après une longue
incarcération, relâché à condition de travailler pour le NKVD dans le GIS de Weiland ; mais il
s’est dévoilé auprès de Weiland*. En février 1949, arrestation et, avec Oskar Hippe et Walter
Haas, condamné à 25 années de prison. Libéré en 1956, a repris contact avec la SWV.
SPINNRATHS (ou SPINNRAD), PETER
Essen ; KPD ; durant l’insurrection de mars 1920 dans la Ruhr, membre du Conseil exécutif.
Il a été chargé de la surveillance du quartier général de la police et il avait détourné les
salaires des travailleurs armés. En avril 1920, il a adhéré au KAPD. Durant le Congrès du
KAPD en août 1920, il a exprimé son mécontentement à propos de la coopération avec les
syndicalistes de l’“Union ouvrière Libre” (FAU) :
« Dans nos organisations de l’AAU, nous avons eu quelques expériences amères avec
l’Union Libre. Il n’a pas été malheureusement possible de clarifier nos points de divergence
dans des discussions objectives. Nous avons dû tracer une nette ligne de séparation avec les
syndicalistes… Rocker et Kater refusent la violence en toutes circonstances. La position du
parti en ce qui concerne l’organisation d’entreprise (BO) est positive. S’il a été déclaré ici
que le parti et les BO devaient former un tout, cela ne se réalisera pas dans la pratique. Nous
avons fait l’expérience qu’aucune politique de parti communiste ne peut être menée à
l’intérieur des BO. ».
STADIE, FRANZ ROBERT (26.04.1900 à Berlin-Lichtenberg – ?)
Ouvrier du bâtiment, habitant à Berlin-Friedrichsfelde, au 80 de Kolonie Bergfrieden, croyant
en Dieu, marié, fréquentation de l’école primaire, puis de l’école des sous-officiers et des
officiers jusqu’en 1919, il a fait partie jusqu’en 1919 du corps franc de Potsdam. Ensuite, il a
travaillé à la Reichpost, puis comme ouvrier du bâtiment jusqu’à son arrestation. Avant la
prise du pouvoir par les nazis, il n’a appartenu à aucun parti, mais il avait adhéré à l’Union
industrielle du Bâtiment et il faisait partie du groupe de Lichtenberg II des “Rote Kämpfer”.
Arrêté le 10.12.1936, mandat d’arrêt du 29.12.1936, détention préventive à Tegel, il a quitté
les RK en 1936 d’après ses propres déclarations.
STAHL [= ARTHUR GOLDSTEIN]
STARKE, ELSE
KAPD-Opposition, Berlin 1927.
STECHERT, KURT (19.09.1906 – 16.06.1958)
En 1933, habitant à Berlin-Wedding (Koloniestrasse) ; élevé dans une famille de travailleurs
de l’industrie, il avait comme métier celui de maître-nageur, ainsi que celui de moniteur
sportif pour les ouvriers. Dans la première moitié des années 20, il a adhéré au SPD, mais il a
été ensuite sous l’influence du KAPD – qui avait à Berlin, après la scission du KPD en 1920,
le nombre de membres de loin le plus important – et il est devenu ultérieurement membre des
“Rote Kämpfer”. À partir de 1931, Stechert les représentait en tant que fraction dans le SAP
avec une position radicale dirigée contre le parlementarisme. C’est pourquoi il a été exclu du
SAP en 1932 pour cause de « comportement portant atteinte à l’organisation ».
En 1926, c’est en tant que compagnon qu’il a effectué des voyages en Allemagne, en
Autriche, en Italie, en Belgique, en Hollande et au Danemark, en Suède et en Suisse. En 1928,
il a étudié à l’université populaire, surtout à Tinz (à côté de Gera), et il a ensuite travaillé
comme journaliste. Il a rédigé de nombreux articles sur ses voyages à bicyclette, avec son sac
à dos, sa tente, sa machine à écrire et sa “gratte”. Du fait de ses récits de voyage, qu’il
qualifiait de “randonnées sociales”, il est devenu connu dans la SAJ et chez les Jeunes
socialistes. Un voyage l’a conduit aussi en Palestine. Lors de ce voyage il est resté plusieurs
mois à la campagne, il a vécu et travaillé dans des kibboutz. Il a raconté ses expériences dans
son livre : “Palestine – Récit d’un non-juif”. Avant sa parution, il a discuté chapitre après
chapitre avec Willy Huhn*, et tous deux ont débattu sur le nationalisme et l’impérialisme au
Proche-Orient. Le texte venait d’être imprimé quand les nazis se sont emparés du pouvoir du
gouvernement en Allemagne ; ils ont saisi le livre et l’ont brûlé. En 1933, il est arrêté par la
Gestapo. Après avoir subi de très mauvais traitements au KZ de Columbia-Haus à Berlin-
Tempelhof, il a eu la chance d’être libéré étant donné qu’un juge d’instruction non-nazi l’avait
exempté de poursuites.
Avant qu’il ait pu être de nouveau arrêté, il a fui à Prague où il a été un collaborateur de la
revue Neue Vorwärts. En 1936, il a quitté la Tchécoslovaquie pour se rendre en Suède car –
contrairement à la Tchécoslovaquie – il y a obtenu un permis de travail et il a pu y travailler
comme journaliste libre et écrivain. L’exil est devenu pour lui une période de « recherche
d’une attitude réaliste par rapport au pouvoir et à la politique de pouvoir » (Stechert). Jetant
un regard en arrière sur l’époque de l’accession imminente au pouvoir des nazis, il en est
arrivé à estimer que le mouvement ouvrier n’avait pas eu de perspective de lutte réaliste pour
empêcher le fascisme. Il a écrit dans “Comment cela a-t-il été possible” :
« Les travailleurs autrichiens se sont mis aussi peu en grève en février 1934 que les
ouvriers allemands en juillet 1932, quand Papen a déposé par un coup de force le
gouvernement prussien Braun-Severing. La cause psychologique profonde de cela semble se
fonder sur le fait que les travailleurs ne croyaient plus à la possibilité de pouvoir donner, par
une action militaire de leur part, une autre tournure aux événements, et qu’ils sentaient et
reconnaissaient en partie même clairement qu’une grande grève se transformerait
immédiatement en lutte armée. Le Schutzbund autrichien, qui du reste ne luttait
qu’épisodiquement, était peut-être moins déprimé que la Reichsbanner. En effet, il était
nettement mieux pourvu d’armes et, étant donné la situation en Autriche, il n’avait pas à
compter avec une hostilité active des nationaux-socialistes. Au contraire, il était au moins
assuré de leur sympathie. De même les communistes, qui étaient peu nombreux, n’étaient pas
un problème pour lui. Malgré cela, des fractions importantes de la “Reichsbanner” et des
ouvriers sociaux-démocrates voulaient répondre par la violence au coup de force de Papen
du 20 juillet 1932. Ils ont attendu le signal de la lutte, bien qu’il ait été hors de question pour
beaucoup d’entre eux que la grève générale, au cas où l’on devrait somme toute recourir à
elle, ne serait en aucun cas possible avec le même degré d'exhaustivité que lors du putsch de
Kapp, et que l'on ne pourrait plus vaincre, mais périr tristement et “avec les honneurs” sur la
barricade. C’était là finalement une question d’arithmétique assez simple. Hindenburg et
Papen avaient la Reichswehr derrière eux. Concernant la police prussienne, seule une partie
d’elle aurait lutté aux côtés de la social-démocratie, l’autre se serait déployée contre elle. De
même le “Stahlhelm”, dont Hindenburg était le président d’honneur, et naturellement
l’ensemble de l’armée national-socialiste de guerre civile. En outre, ni la social-démocratie,
ni les communistes, ne disposaient d’armes lourdes et, du reste, la chute du gouvernement
Braun-Severing était applaudie dans les rassemblements communistes, comme s'il nous avait
rapprochés non pas du fascisme mais de la Russie soviétique… Cependant, il est également
possible de comprendre le 20 juillet 1932 sans cela – les communistes, qui avaient beaucoup
moins “peur du sang”, ne sont pas non plus montés sur les barricades –, mais en principe ce
moment n’a pas joué un rôle négligeable. C'est du reste en partie à cause de l'expérience
qu’elle avait que la réaction, consciente de sa grande supériorité dans ce domaine, qui
s'accroissait par la mécanisation, la centralisation et la spécialisation, a entrepris de
provoquer le mouvement ouvrier jusqu’à ce qu’il s’insurge en prenant les armes. En
particulier, le prolétariat industriel moderne est trop rationnel pour se lancer consciemment
dans combat désespéré, simplement pour vivre “un naufrage dans l’honneur”. Seules des
minorités plus ou moins petites font cela. ».
En 1938, Stechert faisait partie des cofondateurs de la Representation à l’étranger des
Syndicats allemands en Suède. Malgré sa vive critique relative à la politique de l’URSS, il a
adhéré à l’Association Culturelle Allemande Libre qui était sous l’influence du KPD, parce
que, probablement, il espérait atteindre un plus large public en faveur de ses idées concernant
la réorganisation politique de l’Allemagne. Il s’est occupé de la réalisation de projets scolaires
en Allemagne, lesquels cependant ne se sont jamais concrétisés. Ensuite, il a organisé en
Suède centrale une école expérimentale, dotée d’un internat, dans laquelle des jeunes
pouvaient financer leur scolarité en s’employant dans l’industrie locale. L’école était
autogérée et elle se concevait comme une “république de la jeunesse”.
En 1951, Stechert est revenu de l’exil. Comme cependant une plus ample tentative pour
mener en Allemagne un travail d’éducation politique a échoué, il a de nouveau émigré au
milieu des années 50 en Suède. Là-bas, il a travaillé jusqu’à sa mort comme ouvrier
métallurgiste dans une usine de câbles. Ses deux ouvrages les plus connus sont “Dreimal
gegen England” [Trois fois contre l’Angleterre] et “Wie konnte das passieren ?” [Comment
cela a-t-il pu arriver ?]. Après la Seconde Guerre mondial, Stechert et Huhn ont pris des
chemins différents. Max Seydewitz, après le retour de son exil suédois, avait donné à Huhn
des informations sur Stechert, à savoir qu’il s’y était engagé en faveur de la poursuite d’une
lutte défensive des troupes allemandes contre l’armée soviétique, sous la préconisation aussi
bien du “Volkstum” que de la “tactique du Wehrwolf”. Huhn insistait sur le fait que cette
conception lui avait été également confirmée par Stechert. Lors d’une première rencontre des
deux hommes, il avait aussi traité son “luxemburgisme” de bêtise de jeunesse. Huhn
résumait : son antibolchevisme était devenu de l’anti-communisme commun. « Nous étions
devenus amis et nous ne possédions plus aucune position commune. Affligé, j’ai dû constater
que, comme Bernhard Reichenbach à Londres et Helmut Wagner à New York, il avait
succombé aux influences du pays d’émigration ». Huhn ajoutait : « Lors de son dernier coup
de fil (1957/58), il exprimait également son intention de postuler au poste d’“officier de
formation” dans la Bundeswehr. ».
Dans “Wie konnte das passieren ?”, Stechert affirmait qu’il n’y avait pas eu à l’époque
d’alternative à la convergence avec des forces bourgeoises. D’importantes fractions modernes
du capital, qui auraient eu des réserves à l’égard de l’irrationalisme raciste du mouvement
d’Hitler, auraient été prêtes à une telle alliance. La social-démocratie suédoise, qui avait posé
à l’époque les bases du compromis de classe historique du modèle suédois, l’avait
certainement influencé dans cette façon de penser. Kurt Stechert a succombé à 51 ans à une
maladie cardiaque à Stockholm.
STEFFEN, KURT (23.09.1904 – 9.10.1968)
Berlin ; outilleur, né à Berlin, fil d’un ferronnier d’art. De 1919 jusqu’en 1922, il a fait partie
de la FSJ, puis de la KAJ, l’organisation de la jeunesse du KAPD. Après 1923, il a adhéré à
la KJD et en 1925 au KPD. Responsable de la direction du district de Berlin-Brandebourg, à
partir de 1928, il est l’auteur indépendant d’histoires courtes pour le Rote Fahne, le Berlin am
Morgen et le Linkskurve. En 1932, il est devenu le 2° secrétaire du BPRS qui était sous
influence du KPD. Après 1933, membre d’un groupe illégal du BPRS sous la direction de
Hans Schwalm* (Jan Petersen), un ancien membre du KAPD. À partir de 1935, il a été luimême
dirigeant du groupe et il faisait partie de la direction illégale du sous-district de Berlin-
Weissensee. Steffen a été arrêté le 8 octobre 1935 et condamné par le Tribunal supérieur de
Berlin à six années de prison. En novembre 1941, il a été libéré de la prison de Sonnenburg.
De 1946 à 1948, président du SED de Berlin-Weissensee et, de 1949 à 1953, conseiller au
Service de l’information de la RDA, puis lecteur à la maison d’édition Neues Leben. Kurt
Steffen est mort en 1968 à Berlin-Est.
STENDACH, GEORG (8.02.1898 – ?)
Serrurier, Eberfeld, en mars 1920 Armée rouge de la Ruhr, membre du Comité d’action
d’Eberfeld, gauche du KPD, en avril 1920 KAPD. En 1935, poursuivi comme combattant de
la résistance d’un groupe du KPD à Wuppertal ; il s’est enfui en Hollande pour y continuer
l’activité du Secours Rouge ; il a été condamné le 19 décembre 1944 à 12 années de prison.
STEPHAN, RICHARD (1901 ? – 1947 ?)
Berlin ; avant 1933, fonctionnaire du KAPD ou de la KAU, 1946 SED, chef des opérations
pour la jeunesse dans l’Agence pour l’emploi de Wedding, faisait partie du cercle d’Alfred
Weiland*. Sa femme dirigeait le ménage de Margot Honecker, la femme d’Eich Honecker.
Mort dans camp spécial du NKVD n° 1, Bad Liebenwerda-Neuburxdorf (Elbe-Elster) ?
STERN, PAUL
Berlin, fonctionnaire de la KAJ, l’organisation de la jeunesse du KAPD ; en 1924, Comité du
Travail National (RAA).
STERZING, EMIL, alias STÖRZING ?
KAPD Gotha (Thuringe), délégué au Congrès du KAPD de septembre 1921 au cours duquel
il aborde la question suivante : « Le parti est faible dans de nombreux districts et en
particulier en Saxe. C'est pourquoi la tâche des jeunes, qui disposent également de forces
capables au sein du parti, est de maintenir ces forces dans le parti ».
STREICH
7, Scheffelstrasse ; il représentait la banlieue ouest de Brême dans le comité local de l’AAU.
STROHMEYER, ROBERT (5.03.1896 – ?)
Kiel (85, Elisabethstrasse) ; plus tard Wilhelmshaven : né dans une famille bourgeoise de
Kiel, fils d’un correspondant de journal ; janvier 1919 KPD, avril 1920 KAPD, lien avec la
KAZ ; mars 1922 exclu du parti, il a adhéré à la tendance Essen.
SULA, KARL
Berlin-Neukölln ; vraisemblablement sympathisant du mouvement Unioniste, « responsable
du contenu » de quelques brochures du KAPD et du KAZ, Berlin.
SWITTALA, ANTON (1896 – 1970), alias EMIL WERNER
AAUD Hambourg, janvier1909 – janvier 1920. Ouvrier portuaire, 1919-1920 AAUD,
décembre 1920 KPD, octobre 1927 secrétaire du sous-district prolétarien de Hambourg-
Barmbek, 1931 École militaire soviétique à Moscou, puis direction du district de
Wasserkante ; 1935 URSS, instructeur militaire à Leningrad ; mai 1937-1939 brigadiste en
Espagne. En mai 1945, retour dans la Zone d’occupation soviétique en tant que membre du
Groupe d’initiative Gustav Sobottka ; plus tard général de division et inspecteur en chef de la
Police populaire (VP) de la RDA.
TÄUBER, MAX ?
Friedrichsort-Pries (Kiel) ; fonctionnaire du KAPD
THIEMANN, GERHARD
KAPD, Bitterfeld-Werdau, chômeur ; au cours de l‘action de Mars 1921, il a dirigé, en tant
que membre du KAPD, une compagnie d’ouvriers (150 hommes) qui s’est emparée de l’hôtel
de ville de Bitterfeld et qui y a occupé le tribunal d’instance, la poste et la gare. Le 29 mars, la
troupe, sur ordre de la direction des combats, s’est mise en route vers Leuna. Max Hölz en a
pris le commandement sans contestation et il a mené les 400 à 500 hommes autour de Halle
vers l’est, où ils ont été arrêtés et mis en déroute le 1° avril par des unités de la police à
Beesenstedt. Deux communistes sont morts lorsque la police a pris le 29 mars la “direction
des combats” à Halle. Max Hölz se souvenait : durant les combats, Thieman a été
« extrêmement courageux. Il ne s’accordait aucun moment de repos, il était toujours à son
poste et son bon exemple avait un effet d’encouragement sur la troupe. J’avais appris à aimer
et à estimer Thielmann durant les quelques jours où j’ai combattu avec lui. Il était le type du
prolétaire simple, désintéressé et brave jusqu’au sacrifice de sa vie. ».
Le 24 décembre 1921, il a envoyé à Petre Utzelmann* et à Bodislaus Müller*, tous deux
enfermés à la prison de Lichtenburg, cette adresse : « À tous les camarades de classe
prolétaires » :
« Le putsch de Kapp est désormais “expié” par cinq années de prison. Pour l’expiation de
l’insurrection de Mars, ce sont environ 3 000 années de peines prison qui devaient être
infligées. Prolétaires ! Nous ne pouvons être acquittés que si nous nous acquittons nousmêmes.
Ce prolétariat – et nous sommes une partie du prolétariat – ne peut être libéré que
par le prolétariat. Nous n’attendons pas solidarité et aide des partis, mais de la classe
ouvrière d’Allemagne. Si vous nous refusez cela, nous mourrons de honte pour vous. ».
THIESSEN [= JOHANNES GRAUDENZ)
THOMAS, ARTHUR
Düsseldorf, KPD ; 1920 KAPD. C’est après l’insurrection de la Ruhr qu’il a adhéré au
KAPD ; il a été l’un des dirigeants de cette insurrection avec Carl Minster*, Alfred Schroer*
(Essen), Peter Spinnraths (Essen), Otto Bovensiepen (Mülheim), Oskar Nickel* (Mülheim),
Georg Stendebach* (Elberfeld) et Karl Ensmann (Elberfeld).
THYSSEN, JULIUS
Berlin-Moabit ; KAPD/AAU ; aux environs de 1928, rupture avec le KAPD et l’AAU ;
ensuite 1931-1933 KAU. Après 1945-46, relation politique avec Alfred Weiland et le GIS.
TIETZ, WILHEM (1906 – ?)
Infirmier, Berlin-Lichtenberg, à partir de 1924, KAD/AAU ; à la fin des années 20, rédacteur
du KAZ et du Kampfruf ; en 1932, en tant que rédacteur responsable, condamné à une brève
peine de prison ; après 1933, travail illégal dans le groupe des “Rote Kämpfer”. À partir de
1945, SED, membre actif du GIS à Berlin-Lichtenberg, et après 1949, responsable d'entrepôt
dans la maison d'hôtes de la RDA. Le 23 mars 1951, il a été arrêté avec Adam Metzger* à
Berlin-Est. Libéré, il est resté en relation amicale avec son ancien camarade des RK et « il
discutait avec lui pendant des heures de la révolution mondiale ».
TOMBROCK, CHRISTIAN JOHANN (21.08.1895 – 18.08.1966) RUDOLF, alias
TOMBROCK HANS, SERVUS
Peintre en bâtiment, remorqueur, moussaillon, métallo, peintre, Hörde (Dortmund), KPD, puis
sympathisant du KAPD, désigné comme “indic de la Reichswehr” (selon Erhard Lucas),
vraisemblablement calomnié par des gens du KPD. En 1918, il a déserté en tant que matelot
de la Kriegsmarine et il participé à la révolution de Novembre à Kiel. À la fin de la guerre, il a
adhéré au Parti Communiste (Ligue Spartacus). Pendant les troubles de la Ruhr en 1919, il a
été arrêté en tant qu’“instigateur des spartakistes”. En 1920, il a pris part aux combats armés
contre le putsch de Kapp et il est entré avec l’Armée rouge dans Dortmund ; ensuite il a été
condamné à une longue peine qui a été raccourcie, mais il resté en prison jusqu’en 1924. C’est
en tant que vagabond et artiste que Tombrock a publié en 1928 son premier travail important :
die Vagabundmappe [Le dossier des vagabonds]. Il est devenu le peintre et le dessinateur le
plus important du groupe “Fraternité des vagabonds” (1927-1933). En 1933, il a fui devant les
nazis en Suisse, puis en Suède, où il a appris à connaître en 1939 Bertold Brecht et il a illustré
la pièce de Brecht “La vie de Galilée”. En 1949, Tombrock s’est rendu en RDA et il y a
enseigné l’art à Weimar. De 1952 à 1953, il a été enseignant à l’Université des Arts appliqués
à Berlin-Weissensee, où Brecht vivait depuis 1949. En 1953, Tombrock a quitté l’Allemagne
de l’Est et il est passé avec une grande partie des élèves à l’Ouest. Il y a vécu et travaillé
comme artiste libre à Hambourg, à Dortmund et à Stuttgart.
TRAUPE, OTTO
Brême, Glogauer Strasse, n° 26 ; en 1919, membre du Comité local de l’AAU pour le quartier
Gröpelingen de Brême.
UHLEMANN, GEORG
Berlin ; sympathisant ou membré de la KAJ.
UNGER, ERWIN ERNST (13.01.1913 à Berlin Neukölln – ?)
En 1937, il vivait à Berlin-Charlottenburg, au 42 Kleiststrasse dans sa famille, avec son père
Hermann Unger, menuisier ; ll s’est marié avec Anni Unger ; fréquentation de l’école
publique de Berlin, en 1927-31 apprentissage pour le métier de tailleur, et travaillant en tant
que coupeur ; en avril-octobre 1935 RAD ; il faisait partie des “Rote Kämpfer” ; il a travaillé
avec Karl Schröder*, Kurt Hess* et Hugo Broecker* ; le 2.12.36 arrêté ; à partir du 30.12.36
en détention provisoire dans la prison de Berlin-Moabit, mis en accusation le 8.07.37 et
condamné le 22.10.37 par la Cour royale de Berlin à un an ¼ de prison pour cause
d’« infraction à la loi interdisant la reconstitution de partis politiques » (Js 236/37 49/37) ;
exécution de la peine à la prison de Berlin-Tegel ; incorporé à la Wehrmacht, il a été fait
prisonnier de guerre ; libéré en octobre 1947.
UNGER, FR.
10 Stephanitorswallstrasse ; il a représenté l’Altstadt dans le Comité local de l’AAU de
Brême en 1919.
UTZELMANN, FRANZ PETER (1.05.1895 – 8.05.1972), alias KEMPIN
Né à Berlin; menuisier, dans le SPD depuis 1913 ; momentanément à Hambourg, puis six
années de navigation (1912-1918). En 1915, incorporé à la Kriegsmarine, il rejoint la division
des marins à Wilhelmshaven ; en mars 1917 envoyé en Flandres et, en 1918, à Kiel en raison
de son “tempérament qui n’était pas irréprochable”. En novembre1918, participation active à
l’insurrection des marins ; mi-novembre il se retrouve à la Division de la marine du peuple à
Berlin. Membre de la Ligue Spartacus et du KPD, aux combats de janvier 1919 desquels il
participe. Avec la majorité des communistes de Berlin, il faisait partie de l’aile gauche. En
avril 1920, il a été l’un des cofondateurs du KAPD dans lequel il a exercé des fonctions de
direction. Travaillant, en tant qu’éditeur à Halle, en Allemagne centrale, à la création du
KAPD et de l’AAU, il a été sous le pseudonyme de KEMPIN (avec Max Prenzlow* et
Gerhard Thiemann*) le dirigeant du KAPD lors de l’action de Mars, en particulier dans les
usines de Leuna. Utzelmann et Prenzlow ne savaient rien en ce qui concerne l’approbation par
la Centrale de Berlin du KAPD des mots d’ordre d’insurrection du VKPD et du Komintern ;
sur la base de leur connaissance de la situation, dans la zone industrielle d’Allemagne
centrale, ils considéraient une tentative d’insurrection comme “insensée” et ils ne voulaient
pas aller au-delà de la grève générale. Ils condamnaient, ainsi qu’Otto Rühle* le faisait, la
manière d’agir de Max Hoelz* de la façon la plus vive. Ce n’est qu’après l’échec de l’action
de Mars que KEMPIN a été qualifié d’espion par la presse du KPD (Volkszeitung, 8 avril
1921 : “La légende du coup de poignard communiste”). Plus tard, dans son autobiographie,
Max Hölz affirmait : « Le camarade Kempin-Utzelmann des usines de Leuna semble faire
siennes les thèses d’Otto Rühle. Le maintien des ouvriers armés dans les usines de Leuna a
été, c’est peu de le dire, une faute irresponsable qui s’est vengé durement. ». Plus tard, en
1946, Utzelmann a fourni une autre raison pour la défaite du prolétariat en Allemagne
centrale : l’immaturité d’un jeune prolétariat :
« Cela montre clairement le fait d'un jeune prolétariat industriel, presque sans expérience
de guerre et d'avant-guerre et avec une base intellectuelle faible… Seule une politique très
claire et exempte de toute illusion pouvait éviter de lourdes défaites… La lutte ne pouvait
s’achever victorieusement que si elle était menée sur toute la ligne et seulement
provisoirement pour un seul but. ».
Le 21 juin 1921, Utzelmann a été condamné par le Tribunal spécial de Halle à une peine de
prison à vie pour cause de « haute trahison et d’avoir incité à des actions criminelles ». Il a été
libéré en 1922 grâce à une amnistie, il s’est séparé du KAPD en 1923, a adhéré au KPD et il a
été jusqu’en 1924 employé de la représentation commerciale soviétique à Berlin. En 1926 il a
quitté le KPD pour protester contre la politique du parti et il a rejoint en 1928 l’Association
des Sciences Sociales (SWV) dirigée par Paul Levi ; il est entré de nouveau au SPD dont il a
été cependant exclu en 1932 parce qu’il avait participé à la création des “Rote Kämpfer”. À
partir de 1930, il a été représentant de commerce et membre de l’Association des Ouvriers du
bois. Après 1933, il a mené un travail illégal pour la SWV et les “Rote Kämpfer”. Le 26
novembre 1936, il a été arrêté et le 7 mars 1938 condamné par le Tribunal supérieur de Berlin
à trois et demi de prison. Il a été interné jusqu’en juin 1940 à la prison de Brandebourg et il a
travaillé ensuite comme dirigeant d’entreprise après sa libération.
En 1945, il est devenu chef de département dans la magistrature du Grand-Berlin. Il est
entré au KPD/SED et, en décembre 1945, il était éditeur à la radio de Berlin. Utzelmann
entretenait d’étroits contacts avec l’Administration Militaire Soviétique en Allemagne
(SMAD), mais il critiquait ouvertement la politique de l’Union soviétique et la direction du
SED. À l’été 1948, il est devenu collaborateur de la Commission Économique Allemande, et,
en tant que directeur principal, responsable du contrôle de l’industrie du bois pour les Länder
du Brandebourg et du Mecklembourg. À cause de son hostilité envers le SED, il a été accusé
ensuite de corruption et d’abus de pouvoir. Il en a résulté l’exclusion du SED qui a été suivie
par une mise en détention de mai à novembre 1949. De nouveau libre, il s’est enfui en mars
1950 à Berlin-Ouest. En octobre 1950, il a été condamné en son absence par le Tribunal
régional d’Eberswalde à deux années de prison pour cause d’“infraction aux règles de
change” (sic). Utzelmann s’est engagé à Berlin-Ouest sans le SWV nouvellement créé ainsi
que dans l’Association Liberté et Droit (BFR), qui était une association de victimes
“antitotalitaire manipulée par la CIA”. Franz Peter Utzelmann est mort le 8 mai 1972 à
Berlin-Ouest.
VATER, ALBERT (17.03.1859 – 8.02.1923)
Fils d’un cloutier de Soldin dans le Neumark, il a appris le métier du père, il s’est établi à la
fin des années 80 à Magdebourg et il a travaillé comme forgeron. Durant les Lois contre les
socialistes, il a fait partie de l’organisation social-démocrate illégale “Copra” ; il a acquis en
1900 l’auberge “Bürgerhalle” et il a d’abord fondé à Magdebourg-Buckau son propre parti,
mais il a adhéré peu après de nouveau au SPD. Vater mettait ses locaux à la disposition du
parti et des syndicats. Grâce à des achats de terrains avantageux, il est parvenu à une certaine
aisance (jusqu’à l’inflation). À partir de 1909, il a été conseiller municipal de Magdebourg-
Sudenburg. Dans le SPD de Magdebourg, il faisait parie de la gauche et, durant la Guerre
mondiale, il s’est opposé à la majorité social-démocrate. En 1917, il a adhéré à l’USPD et il
appartenait en novembre 1918 au conseil des ouvriers et des soldats de Magdebourg. Jusqu’en
avril 1919, président de la police de Magdebourg, Vater est devenu en février 1919
cofondateur du KPD et il a été le premier dirigeant du district de Magdebourg-Anhalt. C’est
sur son terrain que se trouvaient les bureaux de la direction du district. Après l’occupation par
les troupes du général Maercker, Albert Vater a disparu. Comme la majorité du parti de
Magdebourg, il a fait provisoirement partie du KAPD. En février 1921, il a été arrêté et
accusé de haute trahison (“Formation de bandes armées”). Le procès s’est terminé par un
acquittement. Dans les dernières années de sa vie, très malade et sourd, il est revenu en mai
1921 comme secrétaire du VKPD et dirigeant du district de Magdebourg pour ce parti. Des
inquiétudes existentielles croissantes et une nouvelle détérioration de sa santé poussent Albert
Vater à se suicider dans la gare de Halle dans la nuit du 7 au 8 février 1923.
VETTERMANN, MAX (11.10.1878 – 20.07.1937)
Né à Schönau, près de Chemnitz ; ajusteur ; depuis 1910 membre du SPD. Durant la Guerre
mondiale, il joue, avec Heinrich Brandler et Fritz Eckert, un rôle important à Chemnitz dans
le Groupe Spartacus. Délégué au Congrès constitutif du KPD, l’un des fondateur du KPD
dans les Erzgebirge ; en 1919, secrétaire du KPD de Chemnitz ; en 1920-21, AAU.
Vettermann a été pendant plusieurs années le chef de l’organisation du district des
Erzgebirge-Vogtland et il a été élu par la VII° Congrès d’Iéna en 1921 au Comité central du
KPD et au VIII° Congrès de Leipzig en 1923 à la Commission des plaintes et de la révision.
Il faisait partie de l’aile droite du parti. C’est pourquoi il a été remplacé en à la mi-1924 en
tant que chef de l’organisation, mais il est resté encore pendant quelques semaines secrétaire
aux Affaires syndicales et il a conservé ensuite des positions subordonnées (Secours rouge,
etc.). Au début de 1929, il a été exclu du KPD, il a adhéré au KPO et il est devenu dirigeant
du district des Erzgebirge. Il y a eu une grande agitation en avril 1929 lorsque Vettermann,
l’un des plus vieux combattants du KPD, a été roué de coups et sévèrement blessé dans une
réunion par des staliniens du KPD et du RFB. Jusqu’en 1933, encore actif dans le KPO, puis
il est entré en résistance contre le regime nazi. Max Vettermann est mort le 20 juillet 1937 à
l’hôpital de Rabenstein.
VINK, ARTHUR
AAU/KAP Solingen (Dusseldorf).
VINOKOUROV [= HANS PETERMEIER]
VOGEL, HERBERT, alias BAUMGART
KAPD Berlin-Neukölln, ami proche d’Alfred Weiland*, KAPD/AAU 1920-1929 ?, 1931-
1934? KAU; après 1946, membre des SVW.
VOGEL, MARGARETE JOHANNA WILHELMINE, puis BECKER (24.02.1915 – ?)
Habitant à Berlin-Steglitz, au 8 Karl Stiehler-Strasse ; fille d’un maître boulanger qui avait dû
abandonner son affaire ; fréquentation du Lorenz-Lyzeum, de l’Auguste-Viktoria-Schule, et
de l’École supérieure de Commerce ; elle a ensuite travaillé comme sténotypiste ; elle a
adhéré en février 1933 à la SDAJ, et elle a échappé à la police nazie en tant qu'“immigrante
brandebourgeoise”. Vogel a fait partie des “Rote Kämpfer”, et c’est pourquoi elle a été arrêtée
le 26.11.1936 et incarcérée le 30.12.1936 en détention provisoire à la prison de Berlin-
Moabit. Le 8.07.1937, elle a été mise en accusation et condamnée le 22.10.1937 par la Cour
royale de Berlin à 1 an de prison pour cause d’« infraction à la loi interdisant la
reconstitution de partis politiques » (Js 236/37 49/37) ; le 14.09.1938, le “Tribunal
disciplinaire du Front allemand du travail” a imposé une exclusion de deux ans et une
interdiction d'exercer une fonction pour violation de l'article 2, paragraphe I, du code
disciplinaire du DAF.
VOGELER, HEINRICH (12.12.1872 – 14.06.1942)
Artiste, après ses études d’art il a acheté le 189 Barkenhoff ; 1919 KPD, 1920 AAU ; né à
Brême, fils d’un commerçant et grossiste en quincaillerie. Il a dû entamer un apprentissage
commercial, mais il est tombé gravement malade et il a pu, de 1890 à 1895, selon ses voeux,
étudier à l’Académie d’art de Dusseldorf. Il a ensuite fait partie de l’Association d’artistes
Worpswede. C’est là qu’il a acheté le Barkenhoff qu’il a transformé jusqu’en 1914 en un
centre culturel. C’est dans ce centre qu’ont agi entre autres Rainer Maria Rilke, Paula Becker
et Otto Moderson, de même que Martha Schröder (1879-1961) qu’il a épousée en 1901.
Vogeler est devenu, à partir de 1901, l’un des principaux artistes du Jugendstil. En 1914, il
s’est déclaré volontaire pour la guerre, il a été engagé comme observateur, mais il s’est
transformé en 1917 en opposant à la guerre. Lors d’une permission en 1918, il a adressé un
appel pour la paix à l’Empereur et il a été envoyé immédiatement dans un asile d’aliénés.
En 1918, il est élu au conseil des ouvriers et des soldats d’Osterholz. Par la suite, il a
transformé le Barkenhoff en une commune du travail avec une école du travail. Jusqu’en
1920, il a fait partie pendant peu de temps du KPD, il a été très proche de Franz Pfempfert* à
la revue (Die Aktion) duquel il a collaboré. En 1920, il a rejoint la KAPD et il a été actif dans
l’AAU syndicaliste. Vogeler est passé du Jugendstil à l’Art moderne et il a écrit des livres,
entre autres : “La liberté de l’amour dans la société communiste”.
En septembre 1919, il faisait partie des fondateurs du “Bund für Proletarische Kultur” (qui a
éclaté déjà en 1921) et il s’est engagé en faveur du “Proletkult”. Dans cette organisation
communiste précoce, travaillaient aussi bien des communistes que des anarchistes et des
syndicalistes : à côté de Vogeler, étaient actifs des artistes communistes radicaux qui n’ont
joué par la suite aucun rôle dans le KPD, comme par exemple Hermann Schüller (1893-1948),
qui, avec Erwin Piscator (1893-1966), a aussi organisé le “Proletarische Theater” à Berlin.
Arthur Holitscher (1869-1941), Max Barthel (1893-1975) et Ludwig Rubiner (1882-1920) ont
été eux aussi membres du Bund für Proletarische Kultur. Vogeler était en même temps lié
avec Oskar Kanehl*, Max Hermann-Neisse (1886-1941), Franz W. Seiwert*, et beaucoup
d’autres, qui, comme Edward Fuchs, Adam Scharrer* et Franz Jung*, ont bientôt également
rompu avec le communisme de parti. À l’été 1920, Martha Vogeler s’était séparée de lui et
elle vivait avec Ludwig Bäumer. En 1920, Vogeler a voyagé avec sa future femme Sonja
Marchlewskaja (1898-1983), la fille de Julian Marchlewski, pour la première fois en Union
soviétique et il a de nouveau adhéré au KPD en 1924. Il a laissé le Barkenhoff, qu’il avait
décoré de ses fresques aussi célèbres que contestées, au Secours rouge pour devenir un foyer
pour enfants. Entre-temps devenu un artiste renommé, Vogeler a fait partie en 1928 des
fondateurs de l’“Association des Artistes Plastiques Révolutionnaires”. Le prétendu tournant
“ultragauche” du KPD en 1929 a entraîné des exclusions dans toutes les organisations
communistes annexes, en particulier dans le Secours rouge avec lequel Vogeler était en
relation étroite. Ses alliés, par exemple Eduard Fuchs ou le secrétaire général du RHD, Jakob
Schloer, ont perdu leurs fonctions, ont été exclus du parti et ont rejoint le KPO. Étant donné
que Vogeler s’est solidarisé avec les vieux communistes du KPO, il a été lui aussi exclu du
KPD en 1929 et comme d'habitude vilipendé. Il a certes gardé des relations étroites avec le
KPO, mais il n’était plus politiquement organisé.
Durant l’été de 1933, Vogeler s’est installé en Union soviétique où il a travaillé dans le
domaine artistique ; il a entrepris de nombreux voyages prolongés en URSS et il vivait des
expositions de ses oeuvres, par exemple de ses “Images complexes”. Après 1933, il s’est
engagé politiquement contre la dictature-NS en Allemagne. Durant les épurations staliniennes
il n’a pas été arrêté, mais il a survécu dans la pauvreté. À l’automne 1941, Vogeler a été
évacué au Kazakhstan, où il a subi cet exil, déjà en phase terminale, dans de terribles
privations. Ce n’est qu’en mai 1942 qu’il a été admis à l’hôpital” du kolkhoze “Budjonny”
dans lequel Heinrich Vogeler est mort le 14 juin.
Sa fille Marie Luise (Mieke) (1901-1945) a été la femme de Gustav Regler. Le fils, Jan
Vogeler (1923-2005), né à Moscou de son mariage avec Sonja Marchlewskaja, est entré à
l’école du Komintern, a été soldat de l’Armée rouge au cours de la Seconde Guerre mondiale,
puis professeur de philosophie à l’Université Lomonossov de Moscou ; il a déménagé plus
tard en Allemagne, où il est mort à Worpswede.
VOIGT, FRITZ (24.04.1901 – 1972 ?)
Naumburg (Saxe-Anhalt) ; maçon, participe à la révolution de Novembre à Kiel. En 1919, de
retour à Naumburg, membre de la Ligue Spartacus. En mars 1920 (putsch de Kapp),
arrestation, condamnation à 1 an et 9 mois de prison ; amnistié, il prend part en mars 1921 à
l’insurrection de Leuna. 1920-1922 KAPD, 1923 KPD, puis RFB (Association Rouge des
Combattants du Front), mouvement de libres penseurs. À partir du 18 avril 1945, Voigt a été
engagé, sur la suggestion de la Coalition “antifa”, dans l’administration locale de la police à
Naumburg. Par la suite, chef de la police. En 1947, il a quitté la police en tant que lieutenant.
Il a refusé sa réaffectation à cause d’une grave maladie (tuberculose pulmonaire). Ensuite, il
occupe des fonctions dans le parti (SED, direction locale et de district). Plus tard, il a travaillé
à plein temps pendant deux années au MfS (Stasi).
VOIGT, KARL
Berlin-Sud, KAPD
VOSS, E.
AAUE, responsable juridique de la revue bimensuelle Die Einheitsfront, Berlin.
VOSS, PAUL (1916 – 1934)
Plus jeune ami d’Alfred Weiland* et membre de la KAU. Assassiné par la SA dans le KZ de
Columbia-Haus (Berlin, Tempelhofer Feld). La Columbia-Haus a été le 1° KZ de Berlin –
encore avant la création du KZ de Sachsenhausen, près d’Oranienburg. Il relevait de la
Gestapo. Les prisonniers étaient humiliés, maltraités, torturés, par les gardes de la SS, et un
nombre inconnu d’entre eux a été assassiné.
WAGNER, RUDOLF HELMUT [HELMUT], (5.08.1904 – 22.04.1989), alias RUDOLF
SPRENGER, H. W., H. R. WAGNER, S. P.
Né à Dresde; à l’origine mécanicien, il a pris part dans les années 20 aux combats du
mouvement ouvrier saxon radical, mais non “bolchevik”. Le chômage l’a contraint à effectuer
une formation professionnelle complémentaire. En 1925, il est passé à l’éducation des adultes.
Politiquement, il se trouvait à l’aile gauche la plus extrême des Jeunes socialistes, et il a
même été temporairement leur président de Land. Karl Schröder* était le mentor de Wagner.
C’est grâce à lui qu’il a établi la relation avec les communistes des conseils de la première
génération. Schröder, qui s’était engagé à ce moment-là dans le travail de formation des
jeunes socialistes, a mis sur pied avec Wagner à partir de 1928 le cercle communiste des
conseils bien implanté sur le plan de l’organisation et très fort sur le plan des effectifs, les
Rote Kämpfer. Les Rote Kämpfer constituaient la tentative, après l’affaiblissement de la
première vague du communisme des conseils à la suite de la création du KAPD, de s’ancrer
de nouveau dans les organisations de masse du mouvement ouvrier et de sauver les noyaux
capables d’agir malgré la dictature NS. Wagner était l’un de leurs protagonistes essentiels.
Son texte programmatique de cette époque-là était l’essai : “Organisation et classe” qui était
encore influencé par l’idee selon laquelle l’on pouvait espérer une régénération du parti à
partir du bas. Lors de la Conférence nationale des Jeunes socialistes à Pâques 1931, il est
apparu comme l’orateur de l’aile gauche radicale et il a été l’un des initiateurs du service
d’ordre de la Jeunesse prolétarienne. Wagner était responsable de nombreuses publications
culturelles et éducatives (“Geschlecht und Gesellschaft”, 1928 ; “Das Wesen der
Geschlechtsliebe, 1930 ; “Sport und Arbeitersport”, 1931). Il a été également l‘auteur du
programme d’action du Groupe des socialistes révolutionnaires” qui a été discuté le 22
septembre 1931 au cours de la Conférence exceptionnelle de l’Opposition du SPD à Dresde.
Une semaine plus tard, le 29 septembre, il a été exclu du SPD. Il a ensuite rédigé (seul ou
avec l’aide de Karl Schröder) les thèses sur le bolchevisme qui ont été publiées en août 1934
à Amsterdam par le GIK. Les bolcheviks y étaient caractérisés comme “bourgeois” et la
Révolution russe comme une révolution “uniquement bourgeoise” :
« Thèse 45. Durant la période révolutionnaire, la politique des bolcheviks elle-même atteint
son paroxysme : s’emparer et maîtriser les forces sociales de la révolution russe. Elle
parvient au sommet de sa tactique révolutionnaire dans la préparation et l’exécution de
l’insurrection armée. Pour les bolcheviks, la question d’un soulèvement violent est devenue
une question d’action militaire précise et planifiée, le Parti bolchevik et ses formations
militaires en constituant la force motrice et déterminante principale. La conception, la
préparation et l’exécution, du soulèvement armé par les bolcheviks portent clairement la
marque de la seule politique possible de la conspiration jacobine dans la révolution russe,
c’est-à-dire le soulèvement dans les conditions particulières de l’exécution de la révolution
bourgeoise contre la bourgeoisie. ».
« Thèse 46. Le caractère intrinsèque de la Révolution bolchevique, révolution bourgeoise,
transparaît dans les mots d'ordre économiques de cette révolution elle-même. Face aux
masses paysannes, les bolcheviks prônaient de la manière la plus radicale l'appropriation
forcée des domaines féodaux par l'action spontanée de la paysannerie avide de terres. Dans
leur pratique agraire et leurs mots d'ordre paysans (la paix et la terre), ils exprimaient
pleinement les intérêts des paysans luttant pour la petite propriété privée, c'est-à-dire selon
des principes capitalistes, et se faisaient ainsi les défenseurs inconditionnels des intérêts des
petits capitalistes, et non des socialistes-prolétariens, contre la grande propriété féodale et
capitaliste dans la question agraire. ».
À la fin de 1934, Wagner s’est enfui en Suisse. Il a été déchu de la citoyenneté allemande. À
Zurich, il a édité la revue Der Internationaler Beobachter qui était avant tout un service
d’informations social-démocrate de gauche. Il a développé sa critique du bolchevisme dans un
manuscrit de 700 pages qui est resté non publié ; “Les fondements de la politique de
puissance bolchevique. Pour une sociologie du bolchevisme” (l’original se trouve dans les
Archives sociales suisses). Pendant la guerre civile d’Espagne, il a écrit entre autres un article
critique sur l’anarchosyndicalisme et sur ses réalisations concrètes. Il en est venu à la
conclusion suivante :
« … les bolcheviks apportent une réponse, même très concrète, à la question de
l’organisation technique ; ils prônent une centralisation absolue sous la direction d’un
appareil dictatorial. Les syndicalistes, en revanche, aspirant à l’“indépendance des
entreprises individuelles”, ne savent même pas comment résoudre ce problème. S’ils
contribuent concrètement à sa solution, ils le font en abandonnant le droit des travailleurs à
disposer d’eux-mêmes. Car le droit des travailleurs à disposer d’eux-mêmes sur les
entreprises et la centralisation de la gestion de la production ne peuvent pas être combinés
tant que les fondements du capitalisme, l’économie monétaire et marchande, n’ont pas été
détruits et qu’un nouvel ordre fondé sur la durée moyenne sociale du travail n’a pas été
instauré. Les travailleurs ne peuvent attendre des partis l’instauration de ce dernier ; elle
requiert leur propre action. ».
Dans son exil suisse, il s’est occupé d’études sociologiques et il a travaillé comme
technicien dans l’armée suisse. En 1940, il est parti pour les USA. C’est sous le pseudonyme
de Rudolf Spengler qu’il a publié en langue anglaise un extrait de sa sociologie du
bolchevisme. Après son émigration il a d’abord travaillé comme outilleur. Au cours des
années 1940, il a perdu de plus en plus ses relations avec le milieu communiste des conseils
pour finalement ne plus en avoir. Dans un échange confidentiel de lettres au cours des années
1946/47 entre Wagner et d’autres vétérans du communisme des conseils (entre autres Mattick
et Pannekoek), ils ont lutté pour se comprendre eux-mêmes, avec le résultat que Wagner, sans
jamais se rétracter publiquement, s’est décidé de ne plus continuer à participer au débat sur le
communisme des conseils. Il a étudié la sociologie, il s’est plongé dans la sociologie de la vie
quotidienne d’Alfred Schütz et il est finalement devenu professeur à l’Université Bucknell de
Pennsylvanie. À côté d’Alfred Schütz, il a été particulièrement influencé par Carl Mayer au
projet duquel : “La religion en Allemagne aujourd'hui ” il a participé. Jusqu’en 1985, il a
dirigé le Département d’anthropologie et de sociologie des Collèges Hobart & William Smith
à New York, puis il est devenu professeur invité à l’Université de Boston.
Après 1967, il a pourtant essayé encore, pendant plusieurs années, de publier sa sociologie
du bolchevisme. Mais toutes ses tentatives auprès des maisons d’édition sont demeurées sans
succès.
WAHL, HUGO (5.10.1884 – 2.11.1948)
Né à Brême ; ouvrier sur machine et menuisier, Brême, compagnon de Käthe Ahrens*. En
1918/1919, membre du conseil des ouvriers et des soldats de Brême ; au début de 1919,
secrétaire rémunéré du KPD de Brême et député au parlement brêmois. Durant la guerre, il
était membre des radicaux de gauche brêmois et c’est avec Käthe Ahrens, qui faisait
également partie du conseil ouvrier brêmois, qu’il y était responsable de la diffusion de la
politique ouvrière. À la fin de 1919, Hugo Wahl et Käthe Ahrens sont sortis du KPD et ils
sont ensuite devenus membres et fonctionnaires du KAPD à Brême. Hugo Wahl est resté actif
dans le KAPD et il est mort le 2 novembre 1948 à Brême.
WALLACH, JULIUS (22.09.1887 – ?)
Né à Neuss (Dusseldorf) ; fils d’Isaak Wallach ; apprentissage et travail comme sellier,
tapissier et commerçant ; il est parti en 1915 pour Friedrichsort près de Kiel où il a participé
activement à la révolution de Novembre. En 1918/19, président du KPD de Kiel. Il a
vraisemblablement pris part comme délégué au Congrès constitutif du KPD à la fin de 1918 à
Berlin. À partir de 1920, membre du KAPD, mais déjà de retour au KPD en 1922 ; à partir de
1925, responsable de la RFB à Kiel. Après l’interdiction de la RFB en 1929, il a assumé la
tâche de la création de l’organisation de remplacement de la RFB : la “Rote Marine
Reichpietsch-Köbis”. En 1931, il était le dirigeant de la cellule du KPD pour le transport
maritime, un bastion de l’ultragauche. Aucun autre détail sur sa vie n’a pu être trouvé.
WALZ, OSKAR FRIEDRICH KARL (2.07.1904 – 25.11.1993)
Berlin-Pankow ; né à Leipzig, au 6 de la Schmidt-Straße. Il a grandi dans une famille
politiquement engagée. Le père était membre du SPD. Jusqu’à sa quatorzième année, il a
fréquenté l’école élémentaire et, après avoir quitté l’école, il a appris le métier de mécanicien.
Il a ensuite occupé un poste dans la fabrique d’appareils de l’AEG (Berlin-Treptow) et
comme mécanicien dans l’usine électrique Klingenberg. En raison de son activité dans le
syndicat unitaire des métallos de Berlin (EVMB), il a été sanctionné par l’AEG-Treptow en
1931.
En 1920, Walz était déjà devenu membre de la KAJ et puis il a adhéré au KAPD. Il est
devenu en même temps membre de l’Allgemeine Arbeiter-Union (AAU) à laquelle il a
appartenu en tant que membre dirigeant (RAA) jusqu’en 1928. Ce n’est qu’au tournant des
années 1930/31 qu’Oskar Walz est passé au KPD – apparemment parce que, peu auparavant,
il était devenu membre de l’EVMB. En tant que nouveau membre, il est bientôt devenu chef
de district du syndicat pour les quartiers de Neukölln et de Treptow. Il faisait ainsi partie de la
présidence élargie de l’EVMB. Le “syndicat rouge” considérait les “luttes économiques
prolétariennes” comme un champ d’action important de la “lutte des classes”. Les grèves
étaient déclarées être la condition de toutes les autres actions syndicales, et c’est pourquoi
l’EMVB dépendait des mouvements économiques. Walz a coordonné de nombreuses grèves
et tentatives de grève au cours des années 1931/32. Conformément à l'image que se faisait
l'EVMB, la grève, véritable “panacée”, a été utilisée pour endiguer l'arbitraire patronal,
combattre l'arbitrage étatique, se défendre collectivement contre les décrets d'urgence et
combattre le “réformisme” social-démocrate et les nationaux-socialistes. D'une certaine
manière, la politique de l'EVMB peut être perçue comme l'opposé de la stratégie des syndicats
libres de l'époque – et c'était également l'intention de militants comme Oskar Walz.
L'approche de l'EVMB reposait sur une surestimation des possibilités d'action des travailleurs.
Même après la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes, l’EMVB, qui agissait désormais
de manière illégale, constatait une “reprise révolutionnaire” et fondait sa politique dans une
large mesure sur la critique du cours prétendument “fasciste” des directions syndicales
réformistes et de leur “alliée” social-démocrate. À la mi-1933, le vieil appareil de l’EMVB a
été reconstruit et il rassemblait jusqu’en décembre de cette année-là des centaines de
membres. C’est en utilisant des fragments de l’ancienne structure de l’EMVB dans les usines
et dans les stations d’estampage que l’on devait explorer quel était l’état d’esprit dans les
entreprises. C’est par le matériel d’information et la vente de timbres que l’on voulait rallier à
soi les mécontents du gouvernement afin de les utiliser pour d’éventuelles “entreprises”
révolutionnaires.
Durant l’illégalité, Walz a continué son travail d’instructeur du syndicat. Sur les 18 districts
de l’EMVB, il a coordonné ceux qui avaient encore un dirigeant séparé : par exemple
Neukölln-Britz, Neukölln-Treptow, Tempelhof et Marienfelde. Le 14 décembre 1933, la
Gestapo a arrêté Walz pour cause de « préparation d’une entreprise de haute trahison ».
Jusqu’à sa mise en accusation, il a été, comme beaucoup de ses compagnons d’armes,
incarcéré à la “maison d’arrêt” de la Gestapo (8, Prinz-Albert-Strasse), dans les camps de
concentration de Columbia-Haus et d’Oranienburg, à la préfecture de police d’Alexanderplatz,
ainsi que finalement au centre de détention provisoire de Moabit. Walz est finalement
passé aux aveux et il a déclaré qu’il avait travaillé avec quatre ou cinq personnes. Il avait
utilisé l’argent récolté grâce à la vente de timbres de l’EMVB en partie pour ses besoins
personnels, et en partie pour soutenir des camarades sanctionnés. Manifestement, Walz a
divulgué surtout des informations partielles, à savoir des détails qui ne pouvaient être que
difficilement niés au vu des preuves et des autres déclarations. Il aurait partagé les rapports
qu’il recevait des entreprises avec des agents de liaison qui lui étaient acquis, bien que le
contexte exact de cette coopération soit resté peu clair durant l’enquête. Il doit avoir travaillé
de manière proche avec Heinz Gützlaff (1905-1961), c’est en tout cas une conclusion tirée par
les autorités qui menaient l’enquête.
Le 19 juin 1934, Walz et plusieurs de ses camarades démasqués ont été jugés devant la
Quatrième Chambre criminelle de la Cour d'appel de Berlin. Dans le jugement, les juges
constataient, à partir du contenu des “matériaux d’information de l’EMVB” et sur la base de
la collaboration avec la direction nationale illégale de l’Opposition syndicale révolutionnaire
(RGO), qu’il était évident que l’EMVB « poursuivait l’objectif de préparer une situation
révolutionnaire imminente afin de renverser le gouvernement si l’occasion se présentait et de
mettre à sa place un gouvernement des ouvriers et des paysans selon le modèle russe ». Dans
l’acte d’accusation, il était souligné que l’“enfouissement” de Walz à l’arrière-plan et l’envoi
en avant d’autres personnes auraient été particulièrement dangereux, et c’est pourquoi il aurait
pris une position exposée dans le syndicat illégal. Le tribunal l’a condamné par conséquent à
une peine particulièrement lourde, à savoir à deux années de réclusion, qu’il a purgées à la
prison de Brandebourg-Gorden. Il y a maintenu, autant que possible, le contact avec son
camarade du syndicat Walter Kautz. Après sa libération en 1936, Walz a travaillé comme
mécanicien dans l’usine “Peter Grafmann” à Berlin-Tempelhof. Le 27 février 1943, selon ses
propres déclarations, il a été incorporé au “camp de vers de terre” près de Meseritz pour y
suivre une formation militaire. Ses qualifications professionnelles lui ont permis d'être
employé à l'atelier. Il a ensuite été envoyé au front en Italie. Là, il a été fait prisonnier de
guerre par les Américains. Après son retour d'Italie à l’été de 1949, il a adhéré au SED et à la
Confédération des Syndicats Libres Allemands (FDGB). Walz a été employé pendant
plusieurs années par la Chambre d’Industrie et du Commerce de la RDA. Il est décédé le 25
novembre 1993.
WEGERISCH, OTTO
Plombier, KAPD, faisait partie avec Karl Plättner* des fondateurs du KAPD en Saxe-Anhalt.
Il a été arrêté le 14/15 mai 1920 à cause de sa participation à un putsch à Sangerhausen
(Mansfeld-Harz du Sud).
WEIGEL, ROBERT
KAJ Dortmund.
WEILAND, ALFRED (7.08.1906 – 18.09.1978), alias AWE, A. W.
Serrurier, ouvrier du télégraphe, technicien, journaliste, enseignant du primaire, Berlin-
Pankow ; né à Berlin-Neukölln. Le père était menuisier et un petit marchand de meubles ; il
est mort à la guerre en 1915. De 1912 à 1920, école primaire à Berlin ; de l’automne 1920 à
l’automne 1921, formation au métier de serrurier à l’usine Sydow à Berlin. Dans les années
1922 à 1924, il était membre de la Bündische Jugend et il avait des contacts informels avec le
KPD. Son nom apparaît dans le mouvement communiste des conseils pour la première fois en
mai 1924 comme “rédacteur et éditeur responsable” du KAZ. Il était vraisemblablement déjà
devenu membre de la Jeunesse Ouvrière communiste (Jeunesse du KAPD). À l’été de 1925, il
a débuté comme ouvrier du télégraphe au Service d’installation du télégraphe à Berlin ; il a
suivi à cette même époque des cours à l’École supérieure pour la politique à Berlin et est
devenu auditeur libre à l’Université technique. Du 29 juillet 1925 au 31 décembre 1925,
d'après sa carte de membre, Weiland a dû être membre du NSDAP. Cependant, il manque sur
cette carte l’indication du lieu de naissance et la signature personnelle de Weiland. Sur cette
carte de membre, il est uniquement mentionné dans la section des “remarques” : “a
démissionné”. Il est vraisemblable que, depuis 1924, mais avec certitude depuis 1926,
Weiland ait été actif dans le KAPD/AAU à Berlin.
Il a été bientôt dirigeant du groupe du KAP du district de Schöneberg et en tant que tel
membre la direction berlinoise. C’est à cette époque-là qu’il a également entrepris ses
premières tentatives journalistiques dans les organes de presse du communisme des conseils :
KAZ et Kampfruf. Il est devenu rapidement secrétaire à l’organisation de la Centrale du KAP
à Berlin et de 1929 à 1931 membre du GHA du KAP berlinois. Il était responsable du travail
d’agitation et de propagande ainsi que des contacts dans le Reich et à l’étranger. Son travail
dans l’AAU, dans laquelle il était (avec Paul Mattick au USA et Harald Andersen-Harild au
Danemark) l’homme de la liaison avec l’étranger, a été plus important. Weiland a pris aussi
des responsabilités dans la Commission de la presse pour le Kampfruf ainsi que dans le
Comité national du Travail (RAA) de l’AAU.
Licencié du Service d’installation du télégraphe pour cause d’agitation en faveur de la
grève ; chômeur et actif dans le mouvement des sans-emplois ; formation de technicien ; à
partir de janvier 1933, travail politique illégal. Après février 1933, Weiland a émigré en
Tchécoslovaquie, mais il est revenu en Allemagne à l’automne1933. Le 28 novembre de cette
année-là, il a été arrêté à Berlin en relation avec le procès relatif à l’incendie du Reichstag. Le
lendemain, il a été transféré à Leipzig où il a été torturé par les tristement célèbres frères
Wilke, des commissaires de la Gestapo (de nombreuses côtes et dents cassées, le nez brisé).
La Gestapo n’a rien obtenu de Weiland. En février 1934, c’est en tant que prisonnier en
détention provisoire qu’il est envoyé au KZ de Hohenstein (Suisse saxonne). Il est libéré du
KZ en juin 1934, il est resté sous la surveillance de la police, mais il a continué à mener (en
tant que “tête dirigeante” de la KAU) une activité illégale en Allemagne – en étroit contact
avec le groupe hollandais du GIC de Henk Canne-Meijer et du groupe danois du GIC de
Harald Andersen-Harild. La KAU agissait de manière illégale sous les noms de
“Revolutionäre Obleute” et de “Gruppen Internationaler Sozialisten” (GIS). Des textes
illégaux étaient distribués en partie en tant que photocopies sous la forme dune boîte
d’allumettes ou d’un paquet cigarettes. À la fin de 1934, une réunion nationale de la KAU a
pu avoir lieu à Berlin, une réunion pour laquelle Hans Canne-Meijer a fait le voyage. La KAU
rédigeait également des contributions pour la GIK-Räte-Korrespondenz. Du 8 au 11 juin
1935, a été organisée à l’initiative du GIC et de la KAU une conférence internationale à
Copenhague (dans la maison d’Harald Andersen-Harild). Huit délégués allemands de même
que le délégué néerlandais du GIC Piet van Albada (1905-1997) ont pris part à cette soi-disant
“Conférence bruxelloise”. Une résolution qui provenait de la main de Weiland lui-même y a
été adoptée. Selon le point I de la résolution : « Sur la base du débat qui a suivi l’étude de la
correspondance des conseils et des documents allemands disponibles, il n’existe pas de
divergences d’opinion fondamentales sur les tendances internationales du développement du
capitalisme : sur le plan économique vers le capitalisme d’État, et sur le plan politique vers le
fascisme… ».
Weiland demeurait toujours sous la surveillance de la Gestapo qui organisait de temps en
temps des perquisitions domiciliaires, comme par exemple en 1939 et en 1941. Weiland avait
une poste bien payé comme ingénieur en génie civil et il travaillait pour les Berliner Askania-
Werke, où il était employé par l’usine d’équipements aéronautiques de Berlin-Mariendorf. À
l’automne de 1941, Weiland a écrit un document programmatique sous le titre : Ce qu’est le
socialisme. L’effondrement du vieux monde. Son affirmation centrale :
« Changement radical des relations de travail… La révolution socialiste va bien plus loin
que l'objectif petit-bourgeois des efforts de réforme sociale… Le producteur crée lui-même
ses propres organes exécutifs, les conseils, qui peuvent être sollicités à tout moment et
résoudre les tâches assignées à l'usine par la société. ».
En 1943-1944, Weiland entretenait des contacts avec les milieux de la résistance qui
gravitaient autour de Carl Goerdeler (1884-1945) et de Julius Leber (1891-1945) et,
concernant l’entreprise, des contacts avec le groupe qui gravitait autour du membre du KPD
Anton Saefkow (1941-1944) ; il a échappé à l'arrestation en 1944 en s'engageant dans la
Wehrmacht. Après mai 1945, à Berlin-Schöneberg, Weiland a réorganisé les groupes
communistes des conseils dispersés (avant tout la KAU, un cercle d’environ 150 hommes), et
il a commencé à créer le “Gruppe Internationaler Sozialisten” (GIS) illégal dans la Zone
d’occupation soviétique. (SBZ). Immédiatement après la fin de la guerre, la KAU avait édité
la KAU-Rundbrief et elle l’avait distribuée dans les zones d’occupation. Cependant, Weiland
était très pessimiste en ce qui concerne le cours historique nouveau :
« L'époque fasciste réprimera tout mouvement révolutionnaire, et nous en avons fait
l'expérience, pas seulement en Allemagne. Il n'existe aucune forme légale de mouvement
ouvrier révolutionnaire socialiste durant la période fasciste… Il n'existe plus de mouvement
révolutionnaire indépendant, cette époque est révolue. ». Weiland et ses anciens camarades de
la KAU ont par conséquent mené une action purement entriste dans le SPD et surtout dans le
KPD/SED : « Nous trouvons des points de contact dans toutes ces organisations. Nous
n'avons aucune intention de les conquérir ou de les remplacer. Nous pouvons simplement les
exploiter à notre avantage. ».
C’est pourquoi Weiland a adhéré au KPD/SED et il a d’abord fait “carrière” dans l’appareil
de presse de l’Administration Militaire Soviétique en Allemagne (SMAD). À la fin de 1946,
sur commande soviétique, il a créé l’“Institut du journalisme” à Berlin-Est, mais il a été
licencié immédiatement après sa création au printemps de 1947. À partir de là, Weiland s’est
retrouvé sans travail, et il gagnait seulement un peu d’argent en donnant des cours à
l’université populaire. Le groupe Weiland a publié à partir de mai 1947 à Berlin la revue
polycopiée illégale : Neues Beginnen. Blätter Internationaler Sozialisten. L’adresse de
camouflage qui était donnée se situait en Suisse, à Zurich. La revue avait une position critique
vis-à-vis de toutes les “puissances impérialistes”, mais elle attaquait surtout le “totalitarisme
oriental” et elle essayait de promouvoir la discussion sur un “socialisme libéral”. Le
dénominateur commun était l’antibolchevisme. Il y a eu de nombreuses contributions, y
compris de socialistes connus tel que Bertold Brecht, Anton Pannekoek (John Harper), Willy
Huhn*, Fritz Kief, Augustin Souchy et Jan Wohlrap. À partir de 1948, le groupe Weiland a
recréé l’organisation semi-légale de la Sozialwissenschaftliche Vereinigung (SWV) à Berlin-
Ouest ; le GIS et la SWV étaient depuis 1945 sous la surveillance des services secrets
soviétiques et de l’appareil de contre-espionnage du SED. En novembre 1950, il a été enlevé
par les services secrets soviétiques à Berlin-Ouest : « Alfred Weiland, qui avait quitté son
appartement le 11 novembre pour se rendre à la poste, a été maîtrisé en chemin selon des
modalités non encore élucidées et, après une résistance acharnée, emmené en voiture vers le
secteur est. ».
Au début de 1951, Ernst Fröbel, avec le soutien de Margarete Buber-Neumann (1901-1989)
– la veuve de Heinz Neumann (1902-1937) et célèbre “prisonnière de Staline et de Hitler” – a
organisé pour Weiland un meeting de solidarité « contre les enlèvements et la terreur ! ».
Weiland le kidnappé a été interné au Ministerium für Staatssicherheit (la prison du MGB)
soviétique à Berlin-Hohenschönhausen et, à partir de mars 1951, à la prison du MGB à
Berlin-Karlshorst. En décembre 1951, livraison au MfS (Stasi), interné au Centre de détention
du MfS à Berlin-Hohenschönhausen. Malgré sa rétractation sur des « aveux d'espionnage »
extorqués sous la torture, il a été condamné à 15 ans de prison lors d'un procès secret devant
le tribunal régional de Greifswald en août 1952, avec neuf militants du GIS, pour « boycott et
incitation à la guerre ». Selon l'acte d'accusation, Weiland était « un ennemi de notre classe
ouvrière et il a formé une organisation criminelle sous le nom d'“Internationale Sozialisten”
afin de renverser l'ordre démocratique antifasciste en place en RDA ».
Détenu à la prison de Bützow-Dreibergen (Mecklembourg), il a organisé une grève de la
faim des prisonniers, et c’est pourquoi il a été transféré à partir de la fin de 1955 à la prison de
Brandenburg-Görden. Après huit années de prison, finalement amnistié, il a été le dernier des
neuf condamnés à être libéré en novembre 1958 ; il est parti à Berlin-Ouest où il est devenu
membre du SPD et a continué à être actif dans différentes organisations. C’est ainsi qu’il s’est
engagé d’abord dans le travail en faveur des persécutés politiques dans le bloc de l’Est, mais
aussi par exemple dans l’Espagne de Franco. Weiland est devenu président de l’“Association
des Prisonniers politiques du Système soviétique” et il voulait défendre « les combattants
politiques qui s’opposent à toute sorte de dictature ». À la fin des années soixante, Weiland
s’est attaqué à l’Opposition Extraparlementaire (APO) et à la “nouvelle gauche” ainsi qu’à
l’Ostpolitik de Willy Brandt. Il a été avec Klaus Garnatz (CDU) le cofondateur du club anti-
APO berlinois : “Demokratisches Zentrum”.
En 1968, Weiland s’était identifié complètement au système politique de l’Allemagne de
l’Ouest. Le fait qu’il ait coopéré avec la CIA – ainsi qu’Oskar Hippe et Willy Huhn le
prétendent – est controversé. Il a écrit à l’anarchiste Willy Huppertz* : « Sans liberté
politique, il ne peut pas y avoir de libération sociale ! Et c’est la raison pour laquelle la lutte
pour les libertés démocratiques fondamentales et les droits de l’homme est pour moi est une
priorité. Nous l’avons encore dans la République fédérale, mais pas à l’est de l’Elbe. ».
Plusieurs centaines d’ouvrages, souvent pourvus du cachet de l’ancien propriétaire et du
Bureau central de la Sécurité du Reich (RSHA) constituaient la base de la collection privée
d’Alfred Weiland qui a travaillé, à partir de juin 1945, pour le service de récupération. De la
succession de Weiland, 5000 ouvrages qui ont formé le “Collection Weiland” ont été achetés
par l’Université Libre de Berlin et incorporés au stock. Alfred Weiland est mort à Berlin-
Ouest.
WEISS
Altenessen (Essen) ; KAPD, 1922-1926 KAPD (tendance Essen), KAI.
WEISS, MAX (1900 – 1938 ?)
Né à Goldlauter (Thuringe) ; ouvrier sur machine-outil, 1920-1924 KAPD, 1924-1927 KPD ;
il a adhéré de nouveau au KPD et il est parti comme ouvrier étranger en 1931 en Union
soviétique où il a travaillé à Tula. Vraisemblablement assassiné par le NKVD pendant la
Grande terreur de 1937-1938.
WEISSKOPF, KURT (1907 – mai 1985), alias MICHAEL BLANK, DOWSON
Journaliste, écrivain, né dans une famille juive dans la monarchie impériale et royale de
Hongrie ; après 1929, membre du KAPD en Tchécoslovaquie (Gablonz, Jablonec nac Nisou,
puis Prague). Il a écrit dans le journal Spartakus, l’organe tchèque du KAPD, ainsi que dans
Proletarier, l’organe allemand du KAPD – en 1933 sous le pseudonyme de MICHEL
BLANK. En mars 1939, il a dû s’enfuir à Londres et il est devenu journaliste (Reuters et
Financial Times) sous le pseudonyme de DOWSON, le nom de sa femme. Weisskopf a publié
de nombreux articles économiques et il a édité sous son vrai nom en 1968 un livre sur
l’agonie de la Tchécoslovaquie en 1938-1968. Il est mort en mai 1985 à Londres.
WENDEL, FRIEDRICH (12.05.1886 – 8.03.1960), alias FRIEDRICH
Imprimeur, journaliste, né à Köslin/Poméranie ; actif dans le SPD à partir de 1907. Durant la
Première Guerre mondiale, il a adhéré à la Ligue Spartacus, dans laquelle il s’est fortement lié
avec Karl Schröder*. Wendel est devenu en 1919 l’un des porte-parole de l’Opposition de
gauche dans le KPD berlinois et en 1920 un membre fondateur du KAPD. Il a fait partie de la
première direction du KAPD avec Arthur Goldstein* et Karl Schröder*. Lors du premier
congrès régulier du parti en avril 1920 à Berlin, il a fait un exposé sur le thème : “Syndicats et
Union ouvrière”. En tant que rédacteur du KAZ, il a sympathisé avec la tendance nationalbolchevique
hambourgeoise de Heinrich Laufenberg* et de Fritz Wolffheim*. C’est pourquoi
Wendel été écarté en juin 1920 de la rédaction du KAZ, il a quitté le KAPD en août 1920 et il
est revenu au SPD.
Étant donné que Wendel a toujours été intéressé par la satire, il en a fait alors son champ de
travail. D’abord rédacteur de Lachen Links, il a pris en1924 la direction du journal satirique
du SPD : Der wahre Jakob, il a obtenu la collaboration d’artistes importants comme Karl Holz
et E. O. Plauen. À partir de 1924, il a dirigé le Cercle du Livre social-démocrate. Wendel a
également publié des livres sur le rôle de la caricature comme l’expression de conditions
historiques, tels que par exemple : “Le XIX° siècle dans la caricature” (1925) et “Le
socialisme dans la caricature”. Il a écrit entre autres sur la mode ou sur Guillaume II dans la
caricature.
En 1933, il a rejoint “l’émigration intérieure”, et il a vécu d’activités d’assurance et de
travaux photographiques. En mai 1945, il est devenu directeur du service de presse de la ville
de Kiel et membre à nouveau du SPD. Après 1949, il a adopté une attitude pacifiste. Quand il
a pris clairement position contre l’entrée de l’Allemagne dans l’OTAN, il a perdu son poste
de chef du bureau de presse. En conséquence, il a quitté le SPD et il est devenu archiviste de
la ville de Kiel. Friedrich Wendel est mort isolé en 1960 à Kiel.
WERNER
Avril 1920 KAPD ; mars 1922 KAPD (tendance d’Essen) ; comme Karl Schröder*, Arthur
Goldstein* et Emil Sach*, il a été « exclu à l’unanimité du parti pour conduite préjudiciable
au parti ».
WERNER, WILHELM (WILLY)
AAUE, responsable juridique de l’hebdomadaire Der Weltkampf, Zwickau (Saxe
occidentale) ; puis plus tard du Proletarischer Zeitgeist.
WEYL, FRITZ (28.10.1887 – 25.05.1945)
Elberfeld ; ouvrier du textile, né à Elberfeld, de croyance juive, lors du Congrès du parti
d’août 1920 il cite en hébreu le livre prophétique de Daniel de l’Ancien Testament. En avril
1920 KAPD. Mais quelques mois plus tard il a déjà quitté le parti. Durant la Seconde Guerre
mondiale, il a été déporté à Bergen-Belsen, puis à Theresienstadt. Fritz Weyl est mort peu
après sa libération à Tröbitz (Brandebourg).
WIEDT BAUER, ANTON
AAUE Leipzig.
WILD, ANTON
AAUE Leipzig.
WILDT, ALBERT (12.03.1887 – 14.08.1952)
Né à Magdebourg, fils d’un ouvrier du bâtiment ; apprentissage et travail comme
métallurgiste d’art et commerçant ; en 1906, membre du syndicat et du SPD ; il a adhéré en
1916 à Berlin au Groupe Spartacus et il a été au tournant des années 1918 et 1919 délégué de
Magdebourg lors du Congrès constitutif du KPD. En 1921, temporairement au KAPD, mais
retour ensuite au KPD. Dirigeant politique du Kampfbund contre le fascisme en Saxe. Arrêté
le 4 mai 1933 et en “prison préventive” jusqu’en novembre 1933. Arrêté de nouveau en
février 1934 et, le 30 novembre 1934, condamné par la 5° Chambre criminelle du Tribunal
régional supérieur de Berlin à deux années et trois mois de prison. Après sa libération, il a
repris ses activités illégales, entre autres avec l’ex-député au Landtag de l’Anhalt Alfred
Kettig (1903-1951). Wildt a été de nouveau arrêté le 19 décembre 1944 et il est resté en
prison à Magdebourg jusqu’en avril 1945. En 1945, KPD, en 1946, SED, puis en septembre
1950 exclu du SED par la LPKK de Saxe-Anhalt. Lorsque le statut de persécuté par le régime
nazi lui a été également retiré, il a fait appel (en vain) de son exclusion du parti auprès de la
ZPKK. Albert Wildt est mort dans un accident automobile en 1952.
WILKE, HERMANN
Ouvrier, Brunswick, avant 1933 membre et trésorier de l’AAU, puis KAU, dirigeant du
groupe-Schade (Union Communiste des Conseils) ; il a organisé en 1933-1935 une action de
résistance pour laquelle il a été condamné à quatre années de prison lors d’un procès
important. Il est mort (assassiné ?) pendant cette détention (1938 ou 1939).
WILLASCHEK, ANTON
Ouvrier, Hambourg, KPD, KAPD, rédacteur du KAZ, Hambourg, ami d’Heinrich
Laufenberg, unioniste et national-bolchevik, 1919-1926 ?, imprimeur chez Willaschek § Co.
(Hambourg 11 ; plus tard, Hambourg 3, au 3-5 Neuer Steinweg).
WINKLER, ARTHUR
District industriel de Limbach, AAUE de Saxe.
WINTER, HARALD
Dresde ; Centre d’information de l’AAUE (Saxe orientale).
WOCKER
Berlin ; AAUD, KAU. Durant la Conférence de fondation de l’AAU en décembre 1931, il a
défendu une position “souple” vis-à-vis des anciens membres du KAP :
« La question de savoir si un camarade du KAP peut être membre de l’Union n’est pas une
question pour nous aujourd'hui. L’organisation de lutte de classe doit être mise en
mouvement sur le plan pratique. La base de notre organisation est l’entreprise. C’est dans la
lutte elle-même que le vrai révolutionnaire se manifeste ; c’est ensuite aussi que la force de
l’organisation se manifestera. Dans cette situation, nous devons accueillir tous les
combattants, peu importe les scories qui leur collent à la peau. S’ils devaient appartenir
encore à d’autres organisations, ils devraient rompre avec elles en raison de notre tactique…
Nous voulons trouver une formulation que j’établis de la manière suivante : “L’AAU,
l’organisation qui est constituée par des organisations d’entreprise, accepte tous ceux qui
reconnaissent son programme et sa tactique et agissent en conséquence”. ».
WOHLRAB, JAN [= FRITZ PARLOW]
WOLF, KARL [= KARL SCHRÖDER]
WOLFFHEIM, FRITZ (30.10.1888 – 17.03.1942), alias FRIEDRICH WULF
Né à Berlin ; fils d’une famille de commerçants ; employé de commerce. Stagiaire éditorial à
20 ans, il a adhéré au SPD. De 1910 à 1913, séjour aux USA où il était membre du Socialist
Party of America ; rédacteur de la feuille des IWW en langue allemande la Côte du Pacifique
à San Francisco : Vorwärts. En 1913, Wolffheim est retourné en Allemagne où il a vécu à
Hambourg. Pendant la Guerre mondiale, il s’est opposé à la politique de paix civile du SPD.
Avec Heinrich Laufenberg*, il était à la tête des radicaux de gauche de Hambourg, et tous
deux ont publié ensemble des brochures telles que “Impérialisme et démocratie. Un mot sur la
Guerre mondiale”, 1914, et “Démocratie et organisation”, 1915. De 1915 à 1918, il a été
soldat et il a été arrêté à plusieurs reprises. Le 7 octobre 1918, il a participé, en tant que
représentant des radicaux de gauche hambourgeois, à la Conférence nationale du Groupe
Spartacus à Berlin. En tant qu’orateur principal de la manifestation de masse révolutionnaire
qui s’est tenue au Heiligengeistfeld de Hambourg le 6 novembre 1918, il a appelé à prendre
d’assaut la caserne du Commandement général impérial à Altona. Durant la révolution de
Novembre, il faisait partie dans la ville hanséatique de la direction du conseil des ouvriers et
des soldats, mais, du 15 novembre 1918 au 15 mai 1919, il a été admis dans une maison de
santé en raison de troubles nerveux.
En 1919, membre du KPD. Wolffheim se situait, avec Otto Rühle* et avec Laufenberg, à
l’aile d’ultragauche du parti. Lors du II° Congrès du KPD à Heidelberg/Mannheim, il s’est
opposé aux “Lignes directrices relatives aux principes et à la tactique communistes ” et c’est
la raison pour laquelle il n’a pas pu participer aux débats qui ont suivi lors du Congrès. Le III°
Congrès du parti à Karlsruhe l’a exclu du KPD. En avril 1920, il a été un des cofondateurs du
KAPD, et il s’est retrouvé, avec Laufenberg, à la tête parti pour le district du Nord. Mais
ensuite, tous deux ont été exclus en août 1920 par la Congrès du KAPD à Berlin-Weissensee,
en raison de leurs « conceptions bourgeoises-nationalistes ». Ils étaient considérés alors
comme les représentants principaux du national-bolchevisme. À l’automne de 1920,
Wolffheim a créé l’“Association des communistes” à Hambourg et il est resté son chef
jusqu’à son autodissolution en 1925 et après sa reconstitution en 1929. En 1930, il est entré
dans le Groupe des Nationalistes Sociaux-révolutionnaires (sous le pseudonyme de Friedrich
Wulf). En septembre 1939, Wolffheim a été arrêté, fait prisonnier au camp de concentration
de Fühlsbüttel et de Sachsenhausen et finalement assassiné en 1943à Ravensbrück.
WOLLSCHLÄGER (1864 – ?)
Berlin-Bohnsdorf ; KAPD/AAU 1920-1929 ?
WÜLFRATH, KARL AUGUST (6.03.1888 – 10.06.1976), alias FRIEDRICH OSTWALD
(OSWALD), HAGEN
Eberfeld, Berlin-Lichtenberg, Potsdam; outilleur, enseignant à l’école du parti, directeur de
bibliothèque, né à Wuppertal-Eberfeld, élevé dans une famille de 12 enfants et dans la
religion calviniste. Membre du Comité exécutif principal (GHA) du KAPD ; SPD depuis le
12 mars 1907 ; il a suivi les cours de formation d’Otto Rühle et de Hermann Dunker. Étant
donné son travail politique dans les entreprises, il s’est rapidement retrouvé sur la “liste noire”
des entrepreneurs : « J’a dû changer souvent de travail ». Il est parti d’Eberfeld pour la
Westphalie, puis pour Hambourg et finalement pour Berlin en 1912. Jusqu’en 1917, dans la
guerre, Wülfrath a été fantassin en France et en Roumanie. Ensuite, il a été retiré de l’armée
pour être ouvrier spécialisé dans l’industrie berlinoise des armes et, faisant partie de la Ligue
Spartacus, il a adhéré à l’USPD. Wülfrath avait également des relations avec le groupe de
Julian Borchardt (“Lichtstrahlen”) et avec les radicaux de gauche brêmois. Après la grève de
janvier 1918, il a dû disparaître de la circulation. En décembre de la même année, il a rompu
avec les Indépendants pour entrer immédiatement au KPD. Durant le Congrès de Heidelberg
en octobre 1919, il est sorti à nouveau pour rejoindre l’Opposition communiste de gauche
majoritaire. Après la fondation du KAPD en avril 1920, il est devenu membre du Comité
exécutif principal (GHA). Il incarnait en septembre 1921 l’opposition berlinoise qui refusait la
fondation d’une IV° Internationale. Il représentait le point de vue selon lequel le seul moyen
de sauver la Révolution russe était le retrait immédiat des bolcheviks du pouvoir :
« … nous sommes d’avis que le gouvernement soviétique à cet instant… doit se retirer
parce que sinon la fausse idéologie qui s’est ancrée dans les têtes de l’Europe centrale et
occidentale, continuera à se répandre. C’est pourquoi nous demandons le retrait du
gouvernement soviétique du pouvoir d’État. Le fait qu’en Russie une politique purement
bourgeoise ne soit naturellement pas possible résulte de l’émergence de plus en plus forte de
l’opposition ouvrière. ».
Malgré la désagrégation de la Révolution russe, il considérait comme complètement insensé
le fait de mettre sur pied une Internationale de remplacement : « … mais nous voulons
constater ici que le parti nouvellement fondé ne représente qu’une minorité extrêmement
faible par rapport à l’ensemble du monde et que l’on ne peut guère aller de l’avant avec
l’Opposition et les groupes syndicalistes en Espagne. Un syndicaliste reste un syndicaliste, et
un mouvement syndicaliste reste un mouvement syndicaliste, même s’il est espagnol. Que
reste-t-il donc, les camarades bulgares de gauche ! Quelle force ? Environ 2000 hommes.
C’est là une première évaluation de la nouvelle Internationale dans le monde entier, du point
de vue organisationnel, qui peut être vraiment abordée en tant qu’organisation similaire au
KAP. Je ne pense pas que les raisons soient d'une importance si décisive qu'il faille envisager
la fondation de l'Internationale ouvrière. ».
Après la scission de mars 1922, il a été, avec Adam Scharrer*, l’un des principaux
dirigeants du KAPD berlinois et il a écrit, sous le pseudonyme de FRIEDRICH OSWALD
pour le Proletraier, le mensuel théorique du KAPD. De 1929 à 1933, il est resté en contact
étroit avec Adam Scharrer, et il a élaboré et distribué, avec les membres restants du KAPD
Berlinois, de la littérature conspirative : “Photos und Kleinstzeitung 1933/34”. Entre 1934 et
1939, il faisait partie du groupe du KAPD “Nibelungen”. Avec sa femme Maria (1884-1950),
il est entré en mai 1945 au KPD (carte de membre n° 55628) et ensuite au SED du district de
Berlin-Lichtenberg. Wülfrath a enseigné jusqu’en 1950 à l’“École du parti” à Cottbus et il est
devenu directeur de la Bibliothèque du Land de Brandebourg et de l’Université de Potsdam.
Après le 30 avril 1963, il a pris sa retraite, et il a donné des interviews concernant le
communisme de gauche à des historiens de l’Est et de l’Ouest. Il a reçu de nombreuses
distinctions de la part de la RDA : la médaille de la participation aux combats armés de la
classe ouvrière allemande en 1918-1923, la médaille du mérite de la RDA et l'insigne
d'honneur de la justice. Cependant, il n’a jamais pensé à renier son ancien parti, le KAPD.
Dans le “Procès-verbal d’évaluation du camarade Wülfrath” (3 juillet 1951), il a répondu très
clairement à la question sournoise d’un commissaire- enquêteur du SED : « Le KAP était-il un
parti ouvrier ? » … « Je compte le KAP jusqu’à la toute fin comme un parti ouvrier. Je crois
que pas un camarade du KAP ait du sang sur les mains comme beaucoup de camarades du
SPD ». Il ne pouvait pas déclarer à des fonctionnaires staliniens du KPD que des membres du
KPD-SED avaient (comme ceux du SPD) beaucoup “de sang sur les mains”. Carl August
Wülfrath est mort le 10 juin 1976 à Berlin-Est.
ZACHARIAS, LEOPOLD
AAU Cuxhaven, section des marins. Il est mort le 9.12.1919 quand son bateau saute sur une
mine.
ZAISSER, WILHELM (1893 – 1958), GENERAL GOMEZ
Essen ; instituteur, USPD, KPD, membre de l’Armée rouge de la Ruhr ; pendant quelques
mois KAPD, à la fin de 1920 organisation de combat du KAPD ; en janvier 1921, arrestation,
retour au KPD, employé du parti. C’était le début d’un curriculum vitae stalinien exemplaire :
mars-juin 1924, participation à un stage à l’École militaire-politique du Komintern à Moscou ;
en 1927-1939, collaborateur du Komintern, également à Moscou ; en 1932-1947 membre du
Parti Communiste Unifié (bolchevik), le prédécesseur du PCUS ; en 1936-1937, il a
commandé, sous le nom de General Gomez, la XIII° Brigade internationale en Espagne ; en
1940 citoyen soviétique ; 1950-1953 membre du Bureau politique et du CC du SED ;
dirigeant du MfS ; en janvier 1954, exclu en tant qu’“ennemi du parti” ; en 1954-1958,
travaille comme traducteur à la Dietz-Verlag et à l’IML à Berlin.
ZAJAC, STANISLAUS
Marin, Cuxhaven (Basse-Saxe), KPD, à partir de 1927 AAU, 1931-1933 KAU. Durant la
Conférence d’unification de décembre 1931, il a décrit le chemin politique suivi par la section
de Cuxhaven de l’AAU :
« Nous sommes une organisation marxiste de lutte de classe… Nous avons été un groupe
local comptant de nombreux membres qui étaient exclusivement des rebelles. Les gens doivent
d’abord être formés, ils doivent être emmenés sur le point de vue marxiste, et c’est alors
qu’ils sont unionistes. Zajac indique alors qu’il n’est dans l’Union que depuis 4 ans et qu’il a
lutté auparavant dans le KPD pour les intérêts de classe du prolétariat. Il a reçu le mandat de
son groupe local pour lutter par tous les moyens contre le dualisme [AAU/KAPD]. Le parti
est pour nous fini une fois pour toutes… Nous ne voulons pas avoir de lien avec le parti
politique. ».
ZHEKOFF (1900 ? – ?) ou JÄKOFF, KRUM, alias BURG, CHARLOTTE BURG, KURT
BURGER
Né à Warna (Bulgarie), étudiant à Berlin, KAPD, rédacteur du Proletarier dans les années 20.
ZIEGENHAGEN, RUDOLF (1895 – 1949)
Libraire à Berlin, 1920-1929 AAU/KAPD, 1931-1934 KAU ; en 1927, responsable du
Kampfruf, 1930-1933 de la littérature de la KAU ; le 30 janvier 1934, condamné à 2 ans et 3
mois de prison.
ZIEGLER, HEINZ (1914 – ?)
1932 KAPD ou KAU ?, après 1933 activité illégale à Berlin-Wedding avec Rudolf Schlaak et
Herbert Schröder ; 1936-1938 service militaire ; 1939-1945 Wehrmacht ; en mai 1945,
prisonnier de guerre ; en juin 1945 fuite à Berlin. en 1946-1950, Lindenberg, contacts avec le
GIS ; en 1950-1951 MfS, incarcération puis libération, secrétaire du FDGB à Potsdam.
ZIEGLER, KARL (1980 – 1943)
Berlin-Weissensee ; KPD, KAPD, l’un des dirigeants de la Kampf-Organisation ; en
septembre 1920 (“Procès-s des communistes”) condamné à plusieurs années de prison.
ZIEGLER, RUDOLF
AAU, puis AAUE ; Hambourg, 46 de la Lutterothstrasse, responsable et rédacteur en chef de
la revue : Der Unionist, Hambourg. Le 25 juillet 1923, Rudolf Ziegler a été arrêté et accusé
d’“incitation à la haute trahison” ainsi que de “provocation à la haine de classe”. Le 8
septembre, son procès “pour la défense de la République” a eu lieu à Leipzig devant le
Tribunal d’État. Il a été condamné à huit mois de prison. Le titre a dû être modifié : Der
Unionist est devenu : Von unten auf. Gegen Kapitalismus – für Kommunismus. Selon
Wilhelm Fuchs, tous les unionistes ont pris part à l’insurrection d’Octobre à Hambourg :
« Les esclaves salariés ont quitté spontanément les chantiers navals le 22 octobre. Les
combats sanglants de l’Octobre de Hambourg ont commencé. L’Union n’est pas restée un
témoin passif. Les unionistes ont combattu épaule contre épaule avec les communistes sur les
barricades de Barmbek. Un tract à grand tirage a été distribué ; il appelait encore
aujourd'hui à la grève générale… Le KPD, l’Union et la FAUD ont été “interdits” ».
ZIMMER, RUDOLF
Berlin ; AAU, puis AAUE, FAUD, trésorier principal, il définissait l’AAU comme
« l’organisation de lutte du prolétariat », comme « un rejet de toutes les formes traditionnelles
d’organisation ». L’essence de l’AAU était « une révolutionnarisation radicale des cerveaux »
à chaque étape de la révolution mondiale :
« Puisque l’AAU doit son existence au développement commençant de la conscience de soi,
elle ne peu ajuster sa lutte que sur l’intérêt de classe prolétarien, anticapitaliste et
antinational, des travailleurs du monde et elle doit agir de toute ses forces contre toutes les
tendances (peu importe lesquelles) de teinte opportuniste et réformiste… Si l’AAU incarne la
forme prolétarienne d’organisation, ses retombées se trouvent dans le système des conseils. »
En 1924, devenu membre de l’AAUE, il déplorait l’échec d’un « front unitaire entre la
KKAD (Fédération des Anarchistes Communistes d’Allemagne) et des Unions syndicalistes
de la FAUD et de l’AAUE.
ZIMMERMANN
Berlin, AAU, 1922, AAUE ; 1926 membre du directoire (James Broh*, Franz Pfempfert*,
Oskar Kanehl*, Rudolf Ziegler*) qui avit formé la communauté de travail des “organisations
antiautoritaires révolutionnaires”.
ZINDEL, HEDWIG
AAU/KAPD, KAU, Berlin-Kreuzberg, religion juive. En mai 1933, arrêtée, et après sa
détention en 1934, elle émigre en Tchécoslovaquie.
ZINKE, HERMANN (1882 – ?)
Berlin-Lichtenberg ; chauffeur, pendant la guerre, marin, KAPD et fonctionnaire important de
l’AAU (17° district). Au cours du Congrès du KAPD en août 1920, il a critiqué
vigoureusement les positions du “national-bolchevisme” hambourgeois :
« Une autre contradiction dans les exposés de Laufenberg est l’éveil des masses durant la
Guerre mondiale. Comment les deux camarades ont-ils répondu à cette tâche ? Par le fait
qu’ils écrivent dans leur brochure “Démocratie et organisation” que « le prolétariat a un
intérêt naturel à préserver une économie sociale, dans la mesure où elle est la fonction vitale
de l'ensemble », et que « cela aboutit à la subordination militaire du prolétariat au
commandement militaire fourni en cas de guerre ». L’objectif était par conséquent de
réveiller le prolétariat afin de l’éduquer à la conscience de classe ! C’est impossible. Ce sont
des contradictions flagrantes, et quand L. a dit que la subordination militaire ne nécessite
aucune subordination politique, nous opposons à cela : autrefois, la subordination militaire
était une subordination politique. Le vieux parti social-démocrate a soutenu l’économie en
tant que “fonction vitale de l’ensemble”, et elle agissait ainsi parfaitement dans le sens de
Laufenberg et de Wolffheim. S’ils présentent aujourd'hui le point de vue selon lequel le front
aurait dû être révolutionné, je dis également ici qu’ils ne se sont pas projetés dans la psyché
des masses… Si l‘union mondiale de tous les prolétaires est devenu un fait, ce n’est pas la
liberté des nations qui doit primer, mais l’unité et la liberté du prolétariat mondial. Nous
avons la grande tâche historique de surmonter l’idéologie bourgeoise. Nous devons être
intolérants à l’extrême à ce sujet. Qui n’est pas ici avec nous, est contre nous. Cela ne veut
pas dire ici seulement communisme ou nationalisme, mais également négation de l’idée de
lutte des classes internationale ! (Applaudissements). ».
C’est avec Erich Lewinsohn* et Johannes Graudenz* qu’Hermann Zinke à rédigé au nom
du parti un appel au prolétariat allemand. En 1921-22, mouvement des chômeurs à Berlin ;
Zinke a déclaré en décembre 1921 lors d’une réunion de l’AAU : « Nous devons mener les
luttes salariales » ; en 1927, membre du GHA du KAPD avec Adam Scharrer*, August
Wülfrath*, Farnholt*, Löwenstein*, Ernst Linke* et d’autres.
ZINKE, PAUL ERICH (9.03.1901 – 23.04.1945)
Hambourg : électricien, né à Bad Warmbrunn (Haute Silésie), KAJ ?, en 1922-1924, AAUE.
en 1923, il a participé du côté communiste à une tentative d’insurrection révolutionnaire
armée déployée en Allemagne centrale. En 1925, il a adhéré au KPD à Königsberg. À partir
au plus tard de 1932, il a vécu à Hambourg et il a continué à être actif dans le KPD désormais
interdit depuis février 1933. En juillet 1935, il a été arrêté et condamné à neuf mois de prison
pour “préparatifs de haute trahison”. Durant la guerre, il a soutenu, avec sa compagne Margit
Fleischner (1914-1945), des prisonniers slaves et des travailleurs forcés dans les chantiers
navals. Dans leur lutte pour la survie quotidienne, le groupe autour de Fiering et de Zinke
s’est consacré en 1942 principalement à la construction d'une station de radio secrète et d'un
système de réception pour l'écoute collective des “stations de radio ennemies”, à l'acquisition
d'une machine à dupliquer et à la production de faux documents pour ceux qui se cachaient,
ainsi que de cartes de rationnement alimentaire, principalement pour mieux aider les
tra
vailleurs et les travailleuses forcés à moitié affamés de l'Est. L’activité politique de Zinke à
Hambourg a été interrompue le 28 juin 1943 : il a été appelé sous les drapeaux, placé dans le
bataillon disciplinaire 999, transféré en Yougoslavie dans un camp destiné à la surveillance
d’officiers soviétiques. Zinke a survécu et il est revenu à Hambourg. Là, il a travaillé pour
l’organisation Todt, et il a mené avec Ernst Fiering une activité conspirative. Le 27 novembre
1944, la Gestapo a arrêté Paul Zinke, avec Ernst Fiering*, sa femme et sa soeur, ainsi que
d’autres du groupe. Ils ont été emmenés à la prison de la Gestapo de Fuhlsbüttel. L’arrestation
de Margit Zinke, qui y a été elle aussi internée, a suivi au soir du 3 ou du 4 février 1945. En
avril 1945, les nazis ont transféré Ernst Fiering, Karl Kaminski et sa femme dans le KZ de
Neuengamme. La Gestapo avait établi des listes de liquidation, avec les noms des membres
des organisations de résistance et autres oppositionnels, et elle procédait ainsi : un sur trois
étaient liquidés dans leur cellule par la Gestapo. La femme de Zinke, Margit Zinke-
Fleischner, a été pendue. En tout, au cours des nuits entre 21 et le 24 avril, 71 personnes (13
femmes et 58 hommes) ont été tués à Neuengamme. Depuis 1995, une rue a été nommée
Margit Zinke à Hambourg-Bergedorg.
ZSCHÄTZSCH, BRUNO
Rédacteur en chef, AAU Gera (Thuringe) ; 1919-1920 USPD, puis SPD, engagé dans les
« coopératives socialistes”.
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