SEBASTIAN HAFFNER : ALLEMAGNE, 1918 UNE RÉVOLUTION TRAHIE, Éditions Complexe, Bruxelles 2001. Ce livre est probablement l’une des meilleures analyses de ce qui a été appelé : la révolution en Allemagne. Ces événements tragiques ne purent, en effet, jamais se hisser au niveau des besoins de généralisation de la vague révolutionnaire ouverte en Russie en 1917, et furent dans les faits, l’un des accès du flot contre-révolutionnaire qui submergea le monde entier durant des décennies. C’est donc l’histoire d’une défaite parsemée de trahisons qui constitue le fil de cet ouvrage. Dès les premières pages, Haffner insiste sur le fait que l'histoire de la social-démocratie (du SPD) et de l’empire allemand est consubstantiellement liée, née en même temps ; ils seraient pour ainsi dire de « faux-ennemis ». Bismarck aurait ainsi “créé un cadre étatique dans lequel la social-démocratie pouvait se déployer” tout en encadrant strictement l’ensemble du prolétariat. Haffner termine son avant-propos en avançant l’élément central de la dite trahison qui justifie le titre de son livre « La révolution allemande de 1918, révolution social-démocrate, fut écrasée par des dirigeants sociaux-démocrates : en ce sens, elle constitue un cas unique. ». A l’opposé des légendes staliniennes et trotskistes, la révolution allemande constitue fondamentalement une défaite, non du fait que la situation n’était pas mûre ou qu’il manquait la direction révolutionnaire, mais bien qu’indépendamment du courage et de l’abnégation des minorités révolutionnaires, la grande majorité de la classe ouvrière épuisée par la guerre, n’a pas voulu tenter l’aventure révolutionnaire préférant rester dans le giron pacifiste de la social-démocratie, ouvrant ainsi la voie à son écrasement définitif par le fascisme.
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