dimanche 22 septembre 2024

CONTRE LE NATIONALISME PALESTINIEN ET ISRAÉLIEN DE BARBARIA

  

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L'attaque du Hamas contre Israël le samedi 7 octobre a provoqué une réponse 
militaire immédiate du gouvernement Netanyahou, qui a déclaré l'état de guerre 
et commencé le bombardement systématique de la bande de Gaza. Pendant ce 
temps, sous les encouragements du régime des ayatollahs, le Hezbollah a profité 
de la situation en lançant des missiles sur Israël depuis la frontière libanaise. En 
date du 9 octobre, les combats ont déjà fait plus d'un millier de morts entre l'État 
israélien et la bande de Gaza, ainsi que des milliers de blessés et de kidnappés. 
Les jours et les mois à venir verront s'accroître la misère et la souffrance des 
travailleurs des deux côtés, aggravant les conditions générales difficiles pour la 
majorité de la population, tant dans la Bande que pour le prolétariat appauvri 
d'Israël. 

À la misère que les prolétaires palestiniens doivent endurer à l'intérieur et à 
l'extérieur de la Bande, sous le régime de ségrégation existant en Israël, s'ajoute 
un processus plus général de paupérisation du prolétariat dans l'ensemble de la 
région à la suite de la pandémie de covid et du déclenchement de la guerre en 
Ukraine, la hausse des prix des matières premières, de l'énergie et des denrées 
alimentaires maintenant déjà en dessous du seuil de pauvreté la moitié des 
familles arabes en Israël, plus d'un cinquième des familles juives et la quasi-
totalité de la population de Gaza, ce grand camp de réfugiés sous perfusion des 
Nations Unies. 

Qu'est-ce qui a poussé le Hamas à agir maintenant ? Certainement pas la défense 
des intérêts du prolétariat de Gaza, qui se trouve une fois de plus sous les bombes 
israéliennes. Son attaque surprise, qui est venue envenimer un conflit déjà 
ancien, ne peut être comprise comme une réponse motivée par la colère populaire 
contre l'occupation israélienne. Il n'y a pas de « peuple palestinien », pas d'unité 
indifférenciée de personnes lésées qui répondraient héroïquement à leurs 
agresseurs. Le prolétariat de Gaza qui, il y a quelques mois, manifestait contre le 
régime du Hamas, contre les coupures d'électricité, les pénuries de nourriture et 
la répression féroce du gouvernement, ne partage pas les mêmes intérêts que 
l'appareil subordonné au régime des Ayatollahs, ni que les milices si 
« courageuses » qu’elles utilisent la population civile des deux camps comme 
boucliers humains. La réponse israélienne à l'attentat aura beau raviver le 
sentiment nationaliste dans les deux camps du conflit, cela ne changera rien à cet 
état de fait. 

Car il faut le dire haut et fort : les forces à l'oeuvre tant du côté palestinien que du 
côté israélien sont profondément réactionnaires. Depuis la formation même de 
l'État d'Israël en 1948, la région n'est qu'une pièce de l'échiquier de la lutte inter-
impérialiste mondiale. Israël s'est rapidement positionné comme un pion au 
service des intérêts américains. Depuis, tant sous le parti travailliste de Ben-
Gourion que sous les différents gouvernements conservateurs, il poursuit une 
ségrégation et une répression systématiques des Palestiniens à l'intérieur et à 
l'extérieur de ses frontières, ainsi qu'une politique militariste et sécuritaire qui a 
jusqu'à présent servi à détourner l'attention des profondes inégalités sociales au 
sein de la population juive. 

Pour leur part, les différentes factions du nationalisme palestinien après le 
mandat britannique ont émergé sous les auspices panislamistes des Frères 
Musulmans d'Égypte, puis sous le parapluie laïque du stalinisme sous Nasser, 
pour passer après la chute de l'URSS à l'Iran en tant que puissance régionale. 
Sous la forme de l'islamisme politique ou du stalinisme, l'appareil militaire du 
nationalisme palestinien a toujours été lié aux manifestations les plus 
réactionnaires du 20ème siècle. Après tout, il ne pouvait en être autrement : 
comme Rosa Luxemburg l'avait déjà souligné des décennies plus tôt dans son 
débat avec Lénine, tout mouvement nationaliste ne peut que se ranger 
extérieurement sous l'aile d'une des grandes puissances dans la lutte impérialiste, 
et réprimer intérieurement toute expression de classe afin de fixer la cohésion 
interne contre l'ennemi national. 

Car la réaction nourrit la réaction, et chaque camp a besoin de l’autre. Que 
Netanyahou ait eu ou non connaissance de l'attaque du Hamas, qu'il ait ignoré ou 
sous-estimé son ampleur ou qu'il ait simplement décidé de la laisser se produire, 
elle lui a été très utile pour redorer son blason en pleine crise politique et alors 
qu'il est lui-même menacé d'un procès pour corruption. De leur côté, le Hamas et 
le Hezbollah, comme le régime iranien lui-même, gagnent un moment de répit 
face au mécontentement social croissant dans les trois territoires, qui s'est 
exprimé au Liban par le slogan All Means All —c'est-à-dire aussi le Hezbollah— 
lors des manifestations de 2019 et qui, en Iran, anime les grèves et les 
mobilisations depuis 2018, explosant l'année dernière lors des manifestations 
contre le voile suite à l'assassinat de Mahsa Amini. 

Dans sa crise terminale, le capitalisme pousse non seulement la misère sociale et 
la dévastation de la planète à des niveaux toujours plus élevés, motivant ainsi des 
processus de polarisation sociale, mais accentue également l'affrontement entre 
les différentes puissances pour la domination d'un marché mondial aux 
dysfonctionnements toujours plus importants. En même temps que le 
capitalisme expulse la main-d'oeuvre et rend de plus en plus difficile la 
reproduction matérielle de nos vies, il nous transforme en chair à canon au 
service des intérêts d'une fraction de la bourgeoisie contre une autre. Dans cette 
logique de lutte inter-impérialiste, le Hamas a pu agir dans le but de torpiller le 
rapprochement entre Israël et l'Arabie saoudite, entravant une nouvelle 
configuration régionale tendant à s’accorder avec les tensions entre les blocs 
impérialistes. Sous la bannière de la « résistance palestinienne », il ne fait 
qu'obéir au besoin d'une partie de la bourgeoisie régionale. Cependant, le sang 
qui coule aujourd’hui est d’abord celui du prolétariat palestinien et israélien. 
Toute concession au nationalisme, toute déférence envers une nation plutôt 
qu'une autre dans ce processus, signifie trahir notre classe, qui n'a pas de patrie 
et dont la seule chance réelle d'améliorer ses conditions de vie est de se 
débarrasser du système même qui la menace, de façon toujours plus flagrante. Le 
conflit israélo-palestinien ne trouvera pas sa solution dans la création d'un seul 
État binational, ni dans la constitution d'un État palestinien indépendant. Il ne 
peut être résolu que par un processus révolutionnaire qui rompt avec chaque 
nation et chaque frontière. 

 Lorsque la nuit, les sirènes anti-aériennes retentissent et que les appareils 
militaires israéliens et palestiniens prennent leur population en otage sous les 
bombes, nous, révolutionnaires, nous opposons de toutes nos forces à cette 
barbarie. Aux bannières du nationalisme, quelle que soient leurs couleurs, nous 
opposons la lutte commune des travailleurs palestiniens et israéliens. Pour les 
Israéliens, l’ 'ennemi le plus acharné est l'appareil de l'État d’Israël, tout comme 
l'Autorité Nationale Palestinienne et le Hamas sont des ennemis implacables des 
Palestiniens. Ce n'est qu'en les affrontant directement qu'ils pourront sortir du 
labyrinthe infernal dans lequel ils se trouvent. En bref, contre la guerre 
impérialiste —et il s'agit bien d’une guerre impérialiste— la seule solution est la 
transformation du conflit en guerre de classe. 


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