jeudi 30 octobre 2025

La Gen Z à l’assaut de Marineford !

 Publié le 28/10/2025

video- https://www.youtube.com/shorts/7Bbh8otZvmk


Népal, Maroc, Madagascar, Indonésie, Pérou… ces derniers mois et semaines, des manifestations monstres, des émeutes ou même des chutes de régimes ont eu lieu dans différents pays du monde et ont fait souffler un vent qui ranime nos plus vifs espoirs !
En Indonésie, l’indignation montante aux privilèges des élites sur fond d’austérité a basculé quand le 28 août, les flics ont tué un jeune lors d’une manifestation à Jakarta puis quand, le 31 août, des vidéos montrant des parlementaires dansants alors qu’ils venaient de recevoir une allocation logement indécente deviennent publiques. Les semaines suivantes, des émeutes embrasent le pays, conduites par le slogan « Indonesia Gelap, Revolusi Dimulai » (« l’Indonésie est sombre, nous commençons la révolution »). Des parlements régionaux sont incendiés, des résidences de ministre pillées. La répression terrible, ayant mobilisé police et armée, qui a conduit à des dizaines de morts et de disparus, a depuis réussi son objectif d’intimidation… le mouvement avait aussi la particularité d’avoir comme symbole le drapeau de One Piece, ce manga sur les pirates et leur soif de liberté, un symbole repris ensuite du Népal à Madagascar en passant par le Pérou.
Au Népal, le souffle du mouvement qui dénonçait à la base le népotisme et les privilèges de la caste dirigeante a été destructeur. Le 9 septembre, après des semaines d’affrontements à Katmandou ayant mené à plus de 70 morts, les manifestants ont envahi le Parlement et les résidences de plusieurs membres du pouvoir, dont celle du premier ministre, et les ont brûlé de fond en comble ! Car on ne s’arrête jamais en si bon chemin, les sièges du Parti Communiste Népalais (marxiste-léniniste, le parti au pouvoir) et du PCN (de l’opposition maoïste, qui appelait les manifestants à être pacifiques), et du Congrès népalais, sont vandalisés par les émeutiers, et la prison du district de Kailali est attaquée puis incendiée, permettant à tous les détenus de retrouver la liberté !
Au Maroc, c’est la mort de 8 femmes après leur accouchement par césarienne à Agadir en raison du manque de moyens du secteur sanitaire marocain, qui a mis le feu aux poudres. Dès les premiers jours de manifs, le pouvoir a réprimé en interpellant ou en tabassant en masse tout contestataire, mais les révoltés ont continué de déferler dans les rues.
Récemment, le collectif GenZ 212, une des façades du mouvement, a annoncé que les manifs ne remettaient pas en cause les fondements de l’autorité royale, qu’elles se devaient de rester pacifiques et que les appels cesseraient momentanément suite aux promesses de réformes du roi Mohammed VI (alors qu’au même moment, la justice condamne à tours de bras nombre de contestataires par des peines de plusieurs années de prison)
On ne nous la fera pas ! Les jeunes marocains qui sont allés dehors, qui ont enflammé les rues, qui ont détruit les comicos, ceux qui se sont fait flinguer en tentant de prendre d’assaut des postes de police pour prendre armes et munitions, ceux qui ont blessé plus de 300 policiers, n’étaient en rien pacifiques et n’avaient sûrement pas qu’en tête d’améliorer le service public !
A Madagascar, les manifs et appels à la grève sont partis de l’exaspération provoquée par les coupures d’eau et d’électricité imposées à la population et se sont étendus à une remise en cause généralisée du pouvoir en place, alors que l’île connaît une pauvreté massive. Le pouvoir a réagi comme il sait si bien le faire : lacrymos, tabassage, tirs à balle réelles…. Dans les jours suivants, malgré les morts et le couvre-feu, le mouvement s’intensifie et des pillages massifs se déclarent : supermarchés, commerces, banques, hôtels … tout y passe, malgré les appels au calme des démocrates !
Au Pérou, c’est aussi un système généralisé de corruption du pouvoir et des nouvelles réformes sur les retraites, qui est dénoncé, principalement par les étudiants. A Lima, les manifestations ponctuées d’affrontements violents avec les forces de l’ordre, de cocktails molotovs et de tentatives d’invasion du Congrès se répètent ces dernières semaines. Le 10 octobre, la présidente Dina Boluarte a été destituée, ce qui n’est « qu’une étape » selon nombre de révoltés.
Si les revendications explicites de ces mouvements parlent de justice sociale, de lutte contre la corruption ou contre la mauvaise gestion des services publics, nous ne pouvons que voir dans toutes ces protestations une remise en cause générale des conditions de vie qui sont imposées aux exploités de ce monde. Partout, ce qui est attaqué c’est l’État et sa bureaucratie, c’est le personnel politique (même celui qui se revendique historiquement « révolutionnaire » tel que les ersatz staliniens des différents Parti Communistes comme au Nepal) , c’est la bourgeoisie qui s’enrichit sur le dos des exploités, c’est la misère par les salaires dérisoires ou le chômage forcé, c’est les restrictions et le manque de ressources, c’est les flics qui protègent les exploiteurs à coups de matraques et de fusils, c’est le manque de perspectives futures dans ce monde de merde.
On peut déceler aussi une force anti-politique qui sous-tend en partie ces manifestations. Dans plusieurs de ces mouvements, comme au Népal, c’est le monde des politiciens en général, toutes orientations confondues, qui fut attaqué pendant un temps. C’est l’enrichissement généralisé de tous les bourgeois et des dirigeants qui fut remis en cause, comme en témoignent les attaques du Parlement ou des résidences de parlementaires. Pourtant, nous pouvons voir que les sirènes démocrates et leurs sempiternelles promesses de réformes, d’apaisement, de répression judiciaire des anciens décideurs, fonctionnent malheureusement toujours aussi bien. Au Népal, une nouvelle Première ministre a été choisie sur Discord (qui avait été un outil décisif dans le mouvement) après la chute du gouvernement, au Maroc les réformes promises par le roi ont mis en pause le mouvement, en Indonésie le mouvement est fini en attendant les aménagement promis, à Madagascar un technocrate a été nommé Premier Ministre, et au Pérou les oppositions en ont profité pour destituer la présidente, en attendant sûrement de prendre la place et régner à leur tour…
Le capitalisme et l’Etat, comme des serpents qui muent mais ne meurent pas, savent se réinventer constamment pour récupérer les espoirs les plus farouches et les intégrer. A tout prix, nous devons nous interroger sur les raisons qui permettent si facilement à la démocratie de récupérer des révoltes si offensives matériellement et de pouvoir réinstaurer une autre autorité qui ne changera rien à rien.
Soit-dit en passant, il est étonnant qu’en France, il y ait plus d’intérêt pour des députés en représentation médiatique sur des bateaux pour leur carrière que pour des gens qui attaquent leurs propres députés.
De l’Indonésie et du Népal à partout ailleurs, que vive la révolte contre le vieux monde !

lundi 27 octobre 2025

Quelques réflexions sur le rôle des soulèvements de notre époque octobre 2025



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Source en allemand : https://panopticon.noblogs.org/post/2025/10/14/5569/

Des soulèvements qui tiennent la bourgeoisie en haleine.

Ce qui aurait pu être le titre d’un film de Luis Buñuel est une expression récurrente, une réalité récurrente contre le monde de l’argent, contre le monde du capitalisme, et contre l’ordre et la paix sociale de la classe dirigeante, écrits dans le sang. Cette expression est principalement véhiculée par la jeunesse prolétarienne. Des Philippines à l’Équateur, en passant par le Maroc, Madagascar, le Népal et le Pérou, des affrontements violents ont lieu entre les insurgés et le monopole de la violence de l’État, dernier bastion de la classe dominante.

À propos du soulèvement au Maroc, mais pas seulement, et pourquoi nous devons continuer à défendre les soulèvements

Depuis le 27 septembre, le Maroc est secoué par une vague de manifestations et d’affrontements dans les rues qui revêtent un caractère insurrectionnel et une dimension insurrectionnelle.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la paupérisation généralisée (35% de chômage chez les jeunes), l’état catastrophique du système de santé (selon l’Organisation mondiale de la santé, il n’y a que 7,7 médecins pour 10.000 habitants au Maroc, contre 16,6 en Algérie voisine, 46 en Espagne et 45 en Allemagne) – ce qui est également lié au soulèvement, car en août, huit femmes enceintes sont décédées à l’hôpital après une césarienne – et, en outre, les dépenses énormes engagées par l’État marocain pour la Coupe du monde de football 2030 […] et pour la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule cette année.

La pauvreté, le désespoir, l’analphabétisme, la répression, la corruption et la conduite du pays selon la bonne volonté et les intérêts de la classe dirigeante (comme partout ailleurs) ont conduit à un mouvement encore plus important dans les rues, comme ce fut le cas lors des manifestations de 2011-2012. La vie des jeunes prolétaires s’enfonce dans la pauvreté causée par le capitalisme, tandis que des milliards sont dépensés dans les stades de football et le tourisme. Le plus grand stade de football du monde sera bientôt situé à Casablanca, une Arène du spectacle pouvant accueillir 115.000 personnes.

Ce ne serait ni la première ni la dernière fois que des sommes colossales seraient dépensées dans le cadre d’événements sportifs, un État capitaliste s’endettant énormément, et comme d’habitude, on sait qui devra rembourser ces dettes. En Italie, en Grèce ou en Espagne également, les Jeux olympiques, les Coupes du monde de football, etc. devaient permettre de gagner beaucoup d’argent et de moderniser le pays, mais en fin de compte, il s’agit seulement de réaliser d’énormes profits aux dépens du prolétariat. D’immenses stades sportifs embellissent les métropoles, côtoyant les bidonvilles, tandis que ces derniers sont nettoyés par la police et l’armée afin que les touristes ne soient pas dérangés par la pauvreté générale.

C’est l’une des raisons pour lesquelles, depuis plus de deux semaines, des milliers de prolétaires descendent dans les rues au Maroc. Il y a eu des affrontements dans presque toutes les villes, des magasins ont été pillés, des commissariats ont été attaqués et pris d’assaut, des portraits du roi ont été brûlés, mais des milliers de prolétaires insurgés ont également été emprisonnés et torturés, la police tire à balles réelles sur la foule, plusieurs morts ont été signalés ; dans un cas, un adolescent a été écrasé par un véhicule de police…

Il est toutefois important de souligner une fois de plus que cela se produit à nouveau simultanément dans plusieurs pays à travers le monde.

À propos de la génération Z et des revendications réformistes

Comme dans le cas de l’Indonésie, tout comme au Népal, on parle ici de la soi-disant « génération Z » qui se révolte actuellement. Nous nous moquons éperdument de ces typologies et catégorisations absolument insignifiantes des personnes, ou des soi-disant caractéristiques imposées à chaque soi-disant « génération ».

Même si les prolétaires révoltés et insurgés s’approprient eux-mêmes ces termes, ce qui montre une fois de plus à quel point l’endoctrinement et les idéologies de la classe dominante fonctionnent, la majorité des exploités préfèrent se voir sous la forme d’une identité nationale, sous-culturelle, identitaire ou autre, et pensent donc en termes de telles catégories/idéologies. Mais rarement ils se pensent en tant que ce qu’ils sont toujours, des êtres humains qui, dans le processus de création de plus-value (c’est-à-dire de profit), sont spoliés de leur vie et des produits qu’ils fabriquent, afin de devoir exercer cette activité (l’exploitation) encore et encore, car sinon ils mourraient de faim, car ils ne possèdent rien d’autre que la force de travail qu’ils vendent, car ils sont prolétaires. Nous rejetons catégoriquement cette approche, car cela ne vise qu’à détourner l’attention des conséquences et des causes du capitalisme (lui seul est responsable de la pauvreté, de la guerre, de la destruction du monde et de toutes les espèces qui y vivent). Les identités, les catégories identitaires, etc. sont censées expliquer, sous une forme complètement vide et dénuée de contenu, une société en réalité divisée en classes, en détournant l’attention de l’antagonisme irréconciliable entre les classes vers d’autres centres d’intérêt. Le conflit doit être présenté comme un conflit entre générations (qui sont censées présenter certaines caractéristiques) et non entre classes. Nous ne pouvons comprendre la société qu’à travers les conditions imposées et contraintes par le capitalisme, et non pas en fonction du fait que telle ou telle génération ait ou ait eu plus ou moins accès aux technologies, ou quelle que soit la différence. Et ces conditions ne sont pas seulement mondiales, elles relient tous les êtres humains de la planète et abolissent toute forme d’identité (nationale, par exemple). La classe dominante (la bourgeoisie) mène quotidiennement une guerre des classes pour protéger ses intérêts, sa position de pouvoir et ses biens (les moyens de production). Pourquoi ceux qui en souffrent ne mèneraient-ils pas eux aussi une guerre des classes pour enfin mettre un terme à tout cela ?

Par conséquent, que le terme soit approprié ou non, les révoltés et les insurgés en Indonésie, au Népal, au Maroc ou ailleurs ne sont pas membres de telle ou telle génération. Cette catégorisation vise à les priver de leur capacité d’agir en raison des conditions capitalistes qui leur sont imposées, à les empêcher de prendre conscience d’eux-mêmes et à les empêcher de prendre conscience de leur condition d’exploités, de prolétaires, et DONC de lutter contre les conditions existantes. Parce qu’ils ne veulent justement plus être des prolétaires. Parce que le but n’est pas de devenir eux-mêmes des bourgeois, mais d’abolir une fois pour toutes la cause de la pauvreté et de la richesse (qui ne peuvent être comprises que comme des conditions matérielles du capitalisme, les deux n’existant que parce qu’elles sont les conditions l’une de l’autre). Ce que nous pouvons constater une fois de plus, c’est que tous ces soulèvements sont l’expression de la négation de nos propres conditions de survie. Ne pas définir clairement toutes ces personnes comme des prolétaires conduit inévitablement à les caricaturer et à vider leur pratique de leur véritable contenu.

Comme nous pouvons le constater […], les revendications connues sont de nature réformiste et ne peuvent et ne pourront jamais parler au nom d’un mouvement. Nous sommes ici à nouveau confrontés à plusieurs problématiques et événements. En tant qu’anarchistes, nous n’avons aucune revendication à l’égard de l’État-nation, du capitalisme et de toutes leurs institutions, si ce n’est leur abolition immédiate, mais il ne s’agit ni d’une revendication au sens d’une réforme, ni d’une demande. L’État-nation, le capitalisme, etc. ne s’aboliront pas d’eux-mêmes.

Un soulèvement n’est pas seulement une rupture de la paix sociale, il peut être le déclencheur qui bouleverse toutes les conditions capitalistes existantes, à savoir la révolution sociale. Cela ne doit pas nécessairement se produire, mais un processus extrêmement important est en cours : le prolétariat n’est plus une classe en soi, mais une classe pour soi, c’est-à-dire que grâce à l’expérience de sa propre pratique, il peut prendre conscience de sa capacité à abolir le capitalisme et tous les États-nations, et que lui seul peut le faire.

Néanmoins, les soulèvements sont rarement des éruptions monolithiques, il y aura toujours des forces et des éléments qui voudront les diriger, les mener et les contrôler. Présenter des revendications au nom du mouvement insurrectionnel en serait un exemple classique, tout comme les syndicats qui veulent se placer à la tête du prolétariat en utilisant les mêmes tactiques, car leur tâche est de le représenter et de négocier en son nom. Aussi radicales ou même révolutionnaires que puissent paraître les revendications, le mouvement se retrouve automatiquement pris au piège, car lui seul peut, sans intermédiaire ni médiation, articuler ses propres intérêts. Mais restons encore un peu sur les exemples de représentation. Qu’il s’agisse de syndicats, d’avant-gardes/partis marxistes-léninistes, d’organisations anarchistes qui se proclament sauveurs du « peuple », de partis de toute obédience – peu importe en fait de quelle tendance/courant au sein de la gauche (radicale) il s’agit, car ils remplissent tous la même fonction : ils comprennent les changements sociaux sous la forme d’une représentation du prolétariat qui, selon eux, DOIT être guidé, car il ne peut briser ses propres chaînes ni être l’artisan de sa propre libération. Il en va de même, bien sûr, pour tous les groupes/organisations nationalistes et fondamentalistes religieux, même si leurs objectifs peuvent être différents ; ils ne les atteignent également que par la représentation. Prétendre agir au nom du prolétariat signifie non seulement que celui-ci ne peut avoir conscience de rien, qu’il doit être guidé, mais aussi qu’en fin de compte, les intérêts et les revendications de toutes les organisations sont identiques à ceux du prolétariat. C’est pourquoi toutes ces organisations se font concurrence entre elles et les unes contre les autres. Cela se produit quotidiennement, mais s’intensifie lors des soulèvements. La gauche (radicale) du capital fait partie des partis de l’ordre, elle ne vise pas la destruction du capital, mais sa gestion. Ce qui, en fin de compte, signifie toujours la domestication, l’intégration, la psychologisation, la pathologisation, l’infantilisation, la sociologisation et l’engourdissement de tous les prolétaires.

La tâche de tous les anarchistes qui prennent au sérieux l’objectif d’une société sans classes et de l’abolition de l’État est de dénoncer ces partis de l’ordre pour ce qu’ils sont, à savoir des prophètes de l’ordre et des forces de la contre-révolution. Toute tentative de représentation politique (ce qui est la tâche de tous les partis, syndicats, etc.) doit être directement attaquée.

Nous avons souvent vu, dans des situations insurrectionnelles, comment, face à cette situation incontrôlable, les partis et les forces de l’ordre tentent sans cesse, à la manière des pompiers, d’éteindre le feu de la révolte. Car cela montre avant tout une chose : ils contrôlent le mouvement insurrectionnel, ce qui fait qu’ils sont automatiquement considérés comme des interlocuteurs par la classe dominante et que les négociations (pour des réformes, par exemple) peuvent avoir lieu. Nous observons le même phénomène dans les grèves.

Le soulèvement au Chili en 2019 en est un très bon exemple. Lorsqu’un soulèvement atteint une certaine limite, par exemple lorsqu’il doit s’étendre à l’échelle internationale, cette contradiction est résolue, ou le mouvement est étouffé à ce stade et les forces réformistes et contre-révolutionnaires tirent profit de cette impasse. Elles encenseront la démocratie (le gouvernement doit respecter la démocratie, quoi que cela signifie) et elles préconiseront la démocratie (toutes les injustices de ce monde seront résolues par plus de démocratie). Dans le cas du Chili, le soulèvement a été étouffé parce que le mouvement n’a pas pu résoudre certaines contradictions : l’extension du soulèvement, la prise de contrôle des moyens de production, la destruction de la société de consommation, c’est-à-dire le commencement d’une révolution sociale. Les forces réformistes et contre-révolutionnaires (c’est-à-dire la gauche (radicale) du capital) ont déplacé l’attention du soulèvement vers le niveau parlementaire, vers le danger d’une droite en pleine croissance (une fois de plus, le spectre du fascisme est invoqué), et il ne s’agissait plus seulement de briser le soulèvement, mais aussi de le faire passer docilement des rues aux urnes pour les prochaines élections. Cela a signifié la fin définitive du soulèvement.

Ce sont là des questions que nous devons examiner très sérieusement, car défendre l’autonomie du prolétariat (l’émancipation du prolétariat ne peut être que l’œuvre du prolétariat lui-même, et non de tel ou tel parti d’avant-garde ou syndicat) signifie soutenir ses propres outils de libération […], et recréer sans cesse l’auto-organisation en fonction de ses propres besoins, sans jamais renoncer à critiquer la fausse opposition du capital.

Comité pour la défense de la pratique insurrectionnelle du prolétariat (parfois connu sous le nom de groupe de solidarité avec les prisonniers)

Traduction française : Les Amis de la Guerre de Classe / Die Freunde des Klassenkriegs

samedi 25 octobre 2025

Le plan d’austérité pour financer la dette et poursuivre la militarisation de l' économie.

 

Lecornu reprend les grandes lignes du budget de Bayrou. Un budget de 41 milliards d’économies sauf celui des armées augmentant encore de 7 milliards! Un déficit ramené à 4,7 % de PIB l'an prochain et reste avec l’objectif d’un retour sous 3% en 2029.

Au programme,

Le gouvernement cible principalement les salariés, les chômeurs, les retraités,les malades et handicapés: gel du barème des impôts(1), réforme de l’abattement de 10% sur les retraites, hausses des cotisations sur les tickets de restaurant et les ruptures conventionnelles, mutuelles taxées à 1 milliard supplémentaire, gel des retraites et prestations sociales, 7,1 milliards d’économies sur les arrêts maladie, doublement des franchises sur les médicaments les taxis et consultations médicales…

3 119 postes de fonctionnaires en moins en 2026

Pour commencer, Lecornu et sa suite veulent faire le ménage chez les fonctionnaires. Ils exigent que les opérateurs et agences de l’Etat face un effort de « rationalisation »,et propose de fermer 3 119 postes de fonctionnaires en 2026 , dont 1 735 dans les 434 agences de l’Etat, auxquelles il faut ajouter «des réductions de postes au sein des caisses de Sécurité sociale». Des postes «qui ne seront pas remplacés et participeront à la maîtrise de l'emploi public»,le PLF 2026.

Toutes ces ponctions pour financer directement ou indirectement l' effort de guerre.

Gel des pensions de retraite.

C'est un véritable plan de paupérisation des retraités sur le long terme que Lecornu II veut imposer. Il veut « un gel de l’ensemble des retraites de base » suivi d’une sous-indexation des pensions, c'est à dire l’absence d’indexation des retraites sur l’inflation en 2026, et 2027, Dans le même sillage il veut aussi le gel des prestations sociales comme les allocations familiales. Des 2026 il faut se préparer à une montée des luttes.

Poursuite des déserts médicaux et attaque sans précédent sur les remboursements de la Sécurité Sociale

Il prévoit 7,1 milliards d’économie : sur les arrêts maladies, le remboursement des médicaments ou encore en « transférant », comprenez en privatisant certaines dépenses aux complémentaires santé. Qui augmenteront leurs tarifs.

Ainsi, le gouvernement propose de doubler le reste à charge sur les boites de médicaments,les taxis, les consultations médicales, et autres examens radiologiques.

Sous le vocable de lutte « contre la fraude », un contrôle sur « d’efficience des soins » sera mis en place. Ces attaques ils reprennent les propositions validistes contre les malades chroniques et les personnes handicapées.1

Les attaques contre les personnes handicapées

Prévues dans le budget Bayrou. les attaques contre les personnes handicapées sont au programme. Avec le gel des prestations et aides sociales, dont l’allocation adulte handicapé (AAH), frappant directement les personnes handicapées.

le gouvernement souhaite limiter l’accès à ce statut qui permet de bénéficier d’une exonération du paiement du ticket modérateur :

La taxocratie en plus

Hausse des taxes pour la collectes des ordures,

hausse de la taxe foncière,son augmentation touche en particulier 3,4 millions de ménages propriétaires de leur logement. Ceux ci verront la taxe foncière progresser de 18,7%. Les cartes grises, elles, progresse de 38,6%.

La taxe professionnelle progresse de 11%.

GB






1Le validisme – ou capacitisme – désigne un système de préjugés et de discriminations à l’égard des personnes en situation de handicap. Une société validiste considère les personnes sans handicap (« valides ») comme la norme, le handicap étant perçu comme un manque, et non comme une conséquence d’évènements de la vie ou d’une diversité au sein de l’humanité.

vendredi 24 octobre 2025

G.Bad-L'intox médiatique sur les dettes publiques

 


Entre le grand-guignol parlementaire actuel , et l'urgence d' éponger au plus vite la dette publique, l' état-rackett nous enfume avec sa dette.

Examinons dans le détail le montant de la dette publique française et plus largement celle de l' UE. Au premier trimestre la dette mad in France s'élevait à 3345,8 milliards d'euros soit 114% du PIB. Cette dette est imputable à 80% à l' État, le reste comme la sécurité sociale et les collectivités locales n'intervenant que pour 9%.

La dette française comme d'ailleurs la dite dette mondiale ne cesse de progresser. Par exemple chez nos voisins européens elle est :

(98 % du PIB en Espagne, 106 % du PIB en Belgique, 133 % du PIB en Italie) et inférieur à celui des États-Unis (105 %) ou du Japon (253 %).

Par conséquent la dette française n' est pas une exception. Elle a officiellement progresser sur une période de quarante ans de (20% du PIB en 1980)à plus de 110 % aujourd’hui.

Ces chiffres en % du PIB ne concerne que la dette brute qu'il faut disséquer entre par exemple les bonnes et mauvaises dettes. Il est aussi nécessaire de déduire les actifs financiers détenu par l' état ; nous avons alors une dette financière qui tourne autour des 80% du PIB. Mais aussi la contrepartie de l’ensemble des actifs publics (écoles, hôpitaux, autoroutes...) qu’elle a permis de financer . Les actifs des administrations publiques représentent 3 200 milliards d’euros, soit près d’une fois et demi le montant de leur dette. C’est donc moins une dette qu’une richesse nette équivalent à 40 % du PIB que possède la collectivité . Illustration :Autoroutes - l’histoire secrète des privatisations

Les bonnes dettes

    Par exemple nous pouvons considérer comme bonnes dettes les investissements dits rentables,qui si tout va bien contribueront à rembourser la dette, comme ceux du plan « France 2030 », doté de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans. Ce plan vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. il se compose de :

    Huit milliards d’euros pour le secteur de l’énergie, afin de construire une France décarbonée et résiliente, quatre milliards d’euros pour les « transports du futur »,Deux milliards d’euros pour une nouvelle révolution de l’alimentation saine, durable et traçable,Trois milliards d’euros pour le secteur de la santé, deux milliards d’euros pour l’espace et les fonds marins

Comme nuisibles ceux de l'armement qui augmente la dette publique

Comme le reconnaît la BCE, l' OCDE1 et même le FMI le RéArm Europe pèsera sur les dépenses et la dette publique allant jusqu'à « réutiliser certaines parties du budget actuel de l’UE ».A noter au passage que le grand bénéficiaire du plan ReArm Europe sera le fond BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, le géant états-unien qui employait le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz. Celui-ci veut que l'UE prête à l' Ukraine 140 milliards d'euros.

« Les niveaux d’endettement et les coûts des intérêts devraient augmenter, ce qui pèsera sur les finances publiques au-delà du court et moyen terme. (...) Les niveaux d’endettement souverain pourraient à nouveau augmenter, car l’augmentation des dépenses de défense et les éventuels plans de relance supplémentaires seront en grande partie financés par un endettement supplémentaire », a admis la BCE dans son Financial Stability Review du mois de mai dernier 2

La commission européenne veut 3: activer la clause nationale dérogatoire du pacte de stabilité et de croissance et débourser des prêts provenant de nouveaux emprunts communs par le biais de l’instrument d’action pour la sécurité en Europe (SAFE).

Le 27 mai 2025, le Conseil de l’Union européenne (UE) a donné son feu vert au programme Safe, un mécanisme inédit de prêts de 150 milliards d’euros destiné à financer des achats conjoints d’équipements militaires. Safe, pour Security for action for Europe, fait partie d'un programme plus important présenté en mars 2025 par la Commission européenne qui a pour objectif de mobiliser jusqu'à 800 milliards d’euros en vue de réarmer le continent européen .

Qui spécule sur la dette publique ?

Les informations dans ce domaine sont difficiles à trouver, néanmoins nous savons que les intermédiaires du système financier sont aux avant poste de la spéculation sur la dette publique. Il s' agit des (banques, assurances, gestionnaires d’actifs) . Les compagnies d' assurances en possèdent une part importante (19%), les non-résidents principalement européens en détiennent 54% puis viennent les paradis fiscaux,les trois pays qui détiennent le plus de dette française sont le Luxembourg, les îles Caïmans et le Royaume-Uni.

Il est à noter que la Banque de France détient 20 % de la dette publique via des titres qu’elle a acheté sur le marché dans le cadre de la politique monétaire mise en œuvre par la Banque centrale européenne depuis la crise.

Nous venons d' apprendre que la note française vient d' être dégradée a A+, une bonne affaire pour les spéculateurs qui dans ce cas touchent une prime de risque supérieure, accroissant le poids de la dette sur le monde du travail.

Il ne me semble pas utile pour le moment d' aller plus loin pour démontrer que les dettes publiques ne vont pas cesser de grimper pour alimenter les industries de guerre et la spéculation , en France il est même fait appel aux épargnants. Un nouveau fond baptisé "Bpifrance Défense" vise à collecter environ 450 millions d'euros avec un objectif de rendement annuel net de 5% et une durée de vie de 20 ans.

Sur la dette de la sécu voir ces deux articles

CSG et CRDS, un racket permanent de l’Etat (Echanges 110-Automne 2004)

G.Bad- L' Etat et la Cades gèrent la dette sociale, les salariés , retraités, chômeurs banquent.

LES ORIGINES DE L' ENDETTEMENT MONDIAL

Il faut remonter aux sources, c' est a dire à la séparation du capital en capital industriel et capital financier, au moment ou le capital financier s' autonomise et pense que l'argent doit rapporter de l' argent comme le poirier des poires. Ce moment ou l'économie capitaliste entre sous la perfusion du crédit et du capital fictif.

A noter au passage que le commerce de l' argent fait son apparition des le moyen age notamment à Florence et aux pays bas. Voir sur le sujet Les origines du capitalisme moderne (Esquisse historique)

Pour Marx, le capital financier provient non pas de la fusion, mais de la séparation entre le capital (industriel et commerçant) et le capital de prêt embryon du système “ autonome ” du crédit et de la Société anonyme. A ses origines, le Capital Financier est enfanté par le Capital industriel et commerçant. Au début, il n’assume que des opérations techniques pour le compte des capitalistes industriels et commerciaux. Mais se faisant, ces mouvements techniques se rendent “ autonomes ” et deviennent la fonction d’un capital particulier ; le Capital Financier ( Capital argent assumant au début des fonctions techniques).

  Le capital total se fractionne, dans le procès de circulation afin d’opérer des opérations pour l’ensemble du capital restant. Une fraction donc du capital total doit exister sous forme de trésor. Dés lors la gestion du capital argent devient une branche particulière au service de la classe capitaliste dans son ensemble, tout comme l’État.

« La circulation monétaire, pour ce qui est de son volume, de ses formes et de ses mouvements n’est que le simple résultat de la circulation des marchandises » (K. Marx le Capital T 1 Chap III édt Moscou.)

L’argent est donc le reflet de cette circulation des marchandises, et ce faisant il est lui même une marchandise particulière. Au sein même du Capital Financier, la gestion se subdivise en plusieurs branches, et notamment celle du Capital productif d’intérêt, forme antédiluvienne du capital, qui fut l’objet d’une polémique des économistes bourgeois du XVIIéme siècle (Child, Culpeper, etc..) contre l’intérêt en tant que forme autonome de la plus-value.

Cette polémique n’était que l’expression de la lutte de la bourgeoisie industrielle naissante contre les antiques usuriers, la bourgeoisie n’hésitant pas à faire appel régulièrement aux pouvoirs publics, (comme le fait aujourd’hui l'association ATTAC) pour limiter le pouvoir de ce capital et le maintenir sous sa dépendance.

Avec le Capital portant intérêt, va émerger le système de crédit, sur cette base, la plus value extraite par l' exploitation la classe ouvrière devra se partager entre le capitaliste actif, et le Capital portant intérêt. Le capitaliste emprunteur devant restituer au prêteur ( le Capital financier) son dividende.

  Le système de crédit, correspond à l’émergence de la domination réelle du capital (extraction de la plus value relative) il se manifestera surtout dans les pays industrialisés de l’époque et en premier lieu en Angleterre. Les transformations des moyens de production exigent des investissements si importants que seules les banques peuvent assumer par le crédit. Des lors le capitalisme particulier est supplanté par le capitalisme collectif qui agit au travers des sociétés anonymes. ( voir annexe N°1) Marx ira jusqu’à' a dire que « c’est là la suppression du capital en tant que propriété privée à l’intérieur des limites du mode de production capitaliste lui-même. » 

L'importance du rôle de la société anonyme, dans le capitalisme, n' est pas assez mis en avant comme étant en opposition avec le capital privé, (Voir a ce sujet la critique du programme d'Erfurt, Engels à Kautsky 29 juin 18914) il en résulte que les « privatisations » des lors qu' elles sont des SA ne sont nullement des entreprises privées au sens ou nous devons l' entendre. En effet avec la SA,

«  la fonction est séparée de la propriété du capital ».(2) . Il ne faut donc pas s' étonner de voir « l' exploitation des autoroutes séparées de la propriété des autoroutes, celle de lignes de chemin de fer séparée de la propriété du réseau lui-même... » il en résulte que le propriétaire de ce capital ( actionnaires , fond de pension) ne se préoccupe que de l'intérêt, qui est le loyer de l' argent.) Le capital devenant dés lors simple titre de propriété.5 Marx à ce propos déclare:

« ..il faut encore souligner cet aspect important du point de vue économique : comme le profit prend ici purement la forme de l’intérêt, de telles entreprises demeurent possibles si elles rapportent simplement l’intérêt et c’est une des raisons qui empêche la chute du taux général de profit, parce que ces entreprises, où le capital constant est immense par rapport au capital variable, n’interviennent pas nécessairement dans l’égalisation du taux général de profit. » Capital T3,chap.XXVII, p 461 ed. Moscou)

Il faut comprendre par la, que les capitaux investis dans les grandes entreprises productives, ne produisent déduction de tous les frais, que des intérêts plus ou moins élevés. Ceux ci n' entrent pas dans l' égalisation du taux de profit dans la mesure ou ils ne fournissent qu' un profit inférieur au taux moyen de profit ( il est actuellement de 16%). S'ils devaient être pris en compte le taux de profit serait encore plus faible. Mais si à l' époque de Marx l' entrepreneur privé s' attribuait 10% de profit sur les 15% qu'il récoltait et en cédait 5% au capitalisme préteur, il n' en est plus de même aujourd'hui, le capital financier est devenu hégémonique, et exige que le loyer de l' argent soit au minimum de 15% et plus, de ce fait, il entre directement par la grande porte de la baisse générale du taux de profit. L' association Attac fait de ce changement l' axe principal de sa critique du capital financier «  euthanasier le banquier » voulant « réguler » le capitalisme en liquidant son mauvais coté « la spéculation »...

«  Transformation du capitaliste réellement actif en un simple dirigeant et administrateur de capital d' autrui et des propriétaires de capital en simples propriétaires, en simples capitalistes financiers. Même si les dividendes qu'ils touchent incluent l' intérêt et le profit d' entreprise, c' est à dire le profit total ( car les émoluments du dirigeant sont ou devraient être un simple salaire pour une sorte de travail spécialisé, dont le prix est réglé sur le marché du travail comme pour n'importe quel autre travail), ce profit total ne sera plus perçu que sous la forme de l' intérêt, c' est à dire

comme simple rémunération pour la propriété du capital qui est ainsi complètement séparé de sa fonction, dans le procès réel de reproduction, tout comme cette fonction, dans la personne du dirigeant, est séparée de la propriété du capital. Le profit se présente comme simple appropriation de surtravail d' autrui (il ne s' agit plus d' une partie du profit, l' intérêt, qui tire sa justification du profit de l' emprunteur); il résulte de la conversion des moyens de production en capital, c' est à dire leur aliénation, vis à vis des producteurs effectifs, de leur opposition, en tant que propriété étrangère, à tous les individus réellement actifs dans la production depuis le directeur jusqu' au dernier journalier. » Capital T3,chap.XXVII, p 460/461 ed. Moscou)

Ici nous avons l' impression d' en revenir à saint Simon, qui opposait producteur actifs et l' exploiteur oisif, nous trouvons même le terme « aristocratie financière » pour désigner les propriétaires de capital de prêt.


Le système de crédit comme « construction destructrice du capitalisme ».


C'est pour moi, Rosa Luxemburg, qui dans un style limpide nous expose avec une validité dans le temps ce qu' est le crédit pour le capitalisme, un fouet qui se retourne contre lui, Voici sur

le sujet un extrait de « Réforme sociale et révolution ? » de Rosa Luxemburg.

L' adaptation du capitalisme.

« Commençons par le crédit. De ses multiples fonctions dans l’économie capitaliste, la plus importante consiste à accroître la capacité d’extension de la production et à faciliter l’échange. Au cas où la tendance interne de la production capitaliste à un accroissement illimité se heurte aux limites de la propriété privée, aux dimensions restreintes du capital privé, le crédit apparaît comme le moyen de surmonter ces limites dans le cadre du capitalisme ; il intervient pour concentrer un grand nombre de capitaux privés en un seul - c’est le système des sociétés par actions - et pour assurer aux capitalistes la disposition de capitaux étrangers - c’est le système du crédit industriel.

Par ailleurs, le crédit commercial accélère l’échange des marchandises, donc le reflux du capital dans le circuit de la production. On se rend aisément compte de l’influence qu’exercent ces deux fonctions essentielles du crédit sur la formation des crises. On sait que les crises résultent de la contradiction entre la capacité d’extension, la tendance à l’expansion de la production d’une part, et la capacité de consommation restreinte du marché d’autre part 6; en ce sens le crédit est précisément, nous l’avons vu plus haut, le moyen spécifique de faire éclater cette contradiction aussi souvent que possible. Tout d’abord, il augmente la capacité d’extension de la production dans des proportions gigantesques ; il est la force motrice interne qui la pousse à dépasser constamment les limites du marché.

Mais il frappe de deux côtés. En sa qualité de facteur de la production, il a contribué à provoquer la surproduction ; en sa qualité de facteur d’échange il ne fait, pendant la crise, qu’aider à la destruction radicale des forces productives qu’il a lui-même mises en marche.

Dès les premiers symptômes d’engorgement du marché, le crédit fond ; il abandonne la fonction de l’échange précisément au moment où celui-ci serait indispensable ; il révèle son inefficacité et son inutilité quand il existe encore, et contribue au cours de la crise à réduire au minimum la capacité de consommation du marché. Nous avons cité les deux effets principaux du crédit ; il agit encore diversement sur la formation des crises.

Non seulement il offre au capitaliste la possibilité de recourir aux capitaux étrangers, mais encore il l’encourage à faire un usage hardi et sans scrupules de la propriété d’autrui, autrement dit il l’incite à des spéculations hasardeuses. Ainsi, en qualité de facteur secret d’échange de marchandises, non seulement il aggrave la crise, mais encore il facilite son apparition et son extension, en faisant de l’échange un mécanisme extrêmement complexe et artificiel, ayant pour base réelle un minimum d’argent métallique ; de ce fait, il provoque, à la moindre occasion, des troubles dans ce mécanisme.


Ainsi le crédit, loin de contribuer à abolir ou même à atténuer les crises, en est au contraire un agent puissant. Il ne peut d’ailleurs en être autrement. La fonction spécifique du crédit consiste - très généralement parlant - à corriger tout ce que le système capitaliste peut avoir de rigidité en y introduisant toute l’élasticité possible, à rendre toutes les forces capitalistes extensibles, relatives et sensibles. Il ne fait évidemment ainsi que faciliter et qu’exaspérer les crises, celles-ci étant définies comme le heurt périodique entre les forces contradictoires de l’économie capitaliste.

Ceci nous amène à une autre question : comment le crédit peut-il apparaître comme un " facteur d’adaptation " du capitalisme ? Sous quelque forme qu’on s’imagine cette adaptation, sa fonction ne pourrait consister qu’à réduire un antagonisme quelconque du capitalisme, à en résoudre ou en atténuer une contradiction en débloquant des forces grippées à tel ou tel point du mécanisme. Or, s’il existe un moyen d’exaspérer au plus haut point les contradictions de l’économie capitaliste actuelle, c’est bien le crédit.

Il aggrave la contradiction entre le mode de production et le mode d’échange en favorisant au maximum la tendance à l’expansion de la production, tout en paralysant l’échange à la moindre occasion.

Il aggrave la contradiction entre le mode de production et le mode d’appropriation en séparant la production de la propriété, en transformant le capital en capital social ; mais par ailleurs en donnant à une partie du profit la forme d’intérêt du capital, donc en le réduisant à être un simple titre de propriété. Il aggrave la contradiction entre les rapports de propriété et les rapports de production, en expropriant un grand nombre de petits capitalistes et en concentrant entre les mains de quelques-uns des forces productives considérables. Il aggrave la contradiction entre le caractère social de la production et le caractère privé de la propriété capitaliste en rendant nécessaire l’intervention de l’Etat dans la production (création de sociétés par actions).

En un mot, le crédit ne fait que reproduire les contradictions cardinales du capitalisme, il les exaspère, il accélère l’évolution qui en précipitera l’anéantissement, l’effondrement. Le premier moyen d’adaptation du capitalisme quant au crédit devait être la suppression du crédit, l’abolition de ses effets. Tel qu’il est, celui-ci ne constitue nullement un moyen d’adaptation, mais un facteur de destruction à l’effet profondément révolutionnaire. Ce caractère révolutionnaire qui conduit le crédit à dépasser le capitalisme n’a-t-il pas été jusqu’à inspirer des plans de réforme d’esprit plus ou moins socialiste ? Il n’est qu’à voir ce grand représentant du crédit qu’est en France un Isaac Péreire [2] et que ces plans de réforme font apparaître, selon Marx, à moitié comme un prophète et à moitié comme une canaille. « 

(...) Enfin ils aggravent la contradiction entre le caractère international de l’économie capitaliste mondiale et le caractère national de l’Etat capitaliste, parce qu’ils s’accompagnent toujours d’une guerre douanière générale ; ils exaspèrent ainsi les antagonismes entre les différents États capitalistes. À cela il faut ajouter l’influence révolutionnaire exercée par les cartels sur la concentration de la production, son perfectionnement technique, etc. »

A bien des égards le capitalisme dit de plate forme se comporte comme le capital financier , il se pose en intermédiaire qui prélève sur les actifs sa rente de mise à disposition de ses services.

G,Bad octobre 2025

Notes

[1] Rosa Luxemburg appelle ainsi les diverses formes modernes de concentration de capital : trusts, cartels, etc.

[2] Isaac Péreire (1806-1890) et son frère Jacob (1800-1875) nés à Bordeaux, furent introduits dans le groupe saint-simonien. Ils s’enthousiasment pour le chemin de fer et contribuèrent à la fondation du Crédit Mobilier, ce qui les place dans une position de concurrence acharnée avec Rothschild.

[3] Dans une note au livre III du Capital, F. Engels écrit en 1894 : " Depuis que les lignes ci-dessus ont été écrites (1865) la concurrence a considérablement augmenté sur le marché mondial, grâce au développement rapide de l’industrie dans tous les pays civilisés, particulièrement en Amérique et en Allemagne. La constatation que l’accroissement rapide et gigantesque des forces productives modernes dépasse chaque jour de plus en plus les lois de l’échange capitaliste des marchandises, dans le cadre duquel ces forces doivent se mouvoir, cette constatation s’impose à l’heure actuelle avec une évidence sans cesse croissante même à la conscience des capitalistes. Cette constatation se montre notamment dans deux symptômes. D’abord, dans la nouvelle manie protectionniste devenue générale et qui diffère de l’ancien système protectionniste surtout en ce qu’elle protège particulièrement les articles les plus aptes à l’exportation. Ensuite dans les trusts par lesquels les fabricants de grandes sphères entières de production réglementent la production et, par suite, les prix et les profits. Il va de soi que ces expériences ne sont possibles que si la situation économique est relativement favorable. La première perturbation les réduira à néant et démontrera que, bien que la production ait besoin d’être réglementée, ce n’est assurément pas la classe capitaliste qui est appelée à le faire. En attendant, ces trusts ou cartels n’ont qu’un seul but : prendre toutes les mesures pour que les petits soient mangés par les gros plus rapidement encore que par le passé ". (Capital, III, tome IX, pp. 204-205, traduction Molitor, éd. Costes).

[a] On trouvait "la théorie marxienne des crises" dans la traduction originale d'I. Petit. La consonnance de cette formulation nous a amené à la remplacer par une formule plus "neutre". (MIA)

[b] Idem.








1« L’OCDE demande à l’UE que les dépenses de défense ne soient pas financées par la dette et met en garde contre la nécessité de réduire d’autres postes budgétaires ou d’augmenter les impôts »

2 BCE. (2025). Financial Stability Review. https://www.ecb.europa.eu/press/financial-stability-publications/fsr/html/ecb.fsr202505 0cde5244f6.es.html#toc6

3Initialement annoncé sous le nom de «  Plan ReArm Europe  ». Voir «  Déclaration à la presse de la présidente von der Leyen sur le paquet défense  », Commission européenne, Bruxelles, 4 mars 2025, et «  La Commission dévoile le Livre blanc sur la défense européenne et le plan ReArm Europe/Readiness 2030  », Commission européenne, Bruxelles, 19 mars 2025.

4Paragraphe 4. - « L'absence de plan, qui a son fondement dans le caractère même de la production capitaliste privée », demande une forte correction. Je connais une production capitaliste comme forme de société, comme phase économique, et une production capitaliste privée comme un phénomène qui se présente de manière ou d'autre pendant la durée de cette phase. Que signifie donc production capitaliste privée ? Production par l'entrepreneur particulier, isolé ? Et une telle production ne devient-elle pas déjà de plus en plus une exception ? La production capitaliste des sociétés par actions n'est déjà plus une production privée, mais une production pour le compte d'un grand nombre d'associés. Et si nous passons des sociétés par actions aux trusts qui se soumettent et monopolisent des branches entières de l'industrie, alors ce n'est pas seulement la fin de la production privée, mais encore la cessation de l'absence de plan [5]. Qu'on biffe « privée », et la phrase pourra passer à la rigueur.

5 A noter, que sans le savoir, de simple salariés par le truchement de l' intéressement ou de la participation font partie de ces actionnaires, de même pour les fonds de retraite.

6 Sur ce point Rosa reste en accord avec Engels qui dit «  Ce qui est produit au cours de quelques mois peut à peine être absorbé en quelques années «  (T 3 chap XXVII p 461 ed Moscou)

mercredi 22 octobre 2025

G.Bad: O endividamento internacional e a saída fácil da impressão de dinheiro.

 

 


Este artigo foi publicado na edição 144 da Echanges , Verão de 2013.  A imprensa económica e jornalística continua a fervilhar com linguagem civilizatória através de considerações que visam agrupar os países de acordo com a importância do seu desenvolvimento industrial, na realidade, a sua dependência financeira e industrial. Uma série de nomes, os mais diversos, será usada para insinuar que a miséria proletária corresponde à falta de desenvolvimento... Se adoptarmos alguns desses nomes, como "terceiro mundo", "quarto mundo", "países em desenvolvimento", "países menos desenvolvidos", "países recentemente industrializados" etc., é apenas para mostrar todas as variantes desenvolvimentistas que visam mascarar a exploração do homem e da natureza por um humanismo tão generoso. Na Europa, tivemos os PIGS (1) (Portugal, Irlanda, Grécia, Espanha) para gozar com os países inadimplentes.

Quando, por exemplo, falamos de países em desenvolvimento (PDs), deveríamos dizer países em processo de dependência financeira (PFC) – o mesmo vale para países recentemente industrializados (PNICs) ou economias emergentes.

De volta à dívida internacional

A dívida do Terceiro Mundo (2) ou dos países em desenvolvimento (PDs) é recorrente. A partir de 1820, o sistema capitalista penetrou nos países recém-independentes da América Latina. As guerras de independência política abriram caminho para a dependência financeira; Colômbia, Chile, Peru, Argentina, México e Guatemala entraram no turbilhão da dívida: todos eles tomaram empréstimos no mercado londrino. O característico é ver que regularmente países inteiros são devastados e não conseguem mais pagar as suas dívidas, excepto empobrecendo a sua população. Nesse período, o capital retorna para outros "El Dorados" e retorna quando a situação começa a melhorar. Nem os riscos soberanos nem as interrupções de pagamento impedem a expansão do capital, que parece até regenerar-se de crise em crise. Rosa Luxemburgo, na sua época, compreendeu muito bem como o sistema funcionava:

"Entre 1870 e 1875", escreve ela, "foram contraídos empréstimos em Londres no valor de 260 milhões de libras esterlinas, o que imediatamente levou a um rápido crescimento na exportação de produtos ingleses para países ultramarinos. Embora esses países falissem periodicamente, o capital continuou a fluir para eles em massa. No final da década de 1870, alguns países haviam suspendido parcial ou totalmente o pagamento de juros: Turquia, Egipto, Grécia, Bolívia, Costa Rica, Equador, Honduras, México, Paraguai, Santo Domingo, Peru, Uruguai, Venezuela. No entanto, no final da década de 1880, a febre de empréstimos a estados ultramarinos estava a recomeçar..."

(A Acumulação de Capital, ed. Maspero, p. 95; ver também página 72.)

Dívida do Terceiro Mundo: 1970-1990

No final da década de 1960, era evidente que um processo de modificação da dívida do Terceiro Mundo estava prestes a começar. De facto, cada vez mais empréstimos bancários privados inundariam o Terceiro Mundo. Segundo a OCDE, entre 1970 e 1977, a dívida externa dos países em desenvolvimento aumentou de 72,2 para 244 mil milhões de dólares. A Conferência das Nações Unidas sobre Comércio e Desenvolvimento (UNCTAD) (3) indicou que 72% dos empréstimos bancários provinham de crédito privado, enquanto estes representavam apenas 51% desses empréstimos em 1967. O objectivo era então reactivar o crescimento para combater a maior depressão após a Segunda Guerra Mundial. De facto, o sistema financeiro internacional, saturado de capital improdutivo, não conseguia mais encontrar saídas lucrativas nos chamados países industrializados. A partir da década de 1970, haveria uma saturação progressiva das capacidades produtivas mundiais (4).

Dívida e a Reformulação da Divisão Internacional do Trabalho

Uma nova tentativa de reprodução, ampliada pela explosão dos empréstimos internacionais, ocorrerá. A febre da exportação de capital tomará conta dos centros financeiros do Panamá, Bahrein, Abu Dhabi, Hong Kong, Singapura etc., na mesma esteira descrita por Rosa Luxemburgo, mas num nível mais elevado de desenvolvimento das forças produtivas. Os intermediários financeiros exportam o seu capital para que os países em desenvolvimento e os PMDs possam se industrializar comprando equipamentos produzidos nos países centrais e se tornem dependentes dessa industrialização exportada e do seu modo de consumo. A sua decolagem será alcançada com máquinas e equipamentos de última geração, o que relativiza em grande parte a ideia de que a terceirização é essencialmente motivada pelos custos da mão de obra.

A industrialização dos países em desenvolvimento ainda está amplamente limitada à manufactura, a transferência de tecnologia será lenta e o seu principal objectivo será o pagamento da dívida:

O Banco Mundial também relata que, nos últimos anos, Malásia, Colômbia, Turquia e Tailândia aumentaram significativamente as suas exportações de produtos manufacturados. No entanto, se compararmos a tabela de países que devem uma parcela significativa da sua dívida a fontes privadas de financiamento com a tabela de países que produzem e exportam produtos manufacturados, vemos que, com poucas excepções, esses são os mesmos países. Podemos, portanto, deduzir que existe uma relação essencial entre a dívida externa e a nova divisão do trabalho almejada pelos grandes bancos.

(Samuel Lichtensztejn e José M. Quijano, A dívida dos países sub-desenvolvidos e o papel dos bancos privados internacionais, ed. Publisud, 1982)

A dívida do Terceiro Mundo revelou que não era mais possível aos bancos conceder empréstimos com o único objectivo de que o Terceiro Mundo consumisse a produção industrial da OCDE. Com os termos de troca desiguais e o custo dos equipamentos importados em constante aumento, tornou-se evidente que muitos países não conseguiam mais honrar as suas dívidas; chegou-se até a falar em cancelar (5) a dívida do Terceiro Mundo.

O período em que os empréstimos eram usados ​​para subsidiar importações estava a começar a atingir o fundo do poço. O financiamento do desenvolvimento do Terceiro Mundo foi transformado em financiamento do défice. Foi nesse ponto que o pagamento da dívida foi reformulado com base na exploração pura e simples da mão de obra do Terceiro Mundo. Bancos e multinacionais viram os seus interesses nisso, assim como as burguesias compradoras, trazendo moeda estrangeira para pagar o serviço da dívida. A era das realocações do centro para a periferia havia começado:

Segundo os banqueiros mais importantes, os países centrais manteriam, no futuro, o monopólio sobre indústrias de alto rendimento que exigem tecnologias sofisticadas, enquanto os países mais avançados do Terceiro Mundo se lançariam em indústrias ou fábricas de montagem que exigem muita mão de obra. O eixo norte-sul do comércio não seria mais dedicado exclusivamente à troca de produtos manufacturados por matérias-primas; o comércio de bens diversificados ocuparia o primeiro lugar.

(Samuel Lichtensztejn e José M. Quijano, op. cit. )

Além disso, no ano 2000, os países em desenvolvimento produziam quase um quarto da produção industrial mundial. Enquanto em 1970, quatro quintos da produção industrial mundial ainda estavam concentrados nos países centrais (Europa Ocidental, América do Norte, Oceania e Japão).


O impacto dos choques petrolíferos nos países em desenvolvimento e menos desenvolvidos

Em geral, pouca atenção é dada ao que realmente foram os choques do petróleo e às suas consequências. Portanto, resumiremos a situação enfatizando o que nos parece essencial. Para os países em desenvolvimento e os países menos desenvolvidos, o impacto do aumento do preço do petróleo bruto (+400%) foi devastador, pois esses países, sem recursos petrolíferos significativos, não tinham divisas suficientes para comprar produtos derivados do petróleo (fertilizantes, produtos químicos, etc.). Nascia o conceito de "quarto mundo" como uma nova classificação hierárquica do capital. A felicidade de alguns acabara de causar a desgraça de outros. Os países da OPEP beneficiariam, entre 1974 e 1980, de um superavit de 330 mil milhões de dólares; enquanto o défice comercial dos países não petrolíferos, o quarto mundo, seria de cerca de 300 mil milhões de dólares (6).

Após o choque do petróleo de 1973, o défice dos países importadores do Terceiro Mundo aumentou de 36,8% para 72,7% em 1977. Índia, Bangladesh e alguns países da África Subsaariana estavam em apuros. Em última análise, a OPEP serviria como financiadora para amortecer a dolorosa alta do preço do petróleo bruto. Vale ressaltar que a operação da "instalação petrolífera" foi realizada através do FMI e de capital saudita. Supunha-se que ajudaria os países mais pobres. Mas a maior parte dos petrodólares, 120 mil milhões, seria reciclada por bancos americanos, europeus e japoneses.

Poucos anos depois, houve uma mudança de programa: os Estados Unidos decidiram desregulamentar o seu mercado interno e desenvolveram o conceito de uma “grande bacia” (7) onde todos poderiam obter fornecimentos de petróleo em função do preço.

"A primeira Ordem Executiva assinada por Ronald Reagan em Janeiro de 1981 desregulamentou completamente o mercado interno de petróleo. A ideia norteadora não era mais a busca pela independência energética, mas a minimização do custo de fornecimento. A evolução da dependência do petróleo seria determinada pelo livre funcionamento do mercado, ou seja, pela livre concorrência entre petróleo nacional e importado." ( Ramses, org. Dunod, 2005, p. 146)

Todos sabemos o que aconteceu: uma instabilidade ascendente no preço do petróleo. Enquanto no período de 2000 a 2003 o preço do barril se estabilizou entre 22 e 28 dólares, após um colapso em 1998 para 10 dólares, o período de 2004 a 2008 foi de procura explosiva; os preços atingiram 100 dólares por barril, com um pico de 145 em 2008. O barril está actualmente (Julho de 2013) em 106,61 dólares.

1994: A dívida dos países em desenvolvimento explode novamente

No final de 1994, a dívida dos países em desenvolvimento explodiu novamente, passando de 840 mil milhões de dólares em 1982 para 1,9 triliões. Isso correspondeu a um novo influxo de capital privado investido na Argentina, China, Coreia do Sul, Indonésia, Malásia, México e Tailândia. Todos, excepto a China, entraram em crise: em 1994, a terceira crise mexicana; em 1997-1998, a chamada crise asiática, que afectou a Indonésia, Coreia do Sul, Tailândia e Malásia; e em 2001-2002, a crise na Argentina.

A crise da dívida dos países em desenvolvimento é, em última análise, apenas a do capital total e manifestar-se-á numa série de desvalorizações financeiras (8), incluindo a crise argentina de 2002, que evidenciará o risco da dívida soberana. Esses eventos estarão na base da reversão da política monetária americana e do seu espectacular aumento do défice. Os Estados Unidos substituíram os países em desenvolvimento ou as economias emergentes como polo devedor dos mercados financeiros mundiais. A Alemanha Ocidental e o Japão substituíram a OPEP como provedores de fundos.

Desde então, a chamada crise do subprime (2007-2008) eclodiu nos Estados Unidos, o centro do capitalismo mundial, e espalhou-se pelo mundo. Seis anos se passaram e, apesar de todas as medidas, a crise continua, e nada consegue religá-la. Pior ainda, as pessoas estão a ver que o resgate governamental aos bancos (2007-2009) levou a uma deterioração das finanças públicas, levando a uma crise da dívida soberana da qual são vítimas. Vemos países como Portugal, Irlanda, Espanha e Itália a trilhar o mesmo caminho do calote da Grécia.

Governos tanto de esquerda como de direita estão no poder apenas para fazer o povo pagar pela sua crise. Os planos de austeridade estão a cair em cascata, apesar da autocrítica egoísta do FMI e do G7. No início de Maio, o primeiro-ministro português anunciou que iria fazer cortes severos na despesa pública (9) a fim de respeitar os compromissos orçamentais. Pedro Passos Coelho anunciou o adiamento da idade da reforma, o alargamento do horário de trabalho e a redução do número de funcionários públicos. A União Europeia também tem o seu mingong (palavra chinesa para migrantes internos); em países como a Grécia, Espanha e Portugal, muitos desempregados são forçados a emigrar: de acordo com uma organização patronal espanhola, mais de 300.000 espanhóis deixaram o país desde 2008. A crise grega é uma dádiva para a Alemanha, que precisa de um fluxo migratório de 200.000 imigrantes por ano; 30.000 gregos chegaram à Alemanha entre Junho de 2011 e Junho de 2012, e 25.000 espanhóis todos os anos.

Num mundo de sobreacumulação de capital e excesso de capacidade industrial, está a tornar-se quase impossível manter as taxas de crescimento crescentes, ou seja, ser capaz de procurar uma acumulação expandida. As medidas de austeridade que varreram o planeta, é claro, estreitaram o escopo da procura mundial em detrimento deste ou daquele bloco económico ou de certos sectores industriais, como o excesso de capacidade no sector automóvel demonstra a cada dia (10). A última reunião do G7 (10 e 11 de Maio de 2013 em Londres) destacou certas contradições nas finanças mundiais. Enquanto o FMI e o G20 começam a autocriticar as medidas de austeridade, a convocação de um G7, pelo Reino Unido, que detém a presidência, teve como objectivo afirmar que era necessário manter o curso da austeridade e contar com os bancos centrais para a recuperação. Noutras palavras, a reunião do G7 pretendia combater a autocrítica do FMI sobre os danos infligidos à economia por uma austeridade excessivamente severa. Para os britânicos, a solução está na criação de dinheiro pelos bancos centrais, ou seja, na impressão de dinheiro e na monetização da dívida.

Brincar com a oferta monetária é a base do monetarismo, mas criar dinheiro falso é uma brecha que terá consequências catastróficas, como demonstraram as desvalorizações competitivas. O participante canadiano do G7, Jim Flaherty, embora defensor da austeridade, questionou as consequências de uma explosão na oferta monetária: "Entendo os juros, mas eles devem permanecer como uma medida temporária e não tornar-se uma alavanca permanente, sob pena de ter que arcar com as consequências." No entanto, a caixa de Pandora está escancarada novamente na Terra do Sol Nascente. O Japão quer duplicar a sua oferta monetária até ao final de 2014, o que fez com que o iene caísse para o seu nível mais baixo em quatro anos. Por sua vez, nos Estados Unidos, o Fed continua a injectar dinheiro nos circuitos monetários a uma taxa de 85 mil milhões de dólares por mês.

A guerra cambial está de volta à cena como uma medida proteccionista. Todos acabarão por desvalorizar a sua moeda para recuperar participação de mercado à custa dos outros. Por exemplo, a desvalorização da moeda japonesa impulsionará as exportações da Toyota, Nissan (11), Honda... em detrimento das indústrias automobilísticas chinesa, alemã e coreana; mas não demorará muito para que os prejudicados, por sua vez, desvalorizem a sua moeda. Cada golpe desse tipo leva a reestruturações e demissões em massa, bem como a um aumento da produtividade... A Alemanha, cujo crescimento se baseia nas exportações, reagiu imediatamente e considera que há trapaça; os americanos estão a ir na mesma direcção que os alemães e acham injusto competir com eles por um simples efeito cambial.

"Estamos a deslizar de uma guerra comercial para uma guerra cambial, que pode ser alimentada por uma escalada sem fim", lamentam. De facto, se todos começarem a imprimir dinheiro, o verdadeiro perigo tornar-s-á mundial, com o medo da formação de novas bolhas financeiras acima dessas massas de capital flutuante.

Para concluir

A Doutrina Monroe, nomeada em homenagem ao presidente dos Estados Unidos (4 de Março de 1817 - 4 de Março de 1825), famoso pela sua "América para os Americanos", seguida pelo reconhecimento das novas repúblicas latino-americanas, foi apenas um empreendimento destinado a expulsar o ocupante espanhol da América do Norte. O wilsonismo e o seu direito dos povos à auto-determinação continuariam na mesma direcção, sendo a independência nacional apenas o prelúdio para a penetração do capital financeiro.

Nesse nível, o endividamento internacional é a expressão do capital total, capital esse que já começa a transcender as estruturas nacionais na forma de imperialismo (capital financeiro). O que é característico é que o sistema parece completamente imune a crises de dívida, ao risco estatal... Como uma vaga, o capital financeiro choca constantemente contra o penhasco da dívida, que desaba e depois recupera o ímpeto. A questão que se coloca então é porquê e por quanto tempo tal sistema se pode manter.

Neste artigo, tentamos mostrar como o capital financeiro evolui de crise em crise e como a exportação de capital não é progressista nem humanística, mas visa apenas à reprodução do capital e à sua expansão. Quando os lucros caem, o capital faz as malas e procura outras oportunidades. A dívida do Terceiro Mundo ilustra claramente as várias etapas que, em última análise, levaram à crise mundial. Os choques do petróleo visavam salvar a moeda universal em perigo, o dólar. A estratégia americana era que os seus rivais europeus e japoneses, bem como o Terceiro Mundo, contribuíssem para suportar parte da sua crise monetária e comercial, a fim de evitar o colapso do sistema. O cartel petrolífero anglo-americano usaria os choques do petróleo para esse fim.

Os Estados Unidos beneficiaram inicialmente da crise do petróleo que ela desencadeou. Pagaram um pouco mais pelo petróleo, mas a Europa e o Japão ainda mais; quanto ao Terceiro Mundo, ele não existia mais, e falamos de um Quarto Mundo; um Quarto Mundo endividado principalmente com bancos americanos. No final de 1975, dois terços dos empréstimos concedidos vinham de bancos americanos.

Os americanos pensaram que finalmente tinham salvo o mundo da catástrofe financeira ao envolver a Europa e o Japão, realizando duas desvalorizações do dólar para amortecer os choques do petróleo, fazendo assim com que os países da OPEP pagassem, os quais teriam então que pagar a dívida do Quarto Mundo, ou seja, as reivindicações americanas sobre ele.

Os Estados Unidos conseguiram melhorar temporariamente a sua posição competitiva no mercado de bens manufacturados, revalorizando o petróleo bruto americano (e o petróleo bruto do Alasca), ao mesmo tempo em que recolocavam o dólar no mercado de câmbio. O Cartel das Sete Irmãs embolsou os lucros. No entanto, a Europa, o Japão e outros países reagiram, alguns criando empresas nacionais como a italiana ENI, outros pela OPEP, procurando amortecer o custo das desvalorizações do dólar.

Essa redistribuição, através de choques do petróleo e desvalorizações do dólar, transformará a OPEP numa credora do Terceiro Mundo, permitindo assim que bancos privados se retirem temporariamente de um sector que não está mais a fornecer a produção desejada (12). É a bonança financeira da OPEP que herdará os reveses dos países em desenvolvimento, cujo crescimento é interrompido pela alta do preço do petróleo e pela queda do preço dos produtos agrícolas e de mineração primários.

A reversão monetarista de 1979 e a vaga liberal que se seguiu permitiriam que os mercados financeiros internacionais sobrepujassem todos os sistemas de controlo, particularmente os estatais sobre a economia. Isso significava que o capital financeiro, que tinha o mercado mundial como seu playground, continuava a sua emancipação das restricções estatais, através da mundialização financeira. O mercado de acções, para grande desgosto do falecido Lenine (13), retornou com força e flexibilizou a rigidez do capitalismo monopolista estatal tanto no Ocidente quanto no Oriente. O capital, sem retorno suficiente, voltou-se para os mercados de acções emergentes de alto rendimento. A partir de 1980, houve uma aceleração do investimento directo internacional (IED). No início da década de 1990, o desenvolvimento do que foi chamado de "regionalização do mercado de acções" aumentou em dez anos de 1 trilião de dólares em capitalização para 2 triliões. Em 1994, a dívida das economias emergentes explodiu e sinalizou uma crise da dívida internacional, particularmente centrada na América Latina, área reservada aos bancos americanos.

A dívida latino-americana rapidamente surgiu como se pudesse fazer o sistema financeiro internacional explodir, provando assim que essa dívida era a do capital total. Todo um sistema de "plugging", planos Brady e outros apenas adiou os prazos: o Citicorp (14) foi forçado a constituir provisões para dívidas incobráveis, algo que outros bancos não conseguiram fazer. O sistema financeiro internacional finalmente entraria em turbulência com a crise do subprime e, desde então, vem se afundando nas bacias da União Europeia, que também se viu confrontada não apenas com a dívida pública, mas também com o risco estatal. Actualmente, os especuladores apostam no petróleo, na esperança de uma recuperação da economia mundial em 2014, assim como antes esperavam por uma alta indefinida nos preços do ouro.

Nada disso vai acontecer; até o FMI duvida. Por outro lado, o excesso de capacidade e os gastos públicos continuarão, e a inflação começará a espalhar-se.

Gérard Bad final de Junho de 2013

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Bibliografia: Ramses, org. Dunod, 2005; Jean-Marie Chevalier, A Nova Questão do Petróleo, org. Calmann-Lévy, 1973; Samuel Lichtensztejn e José M. Quijano, A Dívida dos Países Subdesenvolvidos e o Papel dos Bancos Privados Internacionais, org. Publisud, 1982; Pascal Arnaud, A Dívida do Terceiro Mundo, org. La Découverte, 1984; Jacques Adda, A Mundialização da Economia, org. La Découverte, 2012.

NOTAS

(1) Em inglês, PIGS corresponde ao porc francês e S à Espanha.

(2) A expressão “terceiro mundo” data de 14 de Agosto de 1952, sob a pena de Alfred Sauvy em L’Observateur politique économique et littéraire, em referência aos dois blocos da época, mas também ao Terceiro Estado da Revolução Francesa: “Porque finalmente este terceiro mundo, ignorado, explorado, desprezado como o terceiro estado, também quer ser alguma coisa.”

(3) Criada em 1964, a CNUCED tem como objectivo integrar os países em desenvolvimento na economia mundial, a fim de promover o seu crescimento.

(4) A taxa de desemprego começou a subir: entre meados de 1973 e meados de 1975, passou de 5% para 9% nos Estados Unidos e de 2,5% para 5% na CEE.

(5) Quando falamos em cancelamento de dívida, estamos a falar principalmente em redução de dívidas públicas contraídas com Estados e organizações internacionais oficiais. Para dívidas privadas, para um país em processo de insolvência, há pouca possibilidade de recurso por parte dos credores. Daí um mercado cinza, onde essas dívidas são revendidas como títulos podres (obrigações incobráveis), com um desconto significativo (efeitos da classificação da dívida e do prémio de risco sobre as taxas de juros).

(6) Pascal Arnaud, A Dívida do Terceiro Mundo, ed. La Découverte, 1984, p. 47.

(7) A frase “uma grande pesquisa” vem de Morris Adelman, professor do MIT, um dos maiores especialistas no mercado de petróleo.

(8) Ver sobre este assunto o artigo “A crise, o fim do remendo” em Echanges n° 138, p.48.

(9) Para angariar 4,8 mil milhões de euros até 2015, o governo português quer cortar 30 mil empregos na função pública e aumentar a idade da reforma para os 66 anos. O plano orçamental de 2013 aumenta os impostos sobre o rendimento numa média de 30%.

(10) A consequência directa dessa queda é a sub-utilização das fábricas na Europa. No sector automóvel, de 100 unidades de produção, 58% estão a perder dinheiro por não estarem a utilizar plenamente as suas capacidades. "A sub-utilização das fábricas europeias atingiu um nível crítico, e as reduções de capacidade anunciadas até ao momento provavelmente serão insuficientes para aliviar a situação", afirma Laurent Petizon, Director Executivo da Alix Partner's. Para ajustar a produção aos baixos volumes de vendas previstos para os próximos anos, seria necessário reduzir a capacidade em 3 milhões de unidades. Esse número equivale ao encerramento de dez fábricas do tamanho da unidade da PSA em Sochaux (316.700 carros produzidos em 2012). O estudo revela que a sub-utilização das unidades afecta particularmente a França, onde 62% das fábricas estão a perder dinheiro. » ( L'Usine nouvelle [usinenouvelle.com], relatando um estudo da consultoria Alix Partner's, segundo o qual o mercado automobilístico permanecerá permanentemente deprimido, com um excesso de capacidade de produção cada vez mais flagrante.)

(11) Carlos Ghosn, em particular, presidente da Nissan, vem deplorando há vários meses a força do iene, “que dificulta a competitividade dos grupos japoneses”.

(12) De 1978 a 1982, a dívida dos países não petrolíferos aumentou de 336 para 612 mil milhões de dólares e os bancos limitaram os seus empréstimos. (Pascal Arnaud, op. cit., p. 73).

(13) Lenine: "Noutras palavras, o velho capitalismo, o capitalismo da livre concorrência, com o seu regulador absolutamente indispensável, a Bolsa de Valores, desaparece para sempre. Um novo capitalismo sucede-o, contendo elementos de transição óbvios, uma espécie de mistura entre livre concorrência e monopólio." ( Imperialismo, o estágio mais elevado do capitalismo. )

(14) Em Abril de 1998, o Citicorp fundir-se-á com o Traveler Group para se tornar o Citigroup.

La Gen Z à l’assaut de Marineford !

 Publié le 28/10/2025 video- https://www.youtube.com/shorts/7Bbh8otZvmk Népal, Maroc, Madagascar, Indonésie, Pérou… ces derniers mois e...