lundi 30 décembre 2024

DEUX SUICIDES DEUX CRIMES DU CAPITAL


 Les cheminots en deuil : hommages à un « camarade exemplaire » après le suicide d’un conducteur TGV

Les hommages se multiplient depuis le suicide du conducteur de TGV Bruno Rejony, survenu ce 24 décembre, alors qu’il conduisait son train. Si le ministre des Transports s’est empressé d’étaler son mépris en s’inquiétant de potentiels retards, ses collègues se souviennent d’un « militant de valeur » et d’un cheminot « d’une intégrité et d’une intelligence rare ».

RP Transports

26 décembre 2024

« La famille cheminote (est) en deuil depuis hier soir », a réagi ce mercredi 25 décembre la Fédération CGT des Cheminots, suite au décès de Bruno Rejony, conducteur de TGV au dépôt de Saint-Etienne. Alors qu’il conduisait un train ce 24 décembre, le cheminot âgé de 52 ans s’est donné la mort en sautant du TGV en marche.

Représentant du personnel, militant communiste et syndicaliste à la CGT, la mort de l’ouvrier sur son lieu de travail a créé un véritable choc parmi les cheminots et l’ensemble du monde ouvrier et syndical. Bruno Rejony avait rejoint la SNCF en 1997 et était, depuis lors, reconnu comme un « conducteur expérimenté », comme le rapporte une source de la SNCF au Parisien. Ses collègues le saluent comme un « un camarade exemplaire d’une intégrité et d’une intelligence rare… et avec beaucoup de sensibilité ».

Depuis l’annonce de sa mort, les hommages se sont multipliés. Dans son communiqué, la Fédération CGT des Cheminots salue ainsi « un militant infatigable de notre organisation, répondant toujours présent pour défendre les intérêts des cheminotes et des cheminots, mais aussi de l’ensemble des salariés. Bruno portait haut les valeurs de la CGT ». La Fédération SUD Rail regrette quant à elle la disparition d’un « militant de valeur, investi dans son syndicat dont il a été secrétaire, mais aussi dans l’interprofessionnel que ce soit aux prud’hommes, ou dans son union départementale. Nous regretterons le syndicaliste, conducteur extrêmement investi dans son métier et pour le dépôt de St-Etienne dont il était l’une des figures, mais nous regretterons aussi l’homme, qui savait dépasser les clivages et créer le consensus pour combattre avec détermination les dérives de la SNCF ». La sénatrice PCF de la Loire, Cécile Cukierman, se souvient : « c’est quelqu’un avec qui j’avais beaucoup travaillé et avec qui je partageais la lutte contre les mauvais coups portés au service public ».

Car le cheminot était un militant de toutes les luttes. « Il y a encore quelques jours, il travaillait les revendications des agents de conduite de St-Etienne sur les enjeux du maintien d’un accès au TGV pour les conducteurs ligériens », rappelle, en ce sens, la Fédération CGT cheminots. Il s’était également largement mobilisé contre la réforme des retraites, battant le pavé avec ses collègues, dans les cortèges de la CGT, comme le rapporte Le Parisien.

Pourtant, malgré le choc profond provoqué par la mort du cheminot sur son lieu de travail, un soir de réveillon, le nouveau ministre des Transports, Philippe Tabarot (LR), n’a exprimé son émotion qu’à l’égard du retard causé par cette tragédie. Sans un mot pour la famille, les proches ou les collègues de ce dernier, le ministre des transports s’en est même pris au conducteur de TGV, assénant sur CNews, quelques heures seulement après le drame, « ça aurait pu être plus grave s’il avait souhaité faire dérailler son train ». Une sortie ignoble, pour salir la mémoire de l’un des nôtres.

Les collègues et la famille de Bruno Rejony n’ont pas encore pu faire leur deuil que cet ennemi du service public, fanatique de la privatisation du rail et de l’interdiction du droit de grève pour les cheminots, étale son mépris envers le monde ouvrier à heure de grande écoute. La CGT a aussitôt condamné ces affirmations dans son communiqué, dénonçant « les propos non fondés et honteux du Ministre des Transports », tandis que SUD souligne des « insinuations (qui) sont totalement inadmissibles ; nous n’oublierons jamais ! ».

La direction de la SNCF, quant à elle, s’est empressée de refermer le sujet en communiquant quelques heures après la mort du conducteur. « A cette heure, nous sommes toujours sans nouvelle du président de la SNCF ! », dénonce la fédération cheminote de la CGT qui souligne la « communication hâtive de la direction nationale de la SNCF », alors que l’enquête sur les circonstances de la mort de l’ouvrier ne font que débuter.

Alors que l’année 2023 a déjà marqué un triste record, avec 759 personnes décédées sur leurs lieux de travail, le mouvement ouvrier vient de perdre, une fois encore, l’un des siens. Si les circonstances et les causes ayant conduit à ce drame n’ont pas été éclaircies, cette mort tragique ne manque pas de rappeler la souffrance grandissante des cheminots à la SNCF face à des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader et à la répression syndicale toujours plus forte. Une souffrance qui ne manque pas de faire tragiquement écho à la mort d’Édouard Postal, cheminot et syndicaliste qui avait été poussé au suicide en 2017 après une intense répression de la SNCF et qui s’exprime également à travers la solitude grandissante, notamment parmi les cheminots, qui expose particulièrement aux souffrances dans la période des fêtes de fin d’année. Nous exprimons toutes nos condoléances et notre soutien à la famille de Bruno Rejony, à ses proches, à ses collègues et camarades de St-Etienne et à l’ensemble des cheminotes et cheminots.



Ce suicide est en réalité un crime du capital ,comme le suicide de Ludovic chauffeur de bus en relation avec la longue gréve des chauffeurs de bus de Cergy-Pontoise dont voici un témoignage,


Après plus d'un mois de grève, un drame très grave a eu lieu ; un observateur à écrit ce texte que je vous invite à le lire attentivement.


⚠️J’en ai assez de me taire. Chagrinée par le titre ambigu du Parisien. Alors voici tout ce qu’on ne vous a pas dit !

Ludo vous a peut-être transporté dans son bus, peut-être le connaissiez vous…

Un sourire, un signe de la main, un bonjour ? Ludo c’est un gentil.

Papa de 5 enfants dont le plus jeune a 5 ans, à quelques jours de Noël, mais que s’est-il passé ?

Remontons sur quelques mois. Des mois de pressions depuis le changement de direction de la société qui gère les bus. Des mois d’un nouveau management terrible sur les chauffeurs.

De nouvelles cadences infernales pour faire des économies, sur le dos des chauffeurs, et sur le dos des usagers : vous allez comprendre.

Voici 4 exemples CONCRETS de ce qu’ils ont subi et de ce que l’on leur prépare ainsi qu’à nous - 80 000 - usagers dit-on.

▶️Exemple 1 :Le chauffeur conduit son bus très mal entretenu, il a des passagers, des voyants rouges s’allument. Appel au PC. Réponse : « c’est rien ça, tu peux rouler… » Ben voyons !

▶️Exemple 2 : Un chauffeur est sur Cergy lorsqu’un passager lui indique qu’il... manque une vitre !

Non pas un petit fenestron, une GRANDE vitre à l’arrière à droite a disparu. Aucune trace de verre dans le bus, la vitre était présente durant la prise de service, la seule hypothèse étant qu’elle soit tombée sur l’autoroute…

▶️Exemple 3 : Un matin comme un autre un chauffeur fait sa prise de service, démarre son bus lorsqu’une flamme (oui du feu) surgit dans son habitacle inutile de dire qu’il descend précipitamment pour ne pas être coincé...

▶️Exemple 4 : Un chauffeur (non expérimenté nous comprendrons pourquoi), se trouve à Vauréal à monter une longue côte assez raide.

-Voyants rouges qui clignotent.

Ne sachant que faire et voyant un autre bus derrière lui il décide de stopper le bus et faire appelle à son collègue. Pour cela, il stoppe son bus, mais se trompe de mode de freinage, et descend du bus pour aller demander de l’aide à son collègue. C’est alors que le bus, plein de passagers se met à redescendre la pente tout seul ! Il sera heureusement stoppé, non sans casse matérielle et des blessés, par le bus qui montait derrière.

Non, on ne peut pas en vouloir à ce chauffeur.

L’an dernier encore, une fois le permis en poche, les chauffeurs bénéficiaient de 2 mois entiers de formation sur les lignes, en binôme, avant de nous transporter.

Aujourd’hui, tenez vous bien : un chauffeur, permis juste en poche a le droit à UNE JOURNÉE, voire, UNE DEMIE-JOURNÉE , de formation sur 1 ligne, voire juste un A/R sur une ligne !

Certains n’ayant jamais eu entre les mains un « articulé », vous savez bien, ces grands bus avec un genre d’accordéon en leur milieu. Ces nouveaux chauffeurs, peuvent être obligés de prendre directement un articulé après un seul A/R d’observation !

Ceci sur l’état du matériel et du recrutement, et maintenant sur la pression.

Voici 4 exemples, non exhaustifs de ce qu’ils vivent déjà et doivent subir encore.

D’abord les cadences de travail :

▶️Exemple 1 : Du temps de la STIVO, les chauffeurs avaient légitimement droit à des pauses, de 10/15 voire 24 minutes, le temps de passer au toilettes ? manger un sandwich ? Fumer une cigarette ? Se détendre les bras et les jambes ?

La nouvelle direction octroie des pauses de …

Tenez vous bien 3/4 minutes ! Sachant qu’ayant possiblement un retard de quelques minutes, ils n’ont donc plus de pause ce qui permet à la direction, en cumulant les suppression de pauses, de leur ajouter un A/R !

- De plus les pauses ont été retirées du temps de travail et ne sont donc plus rémunérées !

Le mec il est là, dans, ou à côté de son bus ou en train de rouler en cas de retard, et il n’est pas payé.

La pause de 24 minute existe toujours c’est une obligation légale à partir de 6h ou 6h30 de conduite.

Comment les leur supprimer ? C’est simple on leur donne un temps de travail de... 5 heures 59 minutes et le tour est joué. Et oui, il fallait y penser !

▶️Exemple 2 : même chose pour leur « prime de panier » Si par exemple la prime de panier se déclenche à 13 heures, on les fait travailler jusqu’à ...12h59 !

▶️Exemple 3 : Idem prime du dimanche.

D’après vous : Un chauffeur qui conduit, la nuit, de samedi jusqu’à dimanche 1 heure du matin. Touchera sa prime , ne touchera pas sa prime du dimanche ?

Gagné : il ne la touchera pas.

▶️Exemple 4 : Chaque chauffeur (selon ancienneté) va perdre plusieurs centaines d’euros par mois, à partir de Mars 2025 à la signature (forcée) du nouveau contrat préparé par la direction, et n’espérera une augmentation de salaire qu’au bout de 16 ans de travail au lieu de 4. Qui parmi nous accepterait cela ?

Voilà quelques exemples réels de ce qu’il se passe.

Alors, poussés à bout, ils se sont mis en grève, sachant que pour la plupart ils ne seraient pas rémunérés.

C’est alors qu’ont commencé les longues nuits glaciales et sans sommeil, que seules réchauffaient l’espoir et les cœurs solidaires.

Les journées et les nuits loin des leurs.

On les voit, les yeux bouffis de fatigue et gonflés par les fumées piquantes qui tournent au gré du vent, les esprits de plus en plus en berne.

Cependant ils croyaient encore avoir affaire à une direction et une société digne de ce nom.

Peu à peu ils ont compris avoir affaire à des "intelligences presque artificielles", parachutées là pour obtenir des « résultats », les humilier et leur tordre les bras.

Le mépris envers eux (et nous usagers) s’est montré à maintes reprises, encore un exemple :

lors d’une échange avec la direction, (qui tente par tous les moyens de les épuiser, les ayant fait attendre et espérer une rencontre toute la semaine).

Prévue vers 14 heures un samedi, ils attendent et patientent encore jusqu’à 19 heures, pour qu’au bout du compte le responsable leur dise : « bon c’est le week-end moi je rentre j’ai une famille moi, on se voit la semaine prochaine… »

Alors oui, l’un des chauffeurs, excédé, a jeté DEUX œufs sur la voiture de ce personnage, et un autre a bien dû lui envoyer des noms d’oiseaux.

C’est ce qui a été qualifié dans les publications, de « violences inacceptables », et qui a justifié, un arrêt de travail du personnage en question d’une vingtaine de jours ! Je veux bien croire qu’il ait été impressionné.

Oui, certains chauffeurs, après plusieurs semaines de ce régime ont fini par tomber malades. Certains ont chopé des virus à grelotter sur place les nuits et les jours dans le froid, d’autres ont chopé l’angoisse et le désespoir malgré la solidarité des collègues.

Certains ont pris du dolipra**, mais d’autres ont pris des médicaments qui, censés soigner les angoisses de l’âme, peuvent aussi affecter gravement le discernement...

Certains, étant malades, se sentant inutiles, coupables d’être incapables d’aller soutenir les collègues sur les piquets de grève, se sentant mal aussi vis-à-vis des usagers si nombreux à galérer, coupables encore vis-à-vis de leur famille lorsqu’il y a un double zéro en bas de la fiche de paie à quelques jours de Noël.

Comment ne pas se sentir impuissant et broyé ?

En effet, bien qu’en arrêt maladie on dépend encore de l’entreprise, les documents nécessaires au règlement de quelques indemnités journalières doivent être transmis par elle pour qu’il y ait le moindre euro versé. Devinez ?

Alors oui, la moutarde me monte au nez lorsque j’entends certains élus expliquer que les chauffeurs font grève pour « défendre leurs AVANTAGES !» et quand certains journalistes expliquent que lors de l’hommage à Ludo ils étaient 10 alors qu’ils étaient 100 ! Sa justification étant qu’elle a « mal compté et ne s’est pas rendue compte... » T’es journaliste toi ?

Mépris ? Inhumanité ? Humiliation ? : Lorsque les chauffeurs ont fait part du décès de l’un des leurs à un personnage de la direction voici textuellement ce qui leur a été répondu : « Ah ben c’est la vie »

No comment !

Je ne suis pas du métier. Mais de mon poste d’observation, ce que je peux dire, c’est que les chauffeurs se sentent bien seuls dans leur combat et on sait tous que les usagers de leur côté vivent de grandes difficultés.

Que faire concrètement pour les aider, pour nous aider nous-même ?

Une idée ?

Si on ne fait rien, la moitié va démissionner, nous auront des intérimaires à peine formés, des bus totalement délabrés, des retards et suppression de bus incessants.

Malheureusement il me semble bien qu’au delà de cette entreprise, décérébrer et dévitaliser de l’intérieur les entreprises soit devenu un sport national ?











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