lundi 20 janvier 2025

Chili- le pillage des fonds de pension ouvriers a commencé…quel sera le prochain État totalitaire?

 

8 juin 2021

Nous publions cet article, dont l' intérêt est qu'il montre comment la dette perpétuelle est remboursée, en piochant dans les fonds de pension c'est à dire l'épargne ouvrière. En France la pandémie n' est pas terminée que nous voyons déjà toute la nomenklatura macroniste se jeter de nouveau sur la réforme des retraites. L'article cependant dérape en minimisant la pandémie « l'infection bidon » de même sa conclusion face au mouvement spontané des travailleurs est de vouloir « une direction à la hauteur de la tâche. »

 

 Manifestación - Antonio Berni, 1934
Chili- le pillage des fonds de pension ouvriers a commencé…quel sera le prochain État totalitaire?

Mai 2021

Par  Galo Cardañosa.

 https://www.marxismo.org.br/author/galo-cardanosa/

Les institutions démocratiques bourgeoises chiliennes, héritées du Pinochétisme, comme une vieille armoire branlante, grincent par toutes leurs fissures à la moindre brise populaire. Ce dernier mois, ces institutions défaillantes ont été mises à genoux, à la suite d’un projet de loi qui autoriserait, pour la troisième fois, une réquisition de 10% des fonds de pension ouvriers pour colmater les caisses de l’État pillées par les miliardaires.

Le président Sebastián Piñera a été battu en chambre sur cette question et, une fois de plus, c’est l’organisation de la classe ouvrière qui a été le moteur de sa défaite, exprimée par une formidable mobilisation des dockers et la menace d’une grève générale. Les quelques mesures prises par le gouvernement n’ont pas permis de contenir l’impact de la grave crise économique accentuée par les mesures de confinement dément. Selon un rapport de la Banque mondiale, en avril de cette année, environ 2,3 millions de personnes ont rejoint les rangs des personnes « économiquement vulnérables ». Dans le même temps, le revenu par habitant a chuté d’environ 40 % dans les ménages où au moins un adulte a perdu son emploi.

Dès le début de l’année, la CEPALC a prévenu que l’économie chilienne – et celle de la région régresserait de 6% en 2020. Cela se traduirait par la perte de plus d’un million d’emplois et une augmentation de la pauvreté absolue de près de 4%. Parallèlement, les chiffres de l’Institut national de la statistique (INE) ont montré que le taux de chômage en 2020 a atteint une moyenne de 10,7%, soit une augmentation de plus d’un tiers par rapport à 2019. Cette augmentation a été accentuée par le grand nombre de personnes qui ont quitté la population active, puis ont reporté ou ralenti leur recherche d’un nouvel emploi…faute d’emploi disponible.

Les transferts directs de soutien fiscal aux familles les plus sévèrement touchées sont arrivés excessivement tard et ont été traités de manière extrêmement bureaucratique. L’une de ces méthodes de transfert, consiste en une livraison unique de 500 000$ (environ 700 $ US) aux personnes dont le revenu mensuel moyen en 2019 était compris entre 298 833$ et 2 000 000$ (428 $ US et 2 864 $ US), et qui ont démontré une diminution de leur revenu d’au moins 20% par rapport aux six mois précédents.

Cette aide n’a cependant pas atteint la grande majorité des familles qui en ont un besoin urgent, en grande partie à cause de la lourdeur des procédures à suivre pour démontrer la conformité aux exigences, ou dans le cas des travailleurs informels, parce qu’ils ne sont pas en mesure de prouver leurs revenus ou leurs pertes (la majorité des travailleurs chiliens).

Un économiste chilien a fait remarquer à la BBC que « sur l’ensemble des dépenses fiscales effectuées au Chili, un peu plus de 3% sont des transferts monétaires aux familles ou aux personnes en situation d’exclusion sociale. »

 En témoigne le fait que sur les 12 milliards de dollars américains qui avaient été mis de côté pour l’aide d’urgence, seul un peu plus d’un tiers a été dépensé l’année dernière. Face à cette situation, le gouvernement a décidé d’accorder un revenu familial d’urgence (RFE) de 100 000 dollars (143 dollars) par personne, pendant trois mois, pour les 80% les plus vulnérables économiquement dans chaque région (dont la demande nécessite une série de nouvelles procédures complexes).

Cette aide est clairement insuffisante, si l’on considère que le seuil de pauvreté fixé par l’État chilien est de 450 000 dollars chiliens pour un foyer moyen de quatre personnes. « Je suis trop riche pour recevoir une aide de l’État et trop pauvre pour demander un prêt à la banque » est une phrase couramment entendue de nos jours.

Face à l’avidité et à la lenteur du gouvernement, et au désespoir de la population, la demande d’accès à une partie de l’épargne-retraite aux mains des gestionnaires de fonds de pension a de nouveau été formulée (AFP).

Cette revendication a été mise en avant en juillet et décembre 2020, mais elle s’est heurtée à une résistance farouche du gouvernement, des «partis politiques de gauche et de droite», ainsi que de la classe capitaliste plus généralement.

Les travailleurs sont clairs : ils ne devraient pas avoir à utiliser leurs propres économies pour atténuer les effets de la crise systémique et pandémique aggravante. Ce sont plutôt les capitalistes qui doivent payer, en particulier ceux qui ont réalisé des profits monstrueux au cours de cette période de disette. Les profits du secteur bancaire, par exemple, ont atteint environ 1,59 milliard de dollars en 2020.

Dans un cas encore plus humiliant, en mai, trois des plus grandes AFP ont retiré des bénéfices équivalant à près de 211 millions de dollars US pour les distribuer à leurs actionnaires. Les grandes entreprises et leurs représentants politiques au gouvernement (de gauche comme de droite) ont cependant systématiquement refusé de mettre en œuvre une réforme fiscale temporaire pour collecter les fonds nécessaires à un revenu de base d’urgence qui permettrait aux gens de subvenir à leurs besoins minimums, laissant le retrait anticipé de l’épargne retraite comme option de dernier recours. Les travailleurs réalisent que – avec ou sans ce retrait anticipé – leurs pensions ne seront pas suffisantes pour vivre.

Cette demande populaire a été habilement reprise par une congressiste du parti humaniste, Pamela Jiles. Jiles est un caméléon politique et une opportuniste qui aspire à la présidence et qui a fait de cette campagne son principal sujet de discussion. Malgré l’opposition initiale des partis politiques traditionnels (de gauche comme de droite), la pression des masses et l’imminence des élections présidentielles (bidon) ont peu à peu affaibli la détermination des parlementaires de tous bords.

Même la majorité des députés et sénateurs de droite se sont rangés, l’un après l’autre, du côté de l’initiative législative soulevée par Jiles pour procéder à une modification temporaire de la constitution, permettant le retrait de 10% des fonds de pension.

Précisément parce qu’il s’agit d’une réforme constitutionnelle, prérogative exclusive de l’exécutif, le gouvernement et les patrons ont utilisé cette technicité pour s’opposer à la manœuvre parlementaire, et ont menacé à plusieurs reprises de saisir la Cour constitutionnelle (TC) pour la contester.

Au premier essai, accablé par une défaite au Congrès et par d’intenses protestations sous la forme de barricades et de caceroleos (taper la nuit sur des casserolles pour protester) généralisés, le président Piñera a signé à contrecœur le projet de loi sans recourir à la justice. Une mascarade gouvernementale pour dissimuler le pillage des fonds de pension des travailleurs par l’État «providence» totalitaire de «gauche-droite».

À peine les premiers 10 % avaient-ils été retirés que les seconds 10% étaient déjà en discussion au Congrès Étatique bourgeois. Dans une tentative ratée de montrer ses muscles, Piñera a décidé de le bloquer au Tribunal Constitutionnel, qui – sans surprise, étant donné la partialité politique de ses membres – a accepté l’appel présidentiel. Cependant, le gouvernement a dû céder une fois de plus à la pression des travailleurs et a fini par promouvoir son propre projet, pratiquement identique à celui qu’il avait contesté.

En avril, au milieu d’une grave deuxième vague d’infections bidon (causée en grande partie par l’ineptie et la politique de prestige du gouvernement lors de la gestion de la crise sanitaire), l’idée d’un troisième retrait de 10% des fonds de pension a trouvé un écho chez les congressistes qui l’avaient écartée il y a un an. Voilà quel était l’objectif de la mascarade de la soi-disant 2e vague d’infections bidon…dépouiller les travailleurs de leur fonds de pension.

L’opposition de gauche comme de droite, suivie par le parti au pouvoir, contraint par la crainte d’une nouvelle explosion sociale égale, voire supérieure à celle d’octobre 2019, a massivement soutenu l’initiative. Le gouvernement a été mis entre le marteau et l’enclume pour la troisième fois consécutive.

 Deux jours avant son approbation, le 20 avril, le gouvernement a soumis une nouvelle demande au TC afin d’arrêter le retrait, conscient que ce troisième projet de loi suffirait à faire s’effondrer non seulement le système de retraite, mais la Constitution elle-même, qui consacre le droit de propriété sur les droits du peuple.

Vendredi soir, des caceroleos généralisés et des barricades dans les rues se sont répétés dans tout le pays. Pendant ce temps, le syndicat des dockers du Chili a appelé à la grève dans 25 docks le lundi ; la Fédération des travailleurs du cuivre a été mise en alerte et envisageait une action ; et la Centrale unie des travailleurs du Chili (CUT), le plus grand syndicat du pays, a appelé à une « grève générale pour la santé » (sic – les pourris) le vendredi suivant.

Le courage et la détermination des dockers sont une source d’inspiration pour le reste de la classe ouvrière. Des barricades militantes et des blocages de routes se sont étendus tout le long du pays, faisant trembler tout l’establishment. Il y a même eu des manifestations de solidarité internationale des travailleurs, lorsque le Conseil international des dockers a menacé d’un blocus mondial des cargaisons chiliennes.

Pendant le week-end, le gouvernement était nerveux, et le dimanche soir, il a organisé un spectacle avec des ministres et des candidats à la présidence de la coalition au pouvoir, qui a été télévisé au niveau national. M. Piñera y a annoncé que, bien que le gouvernement ne retire pas sa demande du Tribunal Constitutionnel (TC), il accepte de soumettre au Parlement son propre projet de retrait (limité) de 10 %, comme il l’avait fait précédemment( ?!…)

Mais les dés étaient déjà jetés et la manœuvre de Piñera s’est retournée contre lui. Mardi matin, le TC a annoncé le rejet du recours visant à stopper le retrait. L’après-midi même, Piñera, défait, a été contraint de présenter le projet de loi approuvé par le Parlement et de retirer le sien. Les événements ont montré que même ce dernier bastion antidémocratique, le TC et ses opérateurs politiques de gauches et de droites, n’étaient pas prêts à aller jusqu’à provoquer une nouvelle insurrection.

Le lendemain matin, des rivières d’encre coulaient dans la presse bourgeoise, pleurant la mort de la Constitution de Pinochet de 1980 et sa protection des principes économiques néolibéraux. Et ce, bien que la Constitution ait déjà été balayée lors du plébiscite d’octobre 2020, lorsque 79% des Chiliens ont voté en faveur de la convocation d’une assemblée constituante pour 2021 ! (fadaise démocratique bourgeoise ridicule et en trompe l’œil)

Les déclarations d’hommes d’affaires et d’économistes de droite (comme de gauche), qui ont prédit la destruction du système de retraite chilien et l’effondrement des marchés, n’ont pas été moins désemparées, bien que la performance réelle de la bourse ait été un pâle reflet de leurs prédictions apocalyptiques. Pendant ce temps, dans un état d’euphorie, Pamela Jiles a annoncé à la presse un quatrième et un cinquième projet de réquisition des fonds de pension des travailleurs!

Vendredi dernier, la symbolique Plaza Dignidad a été investie par la police, de peur que l’appel à la grève générale n’entraîne des manifestations violentes. Alors que la popularité du président est au plus bas, avec un taux d’approbation d’à peine 9 %, l’opposition « démocratique » bourgeoise – comme elle aime se faire appeler – a décidé de ne pas laisser tomber le gouvernement de Piñera.

Affichant leurs références « républicaines » et leur « attachement aux institutions », ils ont gelé un acte d’accusation constitutionnel qui visait à le destituer pour – entre autres – sa gestion épouvantable de la crise économique et sanitaire, et les graves violations des droits de l’homme qui ont eu lieu pendant l’insurrection d’octobre.

La présidente du Sénat, une chrétienne-démocrate, se positionne désormais comme une figure conciliante pour rechercher un consensus dans la relation brisée entre l’exécutif et le législatif, avec des clins d’œil à la CUT de gauche, capitalisant sur leur popularité dans les sondages.

Pendant ce temps, l’ancien juge espagnol Baltasar Garzón, la Commission chilienne des droits de l’homme, l’Association américaine de juristes et le Centro di Ricerca ed Elaborazione per la Democrazia ont envoyé une lettre à la Cour pénale internationale, lui demandant d’enquêter, d’accuser et d’ouvrir un procès contre Sebastián Piñera et ses collaborateurs civils, militaires et policiers, « pour crimes contre l’humanité commis de manière généralisée et systématique depuis octobre 2019 ».

Les vieilles et imposantes institutions érigées par Pinochet et ses collaborateurs néolibéraux pendant la dictature bénéficiant de la collaboration de la gauche électoraliste et démocratique bourgeoise, et soutenues par leurs partenaires de centre-gauche et de gauche, n’ont jamais été aussi instables. Ses piliers institutionnels (la présidence, le congrès, les tribunaux, les forces armées et de sécurité, la constitution et leur modèle de privatisation) ont été brisés par la force d’un certain nombre de coups portés par les masses populaires dans la rue et sur les lieux de travail et dans les quartiers.

Cependant, ces institutions sont toujours debout, soutenues par leur propre inertie et par de fragiles rustines appliquées par une classe qui refuse de céder ses privilèges. Elles ne s’effondreront que lorsque les travailleurs organisés se mobiliseront pour détruire l’appareil d’État bourgeois et établir le règne des travailleurs. La classe ouvrière et les masses ont déjà démontré leur volonté de lutter et leur force spontanée; ce qui manque, c’est une direction à la hauteur de la tâche.

Chili : les députés votent en faveur du droit à puiser dans l'épargne-retraite

Par Le Figaro avec AFP

Publié le 09/07/2020 à 06:21

En pleine crise économique liée à la pandémie, la chambre des députés chilienne a voté en faveur d'un projet de loi qui doit permettre aux Chiliens de puiser dans leur épargne-retraite, un système de cotisation relevant principalement du secteur privé largement rejeté par la société. Le texte a été approuvé par 95 voix contre 25, mais doit encore être examiné par le Sénat.

Le régime de retraites chilien, datant de la période de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), s'appuie sur un système de capitalisation totalement individualisée pour les salariés : il oblige les travailleurs à verser 10% de leurs salaires sur un compte individuel géré par des Administrateurs de fonds de pensions (AFPs), des organismes financiers privés chargés de les faire fructifier.

La réforme de ce régime est au cœur des revendications du mouvement de contestation sociale qui a débuté en octobre au Chili, car il a plongé de nombreux Chiliens dans la pauvreté, les condamnant à des retraites inférieures au salaire minimum (301.000 pesos, 375 euros) alors qu’en théorie, il leur promettait de toucher 70% de leur dernier salaire. De précédentes tentatives de réformes s'étaient heurtées à l'opposition de la droite et du patronat.

Le texte voté prévoit le retrait de jusqu'à 10% des fonds de pensions, considérés comme la pierre angulaire du «modèle chilien». Ce régime de retraite étant très impopulaire dans ce pays, 83% des Chiliens sont favorables à ce projet de loi, selon un sondage récent. Le projet de loi prévoit le retrait d'un maximum de 5.300 dollars et les députés d'opposition qui en sont à l'origine jugent cette mesure essentielle pour venir en aide à la classe moyenne qui n'a bénéficié jusque-là d'aucune aide.

samedi 18 janvier 2025

Boxcar Bertha, autobiographie recueillie par Ben Reiman,

 




Boxcar Bertha, autobiographie recueillie par Ben Reiman, L’insomniaque, Paris, 1994, (publiée une première fois en anglais en 1937) comme son adaptation cinématographique faite en 1972 par Martin Scorsese, retrace la vie aventureuse d’une « hobo », prolétaire itinérante qui circulait au travers de l’Amérique en piratant les chemins de fer. Cette extraordinaire saga est en fait celle d’une partie de la classe ouvrière qui mélangeait affrontements violents contre le patronat et 
la police, délinquances diverses et vie solidaire en dehors des normes bourgeoises. Elle complète les descriptions romancées faite par Jack London (Les vagabonds du rail, Les temps maudits, chez 10/18 éditions) ainsi que l’exceptionnel combat mené par les I.W.W. début du XXème siècle. Elle coïncidence également avec tout ce qui va constituer une « contre-culture » en tant que synthèse internationale d’un prolétariat hétéroclite, marginalisé et aux origines multiples, mais non encore soumis et domestiqué par le rêve américain et ses bagnes salariaux et industriels. C’est au son des chansons de Joe Hill et de tout le « rebel folk songs » interprété entre autres par Woody Guthrie et Pete Seeger, que l’on peut voyager en compagnie de ses indomptables prolétaires. Ben Reiman, l’auteur de cette biographie était un médecin anarchiste, compagnon d’Emma Goldman, qui consacra sa vie à soigner et à organiser ce type de prolétaires précaires et vagabonds. Nous avons également consacré une étude sur ces mouvements : « La soumission du procès de travail au procès de valorisation au travers de l'exemple du mouvement ouvrier américain (1887-1920), disponible sur notre site : https://materiauxcritiques.wixsite.com/monsite/

jeudi 16 janvier 2025

LA LONGUE GRÉVE DES CHAUFFEURS DE BUS DE CERGY-PONTOISE

 


"Mais pour les prolétaires qui se laissent amuser (...) par des plantations d'arbres de la Liberté, (...) il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin, de la mitraille, de la misère toujours."-Blanqui, 1851-

"Messieurs, ne vous en laisser pas imposer par le mot abstrait de 'liberté'. Liberté de qui? Ce n'est pas la liberté d'un simple individu, en présence d'un autre individu. C'est la liberté qu'a le capital d'écraser le travailleur." -K. Marx, Discours sur le libre-échange, 1848-

Les chauffeurs de bus de Cergy-Pontoise entrent dans leur troisième mois de grève, grève qui s'inscrit dans la grande offensive du capitalisme mondial contre les acquis sociaux. Ceci depuis le retournement monétarisme des Chicago boys ou Thatcher et Reagan vont liquider les grands pôles de résistance de la classe ouvrière. Voir les mineurs, les dockers,puis le secteur public ...voir a ce sujet notre publication 25 ans de liquidation d’acquis sociaux en France

Voilà donc que nos jeunes économistes, formatés sur les bases des travaux de Milton Friedman et de Gary Becker, vont se répandre comme la peste dans les conseils économiques de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher, certains accéderont aux institutions de Bretton Woods , du FMI et de la Banque mondiale. Ils ne tarderont pas à convaincre, de nombreux gouvernements au fait qu’il faut maintenant sonner le tocsin de l’économie réglementé et de briser tous les carcans avant de finir comme le capitalisme d’état de l’ URSS.

La recette consistait  dans un premier temps, à  appliquer le système des « 3 D » (déréglementation, désintermédiation, décloisonnement)

Le glas de l’ économie administrée avait sonné et dans les milieux financier les ténors du monétarisme, montraient du doigt l’ affaire du crédit lyonnais revendiquant que la banque devienne mortelle. Le programme commun de la gauche (PC/PS) fut nié jusqu'à la moelle des os par la gauche elle même. Plus de 65 groupes (banques, compagnies d’assurances, entreprises industrielles), seront soumis à la  privatisation. Ce programme va toucher les nationalisations de 1982, voire de 1945.

C’est surtout à partir de 1986 que l’offensive de cette nouvelle donne du capital à l’ échelle mondiale commença ses attaques contre le monde du travail, en France  (libéralisation des prix, suppression du contrôle des changes, développement de la concurrence, lutte contre les rigidités concernant l’embauche et les dénationalisations). Dés 1987 date du début des dévalorisations financières en chaînes, la politique monétariste de l’ultra-libéralisme est remise en cause, le bilan est plus que négatif. De nouveau la question de l’Etat ; et de sa réhabilitation revient sur le tapis. En Grande-Bretagne Thatcher démissionne le 22 novembre 1990 ; c’est la fin des croisades contre le “ Welfare State ” (Etat-providence).

Aux USA Bill Clinton est réélu sur un programme de relance de l’économie par des dépenses publiques, il veut “ réinventer l’Etat ” et parle d’une réforme en profondeur du système de protection sociale. Dans pratiquement tous les pays occidentaux des mouvements de réhabilitation du rôle de l’Etat auront lieu, mais la purge sociale aura été programmée par tous les Etats et la réhabilitation de l’Etat ne remettra pas en cause la poursuite de cette purge, elle va au contraire la diriger, la contrôler et l’accentuer. La longue grève des chauffeurs de bus de Cergy, n' est que la continuation de cette attaque systématique contre le monde du travail ,

ORIGINE ET RAISONS DE LA GRÈVE

Depuis le 7 novembre 2024, un conflit social paralyse le réseau de bus de Cergy-Pontoise et Conflans-Sainte-Honorine . C'est à l’appel du syndicat F,O que les chauffeurs sont en grève reconductible. Ils dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail et se battent pour conserver des acquis sociaux obtenus du temps de la Stivo et de Transdev, acquis remis en cause depuis la reprise du marché par Francilité Seine-et-Oise Fso. Cet opérateur a procédé au regroupement des dépôts de Saint Ouen l'Aumone, 400 salariés avec celui de Conflans Sainte-Honorine,une centaine de salariés. « Le système est fait exprès. Ce n’est pas un rachat d’entreprise où l’on garde les accords. C’est fait pour qu’on renégocie tous les six ans nos conditions de travail à la baisse », dénonce un grèviste. Alors que l’ouverture à la concurrence est en train de s’élargir au réseau RATP, il est urgent de prendre conscience des risques qu’elle implique et de s’y opposer collectivement. Ceci est d' autant plus important que le groupement Lacroix-Savac, qui a remporté l’appel d’offre, appartient à Cube, un fonds d’investissement luxembourgeois, qui,verouille toute négociation son objectif étant d'augmenter l' exploitation des salariés, Lacroix-Savac n’est qu’un intermédiaire qui ne peut rien négocier . Entre la direction et les syndicats, les négociations achoppent sur l’accord de substitution fixant l’organisation du travail, les rémunérations et les primes des salariés.

LES PARTIES EN CAUSE

La direction de Francilité Seine-et-Oise, représentée par Stéphane Bonnaud,

Le syndicat FO et les grévistes.

J,P Jandon Maire de Cergy depuis 2013 et Président de la Communauté d' agglomération depuis juillet 2020,demande "l'ouverture de réelles négociations, le maintien des avantages sociaux pour les chauffeurs ainsi que de leurs conditions de travail" et, côté usagers, "le remboursement intégral des abonnements pour le mois de novembre". Se souvenir qu'il promettait la gratuité des transports pour les jeunes et les seniors.

Valérie Pécresse, présidente d'Île-de-France mobilité, annoncera que les 80 000 usagers du réseau de bus de Cergy Pontoise et Conflans-Sainte-Honorine seront indemnisés.

la France Insoumise LFI - elle demande un changement d' opérateur

 LES NOUVELLES CONDITIONS D'EXPLOITATION

Un observateur à écrit Le texte suivant après le suicide d'un chauffeur , Ludovic.

J’en ai assez de me taire. Chagrinée par le titre ambigu du Parisien. Alors voici tout ce qu’on ne vous a pas dit ! Ludo vous a peut-être transporté dans son bus, peut-être le connaissiez vous…Un sourire, un signe de la main, un bonjour ? Ludo c’est un gentil. Papa de 5 enfants dont le plus jeune a 5 ans, à quelques jours de Noël, mais que s’est-il passé ?

Remontons sur quelques mois. Des mois de pressions depuis le changement de direction de la société qui gère les bus. Des mois d’un nouveau management terrible sur les chauffeurs. De nouvelles cadences infernales pour faire des économies, sur le dos des chauffeurs, et sur le dos des usagers : vous allez comprendre.


Voici 4 CONCRETS de ce qu’ils ont subi et de ce que l’on leur prépare ainsi qu’à nous - 80 000 - usagers dit-on.

▶️Exemple 1 :Le chauffeur conduit son bus très mal entretenu, il a des passagers, des voyants rouges s’allument. Appel au PC. Réponse : « c’est rien ça, tu peux rouler… » Ben voyons !

▶️Exemple 2 : Un chauffeur est sur Cergy lorsqu’un passager lui indique qu’il... manque une vitre !Non pas un petit fenestron, une GRANDE vitre à l’arrière à droite a disparu. Aucune trace de verre dans le bus, la vitre était présente durant la prise de service, la seule hypothèse étant qu’elle soit tombée sur l’autoroute…

▶️Exemple 3 : Un matin comme un autre un chauffeur fait sa prise de service, démarre son bus lorsqu’une flamme (oui du feu) surgit dans son habitacle inutile de dire qu’il descend précipitamment pour ne pas être coincé...

▶️Exemple 4 : Un chauffeur (non expérimenté nous comprendrons pourquoi), se trouve à Vauréal à monter une longue côte assez raide.

-Voyants rouges qui clignotent.

Ne sachant que faire et voyant un autre bus derrière lui il décide de stopper le bus et faire appelle à son collègue. Pour cela, il stoppe son bus, mais se trompe de mode de freinage, et descend du bus pour aller demander de l’aide à son collègue. C’est alors que le bus, plein de passagers se met à redescendre la pente tout seul ! Il sera heureusement stoppé, non sans casse matérielle et des blessés, par le bus qui montait derrière.

Non, on ne peut pas en vouloir à ce chauffeur.

L’an dernier encore, une fois le permis en poche, les chauffeurs bénéficiaient de 2 mois entiers de formation sur les lignes, en binôme, avant de nous transporter.

Aujourd’hui, tenez vous bien : un chauffeur, permis juste en poche a le droit à UNE JOURNÉE, voire, UNE DEMIE-JOURNÉE , de formation sur 1 ligne, voire juste un A/R sur une ligne !

Certains n’ayant jamais eu entre les mains un « articulé », vous savez bien, ces grands bus avec un genre d’accordéon en leur milieu. Ces nouveaux chauffeurs, peuvent être obligés de prendre directement un articulé après un seul A/R d’observation !

Ceci sur l’état du matériel et du recrutement, et maintenant sur la pression.

Voici 4 exemples, non exhaustifs de ce qu’ils vivent déjà et doivent subir encore.

D’abord les cadences de travail :

▶️Exemple 1 : Du temps de la STIVO, les chauffeurs avaient légitimement droit à des pauses, de 10/15 voire 24 minutes, le temps de passer au toilettes ? manger un sandwich ? Fumer une cigarette ? Se détendre les bras et les jambes ?

La nouvelle direction octroie des pauses de …

Tenez vous bien 3/4 minutes ! Sachant qu’ayant possiblement un retard de quelques minutes, ils n’ont donc plus de pause ce qui permet à la direction, en cumulant les suppression de pauses, de leur ajouter un A/R !

- De plus les pauses ont été retirées du temps de travail et ne sont donc plus rémunérées !

Le mec il est là, dans, ou à côté de son bus ou en train de rouler en cas de retard, et il n’est pas payé.

La pause de 24 minute existe toujours c’est une obligation légale à partir de 6h ou 6h30 de conduite.

Comment les leur supprimer ? C’est simple on leur donne un temps de travail de... 5 heures 59 minutes et le tour est joué. Et oui, il fallait y penser !

▶️Exemple 2 : même chose pour leur « prime de panier » Si par exemple la prime de panier se déclenche à 13 heures, on les fait travailler jusqu’à ...12h59 !

▶️Exemple 3 : Idem prime du dimanche.

D’après vous : Un chauffeur qui conduit, la nuit, de samedi jusqu’à dimanche 1 heure du matin. Touchera sa prime , ne touchera pas sa prime du dimanche ?

Gagné : il ne la touchera pas.

▶️Exemple 4 : Chaque chauffeur (selon ancienneté) va perdre plusieurs centaines d’euros par mois, à partir de Mars 2025 à la signature (forcée) du nouveau contrat préparé par la direction, et n’espérera une augmentation de salaire qu’au bout de 16 ans de travail au lieu de 4. Qui parmi nous accepterait cela ?

Voilà quelques exemples réels de ce qu’il se passe.

Alors, poussés à bout, ils se sont mis en grève, sachant que pour la plupart ils ne seraient pas rémunérés.

C’est alors qu’ont commencé les longues nuits glaciales et sans sommeil, que seules réchauffaient l’espoir et les cœurs solidaires.

Les journées et les nuits loin des leurs.

On les voit, les yeux bouffis de fatigue et gonflés par les fumées piquantes qui tournent au gré du vent, les esprits de plus en plus en berne.

Cependant ils croyaient encore avoir affaire à une direction et une société digne de ce nom.

Peu à peu ils ont compris avoir affaire à des "intelligences presque artificielles", parachutées là pour obtenir des « résultats », les humilier et leur tordre les bras.

Le mépris envers eux (et nous usagers) s’est montré à maintes reprises, encore un exemple :

lors d’une échange avec la direction, (qui tente par tous les moyens de les épuiser, les ayant fait attendre et espérer une rencontre toute la semaine).

Prévue vers 14 heures un samedi, ils attendent et patientent encore jusqu’à 19 heures, pour qu’au bout du compte le responsable leur dise : « bon c’est le week-end moi je rentre j’ai une famille moi, on se voit la semaine prochaine… »

Alors oui, l’un des chauffeurs, excédé, a jeté DEUX œufs sur la voiture de ce personnage, et un autre a bien dû lui envoyer des noms d’oiseaux.

C’est ce qui a été qualifié dans les publications, de « violences inacceptables », et qui a justifié, un arrêt de travail du personnage en question d’une vingtaine de jours ! Je veux bien croire qu’il ait été impressionné.

Oui, certains chauffeurs, après plusieurs semaines de ce régime ont fini par tomber malades. Certains ont chopé des virus à grelotter sur place les nuits et les jours dans le froid, d’autres ont chopé l’angoisse et le désespoir malgré la solidarité des collègues.

Certains ont pris du dolipra**, mais d’autres ont pris des médicaments qui, censés soigner les angoisses de l’âme, peuvent aussi affecter gravement le discernement...

Certains, étant malades, se sentant inutiles, coupables d’être incapables d’aller soutenir les collègues sur les piquets de grève, se sentant mal aussi vis-à-vis des usagers si nombreux à galérer, coupables encore vis-à-vis de leur famille lorsqu’il y a un double zéro en bas de la fiche de paie à quelques jours de Noël.

Comment ne pas se sentir impuissant et broyé ?

En effet, bien qu’en arrêt maladie on dépend encore de l’entreprise, les documents nécessaires au règlement de quelques indemnités journalières doivent être transmis par elle pour qu’il y ait le moindre euro versé. Devinez ?

Alors oui, la moutarde me monte au nez lorsque j’entends certains élus expliquer que les chauffeurs font grève pour « défendre leurs AVANTAGES !» et quand certains journalistes expliquent que lors de l’hommage à Ludo ils étaient 10 alors qu’ils étaient 100 ! Sa justification étant qu’elle a « mal compté et ne s’est pas rendue compte... » T’es journaliste toi ?

Mépris ? Inhumanité ? Humiliation ? : Lorsque les chauffeurs ont fait part du décès de l’un des leurs à un personnage de la direction voici textuellement ce qui leur a été répondu : « Ah ben c’est la vie »

No comment !

Je ne suis pas du métier. Mais de mon poste d’observation, ce que je peux dire, c’est que les chauffeurs se sentent bien seuls dans leur combat et on sait tous que les usagers de leur côté vivent de grandes difficultés.

Que faire concrètement pour les aider, pour nous aider nous-même ?

Une idée ?

Si on ne fait rien, la moitié va démissionner, nous auront des intérimaires à peine formés, des bus totalement délabrés, des retards et suppression de bus incessants.

Malheureusement il me semble bien qu’au delà de cette entreprise, décérébrer et dévitaliser de l’intérieur les entreprises soit devenu un sport national ?

LE DÉROULEMENT DE LA GRÈVE ET LE PIQUET DE GRÈVE

20 éme jour de gréve- 300 chauffeurs sur 350 sont toujours en gréve bloquant les 32 lignes du réseau . Et malgré la nomination d'un médiateur, les négociations entre la direction et les grévistes sont au point mort.

27 ème jour de gréve- Voyant que la grève perdure,l'appareil d' Etat va comme à l' accoutumé se mettre en branle, la justice, le préfet, les CRS et l' appareil médiatique se lancent à l' assaut des grévistes.

Alors que les chauffeurs de bus de Cergy-Pontoise et de Conflans-Sainte-Honorine (Val-d’Oise) poursuivent la grève , le tribunal judiciaire de Pontoise a rendu un jugement qui autorise le préfet du département du Val-d'Oise à recourir aux forces de l'ordre pour dégager le dépôt. Un jugement qui a finalement été exécuté par le préfet le 4 décembre.




                                                   Les médiateurs à l’œuvre

Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 décembre un chauffeur de bus va mettre fin à ses jours, provocant la colère et durcissement du conflit.

Au 36 éme jour , la grève qui affecte le réseau de bus de Cergy-Pontoise n’est pas terminée mais une « reprise partielle » du trafic est effective depuis le vendredi 13 décembre 2024.


Les forces de l’ordre, en accord avec le préfet du Val-d’Oise, sont une nouvelle fois intervenues pour dégager les accès du dépôt de bus de Saint-Ouen l’Aumône.

17 bus ont ainsi repris du service selon Francilité Seine-et-Oise (Fso), filiale de Lacroix & Savac, qui gère le réseau de Cergy-Pontoise Confluence, 32 lignes de bus qui desservent Cergy-Pontoise, Conflans et Achères, pour le compte d’Ile-de-France Mobilités (Idfm). Le service est assuré sur les lignes 1255 (services scolaires uniquement), 1227, 1201 et 1202. 

LE LANGAGE DES BRISEURS DE GRÈVE

La tactique de toujours est d' opposer les grévistes aux usagers sous entendu victime d'une prise d' otages par les chauffeurs,

« Après 36 jours de grève, les 80 000 usagers du réseau sont en droit de retrouver un service minimum et les non-grévistes doivent pouvoir re-travailler. Le droit à la mobilité, tout comme le droit de travailler, sont des libertés fondamentales », insiste Fso dans un communiqué adressé à la presse. « Dans le même temps, la direction de l’entreprise reste concentrée sur les négociations afin d’aboutir rapidement à un accord », déclare Stéphane Bonnaud, porte-parole de Francilité Seine-et-Oise

Ce langage sera une constante, tout au long de la grève, tant par les médias que les officiels.

Six semaines de conflit social sans l’ombre d’un accord qui se dessine. Il devient évident que que la seule solution serait de changer d'opérateur.

Dans l' attente,d'une solution,la grève se poursuit et dépasse maintenant les 50 jours

A partir du 24 décembre 2024 une trentaine de bus majoritairement conduits par des intérimaires est sortie du dépôt pour assurer un service minimum, Malgré une certaine reprise les grévistes ne lâchent pas prise et entre dans leur troisième mois de grève.

«  Pour sortir le conflit de l’enlisement et conclure un accord dans les meilleurs délais, FO, syndicat ultra-majoritaire dans l’entreprise, a obtenu la nomination par le préfet d’une médiatrice le 3 janvier. Il s’ agit de la vice-présidente du tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Cette dernière a rencontré la direction et le syndicat FO le 8 janvier dans les locaux de la préfecture. Elle doit recevoir les élus de Cergy le 10 janvier. Il s’agit d’une médiation dans le cadre d’un conflit social, encadrée par le code du travail. La direction a été dans le déni de cette médiation jusqu’au 7 janvier, mais elle a fini par l’accepter, précise Vincent Vilpasteur, secrétaire général de l’union départementale FO du Val d’Oise. ».

G.Bad le 17 janvier 2025

samedi 11 janvier 2025

G.Bad-La retraite à 65 ans et la liquidation de l'AGFF

 


La retraite à 65 ans et la liquidation de l'AGFF

C'est du haut de l' instance mondiale OCDE que le capitalisme nous informait que dorénavant les systèmes de retraite devenaient incompatibles avec le capitalisme et par conséquent que le capitalisme était incompatible avec  nos fin de vies. Les premières attaques des systèmes de retraite eurent lieu en Amérique latine. Elles correspondaient au retournement monétariste des années 1980 qui engendra la dite mondialisation/globalisation et ses montagnes de dettes. C’est dans ce contexte que la privatisation des systèmes de retraite a été menée d’abord au Chili (1981), puis au Pérou (1993), en Argentine et en Colombie (1994), en Uruguay (1995), au Costa Rica (1996) et au Mexique (1997). Les anciens systèmes de retraite par répartition ont été remplacés (totalement ou partiellement) par des fonds de pension privés.

Dans les pays de l’UE, c’est la course à qui avancera le plus vite pour faire sauter toute référence d’âge pour prendre sa retraite. Cette offensive de la classe capitaliste fut classée en trois catégories : ceux qui présentent des risques très élevés d’insoutenabilité des finances publiques (Chypre, Grèce, Hongrie, Portugal, République tchèque et Slovénie) ; ceux qui présentent des risques moyens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Royaume-Uni et Slovaquie) ; et enfin, ceux qui ont des risques faibles (Autriche, Danemark, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne et Suède).

Pour les trois quart de l' humanité, la retraite reste l' apanage des pays industrialisés, quand les fonds de retraite ne disparaissent pas sous la spéculation boursière (affaire Madoff)

Au moment où j' écris ces lignes,(les présidentielles 2022) le débat sur l' âge de départ à la retraite refait surface en France. Macron veut revenir à la retraite à 65 ans , cette annonce est curieuse puisqu' officiellement la retraite en France est à 65 ans. La retraite à 60 ans fut en quelque sorte une dérogation que le président Mitterrand allait promouvoir, comme mesure anti-chômage. L'idéologie qui soutenait cette idée réformiste du « partage du travail entre tous » était le fer de lance du syndicat CFDT.

Naissance d'un nouveau prélèvement pour financer la retraite à 60 ans

L'Association pour la gestion du fonds de financement ( AGFF), créé en 1983 avait pour tâche de prélever des cotisations sociales assises sur les rémunérations des salariés cadres, cadres dirigeants et non cadres (statut Etam). Cette contribution se devait de financer la retraite complémentaire de salariés n'ayant pas atteint l'âge légal de la retraite complémentaire à taux plein (65 à 67 ans selon sa date de naissance), mais ayant cotisé la durée requise. Cette mesure évitait la décote des pensions des départs anticipés pour chaque chaque année de cotisation manquante, par rapport à l' âge légal de départ.

Cet accord AGFF permettait de bénéficier de la retraite complémentaire Agirc (cadres) et Arrco (salariés non cadre) sans abattement dès 60 ans à l'origine, puis porté à 62 ans par la réforme des retraites de 2010 sous la présidence Sarkosy.

Il aura fallu plus de dix ans (2003-2019) et de nombreuses luttes pour que l' AGFF qui était dans le couloir de la mort disparaisse en silence. La cotisation AGFF a été supprimée le 1er janvier 2019 et remplacé par la contribution d'équilibre général CEG.1

La prise de conscience collective, et la lutte contre la loi Fillon (I) de 2003

Des 2003, le monde du travail prenait conscience que si , l' AGFF n' était pas renouvelée, les abattements sur les retraites complémentaires seraient de l' ordre de 22% dès 60 ans et dégressifs ensuite. Dans les manifs, partout nous avons réaffirmé à l' époque notre droit à une retraite pleine et entière. Pendant que l' OCDE au non de la « liberté du travail » trouvait incompatible la préconisation d'une retraite obligatoire :

«  La retraite obligatoire est incompatible avec une politique générale cherchant à abolir la barrière de l' âge pour l' emploi et à offrir aux travailleurs un plus grand choix quant  au moment de leur retraite »

La rue va répondre aux prétentions de l'OCDE qui vise la retraite à 70 ans.

1995 et 2003 deux mouvements décisifs pour la défense du droit à la retraite public et privé.

Nous ne reviendrons pas sur la grève des cheminots de 1995 pour nous concentrer sur celles de 2003 ou l' AGFF fut au centre de la mobilisation du privé. En février 2003, c’est la très forte mobilisation des cheminots qui déferle sur la France : environ 665 000 manifestants dans tout le pays. Le 3 avril, la tension monte d’un cran : 725 000 manifestants et grévistes dans les rues des principales villes de France. Le gouvernement va chercher à isoler les cheminots en prétendant ne pas toucher aux régimes spéciaux, qui avaient été au centre du conflit de 1995. Les cheminots ne seront pas dupes de la manœuvre du gouvernement Raffarin et se lanceront dans la grève au côté des enseignants.

Le 13 mai, point fort du mouvement sous la Présidence de J.Chirac

Le 1er mai marque une pause : 415 000 participants, qui préparent déjà le grand coup de boutoir du 13 mai (2). Le conflit va s’amplifier, avec des grèves dans de nombreux secteurs, du public au privé. Les transports en région parisienne sont bloqués, des gares fermées : nombreux sont ceux qui ne pourront même pas se rendre aux manifestations. L’avertissement est de taille : 2 550 000 manifestants dans tout le pays.

Après le 13 mai, la grève s’installe. On ne parle plus que d’elle , elle est la vedette. A la RATP, le travail ne reprend pas et les enseignants pris dans un double étau (la réforme des retraites et la décentralisation), entrent de nouveau dans l'action le 19 mai. Il n’y a pas de grève générale, mais plutôt des déferlantes de grève.

L’accord du 15 mai, approuvé par les syndicats CFDT et CFE-CGC, malgré quelques reculs du gouvernement n’a rien changé sur le fond, d’autant moins qu’à aucun moment il n’a été question de pérenniser l’Association pour la gestion du fonds de financement de l’Agirc et de l’Arrco (AGFF) (3), qui seule permet de garantir une retraite totale (Sécurité sociale et complémentaire) aux salariés du secteur privé. Comme le projet de réforme a volontairement laissé de côté l’AGFF, la garantie donnée par le gouvernement de ne pas remettre en cause le départ à 60 ans ne vaut rien, elle n’est qu’un mensonge par omission, comme tout le reste d’ailleurs.

La loi Fillon veut abolir le seuil des 40 annuités

Ce qui est bien réel dans la réforme, c’est que le gouvernement et le patronat veulent franchir le seuil des 40 annuités pour tous, pour atteindre 41 années en 2012 et 42 ans en 2020. Ce qui signifie des départs à la retraite à 65 ans et plus, si l’AGFF n’est pas reconduite.Quel salarié modeste va pouvoir envisager de perdre sur sa partie de retraite complémentaire 22 % à vie ? Dans un contexte, en outre, où la revalorisation des retraites sera calculée en fonction d ’un indice bidon (4), qui sera même bloqué.

Patronat et gouvernement sont tellement sûrs de provoquer une érosion du montant des retraites et pensions (5) qu’ils fixent une garantie de 85 % du SMIC, calculé non plus sur 150 trimestres mais sur 160. Tous les salariés n’ayant pas leurs pleins droits seront condamnés à la misère. Pour 4 salariés sur 10, pour deux tiers des femmes, la « garantie » tombera à 78,4 % du SMIC.

Briser le front syndical et médiatiser la reprise

Dès le 15 mai, le gouvernement commence à mettre en scène sa stratégie de reprise du travail. Le pantin Chérèque de la CFDT retire son organisation du front syndical et approuve, comme la CGC, le projet de réforme. Pendant que les autres organisations syndicales préparent la grande démonstration de force du dimanche 25 mai : une sorte de bouquet final du feu d’artifice, et ensuite on rentre chez soi.

Cependant, le 25 mai sera encore une démonstration impressionnante de l’énergie avec laquelle les salariés du public et du privé agissent contre le projet de réforme des retraites. Plus de 600 000 manifestants à Paris, les syndicats (CGT, FO, FSU et UNSA) ayant fait monter à Paris, par car, des manifestants de province.

Après le 25 mai, le mouvement va prendre progressivement d’autres formes, plus radicales. Le 3 juin il y a encore 250 000 manifestants à Paris, de la gare du Nord à la place de la Nation. La ville de Marseille se révèle d’une combativité plus forte que les autres (240 000 manifestants). Toulouse, Nantes, Lyon, Clermont-Ferrand et Bordeaux suivent. Cependant des signes d’essoufflement se manifestent : au niveau national les cheminots ne sont plus que 41 % en grève, contre 60 % le 13 mai.

Le gouvernement passe à la répression ouverte

Le 10 juin, date d’ouverture du débat parlementaire, nouvelle manifestation. Ce sont de nouveau plus de 200 000 manifestants qui se dirigent vers l’Assemblée nationale. La place de la Concorde est noire de monde et les forces de l’ordre imposantes. Juste après l’heure officielle à laquelle la manifestation doit se disloquer, les CRS entrent en action. Ils déversent sur les derniers manifestants une pluie de gaz lacrymogènes qui les contraint à reculer dans la rue Royale (ils sont environ 5 000). Sous la poussée des forces de l’ordre, ils sont contraints de se replier vers l’Opéra.

Le dimanche 15 juin, la droite mobilise ses troupes et organise une manifestation contre les grèves;comme en Mai 68.

Le jeudi 19 juin, les manifestants, encore nombreux, savent que le mouvement va progressivement se terminer. Ils réclament le paiement des jours de grève pendant que d’autres, la haine au ventre, scandent : « On ne lâchera pas. Rendez-vous en septembre. » Alors que les premières mesures de la réforme Raffarin commencent à tomber (résiliation des accords de préretraites), la cible va encore s’élargir au cours des mois à venir.

L'Etat va tirer les leçons de son échec.

https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001317/manifestations-contre-la-reforme-des-retraites-presentee-par-le-gouvernement-fillon.html

Le gouvernement de droite vient n' est pas parvenu à ses objectifs et notamment celui de liquider l' AGFF, la réforme des retraites n' est pas achevée et c' est à N.Sarkosy au pouvoir en 2007 de reprendre le flambeau de la réforme. C'est alors le premier ministre François Fillon qui va devoir mener cette réforme des retraites. La mesure phare de la réforme Fillon (I) 6de 2003 a été l'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour prétendre, après 60 ans, à une retraite à taux plein.

  • Alignement de la durée de cotisations des fonctionnaires sur celle des salariés du privé : les fonctionnaires sont progressivement passés de 37,5 années de cotisation à 40 ans en 2008.

  • Allongement de la durée de cotisation pour tous au-delà de 40 ans : elle a progressivement atteint 41 ans (164 trimestres) en 2012. Le critère d'âge de départ à la retraite pénalisait les personnes qui avaient commencé à travailler très jeunes. Elles ne pouvaient pas partir à la retraite alors qu'elles avaient cotisé le nombre de trimestres nécessaire.

  • Le dispositif de départ en retraite anticipée a ainsi été mis en place pour permettre à ceux dont la carrière à débuté à 14, 15, 16 ou 17 ans de partir en retraite après 42 ans de cotisations, c'est-à-dire entre 56 et 59 ans. La petite victoire des syndicats signataires de l' accord.

  • La création d'un système de surcote qui incite à prendre sa retraite plus tard : la pension est majorée lorsqu'on travaille au-delà de 60 ans et de la durée légale de cotisation. Une décote existait déjà, mais son montant a été réduit.

  • La revalorisation des retraites les plus faibles : le minimum contributif a été relevé. L'objectif poursuivi est qu'un assuré ayant cotisé toute sa vie au SMIC ne puisse pas percevoir moins de 85 % du SMIC en pension de retraite.

Le mouvement social contre la réforme Fillon II des retraites

Dés le mois de mars 2010, des manifestations seront organisées à huit reprises dans toute la France contre le relèvement de 60 à 62 ans l' âge légal de départ à la retraite et de 65 à 67 ans l' âge pour toucher une retraite pleine et entière. Telles sont les raisons qui poussent les manifestants à s'opposer à cette réforme conduite par le ministre du Travail Éric Woerth.

Les huit principaux syndicats français : la CGT, la CFDT, FO, la CFTC, la CGC, l'Unsa, Solidaires et la FSU, sous la pression de la base vont organiser des manifestations jusqu' à l'automne 2010. Ils ont été suivis par les syndicats lycéens UNL, FIDL et SGL, et étudiants UNEF, SUD Étudiant ou FSE. Les secteurs les plus mobilisés ont été l'éducation, les transports, l'énergie et l'audiovisuel public. La réforme sera adoptée, dés le 1er juillet 2011, l’âge légal de départ à la retraite recule progressivement de 4 mois par génération pour passer de 60 ans à 62 ans. Cette réforme impacte surtout les départs à la retraite des personnes nées à compter du 1er juillet 1951. De ce fait, l’âge du taux plein de 65 ans connaitra lui aussi un relèvement progressif le portant à 67 ans à l’horizon 2023.

En 2012, le socialiste François Hollande arrive au pouvoir.

La gauche socialiste va revenir aux affaires, elle poursuivra la réforme des retraites. Cependant s'attaquer à une conquête de la gauche du « programme commun » ne sera pas une mince affaire pour le nouveau président François Hollande. Il va d'une part comme l' avait fait son prédécesseur Nicolas Sarkozy allonger de six trimestres le temps de cotisation de 2020 à 2035. Ce qui veut dire que les salariés nés en 1973 seront dorénavant rivés au boulot jusqu’à 68 ans. D' autre part s' attaquer au statut des cheminots.

Le Medef (patronat français) veut une réforme rapide et une stratégie à moyen terme pour museler et liquider le syndicalisme de base qu'il pensait devenu inopérant. Etat et patronat vont désormais s' attaquer aux ennemis de la réforme. Les cheminots sont en ligne de mire ainsi que tout le syndicalisme de base de l' extrême gauche soixante-huitarde...

Affaiblir le pouvoir syndical et son pôle revendicatif, fut fait en liquidant les acquis du Conseil National de la Résistance CNR, en faisant en sorte que les élections de délégués du personnel ne se fassent plus tous les ans (sources d' agitation). Les cheminots, vont se faire dissocier à plusieurs reprises, d' abord par la création du réseau ferré de France (RFF) ensuite par la division en trois EPIC de la SNCF.7En fin de mandat le socialiste Hollande fait passer la loi El Khomri le 9 août 2016

Européanisation des réseaux ferrés.
C’est dans ce contexte instable que le démantèlement de la SNCF va commencer dans le sens d’une européanisation des réseaux.8

« Les chemins de fer européens se rapprochent d’un carrefour majeur. Face à la stagnation ou au déclin de nombreux réseaux ferrés d’Europe, l’alternative est simple. Soit nous prenons les décisions difficiles qui sont nécessaires pour restructurer le secteur ferroviaire européen et promouvoir l’innovation et l’offre de services de meilleure qualité, et le rail retrouvera alors la voie de la croissance, pour le plus grand bénéfice des citoyens, des entreprises et de l’environnement. Soit nous empruntons l’autre chemin, qui consiste à se résigner à un glissement irréversible vers une Europe dans laquelle les chemins de fer ne seront plus qu’un jouet de luxe pour quelques Etats prospères, hors de portée de la plupart des autres eu égard à la raréfaction des financements publics. »
Nouvelle convention collective et statut des cheminots
Le gouvernement Hollande veut maintenant avancer vite sur la question de la convention collective nationale et compte régler l’affaire avant fin 2016. Il ne faut surtout pas perdre de vue dans cette réforme du ferroviaire que l’objectif vise à l’intégration du ferroviaire au niveau européen. Guillaume Pepy, PDG de la SNCF, avait même proposé fin 2010 de discuter d’une convention collective européenne, avec l’argumentation suivante:
« Si on ouvre à la concurrence en 2015, et que des “Ryantrain” viennent s’installer, ce ne sera pas une concurrence entre les services, mais entre les statuts sociaux. Il ne doit pas y avoir de règles différentes de temps de travail entre des conducteurs SNCF et d’autres. » Aujourd’hui, c’est le cas dans le fret. « Je ne dis pas qu’il faille aligner tous les cheminots ou les décranter. Je dis qu’il faut discuter », affirme le PDG.
Du point de vue des rapports de forces futurs, une convention unique à l’échelle européenne serait préférable, seulement elle serait a minima et négociée avec la centrale européenne syndicale (CES), dont nous savons qu’elle n’est là que pour accompagner les réformes du système contre les intérêts des salariés.

Emmanuel Macron arrive au pouvoir en 2017,

Il commence son quinquennat par un projet de réforme des retraites plus centralisateur visant la fusion des différente caisses de retraite (42 caisses) pour atteindre un système universel ayant vocation à simplifier le système. Il va par ordonnances et la « loi travail » modifier en profondeur la représentativité des travailleurs dans l' entreprise, sans protestation des syndicats. Cinq ordonances du 23 septembre 2017 seront émises à ce sujet. Il s' agit de la mise en place d' un conseil social et économique. Celui ci va concentrer en un seul organisme ce qui était du ressort de trois organismes distincts:délégués du personnel (DP), comités d' entreprise (CE) et comité d' hygiène et de sécurité (CHSCT),l'opération fera perdre 50% des représentants du personnel aux syndicats.

En ce qui concerne la retraite à 65 ans Macron voulait la aussi passer par ordonnances, c'est au cours de son débat télévisé avec Marine Le Pen qu'il va faire marche arrière. Il va lisser le sujet dans le temps, la manœuvre fut préventive et visait à déactiver tout mouvement sur la question sensible des retraites pour sa réélection. La CFDT et son leader Laurent Berger ayant déjà proposé au futur gouvernement un moyen pour. financer les retraites. Tout en donnant l'impression de s'opposer à Macron, le secrétaire général de la CFDT va rejoindre E.Macron sur le minimum via la retraite universelle à bas coût.

“Je ne comprends pas le point de départ, l’objectif, de cette réforme”, a indiqué Laurent Berger,le vendredi 29 avril sur franceinfo, concernant la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron avec le recul de l'âge légal à 65 ans. “Si l’objectif de cette réforme c’est l’équilibre des comptes des retraites, il n’y a pas besoin d’aller sur un report de l’âge légal”, a-t-il estimé.

Taxer les successions.

Il a ainsi proposé de mettre en place “une taxation sur la transmission de patrimoine", autrement dit taxer les successions. “C’est l’une des inégalités les plus fortes dans notre pays”, a-t-il assuré, soulignant que “10% de la population détient 50% du patrimoine”. La CFDT s'est dite"opposée au report de l’âge légal” de départ à la retraite, convaincue qu'il faut "rester à 62 ans”. Une manière de s'opposer à la revendication de La France insoumise  fixant l'âge de départ à 60 ans. Laurent Berger prétend à un systéme de retraite plus juste, encore un mot creux qu'il complète par cette déclaration:

 “Notre richesse, c’est notre système de retraite par répartition, il est quasiment à l’équilibre, son problème c’est son injustice intrinsèque”, a-t-il expliqué, pointant du doigt le cas des femmes qui ont “en moyenne autour de 20 à 30% de retraite en moins que les hommes”. Il a par ailleurs défendu une retraite minimale"équivalente au Smic", pour “ceux qui ont travaillé toute leur vie”, soit “1 300 euros net”, là où Emmanuel Macron propose 1 100 euros. Vous aurez compris que le système plus juste c' est la retraite universelle à minima de E.Macron.

A suivre G.Bad mai 2022

Notes

1Instaurée en 2019 à la suite de la fusion AGIRC-ARRCO, la contribution d’équilibre générale (CEG) fait partie, avec la nouvelle contribution d'équilibre technique (CET), des contributions d’équilibre du régime de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO. Elle permet :

  • La compensation des charges financières résultant des départs à la retraite des salariés avant 67 ans

  • De maintenir les droits des personnes qui ont cotisé à la Garantie minimale de point (GMP) : ce dispositif, supprimé en 2019, permettait aux salariés cadres dont le salaire était inférieur au plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) d’obtenir minimum 120 points de retraite complémentaire par an

2-Il assure qu’« aucune mesure [...] ne tend à diminuer le montant des retraites dont bénéficient les cotisants ayant effectué une carrière complète ». En somme le montant des retraites est maintenu, dans le meilleur des cas, par un allongement du temps au travail, par un accroissement de l’usure vitale des salariés vieillissants et donc des risques de décès prématurés.

3-Le terme technique de « proratiation » recouvre une détérioration du mode de calcul des retraites dans le secteur privé. La loi Balladur de 1993 a fait passer la durée de validation de la période de cotisation ouvrant droit à une retraite pleine de 37,5 années à 40 années. Mais pour le calcul du salaire de référence, on était resté à 37,5 années (150 trimestres). Le projet réaffirme que le calcul de la pension sera progressivement porté à 160 trimestres au lieu de 150 d’ ici 2008 (deux trimestres par an à partir du 1er janvier 2004). Ce qui pénalisera financièrement les salariés qui n’auront pas le nombre d’années de cotisation nécessaire. Si le salarié a moins de 150 trimestres, sa pension est diminuée en proportion. Par exemple, s’il a travaillé seulement 120 trimestres, il touchera 80 % d’une pension à taux plein, soit 40 % du salaire de ses vingt (vingt-cinq à partir de 2008) « meilleures » années (celles où il a touché le salaire le plus élevé).

4-Le projet de loi compte lancer une campagne de une propagande nationale en faveur du travail salarié au-delà de 55 ans. Pour y inciter, il se propose de pénaliser financièrement les dispositifs d’inactivité des entreprises. Mesure qui va justifier les dénonciations d’accords de départ anticipé. A noter que sept entreprises sur dix disposent d’un programme de préretraite. L’article 9 autorise le cumul retraite-activité salariée, si le total des deux revenus reste inférieur au dernier salaire perçu par lapersonne concernée. Il est donc possible de reprendre de l’activité chez son dernier employeur, avec un délai minimum de six mois après le départ en retraite.

Ce délai permet aux patrons d’attendre sans embaucher personne, le retour du retraité dans l’entreprise, sans obligation de compléter sa pension au niveau de son salaire antérieur.

Le licenciement des salariés âgés

L’article 14 exonère l’employeur de la contribution mise à sa charge quand il procède au licenciement d’un salariés embauché à partir de 45 ans (cette mesure libère l’employeur des pénalisations sur les licenciements de salariés âgés.) La porte est grande ouverte pour que les préretraites soient remplacées par des licenciements.

5-Le projet compte supprimer le système des « préretraites progressives » financé par l’entreprise et l’Etat.

6-La réforme Fillon de 2003 La loi du 21 août 2003),

7-Un EPIC (établissement public à caractère industriel ou commercial) est une entreprise publique chargée de la gestion d’une activité de service public industriel et commercial. Exemples : la RATP, la Comédie Française, la Cité de la musique, l’Economat des armées, l’Ifremer, l’INA, l’Agence nationale des déchets radioactifs (Andra), le Commisariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, l’Office national des forêts...La loi du 4 août 2014 a remodelé le groupe public ferroviaire, constitué de 3 EPIC : EPIC SNCF, EPIC SNCF Mobilités, EPIC SNCF Réseau sous le vocable de SNCF Réseau en date du 1er janvier 2015.

8-En 2009 le système de signalisation et de gestion du trafic ferroviaire est devenu le même pour tout le réseau européen. La séparation des infrastructures d’avec la gestion, ayant pour conséquence l’éclatement de la SNCF en deux sociétés distinctes ; la création du Réseau Ferré de France (RFF) pour les infrastructures et la SNCF pour l’exploitation. RFF hérite de la dette SNCF et donc de celle de l’Etat qui est mise en couveuse dans l’EPIC RFF.

A VOIR AUSSI

    1. La grande attaque mondiale sur les retraites: Le prologue ...

 

https://fr.communia.blog/la-grande-attaque-mondiale-sur-les-retraites...

28/06/2020 · L’âge de la retraite ne sera pas relevé, il est actuellement fixé à 62 ans, mais la prochaine réforme visera à rendre pratiquement impossible de prendre sa retraite à 62 ans si l’on veut être payé au-delà du minimum. En gros, il s’agit de mettre les fonctionnaires à la retraite à 65 ans et d’obliger les petits employeurs à payer plus de cotisations ces dernières années


Rosa Meyer-Leviné, Vie et mort d’un révolutionnaire,

 

Rosa Meyer-Leviné, Vie et mort d’un révolutionnaire, Maspero, Paris, 1980. En octobre 1918, des soulèvements révolutionnaires éclatent dans toute l’Allemagne. Des conseils de soldats, d’ouvriers et de paysans sont mis en place. La Bavière, notamment, est promue État libre et démocratique. C’est dans cette région bavaroise que Eugen Leviné arrive au pouvoir lorsque les  forces communistes prennent le contrôle du gouvernement. Il succède au gouvernement social-démocrate de la nouvelle république d’Ernst Toller qui s’est illustré par son incompétence, ses tergiversations et sa politique interclassiste. Leviné prône alors une ligne intransigeante, refusant toute coalition avec l'USPD et le SPD et applique une série de mesures révolutionnaires (création d'une armée rouge, abolition du papier monnaie, confiscation des comptes en banque et des appartements luxueux, expropriation des entreprises et contrôle ouvrier) semblables à ce qui a été fait à la même période dans les autres républiques des conseils. Il défend l’importance des conseils d’entreprise dans le processus révolutionnaire. « La république des conseils repose tout entière sur les conseils d’entreprise. On regroupe les ouvriers non pas suivant leur lieu de résidence, mais suivant leur lieu de travail. Là où l’on vit chaque jour côte à côte, où l’on apprend chaque jour à mieux se connaître, où l’on travaille ensemble chaque jour, les élections qui servent à désigner les responsables obéissent à de tout autres principes. Dans ces conditions, les ouvriers savent si leur représentant n’est qu’un beau parleur ou si au contraire il est capable de jouer véritablement son rôle ».p. 312. L'écrasement de la République des conseils par la Reichswehr secondée par des corps francs sera rapide et implacable. Au vue du rapport de force, Leviné avait conscience que le combat était sûrement perdu d’avance. Il a choisi de pousser au maximum les potentialités révolutionnaires pour que cette lutte s’inscrive dans les expériences du prolétariat. Pour nourrir les prochains sauts révolutionnaires et défendre avec intransigeance la nécessaire dictature du prolétariat. Cela lui valut d’être condamné à mort par le tribunal spécial de Munich. Il fut fusillé le 5 juin 1919. « La révolution ne suit pas un développement linéaire, dans la mesure où ce ne sont pas les situations et les méthodes qui dictent son cours, mais dans la plupart des cas la montée de la contre-révolution en tant que force organisée. (…). Ce n’est pas dans la dénonciation attristée des fautes, des erreurs et des manques que s’exprime la volonté révolutionnaire, mais au contraire dans l’effort pour reconstruire suivant de nouvelles méthodes et de nouveaux modèles ». p. 300.

jeudi 9 janvier 2025

ETATS-UNIS- Comment Trump tient ses promesses de stopper les délocalisations ?

 12,6 % des adultes entre 20 et 50 ans vivent dans la pauvreté et 4 sur 10 y ont vécu pendant une année au moins une fois dans leur vie. Plus de 8 millions de travailleurs cumulent plusieurs emplois et le travail à temps partiel ne cesse de croître (plus de 500 000 ces derniers mois).
Comment Trump tient ses promesses de stopper les délocalisations ?


Carrier, hauts fourneaux à Indianapolis, avait annoncé en février dernier le transfert total de ses activités à Monterey (Mexique) entraînant la fermeture de deux usines, celle d’Indianapolis et celle de Huntington avec le licenciement sec de 2 000 travailleurs. Trump a concocté un accord de sauvetage qui maintient le licenciement de 1 300 sidérurgistes, le transfert au Mexique étant en grande partie maintenu. En prime, pour les 700 « sauvés », les salaires seront réduits et les nouveaux embauchés subiront le « 2/3 system » qui ne leur accorde qu’un salaire réduit. Carrier est une filiale du groupe UTC qui gagnera 65 millions de dollars par an avec ce transfert (les salaires mexicains sont de 6 $ de l’heure pour un minimum de 12 $ aux Etats-Unis). Pour obtenir ce « plan de sauvetage », Trump a aussi promis au trust UTC des commandes de matériel militaire pour un milliard de dollars.
La lutte de ceux qui ont un emploi couvert par une représentativité syndicale, souvent lors d’un renouvellement du contrat collectif d’entreprise.
Le 5 août, le casino d’Atlanta (Georgie) doit fermer après une grève de 34 jours et le licenciement de 3 000 travailleurs. C’était un des fleurons de l’empire Trump, qui l’avait inauguré il y a vingt-six ans en déclarant que c’était la « huitième merveille du monde ».
Le 12 août, on apprend que le Massachusetts a dépensé 24 millions de dollars pour briser le 27 juin dernier une grève de 3 000 infirmières, 8 millions pour l’embauche de jaunes, 16 millions pour le transfert des malades dans d’autres hôpitaux.
Le 30 août, un projet de deux jours de grève de 100 infirmières à l’hôpital de Gloserville (New York), où les discussions pour le renouvellement du contrat durent depuis deux ans, déclenche un lockout de 5 jours mais finalement un nouveau contrat est signé.
Le 5 septembre, les 4 000 infirmières de cinq hôpitaux du trust hospitalier Allina de la région de Minneapolis sont en grève illimitée depuis 29 jours après huit mois de négociations et une semaine de grève en juin 2016. Elles rejettent le 4 octobre de nouvelles propositions qui réduisent les garanties maladie et refusent toute nouvelle embauche. La grève prend fin le 16 octobre avec l’acceptation d’un nouveau contrat qui maintient les garanties maladie et prévoit de nouvelles embauches.
Le 8 septembre, les immigrants mexicains de Laminated Industries dans le New Jersey sont en grève, la direction refusant d’entamer les procédures pour un contrat collectif.
Le 9 septembre, 400 professeurs de Long Island University à Brooklyn (New York) sont en lutte contre les propositions pour le renouvellement du contrat qui veulent imposer une réduction des salaires jusqu’à 35 % et la suppression de la garantie maladie. Suite au rejet de ces propositions, ils sont lockoutés depuis le 1/9. Le 15 septembre, le lockout est levé après une manifestation massive regroupant enseignants et étudiants avec la nomination d’un médiateur et la prolongation du contrat expiré pendant une année. Conflits similaires en septembre et octobre dans les universités de Pennsylvanie, à Cleveland et Chicago.
Le 11 septembre, 700 enseignants de Yalu City en Californie en grève depuis huit jours (bloquant 18 écoles) reprennent le travail avec une augmentation de salaires.
Le 30 septembre, 100 travailleurs sociaux de Contra Costa sont en grève pour les salaires.
Le 5 octobre, 400 travailleurs de l’usine du trust de la sucrerie Just Born de Bethlehem en Pennsylvanie reprennent le travail après 23 jours de grève et un accord qui proroge l’ancien contrat. Mais les « travailleurs de remplacement » sont intégrés dans l’usine alors que 56 grévistes sont licenciés de fait.
Le 6 octobre, 750 employés des cuisines de l’université de Harvard (Cambridge, Massachusetts) se mettent en grève avec des piquets devant les restaurants et le soutien des étudiants. Ils reprennent le travail le 23/11/2016 après un accord qui prévoit une augmentation de salaires sur quatre ans, et le maintien des avantages sociaux.
Le 18 octobre, 750 travailleurs de Libby Glass Factory à Toledo (Ohio) sont toujours en grève depuis le 12 octobre.
Le 7 novembre, 5 000 travailleurs des transports publics de Philadelphie en grève depuis le 1er novembre reprennent le travail après un accord concernant la santé, la retraite et la sécurité.
Le 26 novembre 2016, les 300 travailleurs de Honeywell Aerospace sont lockoutés depuis plus de six mois dans deux usines de l’Indiana et de Green Island (New York) ayant refusé les propositions d’un nouveau contrat qui réduisait les garanties maladie pour actifs et retraités, le montant des retraites, et transférait certaines activités à la sous-traitance. Une nouvelle proposition acceptée par le syndicat tentait de jouer sur la fin des allocations chômage et l’isolement du conflit, mais a été rejetée par la quasi-unanimité des grévistes.
Le 1er décembre après 55 jours de grève, les musiciens Pittsburg Symphony Orchestra reprennent le travail. C’est une défaite car ils doivent accepter une réduction des salaires de 7,5 %, une réduction des garanties maladie et des pensions, et des licenciements.
Le 3 décembre 2016, après trois jours de grève, les 3 000 infirmières du trust hospitalier Sharp Healthcare reprennent le travail, après la menace patronale d’embaucher 1 000 « travailleurs de remplacement » et un accord qui laisse les grévistes totalement insatisfaits.
La grève des prisons
Près de 900 000 prisonniers sur 2,4 millions sont contraints de travailler dans des tâches fort diverses qui vont de la récolte du coton à des sites de réservation pour les transports aériens, en passant par le conditionnement alimentaire. Ils perçoivent de 23 cents à 1,15 dollars de l’heure (salaire moyen minimal hors prison : 12 dollars l’heure). La grève a mis des mois à se préparer ; elle débute le 9 septembre et prend des formes diverses (grève du zèle, grève perlée, grève de la faim). Elle touche 40 prisons dans 28 Etats, rencontre une répression sévère sous toutes les formes possibles, de sorte qu’il est difficile d’en connaître la dimension exacte. Dans la prison d’Atmore en Alabama, les matons se mettent en grève par solidarité, dénonçant les conditions de détention dont ils subissent le contrecoup.
Une offensive des victimes policières
Pour répliquer aux assassinats « légaux » (19 meurtres dans la dernière semaine de septembre, 30 meurtres par les flics en 10 jours d’octobre, 868 en 2016 : 41 % de Blancs, 26 % de Noirs, 16 % de Latinos qui appartiennent tous à la fraction la plus pauvre de la population, c’est la classe et non la race qui est en cause dans ces meurtres), une contre-offensive semble se développer sans qu’il soit possible de savoir s’il s’agit de bandes organisées ou d’actes isolés. Mais les meurtres délibérés de flics, hors de tout conflit, semblent s’être multipliés : le 9/7, 5 flics tués dans le dos à Dallas,(Texas), 3 à Bâton Rouge (Mississipi) quelques jours plus tard, 1 à San Diego (Californie), le 10 novembre un flic tué, un blessé dans une embuscade à Canonbury en Pennsylvanie, un autre tué le 21 novembre à San Antonio (Texas). Dans les dix premiers mois de 2016, 61 flics ont été tués, en hausse sensible sur les années précédentes. Peut être davantage ailleurs car le silence s’impose.
Effets secondaires du marasme économique
Les caisses de retraite sont pour les grandes entreprises organisées pour ses seuls salariés et alimentées, dans le cadre du contrat collectif, par des cotisations patronales et salariées et gérées paritairement ou par le seul syndicat reconnu dans l’entreprise. Autrement dit, le service des prestations dépend étroitement de l’activité de l’entreprise. Le trust américain du charbon Patriot Coal se trouve rattrapé par la crise dont il a fait un temps son beurre dans le rachat des mines en faillite. Sa mise en faillite et les réductions d’activité ont tari l’alimentation de la caisse de retraite, le Patriot Retirement Voluntary Employment Association géré par le syndicat UMWA : 120 000 retraités de ce fonds et leur famille sont menacés de se voir supprimer toute garantie maladie. 16 000 d’entre eux ont reçu une lettre les avisant de cette suppression au 31/12/2016.

Chili- le pillage des fonds de pension ouvriers a commencé…quel sera le prochain État totalitaire?

  8 juin 2021 Nous publions cet article, dont l' intérêt est qu'il montre comment la dett...