Son nom ne se voit dans aucune de ses marques,
de ses journaux, de ses télévisions, de ses sociétés :
Canal +, C News, Europe 1, Le Journal du Dimanche,
les magasins Relay. Tout cela, et bien d'autres choses
encore c'est lui. C'est lui qui avait embauché Cyril
Hanouna sur C8, en le payant 35 millions d'euros par
an. Lui, c'est Vincent Bolloré.
Bolloré n'est pas le seul milliardaire qui se paye
des journaux, des télévisions. En France, on connait la
famille Bouygues dans le bâtiment : elle possède TF1,
LCI, TMC, TFX. Le milliardaire Bernard Arnault est
dans le luxe, avec LVMH : il s'est payé Le Parisien,
Paris Match. Xavier Niel, qui détient Free, est dans Le
Monde, l'Obs. Rodolphe Saadé possède les gros
cargos CMA-CGM, mais aussi BFM, RMC, La
Tribune. La famille Dassault, avec ses avions de
guerre, tient le Figaro, Gala.
Tous, ils ont acheté des grands moyens d'information,
parce qu'ils savent que c'est un super moyen
de se donner une belle image. Si un journaliste ose
faire une critique sur ce qui se passe dans le monde du
patron, il ne fait pas long feu. Si au contraire, il en dit
du bien, il peut espérer une promotion. Et puis, quoi
de mieux qu'une chaine de télévision pour nous répéter
ce qu'ils pensent, heure après heure, jour après jour, et
peser sur notre manière de réfléchir. Il suffit aux
patrons de choisir les principaux journalistes : ensuite,
à eux de choisir de quoi ils parlent, et surtout comment
présenter les choses.
Tous, ils utilisent leurs moyens d'information
pour justifier tout leur système, le capitalisme, dont ils
profitent. Ils font tout pour éviter que nous en voyons
clairement le fonctionnement, les défauts. Ils
n'hésitent pas à dénoncer tel ou tel mauvais fonctionnement,
telle ou telle injustice. Mais ils le font toujours
en séparant soigneusement les problèmes. Comme si
ces problèmes n'avaient pas de rapport entre eux.
Alors que la plupart des aberrations, la majorité des
drames, sont dus aux mêmes règles, celles de leur
monde capitaliste : la concurrence partout, la recherche
du profit avant tout.
Bolloré, comme les autres, s'est fait du fric en
trichant, en corrompant : en Afrique, il achetait des
ministres, qui lui offraient en échange les ports de leur
pays. Après quoi, il les remerciait en leur offrant de
belles places dans ses sociétés.
Mais, depuis une dizaine d'années, Bolloré veut
aller plus loin que les autres. Il veut nous gagner, en
plus, à ses croyances personnelles. Il veut utiliser ses
radios, ses télés, ses bouquins et ses journaux pour que
nous soyons des millions à croire comme lui. Et ses
croyances, ce sont celles des catholiques intégristes. Il
le dit : "Si je ne crois pas en quelque chose, je ne le
mets pas sur mes antennes". Pour un de ses
présentateurs, "la religion chrétienne est chez elle en
France !" Sa chaîne CNews explique, du matin au soir
et du soir au matin, que la France est un pays qui va
mal, très mal ; et si cela va mal, c'est parce que l'on
manque d'ordre et de croyance en Dieu. Et la seule
religion qui vaille, c'est la catholique.
Monsieur Bolloré peut croire en ce qu'il veut. Il
peut, comme tout le monde, dire ses idées autour de
lui. Mais le système capitaliste lui permet, à lui, et pas
à nous, de toucher les têtes des gens par millions.
Même si nous ne regardons ni ses télés, ni ses
journaux, comment savoir si l'argument d'un voisin,
d'un ami, d'un collègue, vient peut-être de lui.
Ce système donne le vrai pouvoir à des gens
comme lui, parmi les plus riches des riches. Et nos
votes comptent finalement bien peu à côté, en face des
moyens énormes entre les mains de ces puissants.
Si les choses ne changent pas, si elles ne peuvent
pas changer sur le fond, c'est que leur système, le
capitalisme, nous enlève, à nous, population, le vrai
pouvoir de décider, de changer les choses, ne nous
laisse qu'un petit bulletin de papier, une fois de temps
en temps. Mais celles et ceux que nous pouvons élire
sont pris à leur tour dans des énormes administrations,
les machines du pouvoir des riches. Voilà
pourquoi changer les choses est devenu illusoire,
impossible. On ne peut plus compter sur le seul vote.
Notre seule force, en bas, est dans notre nombre.
Si chacun se met à faire circuler l'idée que c'est le
système capitaliste qu'il faut changer, si cette idée se
répand, elle peut devenir une force nouvelle qui
s'impose. Cela est bien sûr difficile au début. Cela va
prendre du temps. Mais lorsqu'une idée finit par
montrer qu'elle est juste, qu'elle est vraie, elle peut
gagner à toute vitesse. Elle peut devenir un vent
nouveau, qui balaie les anciennes règles, les vieilles
pratiques, tout leur monde d'injustices.
19/10/2025 L’Ouvrier n°422
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