« Islamophobie », le terme a envahi le discours
politique. Sa datation a été l’occasion d’une belle polémique.
Observatrice attentive des dynamiques religieuses actuelles,
Caroline Fourest avait cru qu’il était apparu fin années 70 /
début années 80. En fait, il avait été forgé au tout début du
XXe siècle. Cette erreur de datation, les islamobaratineurs n’ont
pas manqué d’en faire des gorges chaudes. Fouillant les archives
(plusieurs sont universitaires et donc payés pour ça), ils ont en
effet fini par découvrir que c’est vers 1910 qu’un certain
Alain Quellien avait forgé ce néologisme . Ensuite, le terme a été
repris vers 1912 par d’autres auteurs, il aurait circulé quelque
peu jusqu’au milieu des années 1920, avant semble-t-il, de
disparaître totalement de la circulation.
Dans les années 1980,
quand Caroline Fourest l’observe, ce n’est donc pas
« d’apparition » qu’elle aurait du parler mais de
« réapparition ». Donnons sur ce point toute la raison
aux islamobaratineurs et rendons-leur grâce de nous avoir fait
découvrir Quellien dont la lecture est bien intéressante :
elle montre toute la perversité du concept d’islamophobie.
La
personnalité même du fondateur du concept d’islamophobie est
finalement, bien embarrassante pour ceux qui l’ont exhumé. Aussi,
le présentent-ils tantôt comme membre d’une sorte d’amicale
d’« administrateurs-ethnologues » – amusant concept
qui sent le bricolage – tantôt comme un « orientaliste
français spécialiste de l’islam ouest-africain » . « Ah,
qu’en termes galants ces choses là sont dites » se serait
écrié Molière !
Article mis en ligne le 4 mai 2017
dernière modification le 24 mai 2017
Les sémites
Il se passe peu de journées sans que l’on n’entende parler
d’antisémitisme. Sont désignés par là des actes ou des propos
dirigés contre des membres ou des symboles (notamment les
synagogues) de la communauté israélite. L’expression est ainsi
employée au sens d’antijuif. Pourtant, les Juifs sont loin d’être
les seuls Sémites. Le terme a été inventé en 1781 par
l’orientaliste allemand August Ludwig Schlözer, à partir du nom
d’un des fils de Noé, Sem, pour désigner des langues dont la
parenté avait été établie dès le Moyen-Âge par les savants
juifs : l’hébreu, l’araméen, l’arabe. Les spécialistes ont
ensuite regroupés sous l’appellation de « sémite » tout un
ensemble de peuples qui, dans le courant du IIIe millénaire avant
Jésus-Christ, émigrèrent de la péninsule Arabique vers la
Mésopotamie, la Syrie, la Palestine, puis, vers 700 avant
Jésus-Christ, vers la corne de l’Afrique. Ils se caractérisent
par leur appartenance à une même famille linguistique, mais ne
présentent pas nécessairement d’autre parenté.
Aujourd’hui,
les peuples qu’on peut qualifier de sémites sont essentiellement
les Juifs et les Arabes, mais, dans l’Antiquité, on comptait
également les Assyriens, les Babyloniens, les Araméens, les
Cananéens et les Phéniciens. Les Sémites donnèrent
naissance à
des alphabets et à des dialectes qui se répandirent dans toute la
Méditerranée orientale, le Proche-Orient et l’Afrique du
Nord-Ouest.
L’araméen, langue du Christ et des apôtres, servit
de lingua franca au Proche-Orient pendant près de mille ans. Elle
fut supplantée par sa proche cousine, l’arabe, après l’Hégire
(622 après Jésus-Christ). Le syriaque est une forme tardive de
l’araméen d’Edesse, une région chrétienne d’Asie mineure,
qui exerça une grande influence dans la région à partir du IIIe
siècle après Jésus-Christ jusqu’à la conquête turque, vers le
début du XVe siècle. Comme l’araméen, l’alphabet syriaque est
composé de vingt-deux lettres, et, comme l’arabe, uniquement de
consonnes, les voyelles étant indiquées par des signes.
De nos
jours, les linguistes rattachent les langues sémitiques à un
ensemble plus vaste dénommé chamito-sémitique, qui englobe aussi
bien l’égyptien ancien que le copte (encore utilisé dans la
liturgie des chrétiens égyptiens), le berbère dans ses diverses
variantes (tamazight, tachelhit, chaouïa, tamasheq), le haoussa et
quelque deux cents autres langues tchadiques, le somali et les
langues apparentées, appelées couchitiques, ainsi qu’une
trentaine de langues, dites omotiques, parlées dans la région du
bassin du fleuve Omo, en Éthiopie. (jeune Afrique)
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