Sommaire
Les luttes de Mai 68 à 1990 dans le tertiaire.
La situation dans les grands magasins 1972/73.
Dans la banque et l’assurance 1972
L’année 1973,le tournant européen
1973 le Mai de la sécu.
1974 : Le Mai des PTT
L’année 1975: la grève des dactylos des AGP
Le tertiaire et la rationalisation du 3éme type
1987La grève de la Banque de France.
BNP: La grève de 1989/1990
Les luttes de Mai 68 à 1990
dans le tertiaire.
MAI 68
Ce fut tout d’abord les étudiants qui se mettent en lutte pour contester l’université bourgeoise. La bourgeoisie commet alors une faute énorme en faisant réprimer sauvagement les manifestations. Pompidou décide devant l’ampleur du mouvement de jouer la carte de l’apaisement. Cette attitude qui se veut libérale passe pour de la faiblesse. Pour la classe ouvrière, le recul du pouvoir face aux étudiants et la construction de barricades le 10 mai 1968, celles-ci évoquent dans la conscience populaire française la révolution. La brèche est ouverte et la classe ouvrière va s’y engouffrer, ainsi que le tertiaire comme nous allons le voir.
C’est seulement à partir du 20 mai 1968, que le mouvement des employés va s’enclencher. Les employés de banques, des assurances, de la sécurité sociale et des grands magasins sont en grève.
A la Samaritaine la grève va durer 17 jours, et lorsque les conducteurs du métro stoppent leur grève, le patron de la « Samar » lance un appel radio pour la reprise du travail. Le 5 juin, il y a des affrontements physiques entre les grévistes et les inspecteurs, une femme enceinte sera même frappée par l’un d’eux. Le lendemain, 800 CRS encerclent la samar, défoncent les portes et sortent les grévistes.
Aux Galeries Lafayette
Un commando de cadres est repoussé à la lance d’incendie tandis que les employés votent la poursuite de la grève. Dans les assurances, aux AGF, à l’UAP, à l’AMSSO (groupe AZUR aujourd’hui) et une dizaine d’autres sociétés, il se forme des Comités de grève souverains qui non seulement sont l’expression temporelle de la grève, mais en définissent les revendications.
Les augmentations de salaire seront de l’ordre de 8% à 15% à la Sécurité Sociale, 12,5% dans la banque, 12% dans les assurances, et 14% dans les grands magasins.
Les luttes des années 1970 seront, au moins jusqu' en 1974 marquées par l' esprit de lai 68. Les comités de grève et de lutte parviennent toujours à s' imposer. Les luttes au sens économique du terme sont souvent victorieuses (les travailleurs obtiennent toujours une partie des revendications qu'ils déposent). Pour calmer le jeu, la bourgeoisie va jouer à fond la carde de « l' Echelle mobile des salaires ».
Les incidences de mai 68 dans le tertiaire.
Durant les années qui suivirent immédiatement mai 68, le secteur tertiaire va du fait de la« mécanisation » recruter de nombreux jeunes ( les banques comptent en 1973 60% de moins de 20 ans). Cet afflux de jeunes conjugué avec mai 68 aura une importance décisive sur l' action gréviste du tertiaire.
En 1971, les Mutuelles du Mans ( assurances) vont mener une grève de 35 jours pour arracher 60Frs pour tous. Les archivistes de l' Urbaine (UAP) feront 3 semaines de grève et n' obtiendront rien de véritablement essentiel sur le moment.
La police est souvent présente sur les lieux, le quartier Richelieu sera complétement bouclé par les CRS lors du licenciement de militants ( d' ICO et LO) aux AGF. L' UAP utilisera des « appariteurs musclés » contre les grévistes.
Cette année la, des grèves particulièrement offensives vont se multiplier avec occupation et séquestration de patrons. C'est Penaroya, Girostel, le joint français, Creusot Loire, Peugeot, les nouvelles galeries de Thionville..
Le PCF dans sa revue « les cahiers du communisme » d' octobre 1971 peste contre les gauchistes.
«
C'est ainsi que dévoyant la volonté de lutte de grands nombres
d'employés, les gauchistes nous disputent encore trop souvent la
direction des luttes. Battus au « Printemps » et aux « galeries
Lafayette »ou l' expérience acquise depuis mai 68 et depuis lors ( en
particulier au cours des mouvements revendicatifs de l' automne 70) a
été considérable, les gauchistes font encore des tentatives dans la
banque et l' assurance. Dans cette dernière branche ils agissent la
plupart du temps à partir du syndicat CFDT mais également à visage
découvert dans certaines compagnies, dans d' autres ils s' efforcent de
s'introduire au sein de la CGT »
La force réelle du mouvement gréviste de cette période est justement d' être capable de se hisser au-dessus et contre les partis et syndicats qui recrutent déjà pour le bain de jouvence des élections de 1974.
La situation dans les grands magasins 1972/1973.
C'est dans le secteur du commerce, que les premières grèves défensives pour l' emploi vont se manifester.
Au « Bon Marché » plus de 1700 emplois sont supprimés en deux ans, grève en juin et septembre 1972. En Mai 1972 , c' est la grève historique des Nouvelles Galeries de Thionville et les scandaleuses conditions d' exploitation de cette entreprise. C'est aussi la séquestration de deux directeurs de Fabrique Union contre 250 licenciements
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Chanson sur l'air de "l'école est finie "composée par les grévistes de Fabrique Union le 23 mai 72..
Donne moi ta paye et prend 1a mienne, La grève commence, on va te séquestrer. Et nous vaincrons pourvu qu'on tienne Fabrique Union ne va pas fermer.
Nous irons devant la samaritaine Pour mettre dans le coup tous les employés, Nous irons quand même quoiqu'il advienne Mais oui, mais oui ce n'est pas fini.
800 balles par mois, c'est la misère. En plus tu veux nous licencier
On ne va pas se laisser faire Fabrique Union ne va pas fermer
Il faut pas croire que tes ouvrières
Elles ne savent pas se bagarrer,
Patron tu peux faire ta prière
Mais oui, mais oui, ce n'est pas fini.
Aux Galerie Lafayette on compte 650 emplois de moins en deux ans, à la Samaritaine 200, au CCC, 78 licenciements...depuis la situation des employés de commerce n' a fait que s' aggraver du fait de l'informatisation , des codes barre et de la conjoncture économique.
Dans la banque et l’assurance 1972
Il faut préciser pour les lecteurs étrangers, que les banques, les assurances, les grands magasins étaient (avant la décentralisation) concentrés dans les quartiers 8éme et 9éme de la Capitale. Cette concentration avait l'avantage de rendre immédiatement visible toute manifestation d'un des secteurs, et donc d'inciter directement à la grève:Il y a toujours une forte proportion d'employés dans le 8éme et 9éme arrondissement, mais le quartier de la Défense et des grandes tours tend à devenir le centre tertiaire de la région parisienne.
En 1972, Il aurait été possible d'envisager une riposte commune contre les premiers licenciements si les syndicats alors encore puissants n'avaient pas systématiquement coulé toutes les initiatives allant dans ce sens.
En novembre 72, des milliers d'employés de banques sont en grève, il faut remonter à 1957 pour voir une grève aussi unanime. Dans le même temps des grèves éclatent à la Cie l'Europe (avec comité de grève) elle sera victorieuse, à la CMRA, à la SMABTP, l'UAP, les Mutuelles du Mans, le GAN, la Préservatrice. ...Les employés d'assurance sont dans 1a rue et le 8 décembre c'est environ 5000 manifestants qui devant le siège patronal chante l'internationale et siffle copieusement le secrétaire de la CGT qui cherche à calmer l'ardeur des grévistes.
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