mardi 8 juillet 2025

28. Le Militarisme (extrait de l' ABC du communisme de N Boukharine et Préobrajenski)

 

  1. Le Militarisme (extrait de l' ABC du communisme de N Boukharine et Préobrajenski)

La domination du capital financier, des banquiers et des syndicats se manifeste encore par un autre phénomène remarquable : la croissance inouïe des dépenses pour l’armement des armées, des flottes maritime et aérienne. Et c’est bien naturel. Aux temps passés, aucun de ces brigands n’aurait songé, même en rêve, à une pareille domination universelle. Mais maintenant les impérialistes espèrent réaliser leur rêve. Pour ce combat suprême, les grandes puissances rassemblent leurs forces. Pendant qu’elles dérobent le bien d’autrui, ces bêtes fauves s’observent mutuellement l’une l’autre, de crainte d’être mordues par l’autre. Chaque grande puissance fut donc obligée d’organiser une armée non seulement contre ses colonies et contre ses propres ouvriers, mais aussi contre ses concurrents en brigandage. Chaque fois qu’une puissance inaugurait un nouveau système d’armement, une autre cherchait à la dépasser pour ne pas rester en état d’infériorité. Ainsi commença la course folle aux armements : une puissance entraînait les autres. On vit naguère les entreprises gigantesques et les trusts des rois des canons : les Poutilovs, les Krupps, les Armstrong, les Wickers. Ces trusts de fabricants de canons encaissent des bénéfices énormes, nouent des relations avec les états-majors et, par tous les moyens, versent eux aussi de l’huile sur le feu, aiguisant chaque conflit : car de la guerre dépend la prospérité de leurs affaires.

Tel était l’aspect insensé de la société capitaliste avant la guerre. Les trusts nationaux se hérissaient de millions de baïonnettes ; sur terre, sur mer, dans les airs, tout était prêt pour une lutte universelle ; parmi les dépenses de l’État, le budget de la guerre prenait une place de plus en plus grande. En Angleterre, par exemple, en 1875, les dépenses militaires comptaient pour 38,6%, soit un peu plus du tiers, et en 1907-1908 pour 48,6%, soit près de la moitié de toutes les dépenses de l’État ; aux États-Unis, en 1908, elles représentaient 56,9%, c’est-à-dire plus de la moitié. De même dans les autres États. Le militarisme « prussien » fleurissait dans tous les grands « États-trusts ». Les rois du canon s’enrichissaient. Et le monde entier roulait avec une rapidité vertigineuse à la plus sanglante des guerres, à la tuerie impérialiste mondiale.

Particulièrement curieuse a été la rivalité entre les bourgeoisies anglaise et allemande. En 1912, l’Angleterre décida de construire trois cuirassés-dreadnoughts, chaque fois que l’Allemagne en construirait deux. En 1913, l’Allemagne devait avoir dans la mer du Nord 17 dreadnoughts, l’Angleterre 21 ; en 1916, l’Allemagne 26, l’Angleterre 36, et ainsi de suite.

Les dépenses pour l’armée et la flotte augmentèrent de la façon suivante :


Millions de francs

1888

1908

Russie

546

1.222

France

780

1.079

Allemagne

468

1.053

Autriche-Hongrie

260

520

Italie

195

312

Angleterre

390

728

Japon

18

234

États-Unis

260

520


En l’espace de 20 ans, les dépenses avaient doublé ; au Japon, elles étaient treize fois plus grandes. Immédiatement avant la guerre, la fièvre des armements était devenue insensée. La France dépensait pour ses besoins militaires : en 1910, 1.305 millions de francs ; en 1914, 1.924 ; l’Allemagne, en 1906, 1.242 millions de francs ; en 1914, 2.451 millions, c’est-à-dire le double. L’Angleterre s’armait plus formidablement encore. En 1900, elle dépensait 1.298 millions de francs ; en 1910, 1.804 millions, et en 1914, 2.090 millions ; en 1913, l’Angleterre dépensait, rien que pour sa flotte, plus que toutes les puissances réunies n’avaient dépensé pour la leur en 1886. Quant à la Russie tsariste, elle avait dépensé pour ses besoins militaires, en 1892 : 762 millions de francs ; en 1902 : 1.094 millions ; en 1906 : 1.376 millions ; en 1914, son budget de la guerre atteignait 2.535 millions de francs.

Les dépenses d’armements engloutissaient une partie énorme des recettes budgétaires. La Russie, par exemple, y consacrait presque un tiers de ses dépenses totales, et plus encore, en comptant les intérêts de ses emprunts.

Sur 100 roubles, en Russie tsaristes, étaient dépensés :


Pour l’armée, la flotte, l’intérêt des emprunts.

40 r. 14 kop.

Pour l’Instruction publique (13 fois moins)

3 r. 86 kop.

Pour l’Agriculture (10 fois moins)

4 r. 06 kop.

Pour l’Industrie, les Finances, etc.

51 r. 94 kop.

Au total :

100 roubles

De même, dans d’autres pays. Prenons la « démocratique Angleterre ». En 1904, sur 100 livres sterling, elle dépensait :

Pour l’armée et la flotte

23r, 80 kop.

Pour l’amortissement des dettes d’État et l’intérêt des emprunts

22r 50 kop.

Pour les administrations civiles

23 r 70 kop.

Au total :

100 roubles






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