Le discours prononcé 20 septembre 2024 à Washington1 par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne et ancienne directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), est révélateur de l' inquiétude des milieux d' affaires .
Si précédemment Christine Lagarde pensait que la crise était derrière nous, cette fois elle inaugure une nouvelle explication en traçant des parallèles entre les années « 1920 et 2020 ».
Ce que le discours de Mme Lagarde indique dans ses comparaisons d' époques, c'est le rôle central jouer par les découvertes technologiques, découvertes devant chambouler régulièrement le monde. La fameuse « destruction créatrice » de Schumpeter.
« La deuxième transformation majeure au cours de cette période ont été les progrès technologiques rapides. Si la fragmentation avait constitué un pas en arrière, la technologie, elle, enregistra des progrès indubitables. Mais ces progrès déclenchèrent une série de changements dans l’économie et les marchés financiers, qui placèrent les banques centrales devant de nouveaux défis.
L’innovation accéléra rapidement à cette époque, essentiellement sous l’effet des avancées réalisées pendant la guerre. Ces développements entraînèrent l’introduction de nouvelles machines à bien plus grande échelle qu’auparavant. Les progrès les plus évidents furent ceux provoqués par le moteur à combustion interne – la ligne d’assemblage pionnière de Henry Ford – et par le réseau et le moteur électriques.
Le boom technologique entraîna des gains de productivité rapides. En Grande-Bretagne, par exemple, il fallait l’équivalent de cinquante-cinq semaines de travail d’un employé pour produire une voiture dans les usines de l’Austin Motor Company en 1922, contre dix seulement en 1927. Pour l’Europe dans son ensemble, le taux moyen de croissance de la productivité passa à plus de 2 % par an entre 1913 et 1929, contre environ 1,5 % par an entre 1890 et 1913. » (Discours de Christine Lagarde, présidente de la BCE, à l’occasion de la Conférence Michel Camdessus sur l’activité de banque centrale organisée par le FMI en 2024
Ici on remarque que la guerre est salvatrice, et permet des gains de productivité c' est à dire une diffusion plus importante de la machinerie pour l' extraction de la plus value relative. Macron est visiblement d' accord avec cette ineptie de guerre salvatrice :
« Lors de sa visite d’Eurenco à Bergerac, le 11 avril 2024, Macron a affirmé, satisfait, que l’économie de guerre créait richesse et emplois. Il considère donc que la mort et la destruction sont éminemment rentables. Et somme toute, tel est le but suprême recherché par tout bon administrateur des affaires capitalistes ! Quant aux esclaves salariés, ils ne sont considérés que comme chair à exploitation et à canon, et bien c’est ce qu’ils sont, qu’on se le dise ! Mais il ne s’agit encore là que d’un effort très modeste qui doit nécessairement se déployer grâce et par la politique de terreur et d’intimidation devant convaincre les classes subalternes du bien fondé d’une telle politique.
« La France a ainsi passé commande pour 20 milliards d'euros d'équipements militaires en 2023, un tiers de plus que les années précédentes, et les commandes export s'accumulent. Paris attend notamment la livraison de 1500 missiles antichar MMP, de 55.000 obus et pour les missiles anti-aériens, de 300 Mistral, 500 Mica-NG et 220 Aster. »2 (le Figaro)
La politique fiscale au niveau de l'OCDE.
Le discours de Mme Lagarde va mettre l' accent sur la politique fiscale au niveau mondial, ce n' est pas neutre et il faut s' attendre à une mise à contribution des dites classes moyennes plus intense. A ce niveau la France très endettée sera le premier pays de l' UE à promouvoir cette ponction à l' échelle mondiale, en réalité au niveau de l' OCDE.
« De l'autre côté de l'Atlantique, dans un discours prononcé en Irlande, la première directrice générale adjointe du FMI, Gita Gopinath, a mis en garde contre la crise qui s'aggrave dans les finances » publiques à mesure que les dettes s'accumulent.
Gopinath a déclaré que l’objectif de sa conférence était de promouvoir un « changement stratégique dans la politique fiscale mondiale » pour garantir que les gouvernements disposent des ressources nécessaires pour « lutter contre la prochaine crise ».(Discours Lagarde extrait).
Ce n' est pas la première foi que les USA interviennent pour imposer une super taxation, alors que les GAFA ne cessent de se faire une rente de situation sur les peuples d' Europe.
En 2021, Joe Biden avait dévoilé son programme de taxation pour financer la transition énergétique et les infrastructures, soit plus de 2000 milliards de dollars.
Pour le financer :
« Il prévoit notamment une augmentation du taux d'imposition des sociétés de 21 à 28%. " Si les Etats-Unis augmentent leur taxe fédérale à 28%, à laquelle il faut ajouter un taux propre à chacun des états, la taxation des entreprises américaines s'élèverait en moyenne à 32,4%. Les Etats-Unis risquent ainsi de devenir l'un des pays dont le taux d'IS facial est le plus élevé. Il est possible que par un effet de retour de balancier, certains groupes préfèrent s'installer en Europe " (Frédéric Teper, associé du cabinet Arsene, spécialisé en fiscalité internationale des entreprises.)
La solution est donc d'augmenter le taux de taxation en Europe,c'est tout le discours actuel du nouveau premier ministre Michel Barnier en France qui prétend « faire payer les riches » :
« l’effort » des grandes entreprises et des plus fortunés sera « ciblé et limité dans le temps »
Tout ce discours consiste à masquer que les Etats-Unis et les pays européens veulent trouver un accord sur un taux d'imposition minimal des entreprises 3afin d'instaurer des règles du jeu internationales plus équitables et régler les problèmes posés par les paradis fiscaux.
Les Etats Unis veulent un taux minimal d'impôt sur les bénéfices dans le monde de 21 %, soit presque le double des 12,5 % escomptés par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Mais aux dernières nouvelles l' OCDE vient de lâcher prise et accepte de taxer le patrimoine :
« l'OCDE suggère aux Etats d'adopter des mesures pour supprimer les dépenses fiscales sont source de distorsions et accroître les recettes provenant des impôts indirects, des taxes environnementales et des impôts sur le patrimoine dans de nombreux pays". L'OCDE appelle à augmenter la fiscalité sur le patrimoine .
Voir aussi ;Les remèdes du docteur Joe Biden : la relance de la consommation et la révolution fiscale.
Qui paye ses dettes s' enrichit
Tel est un verset biblique, qui ne concerne pas les Marxistes surtout quand il nous faut rembourser les dettes des capitalistes.
"La dette publique, en d'autres termes l'aliénation de l’état qu'il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l'ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c'est leur dette publique." (K. Marx T 1 p 721 du Capital éd. Moscou)
En définitive, le peuple doit servir de garantie aux préteurs de tous bords, d' autant que la dette est devenue elle même un produit financier par le truchement de la monétisation de la dette publique
On vend de la dette comme de la barbe à papa en foire. Il en résulté que depuis déjà quelques années une dévalorisation permanente des valeurs travail, et une sur-accumulation du capital fictif.
En dehors de la planification de la fiscalité des entreprises et du patrimoine, les taxes et ponctions diverses vont toucher le peuple au sens large. Les dépenses sociales sont déjà dans le collimateur de l' état, le report de l'indexation des retraites sur l'inflation du 1er janvier au 1er juillet 2025.Les dépenses de santé de l' assurance-maladie, seront cadrées et ne devront pas dépasser 2,8% en 2025.
Les collectivités locales devront, elles, lisser leurs dépenses, après avoir été accusées par le gouvernement sortant d’avoir contribué au dérapage du déficit public en 2024. Une baisse des effectifs de 100 000 emplois.
L' éco-paupérisation, elle vise les transports polluants notamment les véhicules thermiques, le secteur aérien français qui s’attend à être taxé à la hauteur d’un milliard d’euros supplémentaire. Des économies supplémentaires de 5 milliards d’euros seront demandées aux ministères
La non-revalorisation des crédits en fonction de l’inflation se traduira par une diminution d’environ 15 milliards d’euros pour les 1,5 milliard d’euros en faveur de la transition écologique.
Le tout devant atteindre 60 milliards d' euros.
VOIR AUSSI
Crise financiere-Ils veulent tous sauver le noyé en lui faisant boire de l' eau.
G.Bad
NOTES
1P ar Christine Lagarde en l’honneur de l’ancien directeur général du FMI. Michel Camdessus
26Sur le site web : https://www.lefigaro.fr/societes/economie-de-guerre-macron-en-dordogne-pour-une-future-usine-de-poudre -20240411
7Sur cette importante question nous avons publié un texte : « Impérialisme et anti-impérialisme...Formules de confusions »
dans notre revue Matériaux Critiques N°2 ainsi que sur le site : https://materiauxcritiques.wixsite.com/monsite/textes
3Depuis son accession à l'Elysée en 2017, le président Emmanuel Macron a en effet fait passer l'impôt sur les sociétés de 33,3% à 25% environ.
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