L'Organisation Scientifique du Travail: Réflexions sur les nouvelles technologies et le salariat.
Introduction
1-L' expérience chilienne dite CyberSyn
-
2-Les résistances du monde du travail aux nouvelles technologies.
Le rapport Nora/Minc et la télématique.
-
Les horaires mobiles :début de l' éclatement du temps de travail et de sa baisse hebdomadaire.
-
Les 35h les horaires mobiles et l' écrétage.
-
Années 1980 -1990 "L' industrialisation du tertiaire"ou Bureautique.
-
le chamboulement des métiers.
-
3-Les nouvelles technologies et transfert du travail vers la sphère privée de la société civile.
la polyvalence une passerelle vers la sphère privée.
-
Code du travail et contrats de travail.
-
La cocréation un nouveau concept loin d' être neutre.
-
Les cadres "autonomes" et le forfait-jour.
-
4-Les nouvelles technologies,contrat de travail, chômage et surnuméraires.
- La colonisation du secteur informel.
- les surnuméraires.
- La toile d' araignée du réseau global.
- La numérisation dans l' industrie.
-Conclusions
ANNEXES
-La numérisation et le chantage à l' emploi.
-Talanx et Generali : même combat
-Cocréation: quand le client fait votre travail!
Introduction.
Nous voilà revenu à un vieux débat , celui de l' incidence de la Révolution technique et scientifique et de ses conséquences sur la superstructure, l' emploi, les libertés individuelles et collectives.
Mais aussi, et c' est là le point central de cette étude, comment s'opère la suppression du mode de production capitaliste à l' intérieur du mode de production capitaliste lui-même.
Marx et Engels, parlant de la Société Anonyme la SA y voyaient " la suppression du mode de production capitaliste à l'intérieur du mode de production"1 Il fut même question d'une socialisation du capital à l'intérieur du capitalisme lui même, ce qui n' est que du socialisme d' État.
Ce qui semble intéressant de traiter avec l'informatisation de la société c' est de voir comment nous arrivons à l' aube de la disparition d'une formation sociale que Marx avait théoriquement anticipé.
« Une formation sociale ne disparaît jamais avant que n’aient été développées toutes les forces productives qu’elle est capable de contenir; et des conditions de production supérieure ne s’instaurent jamais avant que leurs possibilités matérielles d’existence ne soient écloses au sein de la vieille société. C’est pourquoi l’humanité ne se propose jamais que des tâches qu’elle peut réaliser. En effet, si nous y regardons de plus près, nous découvrirons toujours que la tâche ne se présente que là où les conditions matérielles à sa réalisation existent déjà ou sont du moins en voie de formation. » [Marx, Préface à Contribution à la critique de l’économie politique )
Dans une brochure de l' an 2000 "La sphère de circulation du capital" j' avais à ce niveau posé quelques jalons dans le passage "la rationalisation self service" j'écrivais:
"La société self-service a le pouvoir de déguiser la soumission, l' exploitation et même la servitude en liberté. Le libre-service, ce système a, à première vue, un immense avantage, il supprime les domestiques (illustration: le poinçonneur des lilas).Plus besoin de serveurs, de vendeurs, de contrôleurs. Le problème (sans charges sociales) est reporté sur le consommateur qui devient un domestique, "libre" et "payant" qui va effectuer un travail gratuit et qui devra même payer pour ce travail les accès au Minitel, Internet... Nous devenons des serveurs, des banquiers, des assureurs,des pompistes, des poinçonneurs, des téléphonistes, des portiers, des assembleurs Kilt, des hôteliers....plus le travail devient simple, plus il est possible de l'externaliser vers l' utilisateur"
J'en étaist arrivé à me poser la question, si le communisme qui veut l' abolition du travail et de l' argent n' avait pas déjà en face de lui la solution, en ce que l' acte de consommation deviendrait en tant que tel un acte de production. Plus un individu voudra consommer plus il devra travailler, ceci pour le moment semble pouvoir ce produire que pour les travaux administratifs, il faut maintenant voir au delà .Un fait est là ,et il est déjà palpable en 2016 dans l' UE. Les gouvernements vont mettre le paquet sur les nouvelles technologies, génératrices, selon moi, de précarisation et de travail gratuit.
Je commence cette étude par une citation de P. Lemoine auteur de "La transformation numérique de l'économie française", comme l' avait fait en son temps le rapport Nora Minc, l' auteur lève bien haut le glaive qui doit s'abattre sur le travail salarié. Quand il écrit « la notion même d’emploi se transforme. On peut aujourd’hui être tour à tour entrepreneur, salarié, expert indépendant, étudiant, etc. Mieux : on peut occuper simultanément plusieurs de ces statuts. » On ne peut s' empêcher de faire le parallèle avec la loi El Khomri ou le contrat de travail et le statut du « salarié » est remis en cause.
"Les impacts deviennent réellement transversaux, avec des changements qui concernent aussi bien l’industrie que les services, le bâtiment ou l’agriculture que l’accès à la connaissance, l’expression culturelle ou la santé. Selon le MIT, 47% des emplois américains vont disparaître ou être profondément transformés par le numérique.
Appliquant une méthodologie similaire à l’Europe, le think-tank Bruegel estime à 54% l’impact sur les emplois européens. Avec le numérique, de nouveaux emplois apparaissent et, plusprofondément, la notion même d’emploi se transforme. On peut aujourd’hui être tour à tour entrepreneur, salarié, expert indépendant, étudiant, etc. Mieux : on peut occuper simultanémentplusieurs de ces statuts." ( extrait du rapport P.Lemoine "La transformation numérique de l'économie française")
L'introduction du numérique en France se présente de manière très différenciée selon les secteurs d' activité. Les secteurs qui ont fait des gains de productivité grâce à l'intégration de l' outil numérique recouvrent la majorité de l' économie française, avec 60% du PIB :commerce et distribution, industrie, administration, enseignement etc… La pénétration du numérique ne représente actuellement que 3,3% des emplois en France (technologies de base et des infrastructures, services de télécommunication, applications et services informatiques, économie du web) . Les secteurs les plus impactés par la numérisation sont ; l'édition, musique, production audiovisuelle, finance et assurance, R&D ; les secteurs dont l’impact de la transformation numérique sur l’emploi est plus lointain, 22% du PIB (agriculture, bois, services à la personne, restauration). Aux Etats-Unis, l' impact représente que 6,8% de la valeur ajouté du secteur privé et ne touche que 2,5% de la population active.
Note
1« C'est la suppression du mode de production capitaliste à l'intérieur du mode de production capitaliste lui-même, donc une contradiction qui se détruit elle-même et qui de toute évidence se présente comme une simple phase contradictoire vers une nouvelle forme de production. C'est aussi comme une semblable contradiction que cette phase de transition se présente. Dans certaines sphères, elle établit le monopole, provoquant l'immixtion de l'Etat. Elle fait renaître une nouvelle aristocratie ouvrière, une nouvelle espèce de parasites, sous forme de projets, de fondateurs et de directeurs simplement nominaux; tout un système de filouterie et de fraude au sujet de fondation, d'émission et de trafic d'actions. » (« Le Capital », livre III, tome II, Editions sociales, page 104.)
1-L' expérience chilienne dite CyberSyn.
C'est sous la république du Président Allende que dés les années 1970, celui ci pensait pouvoir contrôler l'économie chilienne en temps réel avec le projet CyberSyn. Allende confia à Fernando Flores le soin d' organiser ce projet économique pour remettre sur pied l' économie du pays. Pour y parvenir, F.Flores fera appel au cybernéticien anglais Stafford Beer .
Il n' est pas inutile de mentionner le réseau ARPANET. Développé dés 1969 par la DRAPA-une agence du Département de la Défense américaine spécialisée en technologies numériques à usage militaire, ancêtre d' Internet.
A l' époque, le projet fut considéré comme une fiction utopiste, mais depuis l'informatisation du monde, il devient de plus en plus évident que :
« D’une part, la tyrannie informatique s’étend à tous les domaines (école, hôpitaux, maisons de retraite, prisons, transports, etc). D’autre part, il ne s’agit plus seulement de contrôle et de surveillance, mais de contrainte : par le macro-pilotage social grâce aux RFID et à l’Internet des objets que relaie le micro-pilotage des individus. Où l’on voit que le « fascisme » de notre temps ne s’annonce plus par un claquement de bottes mais dans le ronronnement des « machines à gouverner ».Snowden et la "machine à gouverner"!
Avec la cybernétique, nous le savons maintenant nous n' étions qu' à la préhistoire de l' informatisation de la société capitaliste
Note
.1 L'être humain de l'époque n' avait pas assez de recul pour considérer à sa juste valeur les conséquences de la cybernétique sur la société, celle ci va nous réserver bien d'autres surprises.l'anatomie de l'homme est la clé de l'anatomie du singe, disait Marx (1818-1883).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire