jeudi 11 juillet 2024

Pour qui sonne le glas : vers un nouveau Bretton Woods!!!

 

le_feu_de_la_guerreLa crise économique, financière , politique et sociale.

( début novembre 2008)

Il n’y a plus de qualificatifs assez fort pour désigner l’ampleur de la crise actuelle, crise vers laquelle convergent rapidement toutes les contradictions du système capitaliste. Cette crise dépasse toutes les prévisions  de  par sa dimension et la rapidité de son expansion.

« Étant  donné la vitesse prodigieuse de la propagation de la crise, explique un proche du FMI, nous devons être très innovants » (La Tribune du 27/10/08)

Les innovations , nous les connaissons, elles éloignent la crise à la manière d'un boomerang, et déjà même à qui n’a pas fait de grandes études en économie, certains chiffres parlent d'eux-mêmes. Patrick Artus, bien placé et surtout bien documenté, évalue les pertes de la richesse mondiale à 34 000 milliards de dollars depuis le début de la crise, en 2007. Ce chiffre représente  tout de même 54 % du PIB mondial et se décompose en 26 000 milliards de pertes sur les actions et 4000 milliards venant de l'immobilier américain et britannique mais aussi d’obligations d'entreprises, des pays dits émergents (en fait dépendants)  et de pertes bancaires.

Quand la locomotive « émergente » se transforme en boulet.

Censés tirer la croissance des pays du centre, les pays dits émergents se sont soudain transformés en un immense boulet, tirant certes l’économie mondiale, mais vers le fond. Tous les pays ayant antérieurement subi des déferlantes de dévalorisation financière sont de nouveau en phase de rechute. L’Argentine est contrainte de nationaliser les système de retraite, et les industriels s'attendent au pire. La Russie, la Corée du Sud, le Mexique reviennent à la case départ. De nouveaux candidats ont émergé, mais pas dans le sens souhaité par le capital international. Alors le FMI est contraint d’intervenir dans l’urgence et met sur la table 209 milliards de dollars qui devraient être répartis entre le Mexique, la Pologne,l’Argentine, l’Islande, la Hongrie, l’Ukraine ,les Etats baltes (tous plus vulnérables aux capitaux étrangers). L’Ukraine vient d’obtenir un prêt de 16,5 milliards de dollars.

Pour qui sonne le glas : vers un nouveau Bretton Woods!!!

Il y a longtemps que la question de l’hégémonie du dollar comme monnaie de réserve est remise en cause sur le papier. Des tentatives pour que dorénavant les échanges internationaux se fassent sur la base d'un panier de monnaie ont été faites  (dollars, yen, euros, yuan) devraient tous être une monnaie de réserve... Là, nous nous trouvons dans ce que Sarkozy appelle « le nouveau capitalisme » : sa refondation, sans les affres de la spéculation...

La situation , laisse au moins une consolation : le terrain est dégagé. Tous les réformateurs du capital vont se regrouper derrière le même étendard en une grande union internationale de sauvetage de la planète capitaliste.  Alors ils se raccrochent  au radeau d’un nouveau Bretton-Woods. Mais que peuvent-ils faire d’autre pour le moment que de chercher au travers de divers sommets comment se répartir les pertes, pour éviter que les canons règlent  ce partage ?

Le spectre de la récession mondiale

Nous pouvons considérer, même si ce n’est pas officiel, que  l’Union européenne et les Etats-Unis sont en récession , que le Japon a déjà un pied dedans et que les pays dits émergents (dépendants) sont sur la même pente. En fait la récession mondiale est pour 2009, et nous allons apprendre maintenant jour après jour que tel ou tel pays entre officiellement dans la récession, comme le Royaume-Uni...

La récession , c’est inévitablement une montée en flèche des faillites et défauts de paiement, dans un premier temps dans les secteurs immédiatement exposés au ralentissement économique, comme les transports, l’immobilier, le bâtiment, la construction automobile, la restauration, l’hôtellerie, la vente par correspondance...

Tout cela venant de nouveau provoquer des « subprimes »   en chaîne, le désastre des uns entraînant le désastre des autres et ainsi de suite. Le dernier en date en France c’est celui de la CAMIF.

Alors les CCI (chambre du commerce et de l’industrie) montent  des « SOS entreprise » pour  qu'elles ne se suicident  pas, et le pape leur dira une messe.

Les assurances entre dans l’arène.

Comme nous l’avions annoncé dans notre précédent texte sur les CDS (credit default swaps), les assurances entrent dans l’arène de la crise. Alors que le bancassureur belgo-néerlandais Fortis est en cours de démantèlement1, c’est   ING, un groupe de bancassurance néerlandais (75 millions de clients dans le monde), qui passe à la caisse des fonds publics et reçoit 10 milliards d’euros ; par ailleurs l’état néerlandais a injecté 3 milliards d’euros  dans les caisses de l’assureur Aegon, en perte de 350 millions d’euros.  Même les mutualistes, les promoteurs de « l'économie sociale » dite non-capitaliste, sont entraînés, dans le tourbillon de la crise, parce que, eux aussi, étaient entrés dans « l’économie de casino ». En Belgique, les pouvoirs publics  sont contraints d’apporter 1,5 milliard d'euros à l'assureur mutualiste Ethias, actionnaire de Dexia, afin de renforcer ses fonds propres. La Matmut, selon le journal La Tribune du 20 octobre 2008, devrait perdre 20 millions d’euros, par le biais de sa filiale de gestion alternative ADI, un dommage collatéral de la faillite de Lehman Brothers.

    1. Si les médias ne savent plus où donner de la tête, tant les annonces confirmant la bonne santé de la crise se succèdent, elles  nous livrent des têtes et pas toujours celles de dirigeants : « Après l’affaire Kerviel » ,Daniel Bouton est toujours là.

Opération tiroir caisse

En Allemagne le tiroir-caisse fonctionne à merveille : le gouvernement d’Angela Merkel va gaver les banques à la hauteur de 10 milliards d’euros par banque en crise. La banque régionale allemande Bayern LB passera au guichet, WestLB y réfléchit.

Aux Etats-Unis, ont se dispute les cadavres : Wells Fargo et Citigroup s’étripent au sujet de la reprise de Wachovia en perte de 24 Mds de dollars, pendant que la FED joue les Ponce Pilate. La banque régionale américaine Freedom Bank a été fermée  par les autorités de tutelle, devenant le 17ème établissement bancaire à faire faillite depuis le début de l’année

En Belgique le « plat pays » est à plat : en un mois les trois première banques belges ont été retournées comme des crêpes, et nous venons d’apprendre que c’est maintenant KBC , le fleuron flamand de l’Etat belge, qui passe à la caisse publique pour 3,5 milliards d’euros.

En France, après l’affaire des Caisses d’épargne où l’Ecureuil est monté sur le podium des pertes financière à la française 700 millions d’euros (dernier chiffre), on  ne soutient plus que la banque doit être mortelle, ou qu'il faut privatiser les privatisations. On a une solution plus simple : l’injection généralisée aux frais du peuple de milliards d’euros. Pas moins de 10,5 milliards d’euros  seront distribués par « le restaurant du beurre et de l’argent du beurre » aux banques privées françaises2.

Mais dans l’arrière-cour de l’Etat, on se prépare à faire payer ceux qui le peuvent encore. Alors l’Etat commence à piocher dans les caisses de l’épargne salariale et de l’épargne retraite, malgré la réprobations des gestionnaires. Selon La Tribune du 22 octobre 2008, la CRDS, cette contribution du peuple à la dette de l’Etat, pourrait augmenter : son taux de passerait de 0,5 % à 0,69 % des revenus.

Les effets de la crise financière commencent à toucher l’économie : La Redoute, la Camif, l’industrie automobile mondiale… La dégringolade vertigineuse du fret maritime  de 90% est un indicateur bien réel de l’état du commerce mondial. Mais il n’y a pas que le maritime qui est en crise c’est toute l’industrie du transport(mer, route rail..). Aux Etats-Unis les ports enregistrent une baisse de 7,2% des biens importés depuis le début de l’année.

La déroute des hedge funds, la catastrophe est imminente.

Durant les années 2002-2006, quand l’on croyait au miracle de l’économie de marché, les gouvernements étaient en extase devant la dispersion / mutualisation des risques. Tous fermaient les yeux sur un possible retournement, celui d'un défaut de paiement de nombreux emprunteurs, dont les hedges fonds devaient assumer les créances vis à vis des banques. Et bien nous y voici, la catastrophe est maintenant imminente. Forcés de par la conjoncture de rendre leur argent à ceux qui le leur avaient fait confiance, les hedges fonds se mettent à vendre leurs actifs au moindre frémissement à la hausse de la bourse, ce qui provoque cet effet de yoyo actuel. La panique est d’autant plus grande que les grandes banques savent  que près de 30% des fonds vont faire faillite. Le sinistre est énorme et il n’y a plus d’« assureur » pour honorer leurs contrats.

C'est là que va commencer l’effet de dominos : le risque crédit baignant dans tout le système va contaminer des grandes banques internationales et européennes truffées de dérivés de crédit. A partir de là le chant du cygne de la finance entraînera le monde dans une récession profonde, dont on ne peut pour le moment qu’entrevoir la dévastation : poussée du chômage avec  20 millions de demandeurs d’emploi supplémentaires selon les prévisions du Bureau International du Travail (BIT), et un effondrement de la consommation.

Gérard Bad 4 11 2008

1 Il va être en partie nationalisé par les autorités néerlandaises et en partie vendu à la banque française BNP Paribas.

2 Le Crédit Agricole recevra 3 milliards d'euros, BNP Paribas 2,55 milliards d'euros, Société Générale 1,7 milliard, Credit Mutuel 1,2 milliard, Caisse d'Epargne 1,1 milliard et Banque Populaire 950 millions,

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