jeudi 30 mai 2024

B comme Bourgeoisie. Bourse,Blanqui

 Bourse

« En 1865, la Bourse était encore un élément secondaire dans le système capitaliste. Les papiers d'Etat représentaient la masse principale des valeurs boursières et encore était elle relativement petite. A côté de cela, il y avait les banques par actions qui prédominaient sur le continent et en Amérique et qui, en Angleterre, commençaient à peine à absorber les banques privées de l'aristocratie. Mais leur nombre restait relativement insignifiant. Enfin, la masse des actions des compagnies de chemins de fer était encore assez faible comparativement à ce qu'elle est aujourd'hui. Les établissements directement productifs, eux, n'étaient que peu nombreux sous forme de société par actions. De même les banques, surtout dans les pays les plus pauvres, en Allemagne, en Autriche, en Amérique, etc. « L’œil du ministre » était une superstition qu'on n'avait pas encore surmontée à l'époque.

En ce temps, la Bourse était donc encore un lieu où les capitalistes se prenaient mutuellement leurs capitaux accumulés, elle n'intéressait directement les ouvriers que comme une nouvelle preuve de l'action démoralisatrice générale de l'économie capitaliste et comme confirmation de la thèse de Calvin constatant que la prédestination, autrement dit le hasard, décide déjà dans cette vie de la félicité ou de la damnation, de la richesse, qui est jouissance et pouvoir, et de la pauvreté, qui est privation et servitude. (Complément et supplément au livre III du Capital F. Engels p 941 ed.de Moscou)

« Aujourd'hui il en est autrement. Depuis la crise de 1866, l'accumulation s'est faite avec une rapidité toujours croissante et de telle façon que dans aucun pays industriel, et en Angleterre moins qu'ailleurs, l'extension de la production n'a pu suivre le rythme de l'accumulation et que l'accumulation réalisée par le capitaliste isolé n'a pu être pleinement employée à l'extension de sa propre affaire ; industrie cotonnière anglaise déjà en 1845, escroquerie des chemins de fer. Mais cette accumulation augmentait également la masse des rentiers, des gens qui, lassés de la tension constante du monde des affaires, n'aspiraient plus qu'à s’amuser ou à occuper des postes de tout repos, de directeur ou d'administrateur de société. Enfin, on fonda partout où cela n'existait pas encore, et en vue de faciliter l'investissement de la masse flottante de capital argent, la nouvelle forme légale des sociétés à responsabilité limitée, et les engagements des actionnaires qui, jusque là, avaient eu une responsabilité illimitée furent plus ou moins réduits (sociétés par actions en Allemagne, 1890, 40% de souscriptions !).

Suit une transformation progressive de l'industrie en entreprise par actions. Toutes les branches, les unes après les autres, succombent au destin. D'abord la sidérurgie, où de gigantesques investissements sont aujourd'hui nécessaires (auparavant les mines, là où elles n'avaient pas encore été mises en société). Puis l'industrie chimique : idem. La construction de machines. Sur le continent, industrie textile, en Angleterre seulement encore en quelques régions du Lancashire (filatures Oldham, tissage Burnley, etc.) ... Coopérative de tailleurs (celle-ci seulement comme première étape pour retomber rapidement - à la prochaine crise - dans les mains des patrons) ; brasseries (il y a quelques années, les brasseries américaines furent bazardées au capital anglais, ensuite Guiness, Bass, Allsopp). Ensuite les trusts qui créent des entreprises géantes à direction commune (comme l'United Alkali). La firme individuelle habituelle n'est de plus en plus qu'une première étape pour amener l'affaire à un niveau suffisamment élevé, pour qu'elle puisse être mise en société (« gegründert »).

La même chose vaut pour le commerce. Leafs, Persons, Morleys, M. Dillon : tous des sociétés. Il en va déjà de même pour des maisons de détail, et ceci non seulement sous l'apparence de coopératives à la « Stores » [1].

De même pour les banques et les autres établissements de crédit, même en Angleterre. Il s'en crée une quantité énorme e nouveaux, tous à responsabilité limitée. Même de vieilles banques comme Glyns, etc., se transforment en Limited avec sept actionnaires privés.

De même dans le domaine de l'agriculture. Les banques qui ont pris une énorme extension, surtout en Allemagne, sous toutes sortes de noms bureaucratiques, deviennent de plus en créanciers hypothécaires, avec leurs actions, la propriété véritable des terres est livrée à la Bourse et ceci bien plus encore lorsque les biens tombent aux mains des créanciers. Ici agit puissamment la révolution agricole qu'a signifiée la culture des steppes. Si cela continue, on peut prévoir que les terres anglaise et française tomberont aussi aux mains de la Bourse.

Enfin tous les investissements à l'étranger se font sous forme d'actions. Pour ne parler que de l'Angleterre : chemins de fer d'Amérique du Nord et du Sud (consulter la liste des valeurs), Goldberger, etc.

Ensuite la colonisation. Celle-ci est aujourd'hui une véritable succursale de la Bourse, pour les intérêts de laquelle les puissances européennes ont partagé l'Afrique il y a quelques années et les Français conquis Tunis et le Tonkin. L'Afrique est directement affermée à des compagnies (Niger, Afrique du Sud, Sud Ouest africain allemand et Afrique orientale allemande). Et le Mozambique et le Natal pris en possession pour la Bourse par Sir Cecil Rhodes. » Complément et supplément au livre III du Capital F. Engels p 942-943 ed.Moscou (2))

Quelques temps après, au moment ou émerge la théorie de l’impérialisme comme étant le stade suprême du capitalisme, Lénine va prétendre que « la bourse disparaît à jamais. Un nouveau capitalisme lui succède, qui comporte des éléments manifestes de transition, une sorte de mélange entre la libre concurrence et le monopole » ( L’impérialisme , stade suprême du capitalisme écrit de janvier a juin 1916» Quelques temps après, dans « une caricature du marxisme rédigé d’ août à octobre 1916  » Il va se raviser en douceur, après avoir répété ce que Engels faisait déjà remarquer l’ alliance entre le gouvernement et la Bourse et la corruption des fonctionnaires ( voir L’origine de la famille de la propriété privée et de l’ état) il s’interroge :

«  Qu’y a-t-il de changé sous se rapport lorsque le capitalisme est remplacé par l’impérialisme, c’est-à-dire lorsque le capitalisme prémonopoliste fait place au-capitalisme monopoliste ? Le seul changement est que le pouvoir de la Bourse s’accroît ! Car le capital financier est le très grand capital industriel, arrivé au stade du monopole et fusionné avec le capital bancaire. Les grandes banques fusionnent avec la Bourse en l’absorbant.(Dans les publications sur l’impérialisme, on parle d’une diminution du rôle de la Bourse, mais en ce sens que toute banque géante est elle-même une Bourse .»

"En d'autres termes, l'ancien capitalisme, le capitalisme de la libre concurrence, avec ce régulateur absolument indispensable qu'était pour lui la Bourse, disparaît à jamais. Un nouveau capitalisme lui succède, qui comporte des éléments manifestes de transition, une sorte de mélange entre libre concurrence et monopole. " (L'IMPERIALISME STADE SUPREME DU CAPITALISME)

Régne de la bourgeoisie

« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l'ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. » Le manifeste communiste

« Elle ne peut plus régner, (la classe bourgeoise) parce qu’elle est incapable d’assurer l’existence de son esclave dans le cadre de son esclavage,parce qu’elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui » (K. Marx, le Manifeste Communiste)

Blanqui

« Cette révolution, il est vrai, ne fut pas une trouvaille de l'année 1848. La vapeur, l'électricité et les inventions diverses avaient un caractère révolutionnaire autrement dangereux que les bourgeois Barbès, Raspail et Blanqui. Mais sentons-nous l'atmosphère que nous respirons et qui pourtant pèse sur nous d'un poids de 10.000 kilos ? La société européenne de 1848 ne sentait pas davantage l'atmosphère révolutionnaire qui la baignait et pesait sur elle de toutes parts. « Les révolutions de 1848 et le prolétariat K. Marx14 avril 1856

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