mercredi 26 février 2025

INFOBREF N°567-janvier -fevrier 2025

 



Il faut s’opposer à l’arrestation et la persécution de l’activiste anti-génocide Yves Engler par les autorités canadiennes

James Clayton 24 février 2025


L'écrivain et militant Yves Engler parle de son livre jetant la lumière sur l'impérialisme canadien en Afrique, « Canada in Africa : 300 years of aid and exploitation ». [Photo: Yves Engler/Facebook]

L'auteur et militant montréalais Yves Engler, éminent opposant au militarisme canadien et au génocide israélien à Gaza, a été arrêté et emprisonné dans le cadre de poursuites malveillantes et politiquement motivées, sur la base d'accusations forgées de toutes pièces de harcèlement et d'obstruction à la justice.

L'affaire contre Engler a été lancée par des éléments fascistes et sionistes, qui bénéficient du soutien total de l'État canadien : du gouvernement libéral soutenu par les syndicats et des gouvernements provinciaux de toutes tendances politiques à la police et aux forces de sécurité.

Le Parti de l'égalité socialiste dénonce sans équivoque les poursuites engagées contre Engler et exige l'abandon de toutes les charges retenues contre lui, qui sont forgées de toutes pièces et de nature vindicative. La campagne menée contre lui s'inscrit dans le cadre de la persécution par l'élite dirigeante canadienne des opposants à la guerre impérialiste et au génocide en cours contre les Palestiniens. Cette campagne comprend des arrestations de masse par la police, l'intimidation violente des manifestants et la diffamation des manifestants, traités d’« antisémites ».

Le mercredi 19 février, Engler a publié sur son site web qu'il avait été informé par la police de Montréal d'une plainte déposée contre lui par Dahlia Kurtz, une activiste sioniste de Toronto, avec l'aide du cabinet d'avocats Spiegel Sohmer et de l'un de ses directeurs, Neil Oberman, le candidat fédéral conservateur dans la circonscription de Mont-Royal. Oberman est tristement célèbre pour ses dénonciations des campements d'étudiants contre le génocide et du rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, Francesca Albanese.

Engler est un journaliste et auteur radical qui a habilement fait la lumière sur certains des crimes de l'impérialisme canadien. Critique nationaliste canadien «de gauche » du partenariat militaro-stratégique d'Ottawa avec Washington, il a écrit sur les relations étroites de l'impérialisme canadien avec les fascistes ukrainiens, sur la dévastation de communautés en Amérique latine et en Afrique par les activités destructrices des compagnies minières canadiennes, et sur le rôle agressif du Canada au sein de l'OTAN.

Engler a expliqué que la plainte déposée contre lui portait sur le fait qu'il avait « décrit Kurtz comme une partisane du “génocide” et une “fasciste” sur Twitter ». Coupable. J'ai répondu à des dizaines de reprises aux messages racistes et violents anti-palestiniens de Kurtz sur X ».

Trump promet aux oligarques de Davos l’impôt sur les sociétés le plus bas «de tous les pays du monde»

Andre Damon
25 01 2025


Des participants écoutent un discours virtuel prononcé par le président américain Donald Trump, à la réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, le jeudi 23 janvier 2025 [AP Photo/Markus Schreiber]

Le président américain est apparu jeudi lors d’un panel virtuel au Forum économique mondial, la réunion annuelle des banquiers et oligarques de la planète. Il y a associé les menaces de guerre commerciale aux promesses de réduction d’impôts pour les entreprises américaines, de démantèlement des protections de l’environnement et de coupes des dépenses sociales.

Ses promesses de faire de l'Amérique un paradis pour milliardaires s'accompagnaient de fanfaronnades et de menaces à l'encontre des alliés européens et nord-américains des États-Unis, dont il exige un tribut sous forme de tarifs douaniers et de dépenses militaires accrues.

Malgré leur caractère belliqueux et menaçant, les remarques de Trump ont été accueillies par de vifs applaudissements de la part du public debout, et il a été comblé de flatteries par le président de l'événement, Klaus Schwab, ainsi que par un groupe de panélistes comprenant des représentants des plus grandes banques et entreprises énergétiques mondiales.

C'est ainsi que le magazine allemand Spiegel décrit l'événement:

Trump, qui regardait la salle comme un empereur depuis l'immense écran vidéo, a accepté des félicitations serviles. Le spectacle ressemblait un peu à l'émission de casting pour start-up «Shark Tank», dans laquelle des propriétaires de petites entreprises présentent leurs idées commerciales à des investisseurs en leur serrant la main afin de lever des fonds. La seule différence est que les candidats n'étaient pas des petits entrepreneurs, mais des dirigeants d’affaires multimillionnaires.

Les banquiers, note le Spiegel, attendaient «évidemment avec impatience le nouveau président et son programme économique radical.»

« Mon administration a... lancé la plus grande campagne de déréglementation de l'histoire, dépassant même de loin les efforts records de mon dernier mandat», a déclaré Trump. Il a promis qu'il n'y aurait « pas de meilleur endroit sur terre» pour «construire des usines ou développer une entreprise» que les États-Unis.

Trump a déclaré que le taux d'imposition des sociétés aux États-Unis était actuellement de 21 %, «et maintenant nous allons le ramener de 21 à 15 %». Il a ajouté: «15 %, c'est le taux le plus bas possible. Et c'est de loin le taux le plus bas d'un grand pays ».

Il a également exigé une baisse des taux d'intérêt par la banque centrale américaine, la Réserve fédérale, ce qui alimenterait encore la bulle spéculative en cours dans l'économie américaine et mondiale. «J'exigerai que les taux d'intérêt baissent immédiatement. De même, ils devraient baisser partout dans le monde. Les taux d'intérêt devraient nous suivre», a déclaré Trump.

Après que Trump eut terminé, Schwab a loué le discours « puissant » de Trump, ajoutant: « Je pense que l'on pouvait entendre les applaudissements de Davos jusqu'à la Maison-Blanche. »

Ana Botín, présidente exécutive de Banco Santander, l'une des plus grandes banques européennes, a fait l'éloge de l'agenda de Trump, déclarant: «Nous accueillons très favorablement votre concentration sur la déréglementation et la réduction de la bureaucratie. Alors ma question est la suivante: quelles sont vos priorités à cet égard, et à quelle vitesse cela va-t-il se faire?»

Trump a répondu: « Nous allons agir très rapidement. Nous avons agi très rapidement. Nous avons fait ces trois derniers jours des choses que personne n'aurait cru possible de faire en des années.»

Steven Schwarzman, PDG de la société d'investissement américaine Blackstone Group, a déclaré: «Beaucoup d'hommes d'affaires européens ont exprimé une énorme frustration à l'égard du régime réglementaire de l'UE, et ils attribuent le ralentissement des taux de croissance ici à de nombreux facteurs, mais surtout à la réglementation, et vous avez adopté une approche complètement différente dans ce domaine».

Trump a fait écho aux plaintes de Schwarzman, exprimant une litanie de griefs concernant les réglementations environnementales et de santé et sécurité au travail, qu'il a exigé de démanteler, de même que les taux d'intérêt.

La promesse de Trump de réduire massivement les impôts des sociétés et de démanteler la réglementation aux États-Unis s'accompagnait de menaces intimidantes envers les alliés européens des États-Unis, qu'il a réprimandés comme s'ils étaient des vassaux qui n'avaient pas payé leur tribut.

«Je vais également demander à tous les pays de l'OTAN d'augmenter les dépenses de défense à 5% du PIB, ce qui aurait dû être fait il y a des années. Il n'était qu'à 2% et la plupart des pays n'ont pas payé », a déclaré Trump.

Son objectif était de réduire le déficit commercial des États-Unis avec l'Union européenne et le Canada, que les administrations précédentes avaient traités comme leurs plus proches alliés.

« Nous allons exiger le respect de la part des autres nations », a déclaré Trump, ajoutant : « Nous avons un énorme déficit avec le Canada. Nous n'aurons plus ça... Je dis que vous pouvez toujours devenir un État, et si vous êtes un État, nous n'aurons pas de déficit. »

Il y a un analphabétisme économique stupéfiant de la part de cet ignorant, dont la conception des affaires est à peu près celle de la mafia. Il conçoit un monde dans lequel les États-Unis ont un excédent commercial avec chaque grand pays, sans se soucier de savoir comment le commerce mondial pourrait se dérouler sur une telle base, tous les autres pays étant en déficit.

«Mon message à toutes les entreprises du monde est très simple » a dit Trump, « venez fabriquer vos produits en Amérique, et nous vous offrirons des impôts parmi les plus bas de tous les pays du monde. Nous les réduisons considérablement, même par rapport aux réductions d'impôts initiales de Trump. Mais si vous ne fabriquez pas votre produit en Amérique, ce qui est votre prérogative, alors très simplement, vous devrez payer des droits de douane.»

Trump s'est exprimé dans ses propos en tant que représentant de l'oligarchie financière parasitaire américaine, qui cherche à utiliser la puissance militaire et économique de l'impérialisme américain pour dominer le reste du monde. Cela a clairement plongé les puissances européennes dans une crise profonde. Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a déclaré au Forum économique mondial qu'il n'était «pas pessimiste» de dire que l'Europe était confrontée à une «crise existentielle».

Mais alors même que Trump prononçait ses tirades agressives, les banquiers européens salivaient devant sa vision de l'Amérique comme d’un pays où l'oligarchie n'est effectivement pas taxée et est libre d'empoisonner l'environnement et d'exploiter les travailleurs sans aucune forme de protection légale ni nationale. Pendant que Trump parlait, les banquiers européens réfléchissaient clairement à comment ils pouvaient importer dans leurs propres pays la dictature débridée de l'oligarchie qu'il est en train de créer.

(Article paru en anglais le 24 janvier 2025)

Voir aussi

https://spartacusbond.blogspot.com/2024/07/gbad-comment-le-forum-economique.html




PROTECTIONNISME OU MONDIALISATION?… On s’en fout le capitalisme a atteint son point de non-retour!

12 janvier 2025

ROBERT GIL



Actuellement, en ces périodes de crises,  l’on entend la résurgence d’un débat sur le protectionnisme et la mondialisation capitaliste. Tout ceci n’a rien de nouveau et n’est qu’une resucée d’un capitalisme national ouvert au monde mais avec régulation. Il s’agit en fait d’une méconnaissance totale de la situation de nos jours. La libre circulation des capitaux est une nécessité pour le capitalisme qui ne peut plus se rentabiliser sur le plan national et a absolument besoin de trouver de nouveaux marchés dans l’espace (mondialisation) et dans le temps.

Dire qu’il est bien que les pays du Sud s’industrialisent est complètement inepte. Car ces pays ne s’industrialisent pas comme ont pu le faire les pays dits développés, mais sont assujettis à la main mise de ces mêmes pays. En aucun cas vous n’aurez une industrialisation comme ce fut le cas pour les pays développés pour la simple raison que ces pays n’auront jamais les infrastructures nécessaires et ne pourront jamais auto-entretenir le capital dans leur pays. Un exemple frappant est celui de la Chine qui a été l’atelier du monde pendant des années ce qui lui a permis une croissance à 2 chiffres, mais qui n’a pu assurer une croissance depuis la dernière crise que grâce au crédit, à l’endettement et à la plus fabuleuse utilisation de béton jamais vu (même aux USA) sur terre. La Chine a consommé en 4, 5 ans largement plus de béton que les USA pendant tout le 20ème siècle. De plus, le pays n’arrive pas à auto entretenir un capitalisme interne.

La course à la productivité est une nécessité pour les capitalistes! C’est d’ailleurs pourquoi vous ne pourrez jamais dans ce système aller à l’encontre de cela. Il faut prendre en compte la productivité moyenne globale mondiale pour comprendre que l’on ne peut revenir à l’époque des 30 glorieuses et de rentabilité via la production de marchandises. La concurrence rend obligatoire les gains de productivité; or, ces gains ont tellement été énormes depuis 40 ans que le système ne peut plus compenser les innovations de progrès par la croissance et les innovations produits.

Il y a dévalorisation générale de la marchandise qui n’est valeur économique que par le travail humain vivant incorporé dans cette marchandise quelle que soit le type de marchandise. Or, le travail humain vivant est détruit par les gains de productivité liés au progrès de production via la microélectronique, la robotisation et l’automation. Vous avez besoin de plus de travail humain vivant pour compenser la perte de travail humain liée à la destruction de ce même travail par le capital fixe de plus en plus important.

C’est un leurre de faire croire que l’on résoudrait tout en revenant au keynésianisme d’antan. Cela n’est plus possible. Il faut bien comprendre cela. Le capitalisme a atteint un point de non-retour à cause de la productivité énorme et de la destruction du travail humain vivant en résultant. C’est pourquoi nous assistons à ce que d’aucun appelle le capitalisme sauvage qui n’est que la conséquence du fonctionnement interne de celui-ci. En effet, il faut au capitalisme de nouveaux débouchés, donc destruction des services publics, et transformation en marchandises de la plupart des aspects de notre vie.

Il faut aussi remarquer que l’industrie des services en aucun cas ne palliera ce phénomène car cette industrie ne crée pas de valeur car elle ne crée pas de marchandises ou alors très peu (voir la bulle internet des années 2000).

Pour pallier à tous ces problèmes, la réponse a été il y a 40 ans de déréguler et de privatiser. Cela a créé une industrie financière hypertrophiée qui n’est pas la cause de la crise du système, mais tout simplement le symptôme de sa déconfiture. S’il n’y avait pas eu cette politique, il y aurait eu effondrement du système keynésien. Je rappelle que Keynes était un économiste libéral qui ne voyait en l’Etat que la bouée de secours pour relancer la machine et repartir sur les marchés. Il y a donc mal donne à faire accroire aux gens que revenir à ce qui se faisait il y a 30 ans réglera les contradictions internes du capitalisme. Il faut cependant que ce ne soit pas les peuples qui pâtissent de cela et il vaut mieux une relance keynésienne que l’austérité.

Se soucier de l’environnement dans un tel système est inepte. L’écologie est définitivement incompatible avec l’économie quelle qu’elle soit. C’est en 2008, lors de la récession mondiale qu’il a été enregistré le moins de dégagement de C02. D’autre part, l’économie est basée sur le pétrole coûtant peu cher. Nous ne pourrons pas supporter la hausse de ce dernier qui se fera inéluctablement. Ce ne sont pas les énergies dites renouvelables qui nous permettront de remplacer l’or noir.

Autre chose, parler de taxe TOBIN est complètement stupide à part vouloir faire éclater les bulles encore plus rapidement. TOBIN était un économiste libéral et cela aurait été fait depuis longtemps si ce n’était pas infaisable ou alors vraiment à la marge, c’est à dire un pourcentage extrêmement ridicule.

Nous sommes dans un système absurde où le but est de valoriser l’argent alors que nous avons tous les moyens productifs pour assurer à chaque être humain les biens et services nécessaires.

CYRIL, Voir ses articles

Elon Musk et l’extrême droite allemande

Le capitaliste le plus riche du monde ne se contente pas de faire élire Donald Trump. Dans une tribune publiée dans un journal allemand, Musk a apporté son soutien au parti d'extrême droite allemande AfD.

Nathaniel Flakin 



7 janvier 2025







Crédit photo : The Intercept

En 1922, le plus important soutien du jeune parti nazi était déjà un capitaliste étasunien. Comme l’a rapporté le New York Times, « le bureau privé d’Hitler est décoré d’un grand portrait d’Henry Ford », et ce futur dictateur possédait de nombreuses copies d’un traité antisémite de Ford. Aujourd’hui, on se souvient mieux de Ford comme d’un magnat de l’industrie automobile, mais il était également un des promoteurs de l’antisémitisme dans le monde entier.

Presque exactement un siècle plus tard, c’est à nouveau un constructeur automobile d’extrême-droite qui booste un parti d’extrême droite allemand.

Elon Musk avait déjà fait connaître son point de vue sur la politique allemande : « Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne », avait-il posté sur X le 20 décembre dernier, en partageant un message d’un YouTubeur d’extrême droite. Huit jours plus tard, il surenchérissait dans un article d’opinion pour le journal allemand Die Welt. Musk y décrit le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) comme « la dernière étincelle d’espoir de l’Allemagne ». Et le multimilliardaire d’ajouter : « La description de l’AfD comme un parti d’extrême droite est clairement fausse puisque la chef du parti, Alice Weidel, a une partenaire du même sexe sri-lankaise. Est-ce que cela ressemble à Hitler pour vous ? ».

On pourrait opposer à cela qu’Hitler lui-même avait un collaborateur proche, Ernst Röhm, qui cachait à peine son homosexualité. Cela n’a pas empêché les nazis d’assassiner des dizaines de milliers de personnes queers.

Ingérence électorale

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un parti fasciste au sens marxiste du terme, l’AfD entretient des liens étroits avec des groupes nazis violents. L’un de ses dirigeants, Björn Höcke, a d’ailleurs été condamné pour avoir proféré des slogans nazis.

L’AfD mène actuellement une campagne pour l’expulsion de millions de personnes, ce qu’elle appelle par euphémisme la « remigration ». Quand ces plans ont été rendus publics, des millions de personnes sont descendus dans la rue, choquées et horrifiées. Pourtant, les principaux partis allemands se sont adaptés aux principales revendications de l’AfD, le chancelier social-démocrate Olaf Scholz allant jusqu’à déclarer que « nous devons expulser plus souvent et plus vite ».

L’article de Musk a suscité l’indignation à travers tout le spectre politique. Le candidat conservateur Friedrich Merz s’est opposé à « l’ingérence dans la campagne électorale d’un pays ami ». Personne, cependant, ne conteste le soutien de Musk aux déportations massives prônées par l’extrême-droite, qui sont devenues consensuelles au sein de l’establishment politique allemand.

Alors que le gouvernement allemand continue de taxer d’antisémitisme toute expression de solidarité avec le peuple palestinien, les auto-proclamés champions de la lutte contre l’antisémitisme sont restés complètement silencieux à propos des sorties antisémites répétées de Musk, décrivant les juifs comme des êtres malveillants qui contrôleraient le monde. Le maire conservateur de Berlin, Kai Wegner, par exemple, qui taxe les Israéliens de gauche d’antisémitisme, s’est réjoui d’accueillir un entrepreneur qui a dépensé des milliards de dollars pour s’assurer que les agitateurs fascistes disposent d’une plateforme numérique disponible. Ces champions de la lutte contre l’antisémitisme sont tout aussi silencieux sur les commémorations publiques en l’honneur de Ford.

Mise en œuvre du programme de l’AfD

L’article de Musk a été publié en même temps qu’une réponse de Jan Philipp Burgard, le nouveau rédacteur en chef de Die Welt. Il n’a exprimé qu’un désaccord limité : « Le constat de Musk est juste, mais son choix de soutenir l’AfD est une erreur fatale ».

Ces propos sont représentatifs de la position de tous les politiciens bourgeois allemands depuis un an. Tout en s’alignant avec l’AfD pour dire que le principal problème de l’Allemagne est l’immigration illégale, ils s’opposent à l’idée que le parti d’extrême droite prenne lui-même en charge les expulsions, dénonçant la violation par ce dernier d’idéaux abstraits tels que la « liberté » ou la « démocratie ».

C’est notamment le cas de l’ancien ministre des Finances du parti hyper-néolibéral FDP, Christian Lindner, qui a répondu au premier tweet de Musk en déclarant qu’il soutenait ses idées économiques et celles du président argentin d’extrême droite Javier Milei. Lindner concède cependant à l’AfD que « le contrôle de l’immigration est crucial pour l’Allemagne », mais dénonce l’opposition du parti à « la liberté et aux affaires », quoi que cela puisse signifier.

Malgré cette claire sympathie envers l’AfD, la bourgeoisie allemande hésite encore à l’intégrer à un gouvernement, et ce pour deux raisons. La première est le risque de mobilisations spontanées : que se passerait-il si des millions de personnes horrifiées par le racisme de l’AfD décidaient de prendre des mesures plus radicales qu’une simple manifestation pacifique ? La seconde est que l’AfD entretient de nombreux liens diplomatiques avec la Russie, ce qui remet en question l’orientation « transatlantique » de l’impérialisme allemand, et donc sa subordination à Washington.

La société Axel Springer

Die Welt a fait l’objet de nombreuses critiques pour avoir offert un tel soutien à l’extrême droite, ce qui est tabou dans la société allemande d’après-guerre. Dans une réminiscence du chaos survenu au Washington Post et au Los Angeles Times après que leurs propriétaires milliardaires ont retiré leur soutien à Kamala Harris, au moins un rédacteur en chef de Die Welt a démissionné pour protester contre ce soutien à Elon Musk.

Ce n’est pourtant pas une coïncidence si Die Welt a publié cet article. Bien qu’il soit parfois présenté comme un journal plutôt « libéral », le rédacteur en chef sortant, Ulf Poschardt, a été l’une des figures les plus importantes de la bataille culturelle menée par la droite en Allemagne. Depuis 1952, Die Welt, qui appartient à la société Axel Springer, sert de cache-misère à un éditeur qui fait fortune avec les tabloïds d’extrême droite.

Les feuilles de chou de Springer, comme Bild, n’ont cessé de s’attaquer aux militants pro-palestiniens, et pour cause, la société porte le nom d’un militant acharné d’extrême droite. Bien qu’il n’ait pas été directement membre du parti nazi, Axel Springer a été actif dans le Corps de transport national-socialiste (NSKK), affilié au parti. Sous le fascisme, il a également dirigé un journal sous la direction du ministère de la Propagande de Joseph Goebbels.

Après la guerre, Springer a épousé la fille de Werner Lorenz, un général de la Waffen-SS et l’un des principaux responsables nazis de l’épuration ethnique en Europe de l’Est. Avec son beau-père le criminel de guerre nazi, Springer a pu alors se consacrer à son soutien fanatique à Israël : il n’avait rien contre les Juifs… pourvu qu’ils soient loin de l’Allemagne.

Comme le rapporte James Jackson dans le Telegraph, Matthias Döpfner, l’actuel PDG milliardaire de Springer, a joué un rôle clé dans le rapide virage de Musk vers la droite.

Elon Musk et Henry Ford

Après avoir dépensé des centaines de millions de dollars pour faire élire Trump, Musk n’a pas l’intention de s’arrêter d’aider l’extrême droite à prendre le pouvoir dans le monde entier. Les milliardaires ont tendance à avoir des opinions d’extrême droite, et tout au long de l’histoire, les ultra-riches ont soutenu les régimes fascistes afin de protéger le système contre les contestations venant du mouvement ouvrier.

Pour lutter contre l’extrême droite et ses soutiens capitalistes, il ne suffit pas de « défendre la démocratie » en soutenant un grand parti bourgeois. Ces mêmes partis s’en prennent aux droits démocratiques et mettent déjà en œuvre une partie importante du programme de l’AfD, dans une version édulcorée.

C’est pour cette raison que des socialistes révolutionnaires se présentent aux élections allemandes du 23 février pour diffuser ce message : pour lutter contre l’extrême droite, il faut lutter contre le grand capital ! Nous devons exproprier les milliardaires comme Ford, Musk et tous les autres.




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