jeudi 8 août 2024

Des événements récents au Bangladesch (2024)


 

Ces derniers mois la situation répressive au Bangladesh, s'est considérablement accentuée. Dans la presse on parle de massacre plus de 300 morts . La première ministre, Sheikh Hasina a démissionné de son poste le 5 août 2024,puis elle a quitté le pays en hélicoptère.

Pour stabiliser la situation le président du pays a ordonné la libération de la cheffe de l’opposition ainsi , que des manifestants emprisonnés. Le chef de l’armée a, de son côté, assuré que le couvre-feu serait levé dès mardi et que les écoles et les commerces allaient rouvrir. Selon un premier bilan provisoire, cinquante-six personnes ont été tuées lundi lors d’une nouvelle journée d’émeutes.

Selon le journal le Monde : « Des discussions sont en cours pour former un gouvernement intérimaire, a annoncé dans la foulée, lors d’un discours à la nation diffusé par la télévision d’Etat, le commandant en chef de l’armée, le général Waker-uz-Zaman, qui a précisé que les représentants des principaux partis politiques du pays participaient aux discussions avec l’armée.

Le général a déclaré qu’il s’entretiendrait avec le président de la République populaire du Bangladesh, Mohammad Shahabuddin, avant d’affirmer être déjà entré en contact avec les principaux partis d’opposition et des membres de la société civile, mais pas avec la Ligue Awami du Bangladesh, dirigée par Sheikh Hasina. »

« Le président du Bangladesh, Mohammed Shahabuddin, a ordonné, lundi, la libération de l’ex- première ministre et cheffe de l’opposition, Khaleda Zia, ainsi que des personnes arrêtées lors des manifestations. Une réunion dirigée par M. Shahabuddin a « décidé à l’unanimité de libérer immédiatement la présidente du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), Begum Khaleda Zia » et de « toutes les personnes arrêtées lors des manifestations d’étudiants », selon un communiqué publié par les services du chef de l’Etat. »

L'Union Européenne qui a de nombreux intérêts au Bangladesch est intervenue ayant jugé « essentiel qu’une transition ordonnée et pacifique vers un gouvernement démocratiquement élu soit assurée » au Bangladesh Le chef de la diplomatie britannique a appelé « au calme et à la désescalade ». La diplomatie américaine exhorte également au « calme et à la retenue ». « Nous exhortons toutes les parties à s’abstenir de recourir à davantage de violences. Trop de vies ont été perdues ces dernières semaines et nous appelons au calme et à la retenue pour les prochains jours », a déclaré le porte-parole du département d’Etat Matthew Miller.

Comme ils étaient intervenus lors de la COVID pour protéger 'leur capital le plus précieux » les travailleurs

La réponse à la COVID et la relance à la suite de l’épidémie ont également été abordées. L’Équipe Europe (Team Europe) a mobilisé 334 millions d’euros pour la lutte contre la COVID-19 et la relance au Bangladesh, des fonds notamment destinés à préserver les moyens de subsistance des travailleurs des secteurs axés sur l’exportation. Sources

Le Bangladesh est le deuxième exportateur de textile mondial, comme toujours c’est le faible coût de sa main d’œuvre qui en fait un concurrent redoutable sur la scène mondiale. Ses 3.500 usines de confection représentent 85% des exportations du pays et emploient 4 millions de salariés. Ces usines fournissent en majorité des entreprises comme Marks & Spencer et Next. H&M, Levi’s, Zara, Asos, Primark, Uniqlo ou Gap. Ce faisant les ouvrières et ouvriers s' affrontent aussi bien au capital national qu'à celui international des firmes ci-dessus.


  • LA CLASSE OUVRIERE BANGLADAISE SE FAIT ENTENDRE
    VERS UNE NOUVELLE ETAPE DANS LA REVOLUTION ?

Alors que les patrons du textile appellent leurs ouvriers à cesser de faire la révolution et à la reprise du travail demain 7 août dans leurs entreprises, ils se montent très inquiets des trois derniers jours puisqu’au moins 67 usines textiles ont été incendiées par leurs ouvriers tandis qu’on voit apparaitre des slogans du type : « les étudiants ont obtenu leurs quotas, nous les nôtres ce sont des hausses des salaires, un blocage des prix de la farine, des légumineuses, de l’huile, de l’énergie ».

Il est difficile de mesurer exactement la situation car les dirigeants des principaux syndicats n’informent de rien ayant été des soutiens du gouvernement d’Hasina et aujourd’hui semblent plutôt choisir l’armée même quand ils ont eu des victimes de la répression dans leur rang comme le petit syndicat du NGWF, mais si la tendance qui se dessine là devait se confirmer, cela signifierait qu’on passerait à une toute autre étape de la révolution, une révolution sociale, une révolution ouvrière avec 3 500 usines et 4 millions de travailleurs rien que dans le textile, pas seulement pour la démocratie mais aussi contre le capitalisme.

Les patrons réclament donc la présence de la police pour assurer la reprise du travail mais les commissariats brûlent toujours, et l’armée en est obligée d’envoyer les troupes dites Ansar de protection des villages pour protéger… la police, tandis qu’au sommet de l’armée, elle-même ça à l’air de pas mal tanguer puisque un bon nombre d’officiers généraux viennent d’être limogés.

La plupart des incendies d’usines se sont produits dimanche 4 août. même si depuis, ça continue puisque des assaillants ont par exemple incendié mardi un entrepôt de Jhoot à Konabari, à Gazipur.

45 usines à Gazipur, 15 à Narayanganj et 5 à Savar-Ashulia ont été vandalisées et incendiées. Des usines de Coca-Cola et Envoy Textiles ont été également attaquées et vandalisées à Bhaluka à Mymensingh.
Lundi 5 août à midi, les assaillants ont incendié l’entrepôt propriété du militant de la Ligue Awami Cheikh Selim dans le quartier de Konabari à Gazipur. Avant cela, 10 à 12 usines, dont Jubair Spinning, Outpiece Spinning et DBL Ceramics, dans la région de Mauna, avaient été attaquées, vandalisées et incendiées dimanche dernier.

Abdullah Talha, directeur général (MD) du Noman Group Cluster-4, a déclaré que les attaquants avaient jeté des briques sur sa filature de Jubair.
Des insurgés ont également lancé des briques sur diverses usines d’Ashulia. Dans l’après-midi de dimanche, il y a eu un incendie dans le parc industriel Beximco PPE, Sinha Knit and Denim, Jhooter Godown de l’usine du groupe Ha-Meem et l’usine du groupe Sharmin à Kabirpur dans la région de Jirani. Et lundi, les assaillants ont vandalisé et pillé l’usine d’impression et d’accessoires Kazi à Savar. Parmi eux, le parc industriel Beximco PPE appartient à Salman F. Rahman, conseiller en industrie privée et en investissements du Premier ministre sortant Sheikh Hasina.

Quelques usines, dont Coca-Cola et Envoy Textiles de Mymensingh, ont été attaquées dimanche dernier. Salam Murshedi, ancien député de la Ligue Awami, est le directeur d’Envoy Textiles.
Tanveer Ahmed, directeur général d’Envoy Textiles, a déclaré que 400 à 500 ouvriers étaient venus attaquer ses usines. Ils ont vandalisé le portail principal et les caméras de vidéosurveillance. Par ailleurs, un commissariat de police qui voulait protéger l’usine a été passé à tabac.

A Narayanganj, les insurgés ont attaqué dimanche matin l’usine Eurotex dans la zone du marché de Shibu, et les travailleurs ont arrêté le travail puis toutes les usines se sont arrêté. Du coup, de peur d’une extension ouvrière de l’agitation , l’association des propriétaires de Panchabati Bisik Shilpanagar à Fatulla a donné aux ouvriers de toutes ses usines de confection. Des assaillants ont vandalisé plusieurs usines de la BCIC.
Enfin les entreprises, MB Knit Fashion, Avanti Color Tex, Mohsin Knit, Knit Garden, Euro Knit Sourcing, RR Fashion, Shanta Knit, Proud Textile, Shaon Knitting, Syed Knitting, Fakir Knitwear dans la région de Kayempur à Fatulla, Osman Knitwear sur le marché de Shibu. zone de Bisik Shilpanagar, IFS Texware, Euro Tex et certaines usines industrielles ont été aussi attaquées.

Mohammad Hatem, président exécutif du BKMEA, a déclaré : « 15 usines ont été attaquées et vandalisées à Narayanganj. (luttesinvisibles)

https://www.facebook.com/luttesinvisibles


Robert Bibeau

7 août 2024 à 10 h 25 min

Permalien

ANDREW KORYBKO
sur https://korybko.substack.com/p/analyzing-the-regime-change-sequence?utm_source=post-email-title&publication_id=835783&post_id=147404702&utm_campaign=email-post-title&isFreemail=true&r=1btk5u&triedRedirect=true&utm_medium=email

Voici comment tout s’est déroulé depuis le début des manifestations initialement pacifiques menées par des étudiants cet été contre la réimposition par le système judiciaire d’un système controversé de quotas d’emplois gouvernementaux jusqu’à la frénésie de terrorisme urbain qui a finalement forcé la dirigeante de longue date du pays à fuir pour sauver sa vie en Inde.

Les consommateurs d’informations occasionnelles ne savent pas grand-chose du Bangladesh, à part qu’il s’agit d’un pays d’Asie du Sud qui vient de connaître un changement de régime, mais c’est aussi le huitième pays le plus peuplé avec l’une des plus grandes industries textiles du monde et une position hautement géostratégique. Le Bangladesh borde les États du nord-est de l’Inde qui sont reliés au « continent » par le « cou de poulet », qui ne fait que 12 à 14 miles de large dans sa forme la plus étroite, et certains de ces mêmes États sont troublés par des troubles ethno-séparatistes depuis des années.

L’ancienne Première ministre bangladaise Sheikh Hasina était une alliée de facto de l’Inde, bien qu’elle cultive des liens étroits avec la Chine et les États-Unis. Elle partageait la vision du développement régional du Premier ministre indien Narendra Modi et a ainsi accordé à son pays des droits de transit à travers le sien pour faciliter le commerce avec ses États du nord-est. De plus, Hasina a empêché son pays d’être utilisé par des groupes militants apparentés qui sont désignés par Delhi comme terroristes, et elle a également réprimé les radicaux religieux.

Bien que l’économie bangladaise se soit rapidement développée sous sa direction, elle a eu recours à la main lourde pour maintenir la stabilité intérieure, ce qui a contrarié le nombre croissant de jeunes enclins à l’islam qui considéraient les poursuites judiciaires de son gouvernement contre l’opposition comme une « guerre juridique antidémocratique ». Les tactiques controversées des services de sécurité ont aggravé par inadvertance la dissidence nationale et ont finalement conduit à des sanctions ciblées de la part des États-Unis, qui devenaient déjà mécontents de leur numéro d’équilibriste multipolaire.

Au cours des quatorze derniers mois, ses liens avec les États-Unis se sont détériorés après qu’elle l’a accusée de fomenter un changement de régime contre elle en avril 2023, puis la Russie s’est dite préoccupée en novembre par le fait qu’elle pourrait orchestrer une révolution de couleur lors des élections de janvier 2024 que l’opposition a boycottées. Il y a moins de trois mois, Hasina a fortement laissé entendre que les États-Unis étaient le pays occidental qu’elle accusait de comploter pour créer un État chrétien supplétif dans la région après avoir rejeté sa demande d’une base navale.

Peu de temps après, la Haute Cour a rétabli fin juin le système controversé de quotas d’emplois du gouvernement, qui avait été déclaré illégal en 2018, ce qui a servi d’événement déclencheur pour mobiliser une grande partie de la population à descendre dans la rue contre cette décision. Ce mouvement a d’abord été mené par des étudiants, mais a rapidement été coopté par des membres opportunistes de l’opposition, des éléments de la société civile cultivés à l’occidentale et des radicaux religieux, ce qui a culminé dans sa démission et sa fuite cette semaine :

  16 April 2023: “Why’s The US Scheming To Carry Out Regime Change In Bangladesh?

* 26 November 2023: “Russia Warned That The US Might Orchestrate A Color Revolution In Bangladesh

* 10 January 2024: “The Outcome Of The Bangladeshi & Bhutanese Elections Gives India Strategic Breathing Space

* 28 January 2024: “The Bangladeshi Opposition’s New Narrative Is Meant To Maximally Appeal To The West

* 27 May 2024: “Bangladesh Warned About A Western Plot To Carve Out A Christian Proxy State In The Region

* 25 July 2024: “The Unrest In Bangladesh Isn’t A Color Revolution But It Could Still Easily Become One

* 5 August 2024: “Bangladesh Has Descended Into The Throes Of A Full-Blown Color Revolution

* 5 August 2024: “What’s The Best Way Forward For Bangladesh After Its Regime Change Surprisingly Succeeded?

* 6 August 2024: “The Post-Coup Political Violence In Bangladesh Bodes Ill For Its Future Direction

Les analyses qui précèdent documentent la séquence de changemnt de régime qui a eu lieu, qui s’est poursuivie après que le système de quotas a été réduit et a réussi grâce aux émeutiers qui ont parié que les forces armées ne recourraient pas à la force létale pour empêcher un grand nombre d’entre eux de prendre d’assaut le parlement et son palais. Des Bangladais moyens sans lien avec l’opposition, des radicaux religieux et des forces étrangères y ont également participé après avoir été furieux des images décontextualisées de la violence de l’État contre les « manifestants ».

Cette tactique est caractéristique des révolutions de couleur et a été employée par des émeutiers violents, que beaucoup soupçonnent d’être les alliés du Jamaat-e-Islami interdits par le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), ce qui a poussé les services de sécurité à utiliser la force létale en dernier recours pour rétablir la sécurité dans les rues. Ces personnes ont été rejointes dans les troubles après avoir vu ces images devenir involontairement des « boucliers humains » pour dissuader les services de sécurité de reproduire les moyens susmentionnés par crainte de tuer des manifestants pacifiques.

Bien que les médias sociaux aient été interdits et qu’un couvre-feu ait été imposé, beaucoup sont encore tombés sur ces images et un nombre incontrôlable de citoyens en colère se sont ensuite répandus dans les rues, forçant ainsi les services de sécurité dans le dilemme qui vient d’être décrit et les conduisant à se retirer. Hasina s’est enfuie lorsqu’il est devenu évident qu’elle ne pouvait pas compter sur les services de sécurité pour la protéger et soutenir le gouvernement qu’elle dirigeait. Des violences politiques et des attaques contre la minorité hindoue ont ensuite suivi.

L’Inde s’inquiète de la possibilité que le Bangladesh redevienne le pays hostile qu’il était sous le BNP, qui pourrait le voir à nouveau accueillir des groupes terroristes désignés par Delhi dans le cadre d’une guerre majeure par procuration contre cette grande puissance émergente. La haine du Pakistan envers l’Inde est bien connue, la Chine est impliquée dans un différend frontalier amer avec l’Inde, et les États-Unis sont furieux que l’Inde ne se soumette pas à être un vassal en se débarrassant de la Russie et en combattant la Chine en son nom, de sorte que tous les trois ont des raisons de la punir de cette manière.

Leurs intérêts pourraient donc converger au Bangladesh et constituer de graves menaces pour la sécurité intérieure et l’intégrité territoriale de l’Inde. Dans ce pire scénario, l’effet combiné de leurs politiques – qu’elles soient coordonnées ou promulguées indépendamment – serait de saboter l’ascension de l’Inde en tant que grande puissance, représentant ainsi un jeu de puissance majeur dans la nouvelle guerre froide. Il est trop tôt pour dire si cela se produira, mais cela ne peut pas non plus être exclu par l’Inde, qui surveille de près cette crise voisine.

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