Nous publions un extrait de l' article de « Révolution » qui dénonce « L’hypocrisie des impérialistes occidentaux » après ce que nous pouvons appeler « le cheval de Troie » version sioniste. Des bipeurs, des talkies-walkies préalablement piégés ayant explosé en deux vagues successives les 16 et 17 septembre 2024 causant au moins vingt morts et 2.800 blessés .
Attaque terroriste israélienne au Liban – Netanyahou veut provoquer une guerre régionale
Nous devons commencer par souligner le silence et la modération de la presse et des politiciens bourgeois d’Occident. L’an dernier, après l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre, ils avaient mené une véritable chasse aux sorcières, pour pressurer tous ceux qui n’avaient pas immédiatement « condamné le terrorisme » du Hamas. La ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, avait même annoncé que l’Etat couperait leurs subventions aux « associations qui ne sauraient pas caractériser ce qui s’est passé » le 7 octobre. Aujourd’hui, leur silence est assourdissant. Si cette attaque avait été le fait du Hezbollah, tous les gouvernements occidentaux auraient immédiatement condamné l’organisation libanaise et l’auraient soumise à de lourdes sanctions. Mais elle a été commise par Israël, qui est un des derniers alliés solides de l’impérialisme américain au Moyen-Orient. Il n’y aura donc ni sanctions, ni condamnations visant l’Etat sioniste.
Depuis bientôt un an, Israël mène une guerre meurtrière contre Gaza, qui a tué au moins 40 000 personnes, pour la plupart des civils. Les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne continuent néanmoins à soutenir l’Etat sioniste sans faillir, et à l’approvisionner en argent et en armes.
Lorsque Israël a bombardé l’ambassade d’Iran en Syrie, c’est à l’Iran – pas à Israël – que les Occidentaux ont prêché la retenue. Aujourd’hui encore, les Etats-Unis ont refusé de condamner l’attaque israélienne, mais ont appelé à éviter une « escalade ». Alors qu’Israël multiplie les provocations meurtrières dans toute la région, les Occidentaux exigent que ses victimes ne ripostent pas et tendent l’autre joue.
Israël se prépare à envahir le Liban
Mardi, le jour de la première vague d’attentats au Liban, le cabinet de guerre israélien votait pour ajouter à ses « buts de guerre » le retour chez eux, en sécurité, des citoyens israéliens évacués du nord du pays, et leur protection contre les échanges de tirs à la frontière. Cela signifie concrètement qu’Israël se prépare officiellement à envahir le Liban, pour établir une « zone tampon » à sa frontière nord.
C’est cela qui explique les attaques de mardi et mercredi. L’Etat israélien espère, d’une part, semer la confusion au sein du Hezbollah et, d’autre part, provoquer une riposte de la part du mouvement libanais qui puisse ensuite servir de prétexte officiel à l’invasion du Liban.
Israël a envahi le Liban à trois reprises, en 1978, 1982 et 2006. En 1982, ses troupes s’étaient même avancées jusqu’à la capitale Beyrouth, où elles avaient aidé des milices chrétiennes libanaises à massacrer des milliers de réfugiés palestiniens. Entre 1982 et 2000, l’armée israélienne a occupé une partie du sud du Liban, transformé en une zone tampon, et chassé des centaines de milliers de Libanais de leurs foyers.
Une nouvelle invasion du Liban n’aurait pas grand-chose à voir avec la « sécurité » des résidents du nord d’Israël. Depuis un an, la grande majorité des attaques transfrontalières ont été menées par l’armée israélienne, qui est directement responsable de 80 % de leurs victimes. Beaucoup de civils libanais ont dû fuir la zone frontière, bien plus que le nombre d’Israéliens évacués du nord du pays. Si l’on appliquait la logique du gouvernement israélien, c’est le Liban qui aurait de bonnes raisons d’envahir Israël, plus que l’inverse. Par ailleurs, le Hezbollah a affirmé à plusieurs reprises qu’il mettrait fin à ses attaques contre l’armée israélienne si un cessez-le-feu était signé à Gaza. Pour garantir la sécurité des habitants du nord d’Israël, il suffirait donc à Netanyahou de mettre fin à la guerre à Gaza. Mais il a au contraire consciencieusement saboté toutes les négociations visant à un tel cessez-le-feu.
Divisions au sommet
La perspective d’une invasion du Liban suscite de profondes divisions au sommet de l’appareil d’Etat israélien. D’après des informations rapportées notamment par la radio publique israélienne Kan, le général Ori Gordin, chef du Commandement régional du Nord de l’armée israélienne, y serait favorable, tout comme Netanyahou, mais ils se heurteraient à l’opposition du ministre de la Défense Yoav Gallant et du chef d’Etat-major Herzi Halevi.
L’opposition de ces derniers à une offensive contre le Liban n’est pas due à un quelconque « pacifisme ». Ce sont des sionistes convaincus. Mais ils sont conscients que le Hezbollah est un ennemi autrement plus redoutable que le Hamas. Lors de l’invasion de 2006, ses combattants avaient tenu en échec l’armée israélienne et l’avaient finalement contrainte à évacuer le Liban. Ils savent aussi qu’une telle attaque devrait aussi être menée alors que la guerre contre Gaza n’est pas terminée et qu’aucun de ses objectifs n’a été atteint par l’armée israélienne. Le Hamas n’a pas été détruit. Il continue au contraire à résister à l’offensive israélienne, et il peut se renforcer en puisant de nouvelles recrues parmi les dizaines de milliers de jeunes Palestiniens radicalisés par les crimes abominables perpétrés par l’armée israélienne.
Un article récent du New York Times citait l’analyse de l’ex-général Gadi Shamni, ancien chef de la division de Gaza de l’armée israélienne :
« Le Hamas est en train de gagner cette guerre [...], nos soldats gagnent tous les combats tactiques contre le Hamas, mais nous sommes en train de perdre la guerre. »
Un autre article publié par ABC News citait plusieurs militaires israéliens anonymes qui affirmaient que Netanyahou « est en train de pousser Israël vers une guerre potentiellement désastreuse contre le Hezbollah au Liban ». Un autre ajoutait qu’une guerre contre le Hezbollah serait « facile à commencer, mais très difficile à finir ».
Le Premier ministre Netanyahou n’est pas de cet avis. Il veut à tout prix que la guerre continue et s’étende, pour rester au pouvoir et ne pas avoir à passer devant les tribunaux pour de multiples affaires de corruption. Cela le conduit à s’appuyer de plus en plus sur les franges les plus extrémistes du sionisme, qui espèrent que la guerre actuelle sera l’occasion d’annexer la bande de Gaza et la Cisjordanie, et d’en chasser les Palestiniens. Confronté à l’échec de la guerre contre Gaza, Netanyahou multiplie les provocations pour tenter de provoquer une guerre régionale, à laquelle les Américains seraient forcés de participer.
Ces divisions sur la poursuite de la guerre ont débouché sur toute une série de confrontations publiques et de manœuvres dans les coulisses. Netanyahou tenterait par exemple en ce moment de démettre Gallant de son poste de ministre de la Défense, ce qui susciterait l’opposition d’une large partie de la classe dirigeante israélienne. Celle-ci s’inquiète de l’impact qu’aurait une guerre contre le Liban sur l’économie israélienne, déjà fragilisée par la guerre contre Gaza. Mais le fait est que les intérêts de Netanyahou et de l’extrême droite sioniste ne coïncident pas, en ce moment précis, avec ceux de la majeure partie de la classe dirigeante israélienne.
Les impérialistes et le risque d’une guerre régionale
Les impérialistes américains sont eux aussi inquiets. Ils craignent l’impact désastreux qu’aurait une guerre contre le Liban sur l’équilibre de la région et sur l’économie mondiale. Une telle aventure pourrait tout à fait déboucher sur une guerre régionale contre l’Iran, dans laquelle les Etats-Unis seraient contraints de s’impliquer pour défendre Israël.
Washington a envoyé un proche conseiller de Biden, Amos Hochstein, pour tenter de dissuader Netanyahou d’envahir le Liban. Cela n’a pas eu plus d’impact sur Netanyahou que les précédents timides conseils prodigués par Washington. Le Premier ministre israélien sait très bien que les Américains ne peuvent prendre le risque d’une rupture avec Israël, qui est un des derniers alliés solides dont ils disposent au Moyen-Orient. Il ne tient donc aucun compte de leurs conseils.
L’attaque israélienne contre le Liban se produit alors que les tensions sont déjà très élevées dans la région. La question d’éventuelles représailles de l’Iran reste posée après l’assassinat cet été à Téhéran du chef du Hamas, Ismaël Hanniyeh, par les Israéliens. L’Iran semble vouloir éviter une guerre régionale, mais ses dirigeants ne peuvent pas se permettre de sembler rester passifs face aux provocations israéliennes.
Il y a quelques jours, les Houthis du Yémen, des alliés de l’Iran, ont tiré un projectile vers Israël. Ils prétendent qu’il s’agissait d’un missile hypersonique. Quelle que soit la nature de cet engin (qui pourrait avoir été fourni par l’Iran), il a réussi à atteindre Israël sans être abattu par les navires américains ou français présents dans la région, et a déjoué une partie de la défense anti-aérienne israélienne. C’est là un développement inquiétant pour Israël – ainsi que pour les américains, qui sont particulièrement présents dans la région.
On ne peut prédire avec certitude la suite des événements, mais il est évident que Netanyahou cherche à provoquer une guerre régionale. L’attaque contre le Hezbollah et le Liban n’a fait que rendre cette perspective plus probable. Un tel conflit serait incroyablement destructeur et sanglant. Des officiels israéliens parlent ouvertement de « ramener le Liban à l’âge de pierre » et de transformer Beyrouth en un autre Gaza.
Mais les dirigeants israéliens ne sont pas les seuls en cause. Sans l’aide et la protection des impérialistes occidentaux, Israël ne pourrait pas continuer un jour de plus sa campagne meurtrière contre Gaza, ni menacer de déclencher une guerre régionale.
Voilà tout ce que le capitalisme et l’impérialisme ont à offrir : une horreur sans fin. C’est pour cela que nous disons : à bas les fauteurs de guerre ! Si nous voulons la paix, nous devons renverser le système décrépit qui est la racine de l’impérialisme et des guerres.
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