Rosa Meyer-Leviné,
Vie et mort d’un révolutionnaire, Maspero, Paris, 1980. En octobre
1918, des soulèvements révolutionnaires éclatent dans toute l’Allemagne.
Des conseils de soldats, d’ouvriers et de paysans sont mis en place. La
Bavière, notamment, est promue État libre et démocratique. C’est dans
cette région bavaroise que Eugen Leviné arrive au pouvoir lorsque les
forces communistes prennent le contrôle du gouvernement. Il succède au
gouvernement social-démocrate de la nouvelle république d’Ernst Toller
qui s’est illustré par son incompétence, ses tergiversations et sa
politique interclassiste. Leviné prône alors une ligne intransigeante,
refusant toute coalition avec l'USPD et le SPD et applique une série de
mesures révolutionnaires (création d'une armée rouge, abolition du
papier monnaie, confiscation des comptes en banque et des appartements
luxueux, expropriation des entreprises et contrôle ouvrier) semblables à
ce qui a été fait à la même période dans les autres républiques des
conseils. Il défend l’importance des conseils d’entreprise dans le
processus révolutionnaire. « La république des conseils repose tout
entière sur les conseils d’entreprise. On regroupe les ouvriers non pas
suivant leur lieu de résidence, mais suivant leur lieu de travail. Là où
l’on vit chaque jour côte à côte, où l’on apprend chaque jour à mieux
se connaître, où l’on travaille ensemble chaque jour, les élections qui
servent à désigner les responsables obéissent à de tout autres
principes. Dans ces conditions, les ouvriers savent si leur représentant
n’est qu’un beau parleur ou si au contraire il est capable de jouer
véritablement son rôle ».p. 312. L'écrasement de la République des
conseils par la Reichswehr secondée par des corps francs sera
rapide et implacable. Au vue du rapport de force, Leviné avait
conscience que le combat était sûrement perdu d’avance. Il a choisi de
pousser au maximum les potentialités révolutionnaires pour que cette
lutte s’inscrive dans les expériences du prolétariat. Pour nourrir les
prochains sauts révolutionnaires et défendre avec intransigeance la
nécessaire dictature du prolétariat. Cela lui valut d’être condamné à
mort par le tribunal spécial de Munich. Il fut fusillé le 5 juin 1919.
« La révolution ne suit pas un développement linéaire, dans la mesure où
ce ne sont pas les situations et les méthodes qui dictent son cours,
mais dans la plupart des cas la montée de la contre-révolution en tant
que force organisée. (…). Ce n’est pas dans la dénonciation attristée
des fautes, des erreurs et des manques que s’exprime la volonté
révolutionnaire, mais au contraire dans l’effort pour reconstruire
suivant de nouvelles méthodes et de nouveaux modèles ». p. 300.
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