ETUDES SUR LE CAPITAL-Suivi de deux études de - Franz MEHRING - Rosa LUXEMBOURG
L’ETUDE du Capital de Marx présente certaines difficultés. L'imprévu de
la méthode, la profondeur de l'analyse, la multiplicité des points de
vue nouveaux déroutent et, parfois, exigent du lecteur non averti un
effort certain.
Il est préférable de commencer l'étude de la science
marxiste par des ouvrages plus accessibles, mais, même pour ceux qui
possèdent les premiers éléments de celle science, la lecture du Capital
demande quelque peu de persévérance. Il est déjà possible de la rendre
plus aisée, en prenant tout d'abord connaissance des commentaires
autorisés que nous devons au cofondateur de la doctrine, à Engels
lui-même.
La collection « les Eléments du communisme» se devait de
s'efforcer de préparer les étudiants du marxisme à l'élude de son
ouvrage essentiel. C'est dans ce but que nous avons réuni en une seule
brochure quatre travaux d'Engels se rapportant à l'étude du Capital.
1.
L'article « Le Capital de Marx » paru, les 21 et 28 mars 1868, dans le
Demokratisches Wochenblatt de Leipzig, qui constitue une magistrale
exposition du premier livre du Capital.
2. Un «Extrait de la préface au deuxième livre du Capital», consacré spécialement à la découverte de la plus-value.
3.
Le « Résumé du Capital », où Engels, chapitre par chapitre, résume et
commente la plus grande partie du livre premier du Capital. La rédaction
de ce travail, enrichi de nombreuses notes explicatives, a été
effectuée par les soins de l'Institut Marx-Engels-Lénine de Moscou.
4.
Le «Complément et supplément au troisième livre du Capital »,paru en
1895 dans le Devenir social et qui est introuvable aujourd'hui. Nous en
donnons une nouvelle version soigneusément revue et améliorée. Ce
travail constitue l'introduclion indispensable à l'étude du troisième
livre;
5;vient ensuite une étude sur « La Bourse
». Elle consiste en des remarques complémentaires sur le troisième livre
du Capital. Nous donnons ce travail d'après la copie photographique, de
l'Institut Marx-En gels-Lénine.
Nous avons cru utile d'ajouter en
annexe un extrait de l'ouvrage classique de Franz Mehring : Karl Marx :
Geschichte seines Lebens (Karl Marx, histoire de sa vie), où le grand
publiciste expose la genèse du Capital et en analyse le premier livre,
et quelques passages du méme ouvrage, dus à la plume de Rosa Luxembourg
et dans lesquels la célèbre militante avec sa clarté coutumière, nous
donne la substance des deuxième et troisième livres du Capital.
Nous
avons la conviction que, ainsi composé, ce petit ouvrage pourra rendre
de réels services à tous ceux. qui désirent entreprendre l'étude
sérieuse du Capital.
Un mot encore. Le «Résumé du Capital» n'a pas
été préparé par Engels pour l'impression ; Un travail d'élaboration
était donc nécessaire. Nous avons complété les mots abrégés en mettant
la partie complémentaire entre crochets [ ]. Nous avons, en plus, donné
en notes, in-extenso, maints passages de Marx analysés par Engels.
A
la fin de certains paragraphes figurent trois chiffres; le premier
indique la pagination de l'édition allemande du Capital dont s'est servi
Engels; des deux chiffres entre crochets, le premier indique la
pagination de l'édition allemande moderne du Capital (Verlag für
Literatur und Politik, Wien-Berlin S. W, 61, 1932), le deuxième se
réfère à l'édition française en cours de parution aux Edition s
Sociales.
Les notes non signées sont d'Engels.
Les notes des éditeurs sont signées (N. R.), celles du traducteur (N. T. ).
LE « CAPITAL » DE MARX
Depuis
qu'il y a des capitalistes et des ouvriers dans le monde, il n'est pas
paru de livre qui fût de pareille importance pour les ouvriers que
celui-ci. Les rapports entre le Capital et le Travail, l'axe autour
duquel tourne tout notre système social actuel, y sont pour la première
fois développés scientifiquement, et cela avec une profondeur et une
netteté possibles seulement à un Allemand. Si précieux que soient et que
resteront les écrits d'un Owen, d'un Saint-Simon, d'un Fourier, ïl
était réservé à un Allemand d'atteindre la hauteur d'où l'on peut
embrasser clairement, d'un seul coup d'oeil le domaine tout entier des
rapports sociaux modernes, de même façon qu'apparaissent aux yeux du
spectateur, debout sur la plus haute cime, les sites montagneux moins
élevés.
L'économie politique nous enseigne jusqu'à maintenant que le
travail est la source de toute richesse et la mesure de toutes les
valeurs, de telle façon que deux objets dont la production a coûté le
même temps de travail ont aussi la même valeur et que des valeurs égales
étant généralement seules échangeables entre elles, ils doivent aussi
être nécessairement échangés les uns contre les autres.
Mais elle
enseigne en même temps qu'il existe une espèce de travail emmagasiné
qu'elle appelle capital ; que ce capital grâce aux ressources qu'il
renferme, multiplie par cent et par mille la productivité du travail
vivant et réclame pour cela une certaine compensation qu'on appelle
profit ou bénéfice. Comme nous le savons tous, les choses se présentent
en réalité de la façon suivante : les profits du travail mort, accumulé,
constituent une masse de plus en plus grande, les capitaux des
capitalistes prennent des proportions de plus en plus colossales, alors
que le salaire du travail vivant devient de plus en plus infime, et la
masse des ouvriers vivant uniquement de salaire de plus en plus
nombreuse et de plus en plus pauvre. Comment résoudre cette orientation?
Comment peut-il rester un profit au capitaliste si l'ouvrier reçoit la valeur entière du travail qu'il ajoute à son produit?
Et
pourtant, puisque seules des valeurs égales sont échangeables, il
devrait bien en être ainsi. D'autre part, comment des valeurs égales
peuvent-elles être échangées, comment l'ouvrier peut-il recevoir la
valeur entière de son produit, si, comme il est concédé par beaucoup
d'économistes, ce produit est partagé entre les capitalistes et lui ?
L'économie
reste jusqu'ici perplexe devant cette contradiction,écrit ou balbutie
des formules embarrassées et vides. Même les critiques socialistes de
l'économie n'ont pas été capables jusqu'ici de faire autre chose que de
souligner cette contradiction; aucun ne l'a résolue jusqu'au moment où,
enfin, Marx, poursuivant le processus de la formation de ce profit
jusqu'à son lieu de naissance, a fait sur le tout la pleine lumière.
Dans le développement du capital, Marx part du fait simple et notoire
que, les capitalistes font valoir leur capital au moyen de l'échange ;
ils achètent de la marchandise pour leur argent et la revendent ensuite
pour une somme plus élevée qu'elle ne leur a coûté. Un capitaliste
achète, par exemple, du coton pour mille thalers et le revend pour 1.100
thalers, « gagnant » ainsi 100 thalers. C'est cet excédent de 100
thalers sur le capital initial que Marx appelle plus-value. D'où
provient cette plus-value ?
D'après l'hypothèse des économistes,
seules des valeurs égales sont échangeables, et, dans le domaine de la
théorie abstraite, la chose est juste aussi. L'achat du coton et sa
revente ne peuvent donc pas plus fournir de plus-value que l'échange
d'un thaler d'argent contre 30 gros d'argent et un nouvel échange de
cette monnaie de compte contre le thaler d'argent, opération où on ne
s'enrichit ni on ne s'appauvrit.
Mais la plus-value peut tout aussi
peu provenir du fait que les vendeurs vendent les marchandises au-dessus
de leur valeur, ou que les acheteurs les achètent au-dessous de leur
valeur, car chacun d'eux à son tour étant tantôt acheteur, tantôt
vendeur, il y a, par
conséquent, compensation. Cela ne peut pas plus
provenir du fait que les acheteurs et les vendeurs s'exploitent
réciproquement, car cela ne produirait pas de nouvelle valeur ou
plus-value, mais ne ferait, au contraire, que répartir autrement le
capital existant entre les capitalistes. Or, bien que le capitaliste
achète et revende les marchandises à leur valeur, il en tire plus de
valeur qu'il n'y en a mis. Comment cela se produit-il ?
Dans les
conditions sociales actuelles, le capitaliste trouve sur le marché une
marchandise qui a cette propriété particulière que sa consommation est
une source de nouvelle valeur, crée une nouvelle valeur, et cette
marchandise c'est la force da travail.
Qu'est-ce que la valeur de la
force de travail? La valeur de chaque marchandise est mesurée par le
travail qu'exige sa production. La force de travail existe sous la forme
de l'ouvrier vivant qui a besoin, pour vivre, ainsi que pour entretenir
sa famille qui assure la persistance de la force de travail aussi après
sa mort, d'une somme déterminée de moyens de subsistance. C'est donc le
temps de travail nécessaire à la production de ces moyens de
subsistance qui représente la valeur de la force de travail. Le
capitaliste paye l'ouvrier par semaine et achète ainsi l'emploi de son
travail pour une semaine. Messieurs les économistes seront jusque-là
assez d'accord avec nous sur la valeur de la force du travail.
A ce
moment, le capitaliste met son ouvrier au travail. Dans un temps
déterminé, l'ouvrier aura livré autant de travail que son salaire
hebdomadaire en représentait.
A supposer que le salaire
hebdomadaire d'un ouvrier représente trois journées de travail,
l'ouvrier qui commence le lundi a rendu au capitaliste le mercredi soir
la valeur entière du salaire payé. Mais cesse-t-il ensuite de travailler
? Pas du tout. Le capitaliste a acheté son travail pour une semaine, et
il faut que l'ouvrier travaille encore les trois derniers jours de la
semaine. Ce surtravail de l'ouvrier, au delà du temps nécessaire pour le
remplacement de son salaire est la source de la plus-value, du profit,
du grossissement toujours croissant du capital.
Qu'on ne dise pas
que c'est une supposition gratuite d'affirmer que l'ouvrier fait sortir
de son travail en trois jours le salaire qu'il a reçu et que les trois
autres jours il travaille pour le capitaliste. Qu'il ait besoin de juste
trois jours pour restituer son salaire, ou de deux, ou de quatre, c'est
d'ailleurs ici une chose tout à fait indifférente, et qui varie aussi
selon les circonstances ; mais la chose principale, c'est que le
capitaliste, à côté du travail qu'il paye, obtient encore du travail
qu'il ne paye pas, et il n'y a pas là de supposition arbitraire, car le
jour où le capitaliste ne recevrait continuellement de l'ouvrier
qu'autant qu'il lui paye en salaire, ce jour-là, il fermerait son
atelier, car tout son profit s'envolerait.
Et voilà que nous
avons résolu toutes ces contradictions. La formation de la plus-value
(dont le profit du capitaliste constitue une partie importante) est
maintenant tout à fait claire et naturelle. La valeur de la force du
travail est payée, mais cette valeur est de beaucoup inférieure à celle
que le capitaliste sait tirer de la force de travail, et la différence,
le travail non payé, constitue précisément la part du capitaliste, ou
plus exactement, de la classe capitaliste. Car même le profit que, dans
l'exemple cité plus haut, le marchand de coton a tiré de son coton, doit
nécessairement consister en travail non payé si les prix du coton n'ont
pas augmenté. Il faut que le marchand ait vendu à un fabricant de
cotonnades qui, outre ces cent thalers, puisse tirer encore pour soi un
bénéfice de sa fabrication, et qui partage par conséquent avec lui le
travail non payé qu'il a empoché. C'est ce travail non payé qui, en
général, entretient tous les membres de la société ne travaillant pas.
C'est avec lui qu'on paye les impôts d'Etat et des communes dans la
mesure où ils atteignent la classe capitaliste, les rentes foncières des
propriétaires terriens, etc. C'est sur lui que repose tout l'état
social existant.
D'autre part, il serait ridicule de supposer que
le travail non payé ne s'est formé que dans les conditions actuelles où
la production est le fait d'un côté des capitalistes et de l'autre des
salariés. Au contraire, de tout temps la classe opprimée a dû faire du
travail non payé. Pendant toute la longue période où l'esclavage fut la
forme dominante de l'organisation du travail, les esclaves ont été
obligés de travailler beaucoup plus qu'on leur donnait sous forme de
moyens de subsistance. Sous la domination du servage et jusqu'à
l'abolition de la corvée paysanne, il en fut de même ; et là apparaît
même, de façon tangible, la différence entre le temps où le paysan
travaille pour sa propre subsistance et celui où il fait du sur6travail
pour le seigneur, parce que ces deux formes de travail s'accomplissent
de façon séparée.La forme est maintenant différente, mais la chose est
restée, et tant qu'
une partie de la société possède le monopole des moyens de
production, le travailleur, libre ou non, est forcé d'ajouter au temps
de travail nécessaire à son propre entretien un surplus destiné à
produire la subsistance du possesseur des moyens de production.1
___________________
1 Capital, t. 1, p, 231.
II
Dans l'article précédent, nous avons vu que chaque ouvrier
qui est occupé par le capitaliste, fait un double travail : pendant une
partie de son temps de travail, il restitue le salaire que lui a avancé
le capitaliste, et cette partie de son travail est appelée par Marx le
travail nécessaire. Mais ensuite, il doit encore continuer à travailler
et produire pendant ce temps la plus-value pour le capitaliste, dont le
profit constitue une partie importante. Cette partie du travail
s'appelle le surtravail.
Supposons que l'ouvrier travaille trois
jours de la semaine pour restituer son salaire et trois jours pour
produire de la plus-value pour le capitaliste. Cela veut dire, en
d'autres termes, qu'il travaille, dans une journée de douze heures, six
heures par jour pour son salaire et six heures pour créer de la
plus-value. Mais on ne peut tirer de la semaine que six jours et même en
y ajoutant le dimanche, sept jours seulement, alors que de chaque jour
on peut tirer six, huit, dix, douze, quinze et même plus d'heures de
travail. L'ouvrier a vendu pour son salaire une journée de travail au
capitaliste. Mais qu'est-ce qu'un jour de travail ? Huit heures ou
dix-huit ?
Le capitaliste a intérêt à faire la journée de travail
aussi longue que possible. Plus elle est longue, plus elle crée de
plus-value. L'ouvrier a le juste sentiment que chaque heure de travail
qu'il fait au-delà de la restitution de son salaire, lui est prise de
façon illégitime; c'est sur son propre corps qu'il doit sentir ce que
cela signifie de travailler un temps trop long. Le capitaliste lutte
pour son profit, l'ouvrier pour sa santé, pour quelques heures de repos
quotidien, pour pouvoir, en dehors du travail, du sommeil et du manger
se manifester encore, en tant qu'homme.
Remarquons en passant qu'il
ne dépend pas de la bonne volonté des capitalistes pris isolément qu'ils
veuillent ou non s'engager dans cette lutte, car la concurrence
contraint le plus philanthrope d'entre eux à se rallier à ses collègues
et à faire accomplir une aussi longue journée de travail que ceux-ci.
La lutte pour cette fixation de la journée de travail date de la
première apparition d'ouvriers libres dans l'histoire et dure
jusqu'aujourd'hui. Dans diverses industries, règnent des coutumes
diverses concernant la journée de travail ; mais, en réalité, elles sont
rarement observées.
C'est seulement là où la loi fixe la journée de
travail et en contrôle l'observation, c'est là seulement qu'on peut
vraiment dire qu'il existe une journée de travail normale. Et jusqu'à
maintenant, ce n'est presque le cas que dans les districts industriels
d'Angleterre. Là, la journée de travail est fixée à dix heures (10
heures et demie pendant cinq jours et 7 heures et demie le samedi) pour
toutes les femmes et pour les garçons de 13 à 18 ans, et comme les
hommes ne peuvent travailler sans ces derniers, ils tombent, eux aussi,
sous la loi de la journée de dix heures. Cette loi, les ouvriers des
fabriques d'Angleterre, l'ont conquise par de longues années de
persévérance, par la lutte la plus tenace, la plus obstinée contre les
fabricants, par la liberté de la presse, par le droit de coalition et de
réunion, ainsi que par l'utilisation habile des divisions au sein de la
classe régnante elle-même.
Elle est devenue la sauvegarde des
ouvriers anglais, elle a été élargie peu à peu à toutes les grandes
branches d'industrie et étendue, l'année dernière, à presque tous les
métiers, du moins à tous ceux où sont occupés des femmes et des enfants.
Sur l'histoire de cette réglementation légale de la journée de travail
en Angleterre, l'ouvrage présent contient une documentation extrêmement
détaillée.Le prochain « Reichstag de l'Allemagne du Nord » aura
également à discuter une loi industrielle, et, par conséquent, à
réglementer le travail dans les fabriques. Nous espérons que pas un des
députés qui ont dû leur élection à des ouvriers allemands, n'ira à la
discussion de cette loi sans s'être auparavant familiarisé complètement
avec le livre de Marx. On peut obtenir beaucoup. Les divisions dans les
classes régnantes sont plus favorables aux ouvriers qu'elles le furent
jamais en Angleterre, parce que le suffrage universel contraint les
classes dominantes à rechercher la faveur des ouvriers. Dans ces
circonstances, quatre ou cinq représentants du prolétariat sont une
puissance, s'ils savent utiliser leur situation, s'ils savent avant tout
de quoi il s'agit; ce que les bourgeois ne savent pas. Et pour cela le
livre de Marx leur met en mains la documentation toute prête.
Nous laisserons de côté une série d'autres recherches très belles
d'un intérêt plus théorique et nous nous contenterons d'en venir au
chapitre final qui traite de l'accumulation du capital. On y prouve
d'abord que la méthode de production capitaliste, c'està-dire, réalisée
par des capitalistes d'une part et des salariés d'autre part, non
seulement reproduit constamment son capital au capitaliste, mais produit
toujours aussi en même temps la misère des ouvriers; de sorte que l'on
veille à ce que, d'une façon constante et renouvelée, existent d'un côté
des capitalistes qui sont les possesseurs de tous les moyens de
subsistance, de toutes les matières premières et de tous les instruments
de travail, et, de l'autre côté, la grande masse des ouvriers qui sont
contraints de vendre leur force de travail à ces capitalistes pour une
certaine quantité de moyens de subsistance, suffisants tout au plus,
dans le meilleur des cas, pour les maintenir en état de travailler et
pour faire grandir une nouvelle génération de prolétaires aptes au
travail.
Mais le capital ne se contente pas d'être reproduit : il est
continuellement augmenté et grossi et avec lui, sa puissance sur la
classe non possédante des ouvriers. Et de même qu'il est reproduit
lui-même dans des proportions de plus en plus grandes, le mode de
production capitaliste moderne reproduit également à une échelle
toujours plus grande, et en nombre toujours croissant, la classe des
ouvriers qui ne possèdent rien.
L'accumulation du capital reproduit les rapports du capital à une échelle plus large, plus de capitalistes ou de plus gros capitalistes à un pôle, plus d'ouvriers salariés à l'autre... L'accumulation du capital est donc l'augmentation du prolétariat.
Mais comme pour faire la même quantité de produits, il faut toujours moins d'ouvriers par suite du progrès du machinisme, de l'amélioration de l'agriculture, etc., comme ce perfectionnement, c'est-à-dire, cet excédent d'ouvriers grandit plus rapidement que le capital lui-même, qu'advient-il de ce nombre toujours plus grand d'ouvriers ? Ils forment une armée de réserve industrielle qui, pendant les périodes d'affaires mauvaises ou médiocres, est payée au-dessous de la valeur de son travail et est occupée irrégulièrement ou encore tombe à la charge de l'assistance publique, mais est indispensable à la classe capitaliste pour les moments d'activité particulièrement vive des affaires, comme cela apparaît de façon tangible en Angleterre, mais qui, en tout état de cause, sert à briser la force de résistance des ouvriers occupés régulièrement et à maintenir leurs salaires à un bas niveau.
Plus la richesse sociale est grande..., plus est grande la surpopulation relative ou l'armée de réserve industrielle. Mais plus cette armée de réserve est grande par rapport à l'armée ouvrière active [occupée régulièrement] et plus massive est la surpopulation consolidée [permanente], c'est-à-dire les couches d'ouvriers dont la misère est en proportion inverse de la peine de leur travail. Plus, enfin, la couche de la classe ouvrière partageant le sort de Lazare et l'armée de réserve industrielle sont grandes, plus est grand le paupérisme officiel. Telle est la loi générale, absolue de l'accumulation capitaliste.
Telles sont, prouvées d'une façon rigoureusement scientifique -
et les économistes officiels se gardent bien de tenter seulement de les
réfuter - quelques-unes des lois principales du système social
capitaliste moderne. Mais avec cela avons-nous tout dit ? Pas du tout.
Avec la même netteté que Marx souligne les mauvais côtés de la
production capitaliste, il prouve, de façon aussi claire, que cette
forme sociale était nécessaire pour développer les forces productives de
la société à un niveau qui permette le même développement vraiment
humain pour tous les membres de la société. Toutes les formes sociales
antérieures ont été trop pauvres pour cela. Seule, la production
capitaliste crée les richesses et les forces de production nécessaires à
cette fin, niais elle crée en même temps, avec la masse des ouvriers
opprimés, la classe sociale qui, de plus en plus, est contrainte de
revendiquer l'utilisation de ces richesses et de ces forces productives
pour toute la société et non, comme aujourd'hui, pour une classe
monopoliste.
(Demokratisches Wochenblatt, de Leipzig, 21-28 mars 1868.)
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EXTRAIT DE LA PRÉFACE AU DEUXIÈME LIVRE DU « CAPITAL »
Vers la fin du siècle dernier, régnait encore, comme chacun
sait, la théorie phlogistique, d'après laquelle la nature de toute
combustion consistait en ce que du corps en combustion il se détachait
un autre corps, un corps hypothétique, une matière combustible absolue à
qui on donnait le nom de phlogiston. Cette théorie suffisait à
expliquer la plupart des phénomènes chimiques alors connus, non sans
toutefois, dans certains cas, faire violence aux faits. Or, voici qu'en
1774, Priestley produisit une espèce d'air « qu'il trouva si pur ou si
exempt de phlogiston que, par comparaison, l'air ordinaire paraissait
déjà vicié » Il l'appela : air déphlogistisé. Peu dé temps après,
Scheele produisit, en Suède, la même espèce d'air et prouva qu'il
existait dans l'atmosphère. Il constata également qu'il disparaissait
quand on brûle un corps dans son sein ou dans l'air ordinaire. Il
l'appela donc « air à feu ».
De ces résultats, il tira la conclusion que la combinaison qui naît de l'alliance du phlogiston avec un des éléments de l'air [c'est-à-dire dans la combustion], n'était que du feu ou de la chaleur qui s'échappait du verre2.
Priestley et Scheele avaient tous deux produit l'oxygène, mais
sans savoir ce qu'ils avaient sous la main. Ils « ne pouvaient se
dégager des catégories « phlogistiques », telles qu'ils les trouvaient
établies.» L'élément qui allait renverser toute la conception
phlogistique et révolutionner la chimie restait, entre leurs mains,
frappé de stérilité.
Mais Priestley avait immédiatement communiqué sa
découverte à Lavoisier, à Paris, et celui-ci, partant de ce fait
nouveau, soumit à l'investigation toute la chimie phlogistique ; c'est
alors qu'il découvrit que la nouvelle sorte d'air était un élément
chimique nouveau, que, dans la combustion d'un corps, ce n'est pas le
mystérieux phlogiston qui s'échappe, mais bien ce nouvel élément qui se
combine avec le corps, et il mit ainsi sur ses pieds toute la chimie
qui, sous sa forme phlogistique, était mise à l'envers.
Et s'il n'est
pas exact, contrairement à ce qu'il a prétendu par la suite, qu'il ait
produit l'oxygène en même temps que Priestley et Scheele et
indépendamment d'eux, il n'en reste pas moins celui qui a vraiment
découvert l'oxygène par rapport aux deux autres qui l'avaient simplement
produit, sans avoir la moindre. idée de ce qu'ils avaient produit.
Marx est à ses prédécesseurs, quant à la théorie de la plus-value, ce
que Lavoisier est à Priestley et à Scheele. Longtemps avant Marx on
avait établi l'existence de cette partie de la valeur du produit que
nous appelons maintenant plus-value ; on avait également énoncé plus ou
moins clairement en quoi elle consiste : à savoir dans le produit du
travail pour lequel l'acquéreur ne donne pas d'équivalent.Mais on
n'allait pas plus loin. Les uns, les économistes bourgeois classiques,
étudiaient tout au plus le rapport suivant lequel le produit du travail
est réparti entre l'ouvrier et le possesseur des moyens de production.
Les autres, les socialistes, trouvaient cette répartition injuste et
cherchaient des moyens utopiques à mettre fin à cette injustice. Ni les
uns ni les autres ne réussissaient à se dégager des catégories
économiques qu'ils avaient trouvées établies.
Alors
Marx vint. Et il prit le contrepied direct de tous ses prédécesseurs.
Là où ceux-ci avaient vu une solution, il ne vit qu'un problème.
Il s'aperçut qu'il n'y avait ici ni « air déphlogistisé » ni « air à
feu », mais de l'oxygène ; qu'il ne s'agissait ici ni de la simple
constationd'un fait économique, ni du conflit de ce fait avec la justice
éternelle et la vraie morale, mais d'un fait appelé à bouleverser toute
l'économie, et qui, pour la compréhension de toute la production
capitaliste, offrait la clef à qui savait s'en servir. Partant de ce
fait, il examina toutes les catégories existantes, de même que Lavoisier
partant de l'oxygène, avait examiné les catégories existantes de la
chimie phlogistique.
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2 ROSCOE-SCHORLEMMER : Manuel complet de chimie, Brunswick, 1877 I, p. 3-18 (Note d'Engels.)
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RESUME DU CAPITAL
Le procès de la production du capital (Livre Premier)
Préface à l'édition allemande
CINQUANTE années se sont
écoulées depuis la mort de Karl Marx. Alors que cette période a suffi
pour faire sombrer dans l'oubli total les oeuvres d'écrivains fort
connus de leurs contemporains elle n'a été pour le Capital de Karl Marx
qu'une marche triomphale, à travers le monde entier. Le résumé de cette
oeuvre par Engels, que nous pouvons pour la première fois faire lire en
langue allemande au prolétariat allemand, revêt donc, pour cette raison,
une importance particulière.
Engels entreprit ce travail quand, à la
demande de Marx, il écrivit pour la Fortnightly Review, revue libérale
de gauche paraissant à Londres, un article sur le premier tome du
Capital. Mais le rédacteur de la Fortnightly Review, renvoya à l'auteur
la première partie de l'article, et Engels cessa d'y travailler.
Engels
qui préparait son travail avec beaucoup de soin, avait commencé suivant
en cela les directives précises de Marx par prendre des extraits du
Capital ; le résumé que nous publions aujourd'hui en est le résultat.
Le 17 avril 1868, Engels écrivait à Marx
Avec le temps limité dont je dispose, la dissection de ton livre me donne plus d'ouvrage que je ne le prévoyais ; car enfin3, une fois qu'on s'attelle à ce travail il faut au moins le faire à fond et pas seulement en vue de cet objectif spécial.
Ce travail, Engels l'a effectué vraisemblablement dans la première moitié de l'année 1868 il n'a pas dépassé la quatrième partie. la Production de la plus-value relative, chapitre XIII : « Machinisme et grande industrie », sous-chapitre 6. Le résumé n'a pas été achevé Cependant, même sous cette forme, il rendra de précieux services au prolétariat, car, il résume magistralement en termes propres, les idées fondamentales du Capital. Engels nous montre la voie à suivre pour se pénétrer des enseignements du Capital. Aussi, le résumé sera-t-il un guide important dans l'étude de l'économie politique marxiste.
Ce travail est, par endroits, difficile à comprendre. C'est qu'il n'est pas destiné à remplacer l'étude préalable d'oeuvres économiques marxistes élémentaires comme Travail salarié et capital , Salaires, prix et profits, comme les parties économique de l'article sur Karl Marx de Lénine et de l'Anti-Dahring d'Engels ; il doit seulement permettre au lecteur prolétarien de passer de l'étude de ces ouvrages, facilement compréhensibles, à celle du Capital.
Seul Engels, le génial collaborateur de
Marx, co-fondateur du matérialisme historique et du communisme
scientifique, qui a lui-même exploré le domaine de l'économie politique,
pouvait, dans son résumé, restituer le contenu du Capital sous une
forme aussi claire et aussi condensée. Son art de la popularisation
repose sur une maîtrise absolue de la méthode du màtérialisme
dialectique. Le résumé est un modèle de recherche et
______________________________
3 En français dans le texte (N.T.)
d'exposition matérialistes. Les
catégories économiques sont montrées dans leur développement historique.
Engels n'a omis, dans son résumé aucune des transitions révélées par le
Capital. Alors que les falsificateurs idéalistes du marxisme contestent
la base matérielle qui sert d'assise aux catégories marxistes de
l'économie politique, Engels, matérialiste, part toujours des conditions
de production. Voilà pourquoi son résumé est une arme contre la
déformation menchévik de l'économie marxiste dans le sens idéaliste.
Le résumé est centré sur la théorie de
la plus-value. Quand, en 1884, Deville fit paraître en France l'abrégé
populaire du Capital, Engels lui reprocha, en particulier, d'y avoir mis
des choses «inutiles pour l'intelligence de la théorie de la plus-value
et de ses conséquences (et c'est cela justement qui importe pour un
abrégé populaire) ». Engels étudie avec une attention particulière les
lois de la production de la plus-value, car la production de plus-value,
l'exploitation des ouvriers, éveille dans le prolétariat les forces de
l'indignation, de la révolte. Par ailleurs, la production de plus-value
aboutît à un tel épanouissement des forces productives que le cadre du
mode de production capitaliste devient trop étroit, que le renversement
de la bourgeoisie, l'instauration de la dictature prolétarienne,
l’édîfication du socialisme deviennent possibles et néssaires.
C'est dans la façon dont Engels met la production de la plus-value au
centre de son travail qu'en apparaît le caractère rêvolutionnaire. Il
traite des contradictions économiques de la production des marchandises,
depuis la contradiction entre la valeur d'usage et la valeur d'échange,
jusqu'à sa forme la plus élevée dans le capitalisme.
Dans la
contradiction économique, il découvre la contradiction de classe il
montre les classes en tant que supports des contradictions économiques.
Soit par des citations de Marx, soit par des formulations personnelles,
Engels met justement en relief le côté révolutionnaire et «
révolutionnarisant » du capitalisme :
La plus-value est le surtravail cristallisé et seule la forme de son extorsion distingue les diverses formations sociales.
Le capital ne se soucie donc nullement de la santé et de la vie de l'ouvrier, à moins d'y être forcé par la société.
Engels souligne que
devant les ouvriers se dressent les puissances spirituelles du processus de travail en tant que propriété étrangère et force qui les domine.
Combien lamentables paraissent à côté du résumé d'Engels les innombrables tentatives faites par les économistes bourgeois et social-démocrates (Kautsky, Borchardt, etc.) pour populariser et abréger le Capital, c'est-à-dire pour le vulgariser - au pire sens du mot - et le falsifier.
II est regrettable qu'Engels n'ait pu terminer son travail. Cependant, même sous cette forme inachevée, il sera pour le lecteur un guide indispensable à travers le Capital.
Le texte a été établi sur la base d'une
vérification minutieuse du texte original, d'après les copies
photographiques qui se trouvent à l'Institut Marx-Engels-Lénine. Nos
additions, qui se bornent essentiellement à l'explication de mots
étrangers, ont été placées entre crochets. Les indications paginales
données par Engels se rapportent à la première édition allemande du
Capital, tome I, Editions Otto Meissner ;les chiffres ajoutés entre
crochets se rapportent à l'édition établie par les soins de l'Institut
Marx-Engels-Lénine.
L'édition du résumé que nous publions aujourd'hui a été préparée par Horst Frochlich. INSTITUT MARX-ENGELS-LÉNINE.
LIVRE PREMIER
Le procés de la production du capital
PREMIERE PARTIE
LA MARCHANDISE ET L'ARGENT
I. La marchandise en soi
La
richesse des sociétés dans lesquelles règne la production capitaliste
consiste, en marchandises. La marchandise est une chose qui possède une
valeur d'usage ; cette dernière existe dans toutes les formes sociales,
mais, dans la société capitaliste, la valeur d'usage est en même temps
le support matériel de la valeur d'échange.
La valeur d'échange présuppose un tertium comparationis4 auquel elle est mesurée : le travail, la substance sociale commune des valeurs d'échange, plus précisément le temps de travail socialement nécessaire qui y est matérialisé.
De même que la marchandise [revêt] un double aspect valeur d'usage et valeur d'échange, de même, le travail contenu en elle [est] doublement déterminé: d'une part comme activité productive déterminée, travail du tisserand, du tailleur, etc., « travail utile », d'autre part, comme simple dépense de force de travail humaine, travail cristallisé, abstrait. Le premier produit de la valeur d'usage, le second de la valeur d'échange ; seul, ce dernier est quantitativement comparable (la distinction entre travail skilled [qualité] et unskilled [non qualifié], travail composé et travail simple, le confirme).
[La] substance de la valeur d'échange [est] donc le travail abstrait. Sa grandeur [se mesure] au temps employé. [Reste] encore à considérer la forme de la valeur d'échange.
1. x marchandise A = y marchandise B,
la valeur d'une marchandise exprimée en valeur d'usage d'une autre
[marchandise] est sa5 valeur relative. L'expression de l'équivalence de
deux marchandises est la forme simple de la valeur relative. Dans
l'équation ci-dessus, y marchandise B est l'équivalent. En lui, x
marchandise A reçoit sa forme valeur par opposition à sa6 forme
naturelle, alors que y marchandise B reçoit en même temps, dans sa
propre forme naturelle, la propriété de pouvoir être directement
échangé.
La valeur d'échange est imprimée à la valeur d'usage de la
marchandise par des conditions historiques déterminées. Elle ne peut
donc l'exprimer dans sa propre valeur d'usage, mais seulement dans la
valeur d'usage d'une autre marchandise. C'est seulement dans la mise en
égalité de deux produits concrets du travail que le travail concret
contenu dans l'un et dans l'autre révèle sa qualité de travail humain
abstrait ; c'est-à-dire qu'une marchandise peut se comporter comme
simple matérialisation de travail abstrait, non pas envers le travail
concret contenu en elle-même, mais envers le travail concret contenu
dans une autre espèce de marchandise.
L'équation x marchandise A =
y marchandise B implique. nécessairement que x marchandise A puisse
être également exprimé dans d'autres marchandises, donc :
2. x marchandise A = y marchandise B = z marchandise C =v mimarchandise D = u marchandise E . etc., etc.
C'est
là la forme développée de la valeur relative. Ici, x marchandise A, en
tant que simple matérialisation du travail qui y est contenu, ne se
rapporte plus à une marchandise, mais à toutes. Mais par simple
inversion, elle conduit à
4 Terme de comparaison. (N. T.)
5 Se rapporte à l'expression « x marchandise A,». (N. R.)
6 Se rapporte au- mot « marchandise ». (N. R.)
3. la deuxième forme, réfléchie, de la valeur relative.
y marchandise B = x marchandise A
z marchandise C = x marchandise A
v marchandise D = x marchandise A
u marchandise E = x marchandise A
etc., etc.
Ici, les marchandises reçoivent la forme de valeur relative générate,
dans laquelle, en tant que marchandiises, elles s’abstraient de leur
valeur d'usage pour s'identifier, en tant que matérialisation du travail
abstrait, dans [l’expression] x marchandise A. L'expression x
marchandise A est la forme générique de l'équivalent pour toutes les
autres marchandises, elle est leur équivalent général; le travail qui y
est matérialisé vaut simplement comme réalisation de travail abstrait,
comme travail général. Mais maintenant :
4. Chaque marchandise de la
série peut prendre le rôle d'équivalent général; mais, simultanément,
elles ne peuvent prendre [pour équivalent général] qu'une des
marchandises [de la série] car si toutes les marchandises étaient des
équivalents généraux, chacune en exclurait l'autre à nouveau.
La
forme 3 n'est pas engendrée par x marchandise A, mais par les autres
marchandises, objectivement. Il faut donc qu'une marchandise déterminée
prenne le rôle [d'équivalent général] - elle peut changer pour l'instant
- et c'est par là seulement que la marchandise devient intégralement
marchandise. Cette marchandise particulière avec la forme naturelle [de
laquelle] se confond la forme de l'équivalent général, est l'argent.
La
difficulté de la marchandise réside en ce que, comme toutes les
catégories du mode de production capitaliste, elle représente sous une
enveloppe matérielle un rapport entre individus. Les producteurs
rapportent leurs divers travaux les uns aux autres comme travail humain
général, tandis qu'ils rapportent leurs produits entre eux en tant que
marchandises, sans l'entremise des choses ils ne sauraient y parvenir.
Le rapport entre les individus apparaît donc comme un rapport entre les
choses.
Pour une société où prédomine la production des marchandises,
le christianisme, [et plus] spécialement le protestantisme, [est] la
religion appropriée.
II. Procès d'échange de la marchandise.
DANS l'échange, la marchandise démontre qu'elle est marchandise. Les possesseurs de deux marchandises doivent avoir la volonté d'échanger leurs marchandises resp[ectives] et, par conséquent, se reconnattre mutuellement la qualité de propriétaires privés. Ce rapport juridique, dont la forme est le contrat, n'est que le rapport de volontés, dans lequel se reflète le rapport économique. Le contenu de ce rapport [de droit et de volontés] est donné par le rapport économique même, P. 45 (90/95).
La marchandise est valeur d'usage pour celui qui ne la possède pas, elle n'est pas valeur d'usage pour son possesseur7. D'où le besoin d'échange. Mais chaque possesseur de marchandise veut acquérir des valeurs d'usage qui lui soient spécifiquement utiles - en ce sens l'échange est un processus individuel. Par ailleurs, il veut réaliser sa marchandise comme valeur, par conséquent dans n'importe quelle marchandise, que sa [propre] marchandise soit ou non valeur d'usage pour le possesseur de l'autre marchandise. En ce sens, l'échange est pour lui un processus social général. Mais le même processus ne peut pas être pour tous les propriétaires de marchandises à la fois individuel et social général.Chaque possesseur de marchandise considère sa [propre] marchandise comme l'équivalent général, et toutes les autres marchandises comme autant d'équivalents particuliers de la sienne. Comme tous les possesseurs de marchandises font de même, aucune marchandise n'est équivalent général : par suite, aucune marchandise ne revêt la forme générale de valeur relative, dans laquelle toutes les valeurs s'égaleraient et pourraient être comparées comme grandeurs de valeurs. Elles ne se rapportent donc pas les unes aux autres comme marchandises, mais seulement comme produits. P. 47 [92/97].
_________________
7 Engels emploie
les mots de non-possesseur et non-valeur d'usage et dit littéralement : «
La marchandise est valeur d'usage pour son non-possesseur, elle est
non-valeur d'usage pour son possesseur. « (N. T.)
Les marchandises ne peuvent se rapporter les unes aux autres comme valeurs, et par suite comme marchandises, que si elles se rapportent toutes à une autre marchandise quelconque comme équivalent général. Mais seul le fait social peut muer une marchandise déterminée en équivalent général : l'argent.
La contradiction immanente de la marchandise en tant qu'unité directe de valeur d'usage et valeur d'échange, en tant que produit du travail privé utile... et en tant que matérialisation directe et sociale de travail humain abstrait, cette contradiction n'a pas de cesse avant d'avoir abouti au dédoublement de la marchandise en marchandise et argent. P. 48 [92-93/97].
Toutes les autres marchandises n'étant
que des équivalents particuliers de l'argent et celui-ci étant leur
équivalent général, elles se comportent comme marchandises particulières
à l'égard de l'argent, marchandise générale. Le processus d'échange
donne à la marchandise qu'il transforme en argent non pas sa valeur,
mais sa forme-valeur. P. 53 [97-98/100.
Fétichisme : une marchandise
ne semble pas devenir argent parce que les autres marchandises expriment
en elle leurs valeurs, mais ces dernières semblent au contraire
exprimer leurs valeurs en elle parce qu'elle est argent.
III. La monnaie ou la circulation des marchandises.
A. Mesure des valeurs (or = monnaie supposée).8
LA monnaie comme mesure de la valeur est la forme sous laquelle se
manifeste nécessairement la mesure de la valeur immanente des
marchandises : le temps de travail. La simple expression de la valeur
relative de la marchandise en argent, x marchandise A = y argent, est
son prix. P. 55 [99-100/105].
Le prix de la marchandise, sa forme
argent, est exprimé en monnaie idéale ; c'est donc seulement l'argent
idéal qui mesure les valeurs. P. 57 {101/105].
Une fois réalisée la transformation de
la valeur en prix, il devient techniquement nécessaire de développer
davantage encore la mesure des valeurs pour aboutir à l'étalon des prix ;
c'est-à-dire qu'une quantité d'or est fixée qui sert de mesure aux
diverses [autres] quantités d'or. Le tout est essentiellement distinct
de la mesure des valeurs qui, elle-même, dépend de la valeur de l'or ;
quant à cette dernière, elle est indifférente pour la mesure des prix.
P, 59 [l05-106/108].
Les prix étant formulés en appellations arithmétiques de l'or9, l'argent sert [alors] de monnaie de compte.
Si
le prix, comme exposant de la grandeur de valeur de la marchandise est
l'exposant de son rapport d'échange avec la monnaie, il ne s'ensuit pas
réciproquement que l'exposant du rapport d'échange avec la monnaie soit
nécessairement le rapport de sa grandeur de valeur.
En supposant
que des circonstances permettent ou imposent de vendre une marchandise
au dessus ou au-dessous de sa valeur, ces prix de vente, s'ils ne
correspondent pas à sa valeur, n'en sont pas moins le prix de la
marchandise, car ils sont :
1. la forme de sa valeur, l'argent, et
2. les exposants de ses rapports d'échange avec l'argent.
La
possibilité de désaccord quantitatif entre le prix et la grandeur de
valeur est donc donnée dans la forme prix elle-même. Cela ne constitue
pas une défectuosité de cette forme ; celle-ci devient au contraire
ainsi la forme adéquate d'un mode de production où la règle ne peut
prévaloir qu'en tant que loi moyenne, à l'action aveugle, de
l'irrégularité.
La forme prix peut ce[pendant aussi] dissimuler [une]
contradiction qualitative, de sorte que le prix cesse, d'une façon
générale, d'être expression de valeur... La conscience, l'honneur, etc.,
peuvent... par leur prix acquérir la forme marchandise. P. 60-61
[107/112].
La mesure des valeurs en argent, la forme prix, implique
la nécessité de l'aliénation [vente] ; la mesure idéale des prix
[implique] la [mesure] réelle. D'où la circulation.
B. Moyens de circulation.
a) La métamorphose des marchandises.
Forme simple : M-A-M
(marchandise-argent-marchandise), dont le contenu matériel =M-M. Abandon
de valeur d'échange, appropriation de valeur d'usage.
___________
8 Le
texte de Marx dit, plus clairement : « Dans un but de simplification,
nous supposons que l'or est la marchandise qui remplit les fonctions de
monnaie. » (N. T.)
2. C'est-à-dire en noms monétaires ; livre, franc, ducat... (N, T.)
1. Première phase : M-A = vente, avec deux éventualités :celle de la non-réussite [de la vente] ou celle de la vente au-dessous de la valeur ou au-dessous du prix de revient, si la valeur sociale de la marchandise se modifie.
La
division du travail transforme le produit du travail en marchandise et
nécessite par cela même sa transformation en argent.
En
même temps elle remet au hasard la réussite de cette
trans-substantiation. P. 60-67 [111-113/115-116]. Pour considérer ici le
phénomène en lui-même, M-A présuppose que le possesseur de l’A (au cas
où il n'est pas producteur d'or) a auparavant échangé d'autres M contre
son A (la possession de l'A résulte pour lui de la vente antérieure
d'autres M) : pour l'acheteur, le phénomène n'est donc pas seulement
l'inverse = A-M, mais [encore] il présuppose de sa part une vente
antérieure, etc., de sorte que nous nous trouvons dans une série infinie
d'achats et de ventes.
2 . La même chose se produit dans la deuxième phase, A-M. Achat, qui est en même temps une vente pour l'autre participant.
3. Le processus d'ensemble est donc un cycle d'achats et de ventes. Circulation des marchandises.
Cette
dernière [est] toute différente de l'échange direct des produits ;
d'une part les limites locales et individuelles de l'échange direct des
produits sont brisées, la permutation du travail humain [est]développée ;
d'autre part, il apparaît ici déjà que tout le processus est
conditionné par des rapports naturels sociaux indépendants des personnes
qui interviennent dans ces opérations. P. 72 [117/120].
L'échange
simple s'est éteint dans le seul acte d'échange au cours duquel chacun
[des partenaires] a échangé de la non-valeur d'usage pour de la valeur
d'usage ; [mais] la circulation continue indéfiniment.
P. 73 [118/121]. Voici un dogme économique faux :
La circulation des marchandises exigerait nécessairement l'équilibre
des achats et des ventes, chaque achat étant vente et vice-versa - ce
qui reviendrait à dire que chaque vendeur amène son [propre] acheteur
sur le marché.
1. L'achat et la vente constituent d'une part, un
acte identique de deux personnes polariquement opposées, d'autre part,
deux actes polariquement opposés d'une [même] personne. L'identité entre
l'achat et la vente implique donc que la marchandise est inutile, quand
elle n'est pas vendue, donc aussi que cette éventualité peut survenir.
2.
M-A en tant que processus partiel est en même temps, un processus
indépendant et implique que l'acquéreur de l'A peut choisir le moment où
il transformera à nouveau cet A en M. Il peut attendre. L'unité
intérieure des processus indépendants, M-A et A-M se meut, justement du
fait de l'indépendance de ces processus, dans des contradictions
extérieures, et lorsque la tendance qu'ont ces processus dépendants à
devenir indépendants atteint une certaine limite, l'unité s'impose par
une crise, dont la possibilité [est] par conséquent donnée ici même. En
tant qu'intermédiaire de la circulation des marchandises, la monnaie est
moyen de circulation.
b) Mouvement de la monnaie.
Chaque
marchandise individuelle entre et sort de la circulation par
l'intermédiaire de la monnaie ; la monnaie, elle, y reste toujours. Bien
que, par suite, le mouvement de la monnaie ne soit que l'expression de
la circulation des marchandises, cette dernière n'en apparaît pas moins
comme le résultat du mouvement de la monnaie. Comme l'argent reste
constamment dans la sphère de la circulation, la question se pose de la
quantité d'argent qui y est contenue.
______________________________________________
10 Lettres grecques dans le texte d'Engels. (N. R.)
La masse de l'argent circulant est
déterminée par la somme des prix des marchandises (pour une valeur
constante de la monnaie), et cette somme des prix par la masse des
marchandises en circulation. Cette masse de marchandises étant supposée
donnée, la masse de l'argent circulant varie avec les fluctuations de
prix des marchandises. La même pièce de monnaie servant à la conclusion
d'un certain nombre d'affaires dans un temps donné, on a pour un laps de
temps déterminé :
somme des prix des marchandises par nombre de
cycles d'une pièce de monnaie=masse de la monnaie fonctionnant comme
moyen de circulation. P. 80 [125/126].
Par suite, le papier-monnaie peut évincer l'or quand il est jeté dans une circulation saturée.
Comme dans le mouvement de la monnaie n'apparaît que le processus de
circulation des marchandises, la rapidité de ce mouvement révèle aussi
celle de ses métamorphoses [les métamorphoses de la circulation des
marchandises], son ralentissement [révèle] la séparation entre l'achat
et la vente, le ralentissement des échanges sociaux. La circulation ne
nous indique pas la cause de ce ralentissement; elle ne nous montre que
le phénomène. Le philistin l'explique par la quantité insuffisante de
moyens de circulation. P. 81 [125-126/126-127].
Ergo1:
1. Les prix
des marchandises restant constants, la masse de la monnaie circulante
augmente quand augmente la masse des marchandises en circulation ou que
se ralentit le mouvement de la monnaie; et elle diminue vice versa
[quand la masse des marchandises en circulation diminue ou que le
mouvement de la monnaie s'accélère].
2. Les prix des marchandises subissant une hausse générale, la masse de la monnaie circulante reste constante si la masse des marchandises diminue ou si la rapidité de la circulation augmente dans la même mesure.
3. Les prix des marchandises subissant une baisse générale, - inverse de 2.
Dans l'ensemble, on trouve une moyenne assez constante à laquelle
seules les crises pour ainsi dire font subir des perturbations
importantes.
c) Numéraire. Signe de valeur.
L'étalon des prix est fixé par
l'Etat, de même que l'appellation donnée à la pièce d'or déterminée - le
numéraire et sa fabrication. Sur le marché mondial, les uniformes
nationaux respectifs sont retirés (il est fait abstraction ici du trésor
accumulé de la Monnaie), de sorte que le numéraire et les lingots12 ne
se distinguent que par la forme.
- Mais la monnaie s'use dans la
circulation, l'or en tant que moyen de circulation se différencie de
l'or en tant qu'étalon des prix; le numéraire devient de plus en plus
[le] symbole de son contenu officiel.
Par là se trouve donnée d'une façon
latente la possibilité de remplacer l'argent métallique par des jetons
ou des symboles. D'où :
1. Monnaie divisionnaire de cuivre ou
d'argent, dont la fixation par rapport à la monnaie or réelle est
empêchée par la limitation de la quantité dans laquelle elle constitue
un legal tender13. Son contenu purement arbitraire [est] fixé par la loi
et sa fonction du numéraire devient ainsi indépendante de sa valeur.
D'où le progrès possible vers des signes absolument sans valeur.
2.
Papier-monnaie, c'est-à-dire papier-monnaie d'Etat avec cours forcé (la
monnaie de crédit ne sera pas encore traitée ici). Dans la mesure où ce
papier-monnaie circule réellement à la place de la monnaie d'or, il est
soumis aux lois de la circulation monétaire. Seul, le rapport dans
lequel ce papier remplace l'or peut faire l'objet d'une loi spéciale, à
savoir: l'émission de papier-monnaie doit être limitée à la quantité
dans laquelle l'or qu'il symbolise circulerait réellement14. Il est vrai
que le degré de saturation de la circulation oscille, mais partout
l'expérience fait apparattre un minimum au-dessous duquel il ne tombe
jamais. Ce minimum peut être émis. En outre, quand le degré de
saturation s'abaisse au minimum, une partie [du papier-monnaie] devient
immlédiatement superflue. En pareil cas, la quantité totale de papier au
sein du monde des marchandises ne symbolise cependant que la quantité
d'or déterminée par ses lois immanentes, donc seule capable d'être
symbolisée15. [Si] donc la masse de papier [constitue] le double de la
masse d'or absorbée, chaque morceau de papier se déprécie [et tombe] à
la moitié de sa valeur nominale. Tout comme si l'or avait subi une
modification dans sa fonction de mesure des prix, dans sa valeur. P. 89
(133/133-134).
______________
11 Donc. (N.T.)
12 L'or monnayé et l'or en barres. (N. T.)
13 Moyen de paiement légal. (N. R.)
C. La monnaie ou l'argent-monnaie.
a) La thésaurisation.
Avec le premier développement de la
circulation des marchandises se développe la nécessité et la passion de
retenir le produit de M-A, l'A. Au lieu de servir simplement
d'intermédiairé des échanges, cette métamorphose devient un but en
elle-même. L'argent se pétrifie, devient trésor, et le vendeur se change
en thésauriseur. P. 91 [135-136/135-136].
Cette forme prédominante [prédomine] justement aux débuts de la circulation des marchandises. Asie. Avec le développement de la circulation des marchandises, chaque producteur de marchandises doit s'assurer le nervus rerum16, le gage social de la force, l'A Ainsi se constituent partout des hoards17.Le développement de la circulation des marchandises augmente la puissance de la monnaie, forme toujours disponible et absolument sociale de la richesse. P. 92 [1.36-137/136-138]. L'instinct de thésaurisation est par essence illimité. Au point de vue de la qualité ou de forme, la monnaie n'a point de limites et reste le représentant général de la richesse matérielle, parce qu'elle peut directement se transformer en n'importe quelle marchandise. Mais au point de vue de la quantité, toute somme réelle est limitée et n'a donc, comme moyen d'achat, qu'une action limitée. Cette contradiction ramène sans cesse le thésauriseur à son travail de Sisyphe de l'accumulation.
A côté de cela, l'accumulation d'or et d'argent en plate18, [constitue] à la fois [un] nouveau marché pour ces métaux, et [une] source latente de monnaie.
La thésaurisation sert de canal
abducteur et adducteur de l'argent circulant dans les oscillations
permanentes du degré de saturation de la circulation. P. 93
[139-140/139].
____________
14 Dans le texte de Marx «
L'émission du papier-monnaie doit être proportionnée à la quantité d'or
(ou d'argent) dont il est le symbole et qui devrait réellement circuler.
» (N T)
15 Dans le texte de Marx : Le papier-monnaie n'est donc
signe de valeur qu'autant qu'il représente des quantités d'or qui, comme
toutes les autres quantités de marchandises, sont aussi des quantités
de valeur. » (N. T.)
16 Le nerf des choses. (N. T.)
17 Trésors. (N. T.)
18 Objets précieux..(N. T.)
b) Moyen de paiement.
Le développement de la circulation des marchandises fait surgir de
nouvelles, conditions: l'aliénation de la marchandise peut être séparée
chronologiquement de la réalisation de son prix.
La production des
diverses marchandises nécessite des durées diverses; elles sont
fabriquées à des saisons différentes; maintes marchandises doivent, être
expédiées vers des marchés lointains, etc. X19 peut donc être vendeur
avant que Y, l'acheteur, soit solvable. La pratique règle les conditions
de paiement de la façon suivante : X devient créancier, Y débiteur,
l'argent devient moyen de paiement. Le rapport entre le créancier et le
débiteur est donc d'ores et déjà antagoniste. (Il peut en être ainsi
indépendamment de la circulation des marchandises, par exemple dans
l'antiquité et au moyen âge.) P. 97 -[140-141/1140-141].
Dans ce rapport, l'argent fonctionne :
1. comme mesure de valeur pour la détermination des prix des marchandises vendues;
2. comme moyen d'achat idéal.
En
tant que trésor, A avait été soustrait à la circulation ici, en tant
que moyen de paiement20, A entre dans la circulation, mais seulement
quand M en est sortie. L'acheteur-débiteur vend pour pouvoir payer, sous
peine d'être saisi. A devient donc maintent le but même de la vente,
par une nécessité sociale découlant des conditions mêmes de la
circulation. P. 97-98 [141-142/141].
La non-simultanéité des achats et des
ventes, qui donne naissance à la fonction de l'argent comme moyen de
paiement, apporte21, en même temps, une économie de moyens de
circulation, la concentration des paiements en un endroit déterminé.
(Virements
à Lyon, au moyen àge, espèce de clearing house où seul [était] payé le
solde des créances réciproques. P. 98 [;143/ 142].
Tant que les paiements se balancent, la monnaie ne fonctionne, que d'une manière idéale comme monnaie de compte ou mesure de valeur. Dès qu'il faut effectuer des paiements réels, elle ne se présente plus comme moyen de circulation, comme simple forme éphémère servant d'intermédiaire aux échanges; elle devient l'incarnation individuelle du travail social, la réalisation indépendante de la valeur d'échange, une marchandise absolue. Cette contradiction directe éclate, lors des crises industrielles et commerciales, au moment qui s'appelle la crise monétaire. Elle ne se produit que là, où se sont complètement développés l'enchaînement progressif des paiements et un système artificiel d'équilibre entre eux. Ce mécanisme subit-il, pour une raison quelconque, des perturbations d'ordre général, la monnaie renonce brusquement et sans transition à sa forme idéale de monnaie de compte pour devenir espèces sonnantes et trébuchantes. Elle ne peut plus être remplacée par des marchandises vulgaires. P. 99 [143-144/143].
La monnaie de crédit résulte
de la fonction de la monnaie comme moyen de paiement, les certificats de
dettes circulent à leur tour et déplacent les créances. Avec le système
de crédit s'étend à nouveau la fonction de la monnaie comme moyen de
paiement, comme telle elle acquiert des formes d'existence propres, dans
lesquelles elle hante la sphère des grandes transactions commerciales,
tandis que la monnaie [métallique] est surtout refoulée dans la sphère
du commerce de détail. P. 101, [145/144-145].
Quand la
production de marchandises atteint un certain niveau et une certaine
étendue, la fonction de la monnaie-moyen de paiement dépasse la sphère
de la circulation des marchandises, elle devient la marchandise générale
des contrats. De versement en nature, les rentes, impôts, etc., se
transforment en versement d'argent. Voir la France de Louis XIV
(Boisguillebert et Vauban), par contre l'Asie, la Turquie, le Japon,
etc. P. 102 [146/145].
La transformation de l'argent en moyen de paiement exige - une accumulation d'argent pour les jours d'échéance - la thésaurisation qui disparaît dans le développement social continu comme forme indépendante d'enrichissement, reparaît à nouveau comme fonds de réserve des moyens de paiement. P. 103 [148/147].
_____________________________________________
19 Dans le texte d'Engels l’acheteur et le
vendeur sont désignés par A et B. Nous avons remplacé par X et Y pour
éviter la confusion avec l'argent A (G. en allemand) (N. T.)
20 Marx
écrit : « Le moyen de circulation s'est transformé en trésor, parce que
le mouvement de la circulation s'était arrêté à sa première moitié. Le
moyen de paiement entre dans la circulation, mais seulement après que la
marchandise en est sortie » (N. T.)
21 Dans le manuscrit d'Engels.: donnent et apportent. (N- T.)
c) La monnaie universelle.
Dans
la circulation universelle, les formes locales du numéraire, de la
monnaie divisionnaire, des signes de valeur se dépouillent et seule la
forme de l'argent [métal] en barres sert de monnaie universelle. C'est
seulement sur le marché mondial que la monnaie fonctionne pleinement
comme la marchandise dont la forme naturelle est, en même temps, la
réalisation sociale immédiate du travail humain in abstracto22. Sa
manière d'être devient adéquate à son concept. P. 103-104 (Détails, 105)
[148. Détails149-151/147-150].
__________________
22 En général. (N.. T.)
DEUXIEME PARTIE
LA TRANSFORMATION DE L'ARGENT EN CAPITAL
I. Formule générale du capital.
La circulation des marchandises est le point de
départ du capital. La production des marchandises, leur circulation et
son développement, le commerce, sont donc partout les facteurs
historiques qui font naître le capital. C'est de la création du commerce
moderne et du marché mondial au XVIe siècle que date l'histoire moderne
du capital. P. 106 (153/151).
Pour ne considérer que les formes économiques engendrées par la circulation des marchandises, [nous constatons que] son dernier produit est l'argent et c'est là la première forme d'apparition du capital. Historiquement, le capital se dresse toujours en face de la propriété foncière sous forme de fortune monétaire, de capital marchand ou de capital usuraire, et, actuellement encore, tout nouveau capital entre en scène sous forme d'argent qui doit se transformer en capital au moyen de processus déterminés.
L'argent en tant qu'argent et l'argent en tant que capital ne se distinguent tout d'abord que par la forme de leur circulation. A côté de M-A-M survient également la forme A-M-A, acheter pour vendre. L'argent, qui décrit dans ce mouvement cette forme de circulation, devient du capital, est déjà en lui-même, c'[est]-à-d[ire] par sa destination, du capital.
Le résultat de A-M-A est A-A, échange indirect d'argent , contre argent. J'achète pour 100 livres sterling du coton que je revends 110 livres ; en fin de compte j'ai échangé 100 livres contre 110, de l'argent contre de l'argent.
Si ce processus aboutissait à la même valeur monétaire qui y fut jetée initialement - 100 livres [issus] de 100 livres - ce [il] serait absurde. Mais que de, ses 100 livres le marchand tire 100, 110 ou seulement 50 livres, son argent n'en a pas moins décrit un mouvement particulier, tout à fait différent de la circulation des marchandises M-A-M. L'analyse des différences de forme qui distinguent ce mouvement de M-A-M permettra également de discerner la différence de contenu.
Les deux phases du processus sont respectivement les mêmes que dans M-A-M. Mais il existe une grande différence dans son ensemble. Dans M-A-M, l'argent est l'intermédiaire, la marchandise le point de départ et l'aboutissant ; ici, c'est M qui est l'intermédiaire, A le point de départ et l'aboutissant. Dans M-A-M, l'argent est définitivement dépensé, dans A-M-A, il est seulement avancé et doit être retrouvé. Il revient à son point de départ - [il y a] donc ici déjà une différence sensible et palpable entre la circulation de l'argent en tant que monnaie et de l'argent en tant que capital.
Dans M-A-M l'argent ne peut refluer à son point de départ que par la répétition de tout le processus, par la vente de marchandises fraîches, [nouvelles] ; le reflux est donc indépendant du processus lui-même. Dans A-M-A, par contre, il est conditionné d'avance par la structure même du processus, qui est incomplet s'il ne réussit pas. P. 110 [156/153].
M-A-M, a pour but final la valeur d'usage, A-M-A, la valeur d'échange [en] elle-même.
Dans M-A-M, les deux extrêmes ont la même forme
économique23. Ce sont tous deux des marchandises et de même valeur. Mais
ce sont en même temps des valeurs d'usage qualitativement différentes
et le processus a pour contenu l'échange social. Dans A-M-A, l'opération
paraît de prime abord tautologique, vide de contenu. Il semble absurde
d'échanger 100 livres sterling contre 100 livres sterling, et par un
détour au surplus. Une somme d'argent ne peut se distinguer d'une autre
que par la grandeur; A-M-A ne reçoit son contenu que par la différence
quantitative des extrêmes. On retire de la circulation plus d'argent
qu'on n'y en avait jeté. Le coton acheté 100 livres est vendu par
exemple 100 livres + 10 livres; le processus prend donc la forme A-M-A',
où A' = A + ΔA.
Ce ΔA, cet incrément [accroissement] est de la plus-value.
La valeur avancée initialement non seulement se maintient dans la
circulation, mais encore s'accroît d'une plus-value, se valorise, et ce
mouvement transforme l'argent en capital.
Dans M-A-M, il peut, certes, également exister une
différence de valeur entre les extrêmes, mais elle est purement fortuite
dans cette forme de circulation et M-A-M ne devient pas absurde quand
les extrêmes sont de valeur identique - au contraire, c'est même plutôt
la condition d'un fonctionnement normal.
La répétition de M-A-M
trouve sa mesure et sa raison d'être dans un but final extérieur à la
vente, et qui est la consommation, la satisfaction de besoins
déterminés. Dans A-M-A, au contraire, le début et la fin sont identiques
- de l'argent - et de ce seul fait, le mouvement est indéfini.
Toutefois, A + ΔA est une quantité différente de A, mais néanmoins une
somme d'argent limitée; si elle était dépensée elle cesserait d'être du
capital; si elle était retirée de la circulation, elle [resterait]
stationnaire sous forme de trésor24. Une fois donné le besoin de mise en
valeur de la valeur, il existe aussi bien pour A' que pour A et le
mouvement du capital est illimité parce qu'à la fin du processus son but
est tout aussi peu atteint qu'au début. P. 111 [1b6-159/153-156]. En
tant que support de ce processus, le possesseur d'argent devient
capitaliste.
Si dans la circulation des marchandises la valeur
d'échange arrive tout au plus à une forme indépendante [celle de
l'argent] par rapport à la valeur d'usage de la marchandise, ici elle
apparaît brusquement comme une substance processive25, douée d'un
mouvement propre et pour laquelle la marchandise et l'argent ne sont que
de simples formes; bien plus, en temps que valeur originale, elle se
distingue d'elle-même considérée comme plus-value. Elle devient de
l'argent processif26 et, à ce titre, du capital. P. 116 [162/158].
A-M-A'
semble, il est vrai, n'être qu'une forme propre au seul capital
commercial [marchand]. Mais le capital industriel est également de
l'argent qui se transforme en marchandise et, par la vente [de la
marchandise], se retransforme en une somme d'argent supérieure. Des
actes qui peuvent se passer entre l'achat et la vente, hors de la sphère
de la circulation, n'y changent rien. Dans le capital portant intérêt,
enfin, le processus se présente, directement [sous la forme] A-A',
valeur qui est en même temps plus grande qu'elle-même27. P. 117 [162-163/158-159].
_______________________________
23 Marx emploie seulement le mot « forme » Engels
emploie Formbes limmtheit. difficilement traduisible : certitude,
précision de forme, l'idée étant rigoureusement la même forme (N. T.)
24
Marx écrit : « Si elles sont dérobées à la circulation, elles -[ces
sommes, se pétrifient sous forme trésor et ne grossissent pas d'un liard
quand elles dormiraient là jusqu'au jugement-dernier » (N. T.)
25
Engels reproduit ici le mot employé par Marx : prozessierende Substanz,
c'est-à-dire substance en voie de processus, en mouvement continu. (N.
T.)
26 idem que 25
27 Marx écrit : « Enfin, par rapport au capital
usuraire, la forme est réduite à ses deux extrêmes sans terme moyen ;
elle se résume, en style lapidaire, en A-A', argent qui vaut plus
d'argent, valeur qui est plus grande qu'elle-même. » (N. T.)
II. Contradiction de la formule générale.
La forme de circulation par laquelle l'argent
devient capital contredit toutes les lois développées ci-dessus
relatives à la nature de la marchandise, de la valeur, de l'argent et de
la circulation elle-même. Est-ce la différence purement formelle de
l'ordre de succession [des deux phases opposées, la vente et l'achat
inversé] qui a pu produire ce résultat ?
Plus encore Cette inversion n'existe que pour une des trois personnes [pour un des trois contractants]. Capitaliste, j'achète de la marchandise à A et je la revends à B, A et B n'interviennent simplement que comme acheteur et vendeur de marchandises. Dans les deux cas, je ne suis à leur égard que simple possesseur d'argent ou simple possesseur de marchandises à l'égard de l'un [j'agis] comme acheteur ou argent, à l'égard de l'autre comme vendeur ou marchandise, mais à l'égard d'aucun, je ne suis capitaliste ou représentant de quelque chose qui serait plus que de l'argent ou de la marchandise.Pour A l'affaire a commencé par une vente, pour B, elle s'est terminée par un achat, par conséquent exactement comme dans la circulation des marchandises. De même, si je fondais le droit à la plus-value sur chacune des séries28 isolées, A pourrait vendre directement à B, et la chance de la plus-value tomberait.
Supposons que A et B s'achètent directement des
marchandises. En ce qui concerne la valeur d'usage, tous deux peuvent
gagner. A peut même produire de sa marchandise plus que B n'en pourrait
produire dans le même temps et vice-versa, de sorte que tous deux y
gagnent. Mais [il en va] différemment avec la valeur d'échange. Ici,
sont échangées des grandeurs de valeurs égales, même lorsque l'argent
intervient comme moyen de circulation. P. 119 [164-165/161].
Au
point de vue abstrait, il ne se produit, dans la circulation simple des
marchandises, outre le remplacement d'une valeur d'usage par une autre,
qu'un changement de forme [métamorphose] de la marchandise. Dans la
mesure où elle [la circulation des marchandises] n'amène qu'un
changement de forme de sa valeur d'usage, elle [n'] entraîne, lorsque ce
phénomène se réalise dans toute sa pureté [qu'] un échange
d'équivalents. Il peut certes arriver que des marchandises soient
vendues à des prix différents de leur valeur, mais seulement lorsque la
loi de l'échange des marchandises a été violée. Dans sa forme pure, il
[cet échange] est un échange d'équivalents ; [il ne représente] donc pas
un moyen de s'enrichir. P. 120 [165-166/162].
D'où l'erreur de toutes les tentatives de faire dériver la plus-value de la circulation des marchandises. Condillac, p. 121. [166/162-163]. Newmann, p. 122 [167/163].
Mais admettons que l'échange n'ait pas lieu sous sa forme pure, que des non-équivalents soient échangés. Admettons que chaque vendeur vende sa marchandise 10% au-dessus de sa valeur. Tout demeurant égal, ce que chacun gagne comme vendeur, il le reperd comme acheteur. Tout comme si la valeur de l'argent s'était modifiée de 10% - De même si les acheteurs achetaient tout 10% au-dessous de la valeur. P. 123 [168169/164] (Torrens).
L'hypothèse que la plus-value naît d'une hausse sur les prix présuppose qu'il existe une classe qui achète sans vendre, c'est-à-dire consomme sans produire, [une classe] à laquelle l'argent afflue sans cesse, gratuitement29. Vendre à cette classe des marchandises au-dessus du prix, c'est regagner en partie, par des moyens frauduleux, de l'argent qu'on avait donné sans rien recevoir en échange. (Asie mineure et Rome). Néanmoins, le vendeur reste toujours frustré et ne peut pas de cette façon s'enrichir, produire de la plus-value.
Prenons le cas de l'escroquerie. A vend à B du vin
qui vaut 40 livres contre du blé qui envaut 50. A gagne 10 [livres].
Mais A et B n'ont ensemble que 90. A a 50 et B [n'a] plus que 40. La
valeur est déplacée, mais non créée. Dans son ensemble, la classe
capitaliste d'un pays ne peut pas se léser elle-même. P. 126 [170/166].
___________________________________
28 La série est ici l'ensemble des deux transactions : achat de la marchandise à A et vente de la marchandise à B. (N. T.)
29
Marx écrit « l'argent avec lequel une telle classe achète constamment
doit constamment revenir du coffre des producteurs dans le sien, gratis,
sans échange, de gré ou en vertu d'un droit acquis. » (N. T.)
Donc, si l'on échange des équivalents, il ne se
produit pas de plus-value; si l'on échange des non-équivalents, il ne se
produit pas davantage de plus-value. La circulation des marchandises ne
crée pas de nouvelle valeur.
C'est pourquoi nous laissons de
côté ici les formes les plus anciennes et les plus populaires du
capital, le capital commercial et le capital usuraire. Si l'on ne veut
pas expliquer la mise en valeur du capital commercial par la simple
escroquerie, il faut recourir à de nombreux termes intermédiaires qui
manquentt encore ici. Plus encore pour le capital usuraire et le capital
portant intérêts. Plus tard, tous deux apparaîtront comme des formes
dérivées; [on verra] également pourquoi ils apparaissent historiquement
avant le capital moderne.
La plus-value ne peut pas naître de la
circulation. Mais en dehors d'elle. En dehors d'elle, le possesseur de
marchandises est un simple producteur de sa marchandise, dont la valeur
dépend de la quantité - mesurée d'après une loi sociale déterminée - de
son propre travail qui y est contenu ; cette valeur est exprimée en
monnaie de compte, par exemple dans un prix de 10. Mais cette valeur
n'est pas en même temps une valeur de 11 livres; son travail crée des
valeurs, mais pas de valeurs qui s'accroissent de leur propre chef30. Il
peut ajouter de la valeur à une valeur existante, mais cela uniquement
en y ajoutant du travail. Le producteur de marchandise ne peut donc pas
produire de la plus-value, en dehors de la sphère de la circulation,
sans entrer en contact avec d'autres possesseurs de marchandises.
Le capital doit, par conséquent, surgir à la fois dans la circulation des marchandises et non en elle31. P. 128 [173/168].
Donc
la transformation de l'argent en capital, doit être développée sur la
base des lois immanentes à l'échange des marchandises, de façon telle
que l'échange d'équivalents serve de point de départ. Notre possesseur
d'argent, qui n'existe plus qu'à l'état de chrysalide capitaliste, doit
acheter les marchandises à leur valeur, les vendre à leur valeur et
néanmoins tirer à la fin du processus plus de valeur qu'il y en a jetée.
Sa métamorphose en papillon doit se produire dans la sphère de la
circulation et en même temps hors de cette sphère. Telles sont les
données du problème. Hic Rhodus, hic salta !32. P. 129 [173174/168-169].
___________________________________
30 Engels reprend le mot de Marx sich verwerlende Werte, « des valeurs qui se mettent en valeur »(N. T.)
31
Marx écrit : « Le capital ne peut donc pas résulter de la circulation,
et il ne peut pas davantage ne pas résulter de la circulation. Il doit
surgir à la fois en elle et non en elle. Un double résultat a été ainsi
obtenu ». Ce passage n'existe pas dans la traduction Roy. (N. T. )
32 C'est ici Rhodes, ici saute ! C'est-à-dire Ici tu as l'occasion de montrer tes talents (N. R.)
III. Achat et vente de la force de travail.
La modification de valeur de l'argent, qui doit
se muer en capital, ne peut pas se produire en cet argent lui-même, car
il ne réalise dans l'achat que le prix de la marchandise; par ailleurs,
aussi longtemps qu'il reste argent, sa valeur, ne change pas et, dans la
vente, la marchandise ne fait que se transformer de sa forme naturelle
en sa forme argent.
La transformation doit donc se produire dans la
marchandise [au cours] du [processus] A-M-A, mais pas avec sa valeur
d'échange, puisqu'on échange des équivalents; elle [cette
transformation] ne peut donc naître que de sa valeur d'usage [de la
marchandise] comme telle, c'est-à-dire, de sa consommation [de son
utilisation].A cet effet, il faut une marchandise dont la valeur d'usage
ait la propriété d'être source de valeur d'échange, et cette
marchandise existe: [c'est] la force de travail. P. 130 [174-175/170].
Mais pour que le possesseur d'argent trouve la force
de travail en tant que marchandise sur le marché, il faut qu'elle soit
vendue par son propre possesseur, c'est-à-dire qu'elle soit de la force
de travail libre. Mais comme tous deux, l'acheteur et le vendeur, sont,
en qualité de contractants, des personnes juridiquement égales, la force
de travail ne doit être vendue que temporairement, car, dans la vente
en bloc33, le vendeur ne reste pas vendeur et devient lui-même
marchandise. Mais alors, au lieu de pouvoir vendre des marchandises où
se trouve matérialisé son travail, il faut que le possesseur soit en
mesure de vendre sa force de travail elle-même en tant que marchandise.
P. 131 [175-176/1711.
La transformation de l'argent en capital
exige donc que le possesseur d'argent trouve sur le marché le
travailleur libre, et libre à à un double point de vue. Il faut d'abord
que le travailleur puisse disposer, en personne libre, de sa force de
travail comme d'une marchandise lui appartenant, il faut ensuite qu'il
n'ait pas d'autre marchandise à vendre et que, libre dans tous les sens
du mot, il ne possède aucun des objets nécessaires pour réaliser sa
force de travail. P. 132 [176/172].
Notons en passant que le
rapport entre le possesseur d'argent et le possesseur de la force de
travail n'est pas un rapport naturel ou commun à toutes les époques,
social, mais un rapport historique, le produit de nombreuses
transformations économiques.
Ainsi, les catégories économiques
considérées jusqu'ici portent également leur cachet historique. Pour
devenir marchandise, le produit ne doit pas être fabriqué comme moyen de
subsistance immédiat; la masse des produits ne peut prendre la forme
marchandise qu'au sein d'un mode de production déterminé, le mode
capitaliste, bien que la production des marchandises et la circulation
puissent déjà avoir lieu là où la masse des produits ne devient jamais
marchandise. L'argent dito34 peut exister à toutes les époques qui sont
parvenues à un certain niveau de la circulation des marchandises ; les
formes particulières de l'argent, depuis le simple équivalent jusqu'à la
monnaie mondiale, présupposent des étapes différentes du développement;
néanmoins, une circulation des marchandises très faiblement développées
peut les produire toutes. Par contre, le capital ne surgit que lorsque
se trouve donnée la condition définie plus haut, et cette condition
embrasse [toute] une [période de l'] histoire universelle. P. 133
[177-178/173].
La force de travail possède une valeur d'échange
qui est déterminée, comme celle de toutes les marchandises par le temps
de travail nécessaire pour sa production, donc aussi sa reproduction. La
valeur de la force de travail est la valeur des moyens de subsistance
nécessaires à la conservation de son propriétaire, à sa conservation
dans un
________________________________
33 En Français dans le texte. (N. T.)
34 Pareillement. (N. T.)
état
où il garde une capacité de travail normale. Celle-ci se juge d'après
le climat, les conditions naturelles, etc., ainsi que d'après le
standard of life35, donné historiquement dans chaque pays. Elles [ces
conditions] varient,, mais sont fixes pour un pays déterminé et une
période déterminée. Elle [la somme des moyens de subsistance
nécessaires] comporte également les moyens de subsistance des hommes de
remplacement, c'est-là-dire des enfants, de telle sorte que la race de
ces possesseurs particuliers de marchandises se perpétue. De plus, pour
le travail habile, elle [ idem] comprend également les frais
d'apprentissage. P. 135 [178-180/174475].
La limite minimum de la
valeur de la force de travail est la valeur des moyens de subsistance
physiquement indispensables. Si le prix de la force de travail tombe à
ce minimum, elle descend alors au-dessous de sa valeur, car cette
dernière présuppose une qualité normale, non réduite, de la force de
travail. P. 136 [180-181/175-176].
La nature du travail implique que la force de
travail ne soit consommée qu'après la conclusion du contrat et comme,
pour de telles marchandises, la monnaie est le moyen de paiement le plus
fréquent, elle [la force de travail] n'est payée, dans tous les pays du
mode de production capitaliste, qu'après avoir été fournie. Partout,
par conséquent, l'ouvrier crédite le capitaltiste36. P. 137
[181-182/176-177].
Le processus de consommation de la force de
travail est, en même temps, processus de production, de marchandise et
de plus-value et cette consommation se déroule en dehors de la sphère de
la circulation. P. 140 [183-184/178].
_____________________________________
33 En Français dans le texte. (N. T.)
34 Pareillement. (N. T.)
35 Niveau de vie. (N. T.)
36
Marx écrit : « Dans tous les pays où règne le mode de production
capitaliste, la force de travail n'est donc pavée que lorsqu'elle a déjà
fonctionné pendant un certain temps fixé par le contrat. Le travailleur
fait donc partout au capitaliste l'avance de la valeur usuelle de sa
force ; il la laisse consommer par l'acheteur avant d'en obtenir le prix
; en un mot il lui fait partout crédit. » (N. T.)
TROISIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE ABSOLUE
I. Processus de travail et processus de mise en valeur.
L 'acheteur de la force de travail la consomme en
faisant travailler le vendeur. Ce travail, pour réaliser de la
marchandise, doit d'abord réaliser de la valeur d'usage et, en cette
qualité, il est indépendant des rapports spécifiques entre les
capitalistes et les ouvriers. [Suit] une description du processus de
travail en tant que tel. P. 141-149 [185-132/180 186].
Le processus de travail, sur la base capitaliste, revêt deux particularités :
1. l'ouvrier travaille sous le contrôle du capitaliste ;
2.
le produit est la propriété du capitaliste, car le processus de travail
n'est plus qu'un processus [mettant en jeu] de deux choses achetées par
le capitaliste : la force de travail et le moyen de production. P. 150
[193-194/187].
Cependant, le capitaliste exige la valeur d'usage
non pas pour elle-même, mais en tant que support de la valeur d'échange
et plus spécialement de la plus-value. Le travail, dans ces conditions
où la marchandise est unité de valeur d'usage et de valeur d'échange
[est à la fois valeur d'usage et valeur d'échange], devient donc unité
de processus de production et de processus de mise en valeur [devient
donc à la fois processus de production et processus de mise en valeur].
P. 151 [194-195/188].
Donc, étudier la quantité de travail matérialisée dans le produit.
Par exemple, le fil. Dans sa fabrication sont nécessaires 10 livres de
coton, mettons 10 sh. [shillings], et 2 sh. pour les moyens de travail,
pour la broche, dont l'usure nécessaire dans le filage est ici dénommée
brièvement « fraction de broche ». Il est donc entré dans le produit 12
sh. de moyens de production, c'[est]-à-[dire] à partir du moment où ce
produit est devenu une véritable valeur d'usage, du fil en l'occurrence,
et 2 sh. dès lors que seul le temps de travail socialement nécessaire a
été représenté dans ces moyens de travail. Combien le filage lui
ajoute-t-il [au produit] ?
Ici, le processus de travail [est]
donc considéré sous un tout autre angle ; dans la valeur du produit, les
travaux du planteur de coton, du constructeur de broches, etc., et du
fileur sont, en tant que parties comparables, qualitativement
identifiées au travail humain général, nécessaire, générateur de valeur
et n'y entrent, par conséquent, qu'au seul point de vue quantitatif ;
pour cette raison justement, ils sont quantitativement mesurables par le
temps employé, étant bien entendu qu'il est du temps de travail
socialement nécessaire puisque seul ce dernier est générateur de valeur.
Si
l'on suppose que la valeur journalière de la force de travail = 3 sh.
et que cette valeur journalière représente six heures de travail, qu'on
fabrique par heure 1 2/3 livre de fil, donc en 6 heures, 10 livres de
fil avec 10 livres de coton (comme plus haut), on constate qu'il est
ajouté en 6 heures, 3 sh. de valeur et que le produit vaut 15 sh. (10
sh. + 2 + 3 sh.) ou 1 sh. 6 d. [d. le penny = 1/12 de shilling] par
livre de fil.
Mais ici, pas de plus-value. Cela ne peut pas servir au capitaliste.
(Inepties de l'économie vulgaire. P. 157 [200/192])
Nous avons admis que la valeur journalière de la force de travail était
de 3 sh. parce qu' 1/2 journée de travail ou 6 heures y [était]
matérialisée. Mais cette 1/2 journée de travail [est] nécessaire
seulement pour maintenir l'ouvrier pendant 24 heures, [ce qui] ne
l'empêche nullement de travailler 1 /1 journée. La valeur de la force de
travail et sa mise en valeur37 sont 2 grandeurs différentes. Sa
propriété utile [de la force de travail] n'était qu'une condition sine
qua non, mais ce qui a été décisif, c'est la valeur d'usage spécifique
de la force de travail, source de plus de valeur d'échange qu'elle en
possède elle-même. P. 159 [201-202'/193-194].
L'ouvrier travaille donc 12 heures par jour, file 20 livres de coton = 20 sh., use 4 sh. de broches, et le travail coûte 3 sh. = 27 sh. Mais dans le produit sont matérialisées : 4 journées de travail de [dans les] broches et de [le] coton, 1 journée de travail du fileur = 5 journées à 6 sh. = 30 sh., valeur du produit. Voilà la plus-value de 3 sh. : l'argent s'est transformé en capital. P. 160 [202-203/194-195]. Toutes les conditions du problème sont remplies. (Détails p. 160 [203/195].)
Le processus de mise en valeur est le processus de
travail en tant que processus générateur de valeur à partir du moment où
il est prolongé au delà du point où il fournit simplement un équivalent
pour la valeur payée de la force de travail 38.
Le processus
générateur de valeur se distingue du simple processus de travail en ce
que ce dernier est considéré qualitativement, le premier
quantitativement, et cela seulement dans la mesure où il contient du
temps de travail socialement nécessaire. P. 161 [204/29-30]. Détail p.
162 [204-205/195].
En tant qu'unité du processus de travail et du
processus de formation de valeur, le processus de production est
production de marchandises; en tant qu'unité du processus de travail et
du processus de mise en valeur [de production de plus-value], il est
processus de production capitaliste de marchandises. - P. 163
[2'06/196-1971.
Réduction du travail composé au [travail] simple. P. 163-165 [206-207/197-1981.
II. Capital constant et capital variable.
Le processus de travail ajoute à l'objet du travail une valeur nouvelle
et reporte en même temps la valeur de l'objet de travail sur le
produit, donc la conserve par simple addition de la valeur nouvelle. Ce
double résultat est atteint de la façon suivante : le caractère
qualitatif, spécifiquement utile, du travail, transforme une valeur
d'usage en une autre valeur d'usage et conserve ainsi la valeur mais le
caractère abstrait général, quantitatif, générateur de valeur, ajoute de
la valeur. P. 166 [207-209/199-2001.
P. ex. supposons que la
productivité du filage sextuple. En tant que travail utile
(qualificatif), il conserve en même temps six fois plus de moyens de
travail. Mais, en nouvelle valeur, il ajoute seulement la même quantité
qu'il ajoutait antérieurement; c.-à-d. que, dans chaque livre de fil on
ne trouve que le 1/6 de la nouvelle valeur ajoutée auparavant. En tant
que travail générateur de valeur il ne fait pas plus qu'avant P. 167
[209/200-201]. Inversement [c'est l'inverse qui se produit] quand la
productivité du filage reste constante mais que la valeur des moyens de
travail augmente. P. 168 [210/201].
Le moyen de travail ne cède au produit que la valeur
qu'il perd lui-même. P. 169 [211-202]. C'est le cas à des degrés
divers. Le charbon, les lubrifiants, etc., sont intégralement consommés.
Les matières premières revêtent une forme nouvelle. Les instruments,
les machines, etc. ne cèdent que lentement et partiellement leur valeur
et l'usure est évaluée par expérience. P. 169-170 [211-212/202-203].
Mais ici l'instrument reste continuellement et en entier dans le
processus de travail. Le même instrument compte donc entièrement dans le
processus de travail et en partieseulement dans le processus. de mise
en valeur39, de sorte que la différence entre les deux processus se
reflète ici dans des facteurs matériels. P. 171 [213/203]:
Inversement,
la matière première qui fait des déchets, s'en va entièrement dans le
processus de mise en valeur et [seulement en partie] dans le processus
de travail, puisqu'elle réapparaît dans le produit moins les déchets.
____________________________
37 Verwertung, mise en valeur ou, plus simplement, exploitation (N. T.)
38
Ce passage étant un des plus importants de ce résumé, nous citons ici
le texte même de Marx : « La production de plus-value n'est donc autre
chose que la production de valeur prolongée au-delà d'un certain point
Si le procès de travail ne dure, que jusqu'au point où la valeur de la
force de travail payée par le capital est remplacée par un équivalent
nouveau, il y a simple production de valeur; quand il dépasse cette
limite, il y a production de plus-value » (N. T.)
Mais, en aucun cas, le moyen de travail ne peut
céder plus de valeur d'échange qu'il n'en possède lui-même, il ne sert
dans le processus de travail que comme valeur d'usage et ne peut, par
conséquent, céder que la valeur d'échange qu'il possédait déjà
antérieurement. P. 172 [214/204].
Cette conservation de la valeur [est] très précieuse pour le capitaliste, ne lui coûte rien. P. 173-174 [215/205].
Donc, la valeur conservée ne fait que réapparaître; elle était
présente, et seul le processus de travail ajoute de la valeur nouvelle.
Et, en vérité, dans la production capitaliste [il y a] plus-value,
excédent de la valeur du produit sur la valeur des générateurs de
produits consommés (moyens de production et forces de travail). P. 175-176 [216-217/206-207].
Ici, se trouvent décrites les formes d'existence que revêt la valeur
initiale du capital lorsqu'elle se dégage de sa forme argent pour se
muer en facteurs du processus de travail :
1. dans l'achat de moyens de travail et
2. dans l'achat de force de travail.
Le capital investi dans les moyens de travail ne change donc pas de
valeur dans le processus de production nous l'appelons capital constant.
La partie investie dans la force de travail change de valeur, produit
1. sa propre valeur et 2. de la plus-value40[nous l'appelons] capital
variable. P. 176 [217-218/207].
Le capital n'est constant que par
rapport au processus de production spécial au cours duquel il ne se
modifie pas; il peut se composer tantôt de plus tantôt de moins de
moyens de travail et la valeur des moyens de travail achetée peut monter
ou baisser, mais cela n'affecte pas ses rapports [les rapports du
capital] avec le processus de production. P. 177 [218-219/207208]. De
même, peut varier la proportion dans laquelle un capital déterminé se
divise en [capital] constant et [capital] variable, mais dans chaque cas
donné, le c reste constant et le v variable. P. 178[219/208-209].
III. Le taux de la plus-value.
C = 500 £ = 410 + 90.41 (= c+v) . A la fin du
processus de travail, où v s'est transformé une fois en force de
travail, on obtient42.
c +v+ p= 590
410 + 90 + 90 = 590
Admettons
que c se compose de 312 [livres sterling] de matières premières, de 44
[livres] de matières auxiliaires et de 54 [livres] d'usure de machines =
410. [Supposons que] la valeur de toute la machinerie se monte à 1.054
[livres]. Si cette dernière entrait tout entière dans le calcul, on
obtiendrait pour c 1.410 des deux côtés, et la plus-value resterait
toujours 90. P. 179 [220-221/210-211].
comme la valeur de c ne fait
que réapparaître dans le produit, la valeur des produits obtenue est
différente de la valeur engendrée dans le processus43. Cette dernière
n'est donc pas c + v+ p, mais : v + p. La grandeur de c est donc
indifférente pour le processus de mise en valeur, c'[est]-à-d[ire- que] c
=0. P. 180 [221-222/211-212].
_______________________________________________
39
Marx donne l'exemple d'une machine qui s'userait en 1 000 jours. Elle
cède journellement 1/1000é de sa valeur. Mais elle fonctionne cependant
dans sa totalité. Donc dans le processus de travail, on compte avec une
machine entière et dans le processus de mise en valeur avec 1/1000e de
machine par jour. (N. T.)
40 Elle reproduit sa propre valeur plus un excédent : la plus-value. (N. T.)
41 c=410 v = 90
42 C est le capital initial, c le capital constant, v le capital variable et p la plus-value. (N. T.)
43 Marx écrit : « La valeur réellement nouvelle, engendrédans le cours de la production même, est donc
C'est aussi ce qui se passe pratiquement, ainsi
qu'on peut le voir dans le calcul commercial ; p[ar] ex[emple] dans la
détermination du bénéfice que tire un pays de son industrie, on déduit
[les sommes payées pour] les matières premières importées. P. 181
[222-223/213]. Sur le rapport de la plus-value avec le capital total
[voir] le nécessaire au livre III.
Donc : taux de la plus-value =p/v, plus haut 90/90 = 100%
Le
temps de travail durant lequel l'ouvrier reproduit la valeur de sa
force de travail - dans des conditions capitalistes ou autres - est du
travail nécessaire; le travail effectué en sus, qui produit de la
plus-value pour le capitaliste, [est du] surtravail. P. 183-184
[224-225/214]. La plus-value est du surtravail cristallisé et seule la
forme de son extorsion distingue les diverses formations sociales.
Exemples de l'erreur qu'il y a à faire entre c dans les calculs. P. 185-196 [226-237/215-225] (Senior).
La somme du travail nécessaire et du surtrav-ail = la journée du travail.
IV. La journée de travail
Le temps de travail nécessaire est constant. Le surtravail est
variable, mais dans certaines limites. Il ne peut jamais être [à] 0,
sinon la production capitaliste cesserait.
Il ne peut jamais
atteindre 24 heures pour des raisons physiques et la limite maximum est,
en outre, toujours affectée par des causes morales. Mais ces limites
sont très élastiques. L'économie exige que la journée de travail ne soit
pas plus longue qu'il ne convient pour user normalement l'ouvrier. Mais
que signifie normalement ? Il y a une antinomie et seule la violence
peut décider. D'où la lutte entre la classe ouvrière et la classe
capitaliste pour la journée de travail normale. P. 198-202
[239243/227-231].
Le surtravail dans les époques sociales antérieures. Tant que la valeur d'échange n'est pas plus importante que la valeur d'usage, le surtravail [est] plus modéré, p [ar] ex [emple] chez les anciens : là seulement où était produite directement de la valeur d'échange - argent et or - [on trouve un surtravail effroyable]. P. 203 [244/231-232]. De même dans les Etats esclavagistes d'Amérique jusqu'à la production de masses de coton pour l'exportation. De même, corvée, p [ar] ex [emple] en Roumanie.
[La] corvée [est le] meilleur moyen de comparaison avec l'exploitation capitaliste, car elle fixe le surtravail sous forme d'un temps de travail à fournir spécialement. Règlement organique de la Valachie. P. 204-206 [244-247/232-233].
De même qu'il s'agit là d'une expression positive de la soif de surtravail, de même les Factory-Acts44 en sont des expressions négatives.
Les FactoryActs. Celui de 1850. P. 207[248/235]. 10 h 1/2 et 7 h 1/2 le
samedi – 60 heures par semaine. Profit des fabricants obtenu en
tournant la loi. P. 208-211 [249-252/236-239].
Exploitation dans les branches non limitées ou limitées seulement plus tard : industrie de la dentelle, p. 212 [252/239] ; poterie, p. 213 [253 et 254/240-241] ; allumettes, p. 214 [255/242] ; papiers peints, p. 214-217 [256-257/242-244] ; boulangeries, p. 217-222 [257-262/244-248] ; cheminots, p. 223 [262 et 263/248-249]; couturières,
p. 223-225[263-265/249-250] ; forgerons, p. 226 [265-266/251] ; travail
de jour et travail de nuit in shifts [système des relèves] : a)
métallurgie p. 227-236 [266-274/251-258].
différente de la valeur du produit obtenu. Elle n'est pas, comme il semblerait au premier coup d'oeil ;
c
+ v + p ou 410 liv, sterl. + 98 liv. sterl. + 90 liv. Sterl. Mais v + p
ou 90 liv. sterl. + 90 liv. sterl. ; elle n’est pas 590 , mais 180 liv.
sterl. (N.T.)
Ces faits démontrent que le capital ne
considère pas l'ouvrier comme autre chose que de la force de travail,
dont tout le temps est du temps de travail à réaliser partout où cela
est possible, que la longévité de la force de travail est indifférente
aux capitalistes. P. 236-238 [275-27x/259-260]. Mais cela ne se
tourne-t-il pas contre les intérêts des capitalistes eux-mêmes. Comment
remplacer ce qui s'use rapidement ? - La vente organisée des esclaves à
l'intérieur des Elats-Unis a élevé à la hauteur d'un principe économique
l'usure rapide des esclaves; de même en Europe pour l'importation des
ouvriers en provenance des districts agricoles, etc. P. 239
[277-278/261]. Pocrhousesupply45. P. 240 [278-279/261-262]. Le
capitaliste ne voit que la surpopulation à tout moment disponible et la
consomme. La race en dépérit-elle ? Après moi le déluge46. Le capital ne
se soucie donc nullement de la santé de la vie de l'ouvrier, à rhoins
d'y être forcé par la société... et, par suite de la libre concurrence,
les lois immanentes de la production capitaliste valent pour chaque
capitaliste comme lois externes coercitives. P. 243 [281-282/264-265].
La fixation d'une
journée de travail normale [est le] résultat d'une lutte de plusieurs
siècles entre le capitaliste et l'ouvrier.
Au début, les lois [sont] faites pour prolonger le temps de travail,
aujourd'hui [pour] l'abaisser. P. 244 [282-283/265266]. Le premier Statut of labourers
47 23 Edouard III [en]48 1349 fut promulgué sous le prétexte que la
peste avait tellement décimé la population que chacun devait travailler
davantage. Aussi, la loi fixait-elle [le] maximum des salaires et [la]
limite de la journée de travail. En 1496, sous Henri VIII, la journée de
travail des ouvriers agricoles et de tous les artisans (artificers) en
été - mars à septembre - va de 5 a. m. à 7 et 8 p. m.49, avec une heure,
1 h 1/2 et 1/2 heure = 3 heures de pause. En hiver de 5 a.m. jusqu'à la
nuit. Ce statut [n'a] jamais [été] rigoureusement appliqué.
Au XVIIIe siècle, la semaine de travail complète
n'est encore pas à la disposition du capital (sauf chez les ouvriers
agricoles). Voir polémique du temps. P. 248-251 [284-286/266-268]. C'est
seulement la grande industrie qui y parvint et au delà elle abattit
toutes les barrières et exploita l'ouvrier de la façon la plus éhontée.
Le prolétariat résista dès qu'il se fut repris. Les cinq lois de 1802 à
1833 [sont purement] nominales, car [elles ne prévoient] pas
d'inspecteur50. C'est seulement la loi de 1833 qui créa une journée de
travail normale dans les quatre industries textiles : de 5,30 a.m. à
8,30 p.m:., temps durant lequel [les] young persons51 [de] 13-18 ans ne
peuvent être occupés que 12 heures avec 1 h. 1/2 de pause. Enfants de
9-13 ans: 8 heures seulement, et travail de nuit des enfants et des
young persons interdit. P. 253-255 [291-293/272-273].
Système des
relais et abus destinés à le tourner. P. 256 [293. 294/273-276]. Enfin,
loi de 1844 qui assimile les femmes de tous les âges aux young persons,
réduit [le temps de travail des] enfants 6 h. 1/2, et met un frein au
système des relais. Mais, en revanche, [les] enfants de 8 ans [sont]
désormais tolérés. En 1847, enfin, le bill des dix heures pour les
femmes et les young persons. P. 259 [296/277]. Tentatives des
capitalistes contre [cette loi]. P. 260-268 [297-305/277-286]. Un flaw52
dans la loi de 47 permit ensuite la loi de compromis de 1850, p. 269
[306/286], qui fixe la journée de travail (les young persons et women53 à
5 journées de 10 h. 1/2, une journée de 7 h. 1/2 = 60heures par
semaine, et cela entre 6 [heures du matin] et 6 heures [du soir]. Ainsi,
la loi de 1847 est en vigueur pour les enfants. - L'exception de
l'industrie de la soie, v[oir] p. 270 [306-307/286-287]. En 1853, le
temps de travail pour les enfants est également limité entre 6 et 6
heures,P. 272 [308-288]
___________
44 Lois sur les fabriques. (N. T.)
45 Fourniture d'ouvriers par tes maisons de pauvres. (N. T.)
46 En français dans le texte. (N. T.)
47 Loi sur les ouvriers. (N T )
48
23. Edouard III, 1349 est entre parenthèses, dans le texte de Marx.
Cela signifie : loi promulguée dans la vingt-troisième année du règne
d'Edouard 111, en 1349 (N.T )
49 Ante meridiem et post meridiem, avant midi et après-midi, c'est-à-dire de 5 h. du matin à 7 et 8 h. du soir. (N. T.)
50
Marx écrit : « De 1802 à 1833. le Parlement émit cinq lois sur le
travail mais il eut bien soin de ne pas voter un centime pour les faire
exécuter aussi restèrent-elles lettre morte. » (N. T.)
51 Jeunes gens. (N T.)
52 Défaut. (N. T.)
53 Femmes. (N. T.)
Le Printworks Act54, 1845, ne limite presque rien. Enfants et femmes peuvent travailler 16 heures !
[Les]
blanchisseries et teintureries [en] 1860, [les] fabriques de dentelles
[en] 1861, [les] poteries et de nombreuses autres branches [en] 1863
[tombent] (sous le coup de la loi sur les fabriques ; lois spéciales
promulguées la même année pour les blanchisseries en plein air et les
boulangeries). P. 274 [310/290].
La grande industrie crée donc
tout d'abord la besoin de limitation du temps de travail, mais il se
trouve ensuite que le même surmenage s'est étendu peu à peu aussi à
toutes les autres branches P. 277 [312/292].
L'histoire montre en outre que, notamment avec
l'introduction du travail des femmes et des enfants, l'ouvrier « libre »
isolé est sans défense contre le capitaliste et succombe, de sorte
qu'ici s'engage la lutte de classe entre ouvriers et capitalistes. P.
278[313 / 293].
En France, la loi de 12 heures pour tous les
ouvriers et [toutes les] branches de travail [est promulguée] seulement
en 1848. (Voir toutefois p. 253 [291/2721 note concernant la loi
française sur le travail des enfants [promulguée] en 1841 et qui ne fut
réellement appliquée qu'en 1853, dans le seul département du Nord
d'ailleurs.) En Belgique, «liberté du travail » totale ! En Amérique, le
mouvement des 8 heures. P. 279 [315/294].
L'ouvrier sort donc du
processus de production tout autrement qu'il y est entré. Le contrat de
travail n'a pas été l'acte d'un agent libre; le temps pour lequel il
lui est loisible de vendre sa force de travail est en réalité le temps
pour lequel il est forcé de la vendre, et seule l'opposition de masse
des ouvriers leur conquiert une loi d'État qui les empêche eux-mêmes de
se vendre au Capital par un libre contrat, et de se vouer, eux et leurs
descendants, à la mort et à l'esclavage. Le catalogue pompeux des
inaliénables droits de l'homme est remplacé par la modeste magna
charte55 de la loi sur les fabriques. P. 280-281 [316/295-296].
V. Taux et masse de la plus-value.
Avec le taux [de la plus-value] est donnée en même temps sa masse. Si
la valeur journalière d'une force de travail est de 3 sh[illings] et si
le taux de la plus-value = 100 %,sa masse journalière [de la plus-value]
= donc 3 sh pour un ouvrier.
1. Comme le capital variable est
l'expression monétaire de la valeur de toutes les forces de travail
occupées simultanément par un capitaliste, la masse de la plus-value
produite par eux = le capital variable multiplié par le taux de la
plus-value. Les deux facteurs peuvent varier, d'où la possibilité de
diverses combinaisons. La masse de la plus-value peut changer, même avec
un capital variable en diminution lorsque le taux monte, donc, quand la
journée de travail est prolongée. P. 282 [318-319/298-299].
2.
Cette augmentation du taux de la plus-value se heurte à des limites
absolues en ce sens que la journée de travail ne peut jamais être portée
jusqu'à 24 heures pleines, la valeur totale du produit quotidien d'un
ouvrier ne pouvant donc jamais être à la valeur de 24 heures de travail.
Pour obtenir la même masse de plus-value, le capital variable ne peut
donc être remplacé; à l'intérieur de ces limites, que par une
exploitation accrue du travail. Important pour expliquer divers
phénomènes qui résultent de la tendance contradictoire du capital :1.
Réduire le capital variable et le nombre des ouvriers occupéset -2.
Produire néanmoins la plus grande masse possible de plus-value. P.
283284 [319-320/299].
__________________________________________
54 Loi concernant les impressions sur coton. (N. T.)
55 Droits fondamentaux du peuple anglais, conquis dans la révolution du xii- siècle. (N. R )
3. Les masses de valeur et de plus-value produites par divers
capitalistes pour une valeur donnée et un même degré d'exploitation de
la force du travail sont en raison directe des grandeurs des parties
variables de ces capitaux. P. 285 [321/300]. Cela [est] en apparence
contraire à tous les faits.
Pour une société donnée et une
journée de travail donnée, la plus-value ne peut être augmentée que par
l'augmentation du nombre des ouvriers; c'[est]-à-dire] de la population ;
pour un nombre d'ouvriers donné, [elle ne peut être augmentée] que par
la prolongation de la journée de travail. Toutefois, cela n'est
important que pour la plus-value absolue.
Il apparaît maintenant
que toute somme d'argent ne peut pas être transformée en capital, qu'il
existe un minimum : le prix de revient d'un ouvrier unique et des moyens
de travail nécessaires.
Pour vivre lui-même comme ouvrier, il lui
faudrait, avec un taux de plus-value de 100 %, avoir déjà deux ouvriers;
et il ne pourrait encore faire aucune économie. Même avec huit
[ouvriers], il est toujours un petit patron. C'est pourquoi au moyen
âge, les gens [étaient] violemment empêchés de se transformer de maîtres
ouvriers en capitalistes, grâce à la limitation du nombre des
compagnons susceptibles d'être employés par un maître. Le minimum de
richesse nécessaire pour former un véritable capitaliste varie avec les
diverses époques et branches économiques. P. 288 [322-324/301-3031].
Le capital est arrivé à primer le travail et veille à ce qu'il soit
travaillé convenablement et intensivement. Il oblige, en outre, les
ouvriers à effectuer plus de travail qu'en exige leur entretien et, pour
l'extorsion de la plus-value, il est supérieur à tous les systèmes de
production antérieurs reposant sur le travail forcé pur et simple.
Le capital a repris le travail avec les conditions techniques
existantes et n'y change rien tout d'abord. Le processus de production
[étant] donc considéré comme processus de travail, l'ouvrier se comporté
à l'égard des moyens de production non pas comme à [l'égard] du
capital, mais comme [à l'égard] des moyens de sa propre activité utile.
Mais [si le processus de production est] considéré comme processus de
mise en valeur [il en va] autrement. Les moyens de production deviennent
des moyens d'absorption du travail d'autrui. Ce n'est plus l'ouvrier
qui emploie les moyens de production, ce sont ceux-ci qui emploient
celui-là. P. 289 [325/304]. Au lieu d'être consommé par lui, ils le
consomment lui-même comme le ferment de leur propre processus vital, et
le processus vital du capital n'est que le mouvement du capital en tant
que valeur créant de la plus-value... La simple transformation de
l'argent en moyens de production confère à ces derniers un titre
juridique et coercitif au travail et au surtravail d'autrui.
QUATRIÈME PARTIE
LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE RELATIVE
I. Notion de la plus-value relative.
Pour une journée de travail donnée, le surtravail
ne peut être accru que par la diminution du travail nécessaire; mais ce
résultat abstraction faite de l'abaissement du salaire au-dessous de la
valeur [de sa force du travail] ne peut être atteint que par la
réduction de la valeur du travail, donc par l'abaissement du prix des
denrées de subsistance nécessaires. P. 291-292 [327-329/7-8]56. Cette
dernière, de son côté, ne peut être obtenue que par l'augmentation de la
force productive de travail, par un bouleversement57 2 du mode de production lui-même.
La plus-value produite par la prolongation de la journée de travail est
[de la plus-value] absolue : celle produite par raccourcissement du
temps de travail nécessaire est de la plus-value relative. P. 295
[330/9].
Pour abaisser la valeur du travail, l'augmentation de la
force productive doit porter sur des branches d'industrie dont les
produits déterminent la valeur de la force de travail, moyens de
subsistance habituels, succédanés, leurs matières premières, etc.
Démonstration de la façon dont la concurrence fait apparaître la force
productive accrue dans le bas prix des marchandises. P. 296-299 [330-
334/10-13].
La valeur de la marchandise est en raison inverse de la force productive du travail et il en est ainsi également de la valeur de la force de travail puisqu'elle est déterminée par le prix des marchandises. Par contre, la plus-value relative est en raison directe de la force productive de travail. P. 299 [13].
Ce n'est pas la valeur absolue de la marchandise qui intéresse le capitaliste, mais seulement la plus-value
qui y est enfermée. La réalisation de la plus-value implique le
remplacement de la valeur avancée. Mais comme d'après P. 299 [334/131 le
même processus qui accroît la force productive abaisse le prix des
marchandises et augmente la plus-value qu'elles renferment, on
s'explique comment le capitaliste, pour lequel il ne s'agit que de
produire de la valeur d'échange aspire sans cesse à réduire la valeur
d'échange de la marchandise. Voir Quesnay. P. 300 [335/14].
Dans
la production capitaliste, l'économie de travail obtenue par le
développement de la force productive de travail ne poursuit donc
nullement une diminution de la journée de travail. Cette dernière peut
même être prolongée. Dans les ouvrages des économistes à la Mac-Culloch,
Ure, Senior et tutti quanti, on peut donc lire à telle page que
l'ouvrier doit de la gratitude au Capital pour le développement des
forces productives58, et, à la page suivante, qu'il
doit manifester cette gratitude en travaillant à l'avenir 15 heures par
jour au lieu de 10. Ce développement des forces productives ne vise à
réduire que le travail nécessaire et à prolonger le travail pour le
capitaliste. P. 301 [336/15].
_______________________________________
56 Les références à l'édition du « Capital » se rapporte à partir d'ici au tome II.
57
Engels emploie ici le mot de Umwaelzung, qui signifie bouleversement,
révolution. Marx emploie directement le mot révolution. (N. T.)
58 que le temps de travail nécessaire s'en trouve abrégé, précise Marx IN. T.)
II. La coopération
D'APRES la p. 288 [323/1-302], un capital individuel assez important
pour employer simultanément un grand nombre d'ouvriers appartient59
à la production capitaliste; c'est seulement quand il est lui-même
complètement affranchi du travail que l'employeur devient intégralement
capitaliste. La collaboration d'une foule d'ouvriers, travaillant en
même temps et dans le même lieu sous les ordres du même capitaliste, et
en vue de la production de la même espèce de marchandise, constitue le
point de départ historique et formel de la production capitaliste. P.
302 [337/16].
Il n'y a donc tout d'abord qu'une différence
quantitative par rapport à ce qui était auparavant, quand le même
employeur occupait moins d'ouvriers. Mais une modification [survient]
bientôt.
Déjà le grand nombre d'ouvriers garantit que l'employeur
reçoit véritablement du travail moyen, ce qui n'est pas le cas chez le
petit patron, tenu néanmoins de payer la valeur moyenne du travail dans
sa petite entreprise ; les inégalités se compensent [donc] pour la
société, mais pas pour le patron isolé. La loi de la productiosn de
valeur en général ne s'applique donc complètement pour chaque producteur
qu'à partir du moment où il produit en tant que capitaliste, occupe
simultanément beaucoup d'ouvriers et met d'emblée en mouvement du
travail social moyen. P. 303304 [337-339/16-17].
Mais, d'autre
part : Economie des moyens de production par la seule grande entreprise,
moindre cession de valeur des parties constantes du capital, résultant
seulement de sa consommation [du capital constant] commune dans le
processus de travail du grand nombre [d'ouvriers]. Et ainsi les moyens
de production acquièrent un caractère social, avant que l'acquière le
processus de travail lui-même (jusqu'ici simple juxtaposition de
processus identiques). P. 305 [340/18].
Ne considérer ici
l'économie des moyens de production que dans la mesure où elle fait
baisser le prix des marchandises et, par là, réduit la valeur du
travail. La façon dont elle modifie le rapport de la plus-value au
capital total avancé (v + c) ne sera étudiée qu'au livre III. Ce
découpage [du sujet] est tout à fait dans l'esprit de la production
capitaliste; présentant les conditions de travail à l'ouvrier comme
indépendantes de lui, son économie apparaît également comme une
opération particulière, qui ne le regarde pas et qui est, par
conséquent, distincte des méthodes par lesquelles est accrue la
productivité de la force de travail consommée par le capital.
La
forme de travail dans laquelle beaucoup d'ouvriers travaillent côte à
côte et ensemble, d'après un plan général, dans un même processus de
production ou dans des processus de production connexes s'appelle
coopération. P. 306 [340/18]. (Concours de forces. Destutt de Tracy.)
La somme de la force mécanique des ouvriers isolés diffère
essentiellement du potentiel de force mécanique qui se déploie lorsque
de nombreuses mains coopèrent en même temps dans la même opération
indivise (levier et fardeau, etc.). La coopération crée par avance une
force productive qui est en elle-même et pour elle-même une force de
masse.
En outre, dans la plupart des travaux productifs, le
simple contact social engendre une émulation qui augmente le rendement
individuel, de telle sorte que 12 ouvriers, au cours d'une journée de
travail commune de 144 heures, fournissent un produit plus grand que 12
ouvriers en 12 [heures de travail] séparées, ou un ouvrier en douze
journées de travail consécutives. P. 307 [341/19].
Bien que de
nombreux ouvriers accomplissent la même besogne ou une besogne analogue,
le travail individuel de chacun peut représenter une phase différente
du processus de travait (chaîne de gens qui se passent un objet60),
la coopération épargnant à nouveau du travail. De même, quand une
construction est commencée de divers côtés à la fois. L'ouvrier combiné
ou l'ouvrier total a des mains et des yeux devant et derrière et possède
à un certain degré le don d'ubiquité. P. 308 [342/20].
_______________________________________
59 Dans le
texte de Marx : « La production capitaliste ne commence... en-fait à
s'établir que là où un seul maître exploite beaucoup de salariés à la
fois. a(N. T.)
60 Marx donne l'exemple des maçons qui forment la
chaîne pour faire passer des pierres du pied d'un échafaudage au sommet:
k Chacun d'eux exécute la même manaeuvre, et néanmoins toute.; les
manceuvres individuelles, parties continues d'une opération d'ensemble,
forment diverses phases par lesquelles doit passer chaque pierre et les
vingt-quatre mains du travailleur collectif la font passer plus vite que
ne le feraient les deux mains de chaque ouvrier isolé montant et
descendant l'échafaudage ». (N. T.)
Dans les processus de travail compliqués, la
coopération permet de répartir les opérations séparées, de les accomplir
simultanément et ainsi de réduire le temps de travail pour la
fabrication du produit total. P. 308 [343/20].
Dans de nombreuses
sphères de production, il existe des moments critiques où beaucoup
d'ouvriers sont nécessaires, par exemple les récoltes, la pêche au
hareng, etc. Ici, seule, la coopération est de mise. P. 309 [343/21].
D'une part, la coopération étend le champ de la production et devient
par suite une nécessité pour les travaux qui s'appliquent à de grandes
étendues (assèchements, construction des routes, etc., construction de
digues) ; d'autre part, elle le contracte en concentrant les ouvriers
dans un seul local, épargnant ainsi des frais. P. 310 [344/21].
Dans toutes ces formes, la coopération est la force productive
spécifique de la journée de travail combinée, la force productive
sociale du travail. Elle découle de la coopération même. En collaborant
avec d'autres selon un plan, l'ouvrier se débarrasse des limites posées à
son individualité et développe ses possibilités créatrices.
Or,
des ouvriers salariés ne peuvent pas coopérer sans que le même
capitaliste les emploie simultanément, les paye et les munisse de moyens
de travail. Le degré de coopération dépend donc de la quantité de
capital que possède un capitaliste. La condition exigeant une quantité
déterminée de capital pour muer son propriétaire en capitaliste, devient
maintenant condition matérielle pour la transformation des nombreux
travaux individuels disséminés et indépendants les uns des autres en un
processus de travail social combiné.
De même, la primauté du
capital sur le travail [qui n'était] jusqu'ici que la conséquence
formelle du rapport entre les capitalistes et les ouvriers [devient]
maintenant condition nécessaire pour le processus de travail même, le
capitaliste représente la combinaison dans le processus de travail. Dans
la coopération, la direction du processus de travail devient [la]
fonctionn du capital et à ce titre elle [la fonction] acquiert des
caractères spéciaux. P. 312.[346/23].
Conformément au but de la
production capitaliste (mise en valeur aussi grande que possible du
capital) cette direction a en même temps, pour fonction l'exploitation
aussi grande que possible d'un processus de travail social et [est], par
conséquent, conditionnée par l'antagonisme inévitable entre exploiteurs
et exploités. En outre, le contrôle de la juste utilisation des moyens
de travail. Enfin, la connexion des fonctions des divers ouvriers se
trouve en dehors d'eux, dans le capital, de sorte que leur propre unité
leur apparaît comme l'autorité du capitaliste, comme une volonté
étrangère. La direction capitaliste est donc double [par son contenu].
(1. processus de travail social pour la fabrication d'un produit, 2.
processus de mise en valeur d'un capital) et est despotique par sa
forme. Ce despotisme développe maintenant ses formes particulières : Le
capitaliste qui vient tout juste d'être délivré personnellement du
travail cède maintenant la surveillance subalterne à une bande organisée
d'officiers et de sous officiers qui sont eux-mêmes les salariés du
Capital. Dans l'esclavage, les économistes comptent ces frais de
surveillance parmi les faux-frais61 de la production dans la production
capitaliste, ils identifient la [fonction de] direction, dans la mesure
où elle est conditionnée par l'exploitation, avec la [cette] même
fonction dans la mesure où elle découle de la nature du processus de
travail social. P. 313-314 [346-348/23-25].
Le commandement
suprême dans l'industrie devient l'attribut du Capital, comme, au temps
de la féodalité, le commandement suprême à la guerre et dans les
tribunaux était l'attribut de la propriété foncière. P. 314 [348/25].
______________________________________________________
61 En français dans les textes de Marx et d'Engels. (N. T.)
p58
Le capitaliste achète 100 forces de travail
individuelles et reçoit en échange une force de travail combinée de 100.
Il ne paye pas la force de travail combinée de 100 En entrant dans le
processus de travail combiné, les ouvriers ont déjà cessé de
s'appartenir, ils sont incorporés au capital. C'est ainsi que la force
productive sociale du travail apparaît comme une force productive
immanente au capital. P. 315 [349/25].
Exemples de coopération chez les Egyptiens de l'antiquité. P. 316 [349-350/261.
La coopération naturelle au début de la civilisation chez les peuples
chasseurs, les nomades ou les communautés indiennes repose : 1. sur la
propriété commune des conditions de production ; 2. sur l'adhérence
naturelle de l'individu à la tribu ou à la communauté primitive. - La
coopération sporadique, dans l'antiquité, au moyen âge, et dans les
colonies modernes repose sur la domination directe et la violence, la
plupart du temps sur l'esclavage. La coopération capitaliste, par
contre, présuppose [l'existence de] l'ouvrier salarié libre.
Historiquement, elle apparaît en opposition directe à l'économie
paysanne et à l'entreprise artisanale indépendante (corporative ou non)
et ainsi comme une forme historique propre au processus de production
capitaliste et le distinguant [des autres]. Elle est la première
modification que subit le processus de travail, par sa subordination au
Capital. Ici, apparaissent aussitôt : 1. le mode de production
capitaliste en tant que nécessité historique pour la transformation du
processus de travail en processus social, ensuite 2. cette forme sociale
de processus de travail en tant que méthode du Capital en vue de
l'exploiter d'une façon plus rémunératrice par l'augmentation de ses
forces productives, P. 317 [351/26-27].
La coopération, pour
autant qu'elle a été considérée jusqu'ici, sous sa forme simple,
coïncide avec la production sur une grande échelle, mais ne constitue
pas la forme fixe caractéristique d'une époque particulière de la
production capitaliste, et elle subsiste encore aujourd'hui là où le
Capital opère sur une grande échelle sans que la division du travail ou
le machinisme y jouent un rôle important. Aussi, bien que la coopération
[soit] la forme fondamentale de toute la production capitaliste, sa
forme simple apparaît elle-même ou en tant que forme particulière à côté
de ses formes plus développées. P, 318 [351/27].
III. Division du travail et manufacture.
La manufacture, forme classique de la coopération fondée sur la
division du travail, prédomine de 1550 à 1770 environ. Elle naît :
1.
Soit par la réunion de divers artisans dont chacun effectue une
opération partielle (p [ar]- ex [emple] : manufacture de voitures),
l'artisan individuel perdant très vite son aptitude à exercer son métier
tout entier, mais [n'en devenant] que plus habile dans son métier
partiel; le processus est donc transformé en une fragmentation de
l'opération globale dans ses diverses parties. P. 318 [352/28].
2. Ou
encore un grand nombre d'artisans qui font le même travail ou un
travail similaire sont réunis dans la même fabrique et, peu à peu, les
diverses opérations, au lieu d'être accomplies successivement par le
même ouvrier, sont séparées et accomplies simultanément par des ouvriers
différents (aiguilles, etc). Au lieu d'être l'oeuvre d'un artisan, le
produit est maintenant l'oeuvre d'une association d'artisans dont chacun
n'accomplit qu'une opération partielle. P. 319-320, [353-354/29].
Dans les deux cas, son résultat est : un mécanisme de production dont
les organes sont des hommes. L'exécution [du travail] reste
professionnelle; chaque processus partiel traversé par le produit doit
être exécutable manuellement, donc toute analyse véritablement scientifique du processus de production est exclue62.Justement,
à cause de la nature professionnelle [du travail], chaque ouvrier se
trouve enchaîné aussi complètement à une fonction partielle. P. 321
[354/30].
De la sorte, dutravail [est] économisé par rapport à
l'artisan, et cela [ce phénomène est] encore accentué par [la]
transmission à [la] génération suivante. De la sorte, la division
manufacturière du travail correspond à la tendance des sociétés
antérieures à rendre les métiers héréditaires : castes, corporations,
etc. P. 322 [355-356/30-31].
Subdivision63 des outils par l'adaptation aux divers travaux partiels : 500 variétés de marteaux à Birmingham. P. 323-324 1357-358/32-331.
______________________________
62
Dans Marx : « Composée ou simple, l'exécution ne cesse de dépendre de
la force, de l'habileté, de la promptitude et de la sûreté de main de
l'ouvrier dans le maniement de son outil. Le métier reste toujours la
base Cette base technique n'admet l'analyse de la besogne à faire que
dans des limites très étroites. » (N. T.)
63 Marx parle de différenciation et de spécialisation des instruments de travail. (N. T.)
Du point de vue du mécanisme global de la
manufacture, cette dernière revêt deux aspects : montage purement
mécanique de produits partiels indépendants (montre) ou séries des
processus interdépendants dans un atelier (aiguille).
Dans la
manufacture, chaque groupe ouvrier fournit à l'autre sa matière
première. D'où condition fondamentale : chaque groupe doit fabriquer en
un temps donné, une quantité donnée, il en résulte donc une continuité,
régularité, uniformité et intensité du travail tout autres [bien
supérieures] que dans la coopération elle-même. Ici donc, loi
technologique du processus de production : le travail doit être du
travail socialement nécessaire.P. 329 [36236].
L'inégalité du
temps nécessaire pour les diverses opérations fait que les différents
groupes d'ouvriers sont de force et de grandeur différentes (dans la
fonte de caractères d'imprimerie; 4 fondeurs et 2 casseurs pour 1
frotteur). La manufacture crée donc un rapport mathématique ferme pour
l'importance quantitative des divers organes de l'ouvrier global, et la
production ne peut être étendue qu'à la condition d'embaucher un
multiple du groupe global. En outre, le fait de rendre certaines
fonctions indépendantes - surveillance, transport des produits de local à
local, etc. - ne devient rémunérateur qu'à partir du moment où la
production atteint un certain niveau. P. 329-330 [362-363/36-37].
La liaison de diverses manufactures en une manufacture globale se
produit également, mais continue de manquer de la véritable unité
technologique, qui ne prend naissance qu'avec la machine. P. 331
[36438].
De bonne heure, les machines font déjà leur apparition
dans la manufacture - sporadiquement - moulin à farine, moulin à
bocarder, etc., mais seulement en tant qu'accessoire. La principale
machine de la manufacture est l'ouvrier collectif combiné, qui possède
une perfection beaucoup plus grande que l'ancien ouvrier individuel
routinier, et dans lequel toutes les imperfections, qui sont souvent
développées par la nécessité chez l'ouvrier partiel, apparaissent comme
une perfection. P. 333 [366/40]. La manufacture développe des
différences parmi ces ouvriers partiels, skilled et unskilled64 voire
une hiérarchie achevée des ouvriers. P. 334 1366-367,/40-411.
La division du travail [est] 1. générale (dans agriculture, industrie, navigation, etc.), 2.spéciale (en genres et espèces65)
3. de détail [ou individuelle] (dans l'atelier).Cette division sociale
du travail a également des points de départ variés. 1. Au sein de la
famille et de la tribu, [on a] une division naturelle du travail d'après
le sexe et l'âge, à quoi [s'ajoute] l'esclavage par la violence contre
les voisins qui l'étend [qui étend la division du travail]. P. 335
[368-369/41-42]. 2. Diverses communautés, suivant la situation, le
climat, le degré de civilisation obtiennent des produits divers et ces
derniers sont échangés là où ces communautés entrent en contact.
L'échange avec les com-munautés étrangères est, par la suite, pour
chaque communauté un des principaux moyens de surmonter sa dépendance à
l'égard de la nature par l'approfondissement de la division naturelle du
travail. P. 336 [369/42].
La division manufacturière du travail présuppose,
d'une part, un certain degré de développement de la division sociale du
travail, d'autre part, elle approfondit cette dernière - c'est là la
division territoriale du travail. P. 337-338 [370-371/43-44].
___________________________________
64 Qualifié, non qualifié. (N. T.)
65
Artrn und Unternrten : peut se traduire différemment suivant le
contexte. Il faut surtout retenir ici l'idée de classification analogue à
la clsslification zoologique ou botanique en embranchements, classes.
ordres. (N. T.)
Toutefois, [il y al toujours entre la division
sociale et [la division] manufacturière du travail, cette différence que
la première produit nécessairement des marchandises tandis que dans la
seconde l'ouvrier partiel ne produit pas de marchandises66. D'où, dans
celle-ci, [la division manufacturière] organisation concentrée67, dans celle-là morcellement et désordre de la concurrence. P. 339-341 [372-374/45-461..
Sur l'organisation antique de la communauté indienne. P. 341342
[374-376/46-471. La corporation. P. 343-344 [376-377/48]. Tandis que
dans toutes [les formations économiques] existe cette division du
travail dans la société, la division manufacturière du travail est une
création spécifique du mode de production capitaliste.
Le corps
de travail qui fonctionne dans la manufacture, est, comme dans la
coopération, une forme d'existence du capital. La force productive
résultant de la combinaison des travaux apparaît donc comme force.
productive du capital. Mais tandis que la coopération ne modifie en rien
le mode de travail de l'individu, la manufacture le révolutionne ; elle
estropie l'ouvrier68, incapable d'effectuer une production
indépendante, puisqu'il n'est plus qu'un accessoire de l'atelier du
capitaliste. Les puissances spirituelles du travail disparaissent du
côté du plus grand nombre pour se développer du côté d'un seul
[individu]69. C'est la division manufacturière du travail qui oppose les
puissances spiri-tuelles du processus du travail aux ouvriers [à qui
elles apparaissent] comme [la] propriété d'autrui et [comme des forces]
qui les dominent. Ce processus de scission qui commence déjà dans la
coopération se développe dans la manufacture, se complète dans la grande
industrie, qui sépare la science du travail en tant que puissance
productrice indépendante et l'oblige à se mettre au service du capital.
P. 346 [379/50].
Passages à l'appui. P. 347 [379-380/51-52].
La manufacture [qui est] par un côté une organisation déterminée du
travail social, n'est, par l'autre côté, qu'une méthode particulière de
production de plus-value relative. P. 350 [382383/53]. Signification
historique [traitée dans] le même passage.
Obstacles au
développement, de la manufacture même pendant sa période classique:
limitation du nombre des ouvriers maladroits par la prédominance des
[ouvriers] adroits. Le travail des femmes et des enfants se heurte
souvent à la résistance des hommes qui se prévalent jusqu'au bout des
laws of apprenticeship70 même là où [elles sont] superflues ;
insubordination continuelle des ouvriers, car l'ouvrier global ne
possède pas encore de squelette indépendant71 des ouvriers
[individuels]. - Emigration des ouvriers. P. 353-354 [386-387/55-56].
En outre, elle [la manufacture] n'était pas en mesure de bouleverser ou
seulement de dominer toute la production sociale. Sa base technique
étroite entra en conflit avec les besoins de production créés par
elle-même. La machine devenait nécessaire, et la manufacture avait
justement appris déjà à la construire. P. 355 [387/56-57].
_________________________________________________________________
66 Marx ajoute « Ce n’est que leur produit collectif qui devient marchandise. » (N.T.)
67
Marx - « La division manufacturière du travail suppose une
concentration de moyens de production dans la main du capitaliste. s (N.
T.)
68 Au sens figuré, Marx écrit: « Elle estropie
le travailleur, elle fait de lui quelque chose de monstrueux en activant
le développement factice de sa dextérité de détail en sacrifiant tout
un monde de dispositions et d'instincts producteurs. » (N. T.)
69
Formulation un peu différente chez Marx : »Les puissances
intellectuelles de la production se développent d'un seul côté parce
qu'elles disparaissent sur tous les autres. » (N. T.)
70 Lois sur l'apprentissage. (N. T:)
71
Marx montre que malgré la division des opérations, l'habileté manuelle
reste la base de la manufacture. Lé où l'ouvrier est professionnellement
adroit, il est insubordonné ; l'ouvrier global que constitue la
manufacture n'a pas encore de squelette, c'est-à-dire d'armature
mécanique (machines) permettant de plier l'ouvrier. (N. T.)
IV. Machinisme et grande-industrie.
TABLE DES MATIERES
NOTE DES EDITEURS......................................................................................................................................3
LE
« CAPITAL » DE
MARX............................................................................................................................5
EXTRAIT DE LA PRÉFACE AU DEUXIÈME LIVRE DU « CAPITAL ».................................................13
RESUME DU CAPITAL LE PROCES DE LA PRODUCTION DU CAPITAL (LIVRE PREMIER)......15
PREFACE........................................................................................................................................................15
PREMIERE PARTIE LA MARCHANDISE ET L'ARGENT..........................................................................17
I.
La marchandise en
soi..............................................................................................................................17
II.
Procès d'échange de la
marchandise.......................................................................................................18
III.
La monnaie ou la circulation des
marchandises.....................................................................................20
DEUXIEME PARTIE LA TRANSFORMATION DE L'ARGENT EN CAPITAL..........................................26
I.
Formule générale du
capital.................................................................................................................26
II.
Contradiction de la formule
générale.......................................................................................................28
III.
Achat et vente de la force de
travail........................................................................................................30
TROISIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE ABSOLUE..............................................32
I.
Processus de travail et processus de mise en
valeur.............................................................................32
II.
Capital constant et capital
variable.........................................................................................................33
III.
Le taux de la
plus-value..........................................................................................................................34
IV.
La journée de
travail..............................................................................................................................35
V.
Taux et masse de la
plus-value.................................................................................................................37
QUATRIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE RELATIVE..........................................39
I.
Notion de la plus-value
relative.................................................................................................................39
II.
La
coopération........................................................................................................................................39
III.
Division du travail et
manufacture..........................................................................................................42
IV.
Machinisme et
grande-industrie..............................................................................................................45
V.
Nouvelles recherches sur la production de la
plus-value.........................................................................51
COMPLÉMENT ET SUPPLEMENT AU IIIE LIVRE DU « CAPITAL »...................................................52
1. LOI DE LA VALEUR ET TAUX DE PROFIT. « PROFIT-RATE »................................................................52
2. LA BOURSE
..................................................................................................................................................62
FRANZ
MEHRING : « LE CAPITAL
»..........................................................................................................65
I.
LES DOULEURS DE
L’ENFANTEMENT...............................................................................................................65
II.
LE PREMIER
LIVRE........................................................................................................................................67
ROSA
LUXEMBOURG
:..................................................................................................................................76
III.
LES DEUXIEME ET TROISIEME
LIVRES...........................................................................................................76
NOTE DES EDITEURS
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ETUDES SUR LE CAPITAL-Suivi de deux études de - Franz MEHRING - Rosa LUXEMBOURG
L’ETUDE du Capital de Marx présente certaines difficultés. L'imprévu de
la méthode, la profondeur de l'analyse, la multiplicité des points de
vue nouveaux déroutent et, parfois, exigent du lecteur non averti un
effort certain.
Il est préférable de commencer l'étude de la science
marxiste par des ouvrages plus accessibles, mais, même pour ceux qui
possèdent les premiers éléments de celle science, la lecture du Capital
demande quelque peu de persévérance. Il est déjà possible de la rendre
plus aisée, en prenant tout d'abord connaissance des commentaires
autorisés que nous devons au cofondateur de la doctrine, à Engels
lui-même.
La collection « les Eléments du communisme» se devait de
s'efforcer de préparer les étudiants du marxisme à l'élude de son
ouvrage essentiel. C'est dans ce but que nous avons réuni en une seule
brochure quatre travaux d'Engels se rapportant à l'étude du Capital.
1.
L'article « Le Capital de Marx » paru, les 21 et 28 mars 1868, dans le
Demokratisches Wochenblatt de Leipzig, qui constitue une magistrale
exposition du premier livre du Capital.
2. Un «Extrait de la préface au deuxième livre du Capital», consacré spécialement à la découverte de la plus-value.
3.
Le « Résumé du Capital », où Engels, chapitre par chapitre, résume et
commente la plus grande partie du livre premier du Capital. La rédaction
de ce travail, enrichi de nombreuses notes explicatives, a été
effectuée par les soins de l'Institut Marx-Engels-Lénine de Moscou.
4.
Le «Complément et supplément au troisième livre du Capital »,paru en
1895 dans le Devenir social et qui est introuvable aujourd'hui. Nous en
donnons une nouvelle version soigneusément revue et améliorée. Ce
travail constitue l'introduclion indispensable à l'étude du troisième
livre;
5;vient ensuite une étude sur « La Bourse
». Elle consiste en des remarques complémentaires sur le troisième livre
du Capital. Nous donnons ce travail d'après la copie photographique, de
l'Institut Marx-En gels-Lénine.
Nous avons cru utile d'ajouter en
annexe un extrait de l'ouvrage classique de Franz Mehring : Karl Marx :
Geschichte seines Lebens (Karl Marx, histoire de sa vie), où le grand
publiciste expose la genèse du Capital et en analyse le premier livre,
et quelques passages du méme ouvrage, dus à la plume de Rosa Luxembourg
et dans lesquels la célèbre militante avec sa clarté coutumière, nous
donne la substance des deuxième et troisième livres du Capital.
Nous
avons la conviction que, ainsi composé, ce petit ouvrage pourra rendre
de réels services à tous ceux. qui désirent entreprendre l'étude
sérieuse du Capital.
Un mot encore. Le «Résumé du Capital» n'a pas
été préparé par Engels pour l'impression ; Un travail d'élaboration
était donc nécessaire. Nous avons complété les mots abrégés en mettant
la partie complémentaire entre crochets [ ]. Nous avons, en plus, donné
en notes, in-extenso, maints passages de Marx analysés par Engels.
A
la fin de certains paragraphes figurent trois chiffres; le premier
indique la pagination de l'édition allemande du Capital dont s'est servi
Engels; des deux chiffres entre crochets, le premier indique la
pagination de l'édition allemande moderne du Capital (Verlag für
Literatur und Politik, Wien-Berlin S. W, 61, 1932), le deuxième se
réfère à l'édition française en cours de parution aux Edition s
Sociales.
Les notes non signées sont d'Engels.
Les notes des éditeurs sont signées (N. R.), celles du traducteur (N. T. ).
LE « CAPITAL » DE MARX
Depuis
qu'il y a des capitalistes et des ouvriers dans le monde, il n'est pas
paru de livre qui fût de pareille importance pour les ouvriers que
celui-ci. Les rapports entre le Capital et le Travail, l'axe autour
duquel tourne tout notre système social actuel, y sont pour la première
fois développés scientifiquement, et cela avec une profondeur et une
netteté possibles seulement à un Allemand. Si précieux que soient et que
resteront les écrits d'un Owen, d'un Saint-Simon, d'un Fourier, ïl
était réservé à un Allemand d'atteindre la hauteur d'où l'on peut
embrasser clairement, d'un seul coup d'oeil le domaine tout entier des
rapports sociaux modernes, de même façon qu'apparaissent aux yeux du
spectateur, debout sur la plus haute cime, les sites montagneux moins
élevés.
L'économie politique nous enseigne jusqu'à maintenant que le
travail est la source de toute richesse et la mesure de toutes les
valeurs, de telle façon que deux objets dont la production a coûté le
même temps de travail ont aussi la même valeur et que des valeurs égales
étant généralement seules échangeables entre elles, ils doivent aussi
être nécessairement échangés les uns contre les autres.
Mais elle
enseigne en même temps qu'il existe une espèce de travail emmagasiné
qu'elle appelle capital ; que ce capital grâce aux ressources qu'il
renferme, multiplie par cent et par mille la productivité du travail
vivant et réclame pour cela une certaine compensation qu'on appelle
profit ou bénéfice. Comme nous le savons tous, les choses se présentent
en réalité de la façon suivante : les profits du travail mort, accumulé,
constituent une masse de plus en plus grande, les capitaux des
capitalistes prennent des proportions de plus en plus colossales, alors
que le salaire du travail vivant devient de plus en plus infime, et la
masse des ouvriers vivant uniquement de salaire de plus en plus
nombreuse et de plus en plus pauvre. Comment résoudre cette orientation?
Comment peut-il rester un profit au capitaliste si l'ouvrier reçoit la valeur entière du travail qu'il ajoute à son produit?
Et
pourtant, puisque seules des valeurs égales sont échangeables, il
devrait bien en être ainsi. D'autre part, comment des valeurs égales
peuvent-elles être échangées, comment l'ouvrier peut-il recevoir la
valeur entière de son produit, si, comme il est concédé par beaucoup
d'économistes, ce produit est partagé entre les capitalistes et lui ?
L'économie
reste jusqu'ici perplexe devant cette contradiction,écrit ou balbutie
des formules embarrassées et vides. Même les critiques socialistes de
l'économie n'ont pas été capables jusqu'ici de faire autre chose que de
souligner cette contradiction; aucun ne l'a résolue jusqu'au moment où,
enfin, Marx, poursuivant le processus de la formation de ce profit
jusqu'à son lieu de naissance, a fait sur le tout la pleine lumière.
Dans le développement du capital, Marx part du fait simple et notoire
que, les capitalistes font valoir leur capital au moyen de l'échange ;
ils achètent de la marchandise pour leur argent et la revendent ensuite
pour une somme plus élevée qu'elle ne leur a coûté. Un capitaliste
achète, par exemple, du coton pour mille thalers et le revend pour 1.100
thalers, « gagnant » ainsi 100 thalers. C'est cet excédent de 100
thalers sur le capital initial que Marx appelle plus-value. D'où
provient cette plus-value ?
D'après l'hypothèse des économistes,
seules des valeurs égales sont échangeables, et, dans le domaine de la
théorie abstraite, la chose est juste aussi. L'achat du coton et sa
revente ne peuvent donc pas plus fournir de plus-value que l'échange
d'un thaler d'argent contre 30 gros d'argent et un nouvel échange de
cette monnaie de compte contre le thaler d'argent, opération où on ne
s'enrichit ni on ne s'appauvrit.
Mais la plus-value peut tout aussi
peu provenir du fait que les vendeurs vendent les marchandises au-dessus
de leur valeur, ou que les acheteurs les achètent au-dessous de leur
valeur, car chacun d'eux à son tour étant tantôt acheteur, tantôt
vendeur, il y a, par
conséquent, compensation. Cela ne peut pas plus
provenir du fait que les acheteurs et les vendeurs s'exploitent
réciproquement, car cela ne produirait pas de nouvelle valeur ou
plus-value, mais ne ferait, au contraire, que répartir autrement le
capital existant entre les capitalistes. Or, bien que le capitaliste
achète et revende les marchandises à leur valeur, il en tire plus de
valeur qu'il n'y en a mis. Comment cela se produit-il ?
Dans les
conditions sociales actuelles, le capitaliste trouve sur le marché une
marchandise qui a cette propriété particulière que sa consommation est
une source de nouvelle valeur, crée une nouvelle valeur, et cette
marchandise c'est la force da travail.
Qu'est-ce que la valeur de la
force de travail? La valeur de chaque marchandise est mesurée par le
travail qu'exige sa production. La force de travail existe sous la forme
de l'ouvrier vivant qui a besoin, pour vivre, ainsi que pour entretenir
sa famille qui assure la persistance de la force de travail aussi après
sa mort, d'une somme déterminée de moyens de subsistance. C'est donc le
temps de travail nécessaire à la production de ces moyens de
subsistance qui représente la valeur de la force de travail. Le
capitaliste paye l'ouvrier par semaine et achète ainsi l'emploi de son
travail pour une semaine. Messieurs les économistes seront jusque-là
assez d'accord avec nous sur la valeur de la force du travail.
A ce
moment, le capitaliste met son ouvrier au travail. Dans un temps
déterminé, l'ouvrier aura livré autant de travail que son salaire
hebdomadaire en représentait.
A supposer que le salaire
hebdomadaire d'un ouvrier représente trois journées de travail,
l'ouvrier qui commence le lundi a rendu au capitaliste le mercredi soir
la valeur entière du salaire payé. Mais cesse-t-il ensuite de travailler
? Pas du tout. Le capitaliste a acheté son travail pour une semaine, et
il faut que l'ouvrier travaille encore les trois derniers jours de la
semaine. Ce surtravail de l'ouvrier, au delà du temps nécessaire pour le
remplacement de son salaire est la source de la plus-value, du profit,
du grossissement toujours croissant du capital.
Qu'on ne dise pas
que c'est une supposition gratuite d'affirmer que l'ouvrier fait sortir
de son travail en trois jours le salaire qu'il a reçu et que les trois
autres jours il travaille pour le capitaliste. Qu'il ait besoin de juste
trois jours pour restituer son salaire, ou de deux, ou de quatre, c'est
d'ailleurs ici une chose tout à fait indifférente, et qui varie aussi
selon les circonstances ; mais la chose principale, c'est que le
capitaliste, à côté du travail qu'il paye, obtient encore du travail
qu'il ne paye pas, et il n'y a pas là de supposition arbitraire, car le
jour où le capitaliste ne recevrait continuellement de l'ouvrier
qu'autant qu'il lui paye en salaire, ce jour-là, il fermerait son
atelier, car tout son profit s'envolerait.
Et voilà que nous
avons résolu toutes ces contradictions. La formation de la plus-value
(dont le profit du capitaliste constitue une partie importante) est
maintenant tout à fait claire et naturelle. La valeur de la force du
travail est payée, mais cette valeur est de beaucoup inférieure à celle
que le capitaliste sait tirer de la force de travail, et la différence,
le travail non payé, constitue précisément la part du capitaliste, ou
plus exactement, de la classe capitaliste. Car même le profit que, dans
l'exemple cité plus haut, le marchand de coton a tiré de son coton, doit
nécessairement consister en travail non payé si les prix du coton n'ont
pas augmenté. Il faut que le marchand ait vendu à un fabricant de
cotonnades qui, outre ces cent thalers, puisse tirer encore pour soi un
bénéfice de sa fabrication, et qui partage par conséquent avec lui le
travail non payé qu'il a empoché. C'est ce travail non payé qui, en
général, entretient tous les membres de la société ne travaillant pas.
C'est avec lui qu'on paye les impôts d'Etat et des communes dans la
mesure où ils atteignent la classe capitaliste, les rentes foncières des
propriétaires terriens, etc. C'est sur lui que repose tout l'état
social existant.
D'autre part, il serait ridicule de supposer que
le travail non payé ne s'est formé que dans les conditions actuelles où
la production est le fait d'un côté des capitalistes et de l'autre des
salariés. Au contraire, de tout temps la classe opprimée a dû faire du
travail non payé. Pendant toute la longue période où l'esclavage fut la
forme dominante de l'organisation du travail, les esclaves ont été
obligés de travailler beaucoup plus qu'on leur donnait sous forme de
moyens de subsistance. Sous la domination du servage et jusqu'à
l'abolition de la corvée paysanne, il en fut de même ; et là apparaît
même, de façon tangible, la différence entre le temps où le paysan
travaille pour sa propre subsistance et celui où il fait du sur6travail
pour le seigneur, parce que ces deux formes de travail s'accomplissent
de façon séparée.La forme est maintenant différente, mais la chose est
restée, et tant qu'
une partie de la société possède le monopole des moyens de
production, le travailleur, libre ou non, est forcé d'ajouter au temps
de travail nécessaire à son propre entretien un surplus destiné à
produire la subsistance du possesseur des moyens de production.1
___________________
1 Capital, t. 1, p, 231.
II
Dans l'article précédent, nous avons vu que chaque ouvrier
qui est occupé par le capitaliste, fait un double travail : pendant une
partie de son temps de travail, il restitue le salaire que lui a avancé
le capitaliste, et cette partie de son travail est appelée par Marx le
travail nécessaire. Mais ensuite, il doit encore continuer à travailler
et produire pendant ce temps la plus-value pour le capitaliste, dont le
profit constitue une partie importante. Cette partie du travail
s'appelle le surtravail.
Supposons que l'ouvrier travaille trois
jours de la semaine pour restituer son salaire et trois jours pour
produire de la plus-value pour le capitaliste. Cela veut dire, en
d'autres termes, qu'il travaille, dans une journée de douze heures, six
heures par jour pour son salaire et six heures pour créer de la
plus-value. Mais on ne peut tirer de la semaine que six jours et même en
y ajoutant le dimanche, sept jours seulement, alors que de chaque jour
on peut tirer six, huit, dix, douze, quinze et même plus d'heures de
travail. L'ouvrier a vendu pour son salaire une journée de travail au
capitaliste. Mais qu'est-ce qu'un jour de travail ? Huit heures ou
dix-huit ?
Le capitaliste a intérêt à faire la journée de travail
aussi longue que possible. Plus elle est longue, plus elle crée de
plus-value. L'ouvrier a le juste sentiment que chaque heure de travail
qu'il fait au-delà de la restitution de son salaire, lui est prise de
façon illégitime; c'est sur son propre corps qu'il doit sentir ce que
cela signifie de travailler un temps trop long. Le capitaliste lutte
pour son profit, l'ouvrier pour sa santé, pour quelques heures de repos
quotidien, pour pouvoir, en dehors du travail, du sommeil et du manger
se manifester encore, en tant qu'homme.
Remarquons en passant qu'il
ne dépend pas de la bonne volonté des capitalistes pris isolément qu'ils
veuillent ou non s'engager dans cette lutte, car la concurrence
contraint le plus philanthrope d'entre eux à se rallier à ses collègues
et à faire accomplir une aussi longue journée de travail que ceux-ci.
La lutte pour cette fixation de la journée de travail date de la
première apparition d'ouvriers libres dans l'histoire et dure
jusqu'aujourd'hui. Dans diverses industries, règnent des coutumes
diverses concernant la journée de travail ; mais, en réalité, elles sont
rarement observées.
C'est seulement là où la loi fixe la journée de
travail et en contrôle l'observation, c'est là seulement qu'on peut
vraiment dire qu'il existe une journée de travail normale. Et jusqu'à
maintenant, ce n'est presque le cas que dans les districts industriels
d'Angleterre. Là, la journée de travail est fixée à dix heures (10
heures et demie pendant cinq jours et 7 heures et demie le samedi) pour
toutes les femmes et pour les garçons de 13 à 18 ans, et comme les
hommes ne peuvent travailler sans ces derniers, ils tombent, eux aussi,
sous la loi de la journée de dix heures. Cette loi, les ouvriers des
fabriques d'Angleterre, l'ont conquise par de longues années de
persévérance, par la lutte la plus tenace, la plus obstinée contre les
fabricants, par la liberté de la presse, par le droit de coalition et de
réunion, ainsi que par l'utilisation habile des divisions au sein de la
classe régnante elle-même.
Elle est devenue la sauvegarde des
ouvriers anglais, elle a été élargie peu à peu à toutes les grandes
branches d'industrie et étendue, l'année dernière, à presque tous les
métiers, du moins à tous ceux où sont occupés des femmes et des enfants.
Sur l'histoire de cette réglementation légale de la journée de travail
en Angleterre, l'ouvrage présent contient une documentation extrêmement
détaillée.Le prochain « Reichstag de l'Allemagne du Nord » aura
également à discuter une loi industrielle, et, par conséquent, à
réglementer le travail dans les fabriques. Nous espérons que pas un des
députés qui ont dû leur élection à des ouvriers allemands, n'ira à la
discussion de cette loi sans s'être auparavant familiarisé complètement
avec le livre de Marx. On peut obtenir beaucoup. Les divisions dans les
classes régnantes sont plus favorables aux ouvriers qu'elles le furent
jamais en Angleterre, parce que le suffrage universel contraint les
classes dominantes à rechercher la faveur des ouvriers. Dans ces
circonstances, quatre ou cinq représentants du prolétariat sont une
puissance, s'ils savent utiliser leur situation, s'ils savent avant tout
de quoi il s'agit; ce que les bourgeois ne savent pas. Et pour cela le
livre de Marx leur met en mains la documentation toute prête.
Nous laisserons de côté une série d'autres recherches très belles
d'un intérêt plus théorique et nous nous contenterons d'en venir au
chapitre final qui traite de l'accumulation du capital. On y prouve
d'abord que la méthode de production capitaliste, c'està-dire, réalisée
par des capitalistes d'une part et des salariés d'autre part, non
seulement reproduit constamment son capital au capitaliste, mais produit
toujours aussi en même temps la misère des ouvriers; de sorte que l'on
veille à ce que, d'une façon constante et renouvelée, existent d'un côté
des capitalistes qui sont les possesseurs de tous les moyens de
subsistance, de toutes les matières premières et de tous les instruments
de travail, et, de l'autre côté, la grande masse des ouvriers qui sont
contraints de vendre leur force de travail à ces capitalistes pour une
certaine quantité de moyens de subsistance, suffisants tout au plus,
dans le meilleur des cas, pour les maintenir en état de travailler et
pour faire grandir une nouvelle génération de prolétaires aptes au
travail.
Mais le capital ne se contente pas d'être reproduit : il est
continuellement augmenté et grossi et avec lui, sa puissance sur la
classe non possédante des ouvriers. Et de même qu'il est reproduit
lui-même dans des proportions de plus en plus grandes, le mode de
production capitaliste moderne reproduit également à une échelle
toujours plus grande, et en nombre toujours croissant, la classe des
ouvriers qui ne possèdent rien.
L'accumulation du capital reproduit les rapports du capital à une échelle plus large, plus de capitalistes ou de plus gros capitalistes à un pôle, plus d'ouvriers salariés à l'autre... L'accumulation du capital est donc l'augmentation du prolétariat.
Mais comme pour faire la même quantité de produits, il faut toujours moins d'ouvriers par suite du progrès du machinisme, de l'amélioration de l'agriculture, etc., comme ce perfectionnement, c'est-à-dire, cet excédent d'ouvriers grandit plus rapidement que le capital lui-même, qu'advient-il de ce nombre toujours plus grand d'ouvriers ? Ils forment une armée de réserve industrielle qui, pendant les périodes d'affaires mauvaises ou médiocres, est payée au-dessous de la valeur de son travail et est occupée irrégulièrement ou encore tombe à la charge de l'assistance publique, mais est indispensable à la classe capitaliste pour les moments d'activité particulièrement vive des affaires, comme cela apparaît de façon tangible en Angleterre, mais qui, en tout état de cause, sert à briser la force de résistance des ouvriers occupés régulièrement et à maintenir leurs salaires à un bas niveau.
Plus la richesse sociale est grande..., plus est grande la surpopulation relative ou l'armée de réserve industrielle. Mais plus cette armée de réserve est grande par rapport à l'armée ouvrière active [occupée régulièrement] et plus massive est la surpopulation consolidée [permanente], c'est-à-dire les couches d'ouvriers dont la misère est en proportion inverse de la peine de leur travail. Plus, enfin, la couche de la classe ouvrière partageant le sort de Lazare et l'armée de réserve industrielle sont grandes, plus est grand le paupérisme officiel. Telle est la loi générale, absolue de l'accumulation capitaliste.
Telles sont, prouvées d'une façon rigoureusement scientifique -
et les économistes officiels se gardent bien de tenter seulement de les
réfuter - quelques-unes des lois principales du système social
capitaliste moderne. Mais avec cela avons-nous tout dit ? Pas du tout.
Avec la même netteté que Marx souligne les mauvais côtés de la
production capitaliste, il prouve, de façon aussi claire, que cette
forme sociale était nécessaire pour développer les forces productives de
la société à un niveau qui permette le même développement vraiment
humain pour tous les membres de la société. Toutes les formes sociales
antérieures ont été trop pauvres pour cela. Seule, la production
capitaliste crée les richesses et les forces de production nécessaires à
cette fin, niais elle crée en même temps, avec la masse des ouvriers
opprimés, la classe sociale qui, de plus en plus, est contrainte de
revendiquer l'utilisation de ces richesses et de ces forces productives
pour toute la société et non, comme aujourd'hui, pour une classe
monopoliste.
(Demokratisches Wochenblatt, de Leipzig, 21-28 mars 1868.)
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EXTRAIT DE LA PRÉFACE AU DEUXIÈME LIVRE DU « CAPITAL »
Vers la fin du siècle dernier, régnait encore, comme chacun
sait, la théorie phlogistique, d'après laquelle la nature de toute
combustion consistait en ce que du corps en combustion il se détachait
un autre corps, un corps hypothétique, une matière combustible absolue à
qui on donnait le nom de phlogiston. Cette théorie suffisait à
expliquer la plupart des phénomènes chimiques alors connus, non sans
toutefois, dans certains cas, faire violence aux faits. Or, voici qu'en
1774, Priestley produisit une espèce d'air « qu'il trouva si pur ou si
exempt de phlogiston que, par comparaison, l'air ordinaire paraissait
déjà vicié » Il l'appela : air déphlogistisé. Peu dé temps après,
Scheele produisit, en Suède, la même espèce d'air et prouva qu'il
existait dans l'atmosphère. Il constata également qu'il disparaissait
quand on brûle un corps dans son sein ou dans l'air ordinaire. Il
l'appela donc « air à feu ».
De ces résultats, il tira la conclusion que la combinaison qui naît de l'alliance du phlogiston avec un des éléments de l'air [c'est-à-dire dans la combustion], n'était que du feu ou de la chaleur qui s'échappait du verre2.
Priestley et Scheele avaient tous deux produit l'oxygène, mais
sans savoir ce qu'ils avaient sous la main. Ils « ne pouvaient se
dégager des catégories « phlogistiques », telles qu'ils les trouvaient
établies.» L'élément qui allait renverser toute la conception
phlogistique et révolutionner la chimie restait, entre leurs mains,
frappé de stérilité.
Mais Priestley avait immédiatement communiqué sa
découverte à Lavoisier, à Paris, et celui-ci, partant de ce fait
nouveau, soumit à l'investigation toute la chimie phlogistique ; c'est
alors qu'il découvrit que la nouvelle sorte d'air était un élément
chimique nouveau, que, dans la combustion d'un corps, ce n'est pas le
mystérieux phlogiston qui s'échappe, mais bien ce nouvel élément qui se
combine avec le corps, et il mit ainsi sur ses pieds toute la chimie
qui, sous sa forme phlogistique, était mise à l'envers.
Et s'il n'est
pas exact, contrairement à ce qu'il a prétendu par la suite, qu'il ait
produit l'oxygène en même temps que Priestley et Scheele et
indépendamment d'eux, il n'en reste pas moins celui qui a vraiment
découvert l'oxygène par rapport aux deux autres qui l'avaient simplement
produit, sans avoir la moindre. idée de ce qu'ils avaient produit.
Marx est à ses prédécesseurs, quant à la théorie de la plus-value, ce
que Lavoisier est à Priestley et à Scheele. Longtemps avant Marx on
avait établi l'existence de cette partie de la valeur du produit que
nous appelons maintenant plus-value ; on avait également énoncé plus ou
moins clairement en quoi elle consiste : à savoir dans le produit du
travail pour lequel l'acquéreur ne donne pas d'équivalent.Mais on
n'allait pas plus loin. Les uns, les économistes bourgeois classiques,
étudiaient tout au plus le rapport suivant lequel le produit du travail
est réparti entre l'ouvrier et le possesseur des moyens de production.
Les autres, les socialistes, trouvaient cette répartition injuste et
cherchaient des moyens utopiques à mettre fin à cette injustice. Ni les
uns ni les autres ne réussissaient à se dégager des catégories
économiques qu'ils avaient trouvées établies.
Alors
Marx vint. Et il prit le contrepied direct de tous ses prédécesseurs.
Là où ceux-ci avaient vu une solution, il ne vit qu'un problème.
Il s'aperçut qu'il n'y avait ici ni « air déphlogistisé » ni « air à
feu », mais de l'oxygène ; qu'il ne s'agissait ici ni de la simple
constationd'un fait économique, ni du conflit de ce fait avec la justice
éternelle et la vraie morale, mais d'un fait appelé à bouleverser toute
l'économie, et qui, pour la compréhension de toute la production
capitaliste, offrait la clef à qui savait s'en servir. Partant de ce
fait, il examina toutes les catégories existantes, de même que Lavoisier
partant de l'oxygène, avait examiné les catégories existantes de la
chimie phlogistique.
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2 ROSCOE-SCHORLEMMER : Manuel complet de chimie, Brunswick, 1877 I, p. 3-18 (Note d'Engels.)
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RESUME DU CAPITAL
Le procès de la production du capital (Livre Premier)
Préface à l'édition allemande
CINQUANTE années se sont
écoulées depuis la mort de Karl Marx. Alors que cette période a suffi
pour faire sombrer dans l'oubli total les oeuvres d'écrivains fort
connus de leurs contemporains elle n'a été pour le Capital de Karl Marx
qu'une marche triomphale, à travers le monde entier. Le résumé de cette
oeuvre par Engels, que nous pouvons pour la première fois faire lire en
langue allemande au prolétariat allemand, revêt donc, pour cette raison,
une importance particulière.
Engels entreprit ce travail quand, à la
demande de Marx, il écrivit pour la Fortnightly Review, revue libérale
de gauche paraissant à Londres, un article sur le premier tome du
Capital. Mais le rédacteur de la Fortnightly Review, renvoya à l'auteur
la première partie de l'article, et Engels cessa d'y travailler.
Engels
qui préparait son travail avec beaucoup de soin, avait commencé suivant
en cela les directives précises de Marx par prendre des extraits du
Capital ; le résumé que nous publions aujourd'hui en est le résultat.
Le 17 avril 1868, Engels écrivait à Marx
Avec le temps limité dont je dispose, la dissection de ton livre me donne plus d'ouvrage que je ne le prévoyais ; car enfin3, une fois qu'on s'attelle à ce travail il faut au moins le faire à fond et pas seulement en vue de cet objectif spécial.
Ce travail, Engels l'a effectué vraisemblablement dans la première moitié de l'année 1868 il n'a pas dépassé la quatrième partie. la Production de la plus-value relative, chapitre XIII : « Machinisme et grande industrie », sous-chapitre 6. Le résumé n'a pas été achevé Cependant, même sous cette forme, il rendra de précieux services au prolétariat, car, il résume magistralement en termes propres, les idées fondamentales du Capital. Engels nous montre la voie à suivre pour se pénétrer des enseignements du Capital. Aussi, le résumé sera-t-il un guide important dans l'étude de l'économie politique marxiste.
Ce travail est, par endroits, difficile à comprendre. C'est qu'il n'est pas destiné à remplacer l'étude préalable d'oeuvres économiques marxistes élémentaires comme Travail salarié et capital , Salaires, prix et profits, comme les parties économique de l'article sur Karl Marx de Lénine et de l'Anti-Dahring d'Engels ; il doit seulement permettre au lecteur prolétarien de passer de l'étude de ces ouvrages, facilement compréhensibles, à celle du Capital.
Seul Engels, le génial collaborateur de
Marx, co-fondateur du matérialisme historique et du communisme
scientifique, qui a lui-même exploré le domaine de l'économie politique,
pouvait, dans son résumé, restituer le contenu du Capital sous une
forme aussi claire et aussi condensée. Son art de la popularisation
repose sur une maîtrise absolue de la méthode du màtérialisme
dialectique. Le résumé est un modèle de recherche et
______________________________
3 En français dans le texte (N.T.)
d'exposition matérialistes. Les
catégories économiques sont montrées dans leur développement historique.
Engels n'a omis, dans son résumé aucune des transitions révélées par le
Capital. Alors que les falsificateurs idéalistes du marxisme contestent
la base matérielle qui sert d'assise aux catégories marxistes de
l'économie politique, Engels, matérialiste, part toujours des conditions
de production. Voilà pourquoi son résumé est une arme contre la
déformation menchévik de l'économie marxiste dans le sens idéaliste.
Le résumé est centré sur la théorie de
la plus-value. Quand, en 1884, Deville fit paraître en France l'abrégé
populaire du Capital, Engels lui reprocha, en particulier, d'y avoir mis
des choses «inutiles pour l'intelligence de la théorie de la plus-value
et de ses conséquences (et c'est cela justement qui importe pour un
abrégé populaire) ». Engels étudie avec une attention particulière les
lois de la production de la plus-value, car la production de plus-value,
l'exploitation des ouvriers, éveille dans le prolétariat les forces de
l'indignation, de la révolte. Par ailleurs, la production de plus-value
aboutît à un tel épanouissement des forces productives que le cadre du
mode de production capitaliste devient trop étroit, que le renversement
de la bourgeoisie, l'instauration de la dictature prolétarienne,
l’édîfication du socialisme deviennent possibles et néssaires.
C'est dans la façon dont Engels met la production de la plus-value au
centre de son travail qu'en apparaît le caractère rêvolutionnaire. Il
traite des contradictions économiques de la production des marchandises,
depuis la contradiction entre la valeur d'usage et la valeur d'échange,
jusqu'à sa forme la plus élevée dans le capitalisme.
Dans la
contradiction économique, il découvre la contradiction de classe il
montre les classes en tant que supports des contradictions économiques.
Soit par des citations de Marx, soit par des formulations personnelles,
Engels met justement en relief le côté révolutionnaire et «
révolutionnarisant » du capitalisme :
La plus-value est le surtravail cristallisé et seule la forme de son extorsion distingue les diverses formations sociales.
Le capital ne se soucie donc nullement de la santé et de la vie de l'ouvrier, à moins d'y être forcé par la société.
Engels souligne que
devant les ouvriers se dressent les puissances spirituelles du processus de travail en tant que propriété étrangère et force qui les domine.
Combien lamentables paraissent à côté du résumé d'Engels les innombrables tentatives faites par les économistes bourgeois et social-démocrates (Kautsky, Borchardt, etc.) pour populariser et abréger le Capital, c'est-à-dire pour le vulgariser - au pire sens du mot - et le falsifier.
II est regrettable qu'Engels n'ait pu terminer son travail. Cependant, même sous cette forme inachevée, il sera pour le lecteur un guide indispensable à travers le Capital.
Le texte a été établi sur la base d'une
vérification minutieuse du texte original, d'après les copies
photographiques qui se trouvent à l'Institut Marx-Engels-Lénine. Nos
additions, qui se bornent essentiellement à l'explication de mots
étrangers, ont été placées entre crochets. Les indications paginales
données par Engels se rapportent à la première édition allemande du
Capital, tome I, Editions Otto Meissner ;les chiffres ajoutés entre
crochets se rapportent à l'édition établie par les soins de l'Institut
Marx-Engels-Lénine.
L'édition du résumé que nous publions aujourd'hui a été préparée par Horst Frochlich. INSTITUT MARX-ENGELS-LÉNINE.
LIVRE PREMIER
Le procés de la production du capital
PREMIERE PARTIE
LA MARCHANDISE ET L'ARGENT
I. La marchandise en soi
La
richesse des sociétés dans lesquelles règne la production capitaliste
consiste, en marchandises. La marchandise est une chose qui possède une
valeur d'usage ; cette dernière existe dans toutes les formes sociales,
mais, dans la société capitaliste, la valeur d'usage est en même temps
le support matériel de la valeur d'échange.
La valeur d'échange présuppose un tertium comparationis4 auquel elle est mesurée : le travail, la substance sociale commune des valeurs d'échange, plus précisément le temps de travail socialement nécessaire qui y est matérialisé.
De même que la marchandise [revêt] un double aspect valeur d'usage et valeur d'échange, de même, le travail contenu en elle [est] doublement déterminé: d'une part comme activité productive déterminée, travail du tisserand, du tailleur, etc., « travail utile », d'autre part, comme simple dépense de force de travail humaine, travail cristallisé, abstrait. Le premier produit de la valeur d'usage, le second de la valeur d'échange ; seul, ce dernier est quantitativement comparable (la distinction entre travail skilled [qualité] et unskilled [non qualifié], travail composé et travail simple, le confirme).
[La] substance de la valeur d'échange [est] donc le travail abstrait. Sa grandeur [se mesure] au temps employé. [Reste] encore à considérer la forme de la valeur d'échange.
1. x marchandise A = y marchandise B,
la valeur d'une marchandise exprimée en valeur d'usage d'une autre
[marchandise] est sa5 valeur relative. L'expression de l'équivalence de
deux marchandises est la forme simple de la valeur relative. Dans
l'équation ci-dessus, y marchandise B est l'équivalent. En lui, x
marchandise A reçoit sa forme valeur par opposition à sa6 forme
naturelle, alors que y marchandise B reçoit en même temps, dans sa
propre forme naturelle, la propriété de pouvoir être directement
échangé.
La valeur d'échange est imprimée à la valeur d'usage de la
marchandise par des conditions historiques déterminées. Elle ne peut
donc l'exprimer dans sa propre valeur d'usage, mais seulement dans la
valeur d'usage d'une autre marchandise. C'est seulement dans la mise en
égalité de deux produits concrets du travail que le travail concret
contenu dans l'un et dans l'autre révèle sa qualité de travail humain
abstrait ; c'est-à-dire qu'une marchandise peut se comporter comme
simple matérialisation de travail abstrait, non pas envers le travail
concret contenu en elle-même, mais envers le travail concret contenu
dans une autre espèce de marchandise.
L'équation x marchandise A =
y marchandise B implique. nécessairement que x marchandise A puisse
être également exprimé dans d'autres marchandises, donc :
2. x marchandise A = y marchandise B = z marchandise C =v mimarchandise D = u marchandise E . etc., etc.
C'est
là la forme développée de la valeur relative. Ici, x marchandise A, en
tant que simple matérialisation du travail qui y est contenu, ne se
rapporte plus à une marchandise, mais à toutes. Mais par simple
inversion, elle conduit à
4 Terme de comparaison. (N. T.)
5 Se rapporte à l'expression « x marchandise A,». (N. R.)
6 Se rapporte au- mot « marchandise ». (N. R.)
3. la deuxième forme, réfléchie, de la valeur relative.
y marchandise B = x marchandise A
z marchandise C = x marchandise A
v marchandise D = x marchandise A
u marchandise E = x marchandise A
etc., etc.
Ici, les marchandises reçoivent la forme de valeur relative générate,
dans laquelle, en tant que marchandiises, elles s’abstraient de leur
valeur d'usage pour s'identifier, en tant que matérialisation du travail
abstrait, dans [l’expression] x marchandise A. L'expression x
marchandise A est la forme générique de l'équivalent pour toutes les
autres marchandises, elle est leur équivalent général; le travail qui y
est matérialisé vaut simplement comme réalisation de travail abstrait,
comme travail général. Mais maintenant :
4. Chaque marchandise de la
série peut prendre le rôle d'équivalent général; mais, simultanément,
elles ne peuvent prendre [pour équivalent général] qu'une des
marchandises [de la série] car si toutes les marchandises étaient des
équivalents généraux, chacune en exclurait l'autre à nouveau.
La
forme 3 n'est pas engendrée par x marchandise A, mais par les autres
marchandises, objectivement. Il faut donc qu'une marchandise déterminée
prenne le rôle [d'équivalent général] - elle peut changer pour l'instant
- et c'est par là seulement que la marchandise devient intégralement
marchandise. Cette marchandise particulière avec la forme naturelle [de
laquelle] se confond la forme de l'équivalent général, est l'argent.
La
difficulté de la marchandise réside en ce que, comme toutes les
catégories du mode de production capitaliste, elle représente sous une
enveloppe matérielle un rapport entre individus. Les producteurs
rapportent leurs divers travaux les uns aux autres comme travail humain
général, tandis qu'ils rapportent leurs produits entre eux en tant que
marchandises, sans l'entremise des choses ils ne sauraient y parvenir.
Le rapport entre les individus apparaît donc comme un rapport entre les
choses.
Pour une société où prédomine la production des marchandises,
le christianisme, [et plus] spécialement le protestantisme, [est] la
religion appropriée.
II. Procès d'échange de la marchandise.
DANS l'échange, la marchandise démontre qu'elle est marchandise. Les possesseurs de deux marchandises doivent avoir la volonté d'échanger leurs marchandises resp[ectives] et, par conséquent, se reconnattre mutuellement la qualité de propriétaires privés. Ce rapport juridique, dont la forme est le contrat, n'est que le rapport de volontés, dans lequel se reflète le rapport économique. Le contenu de ce rapport [de droit et de volontés] est donné par le rapport économique même, P. 45 (90/95).
La marchandise est valeur d'usage pour celui qui ne la possède pas, elle n'est pas valeur d'usage pour son possesseur7. D'où le besoin d'échange. Mais chaque possesseur de marchandise veut acquérir des valeurs d'usage qui lui soient spécifiquement utiles - en ce sens l'échange est un processus individuel. Par ailleurs, il veut réaliser sa marchandise comme valeur, par conséquent dans n'importe quelle marchandise, que sa [propre] marchandise soit ou non valeur d'usage pour le possesseur de l'autre marchandise. En ce sens, l'échange est pour lui un processus social général. Mais le même processus ne peut pas être pour tous les propriétaires de marchandises à la fois individuel et social général.Chaque possesseur de marchandise considère sa [propre] marchandise comme l'équivalent général, et toutes les autres marchandises comme autant d'équivalents particuliers de la sienne. Comme tous les possesseurs de marchandises font de même, aucune marchandise n'est équivalent général : par suite, aucune marchandise ne revêt la forme générale de valeur relative, dans laquelle toutes les valeurs s'égaleraient et pourraient être comparées comme grandeurs de valeurs. Elles ne se rapportent donc pas les unes aux autres comme marchandises, mais seulement comme produits. P. 47 [92/97].
_________________
7 Engels emploie
les mots de non-possesseur et non-valeur d'usage et dit littéralement : «
La marchandise est valeur d'usage pour son non-possesseur, elle est
non-valeur d'usage pour son possesseur. « (N. T.)
Les marchandises ne peuvent se rapporter les unes aux autres comme valeurs, et par suite comme marchandises, que si elles se rapportent toutes à une autre marchandise quelconque comme équivalent général. Mais seul le fait social peut muer une marchandise déterminée en équivalent général : l'argent.
La contradiction immanente de la marchandise en tant qu'unité directe de valeur d'usage et valeur d'échange, en tant que produit du travail privé utile... et en tant que matérialisation directe et sociale de travail humain abstrait, cette contradiction n'a pas de cesse avant d'avoir abouti au dédoublement de la marchandise en marchandise et argent. P. 48 [92-93/97].
Toutes les autres marchandises n'étant
que des équivalents particuliers de l'argent et celui-ci étant leur
équivalent général, elles se comportent comme marchandises particulières
à l'égard de l'argent, marchandise générale. Le processus d'échange
donne à la marchandise qu'il transforme en argent non pas sa valeur,
mais sa forme-valeur. P. 53 [97-98/100.
Fétichisme : une marchandise
ne semble pas devenir argent parce que les autres marchandises expriment
en elle leurs valeurs, mais ces dernières semblent au contraire
exprimer leurs valeurs en elle parce qu'elle est argent.
III. La monnaie ou la circulation des marchandises.
A. Mesure des valeurs (or = monnaie supposée).8
LA monnaie comme mesure de la valeur est la forme sous laquelle se
manifeste nécessairement la mesure de la valeur immanente des
marchandises : le temps de travail. La simple expression de la valeur
relative de la marchandise en argent, x marchandise A = y argent, est
son prix. P. 55 [99-100/105].
Le prix de la marchandise, sa forme
argent, est exprimé en monnaie idéale ; c'est donc seulement l'argent
idéal qui mesure les valeurs. P. 57 {101/105].
Une fois réalisée la transformation de
la valeur en prix, il devient techniquement nécessaire de développer
davantage encore la mesure des valeurs pour aboutir à l'étalon des prix ;
c'est-à-dire qu'une quantité d'or est fixée qui sert de mesure aux
diverses [autres] quantités d'or. Le tout est essentiellement distinct
de la mesure des valeurs qui, elle-même, dépend de la valeur de l'or ;
quant à cette dernière, elle est indifférente pour la mesure des prix.
P, 59 [l05-106/108].
Les prix étant formulés en appellations arithmétiques de l'or9, l'argent sert [alors] de monnaie de compte.
Si
le prix, comme exposant de la grandeur de valeur de la marchandise est
l'exposant de son rapport d'échange avec la monnaie, il ne s'ensuit pas
réciproquement que l'exposant du rapport d'échange avec la monnaie soit
nécessairement le rapport de sa grandeur de valeur.
En supposant
que des circonstances permettent ou imposent de vendre une marchandise
au dessus ou au-dessous de sa valeur, ces prix de vente, s'ils ne
correspondent pas à sa valeur, n'en sont pas moins le prix de la
marchandise, car ils sont :
1. la forme de sa valeur, l'argent, et
2. les exposants de ses rapports d'échange avec l'argent.
La
possibilité de désaccord quantitatif entre le prix et la grandeur de
valeur est donc donnée dans la forme prix elle-même. Cela ne constitue
pas une défectuosité de cette forme ; celle-ci devient au contraire
ainsi la forme adéquate d'un mode de production où la règle ne peut
prévaloir qu'en tant que loi moyenne, à l'action aveugle, de
l'irrégularité.
La forme prix peut ce[pendant aussi] dissimuler [une]
contradiction qualitative, de sorte que le prix cesse, d'une façon
générale, d'être expression de valeur... La conscience, l'honneur, etc.,
peuvent... par leur prix acquérir la forme marchandise. P. 60-61
[107/112].
La mesure des valeurs en argent, la forme prix, implique
la nécessité de l'aliénation [vente] ; la mesure idéale des prix
[implique] la [mesure] réelle. D'où la circulation.
B. Moyens de circulation.
a) La métamorphose des marchandises.
Forme simple : M-A-M
(marchandise-argent-marchandise), dont le contenu matériel =M-M. Abandon
de valeur d'échange, appropriation de valeur d'usage.
___________
8 Le
texte de Marx dit, plus clairement : « Dans un but de simplification,
nous supposons que l'or est la marchandise qui remplit les fonctions de
monnaie. » (N. T.)
2. C'est-à-dire en noms monétaires ; livre, franc, ducat... (N, T.)
1. Première phase : M-A = vente, avec deux éventualités :celle de la non-réussite [de la vente] ou celle de la vente au-dessous de la valeur ou au-dessous du prix de revient, si la valeur sociale de la marchandise se modifie.
La
division du travail transforme le produit du travail en marchandise et
nécessite par cela même sa transformation en argent.
En
même temps elle remet au hasard la réussite de cette
trans-substantiation. P. 60-67 [111-113/115-116]. Pour considérer ici le
phénomène en lui-même, M-A présuppose que le possesseur de l’A (au cas
où il n'est pas producteur d'or) a auparavant échangé d'autres M contre
son A (la possession de l'A résulte pour lui de la vente antérieure
d'autres M) : pour l'acheteur, le phénomène n'est donc pas seulement
l'inverse = A-M, mais [encore] il présuppose de sa part une vente
antérieure, etc., de sorte que nous nous trouvons dans une série infinie
d'achats et de ventes.
2 . La même chose se produit dans la deuxième phase, A-M. Achat, qui est en même temps une vente pour l'autre participant.
3. Le processus d'ensemble est donc un cycle d'achats et de ventes. Circulation des marchandises.
Cette
dernière [est] toute différente de l'échange direct des produits ;
d'une part les limites locales et individuelles de l'échange direct des
produits sont brisées, la permutation du travail humain [est]développée ;
d'autre part, il apparaît ici déjà que tout le processus est
conditionné par des rapports naturels sociaux indépendants des personnes
qui interviennent dans ces opérations. P. 72 [117/120].
L'échange
simple s'est éteint dans le seul acte d'échange au cours duquel chacun
[des partenaires] a échangé de la non-valeur d'usage pour de la valeur
d'usage ; [mais] la circulation continue indéfiniment.
P. 73 [118/121]. Voici un dogme économique faux :
La circulation des marchandises exigerait nécessairement l'équilibre
des achats et des ventes, chaque achat étant vente et vice-versa - ce
qui reviendrait à dire que chaque vendeur amène son [propre] acheteur
sur le marché.
1. L'achat et la vente constituent d'une part, un
acte identique de deux personnes polariquement opposées, d'autre part,
deux actes polariquement opposés d'une [même] personne. L'identité entre
l'achat et la vente implique donc que la marchandise est inutile, quand
elle n'est pas vendue, donc aussi que cette éventualité peut survenir.
2.
M-A en tant que processus partiel est en même temps, un processus
indépendant et implique que l'acquéreur de l'A peut choisir le moment où
il transformera à nouveau cet A en M. Il peut attendre. L'unité
intérieure des processus indépendants, M-A et A-M se meut, justement du
fait de l'indépendance de ces processus, dans des contradictions
extérieures, et lorsque la tendance qu'ont ces processus dépendants à
devenir indépendants atteint une certaine limite, l'unité s'impose par
une crise, dont la possibilité [est] par conséquent donnée ici même. En
tant qu'intermédiaire de la circulation des marchandises, la monnaie est
moyen de circulation.
b) Mouvement de la monnaie.
Chaque
marchandise individuelle entre et sort de la circulation par
l'intermédiaire de la monnaie ; la monnaie, elle, y reste toujours. Bien
que, par suite, le mouvement de la monnaie ne soit que l'expression de
la circulation des marchandises, cette dernière n'en apparaît pas moins
comme le résultat du mouvement de la monnaie. Comme l'argent reste
constamment dans la sphère de la circulation, la question se pose de la
quantité d'argent qui y est contenue.
______________________________________________
10 Lettres grecques dans le texte d'Engels. (N. R.)
La masse de l'argent circulant est
déterminée par la somme des prix des marchandises (pour une valeur
constante de la monnaie), et cette somme des prix par la masse des
marchandises en circulation. Cette masse de marchandises étant supposée
donnée, la masse de l'argent circulant varie avec les fluctuations de
prix des marchandises. La même pièce de monnaie servant à la conclusion
d'un certain nombre d'affaires dans un temps donné, on a pour un laps de
temps déterminé :
somme des prix des marchandises par nombre de
cycles d'une pièce de monnaie=masse de la monnaie fonctionnant comme
moyen de circulation. P. 80 [125/126].
Par suite, le papier-monnaie peut évincer l'or quand il est jeté dans une circulation saturée.
Comme dans le mouvement de la monnaie n'apparaît que le processus de
circulation des marchandises, la rapidité de ce mouvement révèle aussi
celle de ses métamorphoses [les métamorphoses de la circulation des
marchandises], son ralentissement [révèle] la séparation entre l'achat
et la vente, le ralentissement des échanges sociaux. La circulation ne
nous indique pas la cause de ce ralentissement; elle ne nous montre que
le phénomène. Le philistin l'explique par la quantité insuffisante de
moyens de circulation. P. 81 [125-126/126-127].
Ergo1:
1. Les prix
des marchandises restant constants, la masse de la monnaie circulante
augmente quand augmente la masse des marchandises en circulation ou que
se ralentit le mouvement de la monnaie; et elle diminue vice versa
[quand la masse des marchandises en circulation diminue ou que le
mouvement de la monnaie s'accélère].
2. Les prix des marchandises subissant une hausse générale, la masse de la monnaie circulante reste constante si la masse des marchandises diminue ou si la rapidité de la circulation augmente dans la même mesure.
3. Les prix des marchandises subissant une baisse générale, - inverse de 2.
Dans l'ensemble, on trouve une moyenne assez constante à laquelle
seules les crises pour ainsi dire font subir des perturbations
importantes.
c) Numéraire. Signe de valeur.
L'étalon des prix est fixé par
l'Etat, de même que l'appellation donnée à la pièce d'or déterminée - le
numéraire et sa fabrication. Sur le marché mondial, les uniformes
nationaux respectifs sont retirés (il est fait abstraction ici du trésor
accumulé de la Monnaie), de sorte que le numéraire et les lingots12 ne
se distinguent que par la forme.
- Mais la monnaie s'use dans la
circulation, l'or en tant que moyen de circulation se différencie de
l'or en tant qu'étalon des prix; le numéraire devient de plus en plus
[le] symbole de son contenu officiel.
Par là se trouve donnée d'une façon
latente la possibilité de remplacer l'argent métallique par des jetons
ou des symboles. D'où :
1. Monnaie divisionnaire de cuivre ou
d'argent, dont la fixation par rapport à la monnaie or réelle est
empêchée par la limitation de la quantité dans laquelle elle constitue
un legal tender13. Son contenu purement arbitraire [est] fixé par la loi
et sa fonction du numéraire devient ainsi indépendante de sa valeur.
D'où le progrès possible vers des signes absolument sans valeur.
2.
Papier-monnaie, c'est-à-dire papier-monnaie d'Etat avec cours forcé (la
monnaie de crédit ne sera pas encore traitée ici). Dans la mesure où ce
papier-monnaie circule réellement à la place de la monnaie d'or, il est
soumis aux lois de la circulation monétaire. Seul, le rapport dans
lequel ce papier remplace l'or peut faire l'objet d'une loi spéciale, à
savoir: l'émission de papier-monnaie doit être limitée à la quantité
dans laquelle l'or qu'il symbolise circulerait réellement14. Il est vrai
que le degré de saturation de la circulation oscille, mais partout
l'expérience fait apparattre un minimum au-dessous duquel il ne tombe
jamais. Ce minimum peut être émis. En outre, quand le degré de
saturation s'abaisse au minimum, une partie [du papier-monnaie] devient
immlédiatement superflue. En pareil cas, la quantité totale de papier au
sein du monde des marchandises ne symbolise cependant que la quantité
d'or déterminée par ses lois immanentes, donc seule capable d'être
symbolisée15. [Si] donc la masse de papier [constitue] le double de la
masse d'or absorbée, chaque morceau de papier se déprécie [et tombe] à
la moitié de sa valeur nominale. Tout comme si l'or avait subi une
modification dans sa fonction de mesure des prix, dans sa valeur. P. 89
(133/133-134).
______________
11 Donc. (N.T.)
12 L'or monnayé et l'or en barres. (N. T.)
13 Moyen de paiement légal. (N. R.)
C. La monnaie ou l'argent-monnaie.
a) La thésaurisation.
Avec le premier développement de la
circulation des marchandises se développe la nécessité et la passion de
retenir le produit de M-A, l'A. Au lieu de servir simplement
d'intermédiairé des échanges, cette métamorphose devient un but en
elle-même. L'argent se pétrifie, devient trésor, et le vendeur se change
en thésauriseur. P. 91 [135-136/135-136].
Cette forme prédominante [prédomine] justement aux débuts de la circulation des marchandises. Asie. Avec le développement de la circulation des marchandises, chaque producteur de marchandises doit s'assurer le nervus rerum16, le gage social de la force, l'A Ainsi se constituent partout des hoards17.Le développement de la circulation des marchandises augmente la puissance de la monnaie, forme toujours disponible et absolument sociale de la richesse. P. 92 [1.36-137/136-138]. L'instinct de thésaurisation est par essence illimité. Au point de vue de la qualité ou de forme, la monnaie n'a point de limites et reste le représentant général de la richesse matérielle, parce qu'elle peut directement se transformer en n'importe quelle marchandise. Mais au point de vue de la quantité, toute somme réelle est limitée et n'a donc, comme moyen d'achat, qu'une action limitée. Cette contradiction ramène sans cesse le thésauriseur à son travail de Sisyphe de l'accumulation.
A côté de cela, l'accumulation d'or et d'argent en plate18, [constitue] à la fois [un] nouveau marché pour ces métaux, et [une] source latente de monnaie.
La thésaurisation sert de canal
abducteur et adducteur de l'argent circulant dans les oscillations
permanentes du degré de saturation de la circulation. P. 93
[139-140/139].
____________
14 Dans le texte de Marx «
L'émission du papier-monnaie doit être proportionnée à la quantité d'or
(ou d'argent) dont il est le symbole et qui devrait réellement circuler.
» (N T)
15 Dans le texte de Marx : Le papier-monnaie n'est donc
signe de valeur qu'autant qu'il représente des quantités d'or qui, comme
toutes les autres quantités de marchandises, sont aussi des quantités
de valeur. » (N. T.)
16 Le nerf des choses. (N. T.)
17 Trésors. (N. T.)
18 Objets précieux..(N. T.)
b) Moyen de paiement.
Le développement de la circulation des marchandises fait surgir de
nouvelles, conditions: l'aliénation de la marchandise peut être séparée
chronologiquement de la réalisation de son prix.
La production des
diverses marchandises nécessite des durées diverses; elles sont
fabriquées à des saisons différentes; maintes marchandises doivent, être
expédiées vers des marchés lointains, etc. X19 peut donc être vendeur
avant que Y, l'acheteur, soit solvable. La pratique règle les conditions
de paiement de la façon suivante : X devient créancier, Y débiteur,
l'argent devient moyen de paiement. Le rapport entre le créancier et le
débiteur est donc d'ores et déjà antagoniste. (Il peut en être ainsi
indépendamment de la circulation des marchandises, par exemple dans
l'antiquité et au moyen âge.) P. 97 -[140-141/1140-141].
Dans ce rapport, l'argent fonctionne :
1. comme mesure de valeur pour la détermination des prix des marchandises vendues;
2. comme moyen d'achat idéal.
En
tant que trésor, A avait été soustrait à la circulation ici, en tant
que moyen de paiement20, A entre dans la circulation, mais seulement
quand M en est sortie. L'acheteur-débiteur vend pour pouvoir payer, sous
peine d'être saisi. A devient donc maintent le but même de la vente,
par une nécessité sociale découlant des conditions mêmes de la
circulation. P. 97-98 [141-142/141].
La non-simultanéité des achats et des
ventes, qui donne naissance à la fonction de l'argent comme moyen de
paiement, apporte21, en même temps, une économie de moyens de
circulation, la concentration des paiements en un endroit déterminé.
(Virements
à Lyon, au moyen àge, espèce de clearing house où seul [était] payé le
solde des créances réciproques. P. 98 [;143/ 142].
Tant que les paiements se balancent, la monnaie ne fonctionne, que d'une manière idéale comme monnaie de compte ou mesure de valeur. Dès qu'il faut effectuer des paiements réels, elle ne se présente plus comme moyen de circulation, comme simple forme éphémère servant d'intermédiaire aux échanges; elle devient l'incarnation individuelle du travail social, la réalisation indépendante de la valeur d'échange, une marchandise absolue. Cette contradiction directe éclate, lors des crises industrielles et commerciales, au moment qui s'appelle la crise monétaire. Elle ne se produit que là, où se sont complètement développés l'enchaînement progressif des paiements et un système artificiel d'équilibre entre eux. Ce mécanisme subit-il, pour une raison quelconque, des perturbations d'ordre général, la monnaie renonce brusquement et sans transition à sa forme idéale de monnaie de compte pour devenir espèces sonnantes et trébuchantes. Elle ne peut plus être remplacée par des marchandises vulgaires. P. 99 [143-144/143].
La monnaie de crédit résulte
de la fonction de la monnaie comme moyen de paiement, les certificats de
dettes circulent à leur tour et déplacent les créances. Avec le système
de crédit s'étend à nouveau la fonction de la monnaie comme moyen de
paiement, comme telle elle acquiert des formes d'existence propres, dans
lesquelles elle hante la sphère des grandes transactions commerciales,
tandis que la monnaie [métallique] est surtout refoulée dans la sphère
du commerce de détail. P. 101, [145/144-145].
Quand la
production de marchandises atteint un certain niveau et une certaine
étendue, la fonction de la monnaie-moyen de paiement dépasse la sphère
de la circulation des marchandises, elle devient la marchandise générale
des contrats. De versement en nature, les rentes, impôts, etc., se
transforment en versement d'argent. Voir la France de Louis XIV
(Boisguillebert et Vauban), par contre l'Asie, la Turquie, le Japon,
etc. P. 102 [146/145].
La transformation de l'argent en moyen de paiement exige - une accumulation d'argent pour les jours d'échéance - la thésaurisation qui disparaît dans le développement social continu comme forme indépendante d'enrichissement, reparaît à nouveau comme fonds de réserve des moyens de paiement. P. 103 [148/147].
_____________________________________________
19 Dans le texte d'Engels l’acheteur et le
vendeur sont désignés par A et B. Nous avons remplacé par X et Y pour
éviter la confusion avec l'argent A (G. en allemand) (N. T.)
20 Marx
écrit : « Le moyen de circulation s'est transformé en trésor, parce que
le mouvement de la circulation s'était arrêté à sa première moitié. Le
moyen de paiement entre dans la circulation, mais seulement après que la
marchandise en est sortie » (N. T.)
21 Dans le manuscrit d'Engels.: donnent et apportent. (N- T.)
c) La monnaie universelle.
Dans
la circulation universelle, les formes locales du numéraire, de la
monnaie divisionnaire, des signes de valeur se dépouillent et seule la
forme de l'argent [métal] en barres sert de monnaie universelle. C'est
seulement sur le marché mondial que la monnaie fonctionne pleinement
comme la marchandise dont la forme naturelle est, en même temps, la
réalisation sociale immédiate du travail humain in abstracto22. Sa
manière d'être devient adéquate à son concept. P. 103-104 (Détails, 105)
[148. Détails149-151/147-150].
__________________
22 En général. (N.. T.)
DEUXIEME PARTIE
LA TRANSFORMATION DE L'ARGENT EN CAPITAL
I. Formule générale du capital.
La circulation des marchandises est le point de
départ du capital. La production des marchandises, leur circulation et
son développement, le commerce, sont donc partout les facteurs
historiques qui font naître le capital. C'est de la création du commerce
moderne et du marché mondial au XVIe siècle que date l'histoire moderne
du capital. P. 106 (153/151).
Pour ne considérer que les formes économiques engendrées par la circulation des marchandises, [nous constatons que] son dernier produit est l'argent et c'est là la première forme d'apparition du capital. Historiquement, le capital se dresse toujours en face de la propriété foncière sous forme de fortune monétaire, de capital marchand ou de capital usuraire, et, actuellement encore, tout nouveau capital entre en scène sous forme d'argent qui doit se transformer en capital au moyen de processus déterminés.
L'argent en tant qu'argent et l'argent en tant que capital ne se distinguent tout d'abord que par la forme de leur circulation. A côté de M-A-M survient également la forme A-M-A, acheter pour vendre. L'argent, qui décrit dans ce mouvement cette forme de circulation, devient du capital, est déjà en lui-même, c'[est]-à-d[ire] par sa destination, du capital.
Le résultat de A-M-A est A-A, échange indirect d'argent , contre argent. J'achète pour 100 livres sterling du coton que je revends 110 livres ; en fin de compte j'ai échangé 100 livres contre 110, de l'argent contre de l'argent.
Si ce processus aboutissait à la même valeur monétaire qui y fut jetée initialement - 100 livres [issus] de 100 livres - ce [il] serait absurde. Mais que de, ses 100 livres le marchand tire 100, 110 ou seulement 50 livres, son argent n'en a pas moins décrit un mouvement particulier, tout à fait différent de la circulation des marchandises M-A-M. L'analyse des différences de forme qui distinguent ce mouvement de M-A-M permettra également de discerner la différence de contenu.
Les deux phases du processus sont respectivement les mêmes que dans M-A-M. Mais il existe une grande différence dans son ensemble. Dans M-A-M, l'argent est l'intermédiaire, la marchandise le point de départ et l'aboutissant ; ici, c'est M qui est l'intermédiaire, A le point de départ et l'aboutissant. Dans M-A-M, l'argent est définitivement dépensé, dans A-M-A, il est seulement avancé et doit être retrouvé. Il revient à son point de départ - [il y a] donc ici déjà une différence sensible et palpable entre la circulation de l'argent en tant que monnaie et de l'argent en tant que capital.
Dans M-A-M l'argent ne peut refluer à son point de départ que par la répétition de tout le processus, par la vente de marchandises fraîches, [nouvelles] ; le reflux est donc indépendant du processus lui-même. Dans A-M-A, par contre, il est conditionné d'avance par la structure même du processus, qui est incomplet s'il ne réussit pas. P. 110 [156/153].
M-A-M, a pour but final la valeur d'usage, A-M-A, la valeur d'échange [en] elle-même.
Dans M-A-M, les deux extrêmes ont la même forme
économique23. Ce sont tous deux des marchandises et de même valeur. Mais
ce sont en même temps des valeurs d'usage qualitativement différentes
et le processus a pour contenu l'échange social. Dans A-M-A, l'opération
paraît de prime abord tautologique, vide de contenu. Il semble absurde
d'échanger 100 livres sterling contre 100 livres sterling, et par un
détour au surplus. Une somme d'argent ne peut se distinguer d'une autre
que par la grandeur; A-M-A ne reçoit son contenu que par la différence
quantitative des extrêmes. On retire de la circulation plus d'argent
qu'on n'y en avait jeté. Le coton acheté 100 livres est vendu par
exemple 100 livres + 10 livres; le processus prend donc la forme A-M-A',
où A' = A + ΔA.
Ce ΔA, cet incrément [accroissement] est de la plus-value.
La valeur avancée initialement non seulement se maintient dans la
circulation, mais encore s'accroît d'une plus-value, se valorise, et ce
mouvement transforme l'argent en capital.
Dans M-A-M, il peut, certes, également exister une
différence de valeur entre les extrêmes, mais elle est purement fortuite
dans cette forme de circulation et M-A-M ne devient pas absurde quand
les extrêmes sont de valeur identique - au contraire, c'est même plutôt
la condition d'un fonctionnement normal.
La répétition de M-A-M
trouve sa mesure et sa raison d'être dans un but final extérieur à la
vente, et qui est la consommation, la satisfaction de besoins
déterminés. Dans A-M-A, au contraire, le début et la fin sont identiques
- de l'argent - et de ce seul fait, le mouvement est indéfini.
Toutefois, A + ΔA est une quantité différente de A, mais néanmoins une
somme d'argent limitée; si elle était dépensée elle cesserait d'être du
capital; si elle était retirée de la circulation, elle [resterait]
stationnaire sous forme de trésor24. Une fois donné le besoin de mise en
valeur de la valeur, il existe aussi bien pour A' que pour A et le
mouvement du capital est illimité parce qu'à la fin du processus son but
est tout aussi peu atteint qu'au début. P. 111 [1b6-159/153-156]. En
tant que support de ce processus, le possesseur d'argent devient
capitaliste.
Si dans la circulation des marchandises la valeur
d'échange arrive tout au plus à une forme indépendante [celle de
l'argent] par rapport à la valeur d'usage de la marchandise, ici elle
apparaît brusquement comme une substance processive25, douée d'un
mouvement propre et pour laquelle la marchandise et l'argent ne sont que
de simples formes; bien plus, en temps que valeur originale, elle se
distingue d'elle-même considérée comme plus-value. Elle devient de
l'argent processif26 et, à ce titre, du capital. P. 116 [162/158].
A-M-A'
semble, il est vrai, n'être qu'une forme propre au seul capital
commercial [marchand]. Mais le capital industriel est également de
l'argent qui se transforme en marchandise et, par la vente [de la
marchandise], se retransforme en une somme d'argent supérieure. Des
actes qui peuvent se passer entre l'achat et la vente, hors de la sphère
de la circulation, n'y changent rien. Dans le capital portant intérêt,
enfin, le processus se présente, directement [sous la forme] A-A',
valeur qui est en même temps plus grande qu'elle-même27. P. 117 [162-163/158-159].
_______________________________
23 Marx emploie seulement le mot « forme » Engels
emploie Formbes limmtheit. difficilement traduisible : certitude,
précision de forme, l'idée étant rigoureusement la même forme (N. T.)
24
Marx écrit : « Si elles sont dérobées à la circulation, elles -[ces
sommes, se pétrifient sous forme trésor et ne grossissent pas d'un liard
quand elles dormiraient là jusqu'au jugement-dernier » (N. T.)
25
Engels reproduit ici le mot employé par Marx : prozessierende Substanz,
c'est-à-dire substance en voie de processus, en mouvement continu. (N.
T.)
26 idem que 25
27 Marx écrit : « Enfin, par rapport au capital
usuraire, la forme est réduite à ses deux extrêmes sans terme moyen ;
elle se résume, en style lapidaire, en A-A', argent qui vaut plus
d'argent, valeur qui est plus grande qu'elle-même. » (N. T.)
II. Contradiction de la formule générale.
La forme de circulation par laquelle l'argent
devient capital contredit toutes les lois développées ci-dessus
relatives à la nature de la marchandise, de la valeur, de l'argent et de
la circulation elle-même. Est-ce la différence purement formelle de
l'ordre de succession [des deux phases opposées, la vente et l'achat
inversé] qui a pu produire ce résultat ?
Plus encore Cette inversion n'existe que pour une des trois personnes [pour un des trois contractants]. Capitaliste, j'achète de la marchandise à A et je la revends à B, A et B n'interviennent simplement que comme acheteur et vendeur de marchandises. Dans les deux cas, je ne suis à leur égard que simple possesseur d'argent ou simple possesseur de marchandises à l'égard de l'un [j'agis] comme acheteur ou argent, à l'égard de l'autre comme vendeur ou marchandise, mais à l'égard d'aucun, je ne suis capitaliste ou représentant de quelque chose qui serait plus que de l'argent ou de la marchandise.Pour A l'affaire a commencé par une vente, pour B, elle s'est terminée par un achat, par conséquent exactement comme dans la circulation des marchandises. De même, si je fondais le droit à la plus-value sur chacune des séries28 isolées, A pourrait vendre directement à B, et la chance de la plus-value tomberait.
Supposons que A et B s'achètent directement des
marchandises. En ce qui concerne la valeur d'usage, tous deux peuvent
gagner. A peut même produire de sa marchandise plus que B n'en pourrait
produire dans le même temps et vice-versa, de sorte que tous deux y
gagnent. Mais [il en va] différemment avec la valeur d'échange. Ici,
sont échangées des grandeurs de valeurs égales, même lorsque l'argent
intervient comme moyen de circulation. P. 119 [164-165/161].
Au
point de vue abstrait, il ne se produit, dans la circulation simple des
marchandises, outre le remplacement d'une valeur d'usage par une autre,
qu'un changement de forme [métamorphose] de la marchandise. Dans la
mesure où elle [la circulation des marchandises] n'amène qu'un
changement de forme de sa valeur d'usage, elle [n'] entraîne, lorsque ce
phénomène se réalise dans toute sa pureté [qu'] un échange
d'équivalents. Il peut certes arriver que des marchandises soient
vendues à des prix différents de leur valeur, mais seulement lorsque la
loi de l'échange des marchandises a été violée. Dans sa forme pure, il
[cet échange] est un échange d'équivalents ; [il ne représente] donc pas
un moyen de s'enrichir. P. 120 [165-166/162].
D'où l'erreur de toutes les tentatives de faire dériver la plus-value de la circulation des marchandises. Condillac, p. 121. [166/162-163]. Newmann, p. 122 [167/163].
Mais admettons que l'échange n'ait pas lieu sous sa forme pure, que des non-équivalents soient échangés. Admettons que chaque vendeur vende sa marchandise 10% au-dessus de sa valeur. Tout demeurant égal, ce que chacun gagne comme vendeur, il le reperd comme acheteur. Tout comme si la valeur de l'argent s'était modifiée de 10% - De même si les acheteurs achetaient tout 10% au-dessous de la valeur. P. 123 [168169/164] (Torrens).
L'hypothèse que la plus-value naît d'une hausse sur les prix présuppose qu'il existe une classe qui achète sans vendre, c'est-à-dire consomme sans produire, [une classe] à laquelle l'argent afflue sans cesse, gratuitement29. Vendre à cette classe des marchandises au-dessus du prix, c'est regagner en partie, par des moyens frauduleux, de l'argent qu'on avait donné sans rien recevoir en échange. (Asie mineure et Rome). Néanmoins, le vendeur reste toujours frustré et ne peut pas de cette façon s'enrichir, produire de la plus-value.
Prenons le cas de l'escroquerie. A vend à B du vin
qui vaut 40 livres contre du blé qui envaut 50. A gagne 10 [livres].
Mais A et B n'ont ensemble que 90. A a 50 et B [n'a] plus que 40. La
valeur est déplacée, mais non créée. Dans son ensemble, la classe
capitaliste d'un pays ne peut pas se léser elle-même. P. 126 [170/166].
___________________________________
28 La série est ici l'ensemble des deux transactions : achat de la marchandise à A et vente de la marchandise à B. (N. T.)
29
Marx écrit « l'argent avec lequel une telle classe achète constamment
doit constamment revenir du coffre des producteurs dans le sien, gratis,
sans échange, de gré ou en vertu d'un droit acquis. » (N. T.)
Donc, si l'on échange des équivalents, il ne se
produit pas de plus-value; si l'on échange des non-équivalents, il ne se
produit pas davantage de plus-value. La circulation des marchandises ne
crée pas de nouvelle valeur.
C'est pourquoi nous laissons de
côté ici les formes les plus anciennes et les plus populaires du
capital, le capital commercial et le capital usuraire. Si l'on ne veut
pas expliquer la mise en valeur du capital commercial par la simple
escroquerie, il faut recourir à de nombreux termes intermédiaires qui
manquentt encore ici. Plus encore pour le capital usuraire et le capital
portant intérêts. Plus tard, tous deux apparaîtront comme des formes
dérivées; [on verra] également pourquoi ils apparaissent historiquement
avant le capital moderne.
La plus-value ne peut pas naître de la
circulation. Mais en dehors d'elle. En dehors d'elle, le possesseur de
marchandises est un simple producteur de sa marchandise, dont la valeur
dépend de la quantité - mesurée d'après une loi sociale déterminée - de
son propre travail qui y est contenu ; cette valeur est exprimée en
monnaie de compte, par exemple dans un prix de 10. Mais cette valeur
n'est pas en même temps une valeur de 11 livres; son travail crée des
valeurs, mais pas de valeurs qui s'accroissent de leur propre chef30. Il
peut ajouter de la valeur à une valeur existante, mais cela uniquement
en y ajoutant du travail. Le producteur de marchandise ne peut donc pas
produire de la plus-value, en dehors de la sphère de la circulation,
sans entrer en contact avec d'autres possesseurs de marchandises.
Le capital doit, par conséquent, surgir à la fois dans la circulation des marchandises et non en elle31. P. 128 [173/168].
Donc
la transformation de l'argent en capital, doit être développée sur la
base des lois immanentes à l'échange des marchandises, de façon telle
que l'échange d'équivalents serve de point de départ. Notre possesseur
d'argent, qui n'existe plus qu'à l'état de chrysalide capitaliste, doit
acheter les marchandises à leur valeur, les vendre à leur valeur et
néanmoins tirer à la fin du processus plus de valeur qu'il y en a jetée.
Sa métamorphose en papillon doit se produire dans la sphère de la
circulation et en même temps hors de cette sphère. Telles sont les
données du problème. Hic Rhodus, hic salta !32. P. 129 [173174/168-169].
___________________________________
30 Engels reprend le mot de Marx sich verwerlende Werte, « des valeurs qui se mettent en valeur »(N. T.)
31
Marx écrit : « Le capital ne peut donc pas résulter de la circulation,
et il ne peut pas davantage ne pas résulter de la circulation. Il doit
surgir à la fois en elle et non en elle. Un double résultat a été ainsi
obtenu ». Ce passage n'existe pas dans la traduction Roy. (N. T. )
32 C'est ici Rhodes, ici saute ! C'est-à-dire Ici tu as l'occasion de montrer tes talents (N. R.)
III. Achat et vente de la force de travail.
La modification de valeur de l'argent, qui doit
se muer en capital, ne peut pas se produire en cet argent lui-même, car
il ne réalise dans l'achat que le prix de la marchandise; par ailleurs,
aussi longtemps qu'il reste argent, sa valeur, ne change pas et, dans la
vente, la marchandise ne fait que se transformer de sa forme naturelle
en sa forme argent.
La transformation doit donc se produire dans la
marchandise [au cours] du [processus] A-M-A, mais pas avec sa valeur
d'échange, puisqu'on échange des équivalents; elle [cette
transformation] ne peut donc naître que de sa valeur d'usage [de la
marchandise] comme telle, c'est-à-dire, de sa consommation [de son
utilisation].A cet effet, il faut une marchandise dont la valeur d'usage
ait la propriété d'être source de valeur d'échange, et cette
marchandise existe: [c'est] la force de travail. P. 130 [174-175/170].
Mais pour que le possesseur d'argent trouve la force
de travail en tant que marchandise sur le marché, il faut qu'elle soit
vendue par son propre possesseur, c'est-à-dire qu'elle soit de la force
de travail libre. Mais comme tous deux, l'acheteur et le vendeur, sont,
en qualité de contractants, des personnes juridiquement égales, la force
de travail ne doit être vendue que temporairement, car, dans la vente
en bloc33, le vendeur ne reste pas vendeur et devient lui-même
marchandise. Mais alors, au lieu de pouvoir vendre des marchandises où
se trouve matérialisé son travail, il faut que le possesseur soit en
mesure de vendre sa force de travail elle-même en tant que marchandise.
P. 131 [175-176/1711.
La transformation de l'argent en capital
exige donc que le possesseur d'argent trouve sur le marché le
travailleur libre, et libre à à un double point de vue. Il faut d'abord
que le travailleur puisse disposer, en personne libre, de sa force de
travail comme d'une marchandise lui appartenant, il faut ensuite qu'il
n'ait pas d'autre marchandise à vendre et que, libre dans tous les sens
du mot, il ne possède aucun des objets nécessaires pour réaliser sa
force de travail. P. 132 [176/172].
Notons en passant que le
rapport entre le possesseur d'argent et le possesseur de la force de
travail n'est pas un rapport naturel ou commun à toutes les époques,
social, mais un rapport historique, le produit de nombreuses
transformations économiques.
Ainsi, les catégories économiques
considérées jusqu'ici portent également leur cachet historique. Pour
devenir marchandise, le produit ne doit pas être fabriqué comme moyen de
subsistance immédiat; la masse des produits ne peut prendre la forme
marchandise qu'au sein d'un mode de production déterminé, le mode
capitaliste, bien que la production des marchandises et la circulation
puissent déjà avoir lieu là où la masse des produits ne devient jamais
marchandise. L'argent dito34 peut exister à toutes les époques qui sont
parvenues à un certain niveau de la circulation des marchandises ; les
formes particulières de l'argent, depuis le simple équivalent jusqu'à la
monnaie mondiale, présupposent des étapes différentes du développement;
néanmoins, une circulation des marchandises très faiblement développées
peut les produire toutes. Par contre, le capital ne surgit que lorsque
se trouve donnée la condition définie plus haut, et cette condition
embrasse [toute] une [période de l'] histoire universelle. P. 133
[177-178/173].
La force de travail possède une valeur d'échange
qui est déterminée, comme celle de toutes les marchandises par le temps
de travail nécessaire pour sa production, donc aussi sa reproduction. La
valeur de la force de travail est la valeur des moyens de subsistance
nécessaires à la conservation de son propriétaire, à sa conservation
dans un
________________________________
33 En Français dans le texte. (N. T.)
34 Pareillement. (N. T.)
état
où il garde une capacité de travail normale. Celle-ci se juge d'après
le climat, les conditions naturelles, etc., ainsi que d'après le
standard of life35, donné historiquement dans chaque pays. Elles [ces
conditions] varient,, mais sont fixes pour un pays déterminé et une
période déterminée. Elle [la somme des moyens de subsistance
nécessaires] comporte également les moyens de subsistance des hommes de
remplacement, c'est-là-dire des enfants, de telle sorte que la race de
ces possesseurs particuliers de marchandises se perpétue. De plus, pour
le travail habile, elle [ idem] comprend également les frais
d'apprentissage. P. 135 [178-180/174475].
La limite minimum de la
valeur de la force de travail est la valeur des moyens de subsistance
physiquement indispensables. Si le prix de la force de travail tombe à
ce minimum, elle descend alors au-dessous de sa valeur, car cette
dernière présuppose une qualité normale, non réduite, de la force de
travail. P. 136 [180-181/175-176].
La nature du travail implique que la force de
travail ne soit consommée qu'après la conclusion du contrat et comme,
pour de telles marchandises, la monnaie est le moyen de paiement le plus
fréquent, elle [la force de travail] n'est payée, dans tous les pays du
mode de production capitaliste, qu'après avoir été fournie. Partout,
par conséquent, l'ouvrier crédite le capitaltiste36. P. 137
[181-182/176-177].
Le processus de consommation de la force de
travail est, en même temps, processus de production, de marchandise et
de plus-value et cette consommation se déroule en dehors de la sphère de
la circulation. P. 140 [183-184/178].
_____________________________________
33 En Français dans le texte. (N. T.)
34 Pareillement. (N. T.)
35 Niveau de vie. (N. T.)
36
Marx écrit : « Dans tous les pays où règne le mode de production
capitaliste, la force de travail n'est donc pavée que lorsqu'elle a déjà
fonctionné pendant un certain temps fixé par le contrat. Le travailleur
fait donc partout au capitaliste l'avance de la valeur usuelle de sa
force ; il la laisse consommer par l'acheteur avant d'en obtenir le prix
; en un mot il lui fait partout crédit. » (N. T.)
TROISIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE ABSOLUE
I. Processus de travail et processus de mise en valeur.
L 'acheteur de la force de travail la consomme en
faisant travailler le vendeur. Ce travail, pour réaliser de la
marchandise, doit d'abord réaliser de la valeur d'usage et, en cette
qualité, il est indépendant des rapports spécifiques entre les
capitalistes et les ouvriers. [Suit] une description du processus de
travail en tant que tel. P. 141-149 [185-132/180 186].
Le processus de travail, sur la base capitaliste, revêt deux particularités :
1. l'ouvrier travaille sous le contrôle du capitaliste ;
2.
le produit est la propriété du capitaliste, car le processus de travail
n'est plus qu'un processus [mettant en jeu] de deux choses achetées par
le capitaliste : la force de travail et le moyen de production. P. 150
[193-194/187].
Cependant, le capitaliste exige la valeur d'usage
non pas pour elle-même, mais en tant que support de la valeur d'échange
et plus spécialement de la plus-value. Le travail, dans ces conditions
où la marchandise est unité de valeur d'usage et de valeur d'échange
[est à la fois valeur d'usage et valeur d'échange], devient donc unité
de processus de production et de processus de mise en valeur [devient
donc à la fois processus de production et processus de mise en valeur].
P. 151 [194-195/188].
Donc, étudier la quantité de travail matérialisée dans le produit.
Par exemple, le fil. Dans sa fabrication sont nécessaires 10 livres de
coton, mettons 10 sh. [shillings], et 2 sh. pour les moyens de travail,
pour la broche, dont l'usure nécessaire dans le filage est ici dénommée
brièvement « fraction de broche ». Il est donc entré dans le produit 12
sh. de moyens de production, c'[est]-à-[dire] à partir du moment où ce
produit est devenu une véritable valeur d'usage, du fil en l'occurrence,
et 2 sh. dès lors que seul le temps de travail socialement nécessaire a
été représenté dans ces moyens de travail. Combien le filage lui
ajoute-t-il [au produit] ?
Ici, le processus de travail [est]
donc considéré sous un tout autre angle ; dans la valeur du produit, les
travaux du planteur de coton, du constructeur de broches, etc., et du
fileur sont, en tant que parties comparables, qualitativement
identifiées au travail humain général, nécessaire, générateur de valeur
et n'y entrent, par conséquent, qu'au seul point de vue quantitatif ;
pour cette raison justement, ils sont quantitativement mesurables par le
temps employé, étant bien entendu qu'il est du temps de travail
socialement nécessaire puisque seul ce dernier est générateur de valeur.
Si
l'on suppose que la valeur journalière de la force de travail = 3 sh.
et que cette valeur journalière représente six heures de travail, qu'on
fabrique par heure 1 2/3 livre de fil, donc en 6 heures, 10 livres de
fil avec 10 livres de coton (comme plus haut), on constate qu'il est
ajouté en 6 heures, 3 sh. de valeur et que le produit vaut 15 sh. (10
sh. + 2 + 3 sh.) ou 1 sh. 6 d. [d. le penny = 1/12 de shilling] par
livre de fil.
Mais ici, pas de plus-value. Cela ne peut pas servir au capitaliste.
(Inepties de l'économie vulgaire. P. 157 [200/192])
Nous avons admis que la valeur journalière de la force de travail était
de 3 sh. parce qu' 1/2 journée de travail ou 6 heures y [était]
matérialisée. Mais cette 1/2 journée de travail [est] nécessaire
seulement pour maintenir l'ouvrier pendant 24 heures, [ce qui] ne
l'empêche nullement de travailler 1 /1 journée. La valeur de la force de
travail et sa mise en valeur37 sont 2 grandeurs différentes. Sa
propriété utile [de la force de travail] n'était qu'une condition sine
qua non, mais ce qui a été décisif, c'est la valeur d'usage spécifique
de la force de travail, source de plus de valeur d'échange qu'elle en
possède elle-même. P. 159 [201-202'/193-194].
L'ouvrier travaille donc 12 heures par jour, file 20 livres de coton = 20 sh., use 4 sh. de broches, et le travail coûte 3 sh. = 27 sh. Mais dans le produit sont matérialisées : 4 journées de travail de [dans les] broches et de [le] coton, 1 journée de travail du fileur = 5 journées à 6 sh. = 30 sh., valeur du produit. Voilà la plus-value de 3 sh. : l'argent s'est transformé en capital. P. 160 [202-203/194-195]. Toutes les conditions du problème sont remplies. (Détails p. 160 [203/195].)
Le processus de mise en valeur est le processus de
travail en tant que processus générateur de valeur à partir du moment où
il est prolongé au delà du point où il fournit simplement un équivalent
pour la valeur payée de la force de travail 38.
Le processus
générateur de valeur se distingue du simple processus de travail en ce
que ce dernier est considéré qualitativement, le premier
quantitativement, et cela seulement dans la mesure où il contient du
temps de travail socialement nécessaire. P. 161 [204/29-30]. Détail p.
162 [204-205/195].
En tant qu'unité du processus de travail et du
processus de formation de valeur, le processus de production est
production de marchandises; en tant qu'unité du processus de travail et
du processus de mise en valeur [de production de plus-value], il est
processus de production capitaliste de marchandises. - P. 163
[2'06/196-1971.
Réduction du travail composé au [travail] simple. P. 163-165 [206-207/197-1981.
II. Capital constant et capital variable.
Le processus de travail ajoute à l'objet du travail une valeur nouvelle
et reporte en même temps la valeur de l'objet de travail sur le
produit, donc la conserve par simple addition de la valeur nouvelle. Ce
double résultat est atteint de la façon suivante : le caractère
qualitatif, spécifiquement utile, du travail, transforme une valeur
d'usage en une autre valeur d'usage et conserve ainsi la valeur mais le
caractère abstrait général, quantitatif, générateur de valeur, ajoute de
la valeur. P. 166 [207-209/199-2001.
P. ex. supposons que la
productivité du filage sextuple. En tant que travail utile
(qualificatif), il conserve en même temps six fois plus de moyens de
travail. Mais, en nouvelle valeur, il ajoute seulement la même quantité
qu'il ajoutait antérieurement; c.-à-d. que, dans chaque livre de fil on
ne trouve que le 1/6 de la nouvelle valeur ajoutée auparavant. En tant
que travail générateur de valeur il ne fait pas plus qu'avant P. 167
[209/200-201]. Inversement [c'est l'inverse qui se produit] quand la
productivité du filage reste constante mais que la valeur des moyens de
travail augmente. P. 168 [210/201].
Le moyen de travail ne cède au produit que la valeur
qu'il perd lui-même. P. 169 [211-202]. C'est le cas à des degrés
divers. Le charbon, les lubrifiants, etc., sont intégralement consommés.
Les matières premières revêtent une forme nouvelle. Les instruments,
les machines, etc. ne cèdent que lentement et partiellement leur valeur
et l'usure est évaluée par expérience. P. 169-170 [211-212/202-203].
Mais ici l'instrument reste continuellement et en entier dans le
processus de travail. Le même instrument compte donc entièrement dans le
processus de travail et en partieseulement dans le processus. de mise
en valeur39, de sorte que la différence entre les deux processus se
reflète ici dans des facteurs matériels. P. 171 [213/203]:
Inversement,
la matière première qui fait des déchets, s'en va entièrement dans le
processus de mise en valeur et [seulement en partie] dans le processus
de travail, puisqu'elle réapparaît dans le produit moins les déchets.
____________________________
37 Verwertung, mise en valeur ou, plus simplement, exploitation (N. T.)
38
Ce passage étant un des plus importants de ce résumé, nous citons ici
le texte même de Marx : « La production de plus-value n'est donc autre
chose que la production de valeur prolongée au-delà d'un certain point
Si le procès de travail ne dure, que jusqu'au point où la valeur de la
force de travail payée par le capital est remplacée par un équivalent
nouveau, il y a simple production de valeur; quand il dépasse cette
limite, il y a production de plus-value » (N. T.)
Mais, en aucun cas, le moyen de travail ne peut
céder plus de valeur d'échange qu'il n'en possède lui-même, il ne sert
dans le processus de travail que comme valeur d'usage et ne peut, par
conséquent, céder que la valeur d'échange qu'il possédait déjà
antérieurement. P. 172 [214/204].
Cette conservation de la valeur [est] très précieuse pour le capitaliste, ne lui coûte rien. P. 173-174 [215/205].
Donc, la valeur conservée ne fait que réapparaître; elle était
présente, et seul le processus de travail ajoute de la valeur nouvelle.
Et, en vérité, dans la production capitaliste [il y a] plus-value,
excédent de la valeur du produit sur la valeur des générateurs de
produits consommés (moyens de production et forces de travail). P. 175-176 [216-217/206-207].
Ici, se trouvent décrites les formes d'existence que revêt la valeur
initiale du capital lorsqu'elle se dégage de sa forme argent pour se
muer en facteurs du processus de travail :
1. dans l'achat de moyens de travail et
2. dans l'achat de force de travail.
Le capital investi dans les moyens de travail ne change donc pas de
valeur dans le processus de production nous l'appelons capital constant.
La partie investie dans la force de travail change de valeur, produit
1. sa propre valeur et 2. de la plus-value40[nous l'appelons] capital
variable. P. 176 [217-218/207].
Le capital n'est constant que par
rapport au processus de production spécial au cours duquel il ne se
modifie pas; il peut se composer tantôt de plus tantôt de moins de
moyens de travail et la valeur des moyens de travail achetée peut monter
ou baisser, mais cela n'affecte pas ses rapports [les rapports du
capital] avec le processus de production. P. 177 [218-219/207208]. De
même, peut varier la proportion dans laquelle un capital déterminé se
divise en [capital] constant et [capital] variable, mais dans chaque cas
donné, le c reste constant et le v variable. P. 178[219/208-209].
III. Le taux de la plus-value.
C = 500 £ = 410 + 90.41 (= c+v) . A la fin du
processus de travail, où v s'est transformé une fois en force de
travail, on obtient42.
c +v+ p= 590
410 + 90 + 90 = 590
Admettons
que c se compose de 312 [livres sterling] de matières premières, de 44
[livres] de matières auxiliaires et de 54 [livres] d'usure de machines =
410. [Supposons que] la valeur de toute la machinerie se monte à 1.054
[livres]. Si cette dernière entrait tout entière dans le calcul, on
obtiendrait pour c 1.410 des deux côtés, et la plus-value resterait
toujours 90. P. 179 [220-221/210-211].
comme la valeur de c ne fait
que réapparaître dans le produit, la valeur des produits obtenue est
différente de la valeur engendrée dans le processus43. Cette dernière
n'est donc pas c + v+ p, mais : v + p. La grandeur de c est donc
indifférente pour le processus de mise en valeur, c'[est]-à-d[ire- que] c
=0. P. 180 [221-222/211-212].
_______________________________________________
39
Marx donne l'exemple d'une machine qui s'userait en 1 000 jours. Elle
cède journellement 1/1000é de sa valeur. Mais elle fonctionne cependant
dans sa totalité. Donc dans le processus de travail, on compte avec une
machine entière et dans le processus de mise en valeur avec 1/1000e de
machine par jour. (N. T.)
40 Elle reproduit sa propre valeur plus un excédent : la plus-value. (N. T.)
41 c=410 v = 90
42 C est le capital initial, c le capital constant, v le capital variable et p la plus-value. (N. T.)
43 Marx écrit : « La valeur réellement nouvelle, engendrédans le cours de la production même, est donc
C'est aussi ce qui se passe pratiquement, ainsi
qu'on peut le voir dans le calcul commercial ; p[ar] ex[emple] dans la
détermination du bénéfice que tire un pays de son industrie, on déduit
[les sommes payées pour] les matières premières importées. P. 181
[222-223/213]. Sur le rapport de la plus-value avec le capital total
[voir] le nécessaire au livre III.
Donc : taux de la plus-value =p/v, plus haut 90/90 = 100%
Le
temps de travail durant lequel l'ouvrier reproduit la valeur de sa
force de travail - dans des conditions capitalistes ou autres - est du
travail nécessaire; le travail effectué en sus, qui produit de la
plus-value pour le capitaliste, [est du] surtravail. P. 183-184
[224-225/214]. La plus-value est du surtravail cristallisé et seule la
forme de son extorsion distingue les diverses formations sociales.
Exemples de l'erreur qu'il y a à faire entre c dans les calculs. P. 185-196 [226-237/215-225] (Senior).
La somme du travail nécessaire et du surtrav-ail = la journée du travail.
IV. La journée de travail
Le temps de travail nécessaire est constant. Le surtravail est
variable, mais dans certaines limites. Il ne peut jamais être [à] 0,
sinon la production capitaliste cesserait.
Il ne peut jamais
atteindre 24 heures pour des raisons physiques et la limite maximum est,
en outre, toujours affectée par des causes morales. Mais ces limites
sont très élastiques. L'économie exige que la journée de travail ne soit
pas plus longue qu'il ne convient pour user normalement l'ouvrier. Mais
que signifie normalement ? Il y a une antinomie et seule la violence
peut décider. D'où la lutte entre la classe ouvrière et la classe
capitaliste pour la journée de travail normale. P. 198-202
[239243/227-231].
Le surtravail dans les époques sociales antérieures. Tant que la valeur d'échange n'est pas plus importante que la valeur d'usage, le surtravail [est] plus modéré, p [ar] ex [emple] chez les anciens : là seulement où était produite directement de la valeur d'échange - argent et or - [on trouve un surtravail effroyable]. P. 203 [244/231-232]. De même dans les Etats esclavagistes d'Amérique jusqu'à la production de masses de coton pour l'exportation. De même, corvée, p [ar] ex [emple] en Roumanie.
[La] corvée [est le] meilleur moyen de comparaison avec l'exploitation capitaliste, car elle fixe le surtravail sous forme d'un temps de travail à fournir spécialement. Règlement organique de la Valachie. P. 204-206 [244-247/232-233].
De même qu'il s'agit là d'une expression positive de la soif de surtravail, de même les Factory-Acts44 en sont des expressions négatives.
Les FactoryActs. Celui de 1850. P. 207[248/235]. 10 h 1/2 et 7 h 1/2 le
samedi – 60 heures par semaine. Profit des fabricants obtenu en
tournant la loi. P. 208-211 [249-252/236-239].
Exploitation dans les branches non limitées ou limitées seulement plus tard : industrie de la dentelle, p. 212 [252/239] ; poterie, p. 213 [253 et 254/240-241] ; allumettes, p. 214 [255/242] ; papiers peints, p. 214-217 [256-257/242-244] ; boulangeries, p. 217-222 [257-262/244-248] ; cheminots, p. 223 [262 et 263/248-249]; couturières,
p. 223-225[263-265/249-250] ; forgerons, p. 226 [265-266/251] ; travail
de jour et travail de nuit in shifts [système des relèves] : a)
métallurgie p. 227-236 [266-274/251-258].
différente de la valeur du produit obtenu. Elle n'est pas, comme il semblerait au premier coup d'oeil ;
c
+ v + p ou 410 liv, sterl. + 98 liv. sterl. + 90 liv. Sterl. Mais v + p
ou 90 liv. sterl. + 90 liv. sterl. ; elle n’est pas 590 , mais 180 liv.
sterl. (N.T.)
Ces faits démontrent que le capital ne
considère pas l'ouvrier comme autre chose que de la force de travail,
dont tout le temps est du temps de travail à réaliser partout où cela
est possible, que la longévité de la force de travail est indifférente
aux capitalistes. P. 236-238 [275-27x/259-260]. Mais cela ne se
tourne-t-il pas contre les intérêts des capitalistes eux-mêmes. Comment
remplacer ce qui s'use rapidement ? - La vente organisée des esclaves à
l'intérieur des Elats-Unis a élevé à la hauteur d'un principe économique
l'usure rapide des esclaves; de même en Europe pour l'importation des
ouvriers en provenance des districts agricoles, etc. P. 239
[277-278/261]. Pocrhousesupply45. P. 240 [278-279/261-262]. Le
capitaliste ne voit que la surpopulation à tout moment disponible et la
consomme. La race en dépérit-elle ? Après moi le déluge46. Le capital ne
se soucie donc nullement de la santé de la vie de l'ouvrier, à rhoins
d'y être forcé par la société... et, par suite de la libre concurrence,
les lois immanentes de la production capitaliste valent pour chaque
capitaliste comme lois externes coercitives. P. 243 [281-282/264-265].
La fixation d'une
journée de travail normale [est le] résultat d'une lutte de plusieurs
siècles entre le capitaliste et l'ouvrier.
Au début, les lois [sont] faites pour prolonger le temps de travail,
aujourd'hui [pour] l'abaisser. P. 244 [282-283/265266]. Le premier Statut of labourers
47 23 Edouard III [en]48 1349 fut promulgué sous le prétexte que la
peste avait tellement décimé la population que chacun devait travailler
davantage. Aussi, la loi fixait-elle [le] maximum des salaires et [la]
limite de la journée de travail. En 1496, sous Henri VIII, la journée de
travail des ouvriers agricoles et de tous les artisans (artificers) en
été - mars à septembre - va de 5 a. m. à 7 et 8 p. m.49, avec une heure,
1 h 1/2 et 1/2 heure = 3 heures de pause. En hiver de 5 a.m. jusqu'à la
nuit. Ce statut [n'a] jamais [été] rigoureusement appliqué.
Au XVIIIe siècle, la semaine de travail complète
n'est encore pas à la disposition du capital (sauf chez les ouvriers
agricoles). Voir polémique du temps. P. 248-251 [284-286/266-268]. C'est
seulement la grande industrie qui y parvint et au delà elle abattit
toutes les barrières et exploita l'ouvrier de la façon la plus éhontée.
Le prolétariat résista dès qu'il se fut repris. Les cinq lois de 1802 à
1833 [sont purement] nominales, car [elles ne prévoient] pas
d'inspecteur50. C'est seulement la loi de 1833 qui créa une journée de
travail normale dans les quatre industries textiles : de 5,30 a.m. à
8,30 p.m:., temps durant lequel [les] young persons51 [de] 13-18 ans ne
peuvent être occupés que 12 heures avec 1 h. 1/2 de pause. Enfants de
9-13 ans: 8 heures seulement, et travail de nuit des enfants et des
young persons interdit. P. 253-255 [291-293/272-273].
Système des
relais et abus destinés à le tourner. P. 256 [293. 294/273-276]. Enfin,
loi de 1844 qui assimile les femmes de tous les âges aux young persons,
réduit [le temps de travail des] enfants 6 h. 1/2, et met un frein au
système des relais. Mais, en revanche, [les] enfants de 8 ans [sont]
désormais tolérés. En 1847, enfin, le bill des dix heures pour les
femmes et les young persons. P. 259 [296/277]. Tentatives des
capitalistes contre [cette loi]. P. 260-268 [297-305/277-286]. Un flaw52
dans la loi de 47 permit ensuite la loi de compromis de 1850, p. 269
[306/286], qui fixe la journée de travail (les young persons et women53 à
5 journées de 10 h. 1/2, une journée de 7 h. 1/2 = 60heures par
semaine, et cela entre 6 [heures du matin] et 6 heures [du soir]. Ainsi,
la loi de 1847 est en vigueur pour les enfants. - L'exception de
l'industrie de la soie, v[oir] p. 270 [306-307/286-287]. En 1853, le
temps de travail pour les enfants est également limité entre 6 et 6
heures,P. 272 [308-288]
___________
44 Lois sur les fabriques. (N. T.)
45 Fourniture d'ouvriers par tes maisons de pauvres. (N. T.)
46 En français dans le texte. (N. T.)
47 Loi sur les ouvriers. (N T )
48
23. Edouard III, 1349 est entre parenthèses, dans le texte de Marx.
Cela signifie : loi promulguée dans la vingt-troisième année du règne
d'Edouard 111, en 1349 (N.T )
49 Ante meridiem et post meridiem, avant midi et après-midi, c'est-à-dire de 5 h. du matin à 7 et 8 h. du soir. (N. T.)
50
Marx écrit : « De 1802 à 1833. le Parlement émit cinq lois sur le
travail mais il eut bien soin de ne pas voter un centime pour les faire
exécuter aussi restèrent-elles lettre morte. » (N. T.)
51 Jeunes gens. (N T.)
52 Défaut. (N. T.)
53 Femmes. (N. T.)
Le Printworks Act54, 1845, ne limite presque rien. Enfants et femmes peuvent travailler 16 heures !
[Les]
blanchisseries et teintureries [en] 1860, [les] fabriques de dentelles
[en] 1861, [les] poteries et de nombreuses autres branches [en] 1863
[tombent] (sous le coup de la loi sur les fabriques ; lois spéciales
promulguées la même année pour les blanchisseries en plein air et les
boulangeries). P. 274 [310/290].
La grande industrie crée donc
tout d'abord la besoin de limitation du temps de travail, mais il se
trouve ensuite que le même surmenage s'est étendu peu à peu aussi à
toutes les autres branches P. 277 [312/292].
L'histoire montre en outre que, notamment avec
l'introduction du travail des femmes et des enfants, l'ouvrier « libre »
isolé est sans défense contre le capitaliste et succombe, de sorte
qu'ici s'engage la lutte de classe entre ouvriers et capitalistes. P.
278[313 / 293].
En France, la loi de 12 heures pour tous les
ouvriers et [toutes les] branches de travail [est promulguée] seulement
en 1848. (Voir toutefois p. 253 [291/2721 note concernant la loi
française sur le travail des enfants [promulguée] en 1841 et qui ne fut
réellement appliquée qu'en 1853, dans le seul département du Nord
d'ailleurs.) En Belgique, «liberté du travail » totale ! En Amérique, le
mouvement des 8 heures. P. 279 [315/294].
L'ouvrier sort donc du
processus de production tout autrement qu'il y est entré. Le contrat de
travail n'a pas été l'acte d'un agent libre; le temps pour lequel il
lui est loisible de vendre sa force de travail est en réalité le temps
pour lequel il est forcé de la vendre, et seule l'opposition de masse
des ouvriers leur conquiert une loi d'État qui les empêche eux-mêmes de
se vendre au Capital par un libre contrat, et de se vouer, eux et leurs
descendants, à la mort et à l'esclavage. Le catalogue pompeux des
inaliénables droits de l'homme est remplacé par la modeste magna
charte55 de la loi sur les fabriques. P. 280-281 [316/295-296].
V. Taux et masse de la plus-value.
Avec le taux [de la plus-value] est donnée en même temps sa masse. Si
la valeur journalière d'une force de travail est de 3 sh[illings] et si
le taux de la plus-value = 100 %,sa masse journalière [de la plus-value]
= donc 3 sh pour un ouvrier.
1. Comme le capital variable est
l'expression monétaire de la valeur de toutes les forces de travail
occupées simultanément par un capitaliste, la masse de la plus-value
produite par eux = le capital variable multiplié par le taux de la
plus-value. Les deux facteurs peuvent varier, d'où la possibilité de
diverses combinaisons. La masse de la plus-value peut changer, même avec
un capital variable en diminution lorsque le taux monte, donc, quand la
journée de travail est prolongée. P. 282 [318-319/298-299].
2.
Cette augmentation du taux de la plus-value se heurte à des limites
absolues en ce sens que la journée de travail ne peut jamais être portée
jusqu'à 24 heures pleines, la valeur totale du produit quotidien d'un
ouvrier ne pouvant donc jamais être à la valeur de 24 heures de travail.
Pour obtenir la même masse de plus-value, le capital variable ne peut
donc être remplacé; à l'intérieur de ces limites, que par une
exploitation accrue du travail. Important pour expliquer divers
phénomènes qui résultent de la tendance contradictoire du capital :1.
Réduire le capital variable et le nombre des ouvriers occupéset -2.
Produire néanmoins la plus grande masse possible de plus-value. P.
283284 [319-320/299].
__________________________________________
54 Loi concernant les impressions sur coton. (N. T.)
55 Droits fondamentaux du peuple anglais, conquis dans la révolution du xii- siècle. (N. R )
3. Les masses de valeur et de plus-value produites par divers
capitalistes pour une valeur donnée et un même degré d'exploitation de
la force du travail sont en raison directe des grandeurs des parties
variables de ces capitaux. P. 285 [321/300]. Cela [est] en apparence
contraire à tous les faits.
Pour une société donnée et une
journée de travail donnée, la plus-value ne peut être augmentée que par
l'augmentation du nombre des ouvriers; c'[est]-à-dire] de la population ;
pour un nombre d'ouvriers donné, [elle ne peut être augmentée] que par
la prolongation de la journée de travail. Toutefois, cela n'est
important que pour la plus-value absolue.
Il apparaît maintenant
que toute somme d'argent ne peut pas être transformée en capital, qu'il
existe un minimum : le prix de revient d'un ouvrier unique et des moyens
de travail nécessaires.
Pour vivre lui-même comme ouvrier, il lui
faudrait, avec un taux de plus-value de 100 %, avoir déjà deux ouvriers;
et il ne pourrait encore faire aucune économie. Même avec huit
[ouvriers], il est toujours un petit patron. C'est pourquoi au moyen
âge, les gens [étaient] violemment empêchés de se transformer de maîtres
ouvriers en capitalistes, grâce à la limitation du nombre des
compagnons susceptibles d'être employés par un maître. Le minimum de
richesse nécessaire pour former un véritable capitaliste varie avec les
diverses époques et branches économiques. P. 288 [322-324/301-3031].
Le capital est arrivé à primer le travail et veille à ce qu'il soit
travaillé convenablement et intensivement. Il oblige, en outre, les
ouvriers à effectuer plus de travail qu'en exige leur entretien et, pour
l'extorsion de la plus-value, il est supérieur à tous les systèmes de
production antérieurs reposant sur le travail forcé pur et simple.
Le capital a repris le travail avec les conditions techniques
existantes et n'y change rien tout d'abord. Le processus de production
[étant] donc considéré comme processus de travail, l'ouvrier se comporté
à l'égard des moyens de production non pas comme à [l'égard] du
capital, mais comme [à l'égard] des moyens de sa propre activité utile.
Mais [si le processus de production est] considéré comme processus de
mise en valeur [il en va] autrement. Les moyens de production deviennent
des moyens d'absorption du travail d'autrui. Ce n'est plus l'ouvrier
qui emploie les moyens de production, ce sont ceux-ci qui emploient
celui-là. P. 289 [325/304]. Au lieu d'être consommé par lui, ils le
consomment lui-même comme le ferment de leur propre processus vital, et
le processus vital du capital n'est que le mouvement du capital en tant
que valeur créant de la plus-value... La simple transformation de
l'argent en moyens de production confère à ces derniers un titre
juridique et coercitif au travail et au surtravail d'autrui.
QUATRIÈME PARTIE
LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE RELATIVE
I. Notion de la plus-value relative.
Pour une journée de travail donnée, le surtravail
ne peut être accru que par la diminution du travail nécessaire; mais ce
résultat abstraction faite de l'abaissement du salaire au-dessous de la
valeur [de sa force du travail] ne peut être atteint que par la
réduction de la valeur du travail, donc par l'abaissement du prix des
denrées de subsistance nécessaires. P. 291-292 [327-329/7-8]56. Cette
dernière, de son côté, ne peut être obtenue que par l'augmentation de la
force productive de travail, par un bouleversement57 2 du mode de production lui-même.
La plus-value produite par la prolongation de la journée de travail est
[de la plus-value] absolue : celle produite par raccourcissement du
temps de travail nécessaire est de la plus-value relative. P. 295
[330/9].
Pour abaisser la valeur du travail, l'augmentation de la
force productive doit porter sur des branches d'industrie dont les
produits déterminent la valeur de la force de travail, moyens de
subsistance habituels, succédanés, leurs matières premières, etc.
Démonstration de la façon dont la concurrence fait apparaître la force
productive accrue dans le bas prix des marchandises. P. 296-299 [330-
334/10-13].
La valeur de la marchandise est en raison inverse de la force productive du travail et il en est ainsi également de la valeur de la force de travail puisqu'elle est déterminée par le prix des marchandises. Par contre, la plus-value relative est en raison directe de la force productive de travail. P. 299 [13].
Ce n'est pas la valeur absolue de la marchandise qui intéresse le capitaliste, mais seulement la plus-value
qui y est enfermée. La réalisation de la plus-value implique le
remplacement de la valeur avancée. Mais comme d'après P. 299 [334/131 le
même processus qui accroît la force productive abaisse le prix des
marchandises et augmente la plus-value qu'elles renferment, on
s'explique comment le capitaliste, pour lequel il ne s'agit que de
produire de la valeur d'échange aspire sans cesse à réduire la valeur
d'échange de la marchandise. Voir Quesnay. P. 300 [335/14].
Dans
la production capitaliste, l'économie de travail obtenue par le
développement de la force productive de travail ne poursuit donc
nullement une diminution de la journée de travail. Cette dernière peut
même être prolongée. Dans les ouvrages des économistes à la Mac-Culloch,
Ure, Senior et tutti quanti, on peut donc lire à telle page que
l'ouvrier doit de la gratitude au Capital pour le développement des
forces productives58, et, à la page suivante, qu'il
doit manifester cette gratitude en travaillant à l'avenir 15 heures par
jour au lieu de 10. Ce développement des forces productives ne vise à
réduire que le travail nécessaire et à prolonger le travail pour le
capitaliste. P. 301 [336/15].
_______________________________________
56 Les références à l'édition du « Capital » se rapporte à partir d'ici au tome II.
57
Engels emploie ici le mot de Umwaelzung, qui signifie bouleversement,
révolution. Marx emploie directement le mot révolution. (N. T.)
58 que le temps de travail nécessaire s'en trouve abrégé, précise Marx IN. T.)
II. La coopération
D'APRES la p. 288 [323/1-302], un capital individuel assez important
pour employer simultanément un grand nombre d'ouvriers appartient59
à la production capitaliste; c'est seulement quand il est lui-même
complètement affranchi du travail que l'employeur devient intégralement
capitaliste. La collaboration d'une foule d'ouvriers, travaillant en
même temps et dans le même lieu sous les ordres du même capitaliste, et
en vue de la production de la même espèce de marchandise, constitue le
point de départ historique et formel de la production capitaliste. P.
302 [337/16].
Il n'y a donc tout d'abord qu'une différence
quantitative par rapport à ce qui était auparavant, quand le même
employeur occupait moins d'ouvriers. Mais une modification [survient]
bientôt.
Déjà le grand nombre d'ouvriers garantit que l'employeur
reçoit véritablement du travail moyen, ce qui n'est pas le cas chez le
petit patron, tenu néanmoins de payer la valeur moyenne du travail dans
sa petite entreprise ; les inégalités se compensent [donc] pour la
société, mais pas pour le patron isolé. La loi de la productiosn de
valeur en général ne s'applique donc complètement pour chaque producteur
qu'à partir du moment où il produit en tant que capitaliste, occupe
simultanément beaucoup d'ouvriers et met d'emblée en mouvement du
travail social moyen. P. 303304 [337-339/16-17].
Mais, d'autre
part : Economie des moyens de production par la seule grande entreprise,
moindre cession de valeur des parties constantes du capital, résultant
seulement de sa consommation [du capital constant] commune dans le
processus de travail du grand nombre [d'ouvriers]. Et ainsi les moyens
de production acquièrent un caractère social, avant que l'acquière le
processus de travail lui-même (jusqu'ici simple juxtaposition de
processus identiques). P. 305 [340/18].
Ne considérer ici
l'économie des moyens de production que dans la mesure où elle fait
baisser le prix des marchandises et, par là, réduit la valeur du
travail. La façon dont elle modifie le rapport de la plus-value au
capital total avancé (v + c) ne sera étudiée qu'au livre III. Ce
découpage [du sujet] est tout à fait dans l'esprit de la production
capitaliste; présentant les conditions de travail à l'ouvrier comme
indépendantes de lui, son économie apparaît également comme une
opération particulière, qui ne le regarde pas et qui est, par
conséquent, distincte des méthodes par lesquelles est accrue la
productivité de la force de travail consommée par le capital.
La
forme de travail dans laquelle beaucoup d'ouvriers travaillent côte à
côte et ensemble, d'après un plan général, dans un même processus de
production ou dans des processus de production connexes s'appelle
coopération. P. 306 [340/18]. (Concours de forces. Destutt de Tracy.)
La somme de la force mécanique des ouvriers isolés diffère
essentiellement du potentiel de force mécanique qui se déploie lorsque
de nombreuses mains coopèrent en même temps dans la même opération
indivise (levier et fardeau, etc.). La coopération crée par avance une
force productive qui est en elle-même et pour elle-même une force de
masse.
En outre, dans la plupart des travaux productifs, le
simple contact social engendre une émulation qui augmente le rendement
individuel, de telle sorte que 12 ouvriers, au cours d'une journée de
travail commune de 144 heures, fournissent un produit plus grand que 12
ouvriers en 12 [heures de travail] séparées, ou un ouvrier en douze
journées de travail consécutives. P. 307 [341/19].
Bien que de
nombreux ouvriers accomplissent la même besogne ou une besogne analogue,
le travail individuel de chacun peut représenter une phase différente
du processus de travait (chaîne de gens qui se passent un objet60),
la coopération épargnant à nouveau du travail. De même, quand une
construction est commencée de divers côtés à la fois. L'ouvrier combiné
ou l'ouvrier total a des mains et des yeux devant et derrière et possède
à un certain degré le don d'ubiquité. P. 308 [342/20].
_______________________________________
59 Dans le
texte de Marx : « La production capitaliste ne commence... en-fait à
s'établir que là où un seul maître exploite beaucoup de salariés à la
fois. a(N. T.)
60 Marx donne l'exemple des maçons qui forment la
chaîne pour faire passer des pierres du pied d'un échafaudage au sommet:
k Chacun d'eux exécute la même manaeuvre, et néanmoins toute.; les
manceuvres individuelles, parties continues d'une opération d'ensemble,
forment diverses phases par lesquelles doit passer chaque pierre et les
vingt-quatre mains du travailleur collectif la font passer plus vite que
ne le feraient les deux mains de chaque ouvrier isolé montant et
descendant l'échafaudage ». (N. T.)
Dans les processus de travail compliqués, la
coopération permet de répartir les opérations séparées, de les accomplir
simultanément et ainsi de réduire le temps de travail pour la
fabrication du produit total. P. 308 [343/20].
Dans de nombreuses
sphères de production, il existe des moments critiques où beaucoup
d'ouvriers sont nécessaires, par exemple les récoltes, la pêche au
hareng, etc. Ici, seule, la coopération est de mise. P. 309 [343/21].
D'une part, la coopération étend le champ de la production et devient
par suite une nécessité pour les travaux qui s'appliquent à de grandes
étendues (assèchements, construction des routes, etc., construction de
digues) ; d'autre part, elle le contracte en concentrant les ouvriers
dans un seul local, épargnant ainsi des frais. P. 310 [344/21].
Dans toutes ces formes, la coopération est la force productive
spécifique de la journée de travail combinée, la force productive
sociale du travail. Elle découle de la coopération même. En collaborant
avec d'autres selon un plan, l'ouvrier se débarrasse des limites posées à
son individualité et développe ses possibilités créatrices.
Or,
des ouvriers salariés ne peuvent pas coopérer sans que le même
capitaliste les emploie simultanément, les paye et les munisse de moyens
de travail. Le degré de coopération dépend donc de la quantité de
capital que possède un capitaliste. La condition exigeant une quantité
déterminée de capital pour muer son propriétaire en capitaliste, devient
maintenant condition matérielle pour la transformation des nombreux
travaux individuels disséminés et indépendants les uns des autres en un
processus de travail social combiné.
De même, la primauté du
capital sur le travail [qui n'était] jusqu'ici que la conséquence
formelle du rapport entre les capitalistes et les ouvriers [devient]
maintenant condition nécessaire pour le processus de travail même, le
capitaliste représente la combinaison dans le processus de travail. Dans
la coopération, la direction du processus de travail devient [la]
fonctionn du capital et à ce titre elle [la fonction] acquiert des
caractères spéciaux. P. 312.[346/23].
Conformément au but de la
production capitaliste (mise en valeur aussi grande que possible du
capital) cette direction a en même temps, pour fonction l'exploitation
aussi grande que possible d'un processus de travail social et [est], par
conséquent, conditionnée par l'antagonisme inévitable entre exploiteurs
et exploités. En outre, le contrôle de la juste utilisation des moyens
de travail. Enfin, la connexion des fonctions des divers ouvriers se
trouve en dehors d'eux, dans le capital, de sorte que leur propre unité
leur apparaît comme l'autorité du capitaliste, comme une volonté
étrangère. La direction capitaliste est donc double [par son contenu].
(1. processus de travail social pour la fabrication d'un produit, 2.
processus de mise en valeur d'un capital) et est despotique par sa
forme. Ce despotisme développe maintenant ses formes particulières : Le
capitaliste qui vient tout juste d'être délivré personnellement du
travail cède maintenant la surveillance subalterne à une bande organisée
d'officiers et de sous officiers qui sont eux-mêmes les salariés du
Capital. Dans l'esclavage, les économistes comptent ces frais de
surveillance parmi les faux-frais61 de la production dans la production
capitaliste, ils identifient la [fonction de] direction, dans la mesure
où elle est conditionnée par l'exploitation, avec la [cette] même
fonction dans la mesure où elle découle de la nature du processus de
travail social. P. 313-314 [346-348/23-25].
Le commandement
suprême dans l'industrie devient l'attribut du Capital, comme, au temps
de la féodalité, le commandement suprême à la guerre et dans les
tribunaux était l'attribut de la propriété foncière. P. 314 [348/25].
______________________________________________________
61 En français dans les textes de Marx et d'Engels. (N. T.)
p58
Le capitaliste achète 100 forces de travail
individuelles et reçoit en échange une force de travail combinée de 100.
Il ne paye pas la force de travail combinée de 100 En entrant dans le
processus de travail combiné, les ouvriers ont déjà cessé de
s'appartenir, ils sont incorporés au capital. C'est ainsi que la force
productive sociale du travail apparaît comme une force productive
immanente au capital. P. 315 [349/25].
Exemples de coopération chez les Egyptiens de l'antiquité. P. 316 [349-350/261.
La coopération naturelle au début de la civilisation chez les peuples
chasseurs, les nomades ou les communautés indiennes repose : 1. sur la
propriété commune des conditions de production ; 2. sur l'adhérence
naturelle de l'individu à la tribu ou à la communauté primitive. - La
coopération sporadique, dans l'antiquité, au moyen âge, et dans les
colonies modernes repose sur la domination directe et la violence, la
plupart du temps sur l'esclavage. La coopération capitaliste, par
contre, présuppose [l'existence de] l'ouvrier salarié libre.
Historiquement, elle apparaît en opposition directe à l'économie
paysanne et à l'entreprise artisanale indépendante (corporative ou non)
et ainsi comme une forme historique propre au processus de production
capitaliste et le distinguant [des autres]. Elle est la première
modification que subit le processus de travail, par sa subordination au
Capital. Ici, apparaissent aussitôt : 1. le mode de production
capitaliste en tant que nécessité historique pour la transformation du
processus de travail en processus social, ensuite 2. cette forme sociale
de processus de travail en tant que méthode du Capital en vue de
l'exploiter d'une façon plus rémunératrice par l'augmentation de ses
forces productives, P. 317 [351/26-27].
La coopération, pour
autant qu'elle a été considérée jusqu'ici, sous sa forme simple,
coïncide avec la production sur une grande échelle, mais ne constitue
pas la forme fixe caractéristique d'une époque particulière de la
production capitaliste, et elle subsiste encore aujourd'hui là où le
Capital opère sur une grande échelle sans que la division du travail ou
le machinisme y jouent un rôle important. Aussi, bien que la coopération
[soit] la forme fondamentale de toute la production capitaliste, sa
forme simple apparaît elle-même ou en tant que forme particulière à côté
de ses formes plus développées. P, 318 [351/27].
III. Division du travail et manufacture.
La manufacture, forme classique de la coopération fondée sur la
division du travail, prédomine de 1550 à 1770 environ. Elle naît :
1.
Soit par la réunion de divers artisans dont chacun effectue une
opération partielle (p [ar]- ex [emple] : manufacture de voitures),
l'artisan individuel perdant très vite son aptitude à exercer son métier
tout entier, mais [n'en devenant] que plus habile dans son métier
partiel; le processus est donc transformé en une fragmentation de
l'opération globale dans ses diverses parties. P. 318 [352/28].
2. Ou
encore un grand nombre d'artisans qui font le même travail ou un
travail similaire sont réunis dans la même fabrique et, peu à peu, les
diverses opérations, au lieu d'être accomplies successivement par le
même ouvrier, sont séparées et accomplies simultanément par des ouvriers
différents (aiguilles, etc). Au lieu d'être l'oeuvre d'un artisan, le
produit est maintenant l'oeuvre d'une association d'artisans dont chacun
n'accomplit qu'une opération partielle. P. 319-320, [353-354/29].
Dans les deux cas, son résultat est : un mécanisme de production dont
les organes sont des hommes. L'exécution [du travail] reste
professionnelle; chaque processus partiel traversé par le produit doit
être exécutable manuellement, donc toute analyse véritablement scientifique du processus de production est exclue62.Justement,
à cause de la nature professionnelle [du travail], chaque ouvrier se
trouve enchaîné aussi complètement à une fonction partielle. P. 321
[354/30].
De la sorte, dutravail [est] économisé par rapport à
l'artisan, et cela [ce phénomène est] encore accentué par [la]
transmission à [la] génération suivante. De la sorte, la division
manufacturière du travail correspond à la tendance des sociétés
antérieures à rendre les métiers héréditaires : castes, corporations,
etc. P. 322 [355-356/30-31].
Subdivision63 des outils par l'adaptation aux divers travaux partiels : 500 variétés de marteaux à Birmingham. P. 323-324 1357-358/32-331.
______________________________
62
Dans Marx : « Composée ou simple, l'exécution ne cesse de dépendre de
la force, de l'habileté, de la promptitude et de la sûreté de main de
l'ouvrier dans le maniement de son outil. Le métier reste toujours la
base Cette base technique n'admet l'analyse de la besogne à faire que
dans des limites très étroites. » (N. T.)
63 Marx parle de différenciation et de spécialisation des instruments de travail. (N. T.)
Du point de vue du mécanisme global de la
manufacture, cette dernière revêt deux aspects : montage purement
mécanique de produits partiels indépendants (montre) ou séries des
processus interdépendants dans un atelier (aiguille).
Dans la
manufacture, chaque groupe ouvrier fournit à l'autre sa matière
première. D'où condition fondamentale : chaque groupe doit fabriquer en
un temps donné, une quantité donnée, il en résulte donc une continuité,
régularité, uniformité et intensité du travail tout autres [bien
supérieures] que dans la coopération elle-même. Ici donc, loi
technologique du processus de production : le travail doit être du
travail socialement nécessaire.P. 329 [36236].
L'inégalité du
temps nécessaire pour les diverses opérations fait que les différents
groupes d'ouvriers sont de force et de grandeur différentes (dans la
fonte de caractères d'imprimerie; 4 fondeurs et 2 casseurs pour 1
frotteur). La manufacture crée donc un rapport mathématique ferme pour
l'importance quantitative des divers organes de l'ouvrier global, et la
production ne peut être étendue qu'à la condition d'embaucher un
multiple du groupe global. En outre, le fait de rendre certaines
fonctions indépendantes - surveillance, transport des produits de local à
local, etc. - ne devient rémunérateur qu'à partir du moment où la
production atteint un certain niveau. P. 329-330 [362-363/36-37].
La liaison de diverses manufactures en une manufacture globale se
produit également, mais continue de manquer de la véritable unité
technologique, qui ne prend naissance qu'avec la machine. P. 331
[36438].
De bonne heure, les machines font déjà leur apparition
dans la manufacture - sporadiquement - moulin à farine, moulin à
bocarder, etc., mais seulement en tant qu'accessoire. La principale
machine de la manufacture est l'ouvrier collectif combiné, qui possède
une perfection beaucoup plus grande que l'ancien ouvrier individuel
routinier, et dans lequel toutes les imperfections, qui sont souvent
développées par la nécessité chez l'ouvrier partiel, apparaissent comme
une perfection. P. 333 [366/40]. La manufacture développe des
différences parmi ces ouvriers partiels, skilled et unskilled64 voire
une hiérarchie achevée des ouvriers. P. 334 1366-367,/40-411.
La division du travail [est] 1. générale (dans agriculture, industrie, navigation, etc.), 2.spéciale (en genres et espèces65)
3. de détail [ou individuelle] (dans l'atelier).Cette division sociale
du travail a également des points de départ variés. 1. Au sein de la
famille et de la tribu, [on a] une division naturelle du travail d'après
le sexe et l'âge, à quoi [s'ajoute] l'esclavage par la violence contre
les voisins qui l'étend [qui étend la division du travail]. P. 335
[368-369/41-42]. 2. Diverses communautés, suivant la situation, le
climat, le degré de civilisation obtiennent des produits divers et ces
derniers sont échangés là où ces communautés entrent en contact.
L'échange avec les com-munautés étrangères est, par la suite, pour
chaque communauté un des principaux moyens de surmonter sa dépendance à
l'égard de la nature par l'approfondissement de la division naturelle du
travail. P. 336 [369/42].
La division manufacturière du travail présuppose,
d'une part, un certain degré de développement de la division sociale du
travail, d'autre part, elle approfondit cette dernière - c'est là la
division territoriale du travail. P. 337-338 [370-371/43-44].
___________________________________
64 Qualifié, non qualifié. (N. T.)
65
Artrn und Unternrten : peut se traduire différemment suivant le
contexte. Il faut surtout retenir ici l'idée de classification analogue à
la clsslification zoologique ou botanique en embranchements, classes.
ordres. (N. T.)
Toutefois, [il y al toujours entre la division
sociale et [la division] manufacturière du travail, cette différence que
la première produit nécessairement des marchandises tandis que dans la
seconde l'ouvrier partiel ne produit pas de marchandises66. D'où, dans
celle-ci, [la division manufacturière] organisation concentrée67, dans celle-là morcellement et désordre de la concurrence. P. 339-341 [372-374/45-461..
Sur l'organisation antique de la communauté indienne. P. 341342
[374-376/46-471. La corporation. P. 343-344 [376-377/48]. Tandis que
dans toutes [les formations économiques] existe cette division du
travail dans la société, la division manufacturière du travail est une
création spécifique du mode de production capitaliste.
Le corps
de travail qui fonctionne dans la manufacture, est, comme dans la
coopération, une forme d'existence du capital. La force productive
résultant de la combinaison des travaux apparaît donc comme force.
productive du capital. Mais tandis que la coopération ne modifie en rien
le mode de travail de l'individu, la manufacture le révolutionne ; elle
estropie l'ouvrier68, incapable d'effectuer une production
indépendante, puisqu'il n'est plus qu'un accessoire de l'atelier du
capitaliste. Les puissances spirituelles du travail disparaissent du
côté du plus grand nombre pour se développer du côté d'un seul
[individu]69. C'est la division manufacturière du travail qui oppose les
puissances spiri-tuelles du processus du travail aux ouvriers [à qui
elles apparaissent] comme [la] propriété d'autrui et [comme des forces]
qui les dominent. Ce processus de scission qui commence déjà dans la
coopération se développe dans la manufacture, se complète dans la grande
industrie, qui sépare la science du travail en tant que puissance
productrice indépendante et l'oblige à se mettre au service du capital.
P. 346 [379/50].
Passages à l'appui. P. 347 [379-380/51-52].
La manufacture [qui est] par un côté une organisation déterminée du
travail social, n'est, par l'autre côté, qu'une méthode particulière de
production de plus-value relative. P. 350 [382383/53]. Signification
historique [traitée dans] le même passage.
Obstacles au
développement, de la manufacture même pendant sa période classique:
limitation du nombre des ouvriers maladroits par la prédominance des
[ouvriers] adroits. Le travail des femmes et des enfants se heurte
souvent à la résistance des hommes qui se prévalent jusqu'au bout des
laws of apprenticeship70 même là où [elles sont] superflues ;
insubordination continuelle des ouvriers, car l'ouvrier global ne
possède pas encore de squelette indépendant71 des ouvriers
[individuels]. - Emigration des ouvriers. P. 353-354 [386-387/55-56].
En outre, elle [la manufacture] n'était pas en mesure de bouleverser ou
seulement de dominer toute la production sociale. Sa base technique
étroite entra en conflit avec les besoins de production créés par
elle-même. La machine devenait nécessaire, et la manufacture avait
justement appris déjà à la construire. P. 355 [387/56-57].
_________________________________________________________________
66 Marx ajoute « Ce n’est que leur produit collectif qui devient marchandise. » (N.T.)
67
Marx - « La division manufacturière du travail suppose une
concentration de moyens de production dans la main du capitaliste. s (N.
T.)
68 Au sens figuré, Marx écrit: « Elle estropie
le travailleur, elle fait de lui quelque chose de monstrueux en activant
le développement factice de sa dextérité de détail en sacrifiant tout
un monde de dispositions et d'instincts producteurs. » (N. T.)
69
Formulation un peu différente chez Marx : »Les puissances
intellectuelles de la production se développent d'un seul côté parce
qu'elles disparaissent sur tous les autres. » (N. T.)
70 Lois sur l'apprentissage. (N. T:)
71
Marx montre que malgré la division des opérations, l'habileté manuelle
reste la base de la manufacture. Lé où l'ouvrier est professionnellement
adroit, il est insubordonné ; l'ouvrier global que constitue la
manufacture n'a pas encore de squelette, c'est-à-dire d'armature
mécanique (machines) permettant de plier l'ouvrier. (N. T.)
IV. Machinisme et grande-industrie.
TABLE DES MATIERES
NOTE DES EDITEURS......................................................................................................................................3
LE
« CAPITAL » DE
MARX............................................................................................................................5
EXTRAIT DE LA PRÉFACE AU DEUXIÈME LIVRE DU « CAPITAL ».................................................13
RESUME DU CAPITAL LE PROCES DE LA PRODUCTION DU CAPITAL (LIVRE PREMIER)......15
PREFACE........................................................................................................................................................15
PREMIERE PARTIE LA MARCHANDISE ET L'ARGENT..........................................................................17
I.
La marchandise en
soi..............................................................................................................................17
II.
Procès d'échange de la
marchandise.......................................................................................................18
III.
La monnaie ou la circulation des
marchandises.....................................................................................20
DEUXIEME PARTIE LA TRANSFORMATION DE L'ARGENT EN CAPITAL..........................................26
I.
Formule générale du
capital.................................................................................................................26
II.
Contradiction de la formule
générale.......................................................................................................28
III.
Achat et vente de la force de
travail........................................................................................................30
TROISIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE ABSOLUE..............................................32
I.
Processus de travail et processus de mise en
valeur.............................................................................32
II.
Capital constant et capital
variable.........................................................................................................33
III.
Le taux de la
plus-value..........................................................................................................................34
IV.
La journée de
travail..............................................................................................................................35
V.
Taux et masse de la
plus-value.................................................................................................................37
QUATRIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE RELATIVE..........................................39
I.
Notion de la plus-value
relative.................................................................................................................39
II.
La
coopération........................................................................................................................................39
III.
Division du travail et
manufacture..........................................................................................................42
IV.
Machinisme et
grande-industrie..............................................................................................................45
V.
Nouvelles recherches sur la production de la
plus-value.........................................................................51
COMPLÉMENT ET SUPPLEMENT AU IIIE LIVRE DU « CAPITAL »...................................................52
1. LOI DE LA VALEUR ET TAUX DE PROFIT. « PROFIT-RATE »................................................................52
2. LA BOURSE
..................................................................................................................................................62
FRANZ
MEHRING : « LE CAPITAL
»..........................................................................................................65
I.
LES DOULEURS DE
L’ENFANTEMENT...............................................................................................................65
II.
LE PREMIER
LIVRE........................................................................................................................................67
ROSA
LUXEMBOURG
:..................................................................................................................................76
III.
LES DEUXIEME ET TROISIEME
LIVRES...........................................................................................................76
NOTE DES EDITEURS
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ETUDES SUR LE CAPITAL-Suivi de deux études de - Franz MEHRING - Rosa LUXEMBOURG
L’ETUDE du Capital de Marx présente certaines difficultés. L'imprévu de
la méthode, la profondeur de l'analyse, la multiplicité des points de
vue nouveaux déroutent et, parfois, exigent du lecteur non averti un
effort certain.
Il est préférable de commencer l'étude de la science
marxiste par des ouvrages plus accessibles, mais, même pour ceux qui
possèdent les premiers éléments de celle science, la lecture du Capital
demande quelque peu de persévérance. Il est déjà possible de la rendre
plus aisée, en prenant tout d'abord connaissance des commentaires
autorisés que nous devons au cofondateur de la doctrine, à Engels
lui-même.
La collection « les Eléments du communisme» se devait de
s'efforcer de préparer les étudiants du marxisme à l'élude de son
ouvrage essentiel. C'est dans ce but que nous avons réuni en une seule
brochure quatre travaux d'Engels se rapportant à l'étude du Capital.
1.
L'article « Le Capital de Marx » paru, les 21 et 28 mars 1868, dans le
Demokratisches Wochenblatt de Leipzig, qui constitue une magistrale
exposition du premier livre du Capital.
2. Un «Extrait de la préface au deuxième livre du Capital», consacré spécialement à la découverte de la plus-value.
3.
Le « Résumé du Capital », où Engels, chapitre par chapitre, résume et
commente la plus grande partie du livre premier du Capital. La rédaction
de ce travail, enrichi de nombreuses notes explicatives, a été
effectuée par les soins de l'Institut Marx-Engels-Lénine de Moscou.
4.
Le «Complément et supplément au troisième livre du Capital »,paru en
1895 dans le Devenir social et qui est introuvable aujourd'hui. Nous en
donnons une nouvelle version soigneusément revue et améliorée. Ce
travail constitue l'introduclion indispensable à l'étude du troisième
livre;
5;vient ensuite une étude sur « La Bourse
». Elle consiste en des remarques complémentaires sur le troisième livre
du Capital. Nous donnons ce travail d'après la copie photographique, de
l'Institut Marx-En gels-Lénine.
Nous avons cru utile d'ajouter en
annexe un extrait de l'ouvrage classique de Franz Mehring : Karl Marx :
Geschichte seines Lebens (Karl Marx, histoire de sa vie), où le grand
publiciste expose la genèse du Capital et en analyse le premier livre,
et quelques passages du méme ouvrage, dus à la plume de Rosa Luxembourg
et dans lesquels la célèbre militante avec sa clarté coutumière, nous
donne la substance des deuxième et troisième livres du Capital.
Nous
avons la conviction que, ainsi composé, ce petit ouvrage pourra rendre
de réels services à tous ceux. qui désirent entreprendre l'étude
sérieuse du Capital.
Un mot encore. Le «Résumé du Capital» n'a pas
été préparé par Engels pour l'impression ; Un travail d'élaboration
était donc nécessaire. Nous avons complété les mots abrégés en mettant
la partie complémentaire entre crochets [ ]. Nous avons, en plus, donné
en notes, in-extenso, maints passages de Marx analysés par Engels.
A
la fin de certains paragraphes figurent trois chiffres; le premier
indique la pagination de l'édition allemande du Capital dont s'est servi
Engels; des deux chiffres entre crochets, le premier indique la
pagination de l'édition allemande moderne du Capital (Verlag für
Literatur und Politik, Wien-Berlin S. W, 61, 1932), le deuxième se
réfère à l'édition française en cours de parution aux Edition s
Sociales.
Les notes non signées sont d'Engels.
Les notes des éditeurs sont signées (N. R.), celles du traducteur (N. T. ).
LE « CAPITAL » DE MARX
Depuis
qu'il y a des capitalistes et des ouvriers dans le monde, il n'est pas
paru de livre qui fût de pareille importance pour les ouvriers que
celui-ci. Les rapports entre le Capital et le Travail, l'axe autour
duquel tourne tout notre système social actuel, y sont pour la première
fois développés scientifiquement, et cela avec une profondeur et une
netteté possibles seulement à un Allemand. Si précieux que soient et que
resteront les écrits d'un Owen, d'un Saint-Simon, d'un Fourier, ïl
était réservé à un Allemand d'atteindre la hauteur d'où l'on peut
embrasser clairement, d'un seul coup d'oeil le domaine tout entier des
rapports sociaux modernes, de même façon qu'apparaissent aux yeux du
spectateur, debout sur la plus haute cime, les sites montagneux moins
élevés.
L'économie politique nous enseigne jusqu'à maintenant que le
travail est la source de toute richesse et la mesure de toutes les
valeurs, de telle façon que deux objets dont la production a coûté le
même temps de travail ont aussi la même valeur et que des valeurs égales
étant généralement seules échangeables entre elles, ils doivent aussi
être nécessairement échangés les uns contre les autres.
Mais elle
enseigne en même temps qu'il existe une espèce de travail emmagasiné
qu'elle appelle capital ; que ce capital grâce aux ressources qu'il
renferme, multiplie par cent et par mille la productivité du travail
vivant et réclame pour cela une certaine compensation qu'on appelle
profit ou bénéfice. Comme nous le savons tous, les choses se présentent
en réalité de la façon suivante : les profits du travail mort, accumulé,
constituent une masse de plus en plus grande, les capitaux des
capitalistes prennent des proportions de plus en plus colossales, alors
que le salaire du travail vivant devient de plus en plus infime, et la
masse des ouvriers vivant uniquement de salaire de plus en plus
nombreuse et de plus en plus pauvre. Comment résoudre cette orientation?
Comment peut-il rester un profit au capitaliste si l'ouvrier reçoit la valeur entière du travail qu'il ajoute à son produit?
Et
pourtant, puisque seules des valeurs égales sont échangeables, il
devrait bien en être ainsi. D'autre part, comment des valeurs égales
peuvent-elles être échangées, comment l'ouvrier peut-il recevoir la
valeur entière de son produit, si, comme il est concédé par beaucoup
d'économistes, ce produit est partagé entre les capitalistes et lui ?
L'économie
reste jusqu'ici perplexe devant cette contradiction,écrit ou balbutie
des formules embarrassées et vides. Même les critiques socialistes de
l'économie n'ont pas été capables jusqu'ici de faire autre chose que de
souligner cette contradiction; aucun ne l'a résolue jusqu'au moment où,
enfin, Marx, poursuivant le processus de la formation de ce profit
jusqu'à son lieu de naissance, a fait sur le tout la pleine lumière.
Dans le développement du capital, Marx part du fait simple et notoire
que, les capitalistes font valoir leur capital au moyen de l'échange ;
ils achètent de la marchandise pour leur argent et la revendent ensuite
pour une somme plus élevée qu'elle ne leur a coûté. Un capitaliste
achète, par exemple, du coton pour mille thalers et le revend pour 1.100
thalers, « gagnant » ainsi 100 thalers. C'est cet excédent de 100
thalers sur le capital initial que Marx appelle plus-value. D'où
provient cette plus-value ?
D'après l'hypothèse des économistes,
seules des valeurs égales sont échangeables, et, dans le domaine de la
théorie abstraite, la chose est juste aussi. L'achat du coton et sa
revente ne peuvent donc pas plus fournir de plus-value que l'échange
d'un thaler d'argent contre 30 gros d'argent et un nouvel échange de
cette monnaie de compte contre le thaler d'argent, opération où on ne
s'enrichit ni on ne s'appauvrit.
Mais la plus-value peut tout aussi
peu provenir du fait que les vendeurs vendent les marchandises au-dessus
de leur valeur, ou que les acheteurs les achètent au-dessous de leur
valeur, car chacun d'eux à son tour étant tantôt acheteur, tantôt
vendeur, il y a, par
conséquent, compensation. Cela ne peut pas plus
provenir du fait que les acheteurs et les vendeurs s'exploitent
réciproquement, car cela ne produirait pas de nouvelle valeur ou
plus-value, mais ne ferait, au contraire, que répartir autrement le
capital existant entre les capitalistes. Or, bien que le capitaliste
achète et revende les marchandises à leur valeur, il en tire plus de
valeur qu'il n'y en a mis. Comment cela se produit-il ?
Dans les
conditions sociales actuelles, le capitaliste trouve sur le marché une
marchandise qui a cette propriété particulière que sa consommation est
une source de nouvelle valeur, crée une nouvelle valeur, et cette
marchandise c'est la force da travail.
Qu'est-ce que la valeur de la
force de travail? La valeur de chaque marchandise est mesurée par le
travail qu'exige sa production. La force de travail existe sous la forme
de l'ouvrier vivant qui a besoin, pour vivre, ainsi que pour entretenir
sa famille qui assure la persistance de la force de travail aussi après
sa mort, d'une somme déterminée de moyens de subsistance. C'est donc le
temps de travail nécessaire à la production de ces moyens de
subsistance qui représente la valeur de la force de travail. Le
capitaliste paye l'ouvrier par semaine et achète ainsi l'emploi de son
travail pour une semaine. Messieurs les économistes seront jusque-là
assez d'accord avec nous sur la valeur de la force du travail.
A ce
moment, le capitaliste met son ouvrier au travail. Dans un temps
déterminé, l'ouvrier aura livré autant de travail que son salaire
hebdomadaire en représentait.
A supposer que le salaire
hebdomadaire d'un ouvrier représente trois journées de travail,
l'ouvrier qui commence le lundi a rendu au capitaliste le mercredi soir
la valeur entière du salaire payé. Mais cesse-t-il ensuite de travailler
? Pas du tout. Le capitaliste a acheté son travail pour une semaine, et
il faut que l'ouvrier travaille encore les trois derniers jours de la
semaine. Ce surtravail de l'ouvrier, au delà du temps nécessaire pour le
remplacement de son salaire est la source de la plus-value, du profit,
du grossissement toujours croissant du capital.
Qu'on ne dise pas
que c'est une supposition gratuite d'affirmer que l'ouvrier fait sortir
de son travail en trois jours le salaire qu'il a reçu et que les trois
autres jours il travaille pour le capitaliste. Qu'il ait besoin de juste
trois jours pour restituer son salaire, ou de deux, ou de quatre, c'est
d'ailleurs ici une chose tout à fait indifférente, et qui varie aussi
selon les circonstances ; mais la chose principale, c'est que le
capitaliste, à côté du travail qu'il paye, obtient encore du travail
qu'il ne paye pas, et il n'y a pas là de supposition arbitraire, car le
jour où le capitaliste ne recevrait continuellement de l'ouvrier
qu'autant qu'il lui paye en salaire, ce jour-là, il fermerait son
atelier, car tout son profit s'envolerait.
Et voilà que nous
avons résolu toutes ces contradictions. La formation de la plus-value
(dont le profit du capitaliste constitue une partie importante) est
maintenant tout à fait claire et naturelle. La valeur de la force du
travail est payée, mais cette valeur est de beaucoup inférieure à celle
que le capitaliste sait tirer de la force de travail, et la différence,
le travail non payé, constitue précisément la part du capitaliste, ou
plus exactement, de la classe capitaliste. Car même le profit que, dans
l'exemple cité plus haut, le marchand de coton a tiré de son coton, doit
nécessairement consister en travail non payé si les prix du coton n'ont
pas augmenté. Il faut que le marchand ait vendu à un fabricant de
cotonnades qui, outre ces cent thalers, puisse tirer encore pour soi un
bénéfice de sa fabrication, et qui partage par conséquent avec lui le
travail non payé qu'il a empoché. C'est ce travail non payé qui, en
général, entretient tous les membres de la société ne travaillant pas.
C'est avec lui qu'on paye les impôts d'Etat et des communes dans la
mesure où ils atteignent la classe capitaliste, les rentes foncières des
propriétaires terriens, etc. C'est sur lui que repose tout l'état
social existant.
D'autre part, il serait ridicule de supposer que
le travail non payé ne s'est formé que dans les conditions actuelles où
la production est le fait d'un côté des capitalistes et de l'autre des
salariés. Au contraire, de tout temps la classe opprimée a dû faire du
travail non payé. Pendant toute la longue période où l'esclavage fut la
forme dominante de l'organisation du travail, les esclaves ont été
obligés de travailler beaucoup plus qu'on leur donnait sous forme de
moyens de subsistance. Sous la domination du servage et jusqu'à
l'abolition de la corvée paysanne, il en fut de même ; et là apparaît
même, de façon tangible, la différence entre le temps où le paysan
travaille pour sa propre subsistance et celui où il fait du sur6travail
pour le seigneur, parce que ces deux formes de travail s'accomplissent
de façon séparée.La forme est maintenant différente, mais la chose est
restée, et tant qu'
une partie de la société possède le monopole des moyens de
production, le travailleur, libre ou non, est forcé d'ajouter au temps
de travail nécessaire à son propre entretien un surplus destiné à
produire la subsistance du possesseur des moyens de production.1
___________________
1 Capital, t. 1, p, 231.
II
Dans l'article précédent, nous avons vu que chaque ouvrier
qui est occupé par le capitaliste, fait un double travail : pendant une
partie de son temps de travail, il restitue le salaire que lui a avancé
le capitaliste, et cette partie de son travail est appelée par Marx le
travail nécessaire. Mais ensuite, il doit encore continuer à travailler
et produire pendant ce temps la plus-value pour le capitaliste, dont le
profit constitue une partie importante. Cette partie du travail
s'appelle le surtravail.
Supposons que l'ouvrier travaille trois
jours de la semaine pour restituer son salaire et trois jours pour
produire de la plus-value pour le capitaliste. Cela veut dire, en
d'autres termes, qu'il travaille, dans une journée de douze heures, six
heures par jour pour son salaire et six heures pour créer de la
plus-value. Mais on ne peut tirer de la semaine que six jours et même en
y ajoutant le dimanche, sept jours seulement, alors que de chaque jour
on peut tirer six, huit, dix, douze, quinze et même plus d'heures de
travail. L'ouvrier a vendu pour son salaire une journée de travail au
capitaliste. Mais qu'est-ce qu'un jour de travail ? Huit heures ou
dix-huit ?
Le capitaliste a intérêt à faire la journée de travail
aussi longue que possible. Plus elle est longue, plus elle crée de
plus-value. L'ouvrier a le juste sentiment que chaque heure de travail
qu'il fait au-delà de la restitution de son salaire, lui est prise de
façon illégitime; c'est sur son propre corps qu'il doit sentir ce que
cela signifie de travailler un temps trop long. Le capitaliste lutte
pour son profit, l'ouvrier pour sa santé, pour quelques heures de repos
quotidien, pour pouvoir, en dehors du travail, du sommeil et du manger
se manifester encore, en tant qu'homme.
Remarquons en passant qu'il
ne dépend pas de la bonne volonté des capitalistes pris isolément qu'ils
veuillent ou non s'engager dans cette lutte, car la concurrence
contraint le plus philanthrope d'entre eux à se rallier à ses collègues
et à faire accomplir une aussi longue journée de travail que ceux-ci.
La lutte pour cette fixation de la journée de travail date de la
première apparition d'ouvriers libres dans l'histoire et dure
jusqu'aujourd'hui. Dans diverses industries, règnent des coutumes
diverses concernant la journée de travail ; mais, en réalité, elles sont
rarement observées.
C'est seulement là où la loi fixe la journée de
travail et en contrôle l'observation, c'est là seulement qu'on peut
vraiment dire qu'il existe une journée de travail normale. Et jusqu'à
maintenant, ce n'est presque le cas que dans les districts industriels
d'Angleterre. Là, la journée de travail est fixée à dix heures (10
heures et demie pendant cinq jours et 7 heures et demie le samedi) pour
toutes les femmes et pour les garçons de 13 à 18 ans, et comme les
hommes ne peuvent travailler sans ces derniers, ils tombent, eux aussi,
sous la loi de la journée de dix heures. Cette loi, les ouvriers des
fabriques d'Angleterre, l'ont conquise par de longues années de
persévérance, par la lutte la plus tenace, la plus obstinée contre les
fabricants, par la liberté de la presse, par le droit de coalition et de
réunion, ainsi que par l'utilisation habile des divisions au sein de la
classe régnante elle-même.
Elle est devenue la sauvegarde des
ouvriers anglais, elle a été élargie peu à peu à toutes les grandes
branches d'industrie et étendue, l'année dernière, à presque tous les
métiers, du moins à tous ceux où sont occupés des femmes et des enfants.
Sur l'histoire de cette réglementation légale de la journée de travail
en Angleterre, l'ouvrage présent contient une documentation extrêmement
détaillée.Le prochain « Reichstag de l'Allemagne du Nord » aura
également à discuter une loi industrielle, et, par conséquent, à
réglementer le travail dans les fabriques. Nous espérons que pas un des
députés qui ont dû leur élection à des ouvriers allemands, n'ira à la
discussion de cette loi sans s'être auparavant familiarisé complètement
avec le livre de Marx. On peut obtenir beaucoup. Les divisions dans les
classes régnantes sont plus favorables aux ouvriers qu'elles le furent
jamais en Angleterre, parce que le suffrage universel contraint les
classes dominantes à rechercher la faveur des ouvriers. Dans ces
circonstances, quatre ou cinq représentants du prolétariat sont une
puissance, s'ils savent utiliser leur situation, s'ils savent avant tout
de quoi il s'agit; ce que les bourgeois ne savent pas. Et pour cela le
livre de Marx leur met en mains la documentation toute prête.
Nous laisserons de côté une série d'autres recherches très belles
d'un intérêt plus théorique et nous nous contenterons d'en venir au
chapitre final qui traite de l'accumulation du capital. On y prouve
d'abord que la méthode de production capitaliste, c'està-dire, réalisée
par des capitalistes d'une part et des salariés d'autre part, non
seulement reproduit constamment son capital au capitaliste, mais produit
toujours aussi en même temps la misère des ouvriers; de sorte que l'on
veille à ce que, d'une façon constante et renouvelée, existent d'un côté
des capitalistes qui sont les possesseurs de tous les moyens de
subsistance, de toutes les matières premières et de tous les instruments
de travail, et, de l'autre côté, la grande masse des ouvriers qui sont
contraints de vendre leur force de travail à ces capitalistes pour une
certaine quantité de moyens de subsistance, suffisants tout au plus,
dans le meilleur des cas, pour les maintenir en état de travailler et
pour faire grandir une nouvelle génération de prolétaires aptes au
travail.
Mais le capital ne se contente pas d'être reproduit : il est
continuellement augmenté et grossi et avec lui, sa puissance sur la
classe non possédante des ouvriers. Et de même qu'il est reproduit
lui-même dans des proportions de plus en plus grandes, le mode de
production capitaliste moderne reproduit également à une échelle
toujours plus grande, et en nombre toujours croissant, la classe des
ouvriers qui ne possèdent rien.
L'accumulation du capital reproduit les rapports du capital à une échelle plus large, plus de capitalistes ou de plus gros capitalistes à un pôle, plus d'ouvriers salariés à l'autre... L'accumulation du capital est donc l'augmentation du prolétariat.
Mais comme pour faire la même quantité de produits, il faut toujours moins d'ouvriers par suite du progrès du machinisme, de l'amélioration de l'agriculture, etc., comme ce perfectionnement, c'est-à-dire, cet excédent d'ouvriers grandit plus rapidement que le capital lui-même, qu'advient-il de ce nombre toujours plus grand d'ouvriers ? Ils forment une armée de réserve industrielle qui, pendant les périodes d'affaires mauvaises ou médiocres, est payée au-dessous de la valeur de son travail et est occupée irrégulièrement ou encore tombe à la charge de l'assistance publique, mais est indispensable à la classe capitaliste pour les moments d'activité particulièrement vive des affaires, comme cela apparaît de façon tangible en Angleterre, mais qui, en tout état de cause, sert à briser la force de résistance des ouvriers occupés régulièrement et à maintenir leurs salaires à un bas niveau.
Plus la richesse sociale est grande..., plus est grande la surpopulation relative ou l'armée de réserve industrielle. Mais plus cette armée de réserve est grande par rapport à l'armée ouvrière active [occupée régulièrement] et plus massive est la surpopulation consolidée [permanente], c'est-à-dire les couches d'ouvriers dont la misère est en proportion inverse de la peine de leur travail. Plus, enfin, la couche de la classe ouvrière partageant le sort de Lazare et l'armée de réserve industrielle sont grandes, plus est grand le paupérisme officiel. Telle est la loi générale, absolue de l'accumulation capitaliste.
Telles sont, prouvées d'une façon rigoureusement scientifique -
et les économistes officiels se gardent bien de tenter seulement de les
réfuter - quelques-unes des lois principales du système social
capitaliste moderne. Mais avec cela avons-nous tout dit ? Pas du tout.
Avec la même netteté que Marx souligne les mauvais côtés de la
production capitaliste, il prouve, de façon aussi claire, que cette
forme sociale était nécessaire pour développer les forces productives de
la société à un niveau qui permette le même développement vraiment
humain pour tous les membres de la société. Toutes les formes sociales
antérieures ont été trop pauvres pour cela. Seule, la production
capitaliste crée les richesses et les forces de production nécessaires à
cette fin, niais elle crée en même temps, avec la masse des ouvriers
opprimés, la classe sociale qui, de plus en plus, est contrainte de
revendiquer l'utilisation de ces richesses et de ces forces productives
pour toute la société et non, comme aujourd'hui, pour une classe
monopoliste.
(Demokratisches Wochenblatt, de Leipzig, 21-28 mars 1868.)
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EXTRAIT DE LA PRÉFACE AU DEUXIÈME LIVRE DU « CAPITAL »
Vers la fin du siècle dernier, régnait encore, comme chacun
sait, la théorie phlogistique, d'après laquelle la nature de toute
combustion consistait en ce que du corps en combustion il se détachait
un autre corps, un corps hypothétique, une matière combustible absolue à
qui on donnait le nom de phlogiston. Cette théorie suffisait à
expliquer la plupart des phénomènes chimiques alors connus, non sans
toutefois, dans certains cas, faire violence aux faits. Or, voici qu'en
1774, Priestley produisit une espèce d'air « qu'il trouva si pur ou si
exempt de phlogiston que, par comparaison, l'air ordinaire paraissait
déjà vicié » Il l'appela : air déphlogistisé. Peu dé temps après,
Scheele produisit, en Suède, la même espèce d'air et prouva qu'il
existait dans l'atmosphère. Il constata également qu'il disparaissait
quand on brûle un corps dans son sein ou dans l'air ordinaire. Il
l'appela donc « air à feu ».
De ces résultats, il tira la conclusion que la combinaison qui naît de l'alliance du phlogiston avec un des éléments de l'air [c'est-à-dire dans la combustion], n'était que du feu ou de la chaleur qui s'échappait du verre2.
Priestley et Scheele avaient tous deux produit l'oxygène, mais
sans savoir ce qu'ils avaient sous la main. Ils « ne pouvaient se
dégager des catégories « phlogistiques », telles qu'ils les trouvaient
établies.» L'élément qui allait renverser toute la conception
phlogistique et révolutionner la chimie restait, entre leurs mains,
frappé de stérilité.
Mais Priestley avait immédiatement communiqué sa
découverte à Lavoisier, à Paris, et celui-ci, partant de ce fait
nouveau, soumit à l'investigation toute la chimie phlogistique ; c'est
alors qu'il découvrit que la nouvelle sorte d'air était un élément
chimique nouveau, que, dans la combustion d'un corps, ce n'est pas le
mystérieux phlogiston qui s'échappe, mais bien ce nouvel élément qui se
combine avec le corps, et il mit ainsi sur ses pieds toute la chimie
qui, sous sa forme phlogistique, était mise à l'envers.
Et s'il n'est
pas exact, contrairement à ce qu'il a prétendu par la suite, qu'il ait
produit l'oxygène en même temps que Priestley et Scheele et
indépendamment d'eux, il n'en reste pas moins celui qui a vraiment
découvert l'oxygène par rapport aux deux autres qui l'avaient simplement
produit, sans avoir la moindre. idée de ce qu'ils avaient produit.
Marx est à ses prédécesseurs, quant à la théorie de la plus-value, ce
que Lavoisier est à Priestley et à Scheele. Longtemps avant Marx on
avait établi l'existence de cette partie de la valeur du produit que
nous appelons maintenant plus-value ; on avait également énoncé plus ou
moins clairement en quoi elle consiste : à savoir dans le produit du
travail pour lequel l'acquéreur ne donne pas d'équivalent.Mais on
n'allait pas plus loin. Les uns, les économistes bourgeois classiques,
étudiaient tout au plus le rapport suivant lequel le produit du travail
est réparti entre l'ouvrier et le possesseur des moyens de production.
Les autres, les socialistes, trouvaient cette répartition injuste et
cherchaient des moyens utopiques à mettre fin à cette injustice. Ni les
uns ni les autres ne réussissaient à se dégager des catégories
économiques qu'ils avaient trouvées établies.
Alors
Marx vint. Et il prit le contrepied direct de tous ses prédécesseurs.
Là où ceux-ci avaient vu une solution, il ne vit qu'un problème.
Il s'aperçut qu'il n'y avait ici ni « air déphlogistisé » ni « air à
feu », mais de l'oxygène ; qu'il ne s'agissait ici ni de la simple
constationd'un fait économique, ni du conflit de ce fait avec la justice
éternelle et la vraie morale, mais d'un fait appelé à bouleverser toute
l'économie, et qui, pour la compréhension de toute la production
capitaliste, offrait la clef à qui savait s'en servir. Partant de ce
fait, il examina toutes les catégories existantes, de même que Lavoisier
partant de l'oxygène, avait examiné les catégories existantes de la
chimie phlogistique.
______________
2 ROSCOE-SCHORLEMMER : Manuel complet de chimie, Brunswick, 1877 I, p. 3-18 (Note d'Engels.)
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RESUME DU CAPITAL
Le procès de la production du capital (Livre Premier)
Préface à l'édition allemande
CINQUANTE années se sont
écoulées depuis la mort de Karl Marx. Alors que cette période a suffi
pour faire sombrer dans l'oubli total les oeuvres d'écrivains fort
connus de leurs contemporains elle n'a été pour le Capital de Karl Marx
qu'une marche triomphale, à travers le monde entier. Le résumé de cette
oeuvre par Engels, que nous pouvons pour la première fois faire lire en
langue allemande au prolétariat allemand, revêt donc, pour cette raison,
une importance particulière.
Engels entreprit ce travail quand, à la
demande de Marx, il écrivit pour la Fortnightly Review, revue libérale
de gauche paraissant à Londres, un article sur le premier tome du
Capital. Mais le rédacteur de la Fortnightly Review, renvoya à l'auteur
la première partie de l'article, et Engels cessa d'y travailler.
Engels
qui préparait son travail avec beaucoup de soin, avait commencé suivant
en cela les directives précises de Marx par prendre des extraits du
Capital ; le résumé que nous publions aujourd'hui en est le résultat.
Le 17 avril 1868, Engels écrivait à Marx
Avec le temps limité dont je dispose, la dissection de ton livre me donne plus d'ouvrage que je ne le prévoyais ; car enfin3, une fois qu'on s'attelle à ce travail il faut au moins le faire à fond et pas seulement en vue de cet objectif spécial.
Ce travail, Engels l'a effectué vraisemblablement dans la première moitié de l'année 1868 il n'a pas dépassé la quatrième partie. la Production de la plus-value relative, chapitre XIII : « Machinisme et grande industrie », sous-chapitre 6. Le résumé n'a pas été achevé Cependant, même sous cette forme, il rendra de précieux services au prolétariat, car, il résume magistralement en termes propres, les idées fondamentales du Capital. Engels nous montre la voie à suivre pour se pénétrer des enseignements du Capital. Aussi, le résumé sera-t-il un guide important dans l'étude de l'économie politique marxiste.
Ce travail est, par endroits, difficile à comprendre. C'est qu'il n'est pas destiné à remplacer l'étude préalable d'oeuvres économiques marxistes élémentaires comme Travail salarié et capital , Salaires, prix et profits, comme les parties économique de l'article sur Karl Marx de Lénine et de l'Anti-Dahring d'Engels ; il doit seulement permettre au lecteur prolétarien de passer de l'étude de ces ouvrages, facilement compréhensibles, à celle du Capital.
Seul Engels, le génial collaborateur de
Marx, co-fondateur du matérialisme historique et du communisme
scientifique, qui a lui-même exploré le domaine de l'économie politique,
pouvait, dans son résumé, restituer le contenu du Capital sous une
forme aussi claire et aussi condensée. Son art de la popularisation
repose sur une maîtrise absolue de la méthode du màtérialisme
dialectique. Le résumé est un modèle de recherche et
______________________________
3 En français dans le texte (N.T.)
d'exposition matérialistes. Les
catégories économiques sont montrées dans leur développement historique.
Engels n'a omis, dans son résumé aucune des transitions révélées par le
Capital. Alors que les falsificateurs idéalistes du marxisme contestent
la base matérielle qui sert d'assise aux catégories marxistes de
l'économie politique, Engels, matérialiste, part toujours des conditions
de production. Voilà pourquoi son résumé est une arme contre la
déformation menchévik de l'économie marxiste dans le sens idéaliste.
Le résumé est centré sur la théorie de
la plus-value. Quand, en 1884, Deville fit paraître en France l'abrégé
populaire du Capital, Engels lui reprocha, en particulier, d'y avoir mis
des choses «inutiles pour l'intelligence de la théorie de la plus-value
et de ses conséquences (et c'est cela justement qui importe pour un
abrégé populaire) ». Engels étudie avec une attention particulière les
lois de la production de la plus-value, car la production de plus-value,
l'exploitation des ouvriers, éveille dans le prolétariat les forces de
l'indignation, de la révolte. Par ailleurs, la production de plus-value
aboutît à un tel épanouissement des forces productives que le cadre du
mode de production capitaliste devient trop étroit, que le renversement
de la bourgeoisie, l'instauration de la dictature prolétarienne,
l’édîfication du socialisme deviennent possibles et néssaires.
C'est dans la façon dont Engels met la production de la plus-value au
centre de son travail qu'en apparaît le caractère rêvolutionnaire. Il
traite des contradictions économiques de la production des marchandises,
depuis la contradiction entre la valeur d'usage et la valeur d'échange,
jusqu'à sa forme la plus élevée dans le capitalisme.
Dans la
contradiction économique, il découvre la contradiction de classe il
montre les classes en tant que supports des contradictions économiques.
Soit par des citations de Marx, soit par des formulations personnelles,
Engels met justement en relief le côté révolutionnaire et «
révolutionnarisant » du capitalisme :
La plus-value est le surtravail cristallisé et seule la forme de son extorsion distingue les diverses formations sociales.
Le capital ne se soucie donc nullement de la santé et de la vie de l'ouvrier, à moins d'y être forcé par la société.
Engels souligne que
devant les ouvriers se dressent les puissances spirituelles du processus de travail en tant que propriété étrangère et force qui les domine.
Combien lamentables paraissent à côté du résumé d'Engels les innombrables tentatives faites par les économistes bourgeois et social-démocrates (Kautsky, Borchardt, etc.) pour populariser et abréger le Capital, c'est-à-dire pour le vulgariser - au pire sens du mot - et le falsifier.
II est regrettable qu'Engels n'ait pu terminer son travail. Cependant, même sous cette forme inachevée, il sera pour le lecteur un guide indispensable à travers le Capital.
Le texte a été établi sur la base d'une
vérification minutieuse du texte original, d'après les copies
photographiques qui se trouvent à l'Institut Marx-Engels-Lénine. Nos
additions, qui se bornent essentiellement à l'explication de mots
étrangers, ont été placées entre crochets. Les indications paginales
données par Engels se rapportent à la première édition allemande du
Capital, tome I, Editions Otto Meissner ;les chiffres ajoutés entre
crochets se rapportent à l'édition établie par les soins de l'Institut
Marx-Engels-Lénine.
L'édition du résumé que nous publions aujourd'hui a été préparée par Horst Frochlich. INSTITUT MARX-ENGELS-LÉNINE.
LIVRE PREMIER
Le procés de la production du capital
PREMIERE PARTIE
LA MARCHANDISE ET L'ARGENT
I. La marchandise en soi
La
richesse des sociétés dans lesquelles règne la production capitaliste
consiste, en marchandises. La marchandise est une chose qui possède une
valeur d'usage ; cette dernière existe dans toutes les formes sociales,
mais, dans la société capitaliste, la valeur d'usage est en même temps
le support matériel de la valeur d'échange.
La valeur d'échange présuppose un tertium comparationis4 auquel elle est mesurée : le travail, la substance sociale commune des valeurs d'échange, plus précisément le temps de travail socialement nécessaire qui y est matérialisé.
De même que la marchandise [revêt] un double aspect valeur d'usage et valeur d'échange, de même, le travail contenu en elle [est] doublement déterminé: d'une part comme activité productive déterminée, travail du tisserand, du tailleur, etc., « travail utile », d'autre part, comme simple dépense de force de travail humaine, travail cristallisé, abstrait. Le premier produit de la valeur d'usage, le second de la valeur d'échange ; seul, ce dernier est quantitativement comparable (la distinction entre travail skilled [qualité] et unskilled [non qualifié], travail composé et travail simple, le confirme).
[La] substance de la valeur d'échange [est] donc le travail abstrait. Sa grandeur [se mesure] au temps employé. [Reste] encore à considérer la forme de la valeur d'échange.
1. x marchandise A = y marchandise B,
la valeur d'une marchandise exprimée en valeur d'usage d'une autre
[marchandise] est sa5 valeur relative. L'expression de l'équivalence de
deux marchandises est la forme simple de la valeur relative. Dans
l'équation ci-dessus, y marchandise B est l'équivalent. En lui, x
marchandise A reçoit sa forme valeur par opposition à sa6 forme
naturelle, alors que y marchandise B reçoit en même temps, dans sa
propre forme naturelle, la propriété de pouvoir être directement
échangé.
La valeur d'échange est imprimée à la valeur d'usage de la
marchandise par des conditions historiques déterminées. Elle ne peut
donc l'exprimer dans sa propre valeur d'usage, mais seulement dans la
valeur d'usage d'une autre marchandise. C'est seulement dans la mise en
égalité de deux produits concrets du travail que le travail concret
contenu dans l'un et dans l'autre révèle sa qualité de travail humain
abstrait ; c'est-à-dire qu'une marchandise peut se comporter comme
simple matérialisation de travail abstrait, non pas envers le travail
concret contenu en elle-même, mais envers le travail concret contenu
dans une autre espèce de marchandise.
L'équation x marchandise A =
y marchandise B implique. nécessairement que x marchandise A puisse
être également exprimé dans d'autres marchandises, donc :
2. x marchandise A = y marchandise B = z marchandise C =v mimarchandise D = u marchandise E . etc., etc.
C'est
là la forme développée de la valeur relative. Ici, x marchandise A, en
tant que simple matérialisation du travail qui y est contenu, ne se
rapporte plus à une marchandise, mais à toutes. Mais par simple
inversion, elle conduit à
4 Terme de comparaison. (N. T.)
5 Se rapporte à l'expression « x marchandise A,». (N. R.)
6 Se rapporte au- mot « marchandise ». (N. R.)
3. la deuxième forme, réfléchie, de la valeur relative.
y marchandise B = x marchandise A
z marchandise C = x marchandise A
v marchandise D = x marchandise A
u marchandise E = x marchandise A
etc., etc.
Ici, les marchandises reçoivent la forme de valeur relative générate,
dans laquelle, en tant que marchandiises, elles s’abstraient de leur
valeur d'usage pour s'identifier, en tant que matérialisation du travail
abstrait, dans [l’expression] x marchandise A. L'expression x
marchandise A est la forme générique de l'équivalent pour toutes les
autres marchandises, elle est leur équivalent général; le travail qui y
est matérialisé vaut simplement comme réalisation de travail abstrait,
comme travail général. Mais maintenant :
4. Chaque marchandise de la
série peut prendre le rôle d'équivalent général; mais, simultanément,
elles ne peuvent prendre [pour équivalent général] qu'une des
marchandises [de la série] car si toutes les marchandises étaient des
équivalents généraux, chacune en exclurait l'autre à nouveau.
La
forme 3 n'est pas engendrée par x marchandise A, mais par les autres
marchandises, objectivement. Il faut donc qu'une marchandise déterminée
prenne le rôle [d'équivalent général] - elle peut changer pour l'instant
- et c'est par là seulement que la marchandise devient intégralement
marchandise. Cette marchandise particulière avec la forme naturelle [de
laquelle] se confond la forme de l'équivalent général, est l'argent.
La
difficulté de la marchandise réside en ce que, comme toutes les
catégories du mode de production capitaliste, elle représente sous une
enveloppe matérielle un rapport entre individus. Les producteurs
rapportent leurs divers travaux les uns aux autres comme travail humain
général, tandis qu'ils rapportent leurs produits entre eux en tant que
marchandises, sans l'entremise des choses ils ne sauraient y parvenir.
Le rapport entre les individus apparaît donc comme un rapport entre les
choses.
Pour une société où prédomine la production des marchandises,
le christianisme, [et plus] spécialement le protestantisme, [est] la
religion appropriée.
II. Procès d'échange de la marchandise.
DANS l'échange, la marchandise démontre qu'elle est marchandise. Les possesseurs de deux marchandises doivent avoir la volonté d'échanger leurs marchandises resp[ectives] et, par conséquent, se reconnattre mutuellement la qualité de propriétaires privés. Ce rapport juridique, dont la forme est le contrat, n'est que le rapport de volontés, dans lequel se reflète le rapport économique. Le contenu de ce rapport [de droit et de volontés] est donné par le rapport économique même, P. 45 (90/95).
La marchandise est valeur d'usage pour celui qui ne la possède pas, elle n'est pas valeur d'usage pour son possesseur7. D'où le besoin d'échange. Mais chaque possesseur de marchandise veut acquérir des valeurs d'usage qui lui soient spécifiquement utiles - en ce sens l'échange est un processus individuel. Par ailleurs, il veut réaliser sa marchandise comme valeur, par conséquent dans n'importe quelle marchandise, que sa [propre] marchandise soit ou non valeur d'usage pour le possesseur de l'autre marchandise. En ce sens, l'échange est pour lui un processus social général. Mais le même processus ne peut pas être pour tous les propriétaires de marchandises à la fois individuel et social général.Chaque possesseur de marchandise considère sa [propre] marchandise comme l'équivalent général, et toutes les autres marchandises comme autant d'équivalents particuliers de la sienne. Comme tous les possesseurs de marchandises font de même, aucune marchandise n'est équivalent général : par suite, aucune marchandise ne revêt la forme générale de valeur relative, dans laquelle toutes les valeurs s'égaleraient et pourraient être comparées comme grandeurs de valeurs. Elles ne se rapportent donc pas les unes aux autres comme marchandises, mais seulement comme produits. P. 47 [92/97].
_________________
7 Engels emploie
les mots de non-possesseur et non-valeur d'usage et dit littéralement : «
La marchandise est valeur d'usage pour son non-possesseur, elle est
non-valeur d'usage pour son possesseur. « (N. T.)
Les marchandises ne peuvent se rapporter les unes aux autres comme valeurs, et par suite comme marchandises, que si elles se rapportent toutes à une autre marchandise quelconque comme équivalent général. Mais seul le fait social peut muer une marchandise déterminée en équivalent général : l'argent.
La contradiction immanente de la marchandise en tant qu'unité directe de valeur d'usage et valeur d'échange, en tant que produit du travail privé utile... et en tant que matérialisation directe et sociale de travail humain abstrait, cette contradiction n'a pas de cesse avant d'avoir abouti au dédoublement de la marchandise en marchandise et argent. P. 48 [92-93/97].
Toutes les autres marchandises n'étant
que des équivalents particuliers de l'argent et celui-ci étant leur
équivalent général, elles se comportent comme marchandises particulières
à l'égard de l'argent, marchandise générale. Le processus d'échange
donne à la marchandise qu'il transforme en argent non pas sa valeur,
mais sa forme-valeur. P. 53 [97-98/100.
Fétichisme : une marchandise
ne semble pas devenir argent parce que les autres marchandises expriment
en elle leurs valeurs, mais ces dernières semblent au contraire
exprimer leurs valeurs en elle parce qu'elle est argent.
III. La monnaie ou la circulation des marchandises.
A. Mesure des valeurs (or = monnaie supposée).8
LA monnaie comme mesure de la valeur est la forme sous laquelle se
manifeste nécessairement la mesure de la valeur immanente des
marchandises : le temps de travail. La simple expression de la valeur
relative de la marchandise en argent, x marchandise A = y argent, est
son prix. P. 55 [99-100/105].
Le prix de la marchandise, sa forme
argent, est exprimé en monnaie idéale ; c'est donc seulement l'argent
idéal qui mesure les valeurs. P. 57 {101/105].
Une fois réalisée la transformation de
la valeur en prix, il devient techniquement nécessaire de développer
davantage encore la mesure des valeurs pour aboutir à l'étalon des prix ;
c'est-à-dire qu'une quantité d'or est fixée qui sert de mesure aux
diverses [autres] quantités d'or. Le tout est essentiellement distinct
de la mesure des valeurs qui, elle-même, dépend de la valeur de l'or ;
quant à cette dernière, elle est indifférente pour la mesure des prix.
P, 59 [l05-106/108].
Les prix étant formulés en appellations arithmétiques de l'or9, l'argent sert [alors] de monnaie de compte.
Si
le prix, comme exposant de la grandeur de valeur de la marchandise est
l'exposant de son rapport d'échange avec la monnaie, il ne s'ensuit pas
réciproquement que l'exposant du rapport d'échange avec la monnaie soit
nécessairement le rapport de sa grandeur de valeur.
En supposant
que des circonstances permettent ou imposent de vendre une marchandise
au dessus ou au-dessous de sa valeur, ces prix de vente, s'ils ne
correspondent pas à sa valeur, n'en sont pas moins le prix de la
marchandise, car ils sont :
1. la forme de sa valeur, l'argent, et
2. les exposants de ses rapports d'échange avec l'argent.
La
possibilité de désaccord quantitatif entre le prix et la grandeur de
valeur est donc donnée dans la forme prix elle-même. Cela ne constitue
pas une défectuosité de cette forme ; celle-ci devient au contraire
ainsi la forme adéquate d'un mode de production où la règle ne peut
prévaloir qu'en tant que loi moyenne, à l'action aveugle, de
l'irrégularité.
La forme prix peut ce[pendant aussi] dissimuler [une]
contradiction qualitative, de sorte que le prix cesse, d'une façon
générale, d'être expression de valeur... La conscience, l'honneur, etc.,
peuvent... par leur prix acquérir la forme marchandise. P. 60-61
[107/112].
La mesure des valeurs en argent, la forme prix, implique
la nécessité de l'aliénation [vente] ; la mesure idéale des prix
[implique] la [mesure] réelle. D'où la circulation.
B. Moyens de circulation.
a) La métamorphose des marchandises.
Forme simple : M-A-M
(marchandise-argent-marchandise), dont le contenu matériel =M-M. Abandon
de valeur d'échange, appropriation de valeur d'usage.
___________
8 Le
texte de Marx dit, plus clairement : « Dans un but de simplification,
nous supposons que l'or est la marchandise qui remplit les fonctions de
monnaie. » (N. T.)
2. C'est-à-dire en noms monétaires ; livre, franc, ducat... (N, T.)
1. Première phase : M-A = vente, avec deux éventualités :celle de la non-réussite [de la vente] ou celle de la vente au-dessous de la valeur ou au-dessous du prix de revient, si la valeur sociale de la marchandise se modifie.
La
division du travail transforme le produit du travail en marchandise et
nécessite par cela même sa transformation en argent.
En
même temps elle remet au hasard la réussite de cette
trans-substantiation. P. 60-67 [111-113/115-116]. Pour considérer ici le
phénomène en lui-même, M-A présuppose que le possesseur de l’A (au cas
où il n'est pas producteur d'or) a auparavant échangé d'autres M contre
son A (la possession de l'A résulte pour lui de la vente antérieure
d'autres M) : pour l'acheteur, le phénomène n'est donc pas seulement
l'inverse = A-M, mais [encore] il présuppose de sa part une vente
antérieure, etc., de sorte que nous nous trouvons dans une série infinie
d'achats et de ventes.
2 . La même chose se produit dans la deuxième phase, A-M. Achat, qui est en même temps une vente pour l'autre participant.
3. Le processus d'ensemble est donc un cycle d'achats et de ventes. Circulation des marchandises.
Cette
dernière [est] toute différente de l'échange direct des produits ;
d'une part les limites locales et individuelles de l'échange direct des
produits sont brisées, la permutation du travail humain [est]développée ;
d'autre part, il apparaît ici déjà que tout le processus est
conditionné par des rapports naturels sociaux indépendants des personnes
qui interviennent dans ces opérations. P. 72 [117/120].
L'échange
simple s'est éteint dans le seul acte d'échange au cours duquel chacun
[des partenaires] a échangé de la non-valeur d'usage pour de la valeur
d'usage ; [mais] la circulation continue indéfiniment.
P. 73 [118/121]. Voici un dogme économique faux :
La circulation des marchandises exigerait nécessairement l'équilibre
des achats et des ventes, chaque achat étant vente et vice-versa - ce
qui reviendrait à dire que chaque vendeur amène son [propre] acheteur
sur le marché.
1. L'achat et la vente constituent d'une part, un
acte identique de deux personnes polariquement opposées, d'autre part,
deux actes polariquement opposés d'une [même] personne. L'identité entre
l'achat et la vente implique donc que la marchandise est inutile, quand
elle n'est pas vendue, donc aussi que cette éventualité peut survenir.
2.
M-A en tant que processus partiel est en même temps, un processus
indépendant et implique que l'acquéreur de l'A peut choisir le moment où
il transformera à nouveau cet A en M. Il peut attendre. L'unité
intérieure des processus indépendants, M-A et A-M se meut, justement du
fait de l'indépendance de ces processus, dans des contradictions
extérieures, et lorsque la tendance qu'ont ces processus dépendants à
devenir indépendants atteint une certaine limite, l'unité s'impose par
une crise, dont la possibilité [est] par conséquent donnée ici même. En
tant qu'intermédiaire de la circulation des marchandises, la monnaie est
moyen de circulation.
b) Mouvement de la monnaie.
Chaque
marchandise individuelle entre et sort de la circulation par
l'intermédiaire de la monnaie ; la monnaie, elle, y reste toujours. Bien
que, par suite, le mouvement de la monnaie ne soit que l'expression de
la circulation des marchandises, cette dernière n'en apparaît pas moins
comme le résultat du mouvement de la monnaie. Comme l'argent reste
constamment dans la sphère de la circulation, la question se pose de la
quantité d'argent qui y est contenue.
______________________________________________
10 Lettres grecques dans le texte d'Engels. (N. R.)
La masse de l'argent circulant est
déterminée par la somme des prix des marchandises (pour une valeur
constante de la monnaie), et cette somme des prix par la masse des
marchandises en circulation. Cette masse de marchandises étant supposée
donnée, la masse de l'argent circulant varie avec les fluctuations de
prix des marchandises. La même pièce de monnaie servant à la conclusion
d'un certain nombre d'affaires dans un temps donné, on a pour un laps de
temps déterminé :
somme des prix des marchandises par nombre de
cycles d'une pièce de monnaie=masse de la monnaie fonctionnant comme
moyen de circulation. P. 80 [125/126].
Par suite, le papier-monnaie peut évincer l'or quand il est jeté dans une circulation saturée.
Comme dans le mouvement de la monnaie n'apparaît que le processus de
circulation des marchandises, la rapidité de ce mouvement révèle aussi
celle de ses métamorphoses [les métamorphoses de la circulation des
marchandises], son ralentissement [révèle] la séparation entre l'achat
et la vente, le ralentissement des échanges sociaux. La circulation ne
nous indique pas la cause de ce ralentissement; elle ne nous montre que
le phénomène. Le philistin l'explique par la quantité insuffisante de
moyens de circulation. P. 81 [125-126/126-127].
Ergo1:
1. Les prix
des marchandises restant constants, la masse de la monnaie circulante
augmente quand augmente la masse des marchandises en circulation ou que
se ralentit le mouvement de la monnaie; et elle diminue vice versa
[quand la masse des marchandises en circulation diminue ou que le
mouvement de la monnaie s'accélère].
2. Les prix des marchandises subissant une hausse générale, la masse de la monnaie circulante reste constante si la masse des marchandises diminue ou si la rapidité de la circulation augmente dans la même mesure.
3. Les prix des marchandises subissant une baisse générale, - inverse de 2.
Dans l'ensemble, on trouve une moyenne assez constante à laquelle
seules les crises pour ainsi dire font subir des perturbations
importantes.
c) Numéraire. Signe de valeur.
L'étalon des prix est fixé par
l'Etat, de même que l'appellation donnée à la pièce d'or déterminée - le
numéraire et sa fabrication. Sur le marché mondial, les uniformes
nationaux respectifs sont retirés (il est fait abstraction ici du trésor
accumulé de la Monnaie), de sorte que le numéraire et les lingots12 ne
se distinguent que par la forme.
- Mais la monnaie s'use dans la
circulation, l'or en tant que moyen de circulation se différencie de
l'or en tant qu'étalon des prix; le numéraire devient de plus en plus
[le] symbole de son contenu officiel.
Par là se trouve donnée d'une façon
latente la possibilité de remplacer l'argent métallique par des jetons
ou des symboles. D'où :
1. Monnaie divisionnaire de cuivre ou
d'argent, dont la fixation par rapport à la monnaie or réelle est
empêchée par la limitation de la quantité dans laquelle elle constitue
un legal tender13. Son contenu purement arbitraire [est] fixé par la loi
et sa fonction du numéraire devient ainsi indépendante de sa valeur.
D'où le progrès possible vers des signes absolument sans valeur.
2.
Papier-monnaie, c'est-à-dire papier-monnaie d'Etat avec cours forcé (la
monnaie de crédit ne sera pas encore traitée ici). Dans la mesure où ce
papier-monnaie circule réellement à la place de la monnaie d'or, il est
soumis aux lois de la circulation monétaire. Seul, le rapport dans
lequel ce papier remplace l'or peut faire l'objet d'une loi spéciale, à
savoir: l'émission de papier-monnaie doit être limitée à la quantité
dans laquelle l'or qu'il symbolise circulerait réellement14. Il est vrai
que le degré de saturation de la circulation oscille, mais partout
l'expérience fait apparattre un minimum au-dessous duquel il ne tombe
jamais. Ce minimum peut être émis. En outre, quand le degré de
saturation s'abaisse au minimum, une partie [du papier-monnaie] devient
immlédiatement superflue. En pareil cas, la quantité totale de papier au
sein du monde des marchandises ne symbolise cependant que la quantité
d'or déterminée par ses lois immanentes, donc seule capable d'être
symbolisée15. [Si] donc la masse de papier [constitue] le double de la
masse d'or absorbée, chaque morceau de papier se déprécie [et tombe] à
la moitié de sa valeur nominale. Tout comme si l'or avait subi une
modification dans sa fonction de mesure des prix, dans sa valeur. P. 89
(133/133-134).
______________
11 Donc. (N.T.)
12 L'or monnayé et l'or en barres. (N. T.)
13 Moyen de paiement légal. (N. R.)
C. La monnaie ou l'argent-monnaie.
a) La thésaurisation.
Avec le premier développement de la
circulation des marchandises se développe la nécessité et la passion de
retenir le produit de M-A, l'A. Au lieu de servir simplement
d'intermédiairé des échanges, cette métamorphose devient un but en
elle-même. L'argent se pétrifie, devient trésor, et le vendeur se change
en thésauriseur. P. 91 [135-136/135-136].
Cette forme prédominante [prédomine] justement aux débuts de la circulation des marchandises. Asie. Avec le développement de la circulation des marchandises, chaque producteur de marchandises doit s'assurer le nervus rerum16, le gage social de la force, l'A Ainsi se constituent partout des hoards17.Le développement de la circulation des marchandises augmente la puissance de la monnaie, forme toujours disponible et absolument sociale de la richesse. P. 92 [1.36-137/136-138]. L'instinct de thésaurisation est par essence illimité. Au point de vue de la qualité ou de forme, la monnaie n'a point de limites et reste le représentant général de la richesse matérielle, parce qu'elle peut directement se transformer en n'importe quelle marchandise. Mais au point de vue de la quantité, toute somme réelle est limitée et n'a donc, comme moyen d'achat, qu'une action limitée. Cette contradiction ramène sans cesse le thésauriseur à son travail de Sisyphe de l'accumulation.
A côté de cela, l'accumulation d'or et d'argent en plate18, [constitue] à la fois [un] nouveau marché pour ces métaux, et [une] source latente de monnaie.
La thésaurisation sert de canal
abducteur et adducteur de l'argent circulant dans les oscillations
permanentes du degré de saturation de la circulation. P. 93
[139-140/139].
____________
14 Dans le texte de Marx «
L'émission du papier-monnaie doit être proportionnée à la quantité d'or
(ou d'argent) dont il est le symbole et qui devrait réellement circuler.
» (N T)
15 Dans le texte de Marx : Le papier-monnaie n'est donc
signe de valeur qu'autant qu'il représente des quantités d'or qui, comme
toutes les autres quantités de marchandises, sont aussi des quantités
de valeur. » (N. T.)
16 Le nerf des choses. (N. T.)
17 Trésors. (N. T.)
18 Objets précieux..(N. T.)
b) Moyen de paiement.
Le développement de la circulation des marchandises fait surgir de
nouvelles, conditions: l'aliénation de la marchandise peut être séparée
chronologiquement de la réalisation de son prix.
La production des
diverses marchandises nécessite des durées diverses; elles sont
fabriquées à des saisons différentes; maintes marchandises doivent, être
expédiées vers des marchés lointains, etc. X19 peut donc être vendeur
avant que Y, l'acheteur, soit solvable. La pratique règle les conditions
de paiement de la façon suivante : X devient créancier, Y débiteur,
l'argent devient moyen de paiement. Le rapport entre le créancier et le
débiteur est donc d'ores et déjà antagoniste. (Il peut en être ainsi
indépendamment de la circulation des marchandises, par exemple dans
l'antiquité et au moyen âge.) P. 97 -[140-141/1140-141].
Dans ce rapport, l'argent fonctionne :
1. comme mesure de valeur pour la détermination des prix des marchandises vendues;
2. comme moyen d'achat idéal.
En
tant que trésor, A avait été soustrait à la circulation ici, en tant
que moyen de paiement20, A entre dans la circulation, mais seulement
quand M en est sortie. L'acheteur-débiteur vend pour pouvoir payer, sous
peine d'être saisi. A devient donc maintent le but même de la vente,
par une nécessité sociale découlant des conditions mêmes de la
circulation. P. 97-98 [141-142/141].
La non-simultanéité des achats et des
ventes, qui donne naissance à la fonction de l'argent comme moyen de
paiement, apporte21, en même temps, une économie de moyens de
circulation, la concentration des paiements en un endroit déterminé.
(Virements
à Lyon, au moyen àge, espèce de clearing house où seul [était] payé le
solde des créances réciproques. P. 98 [;143/ 142].
Tant que les paiements se balancent, la monnaie ne fonctionne, que d'une manière idéale comme monnaie de compte ou mesure de valeur. Dès qu'il faut effectuer des paiements réels, elle ne se présente plus comme moyen de circulation, comme simple forme éphémère servant d'intermédiaire aux échanges; elle devient l'incarnation individuelle du travail social, la réalisation indépendante de la valeur d'échange, une marchandise absolue. Cette contradiction directe éclate, lors des crises industrielles et commerciales, au moment qui s'appelle la crise monétaire. Elle ne se produit que là, où se sont complètement développés l'enchaînement progressif des paiements et un système artificiel d'équilibre entre eux. Ce mécanisme subit-il, pour une raison quelconque, des perturbations d'ordre général, la monnaie renonce brusquement et sans transition à sa forme idéale de monnaie de compte pour devenir espèces sonnantes et trébuchantes. Elle ne peut plus être remplacée par des marchandises vulgaires. P. 99 [143-144/143].
La monnaie de crédit résulte
de la fonction de la monnaie comme moyen de paiement, les certificats de
dettes circulent à leur tour et déplacent les créances. Avec le système
de crédit s'étend à nouveau la fonction de la monnaie comme moyen de
paiement, comme telle elle acquiert des formes d'existence propres, dans
lesquelles elle hante la sphère des grandes transactions commerciales,
tandis que la monnaie [métallique] est surtout refoulée dans la sphère
du commerce de détail. P. 101, [145/144-145].
Quand la
production de marchandises atteint un certain niveau et une certaine
étendue, la fonction de la monnaie-moyen de paiement dépasse la sphère
de la circulation des marchandises, elle devient la marchandise générale
des contrats. De versement en nature, les rentes, impôts, etc., se
transforment en versement d'argent. Voir la France de Louis XIV
(Boisguillebert et Vauban), par contre l'Asie, la Turquie, le Japon,
etc. P. 102 [146/145].
La transformation de l'argent en moyen de paiement exige - une accumulation d'argent pour les jours d'échéance - la thésaurisation qui disparaît dans le développement social continu comme forme indépendante d'enrichissement, reparaît à nouveau comme fonds de réserve des moyens de paiement. P. 103 [148/147].
_____________________________________________
19 Dans le texte d'Engels l’acheteur et le
vendeur sont désignés par A et B. Nous avons remplacé par X et Y pour
éviter la confusion avec l'argent A (G. en allemand) (N. T.)
20 Marx
écrit : « Le moyen de circulation s'est transformé en trésor, parce que
le mouvement de la circulation s'était arrêté à sa première moitié. Le
moyen de paiement entre dans la circulation, mais seulement après que la
marchandise en est sortie » (N. T.)
21 Dans le manuscrit d'Engels.: donnent et apportent. (N- T.)
c) La monnaie universelle.
Dans
la circulation universelle, les formes locales du numéraire, de la
monnaie divisionnaire, des signes de valeur se dépouillent et seule la
forme de l'argent [métal] en barres sert de monnaie universelle. C'est
seulement sur le marché mondial que la monnaie fonctionne pleinement
comme la marchandise dont la forme naturelle est, en même temps, la
réalisation sociale immédiate du travail humain in abstracto22. Sa
manière d'être devient adéquate à son concept. P. 103-104 (Détails, 105)
[148. Détails149-151/147-150].
__________________
22 En général. (N.. T.)
DEUXIEME PARTIE
LA TRANSFORMATION DE L'ARGENT EN CAPITAL
I. Formule générale du capital.
La circulation des marchandises est le point de
départ du capital. La production des marchandises, leur circulation et
son développement, le commerce, sont donc partout les facteurs
historiques qui font naître le capital. C'est de la création du commerce
moderne et du marché mondial au XVIe siècle que date l'histoire moderne
du capital. P. 106 (153/151).
Pour ne considérer que les formes économiques engendrées par la circulation des marchandises, [nous constatons que] son dernier produit est l'argent et c'est là la première forme d'apparition du capital. Historiquement, le capital se dresse toujours en face de la propriété foncière sous forme de fortune monétaire, de capital marchand ou de capital usuraire, et, actuellement encore, tout nouveau capital entre en scène sous forme d'argent qui doit se transformer en capital au moyen de processus déterminés.
L'argent en tant qu'argent et l'argent en tant que capital ne se distinguent tout d'abord que par la forme de leur circulation. A côté de M-A-M survient également la forme A-M-A, acheter pour vendre. L'argent, qui décrit dans ce mouvement cette forme de circulation, devient du capital, est déjà en lui-même, c'[est]-à-d[ire] par sa destination, du capital.
Le résultat de A-M-A est A-A, échange indirect d'argent , contre argent. J'achète pour 100 livres sterling du coton que je revends 110 livres ; en fin de compte j'ai échangé 100 livres contre 110, de l'argent contre de l'argent.
Si ce processus aboutissait à la même valeur monétaire qui y fut jetée initialement - 100 livres [issus] de 100 livres - ce [il] serait absurde. Mais que de, ses 100 livres le marchand tire 100, 110 ou seulement 50 livres, son argent n'en a pas moins décrit un mouvement particulier, tout à fait différent de la circulation des marchandises M-A-M. L'analyse des différences de forme qui distinguent ce mouvement de M-A-M permettra également de discerner la différence de contenu.
Les deux phases du processus sont respectivement les mêmes que dans M-A-M. Mais il existe une grande différence dans son ensemble. Dans M-A-M, l'argent est l'intermédiaire, la marchandise le point de départ et l'aboutissant ; ici, c'est M qui est l'intermédiaire, A le point de départ et l'aboutissant. Dans M-A-M, l'argent est définitivement dépensé, dans A-M-A, il est seulement avancé et doit être retrouvé. Il revient à son point de départ - [il y a] donc ici déjà une différence sensible et palpable entre la circulation de l'argent en tant que monnaie et de l'argent en tant que capital.
Dans M-A-M l'argent ne peut refluer à son point de départ que par la répétition de tout le processus, par la vente de marchandises fraîches, [nouvelles] ; le reflux est donc indépendant du processus lui-même. Dans A-M-A, par contre, il est conditionné d'avance par la structure même du processus, qui est incomplet s'il ne réussit pas. P. 110 [156/153].
M-A-M, a pour but final la valeur d'usage, A-M-A, la valeur d'échange [en] elle-même.
Dans M-A-M, les deux extrêmes ont la même forme
économique23. Ce sont tous deux des marchandises et de même valeur. Mais
ce sont en même temps des valeurs d'usage qualitativement différentes
et le processus a pour contenu l'échange social. Dans A-M-A, l'opération
paraît de prime abord tautologique, vide de contenu. Il semble absurde
d'échanger 100 livres sterling contre 100 livres sterling, et par un
détour au surplus. Une somme d'argent ne peut se distinguer d'une autre
que par la grandeur; A-M-A ne reçoit son contenu que par la différence
quantitative des extrêmes. On retire de la circulation plus d'argent
qu'on n'y en avait jeté. Le coton acheté 100 livres est vendu par
exemple 100 livres + 10 livres; le processus prend donc la forme A-M-A',
où A' = A + ΔA.
Ce ΔA, cet incrément [accroissement] est de la plus-value.
La valeur avancée initialement non seulement se maintient dans la
circulation, mais encore s'accroît d'une plus-value, se valorise, et ce
mouvement transforme l'argent en capital.
Dans M-A-M, il peut, certes, également exister une
différence de valeur entre les extrêmes, mais elle est purement fortuite
dans cette forme de circulation et M-A-M ne devient pas absurde quand
les extrêmes sont de valeur identique - au contraire, c'est même plutôt
la condition d'un fonctionnement normal.
La répétition de M-A-M
trouve sa mesure et sa raison d'être dans un but final extérieur à la
vente, et qui est la consommation, la satisfaction de besoins
déterminés. Dans A-M-A, au contraire, le début et la fin sont identiques
- de l'argent - et de ce seul fait, le mouvement est indéfini.
Toutefois, A + ΔA est une quantité différente de A, mais néanmoins une
somme d'argent limitée; si elle était dépensée elle cesserait d'être du
capital; si elle était retirée de la circulation, elle [resterait]
stationnaire sous forme de trésor24. Une fois donné le besoin de mise en
valeur de la valeur, il existe aussi bien pour A' que pour A et le
mouvement du capital est illimité parce qu'à la fin du processus son but
est tout aussi peu atteint qu'au début. P. 111 [1b6-159/153-156]. En
tant que support de ce processus, le possesseur d'argent devient
capitaliste.
Si dans la circulation des marchandises la valeur
d'échange arrive tout au plus à une forme indépendante [celle de
l'argent] par rapport à la valeur d'usage de la marchandise, ici elle
apparaît brusquement comme une substance processive25, douée d'un
mouvement propre et pour laquelle la marchandise et l'argent ne sont que
de simples formes; bien plus, en temps que valeur originale, elle se
distingue d'elle-même considérée comme plus-value. Elle devient de
l'argent processif26 et, à ce titre, du capital. P. 116 [162/158].
A-M-A'
semble, il est vrai, n'être qu'une forme propre au seul capital
commercial [marchand]. Mais le capital industriel est également de
l'argent qui se transforme en marchandise et, par la vente [de la
marchandise], se retransforme en une somme d'argent supérieure. Des
actes qui peuvent se passer entre l'achat et la vente, hors de la sphère
de la circulation, n'y changent rien. Dans le capital portant intérêt,
enfin, le processus se présente, directement [sous la forme] A-A',
valeur qui est en même temps plus grande qu'elle-même27. P. 117 [162-163/158-159].
_______________________________
23 Marx emploie seulement le mot « forme » Engels
emploie Formbes limmtheit. difficilement traduisible : certitude,
précision de forme, l'idée étant rigoureusement la même forme (N. T.)
24
Marx écrit : « Si elles sont dérobées à la circulation, elles -[ces
sommes, se pétrifient sous forme trésor et ne grossissent pas d'un liard
quand elles dormiraient là jusqu'au jugement-dernier » (N. T.)
25
Engels reproduit ici le mot employé par Marx : prozessierende Substanz,
c'est-à-dire substance en voie de processus, en mouvement continu. (N.
T.)
26 idem que 25
27 Marx écrit : « Enfin, par rapport au capital
usuraire, la forme est réduite à ses deux extrêmes sans terme moyen ;
elle se résume, en style lapidaire, en A-A', argent qui vaut plus
d'argent, valeur qui est plus grande qu'elle-même. » (N. T.)
II. Contradiction de la formule générale.
La forme de circulation par laquelle l'argent
devient capital contredit toutes les lois développées ci-dessus
relatives à la nature de la marchandise, de la valeur, de l'argent et de
la circulation elle-même. Est-ce la différence purement formelle de
l'ordre de succession [des deux phases opposées, la vente et l'achat
inversé] qui a pu produire ce résultat ?
Plus encore Cette inversion n'existe que pour une des trois personnes [pour un des trois contractants]. Capitaliste, j'achète de la marchandise à A et je la revends à B, A et B n'interviennent simplement que comme acheteur et vendeur de marchandises. Dans les deux cas, je ne suis à leur égard que simple possesseur d'argent ou simple possesseur de marchandises à l'égard de l'un [j'agis] comme acheteur ou argent, à l'égard de l'autre comme vendeur ou marchandise, mais à l'égard d'aucun, je ne suis capitaliste ou représentant de quelque chose qui serait plus que de l'argent ou de la marchandise.Pour A l'affaire a commencé par une vente, pour B, elle s'est terminée par un achat, par conséquent exactement comme dans la circulation des marchandises. De même, si je fondais le droit à la plus-value sur chacune des séries28 isolées, A pourrait vendre directement à B, et la chance de la plus-value tomberait.
Supposons que A et B s'achètent directement des
marchandises. En ce qui concerne la valeur d'usage, tous deux peuvent
gagner. A peut même produire de sa marchandise plus que B n'en pourrait
produire dans le même temps et vice-versa, de sorte que tous deux y
gagnent. Mais [il en va] différemment avec la valeur d'échange. Ici,
sont échangées des grandeurs de valeurs égales, même lorsque l'argent
intervient comme moyen de circulation. P. 119 [164-165/161].
Au
point de vue abstrait, il ne se produit, dans la circulation simple des
marchandises, outre le remplacement d'une valeur d'usage par une autre,
qu'un changement de forme [métamorphose] de la marchandise. Dans la
mesure où elle [la circulation des marchandises] n'amène qu'un
changement de forme de sa valeur d'usage, elle [n'] entraîne, lorsque ce
phénomène se réalise dans toute sa pureté [qu'] un échange
d'équivalents. Il peut certes arriver que des marchandises soient
vendues à des prix différents de leur valeur, mais seulement lorsque la
loi de l'échange des marchandises a été violée. Dans sa forme pure, il
[cet échange] est un échange d'équivalents ; [il ne représente] donc pas
un moyen de s'enrichir. P. 120 [165-166/162].
D'où l'erreur de toutes les tentatives de faire dériver la plus-value de la circulation des marchandises. Condillac, p. 121. [166/162-163]. Newmann, p. 122 [167/163].
Mais admettons que l'échange n'ait pas lieu sous sa forme pure, que des non-équivalents soient échangés. Admettons que chaque vendeur vende sa marchandise 10% au-dessus de sa valeur. Tout demeurant égal, ce que chacun gagne comme vendeur, il le reperd comme acheteur. Tout comme si la valeur de l'argent s'était modifiée de 10% - De même si les acheteurs achetaient tout 10% au-dessous de la valeur. P. 123 [168169/164] (Torrens).
L'hypothèse que la plus-value naît d'une hausse sur les prix présuppose qu'il existe une classe qui achète sans vendre, c'est-à-dire consomme sans produire, [une classe] à laquelle l'argent afflue sans cesse, gratuitement29. Vendre à cette classe des marchandises au-dessus du prix, c'est regagner en partie, par des moyens frauduleux, de l'argent qu'on avait donné sans rien recevoir en échange. (Asie mineure et Rome). Néanmoins, le vendeur reste toujours frustré et ne peut pas de cette façon s'enrichir, produire de la plus-value.
Prenons le cas de l'escroquerie. A vend à B du vin
qui vaut 40 livres contre du blé qui envaut 50. A gagne 10 [livres].
Mais A et B n'ont ensemble que 90. A a 50 et B [n'a] plus que 40. La
valeur est déplacée, mais non créée. Dans son ensemble, la classe
capitaliste d'un pays ne peut pas se léser elle-même. P. 126 [170/166].
___________________________________
28 La série est ici l'ensemble des deux transactions : achat de la marchandise à A et vente de la marchandise à B. (N. T.)
29
Marx écrit « l'argent avec lequel une telle classe achète constamment
doit constamment revenir du coffre des producteurs dans le sien, gratis,
sans échange, de gré ou en vertu d'un droit acquis. » (N. T.)
Donc, si l'on échange des équivalents, il ne se
produit pas de plus-value; si l'on échange des non-équivalents, il ne se
produit pas davantage de plus-value. La circulation des marchandises ne
crée pas de nouvelle valeur.
C'est pourquoi nous laissons de
côté ici les formes les plus anciennes et les plus populaires du
capital, le capital commercial et le capital usuraire. Si l'on ne veut
pas expliquer la mise en valeur du capital commercial par la simple
escroquerie, il faut recourir à de nombreux termes intermédiaires qui
manquentt encore ici. Plus encore pour le capital usuraire et le capital
portant intérêts. Plus tard, tous deux apparaîtront comme des formes
dérivées; [on verra] également pourquoi ils apparaissent historiquement
avant le capital moderne.
La plus-value ne peut pas naître de la
circulation. Mais en dehors d'elle. En dehors d'elle, le possesseur de
marchandises est un simple producteur de sa marchandise, dont la valeur
dépend de la quantité - mesurée d'après une loi sociale déterminée - de
son propre travail qui y est contenu ; cette valeur est exprimée en
monnaie de compte, par exemple dans un prix de 10. Mais cette valeur
n'est pas en même temps une valeur de 11 livres; son travail crée des
valeurs, mais pas de valeurs qui s'accroissent de leur propre chef30. Il
peut ajouter de la valeur à une valeur existante, mais cela uniquement
en y ajoutant du travail. Le producteur de marchandise ne peut donc pas
produire de la plus-value, en dehors de la sphère de la circulation,
sans entrer en contact avec d'autres possesseurs de marchandises.
Le capital doit, par conséquent, surgir à la fois dans la circulation des marchandises et non en elle31. P. 128 [173/168].
Donc
la transformation de l'argent en capital, doit être développée sur la
base des lois immanentes à l'échange des marchandises, de façon telle
que l'échange d'équivalents serve de point de départ. Notre possesseur
d'argent, qui n'existe plus qu'à l'état de chrysalide capitaliste, doit
acheter les marchandises à leur valeur, les vendre à leur valeur et
néanmoins tirer à la fin du processus plus de valeur qu'il y en a jetée.
Sa métamorphose en papillon doit se produire dans la sphère de la
circulation et en même temps hors de cette sphère. Telles sont les
données du problème. Hic Rhodus, hic salta !32. P. 129 [173174/168-169].
___________________________________
30 Engels reprend le mot de Marx sich verwerlende Werte, « des valeurs qui se mettent en valeur »(N. T.)
31
Marx écrit : « Le capital ne peut donc pas résulter de la circulation,
et il ne peut pas davantage ne pas résulter de la circulation. Il doit
surgir à la fois en elle et non en elle. Un double résultat a été ainsi
obtenu ». Ce passage n'existe pas dans la traduction Roy. (N. T. )
32 C'est ici Rhodes, ici saute ! C'est-à-dire Ici tu as l'occasion de montrer tes talents (N. R.)
III. Achat et vente de la force de travail.
La modification de valeur de l'argent, qui doit
se muer en capital, ne peut pas se produire en cet argent lui-même, car
il ne réalise dans l'achat que le prix de la marchandise; par ailleurs,
aussi longtemps qu'il reste argent, sa valeur, ne change pas et, dans la
vente, la marchandise ne fait que se transformer de sa forme naturelle
en sa forme argent.
La transformation doit donc se produire dans la
marchandise [au cours] du [processus] A-M-A, mais pas avec sa valeur
d'échange, puisqu'on échange des équivalents; elle [cette
transformation] ne peut donc naître que de sa valeur d'usage [de la
marchandise] comme telle, c'est-à-dire, de sa consommation [de son
utilisation].A cet effet, il faut une marchandise dont la valeur d'usage
ait la propriété d'être source de valeur d'échange, et cette
marchandise existe: [c'est] la force de travail. P. 130 [174-175/170].
Mais pour que le possesseur d'argent trouve la force
de travail en tant que marchandise sur le marché, il faut qu'elle soit
vendue par son propre possesseur, c'est-à-dire qu'elle soit de la force
de travail libre. Mais comme tous deux, l'acheteur et le vendeur, sont,
en qualité de contractants, des personnes juridiquement égales, la force
de travail ne doit être vendue que temporairement, car, dans la vente
en bloc33, le vendeur ne reste pas vendeur et devient lui-même
marchandise. Mais alors, au lieu de pouvoir vendre des marchandises où
se trouve matérialisé son travail, il faut que le possesseur soit en
mesure de vendre sa force de travail elle-même en tant que marchandise.
P. 131 [175-176/1711.
La transformation de l'argent en capital
exige donc que le possesseur d'argent trouve sur le marché le
travailleur libre, et libre à à un double point de vue. Il faut d'abord
que le travailleur puisse disposer, en personne libre, de sa force de
travail comme d'une marchandise lui appartenant, il faut ensuite qu'il
n'ait pas d'autre marchandise à vendre et que, libre dans tous les sens
du mot, il ne possède aucun des objets nécessaires pour réaliser sa
force de travail. P. 132 [176/172].
Notons en passant que le
rapport entre le possesseur d'argent et le possesseur de la force de
travail n'est pas un rapport naturel ou commun à toutes les époques,
social, mais un rapport historique, le produit de nombreuses
transformations économiques.
Ainsi, les catégories économiques
considérées jusqu'ici portent également leur cachet historique. Pour
devenir marchandise, le produit ne doit pas être fabriqué comme moyen de
subsistance immédiat; la masse des produits ne peut prendre la forme
marchandise qu'au sein d'un mode de production déterminé, le mode
capitaliste, bien que la production des marchandises et la circulation
puissent déjà avoir lieu là où la masse des produits ne devient jamais
marchandise. L'argent dito34 peut exister à toutes les époques qui sont
parvenues à un certain niveau de la circulation des marchandises ; les
formes particulières de l'argent, depuis le simple équivalent jusqu'à la
monnaie mondiale, présupposent des étapes différentes du développement;
néanmoins, une circulation des marchandises très faiblement développées
peut les produire toutes. Par contre, le capital ne surgit que lorsque
se trouve donnée la condition définie plus haut, et cette condition
embrasse [toute] une [période de l'] histoire universelle. P. 133
[177-178/173].
La force de travail possède une valeur d'échange
qui est déterminée, comme celle de toutes les marchandises par le temps
de travail nécessaire pour sa production, donc aussi sa reproduction. La
valeur de la force de travail est la valeur des moyens de subsistance
nécessaires à la conservation de son propriétaire, à sa conservation
dans un
________________________________
33 En Français dans le texte. (N. T.)
34 Pareillement. (N. T.)
état
où il garde une capacité de travail normale. Celle-ci se juge d'après
le climat, les conditions naturelles, etc., ainsi que d'après le
standard of life35, donné historiquement dans chaque pays. Elles [ces
conditions] varient,, mais sont fixes pour un pays déterminé et une
période déterminée. Elle [la somme des moyens de subsistance
nécessaires] comporte également les moyens de subsistance des hommes de
remplacement, c'est-là-dire des enfants, de telle sorte que la race de
ces possesseurs particuliers de marchandises se perpétue. De plus, pour
le travail habile, elle [ idem] comprend également les frais
d'apprentissage. P. 135 [178-180/174475].
La limite minimum de la
valeur de la force de travail est la valeur des moyens de subsistance
physiquement indispensables. Si le prix de la force de travail tombe à
ce minimum, elle descend alors au-dessous de sa valeur, car cette
dernière présuppose une qualité normale, non réduite, de la force de
travail. P. 136 [180-181/175-176].
La nature du travail implique que la force de
travail ne soit consommée qu'après la conclusion du contrat et comme,
pour de telles marchandises, la monnaie est le moyen de paiement le plus
fréquent, elle [la force de travail] n'est payée, dans tous les pays du
mode de production capitaliste, qu'après avoir été fournie. Partout,
par conséquent, l'ouvrier crédite le capitaltiste36. P. 137
[181-182/176-177].
Le processus de consommation de la force de
travail est, en même temps, processus de production, de marchandise et
de plus-value et cette consommation se déroule en dehors de la sphère de
la circulation. P. 140 [183-184/178].
_____________________________________
33 En Français dans le texte. (N. T.)
34 Pareillement. (N. T.)
35 Niveau de vie. (N. T.)
36
Marx écrit : « Dans tous les pays où règne le mode de production
capitaliste, la force de travail n'est donc pavée que lorsqu'elle a déjà
fonctionné pendant un certain temps fixé par le contrat. Le travailleur
fait donc partout au capitaliste l'avance de la valeur usuelle de sa
force ; il la laisse consommer par l'acheteur avant d'en obtenir le prix
; en un mot il lui fait partout crédit. » (N. T.)
TROISIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE ABSOLUE
I. Processus de travail et processus de mise en valeur.
L 'acheteur de la force de travail la consomme en
faisant travailler le vendeur. Ce travail, pour réaliser de la
marchandise, doit d'abord réaliser de la valeur d'usage et, en cette
qualité, il est indépendant des rapports spécifiques entre les
capitalistes et les ouvriers. [Suit] une description du processus de
travail en tant que tel. P. 141-149 [185-132/180 186].
Le processus de travail, sur la base capitaliste, revêt deux particularités :
1. l'ouvrier travaille sous le contrôle du capitaliste ;
2.
le produit est la propriété du capitaliste, car le processus de travail
n'est plus qu'un processus [mettant en jeu] de deux choses achetées par
le capitaliste : la force de travail et le moyen de production. P. 150
[193-194/187].
Cependant, le capitaliste exige la valeur d'usage
non pas pour elle-même, mais en tant que support de la valeur d'échange
et plus spécialement de la plus-value. Le travail, dans ces conditions
où la marchandise est unité de valeur d'usage et de valeur d'échange
[est à la fois valeur d'usage et valeur d'échange], devient donc unité
de processus de production et de processus de mise en valeur [devient
donc à la fois processus de production et processus de mise en valeur].
P. 151 [194-195/188].
Donc, étudier la quantité de travail matérialisée dans le produit.
Par exemple, le fil. Dans sa fabrication sont nécessaires 10 livres de
coton, mettons 10 sh. [shillings], et 2 sh. pour les moyens de travail,
pour la broche, dont l'usure nécessaire dans le filage est ici dénommée
brièvement « fraction de broche ». Il est donc entré dans le produit 12
sh. de moyens de production, c'[est]-à-[dire] à partir du moment où ce
produit est devenu une véritable valeur d'usage, du fil en l'occurrence,
et 2 sh. dès lors que seul le temps de travail socialement nécessaire a
été représenté dans ces moyens de travail. Combien le filage lui
ajoute-t-il [au produit] ?
Ici, le processus de travail [est]
donc considéré sous un tout autre angle ; dans la valeur du produit, les
travaux du planteur de coton, du constructeur de broches, etc., et du
fileur sont, en tant que parties comparables, qualitativement
identifiées au travail humain général, nécessaire, générateur de valeur
et n'y entrent, par conséquent, qu'au seul point de vue quantitatif ;
pour cette raison justement, ils sont quantitativement mesurables par le
temps employé, étant bien entendu qu'il est du temps de travail
socialement nécessaire puisque seul ce dernier est générateur de valeur.
Si
l'on suppose que la valeur journalière de la force de travail = 3 sh.
et que cette valeur journalière représente six heures de travail, qu'on
fabrique par heure 1 2/3 livre de fil, donc en 6 heures, 10 livres de
fil avec 10 livres de coton (comme plus haut), on constate qu'il est
ajouté en 6 heures, 3 sh. de valeur et que le produit vaut 15 sh. (10
sh. + 2 + 3 sh.) ou 1 sh. 6 d. [d. le penny = 1/12 de shilling] par
livre de fil.
Mais ici, pas de plus-value. Cela ne peut pas servir au capitaliste.
(Inepties de l'économie vulgaire. P. 157 [200/192])
Nous avons admis que la valeur journalière de la force de travail était
de 3 sh. parce qu' 1/2 journée de travail ou 6 heures y [était]
matérialisée. Mais cette 1/2 journée de travail [est] nécessaire
seulement pour maintenir l'ouvrier pendant 24 heures, [ce qui] ne
l'empêche nullement de travailler 1 /1 journée. La valeur de la force de
travail et sa mise en valeur37 sont 2 grandeurs différentes. Sa
propriété utile [de la force de travail] n'était qu'une condition sine
qua non, mais ce qui a été décisif, c'est la valeur d'usage spécifique
de la force de travail, source de plus de valeur d'échange qu'elle en
possède elle-même. P. 159 [201-202'/193-194].
L'ouvrier travaille donc 12 heures par jour, file 20 livres de coton = 20 sh., use 4 sh. de broches, et le travail coûte 3 sh. = 27 sh. Mais dans le produit sont matérialisées : 4 journées de travail de [dans les] broches et de [le] coton, 1 journée de travail du fileur = 5 journées à 6 sh. = 30 sh., valeur du produit. Voilà la plus-value de 3 sh. : l'argent s'est transformé en capital. P. 160 [202-203/194-195]. Toutes les conditions du problème sont remplies. (Détails p. 160 [203/195].)
Le processus de mise en valeur est le processus de
travail en tant que processus générateur de valeur à partir du moment où
il est prolongé au delà du point où il fournit simplement un équivalent
pour la valeur payée de la force de travail 38.
Le processus
générateur de valeur se distingue du simple processus de travail en ce
que ce dernier est considéré qualitativement, le premier
quantitativement, et cela seulement dans la mesure où il contient du
temps de travail socialement nécessaire. P. 161 [204/29-30]. Détail p.
162 [204-205/195].
En tant qu'unité du processus de travail et du
processus de formation de valeur, le processus de production est
production de marchandises; en tant qu'unité du processus de travail et
du processus de mise en valeur [de production de plus-value], il est
processus de production capitaliste de marchandises. - P. 163
[2'06/196-1971.
Réduction du travail composé au [travail] simple. P. 163-165 [206-207/197-1981.
II. Capital constant et capital variable.
Le processus de travail ajoute à l'objet du travail une valeur nouvelle
et reporte en même temps la valeur de l'objet de travail sur le
produit, donc la conserve par simple addition de la valeur nouvelle. Ce
double résultat est atteint de la façon suivante : le caractère
qualitatif, spécifiquement utile, du travail, transforme une valeur
d'usage en une autre valeur d'usage et conserve ainsi la valeur mais le
caractère abstrait général, quantitatif, générateur de valeur, ajoute de
la valeur. P. 166 [207-209/199-2001.
P. ex. supposons que la
productivité du filage sextuple. En tant que travail utile
(qualificatif), il conserve en même temps six fois plus de moyens de
travail. Mais, en nouvelle valeur, il ajoute seulement la même quantité
qu'il ajoutait antérieurement; c.-à-d. que, dans chaque livre de fil on
ne trouve que le 1/6 de la nouvelle valeur ajoutée auparavant. En tant
que travail générateur de valeur il ne fait pas plus qu'avant P. 167
[209/200-201]. Inversement [c'est l'inverse qui se produit] quand la
productivité du filage reste constante mais que la valeur des moyens de
travail augmente. P. 168 [210/201].
Le moyen de travail ne cède au produit que la valeur
qu'il perd lui-même. P. 169 [211-202]. C'est le cas à des degrés
divers. Le charbon, les lubrifiants, etc., sont intégralement consommés.
Les matières premières revêtent une forme nouvelle. Les instruments,
les machines, etc. ne cèdent que lentement et partiellement leur valeur
et l'usure est évaluée par expérience. P. 169-170 [211-212/202-203].
Mais ici l'instrument reste continuellement et en entier dans le
processus de travail. Le même instrument compte donc entièrement dans le
processus de travail et en partieseulement dans le processus. de mise
en valeur39, de sorte que la différence entre les deux processus se
reflète ici dans des facteurs matériels. P. 171 [213/203]:
Inversement,
la matière première qui fait des déchets, s'en va entièrement dans le
processus de mise en valeur et [seulement en partie] dans le processus
de travail, puisqu'elle réapparaît dans le produit moins les déchets.
____________________________
37 Verwertung, mise en valeur ou, plus simplement, exploitation (N. T.)
38
Ce passage étant un des plus importants de ce résumé, nous citons ici
le texte même de Marx : « La production de plus-value n'est donc autre
chose que la production de valeur prolongée au-delà d'un certain point
Si le procès de travail ne dure, que jusqu'au point où la valeur de la
force de travail payée par le capital est remplacée par un équivalent
nouveau, il y a simple production de valeur; quand il dépasse cette
limite, il y a production de plus-value » (N. T.)
Mais, en aucun cas, le moyen de travail ne peut
céder plus de valeur d'échange qu'il n'en possède lui-même, il ne sert
dans le processus de travail que comme valeur d'usage et ne peut, par
conséquent, céder que la valeur d'échange qu'il possédait déjà
antérieurement. P. 172 [214/204].
Cette conservation de la valeur [est] très précieuse pour le capitaliste, ne lui coûte rien. P. 173-174 [215/205].
Donc, la valeur conservée ne fait que réapparaître; elle était
présente, et seul le processus de travail ajoute de la valeur nouvelle.
Et, en vérité, dans la production capitaliste [il y a] plus-value,
excédent de la valeur du produit sur la valeur des générateurs de
produits consommés (moyens de production et forces de travail). P. 175-176 [216-217/206-207].
Ici, se trouvent décrites les formes d'existence que revêt la valeur
initiale du capital lorsqu'elle se dégage de sa forme argent pour se
muer en facteurs du processus de travail :
1. dans l'achat de moyens de travail et
2. dans l'achat de force de travail.
Le capital investi dans les moyens de travail ne change donc pas de
valeur dans le processus de production nous l'appelons capital constant.
La partie investie dans la force de travail change de valeur, produit
1. sa propre valeur et 2. de la plus-value40[nous l'appelons] capital
variable. P. 176 [217-218/207].
Le capital n'est constant que par
rapport au processus de production spécial au cours duquel il ne se
modifie pas; il peut se composer tantôt de plus tantôt de moins de
moyens de travail et la valeur des moyens de travail achetée peut monter
ou baisser, mais cela n'affecte pas ses rapports [les rapports du
capital] avec le processus de production. P. 177 [218-219/207208]. De
même, peut varier la proportion dans laquelle un capital déterminé se
divise en [capital] constant et [capital] variable, mais dans chaque cas
donné, le c reste constant et le v variable. P. 178[219/208-209].
III. Le taux de la plus-value.
C = 500 £ = 410 + 90.41 (= c+v) . A la fin du
processus de travail, où v s'est transformé une fois en force de
travail, on obtient42.
c +v+ p= 590
410 + 90 + 90 = 590
Admettons
que c se compose de 312 [livres sterling] de matières premières, de 44
[livres] de matières auxiliaires et de 54 [livres] d'usure de machines =
410. [Supposons que] la valeur de toute la machinerie se monte à 1.054
[livres]. Si cette dernière entrait tout entière dans le calcul, on
obtiendrait pour c 1.410 des deux côtés, et la plus-value resterait
toujours 90. P. 179 [220-221/210-211].
comme la valeur de c ne fait
que réapparaître dans le produit, la valeur des produits obtenue est
différente de la valeur engendrée dans le processus43. Cette dernière
n'est donc pas c + v+ p, mais : v + p. La grandeur de c est donc
indifférente pour le processus de mise en valeur, c'[est]-à-d[ire- que] c
=0. P. 180 [221-222/211-212].
_______________________________________________
39
Marx donne l'exemple d'une machine qui s'userait en 1 000 jours. Elle
cède journellement 1/1000é de sa valeur. Mais elle fonctionne cependant
dans sa totalité. Donc dans le processus de travail, on compte avec une
machine entière et dans le processus de mise en valeur avec 1/1000e de
machine par jour. (N. T.)
40 Elle reproduit sa propre valeur plus un excédent : la plus-value. (N. T.)
41 c=410 v = 90
42 C est le capital initial, c le capital constant, v le capital variable et p la plus-value. (N. T.)
43 Marx écrit : « La valeur réellement nouvelle, engendrédans le cours de la production même, est donc
C'est aussi ce qui se passe pratiquement, ainsi
qu'on peut le voir dans le calcul commercial ; p[ar] ex[emple] dans la
détermination du bénéfice que tire un pays de son industrie, on déduit
[les sommes payées pour] les matières premières importées. P. 181
[222-223/213]. Sur le rapport de la plus-value avec le capital total
[voir] le nécessaire au livre III.
Donc : taux de la plus-value =p/v, plus haut 90/90 = 100%
Le
temps de travail durant lequel l'ouvrier reproduit la valeur de sa
force de travail - dans des conditions capitalistes ou autres - est du
travail nécessaire; le travail effectué en sus, qui produit de la
plus-value pour le capitaliste, [est du] surtravail. P. 183-184
[224-225/214]. La plus-value est du surtravail cristallisé et seule la
forme de son extorsion distingue les diverses formations sociales.
Exemples de l'erreur qu'il y a à faire entre c dans les calculs. P. 185-196 [226-237/215-225] (Senior).
La somme du travail nécessaire et du surtrav-ail = la journée du travail.
IV. La journée de travail
Le temps de travail nécessaire est constant. Le surtravail est
variable, mais dans certaines limites. Il ne peut jamais être [à] 0,
sinon la production capitaliste cesserait.
Il ne peut jamais
atteindre 24 heures pour des raisons physiques et la limite maximum est,
en outre, toujours affectée par des causes morales. Mais ces limites
sont très élastiques. L'économie exige que la journée de travail ne soit
pas plus longue qu'il ne convient pour user normalement l'ouvrier. Mais
que signifie normalement ? Il y a une antinomie et seule la violence
peut décider. D'où la lutte entre la classe ouvrière et la classe
capitaliste pour la journée de travail normale. P. 198-202
[239243/227-231].
Le surtravail dans les époques sociales antérieures. Tant que la valeur d'échange n'est pas plus importante que la valeur d'usage, le surtravail [est] plus modéré, p [ar] ex [emple] chez les anciens : là seulement où était produite directement de la valeur d'échange - argent et or - [on trouve un surtravail effroyable]. P. 203 [244/231-232]. De même dans les Etats esclavagistes d'Amérique jusqu'à la production de masses de coton pour l'exportation. De même, corvée, p [ar] ex [emple] en Roumanie.
[La] corvée [est le] meilleur moyen de comparaison avec l'exploitation capitaliste, car elle fixe le surtravail sous forme d'un temps de travail à fournir spécialement. Règlement organique de la Valachie. P. 204-206 [244-247/232-233].
De même qu'il s'agit là d'une expression positive de la soif de surtravail, de même les Factory-Acts44 en sont des expressions négatives.
Les FactoryActs. Celui de 1850. P. 207[248/235]. 10 h 1/2 et 7 h 1/2 le
samedi – 60 heures par semaine. Profit des fabricants obtenu en
tournant la loi. P. 208-211 [249-252/236-239].
Exploitation dans les branches non limitées ou limitées seulement plus tard : industrie de la dentelle, p. 212 [252/239] ; poterie, p. 213 [253 et 254/240-241] ; allumettes, p. 214 [255/242] ; papiers peints, p. 214-217 [256-257/242-244] ; boulangeries, p. 217-222 [257-262/244-248] ; cheminots, p. 223 [262 et 263/248-249]; couturières,
p. 223-225[263-265/249-250] ; forgerons, p. 226 [265-266/251] ; travail
de jour et travail de nuit in shifts [système des relèves] : a)
métallurgie p. 227-236 [266-274/251-258].
différente de la valeur du produit obtenu. Elle n'est pas, comme il semblerait au premier coup d'oeil ;
c
+ v + p ou 410 liv, sterl. + 98 liv. sterl. + 90 liv. Sterl. Mais v + p
ou 90 liv. sterl. + 90 liv. sterl. ; elle n’est pas 590 , mais 180 liv.
sterl. (N.T.)
Ces faits démontrent que le capital ne
considère pas l'ouvrier comme autre chose que de la force de travail,
dont tout le temps est du temps de travail à réaliser partout où cela
est possible, que la longévité de la force de travail est indifférente
aux capitalistes. P. 236-238 [275-27x/259-260]. Mais cela ne se
tourne-t-il pas contre les intérêts des capitalistes eux-mêmes. Comment
remplacer ce qui s'use rapidement ? - La vente organisée des esclaves à
l'intérieur des Elats-Unis a élevé à la hauteur d'un principe économique
l'usure rapide des esclaves; de même en Europe pour l'importation des
ouvriers en provenance des districts agricoles, etc. P. 239
[277-278/261]. Pocrhousesupply45. P. 240 [278-279/261-262]. Le
capitaliste ne voit que la surpopulation à tout moment disponible et la
consomme. La race en dépérit-elle ? Après moi le déluge46. Le capital ne
se soucie donc nullement de la santé de la vie de l'ouvrier, à rhoins
d'y être forcé par la société... et, par suite de la libre concurrence,
les lois immanentes de la production capitaliste valent pour chaque
capitaliste comme lois externes coercitives. P. 243 [281-282/264-265].
La fixation d'une
journée de travail normale [est le] résultat d'une lutte de plusieurs
siècles entre le capitaliste et l'ouvrier.
Au début, les lois [sont] faites pour prolonger le temps de travail,
aujourd'hui [pour] l'abaisser. P. 244 [282-283/265266]. Le premier Statut of labourers
47 23 Edouard III [en]48 1349 fut promulgué sous le prétexte que la
peste avait tellement décimé la population que chacun devait travailler
davantage. Aussi, la loi fixait-elle [le] maximum des salaires et [la]
limite de la journée de travail. En 1496, sous Henri VIII, la journée de
travail des ouvriers agricoles et de tous les artisans (artificers) en
été - mars à septembre - va de 5 a. m. à 7 et 8 p. m.49, avec une heure,
1 h 1/2 et 1/2 heure = 3 heures de pause. En hiver de 5 a.m. jusqu'à la
nuit. Ce statut [n'a] jamais [été] rigoureusement appliqué.
Au XVIIIe siècle, la semaine de travail complète
n'est encore pas à la disposition du capital (sauf chez les ouvriers
agricoles). Voir polémique du temps. P. 248-251 [284-286/266-268]. C'est
seulement la grande industrie qui y parvint et au delà elle abattit
toutes les barrières et exploita l'ouvrier de la façon la plus éhontée.
Le prolétariat résista dès qu'il se fut repris. Les cinq lois de 1802 à
1833 [sont purement] nominales, car [elles ne prévoient] pas
d'inspecteur50. C'est seulement la loi de 1833 qui créa une journée de
travail normale dans les quatre industries textiles : de 5,30 a.m. à
8,30 p.m:., temps durant lequel [les] young persons51 [de] 13-18 ans ne
peuvent être occupés que 12 heures avec 1 h. 1/2 de pause. Enfants de
9-13 ans: 8 heures seulement, et travail de nuit des enfants et des
young persons interdit. P. 253-255 [291-293/272-273].
Système des
relais et abus destinés à le tourner. P. 256 [293. 294/273-276]. Enfin,
loi de 1844 qui assimile les femmes de tous les âges aux young persons,
réduit [le temps de travail des] enfants 6 h. 1/2, et met un frein au
système des relais. Mais, en revanche, [les] enfants de 8 ans [sont]
désormais tolérés. En 1847, enfin, le bill des dix heures pour les
femmes et les young persons. P. 259 [296/277]. Tentatives des
capitalistes contre [cette loi]. P. 260-268 [297-305/277-286]. Un flaw52
dans la loi de 47 permit ensuite la loi de compromis de 1850, p. 269
[306/286], qui fixe la journée de travail (les young persons et women53 à
5 journées de 10 h. 1/2, une journée de 7 h. 1/2 = 60heures par
semaine, et cela entre 6 [heures du matin] et 6 heures [du soir]. Ainsi,
la loi de 1847 est en vigueur pour les enfants. - L'exception de
l'industrie de la soie, v[oir] p. 270 [306-307/286-287]. En 1853, le
temps de travail pour les enfants est également limité entre 6 et 6
heures,P. 272 [308-288]
___________
44 Lois sur les fabriques. (N. T.)
45 Fourniture d'ouvriers par tes maisons de pauvres. (N. T.)
46 En français dans le texte. (N. T.)
47 Loi sur les ouvriers. (N T )
48
23. Edouard III, 1349 est entre parenthèses, dans le texte de Marx.
Cela signifie : loi promulguée dans la vingt-troisième année du règne
d'Edouard 111, en 1349 (N.T )
49 Ante meridiem et post meridiem, avant midi et après-midi, c'est-à-dire de 5 h. du matin à 7 et 8 h. du soir. (N. T.)
50
Marx écrit : « De 1802 à 1833. le Parlement émit cinq lois sur le
travail mais il eut bien soin de ne pas voter un centime pour les faire
exécuter aussi restèrent-elles lettre morte. » (N. T.)
51 Jeunes gens. (N T.)
52 Défaut. (N. T.)
53 Femmes. (N. T.)
Le Printworks Act54, 1845, ne limite presque rien. Enfants et femmes peuvent travailler 16 heures !
[Les]
blanchisseries et teintureries [en] 1860, [les] fabriques de dentelles
[en] 1861, [les] poteries et de nombreuses autres branches [en] 1863
[tombent] (sous le coup de la loi sur les fabriques ; lois spéciales
promulguées la même année pour les blanchisseries en plein air et les
boulangeries). P. 274 [310/290].
La grande industrie crée donc
tout d'abord la besoin de limitation du temps de travail, mais il se
trouve ensuite que le même surmenage s'est étendu peu à peu aussi à
toutes les autres branches P. 277 [312/292].
L'histoire montre en outre que, notamment avec
l'introduction du travail des femmes et des enfants, l'ouvrier « libre »
isolé est sans défense contre le capitaliste et succombe, de sorte
qu'ici s'engage la lutte de classe entre ouvriers et capitalistes. P.
278[313 / 293].
En France, la loi de 12 heures pour tous les
ouvriers et [toutes les] branches de travail [est promulguée] seulement
en 1848. (Voir toutefois p. 253 [291/2721 note concernant la loi
française sur le travail des enfants [promulguée] en 1841 et qui ne fut
réellement appliquée qu'en 1853, dans le seul département du Nord
d'ailleurs.) En Belgique, «liberté du travail » totale ! En Amérique, le
mouvement des 8 heures. P. 279 [315/294].
L'ouvrier sort donc du
processus de production tout autrement qu'il y est entré. Le contrat de
travail n'a pas été l'acte d'un agent libre; le temps pour lequel il
lui est loisible de vendre sa force de travail est en réalité le temps
pour lequel il est forcé de la vendre, et seule l'opposition de masse
des ouvriers leur conquiert une loi d'État qui les empêche eux-mêmes de
se vendre au Capital par un libre contrat, et de se vouer, eux et leurs
descendants, à la mort et à l'esclavage. Le catalogue pompeux des
inaliénables droits de l'homme est remplacé par la modeste magna
charte55 de la loi sur les fabriques. P. 280-281 [316/295-296].
V. Taux et masse de la plus-value.
Avec le taux [de la plus-value] est donnée en même temps sa masse. Si
la valeur journalière d'une force de travail est de 3 sh[illings] et si
le taux de la plus-value = 100 %,sa masse journalière [de la plus-value]
= donc 3 sh pour un ouvrier.
1. Comme le capital variable est
l'expression monétaire de la valeur de toutes les forces de travail
occupées simultanément par un capitaliste, la masse de la plus-value
produite par eux = le capital variable multiplié par le taux de la
plus-value. Les deux facteurs peuvent varier, d'où la possibilité de
diverses combinaisons. La masse de la plus-value peut changer, même avec
un capital variable en diminution lorsque le taux monte, donc, quand la
journée de travail est prolongée. P. 282 [318-319/298-299].
2.
Cette augmentation du taux de la plus-value se heurte à des limites
absolues en ce sens que la journée de travail ne peut jamais être portée
jusqu'à 24 heures pleines, la valeur totale du produit quotidien d'un
ouvrier ne pouvant donc jamais être à la valeur de 24 heures de travail.
Pour obtenir la même masse de plus-value, le capital variable ne peut
donc être remplacé; à l'intérieur de ces limites, que par une
exploitation accrue du travail. Important pour expliquer divers
phénomènes qui résultent de la tendance contradictoire du capital :1.
Réduire le capital variable et le nombre des ouvriers occupéset -2.
Produire néanmoins la plus grande masse possible de plus-value. P.
283284 [319-320/299].
__________________________________________
54 Loi concernant les impressions sur coton. (N. T.)
55 Droits fondamentaux du peuple anglais, conquis dans la révolution du xii- siècle. (N. R )
3. Les masses de valeur et de plus-value produites par divers
capitalistes pour une valeur donnée et un même degré d'exploitation de
la force du travail sont en raison directe des grandeurs des parties
variables de ces capitaux. P. 285 [321/300]. Cela [est] en apparence
contraire à tous les faits.
Pour une société donnée et une
journée de travail donnée, la plus-value ne peut être augmentée que par
l'augmentation du nombre des ouvriers; c'[est]-à-dire] de la population ;
pour un nombre d'ouvriers donné, [elle ne peut être augmentée] que par
la prolongation de la journée de travail. Toutefois, cela n'est
important que pour la plus-value absolue.
Il apparaît maintenant
que toute somme d'argent ne peut pas être transformée en capital, qu'il
existe un minimum : le prix de revient d'un ouvrier unique et des moyens
de travail nécessaires.
Pour vivre lui-même comme ouvrier, il lui
faudrait, avec un taux de plus-value de 100 %, avoir déjà deux ouvriers;
et il ne pourrait encore faire aucune économie. Même avec huit
[ouvriers], il est toujours un petit patron. C'est pourquoi au moyen
âge, les gens [étaient] violemment empêchés de se transformer de maîtres
ouvriers en capitalistes, grâce à la limitation du nombre des
compagnons susceptibles d'être employés par un maître. Le minimum de
richesse nécessaire pour former un véritable capitaliste varie avec les
diverses époques et branches économiques. P. 288 [322-324/301-3031].
Le capital est arrivé à primer le travail et veille à ce qu'il soit
travaillé convenablement et intensivement. Il oblige, en outre, les
ouvriers à effectuer plus de travail qu'en exige leur entretien et, pour
l'extorsion de la plus-value, il est supérieur à tous les systèmes de
production antérieurs reposant sur le travail forcé pur et simple.
Le capital a repris le travail avec les conditions techniques
existantes et n'y change rien tout d'abord. Le processus de production
[étant] donc considéré comme processus de travail, l'ouvrier se comporté
à l'égard des moyens de production non pas comme à [l'égard] du
capital, mais comme [à l'égard] des moyens de sa propre activité utile.
Mais [si le processus de production est] considéré comme processus de
mise en valeur [il en va] autrement. Les moyens de production deviennent
des moyens d'absorption du travail d'autrui. Ce n'est plus l'ouvrier
qui emploie les moyens de production, ce sont ceux-ci qui emploient
celui-là. P. 289 [325/304]. Au lieu d'être consommé par lui, ils le
consomment lui-même comme le ferment de leur propre processus vital, et
le processus vital du capital n'est que le mouvement du capital en tant
que valeur créant de la plus-value... La simple transformation de
l'argent en moyens de production confère à ces derniers un titre
juridique et coercitif au travail et au surtravail d'autrui.
QUATRIÈME PARTIE
LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE RELATIVE
I. Notion de la plus-value relative.
Pour une journée de travail donnée, le surtravail
ne peut être accru que par la diminution du travail nécessaire; mais ce
résultat abstraction faite de l'abaissement du salaire au-dessous de la
valeur [de sa force du travail] ne peut être atteint que par la
réduction de la valeur du travail, donc par l'abaissement du prix des
denrées de subsistance nécessaires. P. 291-292 [327-329/7-8]56. Cette
dernière, de son côté, ne peut être obtenue que par l'augmentation de la
force productive de travail, par un bouleversement57 2 du mode de production lui-même.
La plus-value produite par la prolongation de la journée de travail est
[de la plus-value] absolue : celle produite par raccourcissement du
temps de travail nécessaire est de la plus-value relative. P. 295
[330/9].
Pour abaisser la valeur du travail, l'augmentation de la
force productive doit porter sur des branches d'industrie dont les
produits déterminent la valeur de la force de travail, moyens de
subsistance habituels, succédanés, leurs matières premières, etc.
Démonstration de la façon dont la concurrence fait apparaître la force
productive accrue dans le bas prix des marchandises. P. 296-299 [330-
334/10-13].
La valeur de la marchandise est en raison inverse de la force productive du travail et il en est ainsi également de la valeur de la force de travail puisqu'elle est déterminée par le prix des marchandises. Par contre, la plus-value relative est en raison directe de la force productive de travail. P. 299 [13].
Ce n'est pas la valeur absolue de la marchandise qui intéresse le capitaliste, mais seulement la plus-value
qui y est enfermée. La réalisation de la plus-value implique le
remplacement de la valeur avancée. Mais comme d'après P. 299 [334/131 le
même processus qui accroît la force productive abaisse le prix des
marchandises et augmente la plus-value qu'elles renferment, on
s'explique comment le capitaliste, pour lequel il ne s'agit que de
produire de la valeur d'échange aspire sans cesse à réduire la valeur
d'échange de la marchandise. Voir Quesnay. P. 300 [335/14].
Dans
la production capitaliste, l'économie de travail obtenue par le
développement de la force productive de travail ne poursuit donc
nullement une diminution de la journée de travail. Cette dernière peut
même être prolongée. Dans les ouvrages des économistes à la Mac-Culloch,
Ure, Senior et tutti quanti, on peut donc lire à telle page que
l'ouvrier doit de la gratitude au Capital pour le développement des
forces productives58, et, à la page suivante, qu'il
doit manifester cette gratitude en travaillant à l'avenir 15 heures par
jour au lieu de 10. Ce développement des forces productives ne vise à
réduire que le travail nécessaire et à prolonger le travail pour le
capitaliste. P. 301 [336/15].
_______________________________________
56 Les références à l'édition du « Capital » se rapporte à partir d'ici au tome II.
57
Engels emploie ici le mot de Umwaelzung, qui signifie bouleversement,
révolution. Marx emploie directement le mot révolution. (N. T.)
58 que le temps de travail nécessaire s'en trouve abrégé, précise Marx IN. T.)
II. La coopération
D'APRES la p. 288 [323/1-302], un capital individuel assez important
pour employer simultanément un grand nombre d'ouvriers appartient59
à la production capitaliste; c'est seulement quand il est lui-même
complètement affranchi du travail que l'employeur devient intégralement
capitaliste. La collaboration d'une foule d'ouvriers, travaillant en
même temps et dans le même lieu sous les ordres du même capitaliste, et
en vue de la production de la même espèce de marchandise, constitue le
point de départ historique et formel de la production capitaliste. P.
302 [337/16].
Il n'y a donc tout d'abord qu'une différence
quantitative par rapport à ce qui était auparavant, quand le même
employeur occupait moins d'ouvriers. Mais une modification [survient]
bientôt.
Déjà le grand nombre d'ouvriers garantit que l'employeur
reçoit véritablement du travail moyen, ce qui n'est pas le cas chez le
petit patron, tenu néanmoins de payer la valeur moyenne du travail dans
sa petite entreprise ; les inégalités se compensent [donc] pour la
société, mais pas pour le patron isolé. La loi de la productiosn de
valeur en général ne s'applique donc complètement pour chaque producteur
qu'à partir du moment où il produit en tant que capitaliste, occupe
simultanément beaucoup d'ouvriers et met d'emblée en mouvement du
travail social moyen. P. 303304 [337-339/16-17].
Mais, d'autre
part : Economie des moyens de production par la seule grande entreprise,
moindre cession de valeur des parties constantes du capital, résultant
seulement de sa consommation [du capital constant] commune dans le
processus de travail du grand nombre [d'ouvriers]. Et ainsi les moyens
de production acquièrent un caractère social, avant que l'acquière le
processus de travail lui-même (jusqu'ici simple juxtaposition de
processus identiques). P. 305 [340/18].
Ne considérer ici
l'économie des moyens de production que dans la mesure où elle fait
baisser le prix des marchandises et, par là, réduit la valeur du
travail. La façon dont elle modifie le rapport de la plus-value au
capital total avancé (v + c) ne sera étudiée qu'au livre III. Ce
découpage [du sujet] est tout à fait dans l'esprit de la production
capitaliste; présentant les conditions de travail à l'ouvrier comme
indépendantes de lui, son économie apparaît également comme une
opération particulière, qui ne le regarde pas et qui est, par
conséquent, distincte des méthodes par lesquelles est accrue la
productivité de la force de travail consommée par le capital.
La
forme de travail dans laquelle beaucoup d'ouvriers travaillent côte à
côte et ensemble, d'après un plan général, dans un même processus de
production ou dans des processus de production connexes s'appelle
coopération. P. 306 [340/18]. (Concours de forces. Destutt de Tracy.)
La somme de la force mécanique des ouvriers isolés diffère
essentiellement du potentiel de force mécanique qui se déploie lorsque
de nombreuses mains coopèrent en même temps dans la même opération
indivise (levier et fardeau, etc.). La coopération crée par avance une
force productive qui est en elle-même et pour elle-même une force de
masse.
En outre, dans la plupart des travaux productifs, le
simple contact social engendre une émulation qui augmente le rendement
individuel, de telle sorte que 12 ouvriers, au cours d'une journée de
travail commune de 144 heures, fournissent un produit plus grand que 12
ouvriers en 12 [heures de travail] séparées, ou un ouvrier en douze
journées de travail consécutives. P. 307 [341/19].
Bien que de
nombreux ouvriers accomplissent la même besogne ou une besogne analogue,
le travail individuel de chacun peut représenter une phase différente
du processus de travait (chaîne de gens qui se passent un objet60),
la coopération épargnant à nouveau du travail. De même, quand une
construction est commencée de divers côtés à la fois. L'ouvrier combiné
ou l'ouvrier total a des mains et des yeux devant et derrière et possède
à un certain degré le don d'ubiquité. P. 308 [342/20].
_______________________________________
59 Dans le
texte de Marx : « La production capitaliste ne commence... en-fait à
s'établir que là où un seul maître exploite beaucoup de salariés à la
fois. a(N. T.)
60 Marx donne l'exemple des maçons qui forment la
chaîne pour faire passer des pierres du pied d'un échafaudage au sommet:
k Chacun d'eux exécute la même manaeuvre, et néanmoins toute.; les
manceuvres individuelles, parties continues d'une opération d'ensemble,
forment diverses phases par lesquelles doit passer chaque pierre et les
vingt-quatre mains du travailleur collectif la font passer plus vite que
ne le feraient les deux mains de chaque ouvrier isolé montant et
descendant l'échafaudage ». (N. T.)
Dans les processus de travail compliqués, la
coopération permet de répartir les opérations séparées, de les accomplir
simultanément et ainsi de réduire le temps de travail pour la
fabrication du produit total. P. 308 [343/20].
Dans de nombreuses
sphères de production, il existe des moments critiques où beaucoup
d'ouvriers sont nécessaires, par exemple les récoltes, la pêche au
hareng, etc. Ici, seule, la coopération est de mise. P. 309 [343/21].
D'une part, la coopération étend le champ de la production et devient
par suite une nécessité pour les travaux qui s'appliquent à de grandes
étendues (assèchements, construction des routes, etc., construction de
digues) ; d'autre part, elle le contracte en concentrant les ouvriers
dans un seul local, épargnant ainsi des frais. P. 310 [344/21].
Dans toutes ces formes, la coopération est la force productive
spécifique de la journée de travail combinée, la force productive
sociale du travail. Elle découle de la coopération même. En collaborant
avec d'autres selon un plan, l'ouvrier se débarrasse des limites posées à
son individualité et développe ses possibilités créatrices.
Or,
des ouvriers salariés ne peuvent pas coopérer sans que le même
capitaliste les emploie simultanément, les paye et les munisse de moyens
de travail. Le degré de coopération dépend donc de la quantité de
capital que possède un capitaliste. La condition exigeant une quantité
déterminée de capital pour muer son propriétaire en capitaliste, devient
maintenant condition matérielle pour la transformation des nombreux
travaux individuels disséminés et indépendants les uns des autres en un
processus de travail social combiné.
De même, la primauté du
capital sur le travail [qui n'était] jusqu'ici que la conséquence
formelle du rapport entre les capitalistes et les ouvriers [devient]
maintenant condition nécessaire pour le processus de travail même, le
capitaliste représente la combinaison dans le processus de travail. Dans
la coopération, la direction du processus de travail devient [la]
fonctionn du capital et à ce titre elle [la fonction] acquiert des
caractères spéciaux. P. 312.[346/23].
Conformément au but de la
production capitaliste (mise en valeur aussi grande que possible du
capital) cette direction a en même temps, pour fonction l'exploitation
aussi grande que possible d'un processus de travail social et [est], par
conséquent, conditionnée par l'antagonisme inévitable entre exploiteurs
et exploités. En outre, le contrôle de la juste utilisation des moyens
de travail. Enfin, la connexion des fonctions des divers ouvriers se
trouve en dehors d'eux, dans le capital, de sorte que leur propre unité
leur apparaît comme l'autorité du capitaliste, comme une volonté
étrangère. La direction capitaliste est donc double [par son contenu].
(1. processus de travail social pour la fabrication d'un produit, 2.
processus de mise en valeur d'un capital) et est despotique par sa
forme. Ce despotisme développe maintenant ses formes particulières : Le
capitaliste qui vient tout juste d'être délivré personnellement du
travail cède maintenant la surveillance subalterne à une bande organisée
d'officiers et de sous officiers qui sont eux-mêmes les salariés du
Capital. Dans l'esclavage, les économistes comptent ces frais de
surveillance parmi les faux-frais61 de la production dans la production
capitaliste, ils identifient la [fonction de] direction, dans la mesure
où elle est conditionnée par l'exploitation, avec la [cette] même
fonction dans la mesure où elle découle de la nature du processus de
travail social. P. 313-314 [346-348/23-25].
Le commandement
suprême dans l'industrie devient l'attribut du Capital, comme, au temps
de la féodalité, le commandement suprême à la guerre et dans les
tribunaux était l'attribut de la propriété foncière. P. 314 [348/25].
______________________________________________________
61 En français dans les textes de Marx et d'Engels. (N. T.)
p58
Le capitaliste achète 100 forces de travail
individuelles et reçoit en échange une force de travail combinée de 100.
Il ne paye pas la force de travail combinée de 100 En entrant dans le
processus de travail combiné, les ouvriers ont déjà cessé de
s'appartenir, ils sont incorporés au capital. C'est ainsi que la force
productive sociale du travail apparaît comme une force productive
immanente au capital. P. 315 [349/25].
Exemples de coopération chez les Egyptiens de l'antiquité. P. 316 [349-350/261.
La coopération naturelle au début de la civilisation chez les peuples
chasseurs, les nomades ou les communautés indiennes repose : 1. sur la
propriété commune des conditions de production ; 2. sur l'adhérence
naturelle de l'individu à la tribu ou à la communauté primitive. - La
coopération sporadique, dans l'antiquité, au moyen âge, et dans les
colonies modernes repose sur la domination directe et la violence, la
plupart du temps sur l'esclavage. La coopération capitaliste, par
contre, présuppose [l'existence de] l'ouvrier salarié libre.
Historiquement, elle apparaît en opposition directe à l'économie
paysanne et à l'entreprise artisanale indépendante (corporative ou non)
et ainsi comme une forme historique propre au processus de production
capitaliste et le distinguant [des autres]. Elle est la première
modification que subit le processus de travail, par sa subordination au
Capital. Ici, apparaissent aussitôt : 1. le mode de production
capitaliste en tant que nécessité historique pour la transformation du
processus de travail en processus social, ensuite 2. cette forme sociale
de processus de travail en tant que méthode du Capital en vue de
l'exploiter d'une façon plus rémunératrice par l'augmentation de ses
forces productives, P. 317 [351/26-27].
La coopération, pour
autant qu'elle a été considérée jusqu'ici, sous sa forme simple,
coïncide avec la production sur une grande échelle, mais ne constitue
pas la forme fixe caractéristique d'une époque particulière de la
production capitaliste, et elle subsiste encore aujourd'hui là où le
Capital opère sur une grande échelle sans que la division du travail ou
le machinisme y jouent un rôle important. Aussi, bien que la coopération
[soit] la forme fondamentale de toute la production capitaliste, sa
forme simple apparaît elle-même ou en tant que forme particulière à côté
de ses formes plus développées. P, 318 [351/27].
III. Division du travail et manufacture.
La manufacture, forme classique de la coopération fondée sur la
division du travail, prédomine de 1550 à 1770 environ. Elle naît :
1.
Soit par la réunion de divers artisans dont chacun effectue une
opération partielle (p [ar]- ex [emple] : manufacture de voitures),
l'artisan individuel perdant très vite son aptitude à exercer son métier
tout entier, mais [n'en devenant] que plus habile dans son métier
partiel; le processus est donc transformé en une fragmentation de
l'opération globale dans ses diverses parties. P. 318 [352/28].
2. Ou
encore un grand nombre d'artisans qui font le même travail ou un
travail similaire sont réunis dans la même fabrique et, peu à peu, les
diverses opérations, au lieu d'être accomplies successivement par le
même ouvrier, sont séparées et accomplies simultanément par des ouvriers
différents (aiguilles, etc). Au lieu d'être l'oeuvre d'un artisan, le
produit est maintenant l'oeuvre d'une association d'artisans dont chacun
n'accomplit qu'une opération partielle. P. 319-320, [353-354/29].
Dans les deux cas, son résultat est : un mécanisme de production dont
les organes sont des hommes. L'exécution [du travail] reste
professionnelle; chaque processus partiel traversé par le produit doit
être exécutable manuellement, donc toute analyse véritablement scientifique du processus de production est exclue62.Justement,
à cause de la nature professionnelle [du travail], chaque ouvrier se
trouve enchaîné aussi complètement à une fonction partielle. P. 321
[354/30].
De la sorte, dutravail [est] économisé par rapport à
l'artisan, et cela [ce phénomène est] encore accentué par [la]
transmission à [la] génération suivante. De la sorte, la division
manufacturière du travail correspond à la tendance des sociétés
antérieures à rendre les métiers héréditaires : castes, corporations,
etc. P. 322 [355-356/30-31].
Subdivision63 des outils par l'adaptation aux divers travaux partiels : 500 variétés de marteaux à Birmingham. P. 323-324 1357-358/32-331.
______________________________
62
Dans Marx : « Composée ou simple, l'exécution ne cesse de dépendre de
la force, de l'habileté, de la promptitude et de la sûreté de main de
l'ouvrier dans le maniement de son outil. Le métier reste toujours la
base Cette base technique n'admet l'analyse de la besogne à faire que
dans des limites très étroites. » (N. T.)
63 Marx parle de différenciation et de spécialisation des instruments de travail. (N. T.)
Du point de vue du mécanisme global de la
manufacture, cette dernière revêt deux aspects : montage purement
mécanique de produits partiels indépendants (montre) ou séries des
processus interdépendants dans un atelier (aiguille).
Dans la
manufacture, chaque groupe ouvrier fournit à l'autre sa matière
première. D'où condition fondamentale : chaque groupe doit fabriquer en
un temps donné, une quantité donnée, il en résulte donc une continuité,
régularité, uniformité et intensité du travail tout autres [bien
supérieures] que dans la coopération elle-même. Ici donc, loi
technologique du processus de production : le travail doit être du
travail socialement nécessaire.P. 329 [36236].
L'inégalité du
temps nécessaire pour les diverses opérations fait que les différents
groupes d'ouvriers sont de force et de grandeur différentes (dans la
fonte de caractères d'imprimerie; 4 fondeurs et 2 casseurs pour 1
frotteur). La manufacture crée donc un rapport mathématique ferme pour
l'importance quantitative des divers organes de l'ouvrier global, et la
production ne peut être étendue qu'à la condition d'embaucher un
multiple du groupe global. En outre, le fait de rendre certaines
fonctions indépendantes - surveillance, transport des produits de local à
local, etc. - ne devient rémunérateur qu'à partir du moment où la
production atteint un certain niveau. P. 329-330 [362-363/36-37].
La liaison de diverses manufactures en une manufacture globale se
produit également, mais continue de manquer de la véritable unité
technologique, qui ne prend naissance qu'avec la machine. P. 331
[36438].
De bonne heure, les machines font déjà leur apparition
dans la manufacture - sporadiquement - moulin à farine, moulin à
bocarder, etc., mais seulement en tant qu'accessoire. La principale
machine de la manufacture est l'ouvrier collectif combiné, qui possède
une perfection beaucoup plus grande que l'ancien ouvrier individuel
routinier, et dans lequel toutes les imperfections, qui sont souvent
développées par la nécessité chez l'ouvrier partiel, apparaissent comme
une perfection. P. 333 [366/40]. La manufacture développe des
différences parmi ces ouvriers partiels, skilled et unskilled64 voire
une hiérarchie achevée des ouvriers. P. 334 1366-367,/40-411.
La division du travail [est] 1. générale (dans agriculture, industrie, navigation, etc.), 2.spéciale (en genres et espèces65)
3. de détail [ou individuelle] (dans l'atelier).Cette division sociale
du travail a également des points de départ variés. 1. Au sein de la
famille et de la tribu, [on a] une division naturelle du travail d'après
le sexe et l'âge, à quoi [s'ajoute] l'esclavage par la violence contre
les voisins qui l'étend [qui étend la division du travail]. P. 335
[368-369/41-42]. 2. Diverses communautés, suivant la situation, le
climat, le degré de civilisation obtiennent des produits divers et ces
derniers sont échangés là où ces communautés entrent en contact.
L'échange avec les com-munautés étrangères est, par la suite, pour
chaque communauté un des principaux moyens de surmonter sa dépendance à
l'égard de la nature par l'approfondissement de la division naturelle du
travail. P. 336 [369/42].
La division manufacturière du travail présuppose,
d'une part, un certain degré de développement de la division sociale du
travail, d'autre part, elle approfondit cette dernière - c'est là la
division territoriale du travail. P. 337-338 [370-371/43-44].
___________________________________
64 Qualifié, non qualifié. (N. T.)
65
Artrn und Unternrten : peut se traduire différemment suivant le
contexte. Il faut surtout retenir ici l'idée de classification analogue à
la clsslification zoologique ou botanique en embranchements, classes.
ordres. (N. T.)
Toutefois, [il y al toujours entre la division
sociale et [la division] manufacturière du travail, cette différence que
la première produit nécessairement des marchandises tandis que dans la
seconde l'ouvrier partiel ne produit pas de marchandises66. D'où, dans
celle-ci, [la division manufacturière] organisation concentrée67, dans celle-là morcellement et désordre de la concurrence. P. 339-341 [372-374/45-461..
Sur l'organisation antique de la communauté indienne. P. 341342
[374-376/46-471. La corporation. P. 343-344 [376-377/48]. Tandis que
dans toutes [les formations économiques] existe cette division du
travail dans la société, la division manufacturière du travail est une
création spécifique du mode de production capitaliste.
Le corps
de travail qui fonctionne dans la manufacture, est, comme dans la
coopération, une forme d'existence du capital. La force productive
résultant de la combinaison des travaux apparaît donc comme force.
productive du capital. Mais tandis que la coopération ne modifie en rien
le mode de travail de l'individu, la manufacture le révolutionne ; elle
estropie l'ouvrier68, incapable d'effectuer une production
indépendante, puisqu'il n'est plus qu'un accessoire de l'atelier du
capitaliste. Les puissances spirituelles du travail disparaissent du
côté du plus grand nombre pour se développer du côté d'un seul
[individu]69. C'est la division manufacturière du travail qui oppose les
puissances spiri-tuelles du processus du travail aux ouvriers [à qui
elles apparaissent] comme [la] propriété d'autrui et [comme des forces]
qui les dominent. Ce processus de scission qui commence déjà dans la
coopération se développe dans la manufacture, se complète dans la grande
industrie, qui sépare la science du travail en tant que puissance
productrice indépendante et l'oblige à se mettre au service du capital.
P. 346 [379/50].
Passages à l'appui. P. 347 [379-380/51-52].
La manufacture [qui est] par un côté une organisation déterminée du
travail social, n'est, par l'autre côté, qu'une méthode particulière de
production de plus-value relative. P. 350 [382383/53]. Signification
historique [traitée dans] le même passage.
Obstacles au
développement, de la manufacture même pendant sa période classique:
limitation du nombre des ouvriers maladroits par la prédominance des
[ouvriers] adroits. Le travail des femmes et des enfants se heurte
souvent à la résistance des hommes qui se prévalent jusqu'au bout des
laws of apprenticeship70 même là où [elles sont] superflues ;
insubordination continuelle des ouvriers, car l'ouvrier global ne
possède pas encore de squelette indépendant71 des ouvriers
[individuels]. - Emigration des ouvriers. P. 353-354 [386-387/55-56].
En outre, elle [la manufacture] n'était pas en mesure de bouleverser ou
seulement de dominer toute la production sociale. Sa base technique
étroite entra en conflit avec les besoins de production créés par
elle-même. La machine devenait nécessaire, et la manufacture avait
justement appris déjà à la construire. P. 355 [387/56-57].
_________________________________________________________________
66 Marx ajoute « Ce n’est que leur produit collectif qui devient marchandise. » (N.T.)
67
Marx - « La division manufacturière du travail suppose une
concentration de moyens de production dans la main du capitaliste. s (N.
T.)
68 Au sens figuré, Marx écrit: « Elle estropie
le travailleur, elle fait de lui quelque chose de monstrueux en activant
le développement factice de sa dextérité de détail en sacrifiant tout
un monde de dispositions et d'instincts producteurs. » (N. T.)
69
Formulation un peu différente chez Marx : »Les puissances
intellectuelles de la production se développent d'un seul côté parce
qu'elles disparaissent sur tous les autres. » (N. T.)
70 Lois sur l'apprentissage. (N. T:)
71
Marx montre que malgré la division des opérations, l'habileté manuelle
reste la base de la manufacture. Lé où l'ouvrier est professionnellement
adroit, il est insubordonné ; l'ouvrier global que constitue la
manufacture n'a pas encore de squelette, c'est-à-dire d'armature
mécanique (machines) permettant de plier l'ouvrier. (N. T.)
IV. Machinisme et grande-industrie.
TABLE DES MATIERES
NOTE DES EDITEURS......................................................................................................................................3
LE
« CAPITAL » DE
MARX............................................................................................................................5
EXTRAIT DE LA PRÉFACE AU DEUXIÈME LIVRE DU « CAPITAL ».................................................13
RESUME DU CAPITAL LE PROCES DE LA PRODUCTION DU CAPITAL (LIVRE PREMIER)......15
PREFACE........................................................................................................................................................15
PREMIERE PARTIE LA MARCHANDISE ET L'ARGENT..........................................................................17
I.
La marchandise en
soi..............................................................................................................................17
II.
Procès d'échange de la
marchandise.......................................................................................................18
III.
La monnaie ou la circulation des
marchandises.....................................................................................20
DEUXIEME PARTIE LA TRANSFORMATION DE L'ARGENT EN CAPITAL..........................................26
I.
Formule générale du
capital.................................................................................................................26
II.
Contradiction de la formule
générale.......................................................................................................28
III.
Achat et vente de la force de
travail........................................................................................................30
TROISIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE ABSOLUE..............................................32
I.
Processus de travail et processus de mise en
valeur.............................................................................32
II.
Capital constant et capital
variable.........................................................................................................33
III.
Le taux de la
plus-value..........................................................................................................................34
IV.
La journée de
travail..............................................................................................................................35
V.
Taux et masse de la
plus-value.................................................................................................................37
QUATRIÈME PARTIE LA PRODUCTION DE LA PLUS-VALUE RELATIVE..........................................39
I.
Notion de la plus-value
relative.................................................................................................................39
II.
La
coopération........................................................................................................................................39
III.
Division du travail et
manufacture..........................................................................................................42
IV.
Machinisme et
grande-industrie..............................................................................................................45
V.
Nouvelles recherches sur la production de la
plus-value.........................................................................51
COMPLÉMENT ET SUPPLEMENT AU IIIE LIVRE DU « CAPITAL »...................................................52
1. LOI DE LA VALEUR ET TAUX DE PROFIT. « PROFIT-RATE »................................................................52
2. LA BOURSE
..................................................................................................................................................62
FRANZ
MEHRING : « LE CAPITAL
»..........................................................................................................65
I.
LES DOULEURS DE
L’ENFANTEMENT...............................................................................................................65
II.
LE PREMIER
LIVRE........................................................................................................................................67
ROSA
LUXEMBOURG
:..................................................................................................................................76
III.
LES DEUXIEME ET TROISIEME
LIVRES...........................................................................................................76
NOTE DES EDITEURS
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