Drogue : la moitié du problème est oubliée
Fusillades au bas des habitations, règlements de
comptes entre bandes rivales, violences et menaces
dans les quartiers : les méfaits dus au trafic de drogue
semblent toujours plus lourds. Les opérations de
police ne font que les déplacer, et pas longtemps.
La police estime que 200 000 personnes vivent de
ce trafic en France. Elles jugent inquiétantes les
nouvelles pratiques des trafiquants : des policiers sont
corrompus, achetés pour donner des informations. Des
travailleurs dans les ports sont payés pour donner leur
badge servant à accéder aux zones protégées. Des
juges commencent à être menacés, aux Pays-Bas, ou
même des membres du gouvernement, en Belgique.
Les grands chefs des trafics, des malfrats de haut
vol, restent soigneusement à l'abri, en Amérique
latine, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord ou
ailleurs. Tout en bas de leur organisation, ils font
recruter des jeunes désoeuvrés, et leur font faire les
actions les plus sales. Il est facile de recruter des
jeunes qui ne voient pas d'espoir devant eux, et qui
entendent partout qu'il faut de l'argent pour réussir.
L'un d'eux est arrêté ? il est aussitôt remplacé.
On nous dit qu'il faut une répression plus forte,
avec plus de moyens. Mais la police chargée de lutter
contre le trafic a l'impression qu'elle doit vider un
océan avec une petite cuillère. Ce serait mieux avec
deux cuillères ? D'autres proposent au contraire de
rendre légal le cannabis, comme le sont le tabac ou
l'alcool. Mais dans les pays qui ont légalisé le
cannabis, comme le Canada ou l'Uruguay, il reste
toujours une part de marché noir, et surtout, les
consommations de drogue ne diminuent pas.
C'est qu'il y a un autre problème que le côté violent
et illégal du trafic. Il y a la question de comprendre
à quoi est dû ce besoin de drogue. En France, ils
sont au moins un million et demi à consommer du
cannabis dix fois par mois. Dans le monde, on compte
300 millions de personnes qui consomment une
drogue ou une autre. Et les chiffres augmentent.
La drogue est un produit addictif : il oblige à en
reprendre, sinon vous êtes malades. Mais en France,
on ne fait pas la différence entre trafiquant et consommateur,
et on condamne celui qui a sur lui 5
grammes de cannabis à une amende de 150 euros.
Les psychologues connaissent bien les raisons
pour lesquelles des gens se mettent à la drogue. Le fait
qu'elle soit facile à trouver compte, mais n'explique
pas tout. On trouve plus de drogués chez les jeunes qui
sont dans une famille où il y a de la violence, où le
jeune ne se sent pas estimé, pas soutenu, pas aimé.
Dans celles aussi où il y a déjà de la drogue. Des
adolescents peuvent en prendre pour vouloir
s'affirmer, pour se sentir plus indépendant. La drogue
revient moins cher qu'une place de concert.
Les jeunes adultes, eux, vont essayer la drogue
quand ils souffrent d'anxiété, de stress, de dépression.
L'alcool ou le cannabis apportent un moment de bienêtre,
qui s'évanouit ensuite. A ceux qui ont du mal à
obtenir un emploi, ou si cet emploi est dur, peu satisfaisant,
la drogue sert à compenser, à effacer le sentiment
de misère, d'absence d'avenir, pour un moment.
La drogue est une marchandise parfaite : pas besoin
d'y ajouter du sucre pour donner envie d'en reprendre,
ni de publicité pour dire qu'elle est là. Le
produit fait cela de lui-même, dans notre cerveau. En
sortir est difficile, il y faut des médecins spécialisés.
Mais toute cette face de la drogue, qui en parle ?
qui s'en soucie ? qui cherche à comprendre pour
changer les choses ? Qui réfléchit aux vraies responsabilités
? C'est bien la vie actuelle, les difficultés à
trouver un emploi, la peur de le perdre, la concurrence
qui est mise entre nous au travail, ou pour un
logement, qui angoisse et qui stresse. C'est bien cette
société complètement inégale qui met à l'honneur les
plus riches et méprise les petits, qui donne le sentiment
d'échec, de n'être pas grand-chose.
La société capitaliste est une société d'inégalité.
C'est une société où le travail est là pour que certains
profitent du travail des autres. Et qui nous pousse
jusqu'au stress pour en obtenir plus. Cette société est
incapable de rendre heureux la majorité de sa population.
C'est elle qui est d'abord responsable. C'est elle
qui est à condamner, et à changer. Sans consommateur
de drogue, le trafic n'existe plus.
Il y a aujourd'hui tout l'argent et les moyens matériels
pour que tout le monde puisse bien vivre, dignement.
Il n'est pas normal qu'à notre époque, il faut
se battre entre nous, juste pour vivre. Il est temps de
remplacer l'inégalité du capitalisme par une obligation
d'égalité, sur toutes les questions de base. Il est
temps de passer du capitalisme à un Egalitarisme.
9/11/2025 L’Ouvrier n°423
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