jeudi 30 mai 2024

 

E comme Economie. Espace. Effondrement, Etat, Esclave

Egalité, Elections, Education, Ecologie, Expropriation

Effondrement

« Les nécessités historiques de la concurrence toujours plus acharnée du capital en quête de nouvelles régions d'accumulation dans le monde se transforme ainsi, pour le capital lui-même, en un champ d'accumulation privilégié. Le capital use toujours plus énergiquement du militarisme pour s'assimiler, par le moyen du colonialisme et de la politique mondiale, les moyens de production et les forces de travail des pays ou des couches non capitalistes. En même temps, dans les pays capitalistes, ce même militarisme travaille à priver toujours davantage les couches non capitalistes, c'est-à-dire les représentants de la production marchande simple ainsi que la classe ouvrière, d'une partie de leur pouvoir d'achat ; il dépouille progressivement les premiers de leur force productive et restreint le niveau de vie des seconds, pour accélérer puissamment l'accumulation aux dépens de ces deux couches sociales. Cependant, à un certain degré de développement, les conditions de l'accumulation se transforment en conditions de l'effondrement du capital. » ( Rosa Luxemburg, l’accumulation du capital, T. II p )



 "La question de l'effondrement du capitalisme fut génialement traitée dans tous les livres de l’œuvre centrale de Marx, mais elle devait ici aussi rester incomprise. Le capitalisme n'avait pas atteint une maturité telle que la question de l'effondrement et que le problème de réalisation du socialisme ne pouvaient avoir une réalité immédiate. Marx était si en avance sur son époque, que justement restèrent, en premier lieu, incomprises les parties de son oeuvre qui y faisaient référence, et la conception matérialiste de l'histoire trouve ici une nouvelle confirmation à propos de l’œuvre de Marx elle-même."(Grossmann, La loi de l'accumulation et de l'effondrement du système capitaliste,Siglo XXI, p.129)

 « La véritable barrière de la production capitaliste, c'est le capital lui-même. Voici en quoi elle consiste : le capital et son expansion apparaissent comme le point de départ et le terme, comme le mobile et le but de la production ; la production est uniquement production pour le capital, au lieu que les instruments de production soient des moyens pour un épanouissement toujours plus intense du processus de la vie pour la société des producteurs. Les limites dans lesquelles peuvent uniquement se mouvoir la conservation et la croissance de la valeur du capital – fondées sur l'expropriation et l'appauvrissement de la grande masse des producteurs – ces limites entrent continuellement en conflit avec les méthodes de production que le capital doit employer pour ses fins et qui tendent vers l'accroissement illimité de la production,vers la production comme une fin en soi, vers le développement absolu de la productivité sociale du travail. Le moyen – le développement illimité des forces productives de la société – entre en conflit permanent avec le but limité, la mise en valeur du capital existant. Si le mode de production capitaliste est, par conséquent, un moyen historique de développer la puissance matérielle de la production et de créer un marché mondial approprié, il est en même temps la contradiction permanente entre cette mission historique et les conditions correspondantes de la production sociale." (Marx, Capital, Livre III, La Pléiade, T.2, P. 1031-1032)

En 1959, Cornelius Castoriadis de SOB a écrit :

Il n’y a pas de “preuve” de l’effondrement inévitable du système d’exploitation. Il y a encore moins de “vérité” dans la possibilité que le socialisme soit établi par une élaboration théorique opérant en dehors du contenu concret créé par l’activité historique et quotidienne du prolétariat. Le prolétariat se développe par lui-même vers le socialisme – sinon il n’y aurait aucune perspective de socialisme. Les conditions objectives de ce développement sont données par la société capitaliste elle-même. Mais ces conditions ne font qu’établir le contexte et définir les problèmes que le prolétariat rencontrera dans sa lutte ; elles sont loin de déterminer le contenu de ses réponses à ces problèmes. Ses réponses sont une création du prolétariat, car cette classe reprend les éléments objectifs de la situation et les transforme en même temps, ouvrant ainsi un champ d’action et des possibilités objectives jusqu’alors inconnus et insoupçonnés. Le contenu du socialisme est précisément cette activité créatrice des masses qu’aucune théorie ne pourrait ou ne pourra jamais anticiper. Marx n’aurait pas pu anticiper la Commune (non pas comme un événement mais comme une forme d’organisation sociale) ni Lénine les soviets, ni l’un ou l’autre n’aurait pu anticiper la gestion des travailleurs”. [18] Cornelius Castoriadis/Paul Cardan, “Proletariat et organisation”, Socialisme ou Barbarie, 27 et 28, 1959, dans Socialisme ou Barbarie : an Anthology, une traduction du livre français (publié par Acratie, 2007), disponible sur le site web NOT BORED ! Pages 328-9.


« Tant que le capitalisme a la possibilité d'étendre son empire à d' autres régions du globe,il réussit à faire face à leur besoins. Voilà pourquoi, aussi longtemps que la moitié de la population mondiale se trouve en dehors du système, ce dernier peut poursuivre son cours. Les centaines et les centaines de millions d'hommes, pullulant dans les plaines fertiles de l' Asie de l' Est et du Sud, vivent encore dans des conditions précapitalistes.Tant qu'ils pourront offrir un débouché aux rails et aux locomotives, aux machines et aux usines, les entreprises capitalistes, en Amérique plus paticulièrement pourront prospérer et s' agrandir. » (A. Pannekoek et les conseils ouvriers ed. Edi, p. 289)


Être conscient.

 « En attendant, l’antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie est une lutte de classe à classe, lutte qui portée à sa plus haute expression, est une révolution totale...Ne dites pas que le mouvement social exclut le mouvement politique. Il n’y a jamais de mouvement politique qui ne soit social en même temps. «  Misère de la philosophie 1847

 « Il ne s’agit pas de ce que tel ou tel prolétaire ou même le prolétariat entier se représente à un moment comme le but. Il s’agit de ce que, conformément à son être, il sera historiquement contraint de faire. » Marx, La Sainte famille.

Égalité

 « En d’autres mots : parce que l’égalité est l’idéal de M Proudhon. Il s’imagine que la division du travail, le crédit, l’atelier, que tous les rapports économiques n’ont été inventés qu’au profit de l’égalité, et cependant ils ont toujours fini par tourner contre elle. De ce que l’histoire et la fiction de M. Proudhon se contredisent à chaque pas, ce dernier conclut qu’il y a contradiction. S’il y a contradiction, elle n’existe qu’entre son idée fixe et le mouvement réel. » (Misére de la philosophie/ la métaphysique de l’économie politique . K Marx.

 « Or ces interventions ( au cours de la révolution française NDLR) n' allaient pas sans que les plébéiens donnent aux revendications de la bourgeoisie un sens qu' elles n' avaient pas.Ainsi ils poussaient l' égalité et la fraternité jusqu' à leurs conséquences extrêmes qui inversaient, le sens bourgeois de ces formules, se sens alors poussé à l' extrême se changeant en son contraire. Mais, cette égalité et cette fraternité plébéienne ne pouvaient être qu'un pur idéal, à une époque où il devait s' agir de réaliser précisément le contraire. Comme ce fut le cas partout,l'ironie de l'histoire fit que cette conception plébéienne des mots d'ordre révolutionnaires fut le levier le plus puissant pour faire passer dans les lois la conception opposée ( l'égalité bourgeoise) et pour faire passer dans la production l' exploitation ( au lieu de la fraternité) » ( extrait de la lettre de Engels à Kautsky le 20 février 1889) 

«Se représenter la société socialiste comme l'Empire de l'Égalité est une conception française trop étroite et qui s'appuie sur 1a vieille devise Liberté Égalité Fraternité, conception qui, en ses temps et lieu, a eu sa raison d'être, parce qu'elle répondait à une phase d'évolution, mais qui comme toutes les conceptions trop étroites des écoles socialistes qui ont précédé, devrait à présent être dépassée, puisqu'elle ne crée que de la confusion dans les esprits et qu'elle a été remplacée par des conceptions plus précises et répondant mieux aux réalités  (F. Engels à Bebel, 18-28.04.1875).

Espace Temps

« Alors que, d’une part , le capital doit tendre à abattre toute barrière locale au trafic, c’est-à-dire à l’échange, pour conquérir le monde entier et en faire un marché, il doit tendre d’autre part, à détruire l’espace grâce au temps, c’est à dire réduire au minimum le temps que coûte le mouvement d’un lieu à un autre. Plus le capital est développé, plus vaste est donc le marché où il circule ; or, plus est grande la trajectoire spatiale de sa circulation, plus il tendra à une extension spatiale du marché, et donc à une destruction de l’espace grâce au temps. » Grundrisse 3. Chapitre du capital p59 édt 10/18.

L' ETAT

 État, béquilles

 « Aussi longtemps que le capital est faible, il s' appuie simplement sur des béquilles prises dans les modes de production passés ou en voie de disparition à la suite de son développement. Sitôt qu'il se sent fort, il rejette ces béquilles et se meut conformément a ses propres lois. » Grundrisse chap. du capital edt. 10/18,p.261

 État mondial

 « Cependant, les divers États des divers pays civilisés, nonobstant la multiple diversité de leurs formes, ont tous ceci de commun qu'ils reposent sur le terrain de la société bourgeoise moderne, plus ou moins développée au point de vue capitaliste. C'est ce qui fait que certains caractères essentiels leur sont communs. En ce sens, on peut parler d'« Etat actuel» pris comme expression générique. Par contraste avec l'avenir où la société bourgeoise, qui lui sert à présent de racine, aura cessé d'exister. »(Critique du programme de Gotha;)

État et société communiste

 « Le programme n'a pas à s'occuper, pour l'instant, ni de cette dernière, ni de l'État futur dans la société communiste. (Critique du programme de Gotha;)

 « Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l'État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat1. »(Critique du programme de Gotha;)

 « Dès lors, la question se pose : quelle transformation subira l'Etat dans une société communiste ? Autrement dit quelles fonctions sociales s'y maintiendront analogues aux fonctions actuelles de l'Etat ? Seule la science peut répondre à cette question; et ce n'est pas en accouplant de mille manières le mot Peuple avec le mot Etat qu'on fera avancer le problème d'un saut de puce. »( critique du programme de Gotha« Libre fondement de l'Etat »

État libre

 « Faire l'Etat libre, ce n'est nullement le but des travailleurs qui se sont dégagés de la mentalité bornée de sujets soumis. Dans l'Empire allemand, I'« Etat» est presque aussi « libre » qu'en Russie. La liberté consiste à transformer l'Etat, orga­nisme qui est mis au-dessus de la société, en un organisme entièrement subordonné à elle, et même de nos jours les formes de l'Etat sont plus ou moins libres ou non libres selon que la « liberté de l'Etat » s'y trouve plus ou moins limitée. Le Parti ouvrier allemand - du moins s'il fait sien ce programme montre que les idées socialistes ne sont pas même chez lui à fleur de peau; au lieu de traiter la société présente (et cela vaut pour toute société future) comme le fondement de l'Etat présent (ou futur pour la société future), on traite au contraire l'Etat comme une réalité indépendante, possédant ses propres fondements intellectuels, moraux et libres. »(Critique du programme de Gotha;)

Etat aliénation

Ce qui vaut dans l'État dit chrétien, ce n'est pas l'homme, c'est l'aliénation. Le seul homme qui compte, le roi, diffère spécifiquement des autres hommes et est, en outre, un être encore religieux se rattachant directement au Ciel, à Dieu. Les relations qui règnent ici sont encore des relations fondées sur la foi. L'esprit religieux ne s'est donc pas encore réellement sécularisé. (K.Marx ,La question juive)

Éducation du peuple par l'Etat

 « Une « » est chose absolument condamnable. Déterminer par une loi générale les ressources des écoles primaires, les aptitudes exigées du personnel ensei­gnant, les disciplines enseignées, etc., et, comme cela se passe aux Etats-Unis, surveiller, à l'aide d'inspecteurs d'Etat, l'exé­cution de ces prescriptions légales, c'est absolument autre chose que de faire de l'Etat l'éducateur du peuple ! Bien plus, il faut proscrire de l'école au même titre toute influence du gouvernement et de l'Eglise. Bien mieux, dans l'Empire prusso-allemand (et qu'on ne recoure pas à cette échappatoire fallacieuse de parler d'un certain « Etat de l'avenir » nous avons vu ce qu'il en est), c'est au contraire l'Etat qui a besoin d'être éduqué d'une rude manière par le peuple.(Critique du programme de Gotha;)

 Etat et impôt sur le revenu

 « Que par « Etat » l'on entende, en fait, la machine gouvernementale, ou bien l'Etat en tant que constituant par suite de la division du travail un organisme propre, séparé de la société c'est déjà indiqué par ces mots : « Le Parti ouvrier allemand réclame comme base économique de l'Etat un impôt unique et progressif sur le revenu, etc. ». Les impôts sont la base économique de la machinerie gouvernementale, et de rien d'autre. Dans l'Etat de l'avenir, tel qu'il existe en Suisse, cette revendication est passablement satisfaite. L'impôt sur le revenu suppose des sources de revenu différentes de classes sociales différentes, donc la société capitaliste. Par conséquent, il n'y a rien de surprenant si les financial reformers de Liverpool, - des bourgeois ayant à leur tête le frère de Gladstone [3], - formulent la même revendication que le programme. »( critique du programme de Gotha« Libre fondement de l'Etat »

 «  Historiquement, la concurrence signifie la dissolution des contraintes corporatives de la réglementation d' Etat,l' abolition des frontières à l' intérieur d' un pays ; sur le marché mondial, elle élimine le cloisonnement, la prohibition ou le protectionnisme. Bref, historiquement, elle apparaît comme négation des modes de production antérieurs à celui du capital comme abolition des entraves et des limitations qui leur sont propres » (Grundrisses,3,chap.du Capital, ed. 10/I8 , p.257)

 L' État a créé le capital ?

« Bakounine croit que c’est l’Etat qui a crée le capital et que le capitaliste ne possède son capital que par la grâce de l’Etat. Puisque le mal principal c’est l’Etat, pense-t-il, il faut le supprimer en premier lieu et ensuite le capital disparaîtra bien tout seul. » lettre du 24 janvier 1872 à Théodore Cuno, Engels raillait Bakounine :

 État ( salariés de)

 « dans la mesure où les gouvernements emploient le travail salarié productif dans les mines, les chemins de fer, etc., et fonctionnent comme des capitalistes individuels… » (K. Marx, le Capital, livre deuxième, t.1, Ed. Sociales, Paris 1960, p90.)

 Esclave.

 « Elle ne peut plus régner, (la classe bourgeoise) parce qu’elle est incapable d’assurer l’existence de son esclave dans le cadre de son esclavage,parce qu’elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui » (K. Marx le Manifeste Communiste)

Ecologie

Grande industrie et agriculture ruinent les forces de travail,et naturelle de la terre,

« La grande industrie et la grande agriculture mécanisée agissent de concert. Si à l' origine, la première tend à ravager et à ruiner la force de travail, donc la force naturelle de l' homme tandis que la seconde s' attaque directement à la force naturelle de la terre, elles finissent par se conjuguer dans leur marche avant : le système industriel à la campagne affaiblit également les travailleurs et, pour leur part, l'industrie et le commerce procurent à l' agriculture les moyens d' épuiser la terre. » (Capital III,6.Pléiade t.2 p.1424)

 Expropriation

 « La réussite, comme l' échec, conduisent simultanément à la centralisation des capitaux et par conséquent à l' expropriation à l' échelle la plus large. L' expropriation s'étend ici du producteur direct aux petits et moyens capitalistes eux-mêmes. Le point de départ du mode de production capitaliste est justement cette expropriation. Son but est de la réaliser et, en dernière instance, d' exproprier tous les individus de tous les moyens de production ... » Le Capital T III chap;XXVII

 note

1 Déjà en 1852, Marx écrit, dans une lettre à Wiedemeyer, que « la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ».


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