
En I848, lorsque Marx et Engels 
publièrent le « Manifeste »,ils y exposaient que le prolétariat devait. 
utiliser son pouvoir politique pour « arracher petit à petit tout le 
capital,pour centraliser tous les instruments de production entre les 
mains de l’État, c’est à dire du prolétariat organisé en classé 
dirigeante. »
Cette formule sert aux réformistes de 
tous· les pays. pour défendre une politique et un programme de mesures 
sociales plus ou moins progressives dans le cadre de la démocratie 
actuelle. C’est ce passage qui peut éclaircir dans un certain sens(c’est
 à dire quand on néglige les causes sociales du point de vue 
social-démocrate) pourquoi les social- démocrates de tous les pays, ou 
bien les socialistes qui sont issus de la social-démocratie ,veulent 
établir une. société dans laquelle l’appareil de production passerait 
des mains de la bourgeoisie aux mains de l’État.
Les
 social-démocrates ont tort;ils ne peuvent pas se servir du « Manifeste 
pour défendre leur politique. Car pas un seul d’entre eux ne s’est 
jamais rendu compte de la contradiction que Marx aurait laissé 
apparaître dans le « Manifeste » entre ce prétendu transfert des 
instruments de production des mains de la bourgeoisie aux mains de 
l’État (I),et ce passage du « Manifeste »:
« Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la bourgeoisie tout entière. »
Et cette contradiction est encore plus
 évidente quand on considère le fait que Marx dans ce qu’il a. publié 
avant le « Manifeste » analysait déjà le caractère de l’État,le 
combattait d’une façon impitoyable,et,de plus,dénonçait l’esprit de la 
petite bourgeoisie qui se dissimulait derrière les idéaux démocratiques.
Cette
 contradiction ne se trouve que dans la tête des réformistes et en 
aucune ‘manière chez Marx qui n’a jamais prétendu que la classe; 
ouvrière peut saisir le pouvoir dans le cadre de la démocratie existante
 tout en maintenant l’ordre capitaliste. Au contraire,Marx et Engels ont
 bien compris que cela était impossible;la preuve en est dans la phrase 
que nous venons de citer, et pour laquelle les réformistes ont tant de 
prédilection lorsqu’ils défendent leurs positions.
Les mots « c’est à dire » que nous 
avons souligné,montrent très clairement que pour Marx, »l’État » 
équivaut au « prolétariat organisé en classe dirigeante ». Cette 
équivalence découle des opinions exposées dans le « Manifeste » sur le 
cours de la révolution prolétarienne.
Marx et Engels pensaient en !848 que 
le prolétariat,lorsqu1il se constituait en classe dirigeante pouvait 
faire changer le caractère de l’État, pouvait transformer un instrument 
de la bourgeoisie en un instrument
 de la classe ouvrière. L’ État qui s’identifie à « un comité qui gère 
les affaires communes de la bourgeoisie tout entière » et l ‘État qui s’
 identifie au  »prolétariat organisé en classe dirigeante »,ce
 sont dans le « Manifeste » deux choses bien distinctes deux phases bien
 distinctes du développement social. Entre ces deux phases,il y a le 
bouleversement de l’ordre social de notre époque. Tout ceci est bien 
clair, car dans le « Manifeste » , après la phrase citée vient ce 
passage:
« A la place de l’ancienne société bourgeoise avec ses classes et ses antagonismes de classe surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. »
Il est bien vrai, que dans le même 
chapitre du « Manifeste »,on peut lire que « la première étape dans la 
révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe 
dominante,la conquête de la démocratie », mais la seule conclusion 
possible est que Marx exprimait en I848 par le terme « démocratie » tout
 autre chose que, par exemple,la situation sociale qu’on peut mettre 
sous ce mot au XX° siècle. Par « démocratie », il entendait ce que 
Robespierre ou Babeuf y entendaient
Les
 opinions de Marx et d’Engels sur 1a démocratie s’appliquaient aux 
traditions des jacobins français,mais cela ne veut pas dire qu’ il 
n’existait pas de divergences entre les jacobins d’une part,et Marx et 
Engels d’autre part.
Les 
auteurs du « Manifeste » affirment énergiquement que la conquête de la 
démocratie,la conquête du pouvoir politique par le prolétariat est le 
premier pas dans la révolution prolétarienne. 
Ils ne veulent
 pas du tout s’en tenir à la démocratie; ils entendent que le 
prolétariat utilise son pouvoir politique pour supprimer la propriété 
bourgeoise. Alors que les démocrates veulent finir la révolution 
aussitôt que possible, nous voulons, dit Marx dans un discours au Bureau
 central de la Ligue des Communistes,nous voulons faire la révolution 
permanente, jusqu’au moment où le pouvoir est conquis par le prolétariat
 et où l’existence des classes est supprimée; alors il faut que les 
ouvriers prennent une position indépendante et qu’ils ne se laissent pas
 arrêter un moment par les phrases hypocrites des démocrates pour 
réaliser 1’organisation indépendante du parti du prolétariat. Il faut 
que leur slogan soit la révolution permanente. »
Une illusion
La perspective d’une révolution 
permanente était une illusion,la révolution de I848 l’a montré de façon 
indiscutable. Les hommes de gauche s’emparèrent en France .de positions 
importantes,mais il leur fut impossible de réaliser la démocratie 
jacobine, le premier pas vers la révolution ouvrière.
Selon Marx et Engels,la conquête de la
 démocratie dans le sens de 1848 et I793 (l’année au cours de laquelle 
les jacobins s’emparèrent du pouvoir) était la condition première de 
toute réalisation communiste ;mais cette démocratie, c’est à dire le 
jacobinisme), c’est à dire le prolétariat organisé en classe dirigeante à
 la tête de toutes les couches pauvres du peuple ne pouvait pas être 
conquise en 1848. En effet,toutes les attaques du jacobinisme ne 
touchaient que la façade du bâtiment de l’État et dans ces 
circonstances,toutes les résolutions des ministres jacobins restaient 
seulement des plans. Ainsi,non seulement les perspectives de la 
révolution permanente mais aussi ce que voulait la démocratie 
révolutionnaire de I848 n’étaient que châteaux en Espagne.
Voilà
 pourquoi les perspectives du « Manifeste » sur la révolution qui devait
 venir ne se sont pas réalisées. En I850,déjà,Marx constatait:
« En imposant la République au 
gouvernement provisoire et, ce dernier à toute la France,le prolétariat 
se mettait immédiatement au premier plan en tant que parti 
indépendant;mais du même coup,il jetait un défi à toute la France 
bourgeoise. Ce qu’il avait conquis, c’était le terrain en vue de la lutte pour son émancipation révolutionnaire, mais nullement cette émancipation elle-même. »
un peu plus loin,Marx écrit:
« Nous avons vu que la République de Février n’ était en réalité,ne pouvait être qu’une République bourgeoise,que; d’autre part,le gouvernement provisoire,sous la pression directe du prolétariat,fut obligé de la proclamer une République pourvue d’institutions sociales,que le prolétariat parisien était incapable d’aller au-delà de la République bourgeoise autrement qu’en idée,en imagination. » (2) .
En I848,Marx et Engels écrivaient au 
commencement du « Manifeste » « Un spectre hante l’Europe,le spectre du 
Communisme ». En I850,on voyait distinctement que le communisme n’était 
en effet qu’un spectre et que 
la lutte réelle entre la bourgeoisie et le prolétariat était encore à 
commencer. C’était une nouvelle perspective que les auteurs du 
« Manifeste » avaient acquise par les expériences de la lutte ainsi qu’il ressort de différents témoignages.
Opinions nouvelles
En 1878, Marx écrit que la Commune de 
Paris était « la forme enfin découverte sous laquelle la libération 
économique de la classe ouvrière pouvait avoir lieu » et en même 
temps,il indiquait, comme auparavant, que l’opinion du « Manifeste » 
était inexacte. Il démontrait que « la transformation de 1 ‘État 
d’instrument entre les mains de la bourgeoisie en instrument du 
prolétariat » n’était pas la forme politique de la révolution 
prolétarienne. Marx l’a expliqué plus clairement dans
 la Guerre Civile en France: « La classe ouvrière ne peut pas s’emparer 
d’une machine d’État donnée et l’utiliser pour ses propres besoins »
et dans une lettre à son ami Kugelmann:
« La prochaine tentative de la 
révolution en France devra consister non plus à faire passer la machine 
bureaucratique militaire en d’autres mains, comme ce fut le cas 
jusqu’ici mais à la détruire. C’est la condition première de toute 
révolution véritablement populaire sur le continent. » (3)
Plus tard,quand il insiste sur cette 
pensée, Engels parle aussi de la « destruction du vieux pouvoir 
d’État. » Différence importante avec le « Manifeste ». Ici, nous abordons
 le vrai sujet de cet article où nous voulons montrer très brièvement 
comment Lénine comprit , les critiques que les auteurs du « Manifeste. »
 firent au « Manifeste » lui même de I84I à I872. Nous le ferons d’abord
 en examinant le texte bien connu « L’État et la Révolution ».
II
A première vue, Lénine surpasse de 
beaucoup les réformistes. Il cite le passage de Marx « la classe 
ouvrière ne peut pas s’emparer simplement d’une machine d’État donnée et
 l’utiliser pour ses propres besoins ». Il écrit,et avec raison,que 
selon Marx la machine d’État doit être détruite et il parle comme Engels
 du « dépérissement de l’ État » qui au début d’une société sans classe 
« doit être relégué au musée des antiquités ».
Mais
 quiconque lit attentivement « l’État et la Révolution » et compare les 
conclusions de cet ouvrage avec la pensée de Marx et Engels constate que
 Lénine non plus n’a pas compris l’auto-critique et donne une mauvaise 
interprétation du marxisme. Quand Lénine dans « L’État et la 
Révolution »(4) parle du « Manifeste », il montre que Marx et Engels y 
identifient l’État et le »prolétariat organisé en classe dirigeante »(5)
 Mais il ne voit pas que tout cela vient de ce que Marx et Engels 
pensaient en I848 que les ouvriers n’avaient qu’à s’emparer de la 
machine d’État pour l’utiliser pour leurs besoins. En d’autres 
termes,qu’ils considéraient encore la conquête de la démocratie jacobine
 comme le premier pas dans la révolution ouvrière.
Lénine:un jacobin
En I9I7,Lénine considère encore ce que
 le « Manifeste » propose comme la première tâche du prolétariat; il 
ajoute que cela était sans conteste l’opinion de Marx en dépit de la 
déclaration d’ Engels affirmant sans équivoque que l’histoire avait 
révélé que la vieille opinion de Marx était une illusion. Il y a bien un
 passage dans la brochure de Lénine où il est dit que Marx et Engels 
corrigèrent le « manifeste » après 1’expérience de la Commune de Paris 
(6) .Mais il affirme cependant:
« Le prolétariat a besoin du pouvoir d’État, de l’ organisation centralisée de la force,de l’organisation de
 la violence pour réprimer la résistance des exploiteurs et aussi pour 
diriger la grande masse de la population-la paysannerie, la petite 
bourgeoisie,les semi prolétaires-dans « l’aménagement de l’économie 
socialiste « ; l’État poursuit Lénine « c’est à dire le prolétariat 
organisé en classe dominante-cette théorie de Marx est indissolublement 
liée à toute sa doctrine sur le rôle révolutionnaire du prolétariat dans
 l’histoire: l’aboutissement de ce rôle est 1a dictature 
prolétarienne,la domination politique du prolétariat. (7)
Tout ceci prouve que Lénine entend par
 dictature du prolétariat: l’État qui est transformé en prolétariat 
organisé en classe dominante .En effet, Marx et Engels parlaient en ce 
sens de dictature du prolétariat, mais en I848. Passé I848,le mot 
dictature du prolétariat prend chez Marx et Engels une autre 
signification parce que la dictature du prolétariat au sens de !848 
s’est révélée une illusion. Lénine n’a pas perçu ce changement de signification et corrélativement,il a une conception erronée de la révolution de 1848.
« Les démocrates petits-bourgeois, ces
 pseudo-socialistes qui ont substitué à la lutte des classes leurs 
rêveries sur l’entente des classes, se représentaient la transformation 
socialiste, elle aussi, comme une sorte de rêve sous la forme, non point
 du renversement de la domination de la classe exploiteuse, mais d’une 
soumission pacifique de la minorité à la majorité consciente de ses 
tâches. Cette utopie petite-bourgeoise, indissolublement liée à la 
notion d’un État placé au-dessus des classes, a abouti pratiquement à la
 trahison des intérêts des classes laborieuses, comme l’a montré, par 
exemple, l’histoire des révolutions françaises de 1848 et 1871, comme 
l’a montré l’expérience de la participation « socialiste » aux 
ministères bourgeois en Angleterre, en France, en Italie et en d’autres 
pays à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. (8)
Que Lénine ne fasse pas de différence 
entre les démocrates de I848 et les gouvernements « démocrates » du type
 Waldeck-Rousseau (9) prouve qu’il ne s’est pas rendu compte des 
différences entre la démocratie de Robespierre (La démocratie jacobine, 
la dictature du prolétariat au sens de 1848) et la démocratie « de la 
deuxième partie du XIX° siècle alors,il n’a pas non plus compris que les
 démocrates petit-bourgeois de I848,les Ledru-Rollin, les Louis Blanc 
voulaient exactement’!lent ce que Marx et Engels ont appelé « le premier
 pas dans la révolution des ouvriers et 1’organisation du prolétariat en
 classe dominante. »
Et Lénine 
se trompe quand il écrit « qui reconnaît uniquement la loi de classe 
n’est pas encore marxiste; il peut se faire qu’il ne sorte pas encore de
 la pens6e bourgeoise et de la politique bourgeoise … N’ est marxiste 
que celui qui étend la reconnaissance de la loi de classe jusqu’à la 
reconnaissance de la dictature du prolétariat. » (10).
Lénine
 se trompe puisque non seulement celui qui reconnaît l’existence de la 
loi de classe peut se mouvoir à 1’intérieur des frontières de la 
politique bourgeoise et de 1a pensée bourgeoise,mais aussi celui qui veut la dictature du prolétariat. Cela,les jacobins 1’ont pratiquement prouvé en I793 et en !848.
Une différence énorme
Entre la dictature du prolétariat 
telle que la conçoit Lénine et telle que la concevaient Marx et Engels 
dans la deuxième partie de leur vie, il y a une grande différence. 
Lénine écrit:
« Le Manifeste communiste tire les 
leçons générales de l’histoire qui nous font voir dans 1’État un 
organisme de domination de classe et nous mènent à cette conclusion 
nécessaire: le prolétariat ne saurait renverser la bourgeoisie sans 
avoir d’abord conquis le pouvoir politique,sans avoir établi, sa 
domination politique,sans s’être organisé en classe dominante,et érigé 
en État. »(II)
Certainement Lénine donne ici un 
résumé exact du « Manifeste ». Mais cela manque d’explications et la 
leçon de la République de Février 1848 en France et précisément la 
suite:que le prolétariat ne peut pas conquérir le pouvoir politique 
d’abord pour chasser ensuite la bourgeoisie, parce que le pouvoir 
politique du prolétariat n’a aucune signification tant que la 
bourgeoisie n’est pas encore chassée. Pour autant qu’il existe des 
rapports de production sur lesquels est fondé le pouvoir politique de la
 bourgeoisie, pour autant qu’existent les rapports sociaux dont l’État 
bourgeois est le produit, pour autant l’État qui est instrument entre 
les mains de la bourgeoisie ne peut pas être transformé en un instrument
 pouvant être utilisé contre cette classe. La conclusion de Marx est 
qu’il faut détruire l’État 
bourgeois, ce qui signifie et ne , peut avoir que ce sens:il faut 
détruire aussi les rapports sociaux correspondants à cet État.
État et société
Marx considère l’État comme un 
phénomène historique de la société. Pour lui, l’État et la société ne 
sont pas deux choses distinctes il n’existe pas de contradiction entre 
elles; ce qui se présente comme
 une telle contradiction n’est que ce qu’on appelle une contradiction 
dans une mauvaise terminologie,c’est en réalité l’antagonisme entre le 
développement des forces productives et leur utilisation sociale 
protégée par l’ordre de l’État. Mais cette contradiction se produit 
parce que la société et l’État ne sont pas deux choses essentiellement 
différentes. Dans certaines conditions réalisées au cours de 
l’histoire,la société n’existe que sous la forme de l’État.
Et
 quand on ne considère l’État que comme une partie de la société, quand 
on ne sépare pas en pensée la société et l’État, on n’a pas besoin de 
vaincre cette séparation, et il n’est pas nécessaire de rechercher une 
solution parce que cette contradiction entre l’État et la société n’ est
 qu’une apparence fallacieuse.
Il
 en est ainsi dans la théorie de Marx lorsqu’il a révélé le caractère 
fétichiste de la marchandise (I2), c’est à dire l’apparence fallacieuse 
d’une indépendance inhérente à la marchandise, l’apparence que
 la marchandise mène une vie indépendante par rapport à l’homme. On doit
 refuser de la même façon le fétichisme de l’État c’est à dire 
l’indépendance d’une personnalité d’État en face de la société. Lénine 
n’a pas compris tout cela, et c’est pourquoi il interprète d’ une 
mauvaise manière les paroles d ‘Engels sur « L’État dépérit ».
III
Chez Lénine, l’État bourgeois existe 
avant la révolution prolétarienne, et l’ État prolétarien existe après. 
Selon Lénine, les paroles d’ Engels sur le dépérissement de l’État se 
rapportent au dépérissement de « l’État prolétarien », tandis que là où 
Marx et Engels parlent respectivement de détruire l’État et d’abolir 
l’état,cela se rapporte à l’État bourgeois.(13). Cette différence entre 
un État bourgeois qu’il faut détruire et un État prolétarien qui le 
remplacera et périra n’existe pas chez Marx
et
 Engels; chez eux, la destruction de l’État de la classe bourgeoise est 
aussi un changement dans les relations sociales: la transformation des 
moyens de production en propriété commune. Et cela parce que, quand la 
propriété bourgeoise existe,la société à la forme de l’État, mais au 
moment où. les moyens de production sont devenus propriété commune 
l’intervention, comme dit Engels « d’un pouvoir d’État dans les rapports
 sociaux devient superflue dans un domaine après l’ autre,et ensuite 
entre d’elle-même en sommeil. »Il ajoute directement:
« Le
 gouvernement des choses fait place à l’administration des choses et à 
la direction d’opérations de production. L’État n’est pas aboli, il 
meurt. » Engels se sert ici d’une terminologie qui, à première vue est 
en contradiction avec nos opinions; il écrit:
« Le prolétariat s’empare de la 
puissance de l’État et transforme les moyens de production tout d’abord 
en propriété de l’État. Mais par là il s’abolit lui-même en tant que 
prolétariat; par là,il abolit toutes les différences. et les 
antagonismes de classe,et par là aussi,l’État en tant qu’État »
Apparemment Engels défends ici la 
théorie de « l’État prolétarien »; en réalité il ne la défend pas. Car 
c’est un État bien singulier que celui qui commence comme dit Engels un 
peu plus loin, par un acte
qui 
est en même temps son dernier acte en tant qu’État. De plus,chez lui il 
n’est pas question que la classe ouvrière utilise 1′ État pour ses 
propres besoins,avec le changement des moyens de production « l’État est
 aboli en tant qu’État. »
« L’État, poursuit Engels,était le 
représentant officiel de la société tout entière,sa synthèse en un corps
 visible, mais il ne l’était que dans la mesure où il était l’État de la
 classe qui elle-même représentait pour son époque la société tout 
entière:dans l’antiquité: État des citoyens propriétaires d’esclaves; au
 moyen âge: État de la noblesse féodale;de nos jours: État de la 
bourgeoisie. » (I4)
Est ce qu’Engels poursuit ce 
développement en voulant dire que sous la dictature prolétarienne le 
prolétariat représente la société et qu’alors l’État est un État 
prolétarien? Pas du tout. Engels dit: « Mais du fait qu’il (l’État) 
devient enfin. le représentant effectif de la société tout entière, 
lui-même devient superflu. « Ce sont ces mots dans le passage d’ Engels 
qui sont de la plus. haute importance pour la contradiction de ce qui 
fut dit, ces mots expriment d’une autre manière la pensée que c’est 
seulement dans certaines conditions historiques, notamment alors 
qu’existent la propriété privée et l’ antagonisme de classe qui en 
découle, qu’il peut être question de 1’État. · · ·
En se référant au fait qu’Engels 
appelle un peu plus loin l’État « un pouvoir spécial de répression » 
,Lénine conclut qu’il faut remplacer ce pouvoir spécial de répression 
« de la bourgeoisie » par un
autre
 pouvoir spécial de répression (du prolétariat). Cela contredit 
l’opinion d’ Engels selon laquelle l’État se rend lui même superflu dès 
qu’il n’y a plus rien à réprimer. Lénine le reconnaît en un autre lieu 
lorsqu’il dit: »or,du moment que c’est la majorité du peuple qui opprime
 elle-même ses oppresseurs, plus n’ est besoin d’une force spéciale de 
répression. » ,et ajoute « c ‘est en ce
sens
 que l’État commence à dépérir. » ;mais chez lui,le « dépérissement » 
est naturellement en rapport avec »l’État prolétarien » parce qu’une 
chose comme le dépérissement de l’État bourgeois déjà détruit reste pour
 lui toujours le problème qui le fait trébucher.
Ce dernier fait apparaît aussi quand 
Lénine vient parler d’un phénomène comme. « le maintien de l’étroit 
horizon du droit bourgeois en régime capitaliste de sa première 
phase »(I5)Dans la théorie sociale de Marx,c’est quelque· chose qui va 
de soi à l.’encontre de ceux qui croient que le droit est fixé par 
l’État. Marx démontre que « la législation politique comme; la 
législation civile n’est que le produit de relations économiques 
qu’elles codifient » (!6)
« la société,dit Marx, n’est pas fondée sur les lois, mais les lois sont fondées sur la société. »(17)
Qu’est-ce que cela signifie à l’égard 
du problème qui nous préoccupe? Des changements dans les manières de 
production mènent à de nouveaux rapports sociaux qui sont formulés par 
de nouvelles règles de droit. Quelques unes des anciennes règles 
juridiques qui étaient liées à la structure ancienne de la société 
disparaissent. Elles ne sont plus nécessaires pour formuler 
juridiquement une relation sociale parce que cette relation a disparu 
avec le changement de la structure sociale.
Mais elles ne disparaissent pas tout 
de suite. Souvent,elles subsistent parmi les autres règles qui sont déjà
 complètement en concordance avec les relations sociales nouvelles. 
Ainsi,on trouve des règles individuelles dans la période du capitalisme.
 Ainsi,le communisme,dans la première phase de son développement ne sera
 pas complètement: délivré des traditions et des vestiges du 
capitalisme. Mais le terrain qui domine ces règles juridiques 
bourgeoises dans la période du communisme devient de plus plus 
restreint,et leur validité va s’amenuisant;voilà exactement ce qui était
 caractérisé par Engels par les mots: »L’État dépérit. »
Quand Lénine démontre ce phénomène on 
attend que lui aussi reconnais se qu’il est ici question du 
dépérissement de l’État bourgeois,mais il ne le fait pas. Il écrit:
« Certes le droit bourgeois… suppose 
nécessairement un État bourgeois car le droit n’est rien sans un 
appareil capable de contraindre à l’observation des règles du 
droit. »(I8)
Alors chez Lénine, le droit dépend de 
l’État »; le droit et l’État ne sont pas conçus comme la conséquence des
 relations sociales. Il ne tient à nul moment compte du fait que les 
relations juridiques entre les hommes se modifient plus lentement que 
les relations sociales dont elles sont le reflet. La conséquence bien 
singulière est que Lénine qui veut nier le dépérissement de l’État 
bourgeois puisque celui-ci est déjà détruit conclut finalement:
« Il s’ensuit qu’en régime communiste,
 non seulement le droit bourgeois mais aussi l’État bourgeois sans 
bourgeoisie subsiste pendant un certain temps. » (I9)
On se demande comment cela peut être possible.
IV
Quand Engels parle de dépérissement de
 l’État, il parle de l’État bourgeois. Lénine le nie puisqu’il ne 
comprend pas comment cet État peut dépérir après sa destruction et son 
abolition par la révolution. Voilà pour qui il conclut qu’ Engels parle 
d’un autre État,
 « l’État prolétarien » et qu’il se réfère à l’opinion 
ancienne de Marx selon laquelle « la dictature prolétarienne, équivaut à
 l’État transformé en prolétariat organisé en classe dominante ».
Chez
 Marx et Engels,la révolution prolétarienne est une révolution sociale: 
la transformation des moyens de production en propriété commune. Cette 
révolution sociale détruit l’État puisqu’elle abolit les relations 
sociales dont l’État est le produit. Voilà exactement ce dont l’État 
touché mortellement dépérit.
Il est exact que Marx a écrit que la 
Commune servirait la transformation des bases .économiques sur 
lesquelles reposent 1’existence des classes et le pouvoir des classes. 
Mais celui qui veut conclure de cela que Marx pense que la révolution 
ouvrière doit se forger un instrument politique grâce auquel dans la 
première phase du Communisme la société sera transformée, celui qui 
donne aux formes politiques de la dictature prolétarienne une 
indépendance à 1’égard de leur contenu social celui-là est trompé par le
 caractère. fétichiste de l’État bourgeois. La Commune était la forme 
politique enfin découverte sous laquelle la libération économique du 
travail pouvait être réellement. Mais la naissance de cette forme 
politique:
et la libération 
économique des travailleurs sont deux phases d’un même procès (20) 
puisque les hommes qui forment les relations sociales en rapport avec 
leur production matérielle produisent aussi les principes,les idées et 
les catégories en rapport avec leurs relations sociales.
La
 révolution prolétarienne est selon Lénine « la transformation de l’État
 bourgeois en État prolétarien ». Il écrit la tâche de cet État 
prolétarien de 1a manière suivante:
« Jusqu’à l’avènement de la phase 
supérieure du communisme les socialistes réclament de la société et de 
l’État le contrôle le plus rigoureux de la mesure de travail et de la 
mesure de la consommation; mais ce contrôle doit commencer par 
l’expropriation des capitalistes,par le contrôle des ouvriers sur les 
capitalistes il doit être exercé non par l’État des fonctionnaires,mais 
par l ‘État des ouvriers. » (21-) .
On,voit que Lénine parle ici 
distinctement de l’État et de la société comme de deux choses 
différentes. Il n’est pas étonnant qu’il dise aussi que :
« Seule la révolution peut supprimer 
l’État bourgeois , et que l’État en général, c’est à dire la démocratie 
la plus complète ne peut que dépérir. » ( 22)
Cela prouve de plus que Lénine n’a pas
 compris ce que Marx écrivait sur 1a relation-entre État et société 
puisque « l’État en général » n’est rien d’autre pour lui que la 
personnalité d’État qui se manifeste comme forme indépendante. En 
réalité,l’État n’existe que dans la forme historique la société qui est 
fondée sur la propriété privée: l’État des maîtres d’esclaves,de la 
noblesse féodale,de la bourgeoisie.
Selon Lénine,et cela en contradiction 
avec les opinions de Marx et d’ Engels telles qu’elles se sont 
développées après 1848, l’expropriation des capitalistes doit avoir lieu
 après la révolution par « l’État prolétarien ».
 Voilà la condition ancienne du « Manifeste selon laquelle le 
prolétariat doit utiliser son pouvoir politique pour arracher 
progressivement tout le capital à la bourgeoisie .Non seulement dans 
« L’État et la Révolution » ,mais aussi dans les autres articles et 
publications qui sont caractéristiques des opinions de Lénine,il est 
montré clairement que les opinions des bolchévistes correspondent au 
programme marxiste de l’année I848. Lénine dit par exemple dans un 
article écrit en septembre 1917 que:
« La question principale 
de chaque révolution est sans . doute la question du pouvoir 
d’État. »(23),et il ne met pas au premier plan la question du changement
 de la structure économique. C’est bien. compréhensible quand on est 
d’avis que le prolétariat doit transformer l’État bourgeois en État 
prolétarien; pour qui veut se donner la peine de lire la brochure de 
Lénine intitulée: « Les Bolchévistes garderont-ils le pouvoir 
d’État »,cet écrit apportera beaucoup de preuves de tout ce que nous 
avons écrit ici sur les opinions de Lénine.
V
Comment peut-on expliquer
 que Lénine dans ses tentatives » d’expliquer à nouveau les vraies 
théories marxistes de l’État » n’ oublie pas de tenir compte de 
l’analyse de Marx de la Commune de Paris, et même dit énergiquement 
qu’il faut détruire l’État bourgeois et que néanmoins il se réfère à 
chaque instant à l’opinion du « Manifeste Communiste » que Marx et 
Engels ont corrigé. La réponse à cette question est déjà donnée par Marx
 lui-même lorsqu’il écrit:
« La théorie chez un 
peuple,c’est réellement toujours dans la mesure où elle est ln 
réalisation de ses besoins. »On ne peut pas dire que Lénine et les 
bolchévistes tentaient à réaliser une mauvaise
opinion
 du marxisme dans la révolution russe; au contraire c’est la praxis de 
la révolution russe, ce sont les problèmes et la tâche historique de 
cette révolution qui les a conduit à une opinion mauvaise (si on veut 
plus tard corrigée) du marxisme .
Dans la Russie féodale , agraire et 
arriérée du tsar Nicolas II avec sa propriété rurale, sa bureaucratie 
réactionnaire et ses paysans qui n’étaient pas encore complètement 
sortis du servage,on trouve, à quelques exceptions prés, toutes les 
conditions qui existaient en Europe occidentale à l’aube de la 
révolution de I848. Il existait en Russie par suite des besoins 
militaires du tsarisme,et soutenu par le capital étranger qui cherchait 
le profit, une industrie, et par conséquent une bourgeoisie non encore 
parvenue à l’état adulte. On trouvait en Russie de larges groupes de 
petits bourgeois,et on y trouvait aussi un prolétariat,mais un 
prolétariat qui s’était formé dans un passé récent et qui dans toute la 
population ne formait qu’une petite minorité,et n’avait pas encore perdu
 ses liaisons avec les campagnes. Le prolétariat russe différait du 
prolétariat de l’ Europe occidentale dans la mesure semblable du 
capitalisme russe différant des systèmes de production des bords du Rhin
 et de la Mer du Nord. Dans l’industrie russe subsistaient des vestiges 
importants de la servitude et on pouvait à peine dire que l’ouvrier 
russe était » un ouvrier salarié libre au sens du marxisme. C’était la 
tâche économique de la révolution russe d’abolir le servage des paysans 
dans l’agriculture et de créer une vraie classe d’ouvriers salariés 
semblable à celle de l’Ouest,et celui de briser toutes les chaînes qui 
empêchaient le développement de l’industrie capitaliste. Dans le domaine
 politique par conséquent,il fallait la libération des États féodaux et 
la création d’un appareil d’ État qui garantisse la solution politique 
du problème économique. En un mot, le problème de la révolution russe 
était le problème de la révolution bourgeoise et les bolchévistes ne 
l’ont jamais nié.
Mais cette révolution bourgeoise ne 
pouvait se réaliser sous la forme classique de la révolution française 
de I789.Il en était autrement qu’en France où la bourgeoisie (on se 
rappelle les paroles orgueilleuses de 1’abbé Sieyés) montrait une 
conscience développée; la bourgeoisie russe était liée par bien des 
manières à l’ancien régime et ne pouvait penser à une résistance 
sérieuse aux situations existantes. Par suite la révolution. qui 
s’approchait de plus en plus trouvait son principal soutien chez les 
paysans, les ouvriers, les intellectuels qui voyaient leur liberté de 
conscience limitée par le régime des Romanoff. Ces intellectuels 
trouvaient, comme si souvent dans 1 ‘histoire, les armes nécessaires à 
leurs luttes à l’étranger; mais les théories qu’ils empruntaient, le 
marxisme, était né à l’ étranger par suite d’une réalité sociale qui 
différait complètement de la réalité sociale russe. Tout cela eu des 
conséquences bien singulières.
Parce
 qu’on abordait des pensées qui n’étaient pas le fait de la réalité 
russe,il fallait concilier les théories étrangères avec cette réalité. 
Il fallait partiellement faire violence à la réalité, et d’ autre part, 
on se voyait obligé d’adapter la théorie étrangère à la réalité 
historique. En ceci, réside les causes de l’interprétation bolchéviste, 
de l’interprétation léniniste du marxisme.
L »intellectuel révolutionnaire russe 
voyait très clairement que les paysans russes formaient par leur nombre 
1a couche sociale qui dans la révolution ‘prochaine jouerait le rôle le 
plus important. Mais le marxisme leur disait que, comme le formulait 
Lénine « seulement le prolétariat par suite de son rôle économique dans 
l’industrie était capable de conduire toutes les masses travailleuses et
 opprimées qui, il est vrai, étaient souvent plus opprimées que les 
prolétaires,mais ne pouvaient pas combattre d’une façon indépendante 
pour leur libération. » Lénine ajoutait:
« Alors que la bourgeoisie fait. 
éclater les paysans et toutes les couches petite-bourgeoises,le 
prolétariat les unit et les organise. »
 »Pour être vraiment 
révolutionnaire,dit Lénine;il faut que la démocratie de la Russie 
actuelle marche de concert avec le prolétariat et qu’ elle soutienne les
 luttes du prolétariat la seule classe qui reste révolutionnaire 
jusqu’au bout. » (24)
Dans un autre passage il dit:
« Par conséquent,la révolution 
bourgeoise de !905-!907, sans avoir remporté des succès aussi éclatants 
que ceux qui échurent de temps à autre aux révolutions portugaises et 
turque,a été sans conteste une révolution vraiment populaire. Car la 
masse du peuple,sa majorité,ses couches
sociales
 inférieures 1es plus profondes acculées sous le joug de l’exploitation,
 se sont dressées d’elles-mêmes,elles ont laissé sur tout le cours de la
 révolution l’emprise de leurs revendications,de leurs tentatives de 
construire à leur manière une société nouvelles à la place de l’ancienne
 qu’elles détruisent  » ( 25)
Il faut ne regarder que l’analogie 
avec ce qu’on appelait en 1848 « la mobilisation du peuple » pour voir 
très distinctement pourquoi les bolchévistes ne partaient pas du 
marxisme de I87I, mais du marxisme du « Manifeste ». Dans cet écrit,ils 
trouvaient des opinions sur la tâche du prolétariat au mémento où la 
révolution bourgeoise n’avait pas encore eu lieu. Ils y trouvaient une 
conception de la démocratie qui cadrait bien avec les situations russes 
où l’al1iance . entre les trois groupes vraiment révolutionnaires 
aspirait aussi au pouvoir révolutionnaire du peuple.
Lorsque
 Lénine comparait les sociaux révolutionnaires et les menchévistes 
russes avec les démocrates petits-bourgeois français du type Louis 
Blanc, il avait plus raison qu’il ne le pensait lui-même.
Le
 parallèle est tellement juste qu’on peut le poursuivre, et qu’on peut 
comparer les bolchévistes aux communistes de I848. Ce qu’ils faisaient 
eux-.mêmes est prouvé par le fait qu’on retrouve chez eux ; non 
seulement des conceptions comme « la démocratie révolutionnaire et la 
révolution populaire » mais aussi par exemple chez Trotsky la 
terminologie de la révolution permanente. La. conception de jeunesse de 
Marx et Engels selon laquelle « la conquête de la démocratie » n’ était 
que le premier pas dans la révolution ouvrière était partagée par les 
bolchévistes, et leur politique en I9I7 tendait à la réalisation de 
cette conception.
En I848, 
cette conception du jeune Marx se révélait une illusion; en I9I7 la même
 chose se révélait pour la seconde fois, l’histoire se répétait mais 
sous une autre forme. Ni la révolution de 1848 en France, ni la 
révolution d’octobre n’ont réalisé la libération du prolétariat.
Quant
 aux bolchévistes, Trotsky joua d’abord avec l’insurrection de: 
Kronstadt le rôle de Cavaignac qui écrasa en 1848 les ouvriers révoltés.
 Plus tard,le sort de Trotsky fut le même que celui de Louis Blanc qui, 
loin du lieu où il avait exercé autrefois le pouvoir écrivit·· des 
livres magnifiques sur 1′ ‘histoire qu’il avait aidé à faire lui-même. 
Et ce fut Staline qui fut l’héritier d’ 0ctobre, comme en France, Louis 
Bonaparte avide de pouvoir s’empara de 1’héritage de la révolution de 
I848. Mais ni l’un ni l’autre de ces développements ne signifie la 
faillite du marxisme.
Brendel Cajo
NOTES
(I) Le socialiste autrichien Max 
Adler, mort en I938,s’est bien aperçu de cette contradiction . que 11on 
ne retrouve par suite dans aucun de ses ouvrages. Pourtant,lui aussi a 
sur la révolution sociale des opinions n’allant pas au-delà du 
« Manifeste Communiste »
(2) :Marx-La. lutte ·des ·classes en France-Editions sociales internationales-Paris I936-p.42 et’59
(3)Marx-Lettre·à Kugelmann-Editions sociales internationales-Paris 1936-p 42 et 59
(4) État et révolution-Editions sociales-Paris !947
(5) État et révolution,op.cit.p.27
(6) État et révolution,op.cit.p.26-27
(7) État et révolution;op.cit.p.28-29
(8)-État et révolution,op.cit.p.28
( 9) Waldeck-Rousseau, politicien français radical (1846-1904)
(I0) ‘État et révolution,op.cit.p.35
.(II). État et révolution,op.cit.p.30-3I
{!2) Marx-Le capital.
(I3)
 Max Adler-La conception marxiste de l’État-Die Staatssauffassung 
Marxism-Marx Sudien- IV Bund 2-Wènen !922-btz 33 Engels-Origine de la 
famille (p.I40)
(I4) Engels-Anti-Dühring-Editions Costes-Paris ~946-II,p.46-47
(15) État et révolution,op.cit
(I6) État et révolution,op.cit.p.89
(I7) Marx-Misère de la philosophie, Editions sociales,Paris I937,p.III
(!8) Marx;Défense devant les .jurés de Cologne en I849.
(19) État et révolution,op.cit.p,89
(20)
 Engels dit très bien que le changement des moyens de production en 
propriété commune est mortel pour 1’Etat bourgeois. Il dit aussi :
« Car
 avec la transformation des moyens de production en propriété sociale le
 disparaissent aussi le salariat et le prolétariat… « Origines de la 
famille »-Ed.Costes I946,p.8I
(2I) « État et Révolution »,op.cit.
(22) « État et Révolution »,op.cit.
(23) Lénine-« Une des questions « principale de la révolution » p.I78
(24) Lénine-« La catastrophe qui vient » p.240
« L’ordre règne à Varsovie ! », « 
l’ordre règne à Paris ! », « l’ordre règne à Berlin ! ». C’ est ainsi 
que les proclamations des gardiens de « l’ordre » à travers les armées 
se répandent d’un centre à l’ autre de la lutte historique mondiale. Et 
la jubilation des vainqueurs ne remarque pas qu’un « ordre », doit 
périodiquement etre maintenu par des boucheries sanglantes , va sans 
arrêt vers sa destinée historique, vers sa fin. »
Rosa Luxembourg: « L’ordre règne à Berlin. » (dernier écrit-I4 janvier I9I9)