lundi 29 juillet 2024

CSG et CRDS, un racket permanent de l’Etat (Echanges 110-Automne 2004)

taxocratesAvec cet impôt instauré en 1996 « à titre provisoire » pour financer le déficit de la Sécurité sociale, les salariés, retraités, chômeurs... doivent rembourser jusqu’en 2008 au budget général de l’Etat une dette dont ils n’avaient pas conscience.

Au moment où le gou­ver­ne­ment Raffarin semble s’oppo­ser pour un temps à une hausse de la contri­bu­tion au rem­bour­se­ment de la dette sociale (CRDS) votée par la com­mis­sion spéc­iale dont le pré­sident est le député UMP du Bas-Rhin Yves Bur, il nous semble impor­tant de faire un his­to­ri­que de la mise en place de cet impôt qui frappe la quasi-tota­lité des reve­nus, y com­pris les allo­ca­tions fami­lia­les et les allo­ca­tions chômage.Avec cet impôt ins­tauré en 1996 « à titre pro­vi­soire » [1] pour finan­cer les déficits de la Sécurité sociale entre 1993 et 1995, les sala­riés, retraités, chômeurs... rem­bour­se­ront jusqu’en 2008 au budget général de l’Etat une dette dont ils n’avaient pas cons­cience. Chaque année 12,5 mil­liards de francs, vont déd­om­mager l’Etat des 110 mil­liards de dette de la Sécurité sociale. (Voir Echanges 95, hiver 2000-2001, La “dette sociale”, ponc­tion fis­cale géné­ralisée).

Cette dette de 110 mil­liards de francs aura donc été payée deux fois : une pre­mière fois via la hausse de la CSG décidée en juillet 1993 (1,4 point) et la seconde par l’ins­tau­ra­tion de la CRDS.

Comment une telle aber­ra­tion a été imposée au monde du tra­vail

Au cours de l’année 1993, le déficit de la Sécurité sociale a été mis sur le dos de la bru­tale réc­ession de l’éco­nomie franç­aise. « Le Trou de la Sécurité sociale », comme nous le connais­sons bien en France, tant il nous obsède et nous culpa­bi­lise, est d’une telle ampleur, que le gou­ver­ne­ment Balladur fait repren­dre le déficit par l’Etat - à titre tem­po­raire.

En 1993, pour rem­bour­ser l’Etat, un fonds est créé : le FSV (Fonds de soli­da­rité vieillesse). Il sera ali­menté à partir du 1er juillet 1993 par l’aug­men­ta­tion de la CSG, qui passe de 1,1 % à 2,4 %. Depuis, le fonds a été intégré à d’autres pres­ta­tions, mais le taux de la CSG a conti­nué d’aug­men­ter.

La ponc­tion FSV devait se tra­duire par un pré­lè­vement annuel de 12,5 mil­liards de francs sur les con-citoyens pen­dant treize ans pour rem­bour­ser l’Etat.

Le FSV et la hausse de la CSG avaient donc offi­ciel­le­ment réglé la dette sociale de 1993. Cependant, quand Alain Juppé arrive à Matignon, en sep­tem­bre 1995, il est lui aussi confronté au trou éternel de la Sécurité sociale. Pour la pér­iode 1994-1995, le déficit bat un nou­veau record (120 mil­liards de francs) aux­quels il faut ajou­ter les 110 mil­liards de 1993, visi­ble­ment pas rem­boursés, puis­que la dette cumulée sera de 230 mil­liards [2].

Un véri­table com­plot a été monté, pour liqui­der le système de pro­tec­tion sociale, au profit des sociétés d’assu­ran­ces. La loi du 30 déc­embre 1995 va auto­ri­ser le gou­ver­ne­ment, en appli­ca­tion de l’arti­cle 38 de la cons­ti­tu­tion, à réf­ormer le système de pro­tec­tion sociale ; les fers sont mis au feu pour liqui­der le système de pro­tec­tion sociale français.

La voie est dégagée pour que l’Etat, mette en place un nouvel étage de pré­lè­vement sur le monde du tra­vail : la création de la Caisse d’amor­tis­se­ment de la dette sociale (Cades), le 24 jan­vier 1996, indi­que de par sa déno­mi­nation le sens de sa mis­sion : faire payer aux sala­riés, retraités, chômeurs... les 137 mil­liards de francs de dette de la Sécurité sociale d’ici 2009.

Cependant, la Cades ne fera pas dis­pa­raître la FSV et le pré­lè­vement de 1,3 % de CSG sup­plém­ent­aire conti­nuera à ali­men­ter les cais­ses de l’Etat. Le FSV chan­gera d’affec­ta­tion : il ser­vira à pren­dre en charge les pér­iodes de chômage et de ser­vice natio­nal. Le scan­dale est si grand que même Mme Weil va repro­cher ouver­te­ment au gou­ver­ne­ment de « faire payer deux fois les Français ».

La Cades mise en place, le déficit va se pour­sui­vre, malgré les non rem­bour­se­ment de médi­caments... en 1995 il atteint 74,6 mil­liards de francs au lieu de 64,5 prévus, et en 1996 Juppé reconnaît un déficit de 54 mil­liards de francs. Il n’en fal­lait pas plus pour que le déficit reparte. En effet la Cades est un inves­tis­se­ment garanti par l’Etat au taux obli­ga­taire de 6,033%, noté « triple A » par le agen­ces de rating. Par conséquent la Cades offre un pro­duit finan­cier sans risque à taux élevé financé par les pré­lè­vements sur le monde du tra­vail.

« Une com­pa­gnie d’assu­rance-vie a pris 1 mil­liard d’un coup » [3] ( La Tribune du 27 sep­tem­bre 1996) selon le même jour­nal l’emprunt a trouvé pre­neur « auprès d’une com­mu­nauté d’inves­tis­seurs diver­si­fiée, incluant prin­ci­pa­le­ment des assu­reurs et des ges­tion­nai­res français, certes, mais aussi des ban­ques alle­man­des, belges et luxem­bour­geoi­ses, des fonds bri­tan­ni­ques et ita­liens, et jusqu’à une banque cen­tral du Moyen-Orient ».

Le déficit chro­ni­que de la Sécurité sociale peut conti­nuer, il faut qu’il conti­nue pour ali­men­ter le juteux marché de la dette sociale des pla­ce­ments finan­ciers auprès de la Cades. Donc en 1997, le ministère de l’éco­nomie et des finan­ces annonce le pro­lon­ge­ment de la Cades pour cinq ans ( c’est à dire la ponc­tion sur le peuple) (du 31 jan­vier 2009 au 31 jan­vier 2014), pour éponger les nou­vel­les dettes.

L’Etat étant le prin­ci­pal orga­ni­sa­teur du capi­tal finan­cier, et aussi un grand béné­fici­aire de la Cades [4], il fera tout pour pro­lon­ger la dette sociale et donc son rem­bour­se­ment... La Cades emprunte alors 300 mil­lions d’euros (La Tribune du 26 juin 2001) pour que le spec­ta­cle conti­nue.

Dans la situa­tion actuelle, la Cades doit repren­dre 35 mil­liards d’euros de dette pour la fin de l’année, aux­quels il faut ajou­ter des déficits pré­visi­onnels pour 2005 et 2006. Voilà le mécan­isme, le déficit de la Sécurité sociale jus­ti­fiant le pro­lon­ge­ment des ponc­tions CRDS jusqu’en 2020.

« Les ban­ques entou­rant l’opé­ration avaient éga­lement observé que la per­cep­tion des inves­tis­se­ments n’avait pas été altérée par le nou­veau pro­lon­ge­ment de la durée de vie de la Cades (ini­tia­le­ment prévue en 2014), dû au trans­fert des nou­vel­les dettes décidé réc­emment par le ministère de la Santé. » (La Tribune du 9 juin 2004.

Plus étr­ange encore, un curieux per­son­nage du nom de Reichman a fait un grand tapage au mois d’août, pour célébrer la vic­toire de son asso­cia­tion anti-sécu, le Mouvement pour la libé­ration de la pro­tec­tion sociale (MLPS) [5]. Il indi­que même com­ment éch­apper à la CSG et CRDS en pre­nant une assu­rance à l’étr­anger et en four­nis­sant une attes­ta­tion à la Sécurité sociale. Si le trans­fert auto­risé par l’Etat depuis 2001 venait à se faire par le tru­che­ment de contrat groupe dans des sociétés d’assu­ran­ces étrangères, la dette sociale serait alors concen­trée sur les assurés âgés qui ne pour­raient pas quit­ter la Sécurité sociale.

G.B.

Juillet 2004

Voir la video: le deficit de la sécu une belle affaire

Notes

[1] L’ordonnance du 24 janvier 1996, indique dans son article premier que la Cades a « une durée de treize ans et un mois à compter du 1er janvier 1996 ».

[2] La caisse des dépôts accorde en 1995 à la Sécurité sociale un crédit-relais d’un montant de 137 milliards de francs (déficit de 1994 et 1995 [120 milliards] + déficit prévisionnel 1996 [17 milliards]).

[3] Les banques proposent plus du double des 60 milliards demandés, l’accueil de la communauté financière internationale reflète la qualité de la signature de la Cades (La Tribune Desfossés du 3 juin 1996.

[4] La Cades est une « petite » vache à lait pour l’Etat qui collecte une partie de la CRDS. Les frais de collecte prélevés par l’Etat sont en effet sept fois plus élevés que les frais de l’Urssaf.

[5] Site internet www.claudereichman.com.

 

L’INTERPRÉTATION DU MARXISME PAR LENINE. ( CAJO BRENDEL)

 

Cajo_Brendel

En I848, lorsque Marx et Engels publièrent le « Manifeste »,ils y exposaient que le prolétariat devait. utiliser son pouvoir politique pour « arracher petit à petit tout le capital,pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État, c’est à dire du prolétariat organisé en classé dirigeante. »

Cette formule sert aux réformistes de tous· les pays. pour défendre une politique et un programme de mesures sociales plus ou moins progressives dans le cadre de la démocratie actuelle. C’est ce passage qui peut éclaircir dans un certain sens(c’est à dire quand on néglige les causes sociales du point de vue social-démocrate) pourquoi les social- démocrates de tous les pays, ou bien les socialistes qui sont issus de la social-démocratie ,veulent établir une. société dans laquelle l’appareil de production passerait des mains de la bourgeoisie aux mains de l’État.
Les social-démocrates ont tort;ils ne peuvent pas se servir du « Manifeste pour défendre leur politique. Car pas un seul d’entre eux ne s’est jamais rendu compte de la contradiction que Marx aurait laissé apparaître dans le « Manifeste » entre ce prétendu transfert des instruments de production des mains de la bourgeoisie aux mains de l’État (I),et ce passage du « Manifeste »:

« Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie tout entière. »

Et cette contradiction est encore plus évidente quand on considère le fait que Marx dans ce qu’il a. publié avant le « Manifeste » analysait déjà le caractère de l’État,le combattait d’une façon impitoyable,et,de plus,dénonçait l’esprit de la petite bourgeoisie qui se dissimulait derrière les idéaux démocratiques.
Cette contradiction ne se trouve que dans la tête des réformistes et en aucune ‘manière chez Marx qui n’a jamais prétendu que la classe; ouvrière peut saisir le pouvoir dans le cadre de la démocratie existante tout en maintenant l’ordre capitaliste. Au contraire,Marx et Engels ont bien compris que cela était impossible;la preuve en est dans la phrase que nous venons de citer, et pour laquelle les réformistes ont tant de prédilection lorsqu’ils défendent leurs positions.

Les mots « c’est à dire » que nous avons souligné,montrent très clairement que pour Marx, »l’État » équivaut au « prolétariat organisé en classe dirigeante ». Cette équivalence découle des opinions exposées dans le « Manifeste » sur le cours de la révolution prolétarienne.

Marx et Engels pensaient en !848 que le prolétariat,lorsqu1il se constituait en classe dirigeante pouvait faire changer le caractère de l’État, pouvait transformer un instrument de la bourgeoisie en un instrument de la classe ouvrière. L’ État qui s’identifie à « un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie tout entière » et l ‘État qui s’ identifie au  »prolétariat organisé en classe dirigeante »,ce sont dans le « Manifeste » deux choses bien distinctes deux phases bien distinctes du développement social. Entre ces deux phases,il y a le bouleversement de l’ordre social de notre époque. Tout ceci est bien clair, car dans le « Manifeste » , après la phrase citée vient ce passage:

« A la place de l’ancienne société bourgeoise avec ses classes et ses antagonismes de classe surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. »

Il est bien vrai, que dans le même chapitre du « Manifeste »,on peut lire que « la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante,la conquête de la démocratie », mais la seule conclusion possible est que Marx exprimait en I848 par le terme « démocratie » tout autre chose que, par exemple,la situation sociale qu’on peut mettre sous ce mot au XX° siècle. Par « démocratie », il entendait ce que Robespierre ou Babeuf y entendaient
Les opinions de Marx et d’Engels sur 1a démocratie s’appliquaient aux traditions des jacobins français,mais cela ne veut pas dire qu’ il n’existait pas de divergences entre les jacobins d’une part,et Marx et Engels d’autre part.
Les auteurs du « Manifeste » affirment énergiquement que la conquête de la démocratie,la conquête du pouvoir politique par le prolétariat est le premier pas dans la révolution prolétarienne. 

Ils ne veulent pas du tout s’en tenir à la démocratie; ils entendent que le prolétariat utilise son pouvoir politique pour supprimer la propriété bourgeoise. Alors que les démocrates veulent finir la révolution aussitôt que possible, nous voulons, dit Marx dans un discours au Bureau central de la Ligue des Communistes,nous voulons faire la révolution permanente, jusqu’au moment où le pouvoir est conquis par le prolétariat et où l’existence des classes est supprimée; alors il faut que les ouvriers prennent une position indépendante et qu’ils ne se laissent pas arrêter un moment par les phrases hypocrites des démocrates pour réaliser 1’organisation indépendante du parti du prolétariat. Il faut que leur slogan soit la révolution permanente. »

Une illusion

La perspective d’une révolution permanente était une illusion,la révolution de I848 l’a montré de façon indiscutable. Les hommes de gauche s’emparèrent en France .de positions importantes,mais il leur fut impossible de réaliser la démocratie jacobine, le premier pas vers la révolution ouvrière.

Selon Marx et Engels,la conquête de la démocratie dans le sens de 1848 et I793 (l’année au cours de laquelle les jacobins s’emparèrent du pouvoir) était la condition première de toute réalisation communiste ;mais cette démocratie, c’est à dire le jacobinisme), c’est à dire le prolétariat organisé en classe dirigeante à la tête de toutes les couches pauvres du peuple ne pouvait pas être conquise en 1848. En effet,toutes les attaques du jacobinisme ne touchaient que la façade du bâtiment de l’État et dans ces circonstances,toutes les résolutions des ministres jacobins restaient seulement des plans. Ainsi,non seulement les perspectives de la révolution permanente mais aussi ce que voulait la démocratie révolutionnaire de I848 n’étaient que châteaux en Espagne.
Voilà pourquoi les perspectives du « Manifeste » sur la révolution qui devait venir ne se sont pas réalisées. En I850,déjà,Marx constatait:

« En imposant la République au gouvernement provisoire et, ce dernier à toute la France,le prolétariat se mettait immédiatement au premier plan en tant que parti indépendant;mais du même coup,il jetait un défi à toute la France bourgeoise. Ce qu’il avait conquis, c’était le terrain en vue de la lutte pour son émancipation révolutionnaire, mais nullement cette émancipation elle-même. »

un peu plus loin,Marx écrit:

« Nous avons vu que la République de Février n’ était en réalité,ne pouvait être qu’une République bourgeoise,que; d’autre part,le gouvernement provisoire,sous la pression directe du prolétariat,fut obligé de la proclamer une République pourvue d’institutions sociales,que le prolétariat parisien était incapable d’aller au-delà de la République bourgeoise autrement qu’en idée,en imagination. » (2) .

En I848,Marx et Engels écrivaient au commencement du « Manifeste » « Un spectre hante l’Europe,le spectre du Communisme ». En I850,on voyait distinctement que le communisme n’était en effet qu’un spectre et que la lutte réelle entre la bourgeoisie et le prolétariat était encore à commencer. C’était une nouvelle perspective que les auteurs du « Manifeste » avaient acquise par les expériences de la lutte ainsi qu’il ressort de différents témoignages.

Opinions nouvelles

En 1878, Marx écrit que la Commune de Paris était « la forme enfin découverte sous laquelle la libération économique de la classe ouvrière pouvait avoir lieu » et en même temps,il indiquait, comme auparavant, que l’opinion du « Manifeste » était inexacte. Il démontrait que « la transformation de 1 ‘État d’instrument entre les mains de la bourgeoisie en instrument du prolétariat » n’était pas la forme politique de la révolution prolétarienne. Marx l’a expliqué plus clairement dans la Guerre Civile en France: « La classe ouvrière ne peut pas s’emparer d’une machine d’État donnée et l’utiliser pour ses propres besoins »

et dans une lettre à son ami Kugelmann:

« La prochaine tentative de la révolution en France devra consister non plus à faire passer la machine bureaucratique militaire en d’autres mains, comme ce fut le cas jusqu’ici mais à la détruire. C’est la condition première de toute révolution véritablement populaire sur le continent. » (3)

Plus tard,quand il insiste sur cette pensée, Engels parle aussi de la « destruction du vieux pouvoir d’État. » Différence importante avec le « Manifeste ». Ici, nous abordons le vrai sujet de cet article où nous voulons montrer très brièvement comment Lénine comprit , les critiques que les auteurs du « Manifeste. » firent au « Manifeste » lui même de I84I à I872. Nous le ferons d’abord en examinant le texte bien connu « L’État et la Révolution ».

II

A première vue, Lénine surpasse de beaucoup les réformistes. Il cite le passage de Marx « la classe ouvrière ne peut pas s’emparer simplement d’une machine d’État donnée et l’utiliser pour ses propres besoins ». Il écrit,et avec raison,que selon Marx la machine d’État doit être détruite et il parle comme Engels du « dépérissement de l’ État » qui au début d’une société sans classe « doit être relégué au musée des antiquités ».
Mais quiconque lit attentivement « l’État et la Révolution » et compare les conclusions de cet ouvrage avec la pensée de Marx et Engels constate que Lénine non plus n’a pas compris l’auto-critique et donne une mauvaise interprétation du marxisme. Quand Lénine dans « L’État et la Révolution »(4) parle du « Manifeste », il montre que Marx et Engels y identifient l’État et le »prolétariat organisé en classe dirigeante »(5) Mais il ne voit pas que tout cela vient de ce que Marx et Engels pensaient en I848 que les ouvriers n’avaient qu’à s’emparer de la machine d’État pour l’utiliser pour leurs besoins. En d’autres termes,qu’ils considéraient encore la conquête de la démocratie jacobine comme le premier pas dans la révolution ouvrière.

Lénine:un jacobin

En I9I7,Lénine considère encore ce que le « Manifeste » propose comme la première tâche du prolétariat; il ajoute que cela était sans conteste l’opinion de Marx en dépit de la déclaration d’ Engels affirmant sans équivoque que l’histoire avait révélé que la vieille opinion de Marx était une illusion. Il y a bien un passage dans la brochure de Lénine où il est dit que Marx et Engels corrigèrent le « manifeste » après 1’expérience de la Commune de Paris (6) .Mais il affirme cependant:

« Le prolétariat a besoin du pouvoir d’État, de l’ organisation centralisée de la force,de l’organisation de la violence pour réprimer la résistance des exploiteurs et aussi pour diriger la grande masse de la population-la paysannerie, la petite bourgeoisie,les semi prolétaires-dans « l’aménagement de l’économie socialiste « ; l’État poursuit Lénine « c’est à dire le prolétariat organisé en classe dominante-cette théorie de Marx est indissolublement liée à toute sa doctrine sur le rôle révolutionnaire du prolétariat dans l’histoire: l’aboutissement de ce rôle est 1a dictature prolétarienne,la domination politique du prolétariat. (7)

Tout ceci prouve que Lénine entend par dictature du prolétariat: l’État qui est transformé en prolétariat organisé en classe dominante .En effet, Marx et Engels parlaient en ce sens de dictature du prolétariat, mais en I848. Passé I848,le mot dictature du prolétariat prend chez Marx et Engels une autre signification parce que la dictature du prolétariat au sens de !848 s’est révélée une illusion. Lénine n’a pas perçu ce changement de signification et corrélativement,il a une conception erronée de la révolution de 1848.

« Les démocrates petits-bourgeois, ces pseudo-socialistes qui ont substitué à la lutte des classes leurs rêveries sur l’entente des classes, se représentaient la transformation socialiste, elle aussi, comme une sorte de rêve sous la forme, non point du renversement de la domination de la classe exploiteuse, mais d’une soumission pacifique de la minorité à la majorité consciente de ses tâches. Cette utopie petite-bourgeoise, indissolublement liée à la notion d’un État placé au-dessus des classes, a abouti pratiquement à la trahison des intérêts des classes laborieuses, comme l’a montré, par exemple, l’histoire des révolutions françaises de 1848 et 1871, comme l’a montré l’expérience de la participation « socialiste » aux ministères bourgeois en Angleterre, en France, en Italie et en d’autres pays à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. (8)

Que Lénine ne fasse pas de différence entre les démocrates de I848 et les gouvernements « démocrates » du type Waldeck-Rousseau (9) prouve qu’il ne s’est pas rendu compte des différences entre la démocratie de Robespierre (La démocratie jacobine, la dictature du prolétariat au sens de 1848) et la démocratie « de la deuxième partie du XIX° siècle alors,il n’a pas non plus compris que les démocrates petit-bourgeois de I848,les Ledru-Rollin, les Louis Blanc voulaient exactement’!lent ce que Marx et Engels ont appelé « le premier pas dans la révolution des ouvriers et 1’organisation du prolétariat en classe dominante. »
Et Lénine se trompe quand il écrit « qui reconnaît uniquement la loi de classe n’est pas encore marxiste; il peut se faire qu’il ne sorte pas encore de la pens6e bourgeoise et de la politique bourgeoise … N’ est marxiste que celui qui étend la reconnaissance de la loi de classe jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. » (10).
Lénine se trompe puisque non seulement celui qui reconnaît l’existence de la loi de classe peut se mouvoir à 1’intérieur des frontières de la politique bourgeoise et de 1a pensée bourgeoise,mais aussi celui qui veut la dictature du prolétariat. Cela,les jacobins 1’ont pratiquement prouvé en I793 et en !848.

Une différence énorme

Entre la dictature du prolétariat telle que la conçoit Lénine et telle que la concevaient Marx et Engels dans la deuxième partie de leur vie, il y a une grande différence. Lénine écrit:

« Le Manifeste communiste tire les leçons générales de l’histoire qui nous font voir dans 1’État un organisme de domination de classe et nous mènent à cette conclusion nécessaire: le prolétariat ne saurait renverser la bourgeoisie sans avoir d’abord conquis le pouvoir politique,sans avoir établi, sa domination politique,sans s’être organisé en classe dominante,et érigé en État. »(II)

Certainement Lénine donne ici un résumé exact du « Manifeste ». Mais cela manque d’explications et la leçon de la République de Février 1848 en France et précisément la suite:que le prolétariat ne peut pas conquérir le pouvoir politique d’abord pour chasser ensuite la bourgeoisie, parce que le pouvoir politique du prolétariat n’a aucune signification tant que la bourgeoisie n’est pas encore chassée. Pour autant qu’il existe des rapports de production sur lesquels est fondé le pouvoir politique de la bourgeoisie, pour autant qu’existent les rapports sociaux dont l’État bourgeois est le produit, pour autant l’État qui est instrument entre les mains de la bourgeoisie ne peut pas être transformé en un instrument pouvant être utilisé contre cette classe. La conclusion de Marx est qu’il faut détruire l’État bourgeois, ce qui signifie et ne , peut avoir que ce sens:il faut détruire aussi les rapports sociaux correspondants à cet État.

État et société

Marx considère l’État comme un phénomène historique de la société. Pour lui, l’État et la société ne sont pas deux choses distinctes il n’existe pas de contradiction entre elles; ce qui se présente comme une telle contradiction n’est que ce qu’on appelle une contradiction dans une mauvaise terminologie,c’est en réalité l’antagonisme entre le développement des forces productives et leur utilisation sociale protégée par l’ordre de l’État. Mais cette contradiction se produit parce que la société et l’État ne sont pas deux choses essentiellement différentes. Dans certaines conditions réalisées au cours de l’histoire,la société n’existe que sous la forme de l’État.
Et quand on ne considère l’État que comme une partie de la société, quand on ne sépare pas en pensée la société et l’État, on n’a pas besoin de vaincre cette séparation, et il n’est pas nécessaire de rechercher une solution parce que cette contradiction entre l’État et la société n’ est qu’une apparence fallacieuse.
Il en est ainsi dans la théorie de Marx lorsqu’il a révélé le caractère fétichiste de la marchandise (I2), c’est à dire l’apparence fallacieuse d’une indépendance inhérente à la marchandise, l’apparence que la marchandise mène une vie indépendante par rapport à l’homme. On doit refuser de la même façon le fétichisme de l’État c’est à dire l’indépendance d’une personnalité d’État en face de la société. Lénine n’a pas compris tout cela, et c’est pourquoi il interprète d’ une mauvaise manière les paroles d ‘Engels sur « L’État dépérit ».

III

Chez Lénine, l’État bourgeois existe avant la révolution prolétarienne, et l’ État prolétarien existe après. Selon Lénine, les paroles d’ Engels sur le dépérissement de l’État se rapportent au dépérissement de « l’État prolétarien », tandis que là où Marx et Engels parlent respectivement de détruire l’État et d’abolir l’état,cela se rapporte à l’État bourgeois.(13). Cette différence entre un État bourgeois qu’il faut détruire et un État prolétarien qui le remplacera et périra n’existe pas chez Marx
et Engels; chez eux, la destruction de l’État de la classe bourgeoise est aussi un changement dans les relations sociales: la transformation des moyens de production en propriété commune. Et cela parce que, quand la propriété bourgeoise existe,la société à la forme de l’État, mais au moment où. les moyens de production sont devenus propriété commune l’intervention, comme dit Engels « d’un pouvoir d’État dans les rapports sociaux devient superflue dans un domaine après l’ autre,et ensuite entre d’elle-même en sommeil. »Il ajoute directement:
« Le gouvernement des choses fait place à l’administration des choses et à la direction d’opérations de production. L’État n’est pas aboli, il meurt. » Engels se sert ici d’une terminologie qui, à première vue est en contradiction avec nos opinions; il écrit:

« Le prolétariat s’empare de la puissance de l’État et transforme les moyens de production tout d’abord en propriété de l’État. Mais par là il s’abolit lui-même en tant que prolétariat; par là,il abolit toutes les différences. et les antagonismes de classe,et par là aussi,l’État en tant qu’État »

Apparemment Engels défends ici la théorie de « l’État prolétarien »; en réalité il ne la défend pas. Car c’est un État bien singulier que celui qui commence comme dit Engels un peu plus loin, par un acte
qui est en même temps son dernier acte en tant qu’État. De plus,chez lui il n’est pas question que la classe ouvrière utilise 1′ État pour ses propres besoins,avec le changement des moyens de production « l’État est aboli en tant qu’État. »

« L’État, poursuit Engels,était le représentant officiel de la société tout entière,sa synthèse en un corps visible, mais il ne l’était que dans la mesure où il était l’État de la classe qui elle-même représentait pour son époque la société tout entière:dans l’antiquité: État des citoyens propriétaires d’esclaves; au moyen âge: État de la noblesse féodale;de nos jours: État de la bourgeoisie. » (I4)

Est ce qu’Engels poursuit ce développement en voulant dire que sous la dictature prolétarienne le prolétariat représente la société et qu’alors l’État est un État prolétarien? Pas du tout. Engels dit: « Mais du fait qu’il (l’État) devient enfin. le représentant effectif de la société tout entière, lui-même devient superflu. « Ce sont ces mots dans le passage d’ Engels qui sont de la plus. haute importance pour la contradiction de ce qui fut dit, ces mots expriment d’une autre manière la pensée que c’est seulement dans certaines conditions historiques, notamment alors qu’existent la propriété privée et l’ antagonisme de classe qui en découle, qu’il peut être question de 1’État. · · ·

En se référant au fait qu’Engels appelle un peu plus loin l’État « un pouvoir spécial de répression » ,Lénine conclut qu’il faut remplacer ce pouvoir spécial de répression « de la bourgeoisie » par un
autre pouvoir spécial de répression (du prolétariat). Cela contredit l’opinion d’ Engels selon laquelle l’État se rend lui même superflu dès qu’il n’y a plus rien à réprimer. Lénine le reconnaît en un autre lieu lorsqu’il dit: »or,du moment que c’est la majorité du peuple qui opprime elle-même ses oppresseurs, plus n’ est besoin d’une force spéciale de répression. » ,et ajoute « c ‘est en ce
sens que l’État commence à dépérir. » ;mais chez lui,le « dépérissement » est naturellement en rapport avec »l’État prolétarien » parce qu’une chose comme le dépérissement de l’État bourgeois déjà détruit reste pour lui toujours le problème qui le fait trébucher.

Ce dernier fait apparaît aussi quand Lénine vient parler d’un phénomène comme. « le maintien de l’étroit horizon du droit bourgeois en régime capitaliste de sa première phase »(I5)Dans la théorie sociale de Marx,c’est quelque· chose qui va de soi à l.’encontre de ceux qui croient que le droit est fixé par l’État. Marx démontre que « la législation politique comme; la législation civile n’est que le produit de relations économiques qu’elles codifient » (!6)

« la société,dit Marx, n’est pas fondée sur les lois, mais les lois sont fondées sur la société. »(17)

Qu’est-ce que cela signifie à l’égard du problème qui nous préoccupe? Des changements dans les manières de production mènent à de nouveaux rapports sociaux qui sont formulés par de nouvelles règles de droit. Quelques unes des anciennes règles juridiques qui étaient liées à la structure ancienne de la société disparaissent. Elles ne sont plus nécessaires pour formuler juridiquement une relation sociale parce que cette relation a disparu avec le changement de la structure sociale.

Mais elles ne disparaissent pas tout de suite. Souvent,elles subsistent parmi les autres règles qui sont déjà complètement en concordance avec les relations sociales nouvelles. Ainsi,on trouve des règles individuelles dans la période du capitalisme. Ainsi,le communisme,dans la première phase de son développement ne sera pas complètement: délivré des traditions et des vestiges du capitalisme. Mais le terrain qui domine ces règles juridiques bourgeoises dans la période du communisme devient de plus plus restreint,et leur validité va s’amenuisant;voilà exactement ce qui était caractérisé par Engels par les mots: »L’État dépérit. »

Quand Lénine démontre ce phénomène on attend que lui aussi reconnais se qu’il est ici question du dépérissement de l’État bourgeois,mais il ne le fait pas. Il écrit:

« Certes le droit bourgeois… suppose nécessairement un État bourgeois car le droit n’est rien sans un appareil capable de contraindre à l’observation des règles du droit. »(I8)

Alors chez Lénine, le droit dépend de l’État »; le droit et l’État ne sont pas conçus comme la conséquence des relations sociales. Il ne tient à nul moment compte du fait que les relations juridiques entre les hommes se modifient plus lentement que les relations sociales dont elles sont le reflet. La conséquence bien singulière est que Lénine qui veut nier le dépérissement de l’État bourgeois puisque celui-ci est déjà détruit conclut finalement:

« Il s’ensuit qu’en régime communiste, non seulement le droit bourgeois mais aussi l’État bourgeois sans bourgeoisie subsiste pendant un certain temps. » (I9)

On se demande comment cela peut être possible.

IV

Quand Engels parle de dépérissement de l’État, il parle de l’État bourgeois. Lénine le nie puisqu’il ne comprend pas comment cet État peut dépérir après sa destruction et son abolition par la révolution. Voilà pour qui il conclut qu’ Engels parle d’un autre État,

 « l’État prolétarien » et qu’il se réfère à l’opinion ancienne de Marx selon laquelle « la dictature prolétarienne, équivaut à l’État transformé en prolétariat organisé en classe dominante ».
Chez Marx et Engels,la révolution prolétarienne est une révolution sociale: la transformation des moyens de production en propriété commune. Cette révolution sociale détruit l’État puisqu’elle abolit les relations sociales dont l’État est le produit. Voilà exactement ce dont l’État touché mortellement dépérit.

Il est exact que Marx a écrit que la Commune servirait la transformation des bases .économiques sur lesquelles reposent 1’existence des classes et le pouvoir des classes. Mais celui qui veut conclure de cela que Marx pense que la révolution ouvrière doit se forger un instrument politique grâce auquel dans la première phase du Communisme la société sera transformée, celui qui donne aux formes politiques de la dictature prolétarienne une indépendance à 1’égard de leur contenu social celui-là est trompé par le caractère. fétichiste de l’État bourgeois. La Commune était la forme politique enfin découverte sous laquelle la libération économique du travail pouvait être réellement. Mais la naissance de cette forme politique:
et la libération économique des travailleurs sont deux phases d’un même procès (20) puisque les hommes qui forment les relations sociales en rapport avec leur production matérielle produisent aussi les principes,les idées et les catégories en rapport avec leurs relations sociales.
La révolution prolétarienne est selon Lénine « la transformation de l’État bourgeois en État prolétarien ». Il écrit la tâche de cet État prolétarien de 1a manière suivante:

« Jusqu’à l’avènement de la phase supérieure du communisme les socialistes réclament de la société et de l’État le contrôle le plus rigoureux de la mesure de travail et de la mesure de la consommation; mais ce contrôle doit commencer par l’expropriation des capitalistes,par le contrôle des ouvriers sur les capitalistes il doit être exercé non par l’État des fonctionnaires,mais par l ‘État des ouvriers. » (21-) .

On,voit que Lénine parle ici distinctement de l’État et de la société comme de deux choses différentes. Il n’est pas étonnant qu’il dise aussi que :

« Seule la révolution peut supprimer l’État bourgeois , et que l’État en général, c’est à dire la démocratie la plus complète ne peut que dépérir. » ( 22)

Cela prouve de plus que Lénine n’a pas compris ce que Marx écrivait sur 1a relation-entre État et société puisque « l’État en général » n’est rien d’autre pour lui que la personnalité d’État qui se manifeste comme forme indépendante. En réalité,l’État n’existe que dans la forme historique la société qui est fondée sur la propriété privée: l’État des maîtres d’esclaves,de la noblesse féodale,de la bourgeoisie.

Selon Lénine,et cela en contradiction avec les opinions de Marx et d’ Engels telles qu’elles se sont développées après 1848, l’expropriation des capitalistes doit avoir lieu après la révolution par « l’État prolétarien ». Voilà la condition ancienne du « Manifeste selon laquelle le prolétariat doit utiliser son pouvoir politique pour arracher progressivement tout le capital à la bourgeoisie .Non seulement dans « L’État et la Révolution » ,mais aussi dans les autres articles et publications qui sont caractéristiques des opinions de Lénine,il est montré clairement que les opinions des bolchévistes correspondent au programme marxiste de l’année I848. Lénine dit par exemple dans un article écrit en septembre 1917 que:

« La question principale de chaque révolution est sans . doute la question du pouvoir d’État. »(23),et il ne met pas au premier plan la question du changement de la structure économique. C’est bien. compréhensible quand on est d’avis que le prolétariat doit transformer l’État bourgeois en État prolétarien; pour qui veut se donner la peine de lire la brochure de Lénine intitulée: « Les Bolchévistes garderont-ils le pouvoir d’État »,cet écrit apportera beaucoup de preuves de tout ce que nous avons écrit ici sur les opinions de Lénine.

V

Comment peut-on expliquer que Lénine dans ses tentatives » d’expliquer à nouveau les vraies théories marxistes de l’État » n’ oublie pas de tenir compte de l’analyse de Marx de la Commune de Paris, et même dit énergiquement qu’il faut détruire l’État bourgeois et que néanmoins il se réfère à chaque instant à l’opinion du « Manifeste Communiste » que Marx et Engels ont corrigé. La réponse à cette question est déjà donnée par Marx lui-même lorsqu’il écrit:

« La théorie chez un peuple,c’est réellement toujours dans la mesure où elle est ln réalisation de ses besoins. »On ne peut pas dire que Lénine et les bolchévistes tentaient à réaliser une mauvaise
opinion du marxisme dans la révolution russe; au contraire c’est la praxis de la révolution russe, ce sont les problèmes et la tâche historique de cette révolution qui les a conduit à une opinion mauvaise (si on veut plus tard corrigée) du marxisme .

Dans la Russie féodale , agraire et arriérée du tsar Nicolas II avec sa propriété rurale, sa bureaucratie réactionnaire et ses paysans qui n’étaient pas encore complètement sortis du servage,on trouve, à quelques exceptions prés, toutes les conditions qui existaient en Europe occidentale à l’aube de la révolution de I848. Il existait en Russie par suite des besoins militaires du tsarisme,et soutenu par le capital étranger qui cherchait le profit, une industrie, et par conséquent une bourgeoisie non encore parvenue à l’état adulte. On trouvait en Russie de larges groupes de petits bourgeois,et on y trouvait aussi un prolétariat,mais un prolétariat qui s’était formé dans un passé récent et qui dans toute la population ne formait qu’une petite minorité,et n’avait pas encore perdu ses liaisons avec les campagnes. Le prolétariat russe différait du prolétariat de l’ Europe occidentale dans la mesure semblable du capitalisme russe différant des systèmes de production des bords du Rhin et de la Mer du Nord. Dans l’industrie russe subsistaient des vestiges importants de la servitude et on pouvait à peine dire que l’ouvrier russe était » un ouvrier salarié libre au sens du marxisme. C’était la tâche économique de la révolution russe d’abolir le servage des paysans dans l’agriculture et de créer une vraie classe d’ouvriers salariés semblable à celle de l’Ouest,et celui de briser toutes les chaînes qui empêchaient le développement de l’industrie capitaliste. Dans le domaine politique par conséquent,il fallait la libération des États féodaux et la création d’un appareil d’ État qui garantisse la solution politique du problème économique. En un mot, le problème de la révolution russe était le problème de la révolution bourgeoise et les bolchévistes ne l’ont jamais nié.

Mais cette révolution bourgeoise ne pouvait se réaliser sous la forme classique de la révolution française de I789.Il en était autrement qu’en France où la bourgeoisie (on se rappelle les paroles orgueilleuses de 1’abbé Sieyés) montrait une conscience développée; la bourgeoisie russe était liée par bien des manières à l’ancien régime et ne pouvait penser à une résistance sérieuse aux situations existantes. Par suite la révolution. qui s’approchait de plus en plus trouvait son principal soutien chez les paysans, les ouvriers, les intellectuels qui voyaient leur liberté de conscience limitée par le régime des Romanoff. Ces intellectuels trouvaient, comme si souvent dans 1 ‘histoire, les armes nécessaires à leurs luttes à l’étranger; mais les théories qu’ils empruntaient, le marxisme, était né à l’ étranger par suite d’une réalité sociale qui différait complètement de la réalité sociale russe. Tout cela eu des conséquences bien singulières.
Parce qu’on abordait des pensées qui n’étaient pas le fait de la réalité russe,il fallait concilier les théories étrangères avec cette réalité. Il fallait partiellement faire violence à la réalité, et d’ autre part, on se voyait obligé d’adapter la théorie étrangère à la réalité historique. En ceci, réside les causes de l’interprétation bolchéviste, de l’interprétation léniniste du marxisme.

L »intellectuel révolutionnaire russe voyait très clairement que les paysans russes formaient par leur nombre 1a couche sociale qui dans la révolution ‘prochaine jouerait le rôle le plus important. Mais le marxisme leur disait que, comme le formulait Lénine « seulement le prolétariat par suite de son rôle économique dans l’industrie était capable de conduire toutes les masses travailleuses et opprimées qui, il est vrai, étaient souvent plus opprimées que les prolétaires,mais ne pouvaient pas combattre d’une façon indépendante pour leur libération. » Lénine ajoutait:

« Alors que la bourgeoisie fait. éclater les paysans et toutes les couches petite-bourgeoises,le prolétariat les unit et les organise. »

 »Pour être vraiment révolutionnaire,dit Lénine;il faut que la démocratie de la Russie actuelle marche de concert avec le prolétariat et qu’ elle soutienne les luttes du prolétariat la seule classe qui reste révolutionnaire jusqu’au bout. » (24)
Dans un autre passage il dit:

« Par conséquent,la révolution bourgeoise de !905-!907, sans avoir remporté des succès aussi éclatants que ceux qui échurent de temps à autre aux révolutions portugaises et turque,a été sans conteste une révolution vraiment populaire. Car la masse du peuple,sa majorité,ses couches
sociales inférieures 1es plus profondes acculées sous le joug de l’exploitation, se sont dressées d’elles-mêmes,elles ont laissé sur tout le cours de la révolution l’emprise de leurs revendications,de leurs tentatives de construire à leur manière une société nouvelles à la place de l’ancienne qu’elles détruisent  » ( 25)

Il faut ne regarder que l’analogie avec ce qu’on appelait en 1848 « la mobilisation du peuple » pour voir très distinctement pourquoi les bolchévistes ne partaient pas du marxisme de I87I, mais du marxisme du « Manifeste ». Dans cet écrit,ils trouvaient des opinions sur la tâche du prolétariat au mémento où la révolution bourgeoise n’avait pas encore eu lieu. Ils y trouvaient une conception de la démocratie qui cadrait bien avec les situations russes où l’al1iance . entre les trois groupes vraiment révolutionnaires aspirait aussi au pouvoir révolutionnaire du peuple.
Lorsque Lénine comparait les sociaux révolutionnaires et les menchévistes russes avec les démocrates petits-bourgeois français du type Louis Blanc, il avait plus raison qu’il ne le pensait lui-même.
Le parallèle est tellement juste qu’on peut le poursuivre, et qu’on peut comparer les bolchévistes aux communistes de I848. Ce qu’ils faisaient eux-.mêmes est prouvé par le fait qu’on retrouve chez eux ; non seulement des conceptions comme « la démocratie révolutionnaire et la révolution populaire » mais aussi par exemple chez Trotsky la terminologie de la révolution permanente. La. conception de jeunesse de Marx et Engels selon laquelle « la conquête de la démocratie » n’ était que le premier pas dans la révolution ouvrière était partagée par les bolchévistes, et leur politique en I9I7 tendait à la réalisation de cette conception.
En I848, cette conception du jeune Marx se révélait une illusion; en I9I7 la même chose se révélait pour la seconde fois, l’histoire se répétait mais sous une autre forme. Ni la révolution de 1848 en France, ni la révolution d’octobre n’ont réalisé la libération du prolétariat.
Quant aux bolchévistes, Trotsky joua d’abord avec l’insurrection de: Kronstadt le rôle de Cavaignac qui écrasa en 1848 les ouvriers révoltés. Plus tard,le sort de Trotsky fut le même que celui de Louis Blanc qui, loin du lieu où il avait exercé autrefois le pouvoir écrivit·· des livres magnifiques sur 1′ ‘histoire qu’il avait aidé à faire lui-même. Et ce fut Staline qui fut l’héritier d’ 0ctobre, comme en France, Louis Bonaparte avide de pouvoir s’empara de 1’héritage de la révolution de I848. Mais ni l’un ni l’autre de ces développements ne signifie la faillite du marxisme.

Brendel Cajo

NOTES

(I) Le socialiste autrichien Max Adler, mort en I938,s’est bien aperçu de cette contradiction . que 11on ne retrouve par suite dans aucun de ses ouvrages. Pourtant,lui aussi a sur la révolution sociale des opinions n’allant pas au-delà du « Manifeste Communiste »
(2) :Marx-La. lutte ·des ·classes en France-Editions sociales internationales-Paris I936-p.42 et’59
(3)Marx-Lettre·à Kugelmann-Editions sociales internationales-Paris 1936-p 42 et 59
(4) État et révolution-Editions sociales-Paris !947
(5) État et révolution,op.cit.p.27
(6) État et révolution,op.cit.p.26-27
(7) État et révolution;op.cit.p.28-29
(8)-État et révolution,op.cit.p.28
( 9) Waldeck-Rousseau, politicien français radical (1846-1904)
(I0) ‘État et révolution,op.cit.p.35
.(II). État et révolution,op.cit.p.30-3I
{!2) Marx-Le capital.
(I3) Max Adler-La conception marxiste de l’État-Die Staatssauffassung Marxism-Marx Sudien- IV Bund 2-Wènen !922-btz 33 Engels-Origine de la famille (p.I40)
(I4) Engels-Anti-Dühring-Editions Costes-Paris ~946-II,p.46-47
(15) État et révolution,op.cit
(I6) État et révolution,op.cit.p.89
(I7) Marx-Misère de la philosophie, Editions sociales,Paris I937,p.III
(!8) Marx;Défense devant les .jurés de Cologne en I849.
(19) État et révolution,op.cit.p,89
(20) Engels dit très bien que le changement des moyens de production en propriété commune est mortel pour 1’Etat bourgeois. Il dit aussi :
« Car avec la transformation des moyens de production en propriété sociale le disparaissent aussi le salariat et le prolétariat… « Origines de la famille »-Ed.Costes I946,p.8I

(2I) « État et Révolution »,op.cit.
(22) « État et Révolution »,op.cit.
(23) Lénine-« Une des questions « principale de la révolution » p.I78
(24) Lénine-« La catastrophe qui vient » p.240

« L’ordre règne à Varsovie ! », « l’ordre règne à Paris ! », « l’ordre règne à Berlin ! ». C’ est ainsi que les proclamations des gardiens de « l’ordre » à travers les armées se répandent d’un centre à l’ autre de la lutte historique mondiale. Et la jubilation des vainqueurs ne remarque pas qu’un « ordre », doit périodiquement etre maintenu par des boucheries sanglantes , va sans arrêt vers sa destinée historique, vers sa fin. »
Rosa Luxembourg: « L’ordre règne à Berlin. » (dernier écrit-I4 janvier I9I9)

 


	

L’effondrement d’immeubles à Marseille: le produit d’un crime social (wsws)

 

Par Anthony Torres
7 novembre 2018

Trois bâtiments de quatre à cinq étages se sont effondrés sur Marseille rue d’Aubagne, dans le quartier ouvrier de Noailles lundi matin, faisant quatre morts. Des dizaines de personnes sont portées disparues, et on craint que le nombre de victimes ne monte rapidement.

 

Immeubles effondrés à Marseille

Vers 9h du matin, les deux bâtiments du quartier de Noailles se sont effondrés blessant légèrement deux passants avant qu’un troisième immeuble s’effondre de lui-même à 75 pour cent, vers 17h15. L’un des immeubles, qui était un bâtiment municipal faisant l’objet d’un arrêté depuis «une dizaine de jours, suite à une difficulté sur une cloison au 1er étage», aurait dû être évacué. Dans le second bâtiment, neuf des douze logements étaient habités et devait y être installée «une micro crèche de dix berceaux», selon MarsActu.

Une personne est confirmée morte, mais une dizaine de personnes que les marins pompiers de Marseille tentent de secourir sont portées disparues. Selon l’adjoint au maire, Julien Ruas, les opérations vont se poursuivre sur plusieurs jours étant donné la quantité de gravats sur la voie publique qui ont ensevelies aussi des voitures.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner s’est dit «peu optimiste» sur la situation et a ajouté que «huit personnes sont susceptibles de se trouver dans les immeubles». Parmi les personnes portées disparues, une jeune femme qui n’est pas allée chercher sa fille à l’école et une «femme qui ne sortait jamais de chez elle» selon Renaud Muselier, président de la région PACA.

Un étudiant résidant dans l’immeuble en face de celui effondré a expliqué au Figaro: «Il y a eu un gros boum et ça s’est effondré. La semaine dernière les pompiers étaient venus et avaient bloqué la rue pendant deux heures à cause du risque d’effondrement mais ensuite il ne s’était rien passé du tout».

Le quartier de Noailles est le quartier le plus densément peuplé de Marseille. C’est un quartier habité par des travailleurs pauvres, majoritairement issus de l’immigration où les familles s’entassent les unes sur les autres. L’effondrement d’immeubles est le produit d’un crime social, les autorités publiques et les décideurs économiques ayant créé des conditions où les familles pauvres n’ont pas d’autre choix pour se loger que de vivre dans des logements insalubres, alors que les autorités sont conscientes du péril auxquels ces travailleurs sont exposés.

Les travailleurs morts ou blessés dans cette tragédie l’ont été parce qu’ils étaient pauvres. La municipalité a laissé pendant des décennies ces bâtiments se dégrader dans les quartiers populaires, alors qu’en même temps la mairie investissait des milliards dans le quartier de la Joliette pour en faire un centre d’affaires.

Dans une expertise établie en 2013, la société publique d’aménagement de la ville de Marseille rapportait que 48 pour cent des immeubles étaient indécents ou dégradés. 20 pour cent étaient en procédures d’insalubrité ou de péril. Seuls 11 pour cent se trouvaient dans un bon état structurel. Le manque d’investissement des autorités publiques dans les quartiers ouvriers contraste avec les milliards dépensés dans le réaménagement du quartier de la Joliette sur Marseille en centre d’affaire et de tourisme.

L’Etat est aussi responsable que la municipalité dans la dégradation du parc immobilier. Un autre rapport daté de 2015 par l’administration du développement durable pointait du doigt l’état et la mairie qui mettaient de la mauvaise volonté dans l’habitat insalubre à Marseille.

L’architecte urbaniste Eric Baudet parle du quartier de Noailles «d’une grande pauvreté» où «les locataires vivent de minimas sociaux, les propriétaires louent aux prix des APL et font le minimum de travaux, voire aucun. Et ça se dégrade lentement. La catastrophe de la rue d’Aubagne était prévisible».

L’effondrement des trois immeubles sur Marseille n’est pas un phénomène isolé. Au Royaume-Uni, des dizaines de travailleurs ont trouvé la mort dans l’effroyable incendie de la Tour Grenfell parce que le riche quartier Kensington de Londres où ils habitaient leur avait imposé un revêtement hautement inflammable afin de réduire les dépenses sociales. Comme à Marseille, les autorités publiques les laissaient vivre sans aucune sécurité, parfaitement conscients du danger imminent.

Plusieurs incendies dans des quartiers pauvres de la banlieue proche de Paris ces dernières années se sont déclarés en raison d’installations électriques anciennes dans des appartements vétustes où logeaient des familles de travailleurs pauvres.

L’effondrement des bâtiments sur Marseille s’est produit après que Macron a annoncé en début d’année 300 milliards d’euros pour le renforcement de l’armée afin de militariser l’UE, et la réduction des impôts pour les fortunes françaises. Cette politique de guerre et de destruction des acquis sociaux menées depuis des décennies s’accompagne d’un quadrillage par la police des quartiers populaires. L’État accorde à la police des pouvoirs illimités pour intimider et réprimer les travailleurs pouvant entrainer la mort, comme lors de la fusillade de police à Nantes.

La classe dirigeante, si elle refuse de financer des conditions de vie décentes pour les masses urbaines, déploie par contre des sommes faramineuses et un savoir faire considérable pour préparer à mener une guerre urbaine contre la population.

Peu après l’arrivée au pouvoir du gouvernement PS de François Hollande, Samia Ghali, députée PS du 15ème et 16ème arrondissements de Marseille avait appelé à l’envoi de l’armée dans les banlieues de Marseille. Elle déclarait au journal La Provence: «Aujourd’hui face aux engins de guerre utilisés par les réseaux, il n’y a que l’armée qui puisse intervenir. Pour désarmer les dealers d’abord. Et puis pour bloquer l’accès des quartiers aux clients, comme en temps de guerre avec des barrages. Même si cela doit durer un an ou deux, il faut tenir.»

Cette menace s’est réalisée lors de l’état d’urgence imposé deux ans plus tard par Hollande et à présent inscrit dans la législation française à travers la loi antiterroriste voulue par Emmanuel Macron.

En laissant vivre des millions de travailleurs dans des logements vétustes et en péril et dans la misère, les classes dirigeantes créent des conditions où des désastres sanglants comme celui lundi à Marseille se produisent inévitablement, en France et à travers le monde. Ainsi ces tragédies ne sont pas des accidents, mais bel et bien le produit d’un crime social commis contre les travailleurs.

http://www.wsws.org/fr/articles/2018/11/07/mars-n07.html

 

La question du logement toujours aussi cruciale (deuxième partie)

 

 La situation en 2018 et la loi ELAN Evolution du Logement de l' Aménagement et de la transition Numérique.

Le 12 juin 2018-Les députés adoptent le projet de loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique. Votants: 555. Majorité: 256. Pour: 342. Contre: 169. 44 Abstentions.

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L' Etat français consacre plus de 40 milliards d' euros par an à la politique du logement (2% du PIB avec les aides à la personne qui absorbent prés de la moitié du budget ( 10 Md au secteur public et 8 Md au privé). Malgré cette dotation, il y a un manque chronique de logements sociaux de un million par an , alors que les projets futurs ne dépasseront pas les 389 000 logements jusqu' en 2040. Ce n' est pas le petit coup de pouce de 2017 de 418 900 logements qui sera en mesure de résorber un déficit voulu de logements sociaux. Les investisseurs locatifs attendent pour se faire du fric sur ce déficit, avec la complicité de tous ceux qui directement ou indirectement sont intéressés par cette manne ( Mairie, notaires, agences immobilières, syndic...) . Cela va de la colocation étudiante et autres aux locations de taudis comme à Aubervilliers.

 Taudis , bidonvilles, squats

 La France compte environ 600 000 taudis ; 2 187 000 personnes vivent dans des conditions très difficiles ou dégradées, sans eau, sans WC, sans chauffage. (sources fondation l' abbé Pierre)

Dans le monde en 2010, 828 millions de personnes vivaient dans des taudis. Ils seront 59 millions de plus en 2020.

Le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles croît dans le monde à un rythme de 30 à 50 millions de personnes par an. D'ici à 2050, la population des bidonvilles et des taudis, dans le monde pourrait atteindre 1.5 milliard en 2020, et 3 milliards en 2050, (soit un tiers de la population mondiale)

 La location de taudis, n' est pas une nouveauté en France et la seine st Denis est souvent décriée pour ce type de location à risque. Le 20 août 2018, près d’un mois après le terrible incendie qui avait fait quatre morts au sein d’une même famille dans une tour HLM à Aubervilliers, un nouveau sinistre s’est déclaré dans la commune de Seine-Saint-Denis. Sept personnes, parmi lesquelles cinq enfants étaient hospitalisés dans un état grave. La Seine-Saint-Denis avec ses 80 000 habitants est le département francilien le plus touché par ce qu'il est commun d' appeler «  l’habitat indigne » et ses « marchands de sommeil ». Comme toujours dans pareil cas on dépêche un ministre pour verser quelques larmes pour que tout se poursuive comme avant. On procède à la création d'un Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale pendant que le ministre de l' intérieur Gérard Collomb, envoie ses pensées « aux blessés et aux personnes hospitalisées » et que de son coté la Maire d' Aubervilliers Meriem Derkaoui, réclame des moyens financiers pour remédier au mal. La loi ELAN prétend sanctionner plus durement les marchands de sommeil, désormais louer un habitat indigne, sera considéré comme un délit à l’instar du trafic de drogue ou d’alcool. Les marchands de sommeil s' exposent à cinq ans de prison et 150 000 euros d' amende et les sommes encaissées grâce à la location des logements indignes devront être remboursées. Il n'y a pas que la Seine saint Denis qui est confrontée avec l' extension des bidonvilles et des squats. Les ville de Montpellier et Béziers sont particulièrement touchées, ci dessous liste des bidonvilles et squats.

 

MONPELLIER

BEZIER

Zénith 2,

Squat centre ville

Mas Rouge

Squat « Les Hirondelles »

Pablo

Squat Route de Vias

Bonnier

Rebaut le bas, Route de Maraussan

Zénith 1,

Saporta, Lattes

Chez Paulette

Rue de Martelli, Sète

La Ferme,

 

 La guerre aux squatteurs

 La loi Elan vise à faire un grand nettoyage des squats, pour y parvenir cette loi met au même niveau l' occupation de bâtiments vides et abandonnés et la violation de domicile. Cette loi punitive veut mettre à la rue ceux qui vivent chichement à la lisière du SDF. Le 19 septembre, une commission mixte paritaire (composée de sept sénateurs et sept députés) se réunira au Sénat, à Paris, dans le but d’éviter un nouveau passage du texte devant l’Assemblée et donc d’accélérer la mise en application de la loi ELAN. En réaction une manifestation de 200 personnes devant le sénat.

 Les colocations « étudiantes ».

 Un marché très rentable pour les investisseurs et pour tous ceux qui vivent de immobilier ( agences, notaires, syndics, Mairie...) à condition qu'il y ait une certaine pénurie de logements et une politique de densification des populations. Si nous prenons l' exemple d'une ville nouvelle comme Cergy-Pontoise, elle se caractérise comme une ville étudiante et à l' ambition de devenir un campus international. « Nous avons établi un triangle qui part du site universitaire de Saint-Martin à Pontoise, pour relier Port-Cergy, puis le site de Neuville-sur-Oise », détaille François Germinet1. « A l'intérieur, on trouve notamment le site des Chênes, l'Essec et Polytechnique Saint-Louis. Pour nous, c'est le triangle d'or de notre pôle universitaire. Il abrite 30 000 étudiants. ». Pour y parvenir la politique de la ville prétend offrir aux 30 000 étudiants de nouveaux logements et équipements, il y a loin de la coupe aux lèvres puisque actuellement il n' existe que 1000 chambres. Le reste est l' affaire des investisseurs privés et de la loi Elan qui permet de transformer les bureaux en habitation.

Cette politique de la ville a forcément des conséquences, dans la vie des quartiers et des résidences

devenues une manne pour les investisseurs, résultat des problèmes de stationnement liés à l' utilisation par les investisseurs des garages qu'ils transforment illégalement en habitation locative et augmentation des tapages nocturnes. Les colocations ne sont d' ailleurs pas seulement étudiantes, il y a aussi des travailleurs et travailleuses précaires qui cohabitent ensembles avec certaines tensions puisque ne venant pas du même milieu social.

MIGRANTS_CERGY_625

La ville de Cergy se distingue aussi comme gestionnaire migratoire, dans la patinoire désaffectée de la ville a 50 mètres de la Préfecture , elle dispose d'une capacité de plus de 200 personnes

.L'ancienne patinoire a été transformé en centre d'accueil.

En réalité ce centre est un centre de triage des migrants et aussi une mesure pour régler le problème des campements de migrants à Paris, a proximité du centre humanitaire de la Porte de la Chapelle. 

Cette loi « humanitaire » vise à faire effectuer un tri efficace par les préfectures entre « les bons, les méritants, les choisis », et ceux jugés « en trop » seront renvoyés à la mort comme surnuméraires.

 

Retour_dans_le_vide

Les mesures Macron pour gérer la précarité

 La loi ELAN permet de souscrire un nouveau bail mobilité de un à dix mois, destiné aux personnes en formation, études supérieures, stage, apprentissage ou mission temporaire professionnelle, en réalité adapter le système locatif à la flexibilité de l' emploi et à la précarité.. Pour ce nouveau bail, non reconductible, aucun dépôt de garantie ne pourra être exigé par le propriétaire et le locataire pourra bénéficier de la garantie Visale (Visa pour le logement et l'emploi).

L' emploi devenant de plus en plus précaire et aléatoire, la demande en location de courte durée est en hausse en raison du développement des mobilités professionnelles courtes, des formations et des stages qui, dans le cadre d'un cursus universitaire, ont de plus en plus lieu dans des zones géographiques distinctes du lieu d'étude". Une bonne affaire pour les investisseurs bailleurs.

Réduire la construction de logement pour les handicapés.

Seuls 10% des logements neufs devront être obligatoirement accessibles aux personnes handicapées, contre 100% auparavant. Les 90% restants devront être «évolutifs». Cette nouvelle disposition rompt ainsi avec le principe d’accessibilité universelle issu de la loi de février 2005.

Privatiser le secteur HLM

l' Etat Macron veut faciliter la vente de logements HLM.c' est à dire transférer les frais d' entretien des HLM sur les futurs propriétaires. Pour y parvenir rapidement,il n’y aura plus besoin d’autorisation préfectorale. Le prix de vente sera fixé librement par le bailleur social s’il vend à un autre organisme. Le droit de préemption, détenu par les communes, sera supprimé.

Et pour forcer les ventes, la situation des locataires devra être réexaminée tous les six ans par les organismes HLM. Ceux ayant des revenus supérieurs aux plafonds devront payer un «surloyer» ou partir afin de laisser la place à des ménages moins aisés. En fait une personne qui se retrouve seule ( en principe des vieux) du fait du décès de son conjoint, devra s' acquitter d'un « surloyer » ou se retrouver SDF.

Faciliter la transformation de bureaux en logements.

 Initié en février 2016 par le conseil de Paris, la transformation de bureaux vacants passe dans la loi Elan. Elle permet entre autre de déroger au Plan local d’urbanisme Le gouvernement s’est fixé comme objectif de transformer, d’ici fin 2020, 500.000 m² de bureaux vides en logements. En Ile-de-France, entre 10.000 et 20.000 logements pourraient être créés. Comme le coût de la rénovation est important presque le coût d'une construction neuve,le succès de l' opération dépendra des aides de l' Etat.

Comme nous pouvons le constater, la loi Elan favorise les investissements privés tout en reportant sur les locataires HLM le poids des réparations dans les zones ou les taux de loyers impayés sont d' autant plus important que les travaux d' entretien des immeubles ne sont pas fait. Tout en favorisant les expulsions en n' hésitant pas à jeter sur le pavé les personnes âgées et les précaires.

G.Bad septembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 





 





 

 







Note

1François Germinet, professeur de mathématiques, préside l’UCP (université de Cergy-Pontoise) depuis le 21 mars 2012

La question du logement et la crise urbaine

 

Effondrement d'un immeuble a toulouse 2024

« La “crise du logement” - à laquelle la presse de nos jours porte une si grande attention - ne réside pas dans le fait universel que la classe ouvrière est mal logée, et vit dans des logis surpeuplés et malsains. Cette crise du logement-là n’est pas une particularité du moment présent ; elle n’est pas même un de ces maux qui soit propre au prolétariat moderne, et le distinguerait de toutes les classes opprimées qui l’ont précédé ; bien au contraire, toutes les classes opprimées de tous les temps en ont été à peu près également touchées. Pour mettre fin à cette crise du logement, il n’y a qu’un moyen : éliminer purement et simplement l’exploitation et l’oppression de la classe laborieuse par la classe dominante. Ce qu’on entend de nos jours par crise du logement, c’est l’aggravation particulière des mauvaises conditions d’habitation des travailleurs par suite du brusque afflux de la population vers les grandes villes ; c’est une énorme augmentation des loyers ; un entassement encore accru de locataires dans chaque maison et pour quelques-uns l’impossibilité de trouver même à se loger. Et si cette crise du logement fait tant parler d’elle, c’est qu’elle n’est pas limitée à la classe ouvrière, mais qu’elle atteint également la petite bourgeoisie. » (Friedrich Engels, La Question du logement) 

 

Depuis 1872, cet article d’Engels sur « La question du logement » n’a pris aucune ride, et rien ne semble avoir véritablement changé sur le fond, l’immigration étrangère ayant simplement pris le relais de l’immigration paysanne vers les villes.

Au bout de vingt ans de « politique de la ville » et de « gestionnisme » social, la crise urbaine est toujours là. Et, comme toujours quand un problème se pose en France, on crée un ministère. Le ministère de la Ville est donc créé en 1990. Auparavant, Raymond Barre avait lancé en 1977 son HVS (Habitat Vie Sociale). A cette époque, la « crise urbaine » ne faisait qu’émerger. C’est seulement après les affrontements des Minguettes à Lyon, en 1981, que des mesures particulières pour gérer la crise seront prises : création en novembre 1981 de la Commission nationale pour le développement social des quartiers (CNDSQ) ; création en 1983 de la Mission Banlieues 89, consultant auprès de la CNDSQ(148 contrat de développement social des quartiers seront inscrits au Plan 1984-1988) ; puis, en 1988, création du Conseil national des villes et du développement social urbain (DSU) ; en 1995, à défaut de pouvoir « faire du social », on change de nom, et on crée les zones urbaines sensibles (ZUS, voir page 23) puis, en 1996, le « pacte de relance » et 44 zones franches urbaines (ZFU). En 2002, Jean-Louis Borloo lance son plan de destruction-reconstruction des cités (« 200 000 logements détruits, 200 000 construits, 200 000 réhabilités » d’ici 2008), lancé en 2001 par Claude Bartolome, ministre du logement de la gauche plurielle.

Il fallait « casser les ghettos » au nom de « la mixité sociale ». La bourgeoisie, faux-cul comme d’habitude, ne va pas dire qu’il faut détruire les quartiers dangereux, mais les qualifie de « quartiers sensibles ». Le ministre du logement Gilles de Robien et son acolyte Jean-Louis Borloo, ministre de la Ville, annoncent en 2002 la fin des enclaves. Quelques années après, les ministères, de gauche comme de droite, constatent que la misère les a rattrapés. Les quartiers sensibles, d’une quinzaine sont passés à 752 (dont 33 dans les DOM-TOM). La généralisation de l’insécurité sociale touche maintenant 800 communes et 200 villes.

Les ZUS totalisent tout de même 10,2 % de la population urbaine nationale, soit selon l’INSEE 4 462 851 personnes en 1999. Dans ces zones, les moins de vingt ans sont nombreux (31,5 % de la population) et fortement concentrés dans plus de 100 grands ensembles de plus de 10 000 habitants : les « chaudrons sociaux » comme ils disent. 

 

— Derrière le discours humanitaire, les expulsions et la relégation. Comme il faut désensibiliser les quartiers sensibles, la solution finale, c’est l’expulsion et la destruction des grands ensembles. Tout est mis en action pour faire fuir les familles (hausse des loyers, délabrement des logements, expulsion pour impayés de loyer, faux projets de reconstruction et tri des mal-logés avant destruction des bâtiments) [9]. Le concept de « mixité sociale » se traduit dans les faits par la diminution du pourcentage de précaires dans les communes populaires et leur relégation à la périphérie.

La loi de « solidarité et renouvellement urbain » (loi SRU), votée en 2000 par le gouvernement « gauche plurielle » de Lionel Jospin, et qui oblige en principe les communes à compter un minimum de logements sociaux sur leur territoire [10], allait servir d’alibi à celles dépassant ce quota pour ne pas reconstruire ceux qu’elles avaient perdus (quant à celles qui ne l’atteignent pas, elles préfèrent souvent payer une amende plutôt que de construire des HLM). On voit même une exploitation politique du « problème des banlieues » : par exemple, sous les présidences Mitterrand et les gouvernements socialistes, les immigrés en mal de logement furent orientés vers les communes « rouges » de la Seine-Saint-Denis ou vers les communes de grande banlieue tenue par l’opposition RPR.

Nous verrons même dans la ville de Clichy-sous-Bois cette particularité : la commune la plus pauvre de l’Ile-de-France est aussi celle où 60 % de l’habitat est en copropriété. On dénombre pas moins de 11 copropriétés soit 4 000 logements. Le mystère de Clichy se dévoile quand on sait que les sociétés HLM se sont débarrassées par la vente de logements vétustes - en reportant ainsi les risques sur les anciens locataires. De plus, la baisse du niveau de vie fait que les loyers et les charges d’entretien restent souvent impayés, ce qui accélère la dégradation des parties communes des tours et des barres. Les mairies et les offices HLM veulent changer de clientèle, quitte à vider les quartiers. Des milliers d’appartements ne seront plus attribués au départ de leurs locataires et des barres entières resteront vides. Une adaptation curieuse s’opère, par le truchement du DAL (Droit au logement) qui, confronté à l’occupation des logements vides, signe un accord de relogement progressif des squatters en échange d’indemnisation d’occupation, d’un montant équivalent à un loyer (sans aide de la CAF et toujours en situation d’expulsion du jour au lendemain) du « logement au noir » en toute légalité.

— La galère de l’hébergement temporaire. Tous les beaux discours sur le renouvellement urbain ne parviennent pas à masquer que ces dernières années, le recours à l’hébergement temporaire n’a cessé de progresser. La faute en reviendrait, selon le pouvoir et ses gestionnaires locaux, à l’impossibilité financière ou juridique d’accéder à une location. Sont donc condamnés aux logements précaires et passerelles les chômeurs, les personnes travaillant sous contrat précaire (CDD), les femmes isolées, les ex-squatters, les familles immigrées.

Pour tous ceux-là, il n’y a que des logements éphémères : foyers, hôtels sociaux, et autres Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) dont la surveillance rappelle la prison ou la caserne (dortoirs sous vidéo-surveillance, accès contrôlés à la cuisine et à la salle de bain)...

La question du logement est toujours présente et accuse l’ordre capitaliste, ce paradis sécuritaire qui laisse crever le pauvre dans la rue.La peine de mort existe mais elle a un visage anonyme comme le capitalisme.

Le problème des transports et l’isolement des cités

Lors de la construction des « grands ensembles » dans les années 1960, pour reloger les habitants des bidonvilles et les habitants des villes chassés par la reconquête des centres anciens par les classes moyennes, la question des transports n’avait pas l’acuité qu’elle a prise aujourd’hui. La désindustrialisation des banlieues était seulement amorcée et le lieu d’exploitation n’était pas très éloigné des lieux d’habitation. Par exemple, les quelque 30 000 travailleurs de Renault-Billancourt habitaient sur place ou dans les banlieues limitrophes, notamment dans l’immense cité nouvelle de Meudon-la-Forêt.

Puis la disparition des localisations industrielles favorisant la construction de nouvelles cités a fait que la population de ces cités s’est accrue alors que les lieux d’exploitation se sont éloignés et que les habitants des cités sont devenus de plus en plus tributaires des transports. De plus, souvent, les nouvelles cités ont été construites loin des centres-villes. Un exemple peut être donné par la cité de Surville, construite sur un plateau à plusieurs kilomètres du centre de Montereau (Yonne) situé, lui, au fond de la vallée.

Ce problème des transports a pris souvent un double aspect. Les services de bus permettant d’aller dans le centre ou de rejoindre une station de chemin de fer ou de métro ont été organisés, pour un minimum de rentabilité, aux heures de pointe pour assurer départ et retour dans les temps « normaux » du travail. Le travail hors des horaires classiques tout comme les sorties « loisirs » sont devenus très aléatoires, car les services se raréfiaient ou étaient inexistants, notamment le soir ou les week-end. Une carence d’autant plus mal ressentie que les cités comportent peu ou pas de lieux de socialisation.

Les jeunes peuvent d’autant plus ressentir le poids de ces difficultés de « sortir » que le coût des transports est dissuasif pour leurs revenus (faibles ou inexistants) et qu’ils ne disposent pas, pour ces mêmes raisons financières, de possibilités individuelles de transports. Il est difficile de dire si la criminalité développée autour des engins de transport, depuis le vol des mobs jusqu’aux « emprunts » de voitures pour une virée, était ou est pour une bonne part due à cette aspiration au déplacement facile à moindre frais. De même, il est impossible de dire si les incendies récurrents de voitures dans les cités ne procèdent pas de vengeances conscientes ou inconscientes née de la frustration d’une telle aspiration. Mais, par contre, il est certain que les multiples incidents dans les transports publics qui défraient la chronique lorsqu’ils atteignent une certaine gravité sont liés à une volonté d’utiliser les transports à volonté. Voyager gratuitement est devenu autant une nécessité qu’un jeu et la répression, aggravée avec le temps et à mesure de la montée des fraudes et des incidents, n’a fait qu’accroître le nombre et la gravité de ces incidents, le tout étant pris dans un cercle vicieux.Et cette nécessité devient peut-être d’autant plus impérieuse que la baisse du niveau de vie et l’accroissement du chômage diminuent ce qui reste disponible pour « sortir » et incitent d’autant plus à frauder.

Dans le cahier de doléances établi par un collectif d’habitants de Clichy-sous-Bois après les émeutes, un chapitre concerne les transports dans la ville. Ceux qui travaillent vont en majorité à Paris ou à l’aéroport de Roissy. S’ils n’ont pas de voiture (et ils sont la majorité), ils doivent prendre les transports publics, bus et train. Il n’y a pas de gare à Clichy : il faut 45 minutes de bus pour gagner la gare du Raincy afin d’aller à Paris et autant pour celle d’Aulnay afin d’aller à Roissy. Il faut donc ajouter plus de deux heures au temps de travail ; de plus, si les horaires de travail sont décalés (travail en équipes, femmes de ménage, etc.), cela devient presque impossible : bus et trains sont rares tôt le matin ou tard le soir ou carrément inexistants.

La seule réponse des pouvoirs à cette question des transports et à la montée des problèmes y afférents, a été de renforcer la « sécurité », les contrôles et les pénalités. Des corps spéciaux de police des transports, mis en place pour le contrôle des fraudes, ont été aussi utilisés pour empêcher les jeunes de descendre dans le centre des villes par crainte de débordements (vols à l’arraché, violences diverses...) dans les manifestations festives ou autres. La chasse au jeune faciès y sévit alors, doublant le harassement interne dans les cités. La répétition des fraudes a valu des condamnations de plus en plus sévères. Et le caillassage des bus ou trains a pu être une vengeance après des incidents avec des chauffeurs ou contrôleurs trop zélés. Paradoxalement, la multiplication des incidents a entraîné, souvent sous la pression des travailleurs concernés, non seulement des grèves temporaires bloquant une ligne ou une autre, mais surtout une restriction encore plus marquée des services aux « heures dangereuses ».

Nul doute que cet ensemble ait pu contribuer à une exacerbation conduisant à l’explosion de l’automne 2005.

( extrait de  la Brochure d’ Echanges  La révolte des cités françaises, symptôme d’un combat social mondial

Les motivations du Hamas (Raoul Victor)

    Fresque de Malak Mattar     "La direction du Hamas pouvait parfaitement prévoir le massacre de la population palestinienne qu’entra...