vendredi 18 octobre 2024

Les Droits de l’homme bombardent la Serbie.

 



Pour le 50e anniversaire de l’OTAN, feux d’artifice sur Belgrade

Gérard Bad

Brochure d’ Echanges d’ octobre 1999

dimanche 1er janvier 2006

« Au 26e jour de l’opération « Force Alliée », une chose est sûre : le sommet atlantique de Washington, vendredi et samedi prochains, ne sera pas la fête attendue. Les feux d’artifice et les flonflons qui devaient célébrer le 50e anniversaire de l’OTAN ont été annulés. »
Le Figaro, 19 avril 1999

1-Introduction

Ce sont 19 pays qui sous la bannière de l’OTAN mènent la guerre dans les Balkans, et notamment contre la Serbie, ce qui est nouveau c’est que cette guerre est la première en Europe contre un état souverain depuis la 2éme guerre mondiale, que l’Allemagne s’engage dans des opérations militaires offensives, que la France bombarde dans le cadre d’une opération de l’OTAN et que la Grande-Bretagne réclame une intervention terrestre..

En dehors de tout le tintamarre médiatique, et des collectes (efforts de guerre, intoxication humanitaire) qui vont de la croix rouge à la mobilisation dans les écoles pour « le nationalisme Kosovar » c’est toujours les intérêts économiques, le sauvetage du taux de profit qui poussent les grandes puissances à s’unir contre les capitaux les plus faibles pour le partage du butin. Depuis la liquidation de Yalta et le démembrement de l’URSS, le repartage du monde est à l’ordre du jour des jeux diplomatiques et l’Allemagne est au centre des contradictions comme puissance montante. L’alliance est une alliance pour le dépeçage du bloc de l’Est, il s’agit de repousser la Russie vers l’Orient et de lui couper tout débouché directe sur la Méditerranée, pour y parvenir il faut établir un véritable rideau de fer autour de la Russie. Sur ce point, les capitalistes européens, comme nous allons le voir, sont d’accord pour s’approprier par la guerre et la destruction les restes des pays d’Europe de l’Est et d’Europe Centrale, mais ils redoutent comme la Russie que seuls les USA contrôlent les routes du pétrole vers l’Europe, ils auront donc tendance à soutenir la Russie et même pour certains à vouloir l’inclure dans l’Europe comme force militaire et ainsi voir émerger l’Europe Militaire capable de rivaliser avec les USA.. Une alliance Eurasie contre les USA c’est ce que redoutait Zbigniew Brzezinski dans son livre « Le grand échiquier », alliance qui permet (aux yeux des américains) de justifier aujourd’hui un budget de guerre colossal.

2- LA GUERRE COMME CONTRE-TENDANCE A LA CHUTE DU TAUX DE PROFIT

La baisse tendancielle du taux de profit, et surtout le ralentissement des possibilités de l’accumulation du capital sur une longue période, contraignent les capitalistes à une concurrence de plus en plus âpre à tous les niveaux : course à la « taille critique », concentrations, fusions, acquisitions d’entreprises... Tendance au renforcement de cartels mondiaux pour endiguer la chute du taux de profit . Ces mesures accélèrent du même coup, sur une base élargie l’accumulation du capital et donc toutes les contradictions du capitalisme. Les dévalorisations successives et les crises financières, bien qu’elles indiquent que le système est bien malade ( élimination de la pléthore de capital , c’est-à-dire du capital pour lequel la chute du taux de profit n’est pas compensée par sa masse), sont-elles aussi une manière de contrecarrer la baisse du taux de profit . Le capital n’est véritablement pas atteint, il se valorise toujours, mais toujours plus à la limite de ses possibilités, il est de plus en plus contraint de dévorer ses enfants pour survivre.

La guerre sous son aspect directement économique, est un investissement productif, dans le sens ou le but est de liquider ou de s’approprier le potentiel économique d’un autre pays, c’est à dire d’un capital moins puissant, de le mettre à genoux de l’endetter et de le tenir par les ficelles du FMI et de la Banque Mondiale comme une marionnette. Cependant la guerre coûte de plus en plus cher et en règle générale les capitalistes utilisent bien d’autres moyens de pression avant d’y avoir recours, le blocus, l’embargo, la déstabilisation politique, les coups d’Etats, guerre ethnique ( Afrique), les assassinats....

Le journal patronal « Les Echos du 21 avril 1999, sous le titre « La guerre par l’embargo », traduisait les angoisses de certaines entreprises face à la politique de l’ embargo ( spécialité américaine), qui finalement se retourne contre les capitalistes européens. « La célérité avec laquelle l’union européenne a annoncé la suspension des sanctions à la suite du geste de bonne volonté de Muammar Al-Kadhafi extradant deux suspects de l’affaire Lockerbie aux Pays-Bas, montre à quel point les Européens sont pressés de réintégrer ce pays dans la « communauté internationale. »

Lorsque, en 1980, les Etats-Unis demandent à l’Occident de faire le blocus de l’IRAN, puis de l’URSS, la réponse de Claude Cheysson membre de la commission européenne est très explicite :

« Nous ne sommes pas solidaires des américains, comme eux, nous avons nos intérêts et nous les exprimons parallèlement, souvent comme eux, lorsqu’ils discutent avec les russes, les américains s’expriment en terme de puissance ; puissance militaire, utilisation des autres armes dont ils disposent. Il y a bien longtemps que les américains parlent de l’arme alimentaire. Je n’ai jamais entendu dire qu’aucun de nos pays n’ait jamais utilisé cette expression de l’arme alimentaire. Je ne crois pas qu’il soit de l’intérêt de nos pays d’envisager le problème de l’alimentation du monde en terme de puissance. Nous n’avons certainement pas intérêt à ce que les circuits commerciaux dans ce domaine soient bouleversés, à ce que la pénurie alimentaire ( qui est la deuxième après l’énergie et qui se dessine dans la même perspective) soit aggravée par des modifications brutales des courants commerciaux, par des fermetures ou des ouvertures. Nous avons protesté contre le boycott pétrolier. A mon avis, nous devons avoir la même approche en ce qui concerne le boycott alimentaire...

Je serais très étonné que les pays européens ( il leur appartient certes de décider, ce n’est pas à la commission ou à la communauté européenne que la décision revient) envisagent de brandir cette arme » ( le monde du 15/01/1980

La guerre des Balkans , n’est pas suffisante en elle-même pour véritablement jouer sur le taux de profit global ( seules quelques entreprises , les cartels pétroliers, et les complexes militaro-industriels vont en bénéficier )1 le démantèlement de l’URSS n’y est pas parvenu , mais au contraire a miné les espoirs de certains capitalistes qui pensaient faire de bonnes affaires. Ce qui veut dire que la guerre entre l’OTAN et la Serbie est une guerre de position, on prend place et on se positionne pour un conflit plus large, certains parlent d’une guerre entre l’Europe et les USA, bien que cette éventualité n’est pas à écarter . Le journal le monde du 22 avril 1999 titrait : « guerre contre les serbes ou guerre contre l’Europe ? » avec comme commentaire que la guerre des Balkans serait destinée à briser « le dernier obstacle majeur aux puissances de l’argent utilisant le drapeau américain pour empêcher tout espoir d’une planète multipolaire : l’Europe ». L’autre éventualité, celle d’un arrangement entre les trusts les plus puissants d’Europe et ceux des USA pour le contrôle de la planète est tout aussi vraisemblable pour l’instant, l’objectif d’un condominium USA/ Europe est bien réel comme en témoigne « Le Monde diplomatique » .

« Mais le document signé au sommet transatlantique de Londres le 18 mai 1998, a un autre objectif : instaurer un condominium Etats-Unis - Union Européenne en mesure d’imposer sa volonté au reste du monde, et en particulier aux pays du Sud, dans les négociations qui doivent s’ouvrir en décembre à l’OMC . »Le journal « Le monde diplomatique » ( L’ AMI nouveau va arriver de Mai 99).

Pour que le conflit Europe/USA prenne un tour plus sérieux, il faudrait déjà que l’Europe se dote d’une armée Européenne2 , Jospin l’a évoqué à plusieurs reprise ; ce qui laisse entendre que la France est pour accélérer le processus. Une chose est certaine c’est que le conflit du KOSOVO vient , de mettre hors circuit l’ONU3 et le CONSEIL de sécurité. Ce qui prend comme signification, que l’on écarte « le parlement » au profit de l’exécutif « les forces de l’OTAN »4 , c’est donc un coup d’Etat militaire à l’échelle mondiale qui vient de se produire. Il est même possible qu’à l’avenir les USA fassent cavalier seul, c’est ce qui ressort du rapport annuel du département de la défense US.

« En tant que seule nation capable de mener des opérations à grande échelle intégrées ( c’est à dire polyvalentes) sur des théâtres très éloignés de ses frontières, les Etats-Unis occupent une position unique (...) ,Pour conserver leur suprématie, les Etats-Unis doivent entretenir des forces toujours prêtes à intervenir, polyvalentes et capables de mener une vaste gamme d’opérations et d’activités militaires. » rapport annuel du département de la défense US.

Déjà, en 1981 les Etats-Unis indiquaient clairement leurs objectifs :

« L’armée américaine doit être prête à déployer deux guerres de grandes envergures en même temps l’une en Europe et l’autre dans une autre région du monde par exemple le Moyen -Orient ».Weinberger secrétaire de la défense US juin 1981.

« La 3émé Guerre mondiale est-elle commencée ? » s’interroge dans le N°14 de Prométhée « la gauche communiste du PCF » si elle n’est pas commencée nous commençons à en connaître les contours et intérêts, avec toutes les hésitations et retournement d’alliance propres aux grandes guerres. Avec plus de 300 conflits depuis la seconde guerre mondiale ont peut même se demander si la seconde guerre mondiale a vraiment pris fin.

3- UNE GUERRE POUR LE CONTROLE DES SOURCES ENERGETIQUES.

Le démantèlement de l’URSS, a aiguisé les appétits des grandes puissances pour le contrôle des sources énergétiques des pays riches en hydrocarbures, notamment ceux qui bordent la mer Caspienne.
Les pays concernés par le contrôle de cette zone sont les USA, L’Europe, la Chine, l’Iran, la Russie et la Turquie. La Turquie fidèle alliée des USA et membre important de l’OTAN forte d’une armée de 639000 hommes , se proposait comme la Grande- Bretagne, dès le début de la guerre des Balkans pour une attaque au sol de la Serbie. Son objectif étant d’obtenir auprès des USA le rôle de second pour la maîtrise des routes du pétrole et du gaz des pays turkmènes de l’ex-URSS. Après plus de 70 ans d’absence de la région, les trusts pétroliers des grandes puissances reviennent au pas de charge .

Signature le 20 septembre 1994, du « contrat du siècle » d’un montant de 8 milliards de $ avec British Pétroléum, Amoco, American Exxon, Pennzoil, Unocal et le russe Lukoil (L’Iran est exclu de ce contrat par les USA). Ce Consortium International du nom d’ AIOC est une entente « pacifique » pour l’exploitation de 3 champs offshore situés en eau profonde (Azéri, Chirag et Guneshi). Après la signature de ce contrat des divergences au sein du pouvoir russe vont se manifester contre le Consortium International ; Bakou capitale de l’Azerbaïdjan fut menacée par la Russie de sanctions économiques. En effet un conflit important va opposer l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan à la Russie et au Turkménistan, les premiers considèrent les champs offshore au large des côtes comme dépendant de leur souveraineté, les seconds, s’appuyant sur des traités signés avec l’Iran en 1921 et 1940, estiment que la mer Caspienne s’apparente à un lac, et est propriété commune des 5 états riverains.
Le 13 novembre 1996, la Russie, le Turkménistan et l’Iran signent un accord prévoyant la constitution d’une société mixte chargée de la prospection offshore, et en mai 1997 le ministre des affaires étrangère du Turkménistan revendique les champs d’Azéri et une partie de ceux de Chirag ( la Nezavisimaia Gazetta du 30 mai 97).

La « guerre des oléoducs » va commencer,1 l’Iran va tenter de ramener de son côté les pays de l’Asie centrale et notamment l’Azerbaïdjan, en leur offrant un accès à un important réseau d’oléoducs. Les compagnies occidentales optent pour la filière turque qui transite par la Géorgie via la côte méditerranéenne turque. La Russie propose son réseau ( Bakou, Grozny, Tikhoretsk, Novorossisk, Touapse).

La politique des USA, et de l’OTAN ne cesse d’acculer la Russie, en s’attaquant à la Serbie alliée historique des Russes. Ils viennent de démontrer une fois de plus leur intention d’isoler complètement la Russie et de lui interdire les principales routes du pétrole et du gaz. Consciente de cette politique , la Russie comme nous allons le voir, va repasser à l’offensive.

4° - LES INTERETS DES GRANDES PUISSANCES
DANS CETTE GUERRE INTERNATIONALE.

Dans cette partie, nous allons développer notre analyse de la guerre surtout sur la Russie, la France et l’Allemagne ; la politique des USA est constamment indiquée dans l’ensemble du texte ainsi que l’importance de la Turquie et de la Chine...

LA RUSSIE REPASSE A L’OFFENSIVE.

Au moment de l’éclatement de l’URSS en décembre 1991, la menace d’une balkanisation de l’espace soviétique va précipiter la création de la C.E.I. La disparition de l’empire soviétique va donner naissance à quatre nouveaux états ( la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan. Ces pays ont en commun de posséder des armes nucléaires, vis-à-vis des ces pays, la Russie est la nation dominante, plus de 25 millions de russes vivent hors de ses frontières. Si la Russie le voulait, elle pourrait allumer, au nom de l’autodétermination des Kosovos en Ukraine, en Moldavie, dans les pays Baltes, au Kazakhstan ou les russes sont majoritaires. Si la Russie ne le fait pas, c’est qu’elle est sur la défensive et qu’en 1992 sa politique extérieure est complètement favorable à l’introduction du libéralisme et des valeurs occidentales (démocratie, droit de l’homme et économie de marché).
De plus, elle va se trouver après son éclatement aux prises avec une série de conflits dit « ethniques » ou les forces d’interposition ( mot à la mode) de la CEI et pas seulement de la Russie vont devoir intervenir ( Ostéite du Sud juillet 1992, Transnistrie juillet 92, Tadjikistan septembre 93) . Cependant dés 1992 par vote du parlement la Russie déclare « illégal et nul » le transfert de la Crimée (70% de russes) à l’Ukraine. La Russie veut encore séduire l’occident et se faire admettre de la « communauté internationale ».
La fin des illusions.
C’est au sommet de Minsk des 12 chefs d’états de la CEI ( le 22 janvier 1993) que les déboires commencent, l’économie russe est au point mort, et l’inflation toujours importante. Les russes ne vont pas tarder à avoir un certain ressentiment vis-à-vis de l’occident, l’aide se fait attendre et les dirigeants russes et surtout les militaires sont de plus en plus convaincus d’avoir « lâché la proie pour l’ombre ».
C’est dans l’amertume que la Russie perçoit son retrait d’Europe centrale et son recul général dans le tiers monde.
En 1993, quatre forces politiques sont en présence en Russie, ceux toujours confiants en l’Occident, ceux qui considèrent que l’ouest est l’ennemi éternel de la Russie et qui se prononcent pour une alliance avec les pays de la CEI, la Chine et l’Iran. C’est cette tendance qui semble l’emporter depuis. Ensuite, nous avons les ultra-nationalistes , pour qui le monde entier est contre la Russie et enfin les centristes démocrates qui voudraient la bonne entente avec tous.

La Russie va donc faire sentir à l’Occident et surtout aux USA qu’elle n’entend plus reculer d’un seul pouce. Elle va donc mener une double politique, d’une part elle va chercher à faire admettre aux instances internationales, son rôle de gendarme régional de la CEI . Le secrétaire du Conseil des ministres de la Défense de la CEI (Leonid Ivachov) considère qu’il faut un nouveau « pacte de Varsovie » pour défendre toute l’ex-URSS . De 1993 à 1994, la politique russe va s’affirmer dans ce sens et le 6 février la 201 éme division russe motorisée reste au Tadjikistan.

Le 18 février 1993, B. Elsine décrète l’embargo sur les fournitures d’armes et de technologies militaires aux états de la CEI, le 20 février, Soukhouni (Géorgie) est bombardé par les russes ; le 17 mars la Russie met fin à sa décision d’appliquer le prix mondial du gaz aux états de la CEI sortis de la zone rouble , c’est donc une faveur pour reconstituer le « Comecon ». Le 4juillet la Géorgie et l’Abkhazie sont menacées de rétorsions économiques si elles refusent un cessez -le-feu.. Le 3 septembre 93 l’accord de Massandra avec l’Ukraine va annuler la dette énergétique de celle-ci en échange de la restitution des ogives nucléaires, de la flotte de la mer noire et du port de Sébastopol qui sera confirmé le 6 novembre 93,avec la ratification de START-I par l’Ukraine.

La Russie effectue une véritable reprise en main de son empire, tout en jouant sur les contradictions Europe /USA / Tiers-monde En Octobre 93, l’Azerbaïdjan et la Géorgie adhérent à la CEI, le 3 mars 94 conclusion d’un accord économique d’intégration avec l’Ouzbékistan, et le 25 mars 94 la CEI obtient le statut d’observateur à l’ONU.

En Avril 1996, Boris Eltsine et Jiang Zemin signent un pacte militaire sans les Occidentaux et le Japon avec trois pays d’Asie centrale ( Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan) en dénonçant les prétentions de Washington à exercer un leadership mondial.
Au moment de la guerre du Kosovo , Eltsine donne l’ordre de pointer les missiles sur les pays de l’OTAN.
Clinton, suite aux opérations de l’OTAN sur le Kosovo a déclaré que l’opération pouvait se répéter « si nécessaire ailleurs en Afrique ou en Europe Centrale ». Quelques jours avant cette déclaration, l’Azerbaïdjan en conflit avec l’Arménie à propos de l’enclave sécessionniste à majorité arménienne du Haut-Karabakh (territoire azeri) a réclamé l’arbitrage de l’OTAN.

L’Azerbaïdjan a le soutien des USA et de la Turquie sous forme de conseillers militaires. Quant à l’Arménie, elle est armée par la Russie. But de l’opération : qui mettra la main sur les oléoducs du Caucase ?

Début juin 1999, débarquement des troupes russes, à la surprise de tous, sur l’aéroport de Pristina.

Le sommet de Cologne du 18 au 20 juin 1999 a officiellement voulu montrer, une réconciliation entre la Russie et l’Occident. En réalité, Eltsine attendait le nouveau prêt du FMI de 15 milliards de $ ; la conséquence sera la réduction des allocations pour le peuple russe. D’autre part Eltsine a engagé la Russie sur la voie d’une coopération russo-USA sur le nucléaire militaire. Des contacts russes avec l’OTAN sont à l’étude, des négociations sur le traité de désarmement Start-III et sur le traité antimissiles
(HBM) seront engagées à l’automne.

LA FRANCE VEUT SON ARMEE EUROPEENNE.

Il faut remonter à la guerre de Suez, pour « libérer le canal du nationalisme arabe », pour mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. En effet c’est après l’échec de la campagne d’Egypte ou les impérialistes franco-anglais bombardèrent Pord -Saîd ( 15 000 morts dans la population civile) qu’ils vont relancer l’idée de la CED ( Communauté Européenne de Défense) .
Les américains, qui avaient poussé à la guerre, jouèrent encore sur les deux tableaux . Tout en encourageant les préparatifs de guerre des trois puissances (USA, France ,Grande-Bretagne) ils restèrent dans l’expectative au moment du conflit afin de se faire bien voir des pays arabes producteurs de pétrole.Ceci explique pourquoi les européens ne se sont pas précipités au côté des USA dans l’affaire du minage du Golfe. Quand la France à la manière de Tatcher aux Malouines envoyait le porte-avion Clémenceau au Moyen-Orient, c’était pour démontrer que la bourgeoisie française était en mesure d’assumer non seulement sa propre défense mais aussi celle de l’Europe aux quatre coins du monde. C’est une constante de la politique de la bourgeoisie française aussi bien de gauche que de droite.

En 1991, lors de la Guerre du Golfe, Mitterrand va réaffirmer cette vision :

« Il faut que vous en soyez sûrs : protéger le droit dans le golfe au Moyen -Orient, aussi loin de nous qu’il semble sur une carte de géographie, c’est protéger notre pays » Message à la nation 17/1/1991.

Avec la guerre des Balkans, la question de former une armée européenne a fait l’objet d’une campagne médiatique franco -allemande, si durant les année 1950 la défense de l’europe était envisagée le plus à l’Est possible en autorisant l’armement de la RFA ( proposition américaine). Le Président de la République de l’époque René Pleven proposa le 24 octobre 1950 la création d’une armée européenne qui serait associée à des institutions politiques européennes. Les USA, pas très chauds pour cette initiative française acceptèrent de discuter du projet.

Pour les USA, la CED devait permettre la mise en place d’une armée européenne de défense sous commandement suprême de l’OTAN ( c’est-à-dire des USA.)comme cela vient de se produire dans les Balkans. Pour la bourgeoisie française, l’enjeu consistait à prendre la tête de la CED et ne pas laisser la RFA se relever avec l’aide des USA. Les USA étaient furieux et Foster Dulles menaça directement la France de procéder à une révision déchirante de leur politique étrangère. L’arrivée d’un militaire ( le Général De Gaulle) à la tête de l’état français, va confirmer la politique indépendantiste de la France vis-à-vis des USA, le 7 mars 1966, De Gaulle1 annonce au président Jonhson que la France se retire de l’OTAN. L’impérialisme français voulait voler de ses propres ailes, et avec la « FORCE DE FRAPPE » il va se doter de l’un des plus importants complexes militaro-industriels du monde. La Défense nationale et le poids du complexe militaro-industriel de la France a toujours été une pièce maîtresse de la diplomatie française, le leader du RPR J . CHIRAC aujourd’hui Président de la République disait le 23 janvier 79 :

« Lorsque nous voyons le débat européen se situer exclusivement en terme de comparaison économique, nous disons que ce n’est pas la bonne voie. C’est peut être la bonne voie pour l’Allemagne, à qui cela a permis de se hausser au rang des plus grandes nations du monde . Et nous avons pu le voir récemment je dirai avec quelque étonnement à la Guadeloupe. Mais ce n’est pas l’intérêt de la France, qui a d’autres atouts que sa capacité marchande ( elle doit en être bien consciente) et d’autres responsabilités internationales ».

Pour bien montrer, qu’elle ne renoncerait pas à son objectif, la bourgeoisie française avait pu se permettre de refuser le système d’alerte aéroporté de l’OTAN en se dotant elle-même de son propre réseau de « radars volants ».

Depuis, la bourgeoisie française a été contrainte de louvoyer, elle est depuis 1993 de nouveau membre de l’OTAN, en échange de cette participation la France de Chirac a essayé d’obtenir le commandement sud de l’OTAN ( celui qui couvre la zone des Balkans) les USA ont bien entendu rejeté cette demande parce que le but des USA est de neutraliser les ambitions françaises d’une Europe militaire indépendante. Le simple fait que le 4 décembre 1998, au sommet franco- britannique de Saint-Malo Tony Blair se déclare favorable à une armée européenne a provoqué la réaction suivante des USA : « nous ne voulons pas que l’identité européenne de défense sape la vitalité de l’OTAN »devait dire Madeleine Albright.

L’ALLEMAGNE VEUT SA MITELLEUROPA.

.Le capitalisme allemand depuis la réunification des deux Allemagnes s’implique de plus en plus dans des actions visant à regagner sa sphère d’influence de la Mitelleuropa3 au détriment de la zone slave2 . De plus il dispute à la France son rôle hégémonique dans la création d’une armée européenne indépendante à laquelle il veut collaborer d’égal à égal avec la France. Le dépeçage de la Yougoslavie mis en œuvre en 1991 par la RFA et les USA pour des raisons différentes, l’Allemagne ayant toujours son problème d’accès à la Méditerranée et les USA le contrôle de l’Europe et de la Méditerranée ( la route du pétrole vers l’Europe).
L’affaire du dépeçage commence en 1988 , quand Tudjman (futur président de la Croatie) rencontre Kohl pour envisager la création d’un état croate, par la suite les présidents croate et slovéne demandent le patronage de l’Allemagne pour tenir à Francfort une « conférence yougoslave », le patronage va plus loin, Bonn finance le HDZ, parti nationaliste de Tudjman qui renporte les élections. Le 25 juin 1991 les parlements slovéne et croate se déclarent indépendants, le lendemain la Deutsche Bank se dit prête à aider les deux républiques. L’Europe des 12 est divisée et plutôt opposée aux indépendances. Le 17 septembre la Macédoine devient elle aussi indépendante (après référendum). Fin 1991 le conflit entre les indépendantistes croates et l’armée fédérale augmente d’intensité ; le gouvernement allemand va livrer des chars et des obus à la Croatie5 et décrète le blocus complet du trafic vers la Serbie et le Montenegro. De Cuellar ( ONU) et Lord Carrington ( médiateur européen) mettent en garde contre une reconnaissance pouvant générer une guerre civile.

Le 23 décembre 1991, l’Allemagne reconnaît les deux Etats, le Vatican le 13 janvier 92, la CEE le 15 janvier 92, la Russie le 17 janvier, les USA le 7 avril et Israêl le 16 avril. Le 28 février 1992, le Référendum sur l’indépendance de la Bosnie imposé par la CCE déclenche la guerre civile.
L’Allemagne, il est bon de le rappeler, exporte aujourd’hui davantage vers le bloc de l’Est que vers les USA et dans l’ex-Yougoslavie elle est le premier importateur et exportateur .

En août 1995, c’est l’évacuation forcée des populations serbes de Krajina ( 200 000 personnes).

Depuis les événements n’ont fait que confirmer, cette volonté de l’Allemagne d’étendre ( avec l’approbation des USA) sa zone d’influence vers les pays de l’Europe de l’Est, comme ci les USA voulaient de cette manière faire éclater l’Europe en trois pôles : Europe du Nord avec la Grande -Bretagne à la tète, l’Europe latine ou du Sud avec la France comme locomotive, et l’Europe de l’Est avec l’Allemagne et la Turquie.

L’ALBANIE COMME PLAQUE TOURNANTE DES USA EN EUROPE.

L’ Albanie il faut s’en souvenir est le premier pays du bloc de l’Est à avoir intégré l’OTAN. Non seulement à l’intégrer, mais à offrir aux américains une véritable base militaire ; les séminaires et séjours d’officiers albanais aux Etats-Unis sont réguliers. Le Pentagone a affecté quelques millions de dollars de son budget pour militariser « La grande Albanie ». Depuis 1994 des avions espions du ministère de la Défense américain ainsi que la CIA utilisent les bases albanaises pour des missions de reconnaissance en ex-Yougoslavie (informations publiées dans le journal Courrier international du 7/12/95 sous le titre « Les marines accueillis à bras ouverts par Tirana »). De là à dire que les 9 millions d’Albanais des Balkans (deuxième communauté ethnique après les Serbes dans la région) servent comme les Kurdes de monnaie d’échange aux USA pour mener leur politique de « pacification » il n’y a qu’un pas à faire. Sali Berisha, l’avait ouvertement proclamé « Les Balkans sont en flammes. Il faut éteindre ce feu et le seul moyen d’y parvenir, c’est en assurant la présence de l’OTAN »2 .

L’éclatement voulu de la Yougoslavie, va modifier profondément les axes de communication de la région, l’axe traditionnel nord-sud est concurrencé par l’axe est-ouest qui va relier directement la Mer Noire à l’Adriatique , la Turquie à l’Albanie ( autoroute verte et voie ferroviaire). Cependant la construction du tronçon de voie ferrée entre la Macédoine et la Bulgarie va faciliter l’arrivée de l’Islam jusqu’au Kosovo (province serbe peuplée à près de 90% d’Albanais musulmans de souche).
De par leur histoire, les nationalistes serbes ne peuvent pas admettre de perdre ce territoire, qui est le foyer mythologique serbe depuis le moyen âge ; le Kosovo y fut le théâtre d’une bataille devenue l’une des épopées centrales de la tradition orale serbe pendant des siècles. Au cours de cette bataille, le roi Lazare et toute la chevalerie chrétienne, selon la tradition , préférant le sacrifice à l’esclavage livra bataille et y fut anéanti par l’armée ottomane . De plus économiquement, la Macédoine va devenir plus indépendante avec la réalisation des nouvelles liaisons et la Serbie va perdre un marché important, de même que la Grèce4 qui a un projet concurrent « Egnatia » du nom de la voie romaine qui reliait dans l’antiquité, le port albanais de Durrës à Salonique ( il a obtenu le financement des douze). ( source Le Monde du 22 avril 94)

5°-SUR LE DROIT DES PEUPLES A DISPOSER D’EUX-MEMES, ET L’AUTODETERMINATION.

Déjà au moment où Lénine posait sa revendication bourgeoise démocratique du « droit des peuples à disposer d’eux- mêmes » , le cycle des révolutions bourgeoises était clos et la 1ére guerre impérialiste en était la preuve. Il ne pouvait plus y avoir que des partages et repartages du monde. La question de la Pologne de l’époque 1848/1900 allait faire dire à Mehring :

« Le temps est passé où la révolution bourgeoise pouvait créer une Pologne libre ; à l’heure actuelle, la renaissance de la Pologne n’est possible que par la révolution sociale, lorsque le prolétariat contemporain aura brisé ses chaînes. » (T 6 des oeuvres de Lénine p 481 édt Moscou). Lénine va approuver ce texte avec certaines réserves révélatrices pour le futur.

Si la question nationale était morte dans les faits, ni la classe capitaliste, ni le prolétariat n’y ayant intérêt, la question nationale et le nationalisme se transformèrent en idéologie pour séduire la petite bourgeoisie et la paysannerie et surtout comme moyen réactionnaire pour écraser les révoltes de la misère. La grande vague des luttes de libération nationale n’a été qu’un étouffoir et une pure illusion pour les soit disant -peuples à libérer.
Le « droit à la libre disposition » aura pour conséquence d’affaiblir la révolution mondiale , le 1er congrès de l’Internationale est conscient du danger que signalait Rosa Luxembourg et que la pratique révolutionnaire prouvera :

« Les vainqueurs ont arraché à la Russie sans défense, des contributions et des annexions, ils ont utilisé le droit de libre disposition des peuples comme prétexte d’une politique d’annexions, en créant des Etats vassaux, dont les gouvernements réactionnaires favorisèrent la politique de rapine et réprimèrent le mouvement révolutionnaire des masses laborieuses » Thèses sur la situation internationale et la politique de l’entente 1ére Internationale Communiste page 22 édition MASPERO

Au lieu de resserrer davantage les liens du prolétariat mondial, de comprendre que la révolution amorçait une période de reflux, les bolcheviks élargiront le front uni mondial. L’ impérialisme, deviendra un super-capitalisme, que les prolétaires peuples et nation opprimés doivent combattre. Le monde n’était déjà plus divisé en classes, mais en termes hors classes « les grandes puissances » d’une part et « les opprimés de l’autre », les riches et les pauvres ( le nord et le sud aujourd’hui) dont le représentant le plus idyllique fut le guévarisme avec ses « allumons un deux trois Vietnam ». Plus les contradictions du capitalisme s’accentuaient, plus nous avions de nouveaux fronts, les non -alignés, puis la version chinoise du front uni mondial contre les deux super- puissances (USA/URSS) et depuis un certain temps une espèce de front contre les USA.
Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est justement un éclatement des états sous la pression du Capital qui se mondialise. Celui-ci va chercher dans l’histoire les moyens de diviser et rediviser le monde en fonction de ses impératifs économiques et politiques.

Aujourd’hui le Kosovo, demain le Québec, la Belgique entre Wallons et Flamands , l’Inde et le problème du Cachemire, L’Indonésie et le Timor ,en Amérique du Nord, entre la Colombie britannique, l’Alberta et L’état de Washington., le Turkestan oriental fait déjà appel à l’OTAN pour se scinder de la Chine (depuis la découverte de gisements de pétrole). Ces regroupements (Europe des 15) et ces éclatements prouvent justement que la question nationale n’a plus de sens, même pour la bourgeoisie, seuls des arriérés peuvent encore soutenir le « droit à l’autodétermination ».

Lénine sépare les nations et le capitalisme : « De libérateur des nations, le capitalisme impérialiste est devenu oppresseur des nations » (le socialisme et la guerre Tome 21 ,p 312) D’un côté existent les nations, de l’autre le capitalisme. Au 19 éme siècle , le capitalisme ne libérait pas les nations en général, il libérait la bourgeoisie. La nation est une catégorie politique du capitalisme. En 1914/18 et après, les luttes de libérations nationales ont toujours le même objectif,le repartage du monde en faveur du capital le plus puissant.

Lénine rattache la démocratie bourgeoise ( liberté des nations) à la révolution socialiste par le moyen de la lutte contre les grandes puissances. A la thèse de Parabellum (Radek) : « Toutes les questions nationales se posent dans le cadre de l’impérialisme », Lénine répond : « L’oppression nationale s’élargit et s’aggrave sur une nouvelle base historique » ( Le prolétariat et le droit des nations, Tome 21, p 423).

Alors que Parabellum comme Kievski, part du fait que nous sommes à l’époque de la révolution sociale et que les prétendus « intérêts nationaux » unissent les prolétaires à leur bourgeoisie, les isolent des ouvriers des autres pays et divisent le prolétariat mondial,Lénine prend l’impérialisme comme « base historique » mais le fait principal qu’il met en avant est l’oppression des nations en général., alors que pour nous l’impérialisme globalise le monde et met à l’ordre du jour la révolution sociale mondiale.

Il faut espérer que ce conflit, comme bien d’autres ajoutera un clou au cercueil de cette vieille revendication démocratique reprise tactiquement par Lénine pour isoler « les impérialistes », de même que cette « autodétermination » qui n’est faite que pour mettre un paravent aux véritables mots d’ordre internationaliste « l’ennemi c’est la bourgeoisie mondiale et le capital » , « défaitisme révolutionnaire » . Par conséquent il ne s’agit pas d’aider « les peuples » ni de revendiquer auprès de JOSPIN l’accueil de 100 000 Kosovars, ni de faire des quêtes pour soutenir l’effort de guerre, ni d’exiger l’armement de l’UCK. Il s’agit d’accentuer la lutte des classes dans chaque pays et d’en montrer le caractère mondial. La crise est aujourd’hui suffisamment profonde pour que l’aspect subjectif colle à la réalité objective. La guerre à laquelle se prépare le Capital c’est la guerre civile et ceci au travers de guerres ethniques ou autres, où la misère est poussée à se battre contre la misère avant qu’elle ne le déborde. On ne nous prendra pas au piège de l’intervention « humanitaire » et de « l’autodétermination ». D’ailleurs le « New York Times » du 11 juin 1999 nous donnait un avant-goût de ce que sera le « Nouveau Kosovo » c’est-à-dire le Kosovo sous la tutelle de la KFOR. Le Kosovo sera un « Etat sans taxes ni impôts » dont les monnaies officielles seront le mark allemand et le dollar américain.

6°- L’ETAT ET L’IDEOLOGIE JURIDIQUE.

Dans le texte qui va suivre, nous allons nous attacher à critiquer plus spécialement l’idéologie juridique. En effet, l’idéologie juridique n’est pas en elle-même le « Droit » ou la « Loi » elle est le véhicule moralisateur indispensable à son bon fonctionnement. Le rôle de l’idéologie juridique est de justifier en permanence le bien- fondé ( pour l’espèce citoyenne) des contraintes de l’Etat, à les présenter comme naturelles et indispensables à la sécurité du citoyen. Toutes les guerres sont parvenues à mobiliser les peuples au nom d’idéaux divers défense de la civilisation de la patrie, guerre juste, guerre antifasciste, guerre de libération populaire ou nationale...Depuis quelques temps, les guerres sont menées sous le couvert des droits de l’homme, du droit international humanitaire et depuis le Kosovo du droit d’ingérence humanitaire. La juridicialisation des guerres n’est pas nouvelle elle commence avec la Convention de Genève de 1864. Ce qui est nouveau c’est le côté arbitre et de gendarme mondial que le droit international veut imposer comme nécessaire « quand des peuples barbares procèdent à des guerres ethniques » ou que les sacro-saints droits de l’homme ne sont pas respectés ; et pour punir les méchants , la mise sur pied d’un Tribunal Pénal International....

Comme toutes les guerres se préparent sous le manteau de la paix, la guerre des droits de l’homme prend un visage humain, elle se veut non seulement civilisatrice , mais aussi humanitaire et justicialiste, elle ne vient pas pour tuer, mais pour départager « à son profit » les guerres des barbares au nom de la bible des droits de l’homme.

La bible juridique est donc enseignée par la civilisation, dés l’école primaire par les tenants de la laïcité. L’état de droit se veut neutre, sa religion le place comme dieu au-dessus des classes et des partis, il est le représentant, l’aliénation en acte, par la « démocratie » de la souveraineté du pouvoir du peuple.. L’état de droit reconnaît les classes y compris même les oppositions de classes ; ce qu’il cherche à faire en permanence s’est de concilier ces classes sur la base de l’exploitation millénaire de l’homme par l’homme. La politique contractuelle des organisations syndicales est l’acte premier de cette « fraternisation républicaine » entre les classes, le contrat de travail en est le second, entre l’acheteur et le vendeur de « force de travail » qui traite d’égal à égal « l’égalité républicaine » ,quant à la « liberté, » elle devrait s’arrêter là où elle entrave celle de l’autre. L’homme contraint de vendre sa force de travail n’est pas un homme libre.
Tout le monde sait ,que l’Etat, ses tribunaux, ses flics armés et ses flics sociaux, interviennent en permanence pour faire respecter « les libertés démocratiques », la sainte « liberté du travail », celle du « qui ne travail pas ne mange pas » qui d’est en ouest, du nord au sud défendue par la loi au nom des citoyens « libres et égaux en droits ». Que les individus soient inégaux socialement et économiquement, cela ne préoccupe pas l’état, puisque cette inégalité est le fondement matériel de la richesse et de l’accumulation permanente de celle-ci. Ce qui préoccupe l’état, c’est de maintenir en permanence l’aliénation égalitaire de sa sphère juridique, l’égalité de la société civile, l’égalité en droit. La fameuse et fumeuse égalité en droit ;fustigée aussi bien par Marx que Bakounine.

Marx dira de l’égalité qu’elle devait « servir ensuite à de pauvres cervelles pour fabriquer des systèmes » Le Capital, p 36

L’idéologie juridique, tend continuellement à morceler les conflits afin qu’ils ne puissent pas prendre un caractère de classe ouvert, elle fabrique tout un système de statuts pour créer des fausses oppositions et gérer au centre . Les plus connues sont : l’opposition entre secteur public et privé, entre l’école laïque et l’école privée, et en ce moment la mise en spectacle « des inadmissibles régimes spéciaux de retraites » que l’on oppose au secteur privé. L’idéologie juridique fabrique des dizaines de statuts, dans lesquels elle circonscrit les luttes de classes ( les sans papiers, les S DF, les CDD, les CDI, ...) le gestionnisme, avec ses droits spécifiques ne conduit qu’à l’échec ,à l’enfermement des luttes.

L’idéologie juridique, est entièrement au service de la propriété et donc du droit, mais elle pense qu’elle est la conscience du monde, et donc qu’elle est au-dessus de la propriété privée comme la religion et les partis sont au-dessus des hommes. L’idéologie juridique tend de plus en plus à s’autonomiser, elle s’est investie en tant que conscience de l’état d’un rôle humanitaire qui maintenant transgresse les états, elle veut ses croisades et ses nouveaux croisés. Mais le droit, nous le savons n’est rien de plus que la codification artificielle du pouvoir d’une classe sur un autre à savoir une dictature, le pouvoir du peuple n’est que le pouvoir sur le peuple pas d’illusion à avoir sur cette question, la démocratie en tant que système perverse à montrée ses limites, il faut passer à autre chose.

POUR CONCLURE :

Comme vous avez pu le constater, notre texte est principalement centré sur les contradictions au sein même du monde capitaliste1 Nous avons volontairement mis en exergue les rivalités des grandes puissances ( rivalités entre gangs capitalistes) afin de démontrer que la guerre « pour la libération du Kosovo » n’est qu’un leurre et qu’elle masque des intérêts « humanitaires » d’un autre genre . Nous savons depuis longtemps, que toutes les guerres nationales , toutes les guerres ethniques et régionalistes ne sont que l’expression des rivalités économiques des grandes puissances et des puissants pour relever le taux de profit, pour s’approprier des matières premières et des hommes à exploiter ou une zone stratégique sur l’échiquier géopolitique international. Nous n’avons jamais mordu aux théories « du droit des peuples à disposer d’eux- mêmes » car en fait il ne s’agissait que de disposer d’une « bourgeoisie nationale » qui allait négocier sa place de sous-fifre dans l’arène internationale ( après avoir liquidé les communistes et autres révolutionnaires ) et dont la première préoccupation est d’exploiter sans merci son propre prolétariat et de le déporter vers les pays riches pour avoir des devises.( les exemples ne manquent pas .)
Actuellement, le monde entier est en crise sociale et c’est cette crise que la guerre veut dénouer avant qu’elle ne se retourne en guerre civile révolutionnaire contre le désordre capitaliste. , peu importe le prétexte qui engendre la ou les guerres ( de repartage du monde, de libération des peuples, de guerre juste , de guerre humanitaire, antifasciste..) Le caractère fondamental des guerres actuelles a pour essence la division en classes de la société et du fait de cette division pour l’exploitation de l’homme par l’homme, toutes les guerres ont pour finalité le maintien du régime d’exploitation, soit par la destruction du potentiel économique de l’adversaire ( le prolétariat en fait partie ) ,soit par la soumission du prolétariat, qui alors va servir son nouveau maître.
Soit la guerre bourgeoise se transforme en guerre civile révolutionnaire, en guerre de classe et alors nous voyons les armées « adverses » s’associer pour régler son compte au prolétariat ou précipiter les accords de paix ( Il suffit de voir comment la France humanitaire procède vis-à-vis des déserteurs serbes.). Dans toute guerre, il nous faut donc mettre en avant les actes allant dans le sens de la guerre de classe, et bien délimiter notre camp : le 3éme camp.

« La nationalité de l’ouvrier n’est pas française, ni anglaise, ni allemande, c’est le travail, l’esclavage libre, le marchandage de soi-même. Son gouvernement, n’est pas français, ni anglais, ni allemand, c’est le Kapital. Son atmosphère natale n’est pas française, ni anglaise, ni allemande, c’est l’atmosphère de l’usine. Le sol qui lui appartient en propre n’est pas un sol français, ni anglais, ni allemand ; il se trouve quelques pieds sous terre » ( Karl Marx-1845 ).

Gérard Bad (rédigé entre juin et août 1999)

Le coût des guerres au XXéme siècle
( en milliards de dollars de 1995.)
CONFLITS COUTS
Première guerre mondiale 2850
Deuxième guerre mondiale 4000
Guerre de Corée 540
Guerre de SUEZ 13
Guerre du Vietnam 720
Guerre des 6 jours israëlo-arabe 3
Guerre du Kippour 21
Guerre d’Afghanistan 116
Guerre Iran-Irak 150
Guerre des Malouines 5
Guerre du Golfe 102
Guerre des Balkans 20
Source : International institute for strategic studies. Sauf pour les Balkans qui sont d’autres sources

Epuration ethnique ou épuration sociale,
le système capitaliste sème la mort et s’en vante.

Le capitalisme, lui qui chaque jour engendre l’exclusion, c’est- à -dire la mort lente de millions d’être humains « libérés du travail salarié » ou ne trouvant pas à se vendre, le capitalisme veut nous faire pleurer sur des notions de peuple de nation, de races, de religions...Sa soit -disante égalité en droit. Le pays capitaliste le plus puissant du globe utilise l’arme alimentaire pour faire crever des millions d’hommes femmes et enfants . De retour de Yougoslavie, l’ancien ministre de la justice des USA Ramsey Clark écrivait « (...) ces cibles confirment ce que les Etats-Unis ont maintenant annoncé, qu’ils frapperont l’alimentation, l’énergie et d’autres produits essentiels aux civils. L’usage de la faim comme arme est, bien sûr, interdite par la Déclaration Universelle des Droits de l’homme et le Protocole I additionnel de 1977 aux Conventions de Genève » (extrait de la lettre adressée le 5 avril 1999 à tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU. )

Le 9 avril 1948, les groupes terroristes sionistes Irgoun et Stern vont exterminer la population de Deyr Yassin prés de Jérusalem . Parmi les morts 25 femmes enceintes, 52 mères avec des bébés et plus de 60 femmes. Menachen Beghin ( prix Nobel de la paix) dirigera l’assaut du village dont il donnera l’explication suivante :

« Non seulement il fut justifié, mais, si la victoire de Deyr Yassin n’avait pas été obtenue, l’Etat d’ Israël n’aurait pas été constitué... La panique gagna les Arabes... L’impression créée par le massacre de Deyr Yassin équivalut à la force de six régiments militaires. Les Arabes commençaient à fuir, tout terrorisés, avant de s’affronter aux forces juives... Le massacre de Deyr Yassin nous a particulièrement aidé à libérer Tibériade et à envahir Haifa. » Beyrouth 1982.

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