G.Bad-A propos de la grève des livreurs Uber 2023
Un événement passez, presque sans publicité médiatique, fut pourtant d'une importance historique. En 1995 se réunissaient à San Francisco du 27 septembre 1995 au 1er octobre 1995, 500 membres de l’élite mondiale : chefs d’État, hommes politiques, dirigeants d’entreprises multinationales, universitaires, chercheurs, etc. Elle avait pour thème “l’avenir du travail”.
Cette réunion dans l' hôtel Fairmont se déroule dans le cadre de la fondation de Mikhaïl Gorbatchev. Elle a une grande importance historique. Elle fait intervenir Mikhaïl Gorbatchev, George Bush père, George Schultz, Margaret Thatcher, Ted Turner de l’entreprise CNN, John Gage de l’entreprise Sun Microsystems, ainsi que des dizaines d’autres personnalités de tous les continents.
Elle va se conclure par une conclusion mortelle pour l' avenir du capitalisme. Tous vont reconnaître que 20% de la population mondiale suffira à faire fonctionner l' économie mondiale, les 80 % restant seront des surnuméraires, dès personnes qui ne pourront jamais trouver du travail et qu'il faudra « occuper » pour qu'ils ne se révoltent pas. L 'aveu est de taille puisqu'il dit indirectement que les capitalistes vont devoir nourrir ces 80% au lieu de ce faire nourrir par eux.
Depuis cette annonce les attaques contre le monde du travail n'ont eu de cesse, attestant que le capitalisme est en grande difficulté au point de devoir s' attaquer systématiquement à ce qu'il avait concédé durant la période dite des « trente glorieuses ». La concurrence internationale est telle que le recours aux nouvelles technologies se présentent comme la dernière solution pour la captation du travail gratuit devenu une denrée rare.
La montée des surnuméraires dans le monde frappe à la porte des pays riches qui eux même se trouvent en difficultés, ne pouvant plus satisfaire à un niveau d' emploi permettant de reconstituer sa force de travail.
Ce n' est pas la première fois que nous écrivons sur ses tacherons des temps modernes, chez Uber ils sont 65 000 à se faire exploiter et sur exploiter par le système des plateformes. Ce sont les nouvelles technologies qui aujourd'hui détruisent le système du salariat remplacé avantageusement par le statut d' auto-entrepreneur. Par tous les pores de la société numérisée la recherche du travail gratuit s'impose sous diverses formes plus ou moins insidieuses, cela va de l'ubérisation, a l'économie collaborative ,du travail dissimulé du consommateur et le bénévolat écologiste.
« Un porte-parole d’Alphabet, maison mère de Google, peut ainsi déclarer : « Au bout du compte, les travailleurs temporaires, vendeurs et contractuels, constituent une partie importante de la main-d’œuvre, mais ce ne sont pas des employés de Google ». Cette année dans cette entreprise, les contractuels ont dépassé en nombre les employés réguliers pour la première fois en 20 ans d’existence. Selon un rapport publié en 2017 par « Upwork » 1(une plateforme de freelance) quelque 57,3 millions d’Américains, soit 36% de la population active, seraient désormais des indépendants. (Le patronat va-t-il abolir le salariat ? Un retour au 19ème siècle…)
Depuis des décennies, le travail indépendant2 fait un retour en force dans les entreprises présentées comme étant à la pointe de la technologie. Google, Facebook, Amazon, Uber et autres grandes enseignes technologiques de la Silicon Valley emploient maintenant des milliers de contractuels pour s’acquitter de nombreuses tâches. C'est dans ce contexte que les prochaines grèves et explosions sociales vont se dérouler. La nouvelle économie comme ils disent, est celle de donneurs d' ordre à responsabilité plus que limitée et vivant de la rente.
La grève des livreurs d'Uber
L ’appel à la grève a été lancé par Union-Indépendants, la fédération CGT Transports et SUD Commerces. Paris, Bordeaux, Nice, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Marseille : des mobilisations ont eu lieu dans 52 villes samedi, selon l’Union-Indépendants, « un chiffre inédit ».
Le NPA de Philippe Poutou est mis en avant dans la ville de Bordeaux ou quelques militants se sont réunis sur la place de la victoire pour soutenir les grévistes. A Paris c'est David Belliard qui exige que les plateformes soient condamnées sur la base d'une requalification des contrats en salariat. Des procédures sont engagées sur cette base et nous verrons si elles aboutissent et dans quelles conditions. Il ne faut pas oublier que la « loi travail » ou El Khomri avait comme objectif de développer le système de l' auto-entrepreneur de soi , voir :
DE LA LOI EL KHOMRI AU RAPPORT BADINTER VIA LES ORDONNANCES MACRON ET LA LOI SUR LE TÉLÉTRAVAIL
A ce sujet il est nécessaire de scinder le système de l' entrepreneuriat en deux parties, il y a les entrepreneurs classiques Artisans, Commerçants, agriculteurs qui font partie du patronat et ne dépendent pas de donneurs d' ordre. Et les auto-entrepreneurs soumis à tout moment aux désirs des plateformes c' est à dire à un précariat permanent, comme en témoigne un coursier.
« Ce n’est pas un travail rentable. Tu vas sacrifier toute ta journée pour avoir 50 euros », a dénoncé auprès de l’AFP Ousmane Doumbia, coursier Uber Eats de 22 ans. Les « courses de 2 km pour 3 euros, qui en réalité sont plus longues », si « tu les fais en moto, si tu comptes l’essence, l’Urssaf, l’entretien de la moto, à la fin tu n’as rien ».
En effet, depuis le 10 octobre, un nouveau système a été mis en place par Uber Eats dans les agglomérations de Lille, Rouen et Valence, pour « valoriser le temps passé à réaliser la course », a justifié la plateforme qui travaille avec 65.000 livreurs. En effet, il faut se souvenir que Uber et d' autres se retrouvent constamment en procédure pour travail dissimulé. Pour calmer le jeu des accords seront signés entre syndicats et représentants des plateformes sur le montant du revenu minimum3. De ce fait les platesformes ont contournées l' obstacle en comptabilisant le temps de travail au plus juste grâce à un algorithme.
Conséquence : le revenu moyen des quelque 65000 livreurs a baissé de 10 à 30 %.
Un jeune livreur, posté sur le parvis de la Défense, près de Paris, explique avoir vu sa rémunération baisser. Le jeune homme travaille pour Uber Eats depuis 2016, mais ces dernières semaines, il doit pédaler beaucoup plus. Et d’expliquer : « Avant quand je travaillais en journée, je gagnais 150 euros. Là, il y a des jours où faire 100 euros, ce n’est pas évident. Maintenant, ça m’arrive le week-end de travailler la nuit entre minuit et trois heures du matin pour compléter… »
La grève des livreurs vient une fois de plus révéler la duperie du « dialogue social encadré par la loi » , Récemment nous avons vu comment les plateformes de livraison Stuart et Resto ont été relaxées.
G.Bad
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DE LA LOI EL KHOMRI AU RAPPORT BADINTER VIA LES ORDONNANCES MACRON ET LA LOI SUR LE TÉLÉTRAVAIL
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NOTES
1Upwork et le syndicat Freelancers Union ont publié les résultats de leur enquête annuelle, Freelancing in America: 2017 (FIA), la mesure la plus complète de l’effectif des freelances aux États-Unis. La quatrième étude annuelle estime que 57,3 millions d’Américains travaillent en freelance (36% de la population active américaine). Nombre qui pourrait dépasser les 50% dans 10 ans.
2 Force est de constater que le nombre de travailleurs indépendants a évolué de façon très disparate dans les pays de l’OCDE. Par rapport aux chiffres de 2007, il a augmenté en Allemagne, au Canada, en France et au Royaume-Uni et s’est replié en Corée, en Espagne, aux États-Unis et en Italie.
3 Les livreurs indépendants des plateformes de livraison auront désormais le droit à un revenu minimum de 11,75 euros par heure. Les plateformes de livraison ont signé un accord en France avec les instances représentatives des livreurs deux roues indépendants pour leur garantir un revenu minimal horaire fixé à 11,75 euros..Un accord historique avait déjà été signé avec les instances représentatives des chauffeurs VTC pour instaurer un revenu minimum par course - et non horaire - d'un montant de 7,65 euros.
Une course contre la montre permanente
Le risque d’accident est d’autant plus grand que les plateformes ont progressivement baissé le niveau des rémunérations. Pour les livreurs cyclistes, payés à la tâche, la vitesse est la seule manière de limiter les pertes – sans compter le respect des délais de livraison. Le métier est une course contre la montre permanente.
Un livreur à vélo de nationalité afghane s’est retrouvé coincé sous une voiture mardi 5 décembre 2023, en début de soirée, avenue Dufau, quartier de l’Université à Pau. Il a été hospitalisé en « urgence absolue »
Le 8 août 2019, un Alsacien de 24 ans est tombé dans le coma après une chute à vélo. Dans son livre-enquête, Matthieu Lépine revient sur le dramatique accident de Mourad Bouhichecha : la société Deliveroo s’était empressée d’annoncer que ses frais médicaux allaient être pris en charge. Mais sept mois plus tard, sa famille restait sans nouvelles de l’entreprise, comme l’a relevé le quotidien régional L’Alsace. Mourad Bouhichecha est décédé quelques mois plus tard.
En mai 2021, en seulement 48 heures, deux livreurs Uber Eats ont été mortellement renversés, à Paris et dans l’agglomération de Rouen.
Il n’avait que 16 ans. En janvier 2022, à Lille, un livreur équipé d’un sac Deliveroo a perdu la vie, renversé par un camion. Il était pourtant en dessous de l’âge légal pour travailler officiellement pour l’entreprise.Le risque d’accident est d’autant plus grand que les plateformes ont progressivement baissé le niveau des rémunérations. Pour les livreurs cyclistes, payés à la tâche, la vitesse est la seule manière de limiter les pertes – sans compter le respect des délais de livraison. Le métier est une course contre la montre permanente.
La raison est simple. La plupart des livreurs à vélo ne sont pas des salariés mais des autoentrepreneurs. Ils bénéficient donc de la couverture sociale des indépendants, moins protectrice que le régime général. À moins d’avoir opté pour une adhésion individuelle volontaire, ils ne sont pas couverts par la caisse « Accidents du travail-Maladie professionnelle » et sont donc invisibles dans les statistiques, nous explique l’Assurance maladie.
VIDEOS
Invisibles https://www.dailymotion.com/video/x806m6s
ttps://peertube.datagueule.tv/w/tpDnUrNdifGuvAY37ZC71p
"Invisibles - Les travailleurs du clic" (Bande annonce)
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