dimanche 26 mai 2024

1979: Le Mai des assurances.1982 La grève de la Société Générale.

 

1979: Le Mai des assurances.

La grande grève des sociétés d’assurances

La photo: manifestation dans le quartier de la Défense, occupation du périphérique 1979

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Elle touchera 60 entreprises, soit prés de 200 établissements sur Paris et la Province. Les grèves dureront plusieurs semaines, de nombreuses entreprises seront occupées à Paris (ÙAP, GAN, GR. VIA...) en Province (le GAN à Bordeaux, l'UAP à Angers, la CMA de Montpellier-). Dans la rue les manifestations seront monstres 15 000 personnes le 21 janvier, 20 000 le 6 février.

Pour casser le mouvement, le patronat de l'assurance a mis sur pied tout un arsenal répressif: Huissiers de justice, avertissements, mises à pied, licenciements... et puis quand ces munitions furent épuisées, c'était carrément la solution musclée qui était employée : commandos, milices privées, gardes mobiles....

Au moment même où la grève des assurances est à son point culminant, les syndicats des banques organisent une manifestation pour la forme. Cependant cette manifestation "tourne bien " puisque une vingtaine d'agitateurs forcent les grilles de la bourse, bientôt suivis par une fraction importante de manifestants. C'est sans surprise, qu'une fois de plus, nous allons voir les syndicats défendre les portes du temple du fric allant même, jusqu'à se crucifier sur les grilles. La jonction avec nos camarades grévistes des assurances ne se fera pas malgré la proximité des établissements.

1982 BANQUES: La grève

de la Société Générale.

A partir du 22 Mars, date déjà historique, un mouvement de grève de deux mois et demi va perturber la Société générale.

Le conflit touche principalement la région parisienne. Au delà des revendications économiques habituelles (35 H, la retraite à 55 ans, l'augmentation des effectifs...). La question salariale va prendre une dimension toute nouvelle. En effet, c'est au moment même où le patronat entend s'attaquer à la prime d'ancienneté dans de nombreux secteurs, que les grévistes de la société Générale se mettent en branle pour la défendre.

Non seulement, les grévistes veulent le maintien de leur ancienneté, mais en plus, ils revendiquent un avan-cement automatique à l'ancienneté.

Dans les banques, il faut savoir que le salaire repose sur un système de points. L'augmentation de la valeur du point correspond au maintien du pouvoir d'achat qui fait l'objet d'une négociation syndicats patronat (AFH).La distribution des points se fait selon le bon vouloir de la hiérarchie. Le système ne posait pas de problème dans les années 70 parce que dans la pratique l'habitude voulait qu'à peu prés tout le monde ait la garantie d'obtenir des points au moins une fois par an. Depuis, les distributions ont lieu dans la plupart des cas tous les 2 ans, voire tous les 3,4 ans et souvent plus...

La revendication d'un avancement automatique à l'ancienneté exprime l'exigence d'une garantie salariale, par la promotion (d’une échelle mobile à l'ancienneté).En fait ce mouvement de grève exprimera, le sentiment que les capacités professionnelles" ou autres ne permettent plus d'espérer voir son salaire augmenter et même maintenu.

Les employés de la banque allaient découvrir de plus en plus qu'ils ne sont que des "manoeuvres, des OS de la paperasse ". Ce qui reste à comprendre, c'est que le Capital a  toujours régit les salaires en fonction de l'offre et de la demande, et à ce titre, il n'y a pas de secteur protégé, et ce d'autant plus que dans ce secteur le pire concurrent de l'employé c'est la rationalisation informatique.

L'action des employés de la Sté Générale, et leur revendication "d'avancement à l'ancienneté va prendre de front, le patronat, le gouvernement et les syndicats qui concoctent en coulisse, la liquidation de l'ancienneté.

Les fédérations syndicales de la banque vont donc dresser un véritable cordon sanitaire autour de la grève de la Sté Générale. Ils feront tout pour en atténuer ou en déformer les causes réelles, afin d'éviter une contagion généralisée autour d'une reven-dication "dangereuse ". Par exemple ils chercheront à personnaliser le conflit en ciblant l'attention des gréviste sur Auquebon, Directeur du personnel, en faisant reprendre le slogan : "Auquebon démission" aux grévistes (tactique qui sera aussi utilisée lors de la grève de la Banque de France en 87, avec la recherche du gouverneur).

Ces manoeuvres entraîneront une méfiance plus grande des grévistes (mêmes syndiqués) vis à vis des syndicats. Lors de la grève des banques de 1974, on huait les manoeuvres de la CGT, mais la CFDT en était sortie renforcée. Dans cette grève la suspicion, même si elle ne s'exprima pas avec une grande énergie, fut générale et toucha aussi la CFDT. Celle ci pour ne pas perdre la face alla jusqu'à créer un comité de grève pour répondre à la demande d'autonomie du mouvement. Elle en conservera la direction.

Le déroulement de la grève.

Durant tout le mois d'avril, le piquet de grève provoquera une véritable pagaille sur le trottoir de la Société Générale. En effet des chefs de services venaient régulièrement recruter des non grévistes pour les faire bosser ailleurs. C'est seulement vers la fin du mois d'avril que les grévistes prendront la décision d'occuper jour et nuit, pour empêcher que les cadres viennent chercher du travail à la tombée de la nuit. Cette occupation se terminera la aussi par l'intervention de la police.

Au cours des manifestations de la fin avril, il y aura quelques accrochages entre grévistes radicalisés qui veulent occuper la Centrale (1) et les syndicats. Comme l'ambiance monte la CFDT décide d'occuper militai-rement la Chambre de Compensation (lieu d'échange des remises de chèques et virements... entre banques) Cette action au demeurant relativement efficace en 1982 ne pourra bientôt plus se faire du fait du SIT (Système Interbancaire de Télé compensation qui va se généraliser en 89).

Le 26 avril, des grévistes parviennent à savoir ou se tient le bunker des non grévistes, il sera donc décidé de faire une descente sur la Caisse Centrale pour y déloger les jaunes. Comme un délégué CFDT est de la partie, nous pouvons nous attendre à ce que notre lascar embrouille les cartes et que derrière une allure gauche gauche, la montagne accouche d'une souris. Ce qui devait arriver arriva, le délégué CFDT négocia avec le chef de service: Résultat, il ordonna aux grévistes de laisser passer les "jaunes " et de ne pas se saisir du travail.

Cette "enculade", allait se reproduire le lendemain mais en plus spectaculaire. La veille, au cours d'une réunion du " Comité de Coordination", la CFDT avait proposé d'occuper la Bourse des valeurs. Rappelons qu'en 79, les syndicats CGT, CFDT, F0, lors d'un puissant mouvement de grève, furent complètement débordés par des éléments "incontrôlés" qui non seulement enfoncèrent le cordon syndical, mais envahir la Bourse avec une grande partie des manifestants. Cette action qui fut mise à l'index par les syndicats en 1979 serait 10 ans après organisée par l'un d'eux ?

Les grévistes ne verront jamais le commando d'une trentaine de personnes qui devait forcer les grilles, arrivé devant l'immeuble Bourse de la SG, ils verront les syndicats donner l'ordre de dispersion qui ne se fera pas, Ils verront ces derniers négocier avec les flics " la poursuite de la manif` qui ne sera en fait, qu’une mesure de sécurité, une dispersion en manif.

Non seulement, les syndicats viennent de berner les grévistes avec "l'opération commando", mais encore, après plus d'un mois de grève aucun syndicat n'a appelé à la grève dans les autres banques.

Le Parti Socialiste de la SG va distribuer un tract particulièrement crapuleux car il condamne de la même manière la violence policière et celle des grévistes. Cette méthode est typiquement social-démocrate, voici. Un extrait du "torchon de gauche ":

"Il est également indispensable que le recours aux forces de polices soit désormais banni de notre entreprise, de même que tous les actes l'illégalité, tels ceux qui se sont déroulés au cours du conflit". Après cette magnifique justification de l'intervention policière, nos larbins démocrates vont en appeler, à la "communauté de travail" et à la dénonciation des "agitateurs". Manque de chance, la "communauté de travail" va particulièrement souffrir, au cours des jours qui vont suivre. Le 13 mai, lors d'une manifestation d'environ 1500 personnes, des manifestants forcent les portes de l'agence Centrale pour que la manifestation s'engouffre à l'intérieur. Le grand bordel commence, on frappe du poing sur les bureaux et sur tout ce qui se trouve à portée de main. Même les grévistes les plus timorés sont gagnés par cette frénésie, cette communication humaine cette joie que l'on retrouve si souvent sur les visages lors des grèves. Le spectacle, va attirer les médias ( Antenne 2) est sur le terrain pour filmer, et comme nous n'arrêtons pas de rigoler ils ne peuvent pas filmer parce que " rigoler, c'est pas crédible" pour ces cons. "Tu comprends dit l'un d'entre eux, au montage, on coupe systématiquement les images ou on voit les grévistes rigoler ", dans les faits les médias étaient présentent pour filmer, les actes de violence pour le compte des flics. Le 18 mai, la police intervient, elle brise les portes et fait évacuer les occupants.

Les syndicats vont organiser la reprise avec le même scénario que celui de la grève des PTT et de la banque en 74. La CFDT reste sur le terrain avec les grévistes pendant que les autres syndicats organisent la reprise. En fait la CFDT servait de voiture balai et voulait éviter que la frustration, la colère... n'engendre des actes de sabotages ou des actions plus directes. Elle s'employa donc à user, détourner la colère des grévistes vers des objectifs illusoires (manif devant l'assemblée nationale et le ministère). A partir du 1er juin on ne parlera plus de la grève qu'au passé, la reprise se déroula selon une pratique très classique, l'organisation de celle ci dans une ambiance de fête, musique, boisson ....

 

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