jeudi 30 janvier 2025

LES PARIAS A L’ASSAUT DE LA FORTERESSE NORD

 

COMMUNISME1 OU BARBARIE

Echanges N°148 Eté 2014

 Chaque jour, presque chaque heure nous apporte son flot d’information sur ces guerres classiques qui n’osent pas dire leur nom entre États ou à l’intérieur d’un État qui continuent de coexister même si l’une chasse l’autre dans sa diffusion

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médiatique au gré des exactions, des atrocités, de la menace des intérêts des grandes puissances ou des interventions directes ou indirectes de celles-ci. L’Ukraine prend le devant de la scène sur Gaza qui peut supplanter l’Irak et le Kurdistan qui camoufle ce qui se passe en Syrie et met un voile sur les interventions militaires en centre Afrique, et vice et versa. Mais ce n’est pas de ces conflits « ouverts » dont nous voulons parler bien qu’ils jouent un rôle dans une autre guerre ignorée et bien plus généralisée et seulement médiatisée d’une manière parcellaire plus comme un fait divers que comme une guerre bien particulière. Ce qui est certain c’est que de plus en plus les populations fuient ces zones de combat ou en sont expulsées pour des raisons ethniques ou religieuses.

De temps à autre, ces derniers conflits sont supplantés ponctuellement par les faits d’armes de ces guérillas ethniques, religieuses, nationalistes, défensives contre une assimilation ou un projet capitaliste grandiose qui détruit leur environnement. On trouve de ces guérillas de plus ou moins grande dimension et de durée variable dans presque toute l’Afrique, le Sud Est asiatique ou en Amérique Centrale ou du Sud. Hors ces percées ponctuelles médiatiques, elles tombent souvent dans les coulisses de l’oubli. Qui se soucie aujourd’hui dans la montée chaotique des guerres  « régulières » de l’esclavage sexuel forcé des 270 lycéennes enlevées par Boko Haram ? Qui se soucie aujourd’hui de l’activité des FARC en Colombie ou des nuisances des Maras en Amérique Centrale ? Qui se soucie de la guérilla du Front moro islamique de libération (MILF) aux Philippines ? Qui se soucie du combat des Ouighours dans le Sin-Kiang chinois ? Pourtant tout comme les guerres « régulières » des guérillas alimentent par leur présence et par la répression des gouvernements « légaux » les troupes de cette guerre ignorée.

Surexploitation de la nature

Au-delà de ces guerres reconnues comme telles, même si elles ne tiennent pas la vedette médiatique du moment, d’autres facteurs que toutes ces guerres contribuent à alimenter cette armée de l’ombre : plus que ces guerres, ces facteurs illustrent une situation mondiale chaotique qu’un capitalisme envahissant contribue à créer et dont les conséquences créent d’autres problèmes insolubles tout e renforçant ce chaos. Tout tourne finalement autour d’une surexploitation de la nature pour l’ensemble de ses production qui entraîne à la fois une dépossession directe des éléments de vie de toute une population, de l’autre une dégradation générale de cette nature dont les effets contribuent indirectement à d’autres dégradations et à d’autres dépossessions..

 Concrètement, d’un côté l’extension intensive du capitalisme dans des zones où il n’avait pénétré que relativement fait que la concurrence capitaliste dans la production agricole et l’introduction de produits de large consommation réduisent les possibilités de vie des autochtones alimentant cette armée des ombres réduite à chercher ailleurs de quoi survivre.

D’un autre côté, renforçant éventuellement cette dépossession par les dégradations qu’elle entraîne, l’utilisation intensive, irrépressible et incontrôlée des combustibles fossiles (liée à d’autres facteurs moins importants mais tout autant liés à ce développement fou du capitalisme) est la cause d’un dérèglement climatique à l’échelle mondiale. Les conséquences de ce dérèglement se révèle multiforme tant par des alternances de sécheresses catastrophiques et de pluviométrie intense que par la récurrence de phénomènes ponctuels catastrophiques (ouragans, typhons, tornades etc.) ou la montée régulière irréversible des eaux marines envahissant les basses plaines côtières et renforçant le pouvoir destructeur des marées et des tempêtes. Des populations entières sont réduites à l’exode et doivent chercher d’autres territoires où survivre.

Ils sont ainsi poussés par différentes situations réduits à tout quitter, parfois transitant dans des camps de personnes déplacées, parfois se lançant individuellement sur le chemin d’un exode pour tenter d’atteindre ce qu’ils pensent être pas tant un eldorado mais au moins un endroit où la survie de vient préférable à leur misère et à leur insécurité présente. Ils sont ainsi des milliers, des millions à mener une autre forme de guerre, un assaut contre ce qu’ils pensent être des havres que sont les pays industrialisés, les bases du capital mondial, ceux –là mêmes qui sont la cause de leur migration forcée ( mais qui pourtant subissent les contrecoups de leur dérèglement qu’ils peuvent encore surmonter présentement)

Cette guerre inégale ces combattants de l’ombre la mènent mains nues, sans autre arme que leur détermination prête à toute épreuve, même les plus dangereuses en face d’un adversaire puissamment armé et protégé par des barrières supposées infranchissables. C’est une guerre sournoise, constante et si réelle mais qui se cache dans les replis d’une société dite » normale »

Les petits soldats de cette guerre qu’ils ne croient pas mener, ils la vivent dans l’exode, la misère le mépris, la discrimination et parfois la mort. Ils viennent de partout où il y a comme nous venons de la montrer où il y a une misère qui leur est imposée d’ailleurs et /ou l’insécurité et/ou un danger quelconque si menaçant qu’elle les pousse à quitter les lieux où ils ont vécu pour tenter d’entrer dans les pays où ils pensent trouver ce qu’ils n’ont pas ou plus et qui les faire partir à l’assaut de la forteresse que ces pays ont érigée pour se protéger de cette invasion persistante qui ne dit pas son nom.

 Il y a bien deux camps dont l’un ne se sait pas ennemi de l’autre qui lui le sait : on parle du Sud partant à l’assaut du Nord, mais si c’est vrai en gros, ce n’est pas toujours exact ; il pourrait s’identifier entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas.. Effectivement, cette armée des ombres monte souvent du Sud vers le Nord comme fascinés par une étoile qui les guiderait vers de paradis dont ils rêvent. Ils sont ainsi des millions, venus d’un réservoir humain inépuisable remplis précisément par ceux-là même vers lesquels ils s’acheminent, poussés par une condition précaire tout aussi inépuisable. La seule chose sur laquelle ils peuvent compter, outre leur farouche détermination, c’est la solidarité de leurs frères de misère et de combat. Ils sont prêts à accepter toutes les vexations, toutes les humiliations, la faim, la soif et les violences pour atteindre ce Nord qui tient tous les espoirs d’une autre vie.

 La forteresse Nord est bien protégée, une protection sans cesse perfectionnée. Une protection qui, à chaque instant prélève sa part de cadavres par milliers, dans le temps par centaines de milliers.

Ces protections sont « naturelles » : les mers sans fond ou bras de mer où se noient ceux qui se lancent sur des esquifs fragile ou pourris surchargés de ces volontaires de la mort programmée, les fleuves où se noient les nageurs inexpérimentés, les déserts où les attendent la soif ou la morsure des serpents. Les faits divers relatent régulièrement les victimes de ces tentatives dangereuses, mais seulement lorsque leur nombre est suffisant pour émouvoir les chaumières. Chacun connaît maintenant pour ces drames récurrents les détroits, celui de Sicile ou de Gibraltar, l’île de Lampedusa, lse Rio Grande, mais beaucoup moins ceux de l’Océan Indien ou du Pacifique qui sont trop loin pour des larmes de crocodile (qui se souvient aujourd’hui des « boat people vietnamiens et chinois ?)

Des grillages aux drones

Là où il n’y a pas de protections naturelles de la forteresse, un peu partout dans le monde, des barrières terrestres ont été édifiées avec un luxe de techniques sans cesse perfectionnée (2) avec des moyens inouïs de détection qui vont de murs réels aux hauts grillages électrifiés , des caméras aux ondes radars, des miradors aux drones . Tenter de franchir ces barrières terrestres emporte aussi son lot de victimes, électrocutées ou tuées par balle mais individuellement, ce qui n’attire guère l’attention médiatique. Pour donner une idée, pour les sceptiques sur la dimension de l’assaut contre la forteresse Nord, citons seulement le cas de la Grèce : en 2010 , 30 000 migrants ont été interceptés sur les rives de l’Evros en Thrace et on évalue à 128 000 ceux qui sont passés cette année-là dans les mailles du filet. En 2 009, il y aurait 2 millions d’immigrants illégaux en Grèce en transit vers l’Europe. Même quand ils se heurtent mains nues à ces murailles naturelles ou humaines répandues à travers le Monde, ces milliers , centaines de milliers, millions mêmes ne savent pas qu’ils mènent une guerre contre un ennemi non identifié sauf par sa peur d’être submergé par tous ces parias portés par leur nombre et leurs espoirs. Un espoir de vaincre porté par un désir de vivre plus fort que la mort. Si eux ne le savent pas qu’il mène une guerre sans merci, leur ennemi, lui, le sait.

 Il le sait si bien que pour contenir les possibles petits soldats de cette persistante invasion, les « personnes déplacées » par différents méfaits du capital, sont parqués, non plus dans les « camps de rétention trop connus sur les territoires nationaux, mais dans d’autres camps édifiés un peu partout dans le Monde sous couvert humanitaires par ceux- là même, les « grandes puissances du capital qui les ont poussés dans une telle situation.. Ils sont ainsi plus de 50 millions à pourrir littéralement derrière des barrières destinées également à les prévenir de venir grossir ceux qui sont déjà partis à l’assaut de la forteresse, une sorte d’armée de réserve difficilement contenue.

En face d’eux menant cette guerre implacable est un ennemi bien plus dangereux que la police et l’armée des États et leurs protections naturelles ou pas, ces répressions connues qu’ils craignent, connaissent et peuvent tenter de déjouer les pièges et de tourner les protections. C’est un ennemi inconnu, une sorte d’Hydre de Lerne aux mille tentacules qui peut à tout moment surgir de l’ombre, tentacules faites d’humiliations, de vols, de chantages, de viols, d’esclavage temporaire, de rançons, de violences physiques, de participation obligatoire à des trafics dangereux. La liste n’en est pas exhaustive, mais tous sont perpétrés par des hommes de hasard avides de gain profitant de leur faiblesse, souvent des marginaux comme eux. Et quand une partie d’entre eux ont réussi à échapper aux obstacles « légaux »aux multiples tentacules de l’Hydre de Lerne et pensent avoir atteint la Terre Promise, de « bons citoyens » du pays où ils ont enfin pénétré peuvent les attendre sous forme de milice pour leur donner le baiser de mort

Et s’ils en réchappent, la galère du sans papier constamment aux abois, le bagne de l’usine ou l’esclavage agricole les attend. Ou un internement dans une prison ou dans un de ces innombrables camps de rétention pour l’expulsion et un retour à la case départ.

Henri Simon

note

 1« Communisme » n’a rien à voir avec le capitalisme d’Etat style soviétique ou Chinois ou les différentes moutures sociale-démocrates. Il postule une société où il n’y a pas d’exploitation de l’homme par l’homme et où chacun décidera par lui-même quelle sera son activité et comment il l’assumera. Les parias que sont les migrants de partout sont à l’extrême d’un monde communiste car dans leur destin, ils ne sont maîtres de rien, soumis d’un bout à l’autre de leur vie à toutes les contraintes d’un système auxquelles ils tentent d’échapper pour tomber dans d’autres contraintes.


mercredi 29 janvier 2025

Rapport sur le mouvement ouvrier chinois | Groupe pro-AIT en Chine 23 01 2024-


 Texte écrit en mandarin et traduit en anglais le 23 janvier 2024 sur le site de l’Anarcho-Syndicalist Federation (Section australienne de l’AIT). A retrouver sur le site de liberteouvriere

Par le groupe pro-AIT en Chine

Changement dans l’action ouvrière

Depuis les dix dernières années nous avons fait le suivi des statistiques des mouvements ouvriers de différentes régions et industries. Ce portrait révèle une situation sociale, politique et économique qui va au-delà du discours officiel. Il laisse aussi présager des changements futurs au sein du mouvement ouvrier.

Tout d’abord, la composition économique et le modèle de développement de la Chine ont subi des changements significatifs. Pendant plus de trois décennies, la Chine était dépendante de l’industrie manufacturière de faible coût destinée à l’exportation. On assiste à l’essor d’industries de services telles que les achats en ligne et la livraison de repas à l’aide de plateformes électroniques. En conséquence, de plus en plus de conflits de travail sont apparus dans des secteurs de services. Du service de la santé et de la restauration au service bancaire et financier, en passant par l’industrie du transport qui en découle, tel que le transport de marchandise.

Le 25 janvier 2021, des centaines d’infirmières de l’hôpital affilié à l’université de Yan’an (dans la province de Shaanxi) ont organisé un sit-in pour demander à l’hôpital une augmentation salariale et le paiement des pensions et de l’assurance médicale des employées. Le même mois, les coursiers de la société Best (dans la province de Hebei) se sont mis en grève parce que leurs patrons ne leur avaient pas payé leurs salaires. Des dizaines de milliers de colis non livrés se sont donc accumulés devant l’entrepôt sans que personne ne les ait livrés.

Si on peut constater que les conflits de travail dans les industries manufacturières traditionnelles stagnent, les conflits de travail dans les industries émergentes sont pour leur part de plus en plus fréquents.

Deuxièmement, depuis les années 1990, l’urbanisation et le développement économique des régions intérieures de la Chine, telles que le Sichuan et le Henan, se sont accélérés. Cela permet aux grandes entreprises des régions côtières d’avoir accès à un plus grand nombre de travailleurs-travailleuses. De plus, on observe aussi que les entreprises côtières se déploient à l’intérieur des terres. Donc les conflits de travail dans ces régions augmentent également.

Il fut un temps où Shenzhen était l’épicentre des manifestations ouvrières en Chine, mais les choses ont changées. En 2015, 75 manifestations ouvrières de l’industrie manufacturière ont été enregistrées à Shenzhen, ce qui représente 75 % de l’ensemble des actions ouvrières organisées de la ville cette année-là. Deux ans plus tard, en 2017, ce chiffre est tombé à 22 %, soit la moitié des actions organisées par des travailleurs-travailleuses de la ville cette année-là.

Enfin, les structures sociales traditionnelles liées au travail se sont effondrées. Les gens sont de plus en plus isolés socialement. De plus, la première génération de travailleurs-travailleuses migrants vieillit progressivement et le manque de main-d’œuvre s’accroît de jour en jour. Les systèmes de protection sociale tels que les pensions sont confrontés à des défis sans précédent. Depuis 2000, les usines ont remplacé les relations régionales et familiales sur lesquelles les travailleurs-travailleuses s’appuyaient autrefois, en leur offrant un lieu naturel de solidarité et de relations de réciprocité.

Une fois arrivés à Shenzhen, ou ailleurs, ces travailleurs-travailleuses venus du Sichuan, du Henan ou d’autres régions de l’intérieur s’apercevront que les différences régionales et ethniques n’ont plus d’importance. Face aux longues heures de travail, aux bas salaires et aux mauvais traitements, les conflits de travail deviennent en effet un problème bien plus important.

La question ultime qui se pose

Cela est devenu de plus en plus évident au cours de la dernière décennie. Avec l’essor des médias sociaux tels que Weibo, WeChat, Douyin et Kuaishou, les médias sociaux ont créé un nouveau type de relation, plus répandu que les relations interpersonnelles traditionnelles en face-à-face. Les médias sociaux ont remodelé la dynamique des manifestations ouvrières en Chine, comme l’ont montré les manifestations de 2018 à Shenzhen Jasic Technology Co, Ltd. Au cours de cette manifestation, les manifestant-e-s ont utilisé efficacement les médias numériques pour faire connaître la solidarité ouvrière et étudiante, malgré le fait que les autorités chinoises aient supprimé et bloqué du contenu.

Cependant, une action organisée réellement efficace nécessite une coordination à la fois en ligne et hors ligne. La facilité et la rapidité des communications en ligne risquent d’amener les militant-e-s à ignorer les relations en face-à-face qui ont lieu hors ligne. En fin de compte, les médias sociaux peuvent à leur tour devenir un outil utilisé par les employeurs et les autorités pour surveiller et réprimer les travailleurs. Si l’on examine les données des dix dernières années, on s’aperçoit que les manifestations dans l’industrie manufacturière ont considérablement diminué par rapport à l’ensemble des manifestations ouvrières en Chine. En 2013, les manifestations de travailleurs-travailleuses d’usine représentaient 46,5 % du total ; en 2020, ce chiffre ne représentait plus que 11 % du total.

Au cours de la décennie 2011-2020, les manifestations ouvrière des industries de service et des transports ont progressivement dépassé en importance les manifestations provenant de l’industrie manufacturière. C’est l’une des tendances les plus évidentes dans le mouvement ouvrier. Les travailleurs-travailleuses de la construction ont toujours été les principaux protagonistes de la contestation ouvrières chinoise. Leur apport au nombre total d’actions organisées de travailleurs est resté stable: autour de 40 %. Au début de l’année 2020, cette proportion a augmentée de manière significative. Un grand nombre d’entreprises de construction ont subi de graves problèmes de liquidités ainsi qu’une instabilité économique. Presque tous les cas impliquent des salaires impayés.

Intensification des conflits de travail dans le secteur des services

Les données montrent qu’au début des années 2010, la contestation ouvrière avait lieu plus souvent dans de grandes villes où les emplois étaient moins spécialisés: ramassage des ordures, nettoyage, magasin de détail et restauration. Mais au milieu des années 2010, la contestation s’est répandue dans tout le pays au sein de secteurs d’activité très variés. Comme les hôtels, les bars et les salles de karaoké, les gymnases, les entreprises de technologie, les banques et les sociétés financières, les établissements médicaux, les garderies et d’autres établissements d’enseignement privés. Il y a eu de la contestation ouvrière dans des institutions de classes préparatoires, dans des écoles de conduite; de même que dans des terrains de golf et des parcs d’attraction, des équipes de football professionnel, des chaînes de télévision et des médias locaux.

En juin 2014, les enseignant-e-s du secondaire de l’école Chenzhong Middle School à Chongqing se sont mis en grève pour aller manifester et exiger que l’école paie les arriérés de salaires et leur garantisse un « traitement juste et équitable ». Le même mois, des employé-e-s de China Mobile ont manifesté devant la société Shandong Heze Mobile et devant le gouvernement municipal pour dénoncer des licenciements injustes. En décembre de la même année, des employé-e-s du supermarché China Resources Vanguard à Tangshan, dans la province de Hebei, ont organisé une manifestation devant le magasin, exigeant que l’entreprise leur accorde les mêmes indemnités de licenciement qu’aux employé-e-s d’une autre succursale. Sur la banderole des travailleurs, on pouvait lire « China Resources Vanguard, accordez-moi un traitement équitable! ».

Avant 2017, les manifestations dans le secteur des transports étaient généralement organisées par les chauffeurs de taxi. Quelques coursiers ou livreurs de nourriture y participaient. Mais ces dernières années, les choses ont radicalement changées. Le développement rapide du commerce électronique a favorisé le développement à grande échelle de l’économie à la tâche [gig economy] dans la livraison de nourriture et d’autres industries de services de livraison express. Le nombre d’emplois dans cette industrie émergente a augmenté de manière spectaculaire.

Toutefois, les relations de travail étant plus incertaines que dans les industries traditionnelles, les conflits de travail se sont également multipliés. À la fin des années 2010, le commerce électronique s’est considérablement développé en Chine. En 2019, les ventes en ligne de la Chine ont totalisé 1,9 billion de dollars, soit plus de trois fois celles des États-Unis, le deuxième plus grand marché du commerce électronique au monde. En 2020, la Chine représentait près de 55 % du marché mondial du commerce électronique. De plus en plus de personnes commencent à faire des achats en ligne, et la demande de conducteurs pour les entreprises de logistique augmente régulièrement, même pendant la pandémie de COVID en 2020. En plus, le gouvernement a encouragé la construction de stations de livraison express communautaires et a augmenté le nombre d’emplois « flexibles ».

Une économie à la tâche précaire pour répondre à la hausse du chômage

Rien qu’au premier semestre 2020, Meituan, la plus grande plateforme chinoise de livraison de nourriture en ligne, a recruté 1,4 million d’employé-e-s à la tâche. Une enquête a révélé que 30 % d’entre eux-elles avaient rejoint la plateforme après avoir perdu leur emploi dans d’autres secteurs, et qu’un nombre important d’entre eux-elles avaient au moins un baccalauréat, ce qui représente près de 25 % des 2,95 millions de travailleurs-travailleuses à la tâche chez Meituan.

Depuis 2015, le nombre de manifestations de chauffeurs de taxi a diminué. Cependant, l’épidémie de COVID-19 en 2020 a fait dégringoler les revenus des taxis, alors que les compagnies percevaient beaucoup de frais. Ce qui a conduit à une augmentation significative de la contestation des chauffeurs. En 2020, on a enregistré en moyenne 116 manifestations de chauffeurs de taxi, soit le double des 54 enregistrées en 2019. Cette tendance est encore plus marquée si l’on considère les chauffeurs de taxi dans le contexte de l’ensemble des contestations ouvrières. En 2013, les manifestations de chauffeurs de taxi représentaient environ 15 % du total, ce chiffre est tombé à 8,2 % en 2016 et à seulement 3,9 % en 2019, mais en 2020, il est remonté à 14,5 %. Depuis 2017, les grèves et les manifestations des travailleurs des plateformes de transport d’applications chinoises sont devenues monnaie courante. Face à la féroce concurrence du secteur, les plateformes continuent de réduire les coûts pour s’emparer des avantages du marché. Des revenus instables et des systèmes d’amendes sévères ont conduit à des manifestations fréquentes de travailleurs.

De janvier 2017 à décembre 2020, 220 manifestations de livreurs de restaurants et de coursiers ont été enregistrées, représentant environ un tiers de toutes les manifestations de l’industrie du transport au cours de cette période. Les livreurs de nourriture sur les plateformes d’applis telles que Meituan et Ele.me sont depuis longtemps confrontés à des abus très répandus en matière de droits du travail, notamment des quarts de travail de 18 heures et des amendes en cas de livraison tardive. Sous le contrôle de l’algorithme, les travailleurs-travailleuses n’ont aucun pouvoir de négociation, et même après un accident du travail, la plateforme ne reconnaît pas du tout la relation de travail, ce qui les rend démunis dans la défense de leurs droits.

Au cours des dix prochaines années, la structure économique de la Chine continuera à vivre de nouveaux changements. En particulier le basculement de la structure industrielle vers l’industrie des services et le commerce électronique. De plus en plus de conflits de travail pourraient porter sur de nouveaux types de postes de travail flexibles. Cela entraînera une série de nouveaux problèmes de relation de travail et de droits des travailleurs.

Changements régionaux dans le mouvement ouvrier

Au début des années 2010, la plupart des conflits de travail en Chine étaient concentrés dans les provinces côtières du sud-est, en particulier dans le cœur économique qu’est le Guangdong. Cependant, comme les industries à faible coûts destinées à l’exportation se déplacent progressivement vers l’étranger et que l’urbanisation se développe à l’intérieur des terres, la proportion globale de manifestations de travailleurs-travailleuses dans la province de Guangdong continue de diminuer.

La nature changeante de la résistance ouvrière organisée

Après 2015, l’industrie des services a progressivement remplacé l’industrie manufacturière en tant qu’industrie contribuant le plus au PIB de la Chine. Cette évolution a été suivie d’une augmentation de la précarité et de l’isolement des travailleurs-travailleuses, ce qui a entraîné des changements significatifs dans la manière de s’organiser et d’agir collectivement.

Dans le passé, les secteurs manufacturiers, miniers et autres secteurs industriels employaient souvent un grand nombre de travailleurs-travailleuses dans des lieux fixes ; l’une des tendances les plus évidentes aujourd’hui est une réduction marquée du nombre de manifestations de masse.

La dernière manifestation d’envergure de travailleurs-travailleuses d’usine a été la grève de l’usine de chaussures Yue Yuen de Dongguan en avril 2014. À l’époque, 40 000 travailleurs-travailleuses ont fait grève pendant deux semaines pour dénoncer les bas salaires et le non-paiement des cotisations de sécurité sociale par l’entreprise. Depuis 2015, de nombreuses grandes usines ont fermé ou licencié la plupart de leurs travailleurs-travailleuses. Les usines restantes sont pour la plupart plus stables et plus rentables parce qu’elles peuvent offrir des salaires relativement raisonnables et ont moins de conflit de travail.

La diminution du nombre de rassemblement impliquant un millier de travailleurs-travailleuses ou plus dans les données peut s’expliquer en partie par le fait qu’au début des années 2010, les grèves et manifestations de grande ampleur étaient plus faciles à trouver sur les médias sociaux que les manifestations plus modestes. Cependant, la raison la plus importante est qu’au cours de la seconde moitié des années 2010, le gouvernement est devenu plus énergique dans sa lutte contre les actions de masse qui menaçaient la stabilité sociale et nuisaient à l’image du Parti communiste.

Le revers le plus marquant pour le gouvernement en matière de travail s’est produit le 11 mars 2016 dans la ville de Shuangyashan, dans la province du Heilongjiang. À l’époque, le gouverneur de la province du Heilongjiang, Lu Hao, assistait au Congrès national du peuple à Pékin, et des milliers de mineurs de charbon en colère ont défilé dans les rues de Shuangyashan pour réclamer que le groupe Heilongjiang Longmei paie les salaires en souffrance depuis plus de deux mois. Le groupe Longmei est une entreprise publique lourdement endettée en raison d’une surcapacité de production de charbon. Ce qui a rendu les travailleurs encore plus furieux, c’est que le gouverneur provincial Lu Hao a déclaré publiquement lors des deux sessions que le groupe Longmei « ne devait pas un centime aux mineurs ». Les travailleurs de Longmei ont réagi avec colère. Il s’agissait de la plus grande manifestation contre une entreprise d’État depuis de nombreuses années. Cette action a contraint le gouvernement local à demander au groupe Longmei de payer les salaires de tous les travailleurs.

Mais les autorités ont également fait savoir que ce type de manifestation ne serait pas toléré. Le 13 mars, la police a fait irruption dans les résidences des travailleurs, a arrêté de nombreux mineurs ayant participé à la manifestation et a publié des avis de recherche pour au moins 75 personnes. La stratégie de tolérance zéro du gouvernement central consiste à punir sévèrement les « fauteurs de troubles »afin d’intimider d’autres meneurs-meneuses potentiels et d’empêcher d’autres régions d’imiter ces mouvements de masse.

Après l’incident de Shuangyashan, le Comité central du Parti communiste chinois et le Conseil d’État ont introduit de nouvelles mesures sécuritaires. Toutes les responsabilités en matière d’incidents de masse à grande échelle ont été transférées aux gouvernements locaux. Comme le gouvernement applique une tolérance zéro pour les incidents de masse, les hauts fonctionnaires locaux peuvent être démis de leurs fonctions si de tels incidents se produisent. À la fin des années 2010, les organisations non gouvernementales (ONG) de travailleurs de la province de Guangdong ont également continué à être réprimées. Au cours de la dernière décennie, ces ONG ont acquis une grande expérience en fournissant aux travailleurs des usines locales les compétences dont ils ont particulièrement besoin pour mener des actions organisées. Dans plusieurs cas bien connus de défense des droits des travailleurs, ces ONG ont réussi à amener les employeurs à la table de négociation. Dans la pratique, elles créaient un nouveau modèle de négociation collective. L’absence des syndicats officiels dans la défense des droits des travailleurs-travailleuses se faisait aussi sentir.

La suppression de ces ONG ouvrières par le gouvernement a laissé les travailleurs-travailleuses pris au dépourvu, sans conseil ni soutien fiable et professionnel dans la transmission du savoir-faire lutte ouvrière. Par conséquent, de plus en plus de travailleurs-travailleuses se tournent vers l’organisation en ligne et utilisent divers logiciels de communication pour s’organiser. Par exemple, en 2016, les employé-e-s de Walmart ont organisé plusieurs grèves pour dénoncer les changements apportés par l’entreprise à son système de quart de travail. Le nombre réel de personnes participant aux manifestations en personne est limité, mais on estime qu’environ 100 000 employé-e-s de Walmart sont entrés dans le groupe de soutien en ligne nouvellement créé, contribuant ainsi à combattre l’isolement des employé-e-s qui luttent contre leur puissant employeur.

Avec l’organisation en ligne, tout le monde, même les collègues qui se trouvent à des milliers de kilomètres, semble partager une identité commune, fait face aux mêmes difficultés et trouve des solutions communes. Plus tard, au cours de l’été 2018, des grutiers et des camionneurs ont adopté des tactiques similaires, organisant des manifestations à l’échelle nationale pour dénoncer la baisse des salaires et la détérioration des conditions de travail. La même année, les travailleurs-travailleuses de Shenzhen Jasic Technology Co. Ltd. sont allés plus loin en utilisant les médias sociaux pour entrer en contact avec des groupes d’étudiant-e-s et de sympathisant-e-s. Toutefois, l’organisation en ligne comporte des risques, et les travailleurs-travailleuses de Jasic et leurs sympathisant-e-s ont été arrêtés et détenus en grand nombre.

Les multiples arrestations du dirigeant des livreurs, Chen Guojiang, en 2019 et en février 2021, l’ont également prouvé. Chen Guojiang est également connu comme meneur de l’Alliance des livreurs. Il a déjà mis en place un vaste réseau d’entraide pour les livreurs, l’« Alliance des chevaliers de la livraison », qui relie plus de 14 000 livreurs. Chen Guojiang a publié de nombreuses vidéos appelant tout le monde à s’intéresser aux droits des livreurs. Il a dénoncé la répression des travailleurs par la plateforme et a critiqué cette dernière.

Violation flagrante des lois, des amendes pour les livreurs en retard et autres comportements inappropriés

En septembre 2020, Chen Guojiang a déclaré qu’il espérait que les autorités puissent mettre en place une organisation de type syndical pour les livreurs. Il espérait que cette organisation pourrait représenter les travailleurs-travailleuses et les plateformes pour négocier les questions relatives au traitement des travailleurs-travailleuses, et que le gouvernement local -plutôt que de permettre à des entreprises privées telles que Meituan et Ele.me d’exploiter à leur guise les livreurs- prendrait l’initiative de réglementer les normes de travail dans l’industrie de la livraison de nourriture

Il a finalement été arrêté par des agents en 2021. Son arrestation est certainement un avertissement pour l’action organisée en ligne. Le message officiel ne pourrait être plus clair. Quoi qu’inactive, fermée d’esprit ou déconnectée des revendications ouvrières, l’organisation syndicale officielle ne peut tolérer que d’influents meneurs d’opinion, extérieurs à elle, puissent s’exprimer au nom des travailleurs-travailleuses.

En fait, la plupart des manifestations actuelles de travailleurs-travailleuses sont mal organisées. Les luttes ont tendance à être de petite taille (moins d’une centaine de participant-e-s) et de courte durée, et se concentrent sur la résolution de conflits spécifiques. Les manifestations visent généralement à attirer l’attention de la société sur le sort des travailleurs et à obtenir une intervention des pouvoirs publics, plutôt que d’établir un dialogue direct avec les employeurs ou les autorités locales. De nombreux travailleurs-travailleuses n’organisent même plus de manifestations physiques, mais se contentent de lancer des appels à l’aide en ligne, des actions qui, souvent, ne contribuent guère à résoudre leur problème.

La réponse du gouvernement

Peut-être pour éviter l’émergence d’un autre mouvement du type Shuangyashan, le gouvernement central s’est donné beaucoup de mal à la fin des années 2010 pour s’assurer que les travailleurs-travailleuses licencié-e-s, en particulier les mineurs de charbon et les sidérurgistes, soient entièrement payés, et se voient également fournir une compensation adéquate lors des fermetures ou compressions de grandes entreprises d’État. Depuis 2019, alors que l’incertitude économique continue de s’intensifier, le Parti communiste chinois a continué à mettre l’accent sur les « six stabilités » et a donné la priorité au « maintien de la stabilité de l’emploi ». Le président Xi Jinping a souligné à plusieurs reprises l’importance des « six stabilités » et a insisté sur le fait que « les questions liées à l’emploi devraient recevoir une priorité maximale. » Chen Qiqing, professeur à l’École centrale du parti, a analysé ces « six stabilités » dans une interview accordée au « Study Times » en mai 2020. Il a clairement indiqué que « si les emplois ne peuvent être maintenu, tout peut être perdu, même les fondations de la stabilité sociale ».

Groupe pro-AIT en Chine


lundi 27 janvier 2025

Domination du monde capitaliste en 2030 : Empire du milieu et/ou Empire américain ?

 

Publié le 13 Janvier 2025 par pantopolis 13 janvier 2025

Michael de Adder, 8th january of 2025: "Trump and despots dreaming of expansion". To translate: "imperialist leaders dreaming of further expansion!"

Domination du monde capitaliste, 2030 :

Empire du milieu et/ou Empire américain ?

Depuis 2023, la Chine domine pratiquement toutes les étapes de la chaîne de production des véhicules électriques, depuis la  production des métaux rares nécessaires aux batteries électriques jusqu’à l’exportation de ces véhicules par des navires géants[1]. Dans la guerre des métaux rares, la Chine l’a largement emporté[2]. Les marques, dont les noms demeurent encore inconnus en dehors de la Chine, sauf le géant BYD, tels que Nio, XPeng, SAIC, GeelyZeekr, Seres, pèsent de plus en plus dans le paysage de l’électrique mondial. Près de 7 millions de véhicules sont vendus sur le marché intérieur chinois, massivement soutenu par les subventions. Ce marché représente 70 p. 100 des ventes de véhicules non thermiques (hybrides inclus). Le résultat est sans appel pour le « partenaire » allemand Volkswagen : autrefois premier vendeur et constructeur en Chine, ses ventes ont chuté de 8,3 % en 2024. D’ici 2027 Volkswagen devra disparaître de l’horizon chinois[3].

Les voitures électriques chinoises défient pour le moment toute concurrence. Même celle de Tesla, du multimilliardaire Elon Musk, quasi copartenaire de Trump, qui a installé une gigafactory à Berlin[4]. Ses 12.000 travailleurs (tout comme leurs frères de misère en Chine) sont de vrais esclaves salariés privés de tous droits (pas de conventions collectives, absence d’organismes tampons de type syndical, obligation de travailler plus de 40 heures par semaine au lieu des 35 heures, pour une rémunération amputée du quart)[5]. En appuyant ouvertement le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), Elon Musk, fort de sa mainmise sur le réseau de désinformation X et l’appareil d’État US, pourrait compter sur la schlague de ce parti pour mater une classe ouvrière allemande réticente à l’ordre botté de l’ultralibéralisme. Rêvant de coloniser Mars d’ici 20 ans, avec ou sans son sperme et à coups de bombes atomiques[6], le mégalomane Docteur Folamour de Xspace, Neuralink et Tesla est au moins assuré de transformer tous ses sites industriels en colonies pénitentiaires.

Là où Elon Musk et Xi Jinping ne manifestent aucun esprit de concurrence, sinon une compréhension bienveillante, c’est leur volonté de construire leur « modèle social » avec un impitoyable « talon de fer » : mise hors la loi des ouvriers récalcitrants, création de camps de concentration à l’image de leurs usines, avec une surveillance 24 heures sur 24 par des batteries de caméras et de drones.

C’est à coups répétés de schlague capitaliste que tonton XI (Xi Jinping dit XI Dada) a lancé en 2015 le « Made in China 2025 », censé établir d’ici à 2030, la prééminence mondiale du « modèle chinois »[7].

Selon une revue de géopolitique française, le capitalisme chinois aurait atteint avec alacrité ses objectifs, tous stratégiques[8] :

- par des investissements massifs dans l’aviation militaire, la production les chasseurs furtifs J-20 et J-35A, l’avion de transport Y-20 et le bombardier stratégique H-20, les capacités de défense et de d’attaque de la Chine ont été nettement améliorées.

- la Chine est maintenant l’un des leaders mondiaux dans le secteur des drones. La société DJI est devenue le premier fabricant mondial de drones commerciaux (mais aussi militaires exportés en Israël, Russie, Ukraine).

- l’Empire du milieu confirme ses avancées dans l’exploration spatiale [station spatiale Tiangong (« Palais céleste ») et programmes d’exploration de la Lune et de Mars].

- la Chine, est devenue un des plus grands fabricants d’équipements agricoles au monde, mais aussi le premier marché mondial de machines agricoles.  Xi Jinping, lors de ses vœux du premier janvier 2025, a effacé d’un revers de manche le spectre des récurrentes famines maoïstes (plus de 22 millions de morts de 1958 à 1961) : « La production céréalière a battu le record de 700 millions de tonnes, remplissant le bol de riz des Chinois de davantage de céréales chinoises »[9].

- la Chine serait devenue leader dans la production de vaccins et de médicaments biologiques avec des avancées notables dans l’édition génétique (CRISPR)[10] et les biopharmaceutiques. Ce dont on peut légitimement douter après l’éclatant désastre humain dans la gestion du Covid-19 en 2020-2022 …

- la Chine est leader mondial dans les « énergies renouvelables », notamment les panneaux solaires et les éoliennes. L’énergie nucléaire se développe très rapidement avec des technologies avancées de réacteurs, de type Hualong-1[11].

- elle dispose du réseau de trains à grande vitesse (TGV) le plus vaste et le plus avancé au monde, (plus de 42.000 km de voies), un « made in China » sûr de dominer l’Asie, comme déjà en Indonésie (ligne Jakarta-Bandung).

- elle est devenue  le plus grand marché de robots industriels, avec des fabricants nationaux comme Siasun Robotics[12]. Grâce à l’Intelligence artificielle (IA) et à l’IoT[13], des solutions de « fabrication intelligente » se développent à marches forcées, la Chine étant ex-aequo avec les USA.

- elle est devenue leader mondial dans la production de navires porte-conteneurs, de vraquiers et de méthaniers (LNG)[14], et donc un concurrent majeur de la Corée du Sud et du Japon, qui appartiennent à la sphère américaine. Aujourd’hui, la capacité de construction navale de la Chine est 200 fois supérieure à celle des États-Unis[15].

- la Chine est désormais le premier déposant mondial de brevets à l’OMPI (38 %), en position de leader dans 29 domaines, contre seulement 3 pour le Japon et 4 pour les États-Unis[16].

Les habits mités du Président XI

En dépit de ces résultats mirobolants, dans le pur style des anciens plans quinquennaux soviétiques, la Chine de l’Oncle Dada doit, en 2025 comme après, « exporter ou mourir »[17], quel qu’en soit le prix.

Malgré les apparences, le « made in China 2025 » peine à convaincre les investisseurs. Tous les indicateurs sont au rouge. Après un rebond post-Covid-19 de 18 p. 100 au premier trimestre 2021, la croissance, depuis 2022, s’est dégonflée comme un miteux tigre de papier en tombant à 3 p. 10. Ce n’était qu’une reprise de rattrapage. Le premier ministre chinois Li Qiang fanfaronna à la cantonade en janvier 2024 au sommet de Davos en annonçant une croissance de 5,2 p. 100 – le chiffre réel était de 4,6 p. 100. Le Président Xi Jinping emboucha la même trompette d’autosatisfaction en 2024 : « le Parti et le peuple chinois solidaires sont pleinement confiants dans l’avenir, car ils ont  fait face aux difficultés de l’année écoulée et après avoir triomphé de l’épidémie de Covid-19, ils ont relancé  l’économie et consolidé son développement »[18].

La crise est pourtant majeure. En janvier 2024,  l’activité industrielle a décliné pour un quatrième mois consécutif. Un jeune sur cinq est chômeur. Une partie des 295 millions de travailleurs migrants venus des campagnes a dû quitter les centres industriels sans aucune indemnité[19].

Dans un pays où la construction représente 45 p. 100 du PIB (20 à 25 p. 100 pour les économies occidentales), le choc majeur, dès janvier 2024, a été la mise en liquidation judiciaire d’Evergrande, 70.000 employés, étranglé par un passif de 300 milliards de dollars. Avec une surcapacité du parc immobilier de l’ordre d’une centaine de millions de logements, des villes chinoises sont devenues du jour au lendemain des « villes hantées », suivant en cela le bon vieux « modèle » capitaliste américain[20]. Les ménages chinois qui ont investi 70 p. 100 de leur épargne dans l’immobilier – les économies de toute une vie – sont tombés en dessous du seuil officiel de pauvreté. Le consommateur chinois, qui choisit désormais l’épargne de précaution, se soucie comme d’une guigne  d’acheter « par patriotisme » les voitures électriques du dragon chinois. Cette giga-épargne de fourmi génétiquement modifiée représente 48 p. 100 du PIB contre 18,6 p. 100 aux États-Unis…

Dans le mirifique paradis de la « consommation socialiste » – faute de clients solvables –, l’indice officiel des prix à la consommation a réellement chuté. Ainsi le prix du kilo de porc, tant apprécié sur la table des Chinois, a baissé de 17 p. 100 en 2022.

Face à l’atonie du marché intérieur et au recul de leurs exportations en 2023, les industriels chinois ont dû réduire leurs prix de 10 p. 100, et se sont engagés dans une politique périlleuse de dumping. C’est compter sans la politique de retaliation pratiquée par l’Oncle Trump et peut-être les membres de l’Union européenne dirigée par la manœuvrière Ursula von der Leyen.

La brutale chute de la bourse de Hong Kong qui a perdu 50 p. 100 de sa valeur en cinq ans traduit sans fioriture la panique des investisseurs chinois et internationaux. La Chine est totalement dans le viseur des États-Unis qui importent dorénavant plus du Mexique que de la Chine[21].

Un modèle capitaliste en faillite

Copiant toutes les grandes économies capitalistes qui vivent depuis des décennies à crédit, la Chine est plongée dans la spirale sans fin de la dette. Celle-ci représente 287,8 p. 100 du PIB, soit une augmentation de 13,5 p. 100 sur la seule année 2023. En comparaison, la dette étasunienne atteint 125 p. 100 du PIB, celle du Japon au moins 250 p. 100 du PIB. Néanmoins, la Chine tient les USA à la gorge par la possession des bons du trésor américains.  Prudente, la Chine a remplacé environ un quart des bons du trésor américain vendus en 10 ans par de l’or dont elle est désormais le premier producteur et le premier consommateur… Elle est aussi le premier créancier des USA devant le Japon. Les trois grands de l’économie mondiale, Chine, Japon et USA – auxquels on peut adjoindre l’Allemagne déclinante – tanguent sur le même bateau capitaliste vermoulu qui à terme risque de sombrer.

En février 2016, l’administration Obama[22], suivie par celles de Trump et de Biden, avait engagé une guerre commerciale pour désolidariser les chaines de logistique industrielle américaine des fournisseurs chinois, dans le but de relocaliser massivement de Chine vers les USA.

Les industriels ont bien relocalisé leurs moyens de production hors de Chine. Un exemple est le géant taïwanais TSMC qui a construit une seconde unité de production de semi-conducteurs au Japon[23]. L’Inde, mais aussi le Vietnam, les Philippines et le Mexique, sont les grands bénéficiaires d’une manne de 100 milliards de dollars en 6 mois continus de désinvestissement depuis 2023. Les entreprises occidentales ne réinvestissent plus tous leurs profits réalisés en Chine, mais en rapatrient une part significative. Li Qiang a beau claironner à Davos – après Dada Xi à San Francisco en novembre –  que «Investir en Chine n’est pas un risque, c’est une opportunité», la Chine n’est plus un pays de cocagne pour le capital occidental et ses alliés en Asie, où la sueur des prolétaires chinois se transformait en or pour le capitalisme international.

et une démographie sur béquilles (comme au Japon), avant le triomphe final de 2049[24] ?

Au moment où la Chine annonce, comme l’avait fait jadis l’URSS, qu’elle dépassera sans retour en arrière le « tigre de papier » américain, elle se retrouve plus sénile que riche. L’urbanisation d’une classe moyenne en pleine ascension privilégiant carrière et enrichissement personnel, aux dépens de la dyade bébé-mère, a fait sombrer le taux  de natalité. Malgré les incitations du « Parti » à vite repeupler les chambres à coucher, la  Chine a perdu 850.000 habitants en 2022 et pourrait passer de 1,4 milliard à 700 millions d’habitants à la fin du siècle[25]. L’Inde est déjà le pays le plus  peuplé de la Terre en juillet 2023[26].

La pyramide des âges chinoise est condamnée à dupliquer celle du Japon, les deux pays déclinant toute politique d’immigration. Le rapport entre actifs et retraités passera de 5 pour 1 en 2020 à 1,6 pour 1 en 2050. La Chine hypercapitaliste ne dispose d’aucun système de protection sociale de la vieillesse comparable à celui des « riches » pays impérialistes qui ont mis plus d’un siècle à le bâtir tant bien que mal. La traditionnelle solidarité familiale, dans une Chine urbanisée et déjà en déclin, n’existe plus, sans création par l’État d’amortisseurs sociaux. Dada Xi appelle les jeunes Chinoises à croître et à multiplier, partout où existe l’ethnie Han, sur terre et sur mer[27]. Ces prêches natalistes s’adressent à une population déjà confrontée au chômage et en proie au doux péché solitaire de l’individualisme.

L’impossible modèle économique « pacifique »

L’alternative « exporter ou mourir » est bien la seule alternative réaliste pour l’Empire du milieu. Celui-ci  ne peut compter sur le marché intérieur, celui de la consommation : 38 p. 100 du PIB brut contre 70 p. 100 pour les USA.

Les exportations chinoises, malgré une récente embellie, reculent inévitablement sous le double effet de l’augmentation des salaires chinois, mais aussi du redéploiement occidental vers d’autres pays. La Chine délocalise à tout va : en Afrique, en Éthiopie, puis au Kenya, en Ouganda et  en Tanzanie, pays de très bas salaires, pour vendre aux USA et en Europe sous d’autres étiquettes. Un groupe de haute technologie de Shanghaï délocalise certaines de ses activités en Indonésie. Dans la zone franche de Port-Saïd en Égypte, un groupe chinois produit des vêtements à bas prix dorénavant exportés sous l’étiquette « made in Egypt ».

Mettre en place une stratégie d’exportation, en pratiquant dans un premier temps un dumping musclé, suppose la  domination du marché mondial. Dans les « technologies vertes » –  batteries électriques, panneaux solaires et voitures électriques – la Chine a réussi à truster, par la force : par une subvention massive de ses industries, la fermeture de son marché intérieur aux Occidentaux et/ou assimilés, une organisation quasi militaire pour partir en phalanges serrées à l’assaut des marchés internationaux.

S’agissant des panneaux solaires, la Chine a déployé, pour la seule année 2023, 216 Gigawatts soit plus que la totalité du parc américain installé (175 GW) pour totaliser maintenant 610 GW. Les industriels chinois sont si grassement subventionnés que l’industrie du solaire se trouve en surcapacité. Pour les voitures électriques, le fleuron chinois BYF vend déjà plus de véhicules EVE que Tesla. Elon Musk a déclaré en janvier 2024 que « les constructeurs automobiles chinois vont démolir leurs rivaux si on ne met pas en place de barrières douanières »[28]. Trump a promis martialement une hausse de 60 p. 100 des taxes douanières, l’Europe a pour le moment engagé une simple enquête bureaucratique de routine sur les pratiques de dumping où les EVE chinoises inévitablement envahiront toutes les routes d’Europe…

Si la Chine a un besoin vital de dominer le marché international des nouvelles technologies « vertes », les pays industrialisés occidentaux (et assimilés) savent qu’ils sont sous la dépendance stratégique d’une Chine qui ne cesse de contingenter ses exportations de « terres rares », composants indispensables des batteries électriques dont elle s’est assurée in fine un quasi-monopole. La guerre commerciale est devenue la réalité des années 2020 car la Chine ne peut absorber par son seul marché intérieur la production de la « green tech » qui a augmenté de 30 p. 100 en 2023.

La fin du dicton « ne jamais prétendre prendre le leadership » (Deng Xiaoping)

Grâce aux capitaux occidentaux qui ne demandaient qu’à profiter d’une « nouvelle ruée vers l’or », grâce aussi à l’habileté consommée de la classe capitaliste chinoise dirigée par Deng Xiaoping, le capitalisme d’État chinois – mâtiné de capitalisme privé – a démontré sa capacité à faire, en une génération, ce que les pays occidentaux avaient mis plus d’un siècle à faire : faire d’un pays « en voie de développement » un pays ultra-industrialisé, capable de s’armer du jour au lendemain jusqu’aux dents.

En 1991, Deng Xiaoping avait formulé sa célèbre « stratégie des 24 caractères » : « Observons avec calme, garantissons nos positions, gérons les affaires avec sang-froid, cachons nos capacités et attendons notre heure, sachons garder un profil bas et ne prétendons jamais au leadership ».

Mais la Chine de XI Jinping représente maintenant le quart de la croissance mondiale et se confronte partout à l’existence de l’impérialisme anglo-saxon. L’un comme l’autre n’est pas prêt de capituler.

Xi – tout comme maintenant Trump, dans le sillage de Biden – inscrit  son nom dans l’histoire sanglante des guerres mondiales. 2027, centenaire de l’Armée populaire de Libération (APL), est une échéance où Dada XI pourrait jouer son va-tout, en prenant le risque d’une annexion par la force de Taïwan. La Chine a renforcé considérablement ses  capacités militaires, en particulier navales, se dotant d’une capacité de d’invasion de l’île distante  de seulement 160 km de la « Mère patrie ».

La guerre impérialiste mondiale est bien tapie dans l’horizon proche : elle touche peu à peu les deux protagonistes américain et chinois, même si le rapport de forces est encore inégal. Dans le domaine décisif de la productivité, celle de la Chine ne dépasse pas le quart de celle des pays occidentaux. Vieillissante avant que d’avoir été riche, la Chine aurait donc déjà connu l’acmé de sa puissance. Acculée à la défensive par la hausse des barrières douanières américaines, la Chine serait presqu’aux abois.

Les USA, puissance militaro-capitaliste la plus développée, se trouve dans une situation peu rassurante : l’économie américaine montre des signes tangibles d’entrée en récession. L’indice des affaires de Chicago (Chicago PMI) a poursuivi sa baisse pour atteindre 36,9 en décembre 2024, contre 40,2 en novembre, un niveau inférieur aux prévisions du marché qui tablaient sur 42,5. Cela traduit une contraction de l’activité économique pour le treizième mois consécutif, alors que devient éclatante la fragilité du système financier et de consommation[29].

L’exacerbation de l’impérialisme – analysé en leur temps par Lénine, Boukharine et Rosa Luxemburg – traduit l’implosion d’un système qui recule son propre effondrement par l’expansion guerrière. Le conflit en Ukraine depuis 2022, la lutte inter-impérialiste pour la domination du Moyen-Orient, entre Israël/USA, la Russie de Poutine et son allié l’Iran des ayatollahs, la Turquie guerroyant pour son propre compte ont traduit par le fer et par le feu le repartage du monde en cours.

Il faut donc prendre très au sérieux autant les menaces de Dada JI sur « le nouvel ordre asiatique» du côté Pacifique, que celles d’apprentis Docteurs Folamour  incarnés par Trump et Elon Musk.

Comme Mussolini en son temps s’écriait « A noi! A noi » (C’est à nous !) pour officialiser ses prises de guerre (de l’Éthiopie à la Corse), Trump claironne ses prises futures : le Groenland, le Canada qui devient 51e État américain, le canal de Panama qui appartiendrait depuis toujours aux USA, le golfe du Mexique rebaptisé golfe américain[30]. Une doctrine Monroe réécrite à l’échelle mondiale pour le seul profit de l’impérialisme yankee.

Lorsque le second conflit mondial eut commencé, les USA eurent immédiatement en tête l’occupation du Groenland, qui devint effective en avril 1941 après un accord entre l’ambassadeur danois aux USA et le gouvernement Roosevelt; puis celle de l’Islande, effective en janvier 1942 (40.000 militaires américains pour 126.000 Islandais). Au fur et à mesure que le conflit s’étendait, en particulier dans la zone Pacifique, l’occupation des îles stratégiques par les armées alliées (USA, Nouvelle-Zélande, Australie) s’accélérait : entre 1942 et 1945 la Nouvelle-Calédonie française devint de facto américaine… Frump devait marteler cette politique, dans un langage que ne désavoueraient pas les Poutine, Xi Jinping. Parlant du Groenland sur Fox News,  Trump tenait un discours de grand fauve impérialiste :  « nous sommes, très franchement, le prédateur dominant »..

Telle est la réalité de l’impérialisme américain aujourd'hui : aucune limite, s'armer jusqu'aux dents pour dominer sans partage le monde capitaliste, auquel appartiennent la Russie de Poutine et la Chine de Xi Jinping.

Pantopolis, 13 janvier 2025.

 

 


 

 

[1] https://www.automobile-propre.com/articles/les-marques-chinoises-commandent-47-navires-geants-pour-envahir-le-monde-avec-leurs-voitures-electriques/. En 2024, BYD a écoulé 400.000 voitures électriques en dehors de la Chine.

[2] Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, Éditions les liens qui libèrent, septembre 2023.

[3] https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/10/industrie-automobile-les-autorites-chinoises-laissent-le-darwinisme-faire-son-office_6491250_3234.html

[4] En avril 2022, Musk a inauguré une gigafactory au Texas, capable de produire 500.000 véhicules électriques par an, dont le très attendu Cybertruck (déjà utilisé dans la Tchétchénie de Kadyrov, mais armé d’une mitrailleuse…). Au Mexique, Tesla a investi plus de 5 milliards de dollars pour produire à Monterrey 1 million de véhicules par an, malgré un manque d’eau chronique dans la région. Cf. : https://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/tesla-elon-musk-confirme-l-installation-d-une-mega-usine-au-mexique-avec-a-terme-un-million-de-voitures-produites-par-an_5692691.html.

[5] L’Humanité, 7 janvier 2025, https://www.humanite.fr/monde/berlin/la-giga-factory-tesla-de-berlin-laboratoire-de-lultracapitalisme-delon-musk.

[6] Musk aurait « fait don » de son sperme pour ensemencer une « colonie martienne », où devraient « vivre », ou plutôt agoniser un million de zombies humains d’ici à 2044 (cf. Le Figaro,  17 juillet 2024, Jeanne Sénéchal, « Un million de personnes d’ici 20 ans : le projet fou d’Elon Musk pour la conquête de Mars ». Ce « génial » Docteur Folamour avait auparavant eu l’idée d’envoyer des bombes atomiques sur Mars afin d’y « réchauffer » l’atmosphère… (Le Parisien, 7 juillet 2022).

[7] https://shs.cairn.info/l-occident-face-a-la-renaissance-de-la-chine--9782738144652-page-27?lang=fr (Claude, Meyer, Odile Jacob, 2018).

[8] Alex Wang, in revue Conflits, 28 décembre 2024 : https://www.revueconflits.com/2025-made-in-china-a-atteint-la-plupart-de-ses-objectifs/

[9] http://fr.china-embassy.gov.cn/fra/zgyw/202501/t20250102_11525912.htm

[10] Le CRISPR est un système permettant de corriger ou modifier l’expression de gènes responsables de maladies héréditaires.

[11] Réacteur nucléaire  à eau pressurisée (REP) d’environ 1 100 MWe. Depuis janvier 2025, 7 Hualong-1 sont opérationnels, 14 sont en construction et 16 en projet.

[12] Statista, 28 nov. 2023, article de Tristan Gaudiaut : « La chine se robotise massivement ». En 2023, les installations de robots industriels ont atteint un record mondial, avec plus de 550.000 unités déployées, soit une hausse annuelle de 5 %. Plus de la moitié de ces robots, soit environ 290.000, ont été installés en Chine (https://fr.statista.com/infographie/28524/nombre-de-robots-industriels-installes-par-pays/).

[13] L’Internet des objets (ou IoT pour Internet of Things) désigne et le processus de connexion d’objets physiques à l’Internet et le réseau qui relie lesdits objets.

[14] LNG : liquefied natural gas. En français : GNL : gaz naturel liquéfié.

[15] Revue Géo, 13 juillet 2023 : https://www.geo.fr/geopolitique/alerte-pentagone-la-chine-pourrait-produire-200-fois-plus-de-navires-de-guerre-que-les-etats-unis-chantiers-flotte-mer-chine-meridionale-215684

[16] https://www.revueconflits.com/2025-made-in-china-a-atteint-la-plupart-de-ses-objectifs/

[17] Hitler, 30 janvier 1939 : « wir müssen exportieren oder sterben ». Source : Franz Knipping, Machtbewusstsein in Deutschland am Vorabend des Zweiten Weltkrieges, Ferdinand Schöningh, Paderborn, 1984, p. 232.

[18] « Chine 2024 », La Tribune 18 décembre 2024, par Christophe Stener.

[19] Le Monde, 22 octobre 2022 : https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/22/en-chine-les-habitants-des-campagnes-grands-oublies-des-statistiques-officielles-sur-le-chomage_6195994_3234.html.

[20] On compte plus de 3.800 « ghost cities » aux USA, essentiellement dans le « Far West », lorsque les bourgs de mineurs se développaient comme des champignons au gré des découvertes d’or ou de pétrole. Detroit, ville mythique de l’automobile, est passée de deux millions d’habitants dans les années 1960 à seulement 700.000 aujourd’hui… 80.000 bâtiments ont été abandonnés.

[21] Courrier international, 12 septembre 2023 : www.courrierinternational.com/article/libre-echange-le-premier-partenaire-commercial-des-etats-unis-n-est-plus-la-chine-mais-le-mexique#:~:text=s’interroge%20%E2%80%9CBloomberg%E2%80%9D.&text=Au%20premier%20semestre%202023%2C%20les,la%20Chine%20(203%20milliards)

[22] Michel de Grandi, Les Échos, 17 février 2016, « Barack Obama organise son sommet ‘anti-Chine’ ».

[23] « TSMC lance la production de masse dans son usine japonaise de Kumamoto » (Radio Taiwan International, 27 décembre 2024).

[24] Centième anniversaire de la « république populaire » de Chine, « dictature démocratique populaire ».

[25] Alternatives économiques, janvier 2025, hors-série  n° 130, p. 46-47.

[26] 14 mars 2023 : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/inde-pays-le-plus-peuple

[27] « Soyez féconds et multipliez, et remplissez la terre et soumettez-la et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre » (Bible, Genèse, 1, 28).

[28] La Tribune, 15 février 2024.

[29] https://or.fr/actualites/annee-2025-demarre-avec-risque-extreme-economie-usa-marches-3476.

[30] 20 minutes/AFP, 8 janvier 205 : https://www.20minutes.fr/monde/etats-unis/4132526-20250108-etats-unis-trump-ecarte-idee-annexion-armee-canal-panama-groenland

en complément du texte


 


La législation de l'UE sur la réglementation de l'IA et la souveraineté technologique

  https://www.wildcat-www.de/wildcat/114/w114_ki_regulierung.html Das EU-Gesetz zur Regulierung der KI und die technologische Souveränität ...