jeudi 17 juillet 2025

Les résistances à l'informatisation du tertiaire.

 

Les résistances à l'informatisation du tertiaire.

 

La mécanisation 1960-1970.

Sur cette période voir les écrits d'Henri SIMON1 qui définissent avec beaucoup de clairvoyance les évolutions et mouvements sociaux de l'époque. L'informatique ''dite lourde'' est un véritable état dans l'état, isolé du reste du personnel, elle traite une masse d'informations qui lui revient des services. Le travail est de plus en plus standardisé on parle de taylorisation , des OS (Ouvrier Spécialisé) de la paperasse, Les rythmes de travail sont pour une partie du personnel ( perfos-vérif et codifieurs) très denses, et la charge de travail par employé augmente considérablement.

Les années 1970 passage de l’informatique centralisée au télétraitement décentralisé.

A partir des années 70, nous observons notamment dans la banque, le remplacement de l'informatique lourde (machines comptables électromécaniques) par de puissants ordinateurs centraux installés aux sièges. Ils furent d'ailleurs la cible des grévistes en 1974.

Les années 70 seront les années de résistance aux nouvelles technologies, le courant est si puissant que la fédération CFDT des Services éditera un livre portant le non « les dégâts du progrès » (ils en sont revenus depuis). Les grèves se succèdent les unes derrières les autres, grève de services entiers, grèves des archives dans les assurances, grèves au Mutuelles du Mans de 35 jours en 1971 et grèves généralisées (Sécurité Sociale en 1973, les banque, et les PTT en l974, les caisses d'épargne, les assurances en 1979. C'est surtout à partir de 1975 qu’apparaissent sur 1e marché les premiers traitements de texte et une résistance au travail sur écran, qui va se manifester systématiquement et même contre la DPO (direction par objectif) la mère des cercles de qualité .

Le télétraitement permet de traiter les informations de manière beaucoup plus rationnelle (gains de productivité très important) et ce malgré, que la masse de jeunes qui forme les gros bataillons du tertiaire passe une bonne partie de son temps à ''déconner'' pour prendre un terme général d'un descriptif certainement plus intéressant, indiscipline, sabotages... sont fréquents, la communication entre les services est encore très dense. Cependant l’usage, du télétraitement va mettre un terme aux déplacements internes (source d'agitation) les horaires mobiles aussi (puisqu'on ne se rencontre plus avant de bosser) pour échanger nos points de vue.

La Chape de plomb du QHS (Quartier Haute Sécurité) va nous tomber progressivement dessus, la gueule en face de l'écran et déjà tu ne croises plus les yeux de ton collègue d'en face, la déshumanisation se met en place. Le silence règne, et bientôt la machine absorbe ta vie, absorbe tes émotions, tes joies, tes rires, il ne reste plus que notre minable feuille de paye pour nous émotionner un peu. Cette déshumanisation va se traduire par le stress permanent, par un absentéisme, une démission, un dégoût sans pareil pour ce travail que l’on veut fuir comme la peste. Alors ces cons du capital veulent revaloriser notre vie au travail, comme si le travail c'était la vie. Après avoir brisé à l'aide de l'informatique les derniers vestiges de communication qui existaient dans les entreprises, les dirigeants d'entreprises à l'aide du marketing social et des responsable en communication veulent relancer la vie autour de leur problématique à eux ''la concurrence'' ''le profit'' ''le produit'',''la qualité'' le projet d'entreprise...

 




 

 

 

 

Tout cela, c'est déjà dépassé par la réalité de la crise, par l'ambiance de mort qui règne partout, par cette impression d'être à la fin d'une époque.


l'industrialisation (les années 80).

Des 1980, le secteur tertiaire s'industrialise, les organismes financiers ( banques, assurances) sont engagés dans un processus d'automatisation des traitements avec informatisation progressive des activités d'exploitation ( notamment par la divulgation du minitel). Le support papier va donc tendre à disparaître et des techniques comme le courrier électronique2 se substituer au réseau de communication habituel (PTT) et service courrier des entreprises.

L' archivage va être externalisé et les archivistes toujours les premiers à faire la grève disparaîtront.

Les dactylos aussi, voir la grève des AGP de 1975... A ce désastre pour l' ensemble des travailleurs va s'adjoindre une vague de changements structurels des sociétés et donc un redécoupage/ diversification de celle ci avec de nouveaux mode de gestion de type industriel.

Le « produit » devient le centre attractif, le fétiche autour duquel doit se recomposer la « communauté industrielle ». Nous vivons à l' époque du temps réel ou notre vie n' a jamais été aussi irréelle, ou le simple consommateur de produit « minitel » devient lui même une menace à domicile pour l' employé de bureau et autres... Le consommateur travaillant alors gratuitement.


La monétique comme méthode d'accélération de la rotation du capital.


Le temps de rotation du capital comprend le temps de production et le temps de circulation, le capitaliste s'efforce toujours de réduire l' un et l' autre.

La monétique ou monnaie électronique, est un moyen très efficace pour accélérer la circulation du capital et donc contribuer à une gestion plus rapide de la plus value.

C' est le capitalisme français qui le premier fut amené à se pencher ( entre 1970 et 1987) sur le phénomène de décuplement de l' utilisation des chéquiers.  Le traitement de plus en plus important de la liasse de chèques, allait amener les banquiers à la solution « informatique ». Le premier  avantage et le plus juteux est, nous venons de le voir est de contribuer à l' accélération de la rotation du capital. Le second permet d' enrayer l' excroissance de l' embauche d'un personnel administratif important, puis de passer à la phase de la réduction réelle de ces effectifs et charges annexes. Les machines et les nouvelles technologies (il faut le souligner ) concurrencent  toujours avantageusement l' homme source d'erreurs.

Les banquiers, vont donc procéder à une restructuration monumentale de tous les procédés de manipulation de l' argent. Ceci aussi bien localement qu' au niveau international ex: le système SWIFT qui relie les ordinateurs de centaine d'établissements. Sur le plan local les banques françaises vont coopérer pour tisser un véritable réseau de paiement à l' aide de cartes de plus en plus sophistiquées. Réseau unique au monde avec 11 500 distributeurs de billets.

1°) Regroupement autour de la carte bleue, automatisation du traitement des chèques ( plus de deux milliards chaque années) . C'est l'introduction de la ligne magnétique 'CMC7 » (rendue obligatoire par la loi en août 1970) qui a permis l' utilisation généralisée de trieuses automatiques. Généralisation de nombreux systèmes permettant d'accélérer le traitement de nombreuses opérations interbancaires:

a) Ordres de virement

b) Avis de prélèvement

c)Titres universels de paiement

d) Retraits de billets effectués sur les distributeurs automatiques de billets (DAB)

Échappaient encore à ce traitement les échanges de chèques qui représentaient 78% des opérations interbancaires. En 1984, le non échange de chèques était expérimenté dans plusieurs banques régionales. Il sera opérationnel en 1989 sous le nom de S.I.T. Système interbancaire de télécompensation). Le 1er janvier 1984, la dématérialisation des titres et valeurs mobilières est rendue obligatoire par la loi.

La productivité dans les banques et les assurances va faire un bond gigantesque3:

Entre 1972 et 1981, nous assistons au doublement du nombre des opérations bancaires et à l' accroissement des dépôts et crédits de 40% à 45% alors que les effectifs ne progresseront que de 16%. De même dans l' assurance, entre 1973 et 1981, le chiffre d' affaire des sociétés d' assurances va progresser de 36%, pendant que les effectifs n'augmentaient que de 10%.

2°) En 1985, nous assisterons à la fusion en un seul système des cartes bancaires. Ce qui va permettre à la banque d'accroître très rapidement le parc des distributeurs automatiques de billets. Celui ci sera multiplié par dix entre 1978 et 1987. Conjointement le nombre des cartes bancaires est multiplié par sept .

Le corps entier du traitement et de la circulation de l' argent va se dématérialiser pour ne devenir qu'un simple traitement d'une information. Pour accompagner ce mouvement toute une campagne médiatique est systématiquement utilisée pour que le citoyen utilise les nouveaux modes de paiements ( prélèvements automatiques, cartes bancaires, virements automatiques...) Des mesures incitatrices, amènent à doses homéopathiques bientôt 17 millions de porteurs de cartes. Le coup le plus efficace fut celui concernant une éventuelle facturation des chèques, le résultat fut immédiat, 7% d' émission de chèques en moins en 1987.

Contre coup lui aussi immédiat, la banque décide de licencier massivement.

Cette excroissance de l' utilisation du chèque en France a sa petite histoire cachée. Il faut se souvenir que c' est l' état lui même qui a rendu obligatoire en 1968 ( a partir d' un certain salaire) le virement bancaire des payes. Avec la généralisation de la mensualisation 4il résultat de cette opération, que le salaire des salariés devenait désormais du capital .

Licenciements et fermeture d'agences bancaires

En France,les agences bancaires maillaient tout le territoire, Paris comptait autant d' agence que de boulangeries, on estimait le nombre d'agences à 50 pour 100.000 habitants. Il était moitié moindre dans l' Europe. La banque en ligne va utiliser le consommateur à l' aide d'appli pour lui permettre de faire les opérations bancaires des salariés.   Dans les assurances, les statistiques entre 1996 et 2004 confirme la baisse des effectifs des non cadres, mais un accroissement du nombre de cadres par glissement (29,6% à 38,2%). En 2002 les effectifs de l' assurance était de 121400, il vont chuter à 119 400 en 2004, ils étaient de 117 000 en 1999. Dans les banques  41 % des collaborateurs sont des cadres en 2006, soit 10 points de plus en 7 ans. La part des cadres devrait continuer à augmenter dans les prochaines années, pour accompagner l’évolution des métiers ( sources R.O.MA. Et AFB)

Nous venons d' apprendre que les banquier vont remplacer les traditionnels DAB par des automates nouvelle génération plus polyvalents. Ces machines permettront non seulement de retirer des espèces, mais également de déposer des chèques et de l’argent liquide, réduisant au passage la nécessité de se rendre en agence. Conséquences les importantes fermetures d'agences bancaires.

La presse indique ;

Que sur 1 500 agences présentes sur le territoire, 500 seraient fermées d'ici à 2030. Selon une information des Échos, la banque BNP Paribas prévoit de réduire d'un tiers le nombre de ses agences d'ici cinq ans.21 mars 2025. HSBC France, Orange Bank, Ma French Bank... trois banques françaises vont fermer en 2024.La Banque Postale ferme ces agences en 2025 : des milliers de clients doivent réagir rapidement. La néobanque digitale lancée par La Banque Postale, fermera définitivement ses portes en 2025. Le déploiement de ces machines cash services commencera en juin 2025 avec l'équipement de 1000 sites, pour atteindre 3 000 automates opérationnels avant la fin de l’année. Chaque utilisateur pourra continuer d’accéder à son interface bancaire habituelle.

Le droit du travail s'adapte au précariat

1-Le Conseil du Personnel des Assurances Générales-Vie. Publié par le conseil du personnel des AG-Vie et par Socialisme ou Barbarie 1956 N°20.

 2-.Depuis la loi 2024-322 du 9 avril 2024, les convocations d'assemblée générale des copropriétés, et les procès-verbaux d'AG ainsi que les mises en demeure sont envoyées par voie électronique. Si les copropriétaires conservent le droit de recevoir les notifications par courrier postal;ils doivent en faire la demande au syndic. Précédemment c'était l'inverse.

3-Ce qui est contradictoire avec le constat de Robert Solow « on voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité »

4-Lissage de la rémunération, qui devient indépendante du nombre d'heures travaillées sur le mois. Pour un salarié à temps complet, c'est à dire travaillant 35 heures par semaine, le salaire mensuel sera égal au taux horaire multiplié par 151,67. Pour obtenir cette moyenne, on effectue le calcul suivant : 35 heures x 52 semaines / 12 mois = 151,67.La mensualisation résulte de l'accord du 10 décembre 1977 étendu par la loi 78-49 du 19 janvier 1978.

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    A  la question Pensez-vous qu’avec l’essor du télétravail, le secteur de l’immobilier d’entreprise va devoir se réinventer plus rapid...