Le 27 mars 2008, le Fort de St Pierre, porte conteneur de la société CMA CGM appareille de Fort de France. Cap à l'est. A son bord 48OO Tonnes de bananes des Antilles.Douze jours plus tard, il touche le port de Dunkerque. Ce trajet en apparence anodine, quoi de plus normal pour un bateau que de transporter des marchandises ? Maisce voyage marque plusieurs événements d'importance : d’une part la reprise de la production de bananes aux Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique) après le passage du cyclone Dean qui a ravagé les plantations d'autre part, la reprise du trafic debananes sur le port de Dunkerque et l'inauguration d'un espace spécialisé dédié à cetrafic, enfin l'intervention d'un syndicat de dockers qui a annoncé son intention demaintenir la paix sociale sur les docks. Un flux de marchandises d'apparence anodine on peut ainsi permettre de comprendre tout un pan d’une économie basée sur l’exploitation du travail.Un syndicat couleur... banane
A Dunkerque, pour la première fois deses 18 ans d'histoire la CNPTA(Coordination Nationale des Travailleurs Portuaires et Assimilés) a appeléà une grève le 20 janvier 2011. La contestation portait sur la reconnaissance de la pénibilité du travail sur les docks . Ce syndicat néd'une scission de la CGT lors de la réformeportuaire de 1992 n'a jamais fait mystère devouloir maintenir coûte que coûte la paixsociale sur les docks.
Situation du port de Dunkerque
Le port de Dunkerque s'est développé à partir de 1959 avec la création du complexesidérurgique industrialo-portuaire d'Usinor(aujourd'hui Arcelor Mital) et la raffinerie desFlandres. Dans les années 70 l'extension desquais et des docks lui permet d'accueillir lespondéreux (charbons et minerai), les pétroliers (en lien avec la raffinerie des Flandrescréée par Total en 1974), les conteneurs maiségalement le " vrac sec ", (essentiellement desproduits agricoles) et un terminal roulierpour les camions. Troisième port de France,le Port Autonome de Dunkerque se trouve àla sixième place sur la façade maritime duHavre à Hambourg. Il est en concurrencedirecte avec le port de Zeebrugge en Belgique.Son arrière pays (Interland, zone de départou d'arrivée du fret transitant par le port)passait par la Picardie pour les pondéreux etles produits agricoles mais aussi l'Angleterreen tant que port de re-routage, la Belgique enassociation avec une filiale des chemins defer belges " IFB ". Plus loin, Dunkerque réexpédie vers les aciéries de Florange en Mosellepour les produits sidérurgiques mais également vers l'Allemagne rhénane. Dans la pratique l'essentiel du tonnage était destiné àl'industrie dunkerquoise. L'année 2005 constitue avec 53,33 Millions de tonnes uneannée record pour ce port qui mise sur ladiversité des possibles plutôt que sur unmarché défini et garanti. Or depuis 2005, lesdifficultés s'accumulent sur le port: fermeture d’aciéries, concurrence du tunnel sous la Manche, désengagement de partenaireanglais, choix de Zeebruge pour le trafic Rorod'automobiles entre Espagne et Europe duNord et dernièrement la fermeture de la raffinerie des Flandres mettent à mal les perspectives du port qui se voit contraint de seconcentrer sur quelques niches comme lesfilières agricoles froid. D'où le développementdu trafic de banane entre la France et lesAntilles.
La Banane aux Antilles c’est bon pour les esclaves
Si l’on dit que les troupes d'Alexandre leGrand auraient mangé des bananes lors de laconquête de la vallée de l'Indus, les premierseuropéens connus à en manger sont les portugais lors des voyages d'exploration le longdes côtes de l'Afrique. Pour mémoire rappelons que ces voyages sont à l'origine du premier empire colonial européen. La banane estensuite exportée de la Guinée aux Antillesavec les cargaisons d'esclaves qu’elles sontcensées nourrir. Les premiers plants " occidentaux " du bananier sont introduits àSaint-Domingue en 1516, soit seulement 20ans après la découverte. Ce n'est que progressivement que les européens s'approprient ce fruit nourrissant et riche en vitamines. Une fois réalisé le pillage des ressourcesen or et un premier partage, le développement colonial s'oriente sur la monoculture deproduits tropicaux: canne à sucre essentiellement, la banane ne servant que pour lespopulations locales esclaves. Une ordonnance royale du 7 septembre 1736obligeait les maîtres à planter 25 plants debananier par esclave possédé, au minimum.Elle est, avec le manioc, la nourriture de basede la main d'œuvre esclave productrice de canne à sucre. La banane dont il s'agit est enfait la banane plantain. La forme de fruit stérile que nous connaissons est issue de multiples croisements: le fruit voyage très mal àtempérature normale. Il ne peut voyagerqu'une fois séché et ses propriétés sont alorsmoins intéressantes.
Les républiques bananières
Avant 1870 les américains n'avaient jamaisvu une banane. Mais cette année-là l'ingénieur ferroviaire Minor Cooper Keith exportadu Costa Rica les premières bananes au portde la Nouvelle-Orléans. Trois décennies plustard, les USA consommaient approximativement 16 millions de régimes par an. Pour laconstruction des routes qui vont de PuertoLimon à San José, il avait recruté une première cargaison de 700 voleurs et criminelsdes prisons de Louisiane; seulement 25 survécurent aux dures conditions de la jungle etdes marais. L'homme d'affaires ne se découragea pas et fit venir 2000 Italiens. A voir lesconditions de travail, la plupart préférèrentfuir dans la forêt. L'entrepreneur attira alorsdes Chinois et des Noirs, en apparence plusrésistants aux maladies tropicales. Dansl'installation des premiers 40 kilomètres derails, 5000 travailleurs moururent. Il se fitdes relations dans la provinciale haute société costaricaine, soudoya des politiciens,acheta des autorités et obtint la concessiondu chemin de fer flambant neuf pour 99 ans.Il put alors se consacrer à plein au négoce dela banane. En 1899 il chercha des associés et fonda à Boston l'United Fruit Company, lacompagnie bananière la plus grande dumonde, avec des plantations en Colombie, auCosta Rica, à Cuba,au Honduras,enJamaïque,auNicaragua, auPanamá et àSaint-Domingue. En peu detemps il devintpropriétaire de10 % du territoire costaricain etsefitconnaîtrecomme “le roisans couronned'Amériquecentrale”.
"L'homme banane"
En 1895, à 18 ans Zemurray commença àacheter à bas prix des bananes sur le pointde se décomposer sur les quais de laNouvelle-Orléans. Il les vend rapidement à des villages voisins. A 21 ans il possède100.000 dollars sur son compte en banque.En 1910 il est propriétaire de 6000 hectares,mais il est endetté avec diverses banquesaméricaines. Il décide alors de s'emparer detout le pays au moindre coût. Il y parvientl'année suivante en s’appuyant sur l’ancienprésident Manuel Bonilla, Lee Christmas,Guy “Mitrailleuse” et Molony, des tueurs professionnels.En janvier 1911,les quatre embarquent à bord d'une flotte de corsaires endirection du Honduras. Armés seulementd'une mitrailleuse lourde, d'une caisse defusils à répétition, de 1500 kilos de munitions et de bouteilles de bourbon, les mercenaires dévastent tout sur leur passage etarrivent à Tegucigalpa le 1er février 1912 oùils installent Bonilla au pouvoir.En 1912, le président reconnaissant attribueà Zemurray une concession libre d'impôts dedix mille hectares pour cultiver la bananedurant 25 ans.La colonisation n'est plus le fait des états oudes églises mais celui des entreprises privées.Cette étape marque la forme actuelle du colonialisme. Aujourd'hui encore on parle de"bananes dollars " provenant principalementde l'Equateur, du Costa Rica, de la Colombie et du Panama, et ainsi dénommées parce quecommercialisées par des firmes multinationales, notamment américaines (Chiquita,Dole Food Company)
Monoculture coloniale
Avant la banane d'exportation, le modèle économique de la Guadeloupe est en crise : lamonoculture coloniale de la canne à sucre nes'est pas remise de la concurrence de la betterave ni de la disparition définitive de l'esclavage en 1848. Mais l'abolition ne s'accompagne pas de réforme agraire. La propriété agricole reste entre les mains des planteursalors que la plupart des anciens esclavesdésertent le travail de la canne à sucre. Laproduction connaît une chute. LaGuadeloupe qui produisait 37 994 tonnes desucre en 1847 ne peut plus garder sa capacité malgré l'arrivée des Indiens en 1854.La banane d'exportation aux Antilles estrécente, elle se développe dans les années 20.Depuis longtemps déjà, en France, la bananeétait un fruit apprécié. Elle venait alors desCanaries.Il ne faut pas s'étonner du temps mis par laproduction antillaise pour s'imposer sur lemarché : les liaisons maritimes n'étaient nisûres, ni régulières, ni rapides ; les distributeurs européens étaient déjà habitués à d'autres provenances, à d'autres qualités. Lesmûrisseurs, qui avaient noué de longue datedes liens avec les Canaries privilégiaientnaturellement leurs fruits. Dans les années1920-30, les exportations de bananes de laGuadeloupe se substituent aux produitsdérivés de la canne à sucre : de 30 tonnes debananes en 1922 on passe à 40 000 tonnes àla veille de la seconde guerre mondiale. Cedéveloppement s'accompagne de celui desstructures capitalistiques en charge de cetteproduction : création en 1928 de la compagnie locale " La Fruitière " qui prend en charge le stockage et les exportations. La culturede la banane profite de la mesure de taxationdes bananes d'importation en métropole auprofit des bananes antillaises : les plantations se font massives, et les exportationsvers la métropole décollent rapidement.Parallèlement la culture de la banane vastructurer la société antillaise : aux grandscolons la production sucrière et aux " petitsplanteurs " la production de bananes.Historiquement, c'est donc de 1928 à 1939,et grâce à la banane, que se crée dans lescampagnes une petite bourgeoisie paysanne.Souvent même, il y a une concurrence localeentre exploitants de bananes et la propriétébékée ancestrale et parvenue restant, elle,fidèle au sucre.
Peau de bananes et casques lourds
La banane antillaise est concurrencée après1946 et la départementalisation en DOM parla banane " dollar " puis par la banane africaine. La production ne survit que grâce auxsubventions de l'état. A la Guadeloupe, unepremière grève d'ouvriers des sucreries, le 14février 1952 est réprimée dans le sang sur lacommune de Moule : l'armée tire sur les grévistes. La journée est restée dans l'histoirelocale sous le nom de massacre de la StValentin. A la Martinique des émeutes font 3morts et de nombreux blessés à Fort deFrance en 1959. En Octobre 1960, dans lecontexte de la Guerre d'Algérie, Debré prendune ordonnance qui pose que" les fonctionnaires de l'État et des établissements publicsde l'État en service dans les DOM dont le comportement est de nature à troubler l'ordrepublic peuvent être, sur la proposition du préfet et sans autre formalité, rappelés d'officeen Métropole par le ministre dont ils dépendent pour recevoir une nouvelle affectation.Cette décision de rappeler est indépendantedes procédures disciplinaires dont ces fonctionnaires peuvent faire l'objet. Elle est notifiéepar l'intermédiaire du Préfet qui peut prendretoutes mesures nécessaires à son exécution."Cette ordonnance est utilisée contre les indépendantistes antillais Dufond, Guiteau,Mauvois et Nicolas membres du PartiCommuniste Martiniquais ainsi que deEdouard Glissant et Marcel Manville créateurs du front antillo-guyanais pour l'autonomie, tous fonctionnaires exilés, rétrogradés, sanctionnés pour leur appartenancepolitique. Par ailleurs les autorités maintiennent une violence répressive endémiquedepuis les années 20. Le maire qui prononçale discours lors de l'enterrement des trois victimes fut poursuivi et suspendu par la justice coloniale.Avec la création en 1967 du BumidomBureau pour le développement des migrations dans les départements d'Outre Mer, lesAntilles connaissent une migration massivede main d'œuvre vers la métropole. LaGuadeloupe ne vit plus que des importationsde la métropole qui impose ses tarifs sur lesbiens vendus en supermarché. La France abesoin de main d'œuvreles antillais sontrecrutés à l'image des ouvriers étrangersvenus grossir les rangs des ouvriers des usines métropolitaines. Les salaires, envoyés“au pays” permettent le maintien de la soumission à l'économie coloniale des îles.
Le Chlordecone
A partir de 1972, l'utilisation massive de pesticides détruit progressivement l'environnement. Destiné à lutter contre un charançonattaquant les bananeraies, le chlordéconedétruit la santé des ouvriers agricoles d'abord, des antillais ensuite. Le produit estinterdit aux USA en 1976 mais autorisé auxAntilles Françaises à plusieurs reprises. Il estinterdit depuis 1990 mais les planteurs debananes eurent droit à une dérogation de 3ans.Le chlordécone a pollué toutes les Antilles.Les plantations de bananes étant situées enamont des terres agricoles, il a contaminé lescultures de patates douces en aval, puis l'eaudes rivières et leurs élevages d'écrevisses, lescrabes en bord de mer, les bovins, le lait devache, jusqu'au sang de 90 % des femmesenceintes. Seules les bananes - sauf à endéguster la peau - échappent à cette contamination. . En septembre 2007, le rapport duprofesseur Belpomme dresse l'état des lieuxde la pollution: le produit fortement cancérigène est présent partout. Il parle de " désastre sanitaire ". Un lobby bananier tente de développer une contrexpertise en vain,même si des travauxontété entrepris pourfairerepousserdesbananes.LeBRGM(Bureau de recherchesgéologiques et minières) estime que du fait des 1 250 tonnes de chlordécone répanduesavant que l'usage ne soit définitivementinterdit (1993), la pollution ne devrait disparaître que dans 7 000 ans !
La tempête Dean en Août 2007 ravage 100 % des plantations
“2007 devait être l'année phare du planteur",explique, Francis Lignières, président dugroupement des Producteurs de Guadeloupe." Après des années de vaches maigres, nousavions enfin achevé notre mutation et redressé nos exploitations."Cinq ans plus tôt labanane antillaise amorce son aggiornamento: divisée en plus de 40 marques, éparpilléesur des centaines de propriétés, minée parl'éternelle rivalité martiniquo-guadeloupéenne, discréditée à Bruxelles, la principale production agricole des tropiques français n'enfinissait pas de perdre du terrain. Incapablede rester compétitive face aux coups de boutoir des bananes dollars et d'homogénéiserson système de distribution, la professioncourait à sa perte. Le 1er janvier 2006,l'Organisation Mondiale du Commerce prévoyait de réduire les barrières protectionnistes européennes en vigueur. Réunis dansune seule structure: l'Union des groupements de producteurs de bananes (UGPB),présidée par Eric de Lucy - un béké martiniquais - les planteurs antillais ont donc sauvéleur profits, allant jusqu'à obtenir de l'UnionEuropéenne un nouveau régime de montantscompensatoires, non plus fondé sur la production mais sur une aide fixe. La productioncoloniale comptait maintenir les conditionsde sa survie. Or en Août 2007, la tempête tropicale Dean fait 42 morts et ravage les plantations : " Les choses sont claires : 100 % denos plantations ont été détruites. Au moins, iln'y aura ni polémique ni abus ", déclareFrédéric de Reynal, président de Banamart,principal groupement de planteurs martiniquais. Grâce aux subventions européenneset françaises, les bananiers ont été replantéset la production a repris. Les exportationsaussi.
Les nouvelles bananes
A l'heure actuelle trois multinationalescontrôlent à 60 % le marché mondial de labanane : Chiquita brands International, DoleFruit Company et Del Monte Foods. 10 à 20% du prix final revient dans le pays producteur et 1, 5 à 3 % dans la poche des paysansproducteurs. Ceux des pays en développement comptant pour la majeure partie. Aelles seules, l'Amérique du Sud et Centrale(Equateur, Costa Rica et Colombie) ontcontribué pour près de 70% des exportations mondiales en 2006. Traditionnellement, lesimportations européennes de bananes proviennent de trois origines : de la productioncoloniale espagnole (Îles Canaries), et française (avec la Guadeloupe et la Martinique),de Grèce et du Portugal, des exportations enprovenance des pays d’Afrique ont bénéficiéd'un accès privilégié au marché européen parle biais de la Convention de Lomé et plus tardde l'Accord de Cotonou, et, finalement,d'Amérique centrale et du sud qui fournissent des pays dont le marché est libre.La France ne s'approvisionnait avant 2006qu'auprès de ses départements d'Outre-Mer(Guadeloupe et Martinique) et de deux pays :le Cameroun et la Côte d'Ivoire !
Un os dans la banane
Si depuis les années 90 des démarches ontété entreprises pour développer une production biologique , celle ci reste limitée : sur les538 900 t que les français ont consommé en 2008, 48 % venaient de la Martinique, 23 %de Côte d'Ivoire, 14 % du Cameroun et 11 % de la Guadeloupe (11%). A la même date laproduction mondiale de bananes bio était de152 000 tonnes. Les principales origines desbananesbioétaientlaRépubliqueDominicaine 60.000 t, le Pérou : 27.000 t (en2004),leMexique,leHonduras,leGuatemala, les îles Canaries… Les importations françaises de bananes bio sont estimées de 5 à 6 000 t.Une autre piste est également développéepour améliorer la production de bananes: "Le Cirad développe depuis de nombreuses années des programmes de recherche sur lesbananiers. Aujourd'hui, l'objectif général deces recherches est de pouvoir proposer dessystèmes de culture durables et respectueuxde l'environnement. Pour ce faire, toutes lesdisciplines sont mises à contribution : l'agronomie, la physiologie, la phytopathologie, lagénétique... Dans ce dernier domaine, le programme d'amélioration génétique cherche àcréer de nouvelles variétés résistantes auxprincipales maladies et aux ravageurs de laculture. Ces variétés seront incluses dans dessystèmes de culture où l'utilisation des pesticides aura presque totalement disparu. Alliés àune qualité accrue des fruits, ces caractèresapporteront aux productions antillaises unevaleur ajoutée plus grande.Les programmes d'amélioration génétique encours vont permettre d'obtenir un matérielgénétique diversifié de grande qualité agronomique et organoleptique. Ce matériel seravalorisé à travers des réseaux régionaux deplate-formes d'échanges, favorisant les interactions entre les instituts de recherche et tousles utilisateurs, producteurs et transformateurs. "peut on lire sur une brochure del'INRA consacré aux bananes. En conclusion,il s'agit bel et bien de nous faire bouffer desbananes OGM.
La lutte !
Le Liyannaj Kont Pwofitasyon, ou abrégé enLKP (Collectif contre la profitation dans profitation, il faut comprendre “profiteur”, “exploitation” et tacitement “abus” que certains onttraduit par “exploitation outrancière”), est uncollectif guadeloupéen qui regroupe une cinquantaine d'organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles de laGuadeloupe. Le collectif a été créé à la suitedes premiers mouvements de décembre 2008concernantle prix de l'essence en Guadeloupe. En effet, comme tous les espacesdominés, les Antilles souffrent d’un déséquilibre commercial: exportatrices de matièrespremières, elles dépendent totalement pourleur approvisionnement de biens manufacturés de la métropole qui impose ses tarifs.Ajoutons que si le territoire est petit, lestransports publics sont très mal organisés etpar conséquent l’essence et les véhiculesindividuels jouent un rôle indispensable. Le collectif est à l'origine de la grève généralede 2009 qui a touché l'île entre le 20 janvieret le 4 mars. Sur la base de la grève précé-dente, le LKP a formulé un catalogue de 110revendications (40 revendications sont ajoutées durant la grève) réparties en dix pointsde " niveau et condition de vie " à " arete pwofitasyon "(= arrêter la profitation) en passantpar l'eau, l'aménagement du territoire ou laformation...Le collectif parvient très vite à imposer sesmots d’ordres et ses pratiques : barrage desroutes, fermeture des magasins, intimidationdes patrons de l’hôtellerie en pleine périodede carnaval et de vacances scolaires enmétropole.
A partir du 26 janvier, il obtient une négociation quadripartite: Patronat, Etat, représentants des élus et LKP soit au septième jour deblocage. Le ministre de l’outre mer qui n’intervient que le 1er février (11ème jour degrève) arrive avec plusieurs compagnies degardes mobiles chargés de faire respecter laliberté de travail et de circulation. Après unesemaine d’atermoiements le ministre repart.Les négociations sont dans l’impasse. Lepatronat, les élus et l’Etat refusent l’augmentation de 200 euros pour tous les bas salaires. Le LKP réplique par des opérations “îlemorte”. Sur les barrages les affrontementsdeviennent quotidiens. De plus en plus devoix patronales dénoncent “l’irresponsabilitédes syndicalistes qui vont torpiller l’économiede l’île”. Le 18 février, au 30ème jour degrève, on relève un mort sans qu’on puissedirectement le rattacher à la lutte en cours.Dans la pratique, après chaque déblocagedes routes, les jeunes réoccupent la chaussée et réinstallent les barrages. A partir du20, les affrontements diminuent en intensitémais le MEDEF local refuse de prendre lasuite de l’Etat dans la politique salariale. Le4 mars le travail reprend dans l’île : la principale revendication : + 200 euros sur tous lesbas salaires est satisfaite.La diversité des revendications et des membres du collectif à permis de tenir 44 jours degrève générale à la Guadeloupe et de déborderles structures d'encadrement dans uneconfrontation directe aux autorités. A l'heureactuelle le LKP négocie pied à pied face auxatermoiements des autorités d'état et aupatronat beké sur les points non satisfaits ducahier des 150 revendications.
Références :
LIBERATION.17/10/2000.Un nouveau syndicats’ancre chez les dockers.
http://www.dunkerque-port.fr/fr/presse/dossiers-presse-port-dunkerque.html
http://www.wk-transport-logistique.fr/actualites/detail/31607/le-mouvement-social-des-ports-francais-s-intensifie.html
http://lecodunord.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=404:dunkerque-port-char-te-de partenariat-avec-les-producteurs-de-bana-nes&catid=99:ports-et-eurotunnel&Itemid=139
Wikipédia : article bananeMarc Dufumier, « Amérique centrale et Caraïbes :les Républiques bananières de l'arrière-cour »,inAgricultures et paysanneries des Tiers mondes,Ed. Karthala, Paris, 2008)
http://www.spandidos-publication.com/ijo/34/4/1037
http:collectif5fevrier.org
http://www.antilles.inra.fr/antilles/la_documentation/dossiers_et_documents
FGIRCOUR.LKP:grève générale en Guadeloupe.
Syllepse. 2010
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