dimanche 16 novembre 2025

Drogue : la moitié du problème est oubliée

 

Drogue : la moitié du problème est oubliée

Fusillades au bas des habitations, règlements de

comptes entre bandes rivales, violences et menaces

dans les quartiers : les méfaits dus au trafic de drogue

semblent toujours plus lourds. Les opérations de

police ne font que les déplacer, et pas longtemps.

La police estime que 200 000 personnes vivent de

ce trafic en France. Elles jugent inquiétantes les

nouvelles pratiques des trafiquants : des policiers sont

corrompus, achetés pour donner des informations. Des

travailleurs dans les ports sont payés pour donner leur

badge servant à accéder aux zones protégées. Des

juges commencent à être menacés, aux Pays-Bas, ou

même des membres du gouvernement, en Belgique.

Les grands chefs des trafics, des malfrats de haut

vol, restent soigneusement à l'abri, en Amérique

latine, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord ou

ailleurs. Tout en bas de leur organisation, ils font

recruter des jeunes désoeuvrés, et leur font faire les

actions les plus sales. Il est facile de recruter des

jeunes qui ne voient pas d'espoir devant eux, et qui

entendent partout qu'il faut de l'argent pour réussir.

L'un d'eux est arrêté ? il est aussitôt remplacé.

On nous dit qu'il faut une répression plus forte,

avec plus de moyens. Mais la police chargée de lutter

contre le trafic a l'impression qu'elle doit vider un

océan avec une petite cuillère. Ce serait mieux avec

deux cuillères ? D'autres proposent au contraire de

rendre légal le cannabis, comme le sont le tabac ou

l'alcool. Mais dans les pays qui ont légalisé le

cannabis, comme le Canada ou l'Uruguay, il reste

toujours une part de marché noir, et surtout, les

consommations de drogue ne diminuent pas.

C'est qu'il y a un autre problème que le côté violent

et illégal du trafic. Il y a la question de comprendre

à quoi est dû ce besoin de drogue. En France, ils

sont au moins un million et demi à consommer du

cannabis dix fois par mois. Dans le monde, on compte

300 millions de personnes qui consomment une

drogue ou une autre. Et les chiffres augmentent.

La drogue est un produit addictif : il oblige à en

reprendre, sinon vous êtes malades. Mais en France,

on ne fait pas la différence entre trafiquant et consommateur,

et on condamne celui qui a sur lui 5

grammes de cannabis à une amende de 150 euros.

Les psychologues connaissent bien les raisons

pour lesquelles des gens se mettent à la drogue. Le fait

qu'elle soit facile à trouver compte, mais n'explique

pas tout. On trouve plus de drogués chez les jeunes qui

sont dans une famille où il y a de la violence, où le

jeune ne se sent pas estimé, pas soutenu, pas aimé.

Dans celles aussi où il y a déjà de la drogue. Des

adolescents peuvent en prendre pour vouloir

s'affirmer, pour se sentir plus indépendant. La drogue

revient moins cher qu'une place de concert.

Les jeunes adultes, eux, vont essayer la drogue

quand ils souffrent d'anxiété, de stress, de dépression.

L'alcool ou le cannabis apportent un moment de bienêtre,

qui s'évanouit ensuite. A ceux qui ont du mal à

obtenir un emploi, ou si cet emploi est dur, peu satisfaisant,

la drogue sert à compenser, à effacer le sentiment

de misère, d'absence d'avenir, pour un moment.

La drogue est une marchandise parfaite : pas besoin

d'y ajouter du sucre pour donner envie d'en reprendre,

ni de publicité pour dire qu'elle est là. Le

produit fait cela de lui-même, dans notre cerveau. En

sortir est difficile, il y faut des médecins spécialisés.

Mais toute cette face de la drogue, qui en parle ?

qui s'en soucie ? qui cherche à comprendre pour

changer les choses ? Qui réfléchit aux vraies responsabilités

? C'est bien la vie actuelle, les difficultés à

trouver un emploi, la peur de le perdre, la concurrence

qui est mise entre nous au travail, ou pour un

logement, qui angoisse et qui stresse. C'est bien cette

société complètement inégale qui met à l'honneur les

plus riches et méprise les petits, qui donne le sentiment

d'échec, de n'être pas grand-chose.

La société capitaliste est une société d'inégalité.

C'est une société où le travail est là pour que certains

profitent du travail des autres. Et qui nous pousse

jusqu'au stress pour en obtenir plus. Cette société est

incapable de rendre heureux la majorité de sa population.

C'est elle qui est d'abord responsable. C'est elle

qui est à condamner, et à changer. Sans consommateur

de drogue, le trafic n'existe plus.

Il y a aujourd'hui tout l'argent et les moyens matériels

pour que tout le monde puisse bien vivre, dignement.

Il n'est pas normal qu'à notre époque, il faut

se battre entre nous, juste pour vivre. Il est temps de

remplacer l'inégalité du capitalisme par une obligation

d'égalité, sur toutes les questions de base. Il est

temps de passer du capitalisme à un Egalitarisme.


9/11/2025 L’Ouvrier n°423

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