jeudi 16 octobre 2025

INFOBREF N°573-octobre 2025

 


INFOBREF N°573

octobre- 2025

LE FINANCEMENT KAKI A PARTIR DE L'EPARGNE RETRAITE ET L'ASSURANCE VIE (sic)

« PER, assurance-vie... Quand l’épargne des Français commence à financer la défense Macron et Glucksmann s'imaginent déjà envoyer le contingent au front en Ukraine mais pas leur petite personne ; ils ont le droit de se l'imaginer. Le chemin sera long voire interrompu... En attendant, la dette nationale semble bien être le cadet de leurs soucis, le premier étant le financement rapide de l'industrie militaire. L'ASSURANCE VIE ne sera plus une assurance contre la mort! Les ministères de l’Économie et des Armées sur le financement de la défense, le monde de la finance se mobilise pour soutenir la base industrielle et technologique de défense (BITD), forte de 4500 petites et moyennes entreprises (PME et ETI) travaillant pour les grands groupes. La filière étant appelée à produire plus et plus vite, pour renforcer les moyens des armées et « SOUTENIR L'UKRAINE » ! Agréé par l’Autorité des marchés financiers (AMF) début septembre, Sienna Dette privée défense Europe est commercialisé, depuis la semaine dernière, par Meilleurtaux.com, sous forme d’unités de compte dans ses contrats d’assurance-vie. Le site ayant l’exclusivité en ligne jusqu’à la fin 2025. À partir de mi-octobre, le réseau France Mutualiste, puis, courant novembre, la Société générale et le Crédit Agricole, commercialiseront aussi ces unités de compte, via leurs produits d’assurance-vie et d’épargne retraite (PER). Sienna IM a pour objectif de lever 500 à 1 milliard d’euros, via le fonds Hephaïstos, et entre 100 et 150 millions, via le fonds retail. Autre mouvement inédit, l’octroi par la Banque européenne d’investissement (BEI) d’un prêt de 450 millions à Thales, destiné à financer un programme de R&D dans l’aéronautique et les radars militaires. Le groupe français est devenu le premier acteur de la défense à bénéficier de la nouvelle politique de la BEI, désormais autorisée à financer cette industrie de souveraineté. En France, comme en Europe, les lignes ont bougé. « Il y a un vrai changement de la part de la finance, longtemps tétanisée par les critères ESG (environnement, social et gouvernance, NDLR). Les banques sont plus détendues sur la défense », relève un industriel de l’armement. Mais « il reste encore beaucoup à faire pour convaincre que, sans défense, pas de paix, pas de sécurité, pas de croissance économique et encore moins de durabilité… » (cf. Le Figaro) Et c'est surtout la mafia européenne qui a découvert le magot: " l’Union européenne disposait d’un trésor caché Selon la commission européenne, environ 70% de l’épargne des ménages des États membres - soit quelque «10.000 milliards d’euros» - seraient immobilisés sur des livrets d’épargne «sûrs et faciles d’accès» mais généralement peu rémunérateurs. Des économies qui pourraient être employées autrement, y compris pour financer l’économie et participer à l’essor du continent, selon Bruxelles, qui a annoncé cette semaine vouloir «aider les citoyens à prendre des décisions financières judicieuses» afin d’améliorer leur «bien-être, leur sécurité financière et leur indépendance», faux, surtout l'effort de guerre! ( Sources Le prolétariat universel)

Comment l'armement augmente la dette publique

Comme le reconnaît la BCE, l' OCDE1 et meme le FMI le RéArm Europe pèsera sur les dépenses et la dette publique allant jusqu'à « réutiliser certaines parties du budget actuel de l’UE ».A noter au passage que le grand bénéficiaire du plan ReArm Europe sera le fond BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, le géant états-unien qui employait le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, Celui-ci veut que l'UE prête à l' Ukraine 140 milliards d'euros.

« Les niveaux d’endettement et les coûts des intérêts devraient augmenter, ce qui pèsera sur les finances publiques au-delà du court et moyen terme. (...) Les niveaux d’endettement souverain pourraient à nouveau augmenter, car l’augmentation des dépenses de défense et les éventuels plans de relance supplémentaires seront en grande partie financés par un endettement supplémentaire », a admis la BCE dans son Financial Stability Review du mois de mai dernier 2

La commission européenne veut 3: activer la clause nationale dérogatoire du pacte de stabilité et de croissance et débourser des prêts provenant de nouveaux emprunts communs par le biais de l’instrument d’action pour la sécurité en Europe (SAFE).

Le 27 mai 2025, le Conseil de l’Union européenne (UE) a donné son feu vert au programme Safe, un mécanisme inédit de prêts de 150 milliards d’euros destiné à financer des achats conjoints d’équipements militaires. Safe, pour Security for action for Europe, fait partie d'un programme plus important présenté en mars 2025 par la Commission européenne qui a pour objectif de mobiliser jusqu'à 800 milliards d’euros en vue de réarmer le continent européen face au désengagement américain et à la menace russe.

Il ne me semble pas utile pour le moment d' aller plus loin pour démontrer que les dettes publiques ne vont pas cesser de grimper pour alimenter les industries de guerre, en France il est même fait appel aux épargnants. Un nouveau fond baptisé "Bpifrance Défense" vise à collecter environ 450 millions d'euros avec un objectif de rendement annuel net de 5% et une durée de vie de 20 ans.


BlackRock, ex-employeur américain du futur chancelier allemand Merz, sera le grand bénéficiaire de ReArm Europe

23 avril par Fátima Martín

BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, le géant états-unien qui employait le futur chancelier allemand Friedrich Merz, est l’un des grands bénéficiaires du programme ReArm Europe, la politique de guerre de la Commission européenne (CE).

Les mêmes fonds d’investissement des États-Unis opèrent dans les grandes entreprises, tant aux États-Unis d’au sein de l’Union européenne, où ils se partagent l’actionnariat avec les États eux-mêmes

Il apparaît que le fonds nord-américain figure parmi les actionnaires institutionnels des quelques unes des principales entreprises d’armement de l’Union européenne (UE) : Rheinmetall (Allemagne) [1], Dassault (France) [2] et Thales (France) [3], la británica BAE Systems (Grande Bretagne) [4], lLeonardo (Italie), même l’entreprise aéronautique européenne Airbus a des liens d’actionnariat avec l’entreprise présidée par Larry Fink [5].

En septembre dernier, l’Italie de Giorgia Meloni a autorisé l’acquisition d’une participation supérieure à 3 % de BlackRock dans le groupe italien aéronautique et de défense Leonardo, selon Reuters [6]. L’administration Meloni, qui détient un pouvoir de contrôle sur les investissements étrangers qui impliquent des entreprises intervenant dans des secteurs stratégiques, comme l’énergie, les télécommnications, la défense ou la banque, a plié devant le fonds états-unien. ’Je suis ravi de l’intérêt manifesté par BlackRock. C’est une reconnaissance importante’, a déclaré à Reuters le directeur général de Leonardo, Roberto Cingolani.

En Espagne, selon la présidente de Transform Europe, Marga Ferré, 80% du secteur de la défense est aux mains de cinq entreprises où apparait à nouveau BlackRock. Il s’agit de Airbus, GDELS-SBS, EXPAL, Navantia et Indra. Concernant cette dernière, des rumeurs circulent sur une possible fusion avec Telefónica, ce qui ouvre le bal des intérêts entre les secteurs de la défense et des médias, avec Prisa et Telecos, où BlackRock pourrait donner le ton [7].

Dans un article récent publié par Público, Marga Ferré cite le travail réalisé par Investigate Europe, qui montre comment les mêmes fonds d’investissement des États-Unis opèrent dans les grandes entreprises, tant aux États-Unis d’au sein de l’Union européenne, où ils se partagent l’actionnariat avec les États eux-mêmes. Il s’agit de BlackRock, Vanguard, Fidelity, State Street ou encore Capital Group. Ainsi, selon l’article d’ Investigate Europe, daté de 2022, “BlackRock, par le biais de différents fonds, a des participations dans des entreprises européennes comme Airbus (près de 5%), Leonardo (presque 3%), Thales (un peu plus d’1%), Indra (1% environ), Safran (plus de 6,5%), ou MBDA France (plus de 4%). Et il est également actionnaire de leurs principaux concurrents américains : Boeing (3,9%), Lockheed Martin (4,9%), Raytheon Technologies (4,8%), General Dynamics (3,9%), ou Northrop Grumman (4,2%)”. C’est ce que montre clairement le graphique suivant [8] :

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Le 300ème Rafale fabriqué vient de sortir de l'usine Dassault: le groupe qui a 233 commandes en attente met un coup de fouet à sa production

Helen Chachaty

Le 8-10 -2025

Pour assurer les livraisons de Rafale, l'usine de Mérignac tourne à plein régime. - GEORGES GOBET

Grâce aux ventes à l'export, la production du Rafale a décollé. Dassault Aviation a produit le 300ème exemplaire de l'avion de combat, le carnet de commandes comporte encore 233 avions à produire. De Cergy à Mérignac, les usines tournent à plein régime. Pour assurer des livraisons en temps et en heure du Rafale, Dassault Aviation a agrandi les murs et fait de la place pour pouvoir produire jusqu'à trois avions par mois dès 2026 – et prévoit de passer à cadence 4 en 2028-2029. L'avionneur français a récemment achevé la production du 300ème exemplaire de son avion de chasse, devenu en quelques années un succès à l'export, après des débuts difficiles.

Livré en 2004 à la Marine nationale, en 2006 à l'armée de l'Air et de l'Espace, le Rafale essuie quelques échecs à l'international (Corée du Sud, Maroc, Singapour, Brésil), avant de connaître le succès.

Huit clients

En une décennie, le Rafale engrange huit contrats à l'export. C'est l'Égypte qui ouvre le bal des commandes export, en février 2015, avec une commande de 24 appareils, suivie de près par le Qatar, toujours en 2015 (24 avions, puis 12 de plus en 2017).

Un an plus tard, l'Inde finalise un contrat pour 36 avions "prêts à voler" (sur étagère, c'est-à-dire sans transfert de technologies), épilogue d'un projet au long cours pour moderniser la flotte des forces aériennes indiennes.

L'année 2021 est prospère: la Grèce commande 18 avions, l'Égypte complète sa flotte avec 30 appareils de plus, la Croatie signe pour 12 appareils d'occasion, mais ce sont surtout les Émirats arabes unis qui font décoller le carnet de commande à l'export, avec 80 exemplaires (dont les premiers doivent être livrés fin 2026).

En 2022, la Grèce commande six Rafale de plus et l'Indonésie signe pour 42 avions.

Si l'année 2023 se déroule sans signature de contrat, en revanche, l'Inde, cliente de Dassault depuis 1953 (avec l'acquisition d'avions Ouragan), confirme son choix du Rafale M pour équiper ses forces aéronavales. Le contrat a été conclu en avril 2025.

En 2024, la Serbie devient le troisième pays européen à opter pour l'avion de combat français et passe commande de 12 avions.

Le Rafale a manqué quelques contrats en Europe, la Belgique, la Finlande et la Suisse ayant privilégié le F-35 de l'américain de Lockheed Martin pour renouveler leurs flottes – qui étaient par ailleurs déjà composées d'appareils américains (F-16 et F/A-18)

Les perspectives

La saga du Rafale à l'export n'est pas terminée, Dassault Aviation prospecte activement pour signer de nouveaux contrats export. Le patron de l'avionneur, Éric Trappier, s'est récemment dit confiant sur une nouvelle vente à l'Inde, qui pourrait acquérir jusqu'à 114 avions de chasse.

Il a par ailleurs récemment évoqué en audition parlementaire la perspective de vendre des Rafale à Taïwan, même si le contexte géopolitique n'y est pas vraiment favorable.

Helen Chachaty






À LIRE AUSSI

Guerre en Ukraine : l'UE dévoile un plan de 800 milliards d'euros pour "réarmer l'Europe"

27 entreprises européennes dans le top 100 mondial

En 6e position de ce classement largement dominé par des entreprises américaines (41 sur 100), BAE Systems fait figure de leader européen de l'industrie de défense. Avec près de 30 milliards de dollars (27,6 milliards d'euros*) de recettes liés à la défense en 2023, cette entreprise britannique est l'un des plus grands fournisseurs mondiaux de systèmes de défense et de sécurité. Elle joue un rôle particulièrement important dans la production de l'Eurofighter Typhoon, un avion de combat européen développé en partenariat avec les Italiens de Leonardo et la branche défense et espace d'Airbus.

Ces deux dernières entreprises figurent, elles aussi, dans ce top 100. A la 12e place du classement, Airbus a enregistré 12,9 milliards de dollars de recettes liées à la défense en 2023 – ce qui constitue 18 % des recettes totales du groupe. La société franco-néerlandaise, dont le siège de la division défense et espace est situé en Allemagne, produit notamment des avions de transport militaire, tels que le C212 ou l'Airbus A400M Atlas.

Le groupe industriel italien Leonardo est lui considéré comme l'un des premiers constructeurs au monde d'hélicoptères civils. Il est aussi spécialisé dans l'électronique de défense et de sécurité, qui constitue près de la moitié de son chiffre d'affaires, en produisant des missiles, torpilles, radars et systèmes de communication. Le groupe a enregistré 12,4 milliards de dollars de recettes militaires en 2023, le plaçant à la 13e position du classement mondial.

Thalès, Safran, Dassault… l'industrie française de défense bien représentée

Avec cinq entreprises dans le top 100, l'industrie de défense française est plutôt bien représentée dans ce classement (sans compter Airbus, considérée comme paneuropéenne). On retrouve ainsi Thalès (16e), Naval Group (32e), figurant parmi les leaders mondiaux de la construction de navires militaires, Safran (33e), spécialisé dans la propulsion aéronautique et spatiale, Dassault Aviation (46e) et ses Mirages et Rafales, parmi les meilleurs avions de combats au monde, ainsi que le Commissariat à l'énergie atomique (50e). Au total, les recettes de défense cumulées de ces firmes françaises atteignaient plus de 25 milliards de dollars en 2023.

Parmi les 27 entreprises européennes de ce classement, on retrouve également 7 sociétés britanniques, 4 allemandes, 3 paneuropéennes et 2 italiennes. La Suède, la Norvège, l'Espagne, la Pologne, la République tchèque et l'Ukraine comptent chacune une entreprise nationale dans ce classement.

Classement des entreprises européennes de défense, productrices d'armes et de services militaires

Entreprise

Pays

Recettes liées à la défense en 2023 (en milliards de dollars)

Part des recettes liées à la défense en 2023

Position dans le top 100 du Sipri

BAE Systems

Royaume-Uni

29,8 milliards $

98 %

6

Airbus

France ?￰゚ヌᄋ, Pays-Bas

12,9 milliards $

18 %

12

Leonardo

Italie

12,4 milliards $

75 %

13

Thales

France ?￰゚ヌᄋ

10,3 milliards $

52 %

16

Rolls Royce

Royaume-Uni

6,3 milliards $

33 %

22

Rheinmetall

Allemagne

5,5 milliards $

71 %

26

MBDA

Transeuropéen

4,8 milliards $

99 %

30

Naval Group

France ?￰゚ヌᄋ

4,6 milliards $

99 %

32

Safran

France ?￰゚ヌᄋ

4,5 milliards $

18 %

33

Saab

Suède

4,4 milliards $

90 %

35

Babcock

Royaume-Uni

4 milliards $

74 %

38

KNDS

Pays-Bas

3,3 milliards $

95 %

45

Dassault Aviation

France ?￰゚ヌᄋ

3,2 milliards $

62 %

46

CEA

France ?￰゚ヌᄋ

3 milliards $

44 %

50

Fincantieri

Italie

2,8 milliards $

34 %

51

Serco

Royaume-Uni

2,3 milliards $

34 %

57

Atomic Weapons Establishment

Royaume-Uni

2,2 milliards $

99 %

59

Ukrainian Defense Industry

Ukraine

2,2 milliards $

100 %

60

PGZ

Pologne

2 milliards $

90 %

64

ThyssenKrupp

Allemagne

2 milliards $

5 %

66

QinetiQ

Royaume-Uni

1,8 milliard $

78 %

72

Hensoldt

Allemagne

1,8 milliard $

92 %

73

Kongsberg

Norvège

1,5 milliard $

39 %

78

Diehl Group

Allemagne

1,3 milliard $

32 %

83

Navantia

Espagne

1,2 milliard $

77 %

88

Czechoslovak Group

Rép. tchèque

1,2 milliard $

64 %

89

Melrose Industries

Royaume-Uni

1,2 milliard $

29 %

90


L'armée sans voix de l’Ukraine- les déserteurs ukrainiens prennent la parole

Journalistes ukrainiens

Bien que la désertion massive de membres des forces armées ukrainiennes soit devenue l'un des plus grands actes de désobéissance civile de l'histoire du pays depuis 1991, elle est passée quasiment sous silence dans les médias étrangers. Depuis la fin de l'année dernière, le nombre d'affaires pénales relevant des articles 407 (départ non autorisé d'une unité militaire, ou SZCh) et 408 (désertion) du Code pénal ukrainien est resté stable, à environ 17 000 par mois. Au cours des huit premiers mois de 2025, 142 711 procédures pénales ont été enregistrées au titre de ces articles, et un total de 265 843 affaires ont été enregistrées au 1er septembre 2025 dans le pays depuis le début de l'invasion à grande échelle,.


« Parlons de SZch » : référence à la série télévisée « 16 ans et enceinte ». Source : page Instagram vendant des chevrons, avril 2024.

Afin de réduire au moins quelque peu ce flux, le Parlement ukrainien a adopté le 4 septembre en première lecture le projet de loi n° 13260, qui rétablit la responsabilité pénale des SZCh . Auparavant, il était possible d'éviter les poursuites en retournant volontairement au service militaire. Cette disposition a été prolongée à plusieurs reprises jusqu'à son expiration le 30 août. Désormais, le projet de loi propose de supprimer la capacité du tribunal à appliquer des mesures atténuantes. Dans son interview accordée en septembre à Sky News, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que l'Ukraine n'envoyait plus son personnel militaire en formation à l'étranger, où tant de soldats ont disparu des terrains d'entraînement et ont bénéficié d'une protection.

La nature de ce phénomène est révélée par des témoignages vérifiés, publiés en exclusivité par assembly cet été. Nous citons ici un témoignage de la région de Vinnytsia concernant l'envoi d'anciens membres du SZCh dans des unités d'assaut et ce, à une mort certaine :

Eh bien, chers amis et frères d'infortune, je me retrouve pour la deuxième fois dans cet enfer.
Cette fois, j'ai été arrêté non pas dans une randonnée [pour traverser la frontière], mais simplement dans la rue. Les policiers m'ont poursuivi, m'ont coupé la route, puis m'ont emmené au Service de maintien de l'ordre militaire. Ce n'était pas dû à la bonne vie ; j'étais au travail et je me suis fait prendre.
Et puis, ça a été l'enfer, il n'y a pas d'autre façon de le décrire.
Ils nous traitaient pire que des animaux, fumer [n'était autorisé] que sous surveillance à des heures strictes, [il n'y avait] pas de téléphone, d'appels, etc., je ne parlerai pas de la nourriture ou du logement, même si je ne peux pas dire que j'avais vraiment faim.
Puis, un matin, des représentants [de l'armée] arrivent, ils parlent magnifiquement, et vous invitent à servir la patrie, presque tout le monde refuse, puis un bus [arrive] et [vous êtes envoyé] au centre d’affectation.
Caserne, gardes avec fusils automatiques tout autour du périmètre, plusieurs personnes à la fois vont au magasin sous surveillance, encore des représentants [de l'armée], et vous refusez, mais ils vous emmènent quand même et vous envoient à la caserne en attendant d’être déployé.
Les formations ont lieu presque toutes les deux heures, et vous attendez, les fesses serrées, que votre brigade soit appelée, espérant rester à la caserne un jour de plus et enfin sortir de ce pétrin.
Il y a d'autres gars autour de vous, leurs yeux qui se déplacent partout, et ces yeux cherchent une issue tout comme vous, mais plus vous vous promenez dans l’enceinte, plus cet espoir s'évanouit...
Tout le monde comprend parfaitement que toutes les brigades auxquelles vous êtes affectés sont des forces d'assaut aéroportées, et que vous n'avez probablement plus beaucoup de temps à vivre. Comme l'a dit un gars : « Les gars, vous n'aurez pas une formation militaire de base, trois ou quatre jours maximums pour vous préparer et ensuite, on vous expédie. »
Je ne sais pas comment le décrire en un mot. J'ai entendu tellement d'histoires sur ce qui se passe au front, c'est tout simplement épouvantable…
Je me suis échappé, miraculeusement! Je ne vous dirai pas comment, je dirai juste que c'était incroyablement effronté et stupide, mais ça a marché. J'ai juste réalisé que je n'avais pas le choix et que je devais prendre le risque.
Je n'ai pas réussi à rejoindre l'unité militaire 7020 [un bataillon de réserve du district de Gaisyn], j'étais dans le village de Rakhny. Impossible de s'enfuir comme ça, sauf la nuit. Les choses ont un peu changé ces derniers temps. Avant, disaient les gars, on pouvait appeler un taxi, aller au magasin et partir.
Tous ceux qui étaient là étaient des SZCh. Le gars a essayé d'y arriver, mais ils l'ont affecté au 225e [Régiment d'assaut]. J'ai tout refusé, ils m'ont littéralement traîné par la main.
Ce que je veux dire à ceux qui sont déjà en SZCh : les gars, ne prenez pas de risques inutiles. On ne sait jamais où l'on va atterrir une deuxième fois ni comment ça pourrait se terminer.
Paix et bonté à tous. Tôt ou tard, tout cela finira, et j'aimerais que ce soit plus tôt, bien sûr.

Le sort des fugitifs appréhendés alors qu'ils tentaient de franchir la frontière après s'être enfuis est particulièrement tragique. Cet interlocuteur d'Odessa a été capturé cet été à la frontière avec la République moldave de Transnistrie, non reconnue, où, deux mois plus tard, un garde-frontière ukrainien a abattu un réfugié civil :

Là où j'étais, il y avait une clôture qui m'arrivait à la taille, puis une clôture de barbelés, et au-delà, un fossé. J'ai simplement sauté par-dessus. La clôture était grillagée, avec des barbelés à hauteur de taille et au-dessus. Je l'ai simplement escaladée, sans rien jeter d'en haut. J'ai attrapé le support supérieur d'une main, j'ai marché sur les barbelés à hauteur de taille, j'ai grimpé, puis j'ai sauté. Les gardes-frontières étaient même surpris que la clôture soit intacte. Il ne me restait plus qu'à sortir du fossé et à être libre, mais ils m'ont repéré et m'ont fait sortir. Je me suis retrouvé, par malchance, à une cinquantaine de mètres de leur poste. Je sautais de la clôture, ils m'ont entendu, ont crié « Stop », j'ai couru et je suis tombé dans un fossé d'environ cinq mètres de haut et six mètres de large. Résultat : une côte cassée ou une fêlure. Je n'étais pas à l'hôpital, donc je n'en suis pas sûr. Ils m'ont emmené au Service de maintien de l'ordre militaire, où j'ai passé trois jours. Lorsqu'ils m'ont emmené chez l'enquêteur, je me suis échappé et je me remets maintenant à la maison pour la prochaine tentative.

En ukrainien, « SZCh » peut aussi signifier « Courage, Bravoure, Honneur ». Photo tirée du site web d'un autre magasin en ligne [Photo]

Un fugitif mobilisé vivant à Kharkov parle avec éloquence de la situation sociale des nouvelles recrues de l’armée :

C'est dur pour les sans-abri maintenant ; les bureaux de recrutement militaire les rattrapent presque tous […] J'ai récemment fait un tour en minibus. Il y avait deux toxicomanes, deux sans-abri, l'un était pauvre, l'autre parlait tout seul. Si j'ai bien compris, c'est parce qu'ils essaient de les rafler dans des endroits peu fréquentés, tôt le matin, dans des cours, derrière des garages, etc., et c'est ainsi qu'ils rassemblent un tel contingent […] Il n'y a plus de combattants volontaires ; tout ne tient plus qu'à un fil et peut s'effondrer à tout moment, même si l'acteur [Zelensky] et sa bande ne le comprennent pas. […] Il n'en reste que quelques-uns qui se battent depuis 2022. Tout le monde cherche un moyen de quitter le service sous n'importe quel prétexte : 200 000 membres du SZCh. Les plus jeunes, ceux qui ont encore des bras et des jambes, s'enfuiront. Il ne reste que les pauvres âmes et les sans-abri souffrant de nombreuses maladies.[…] Ils sont démotivés ; c'est plus difficile pour un sans-abri de s'échapper, ils n'ont nulle part où aller et ils ont peur. Alors ils restent. La seule chose qu'ils peuvent faire, c'est boire pendant leur permission. De plus, malheureusement, les sans-abris sont souvent envoyés dans des unités dangereuses, d'où il est tout simplement plus difficile de s'échapper.

L'histoire suivante, racontée par un magasinier d'entrepôt de Kharkov à propos de son collègue revenu en ville l'année dernière, après avoir quitté le front de Zaporozhye avec toute sa compagnie et son commandant, illustre comment la dispersion et la passivité des soldats ukrainiens en fuite les empêchent de réaliser leur potentiel révolutionnaire, malgré leur nombre énorme et leur expérience du combat:

Ils l'ont enrôlé de force en [20]23. Il y est resté environ un an. On pensait que c'était la fin pour lui ; il est calme et intimidé par la vie. Il se présente – tout le monde est sous le choc. Il va bien. C'est un orphelin d'orphelinat. Avant la guerre, il avait acheté une chambre dans un appartement communautaire. Personne ne le cherche. Il ne va nulle part. Il ne travaille pas. Il a un peu d'argent. Il l'a probablement encaissé. Et de combien a-t-il besoin, au juste ? Juste pour se nourrir. Il court faire les courses le soir et reste tranquillement assis dans sa chambre. Il a toujours le choix. Et puis, seuls les chiens servent ; les humains travaillent.

La désertion massive de l'armée a des racines profondes dans l'histoire ukrainienne, remontant à la colonisation des régions orientales du pays au XVIIe siècle. Les vastes territoires steppiques connus sous le nom de « Champs Sauvages », de même que les colons venus de Russie centrale furent colonisés par des cosaques et des paysans ukrainiens fuyant l'oppression des seigneurs féodaux polonais et déterminés à n'obéir qu'à leurs atamans élus. Pendant un temps, ils bénéficièrent d'une autonomie et de privilèges vis-à-vis du gouvernement russe. Cet héritage s'exprima plus tard fortement lors de la révolution sociale de 1917-1918, qui suivit l'effondrement de l'armée tsariste. La dialectique de l'histoire reproduit en partie les deux étapes précédentes de la lutte des classes dans des conditions nouvelles.

Cependant, la description de la situation aux États-Unis par le WSWS est clairement applicable à la situation actuelle en Ukraine :

Le grand danger réside dans le fait qu'il existe toujours un fossé énorme entre l'ampleur de ces complots et le niveau de conscience populaire de ce qui se passe. Cela doit changer. Les actions de Trump ne bénéficient pas d'un large soutien populaire. Le peuple américain dans son ensemble ne veut ni dictature ni fascisme. Le sentiment général est celui de l'opposition, mais celle-ci doit être mobilisée, consciemment et collectivement.

Tant que les déserteurs ukrainiens resteront une masse amorphe et silencieuse, vivant l’instant présent et ne faisant confiance à personne d’autre qu’à leurs amis les plus proches, les meules de la mort continueront de tourner tandis que de plus en plus de gens seront kidnappés à la place de ceux qui se sont enfui.

(Article paru en anglais le 27 septembre 2025)


1« L’OCDE demande à l’UE que les dépenses de défense ne soient pas financées par la dette et met en garde contre la nécessité de réduire d’autres postes budgétaires ou d’augmenter les impôts »

2 BCE. (2025). Financial Stability Review. https://www.ecb.europa.eu/press/financial-stability-publications/fsr/html/ecb.fsr202505 0cde5244f6.es.html#toc6

3Initialement annoncé sous le nom de «  Plan ReArm Europe  ». Voir «  Déclaration à la presse de la présidente von der Leyen sur le paquet défense  », Commission européenne, Bruxelles, 4 mars 2025, et «  La Commission dévoile le Livre blanc sur la défense européenne et le plan ReArm Europe/Readiness 2030  », Commission européenne, Bruxelles, 19 mars 2025.

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