vendredi 12 juillet 2024

Nucléaire: Il faudra combien de catastrophes pour le rayer de la carte

 

18 juin 2015

merkel_carnaAu moment où une catastrophe nucléaire touche le Japon, il est bon de rappeler qu' Angela Merkel s'était inclinée devant le lobby  du nucléaire ( une affaire française). Elle entendait ainsi mettre son pays sur la voie d' une véritable « révolution énergétique ». Les événements catastrophiques qui se déroulent au Japon, et les manifestations monstres en Allemagne, lui font, avant le cirque électoral, faire volte face. Mardi 15 mars 2011, la chancelière, déclarait  que les sept réacteurs nucléaires les plus anciens allaient être arrêtés durant trois mois. Ces réacteurs, fabriqués sous une licence de General Electric, seraient comparables à celui de Fukushima.L 'article ci- dessous ce veut un rappel sur les raisons de la politique française du tout nucléaire.

 Force et limites de l’activité économique de l’Etat.

- Quand l’Etat, prend le relais de l’entreprise privée il le fait en tant que communauté de destin d’individus , séparés et mutilés de la sphère du citoyen du monde marchand. Le destin de toute communauté est de se reproduire et donc l’Etat a pour fonction centrale de reproduire et de maintenir les rapports sociaux existants. C’est-à-dire en ce qui nous concerne ici, l’Etat se doit d’intervenir pour favoriser la reproduction du capital et donc le travail productif de plus-value.

- C’est ce qu’il va faire, en militarisant l’économie française et plus encore en introduisant le programme nucléaire français. La militarisation de l’économie indique que le MPC du pays concerné est de plus en plus dépendante des marchés d’Etat, c’est-à-dire des interventions de l’Etat qui permettent aux groupes financiers d’obtenir des débouchés de plus en plus importants, les aidant ainsi à devenir hégémoniques sur le marché après avoir éliminé leurs concurrents. Les interventions de l’Etat sont de plusieurs types : soit un apport financier direct, qu’il soit appelé aide, prise de participation, ou nationalisation, soit un marché. L’ exemple le plus récent est le programme d’aides à Airbus pour l’A380 « Les investissements prévus par l’Etat pour les aménagements fluviaux et routiers devraient se monter à 180 millions d’euros, dont environ la moitié doit revenir à la charge de d’Airbus. (...) Ces avances de l’Etat seront accordées aux taux actuels pratiqués sur les marchés, ce qui devrait lui rapporter des intérêts s’élevant au total à 30,5 millions d’euros. » (La Tribune du 11 mars 2002)

Ici je vais volontairement m’en tenir au rôle des marchés d’Etat. Produire des armes, c’est produire des marchandises dont la valeur n’est pas réalisée sur le marché quand il s’agit de commande d’Etat. Pour les armes vendues sur le marché mondial, elles deviennent des marchandises comme les autres et rend possible leur réalisation (vente). La production d’armement, consiste donc à investir, à l’échelle de toute la société, une partie de la plus-value à des fins improductives, dans le procès de production ( la production capitaliste je le rappelle étant toujours la production de plus-value et pas une production de telle ou telle valeur d’usage). Si pour les groupes industriels qui produisent des armes les commandes de l’Etat viennent en même temps soutenir leurs exportations, pour les autres industriels ces commandes improductives sont autant d’entraves à l’autofinancement de leur secteur. Il en résulte des contradictions qui se manifestent au sein même du gouvernement et de l’appareil d’Etat. A la différence des commandes d’armes, les marchés d’Etat ne concernent pas obligatoirement des dépenses improductives, mais le corps des fonctionnaires et les marchés qu’ils génèrent sont parasitaires. Bien qu’ils fournissent des débouchés important aux industriels qui se chargent : de la construction des bâtiments, ou des gilets pare-balles pour les flics...

- Que les marchés d’Etat soient improductifs ou non, ce qui importe pour le capital c’est que les commandes de l’Etat soient stratégiques et soutiennent les industries de pointes. Leurs caractéristiques est que généralement ils sont liés à la concurrence que les industriels rencontrent sur le marché mondial. Avec un peu de recul, nous pouvons nous rendre compte que le programme nucléaire français a été mis en place pour soutenir les entreprises industrielles qui n’intervenaient que rarement dans les commandes d’armement.

- Le programme nucléaire visait donc à soutenir les groupes financiers et industriels qui ont des difficultés à vendre dans le monde des moyens de production : machines, usines clés en mains, installations de production d’énergie...Les commandes de l’état jouant le même rôle que celles des armes, mais à une plus grande échelle. Commandes qui soutiendront les entreprises en questions sur les marchés de moyens de production qu’elles ne parvenaient plus à obtenir. Le coût d’une seule centrale nucléaire à l’époque était de l’ordre de 100 fois le prix d’un mirage 2000. Le but du programme nucléaire était bien de réduire le nombre de groupes concernés par les marchés des moyens de production que la France pouvait espérer vendre dans le monde. Le programme nucléaire français d’hier et d’aujourd’hui ne se justifie que parce qu’il offre des commandes à l’industrie, le besoin en énergie étant toujours l’explication pour le bon peuple et la classe moyenne. Commander des centrales BWR aurait signifié, une aide de l’Etat français à la grosse chaudronnerie italienne. Deux groupes à l’époque s’affrontaient, la CGE par Sogerca proposant ses centrales BWR, et Empain-Schneider par Framatone proposant ses centrales PWR. Le même débat revient sur le tapis aujourd’hui parce que les centrales sont plus qu’obsolètes ; de nouveau Framatome est en lise et propose son « réacteur nucléaire du futur » l’European Pressurized Water Reactor (EPR). «  Au passage, le patron de Framatone ne manque pas de rappeler les avantages commerciauxquele groupe français pourrait retirer d’une installation pilote ( soutenue par le syndicat CGT) :

 » Nous avons peu de chances de vendre l’EPR à l’étranger si nous ne l’avons pas d’abord mis en œuvre chez nous «  ( La Tribune du 29 janvier 2002). D’une puissance nominale de 1.550 mégawatts, le prototype de l’ ERP peut aujourd’hui être installé sur n’importe quel site nucléaire français. Sa durée de vie est de 60 ans, son coût de 2 et 3 milliards d’euros.

anti_nuclQuand Mitterrand lança son » il faut revoir Yalta « il ne faisait que revendiquer un cadre élargi pour favoriser l’expansion des grandes firmes européennes notamment celles qui allaient en 1983 fonder l’ERT . Depuis que Yalta est tombé, on ne parle plus que de la grande Europe et l’ERT par sa puissance modèle de plus en plus l’intégration européenne dans le seul intérêt de ses membres. En fait les grands patrons de ces firmes dirigent l’Europe dans l’ombre. L’ERT veut un élargissement à l’Est rapide ; elle est à l’origine des grandes décisions sur le développement des transports trains à grandes vitesse, construction d’autoroutes, élargissement et construction d’aéroports doublement du trafic aérien...matérialisé par le projet TINA (Transport Infrastructure Needs Assessment) qui est la mise en place de 14 projets de transports prioritaires retenus au conseil européen d’Essen. Le groupe TINA comprend des hauts fonctionnaires de vingt-six pays européens et un secrétariat basé à Vienne ; il a à son programme : 18 030 kilomètres de routes, 20 290 kilomètres de voies ferrées, 38 aéroports, 13 ports de mer, 49 ports fluviaux ( coût estimé 100 milliards d’euros.).

Qui va donc financer » ces grands travaux « l’Etat ou le capital ou les deux ?

- On apprend que l’U.E. octroierait 500 millions d’euros par an, tandis que la Banque européenne d’investissement (BEI) accordera des prêts à taux bonifiés. Ici des fonds d’Etats et le capital sont engagés dans un important investissement productif, qui va faire travailler de nombreux secteurs et ensuite favoriser l’écoulement des marchandises dans la grande Europe. Cependant ces travaux payés par des fonds d’Etats sont une aide aux grandes entreprises pour l’écoulement de leurs marchandises, l’Etat ne va rien récupérer. Par exemple la mise en place à Dourges, d’une plate-forme multimodale, dans le Pas-de-calais va coûter 2 milliards de Francs. Un milliard sera à la charge des pouvoirs publics et de l’Europe , l’autre milliard à la charge des opérateurs privés pour leurs propres équipements logistiques. L’Etat ne vas pas gagner un euro dans cette opération il va tout dépenser pour le compte du capital dans son ensemble, il va agir comme Etat-providence .

Conclusions : l’existence d’un secteur public industriel, en France a été une réaction de l’Etat français à la concurrence surtout américaine dans ses choix stratégiques et donc un signe de faiblesse par rapport au géant américain. L’Etat français après sa glorieuse résistance ( gaulliste et PCF) aux Etats-Unis ; allait trouver sa solution » libérale « au sein de l’Europe. Fondé sur le régime de la propriété privée des moyens de production et de la concurrence qui en découle, la nature même du capital nous l’avons vu est de toujours revenir a sa source : » la libre concurrence « . L’autre face de la médaille » la propriété d’Etat « c’est-à-dire la propriété des capitaux les plus puissants à s’approprier les finances publiques pour le développement de leurs secteurs privés ( l’enjeu régulier des élections politiques) conduit à considérer faussement certains salariés des entreprises d’Etat comme des sortes de » fonctionnaires ". Encore une fois et selon Marx, tout dépend qui les rémunère, le capital ou l’Etat ! et dans quel secteur ils interviennent.

Ces deux types de structure économique et sociale sont ambivalents ; la libre concurrence tout comme le socialisme d’Etat ne sont jamais purs ; le système capitaliste dans son ensemble est dual et est contraint de naviguer dans cette dualité. Dualité que nous retrouvons en philosophie : le capitalisme est matérialiste en philosophie de la nature et idéaliste en philosophie de la société humaine. Il n’est donc pas étonnant qu’il s’accommode ( le gestionnisme) aussi bien de son dualisme économique que philosophique, et que selon les impératifs du moment, il donne la prééminence à tel ou tel choix. La cohabitation politique française est une expression politique quasiment pure de ce dualisme.

G. Bad extrait de l' Etat et la loi de la valeur paru dans Echange numéro 101 été 2002

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