La nouvelle économie celle dite de plateforme est bien à l' échelle mondiale ce juteux « marché » dont les capitalistes tirent profit, accumulant la richesse à un pôle et la misère à l' autre. Ce faisant ils accumulent aussi les réactions populaires. Je dis populaire car il n'y aura pas que le prolétariat concerné, mais aussi la classe moyenne salariée CMS, les petits entrepreneurs et tout ceux qui sont déjà victimes de la « nouvelle économie ». Ce qui semble devenir une préoccupation de l' aile démocratique du capital, tant aux états-Unis qu' en Europe.
Un rapport publié par l' OIT constatait avec une certaine inquiétude le déclin des classes moyennes en occident. Le rapport cite l'exemple de l'Espagne où les ménages à revenus intermédiaires ne représentent plus que 46% de la population active fin 2010, contre encore 50% en 2007. Aux États-Unis, la part des ménages aux revenus moyens est tombée de 61% à 51% entre 1970 et 2010. Or, l'affaiblissement des classes moyennes dans les économies développées est un sujet de préoccupation "pour des raisons économiques", souligne l’OIT, car "les décisions d'investissement à long terme par les entreprises dépendent aussi de la présence d'une vaste et stable classe moyenne qui soit en mesure de consommer", analyse Raymond Tores, chercheur à l'Organisation. Il convient donc de soutenir cette classe de revenus, afin de créer un cercle vertueux de croissance. Les chiffres ci dessus datent, mais la tendance se poursuit.
Il y a encore dans les pays de l'OCDE des réserves en épargne que le capital est en mesure de pomper ( son dernier recours).
Echec des économies dites émergentes.
La période actuelle marque l'échec des eldorados capitalistes successifs qu'ont été le Mexique, le Brésil, l' Argentine, et certains pays d'Afrique. Ceux ci se sont rapidement effondrés sous le poids de leur endettement et des termes de l'échange systématiquement défavorables.
La région de l'Asie du Sud-Est mériterait de ce point de vue une étude particulière, pour déterminer dans quelle mesure l'accumulation du capital y est plus équilibrée, d'une part, et d'autre part pour savoir dans quelle mesure ce développement - tant qu'il dure – ne résulte pas simplement d'un processus de délocalisation à partir d'autres zones, le cas du Vietnam et de l' Éthiopie.
Tels sont donc les éléments qui illustrent et résument le caractère déséquilibré de l'accumulation du capital dans la période actuelle. Il y a déséquilibre, non seulement au sens social ,mais aussi au sens où la production effective de plus-value est insuffisante pour justifier les anticipations que le système du crédit ( à ce niveau le capital fictif ) fait sur cette production.
La dette mondiale s'accumule de façon inexorable, et rien ne permet de penser que les créanciers recouvreront un jour la totalité de la valeur qu'ils ont avancée. Autrement dit par notre regretté Loren Golner :
« Il s’agit maintenant de montrer comment et pourquoi la transformation keynésienne de l’état capitaliste entre 1933 et 1945, était l’expression nécessaire de la domination formelle/ plus value absolue et la domination réelle/plus value relative. L’ État Schachto-Keynésien1 de 1933-45, et l’état keynésien mur d’après 1945, apparaît au moment ou la composition organique du capital, globalement, est suffisamment élevée pour que toute innovation technologique visant la plus value relative tend à dévaloriser-transférer en fictivité- davantage de capital fixe qu’elle n’en produit de plus value apte à être transformée en profit, intérêt et rente foncière. »
« Cet État a pour fonction d'organiser la dévalorisation permanente de la force de travail à l'échelle globale, pour empêcher la dévalorisation du capital. (Remarque sur la transformation de l’État capitaliste dans la phase de la plus-value relative Loren Goldner )
Depuis ce n' est plus l' Etat Schachto-Keynésien qui a ce rôle central, mais ceux autour de Klaus Schwab, patron du World Economic Forum.qui surf maintenant sur l' échec du monétarisme et compte sur l' expansion de la nouvelle économie pour se refaire un lifting.
Cet intérêt du capital pour les technologies de l' information et de la communication vise le 'sécuritaire » c'est à dire le contrôle systématique des populations qui seront rendu surnuméraires au regard de la gouvernance mondiale. Sur le sujet, dans les années 60-70 Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter de 1977 à 1981. Prévoyait une révolution technétronique accouplée aux banques internationales et les corporations multinationales, et prophétisait une ère technétronique qui « implique l’apparition progressive d’une société plus contrôlée. Une telle société serait dominée par une élite, débarrassée des valeurs traditionnelles. Bientôt, il sera possible d’assurer une surveillance presque continue de chaque citoyen et de maintenir des fichiers complets à jour contenant même les informations les plus personnelles sur le citoyen. Ces fichiers feront l’objet d’une récupération instantanée par les autorités ».
Les prévisions de Zbigniew Brzezinski, seront bientôt une réalité pour tous, les exemples de contrôle des populations ne manquent pas et nous sommes à la veille du totalitarisme réalisé sur la planète.
Résumons brièvement la saga du capital
C'est seulement après la seconde guerre mondiale que le coup de boutoir décisif de la domination réelle du capital va se faire. Il aura sa consécration par l' abandon de l' étalon change or qui donna aux USA l' autorisation d'imprimer de la monnaie universelle à gogo. Ce n' est d'ailleurs pas un hasard, si régulièrement il est question de remise en cause du dollar pour un panier de monnaie. Le système du Quantitative Easyng QE et de la dette à perpétuité n' est que la poursuite de cette course folle pour le maintien du capitalisme. La victoire de la domination réelle du capital et en même temps sa perte, il est vraiment la fin de l'histoire de son histoire
K. Marx, considérait que c' est après la crise de 18251 que s' ouvre le cycle périodique de la vie moderne du capital, c'est à dire de la soumission réelle du travail au capital. Ce passage d' une forme d' exploitation basée sur le force de travail créatrice de plus value absolue par le truchement du surtravail existe toujours dans le monde2, c'est celle de l' augmentation du taux de profit par l' allongement du temps de travail. Ce qui va changer lors du passage à la domination réelle du capital (grande industrie et machinisme) c' est l' évincement des travailleurs vivants par la machinerie, c'est la domination du capital fixe.
« Dés lors, le procès de production cesse d' être un procès de travail, au sens où le travail en constituerait l' unité dominante. Aux nombreux points points du système mécanique, le travail n' apparaît plus comme être conscient, sous forme de quelques travailleurs vivants. Éparpillés, soumis au processus d' ensemble de la machinerie, ils ne forment qu'un élément du système, dont l' unité ne réside pas dans le travailleurs vivants, mais dans la machinerie vivante (active) qui par rapport à l' activité isolée et insignifiante du travail vivant, apparaît comme un organisme gigantesque. » (K Marx Grundrisse 3chap. Du Capital ed. 10/18 ,p.328)
Cette perte de centralité du prolétariat3 au sein du Mode de Production Capitaliste MPC est la conséquence de la baisse tendancielle du taux de profit, jusqu'à présent contre carré par le développement de la « machinerie ». Nous pouvons donc considérer que « la baisse tendancielle du taux de profit compensée par sa masse » est une identité des contraires, le pôle positif étant la plus value absolue et le négatif la plus value relative les deux termes entrent en conflit devant provoquer un affaiblissement du pôle positif, et des gestionnaires de la force de travail « les syndicats » et sur le plan politique celui de la « démocratie politique », poussée de l' abstention, rejet des partis et du parlementarisme.
Les travailleurs du monde occidental principalement ceux de l'UE et des États Unis ont subi et subissent encore dans leur chair les vagues de délocalisations. De jour en jour ils perdent leurs acquis au profit de classes bourgeoises montantes des pays émergents. Comme souligné par Lénine dans « l impérialisme stade suprême ».
« La description par Schulze-Gaevernitz de l'"impérialisme britannique" nous révèle les mêmes traits de parasitisme. Le revenu national de l'Angleterre a presque doublé de 1865 à 1898, tandis que le revenu "provenant de l'étranger" a, dans le même temps, augmenté de neuf fois. Si le "mérite" de l'impérialisme est d'"habituer le Noir au travail" (on ne saurait se passer de la contrainte...), le "danger" de l'impérialisme consiste en ceci que "l'Europe se déchargera du travail manuel - d'abord du travail de la terre et des mines, et puis du travail industriel le plus grossier - sur les hommes de couleur, et s'en tiendra, en ce qui la concerne, au rôle de rentier, préparant peut-être ainsi l'émancipation économique, puis politique, des races de couleur". » Lénine l' impérialisme stade suprême du capitalisme ed. Pékin p.125,126
C'est effectivement ce qui va se passer pour la Chine et l'Inde, avec en arrière plan pour ces pays la nécessité d'utiliser la machinerie, et finalement d' être contraint de perdre leur « indépendance ». Dans les faits il y a une nouvelle restructuration du capitalisme mondial dite « mondialisation » ou/ » globalisation » où les forces productives d' occident se déplacent vers la haute technologie, laissant derrière elle une population surnuméraire facteur de révolution sociale. En effet sous la domination réelle du capital.
« Le temps est tout, l'homme n'est plus rien; il est tout au plus la carcasse du temps. Il n'y est plus question de la qualité. La quantité seule décide de tout : heure pour heure, journée pour journée; mais cette égalisation du travail n'est point l'œuvre de l'éternelle justice de M. Proudhon; elle est tout bonnement le fait de l'industrie moderne. » K. Marx, Misère de la philosophie ed. Sociale, p.64)
Quand Marx a écrit cela, il était considérablement en avance sur son temps. Il faudra attendre la crise de 1929 pour que se manifeste dangereusement, cette mise hors circuit de millions de travailleurs. Cette crise va secouer le monde capitaliste dans ses centres historiques ; suivi par un chômage de masse confirmant la théorie selon laquelle il y a accumulation de la richesse à un pôle et la pauvreté à l' autre.
Durant cette crise, comme en témoignera Paul Mattick le mouvement révolutionnaire resurgissait ( voir les IWW aux USA) et avec lui l'idée que le capitalisme n'en avait plus pour longtemps, son effondrement était proche. Le chômage n' était plus seulement structurel mais chronique. Ceci inquiéta non seulement Keynes, mais aussi Eugène Varga4 économiste de l' Internationale communiste.
La période Keynésienne donna l' impression avec les trente glorieuses que le capitalisme était en mesure de satisfaire au plein emploi et à la consommation de masse. La crise de 1929 avait secouer le monde capitaliste dans ses centres historiques et la reprise ne se fit pas rapidement
« le problème du chômage ne fut pas résolu avant que l'approche de la Deuxième Guerre mondiale eût contraint les gouvernements à réaliser ce qu'ils n' avaient pas voulu ou pu entreprendre pendant la dépression. » (Mattick, Marx et Keynes, ed. Gallimard, p.148)
Mattick dans son livre Marx et Keynes dans un contexte d'expansion du capitalisme monopoliste d' état avait prévu que le Keynésianisme aurait une fin.5 .Nous pouvons sans trop nous tromper dire qu' effectivement la vague monétariste anti-inflation visait la restauration des taux de profits, par un réajustement des coûts des états providence de l' OCDE. Malgré une offensive sans pareil contre le monde du travail , le capital ne fut pas en mesure d' empêcher la crise de 2007/2008 qui perdure encore actuellement.
Depuis, le Capital fictif cherche une porte de sortie en considérant la dette comme perpétuelle « non remboursable » en théorie. Dans la pratique, nous le constatons chaque jour que le garrot se resserre non seulement sur le prolétariat mais aussi sur les classes moyennes salariées et auto-entrepreneurs de soi. Peu importe que les financiers puissent ou non recouvrer les dettes, ils sont dans les starting-block pour nous faire payer leur crise. C'est l'objectif de la nouvelle économie, de plateforme, du capitalisme vert, du big pharma et du contrôle planétaire par la 5G. En résumé la classe politique se regroupant dans le « grand reset » le « mondialiste » ou « globaliste » , Macron étant un représentant de cette gouvernance mondiale qui veut comme le disait K,Marx se débarrasser des béquilles de l' état national.
« Aussi longtemps que le capital est faible, il s' appuie simplement sur des béquilles prises dans les modes de production passés ou en voie de disparition à la suite de son développement. Sitôt qu'il se sent fort, il rejette ces béquilles et se meut conformément à ses propres lois. » Grundrisse chap. du capital edt. 10/18,p.261
Contrairement à ce que certains avancent, le capital va tout tenter pour éponger sa création monétaire à perpétuité, Mème s' il devient une évidence que les gouvernants ne peuvent plus pomper les populations au maigre revenu. Mais il y a encore une bonne fraction des classes moyennes, qui peut verser au bassinet. Poussant ces classes moyennes dans des retranchements réactionnaires et nationalistes.
Il va y avoir une montée en puissance des luttes sociales des populations justement de plus en plus paupérisées, précarisées et surnuméraires qui vont devoir s' affronter aux états et s'y affrontent déjà, tel est l' essor spontanée et historique des mouvements de masse qui viennent se briser régulièrement sur les falaises du capital , le menaçant de destruction, d' anarchie. La tâche de l' heure n' est pas revendiquer un contrôle du crédit, qui d' ailleurs ne peu se faire que dans un contexte où la révolution sociale qui se sera débarrassé des appareils d' état à l' échelle mondiale.
La poussée de l' extrême droite en Europe, cible de nouveau non pas le capitalisme dans son ensemble, mais la haute finance du Banco-centralisme, ou comme le dit Emmanuel Todd: "L’ennemi de classe, c’est l’aristocratie stato-financière". Ils ne se projettent pas en avant, mais veulent en revenir au bon vieux temps de la « préférence nationale » du protectionnisme, ce qui fait d' eux des réactionnaires et des conservateurs aux yeux même du capital.
Nous ne sommes pas loin du « ni banques ni soviets » des fachos qui ciblaient les juifs de la haute finance, la fumeuse théorie du sang et de l'or du nazi Rosenberg fustigé par Georges Politzer6. Se souvenir aussi de l' affaire Dreyfus.
Pour conclure provisoirement notre débat, il faut se battre contre toutes les tentatives ( souvent par la fiscalité et taxation...) des états à éponger leurs dettes ; mais aussi le recours au militarisme, dans le cas présent la préparation d'une troisiéme guerre mondiale.
Voir aussi la constitution réelle de ces dettes afin de vérifier ce que nous avançons « le manque de plus-value » et la fuite du capital dans la fictivté.
La montée de population surnuméraires et migrante, justifiant la propagande « sécuritaire » et le contrôle technétronique des citoyens smartphone en main.
G.Bad le 2024
1 Hjalmar Schacht était le président du Reishsbank allemand de 1923-1930, et puis ministre des finances d’Hitler de 1933 à 1938. Devenu célébre pour son assainissement financier de l’économie allemande lors de l’hyperinflation de 1923, son rôle dans le régime nazi était tout à fait innovateur : c’est lui qui a organisé une circulation massive de valeurs fictives ( les fameux Mefeweshsel) souscrites par l’état qui ont relancé l’économie allemande et la production d’armements comme l’ont fait tous les états capitalistes en 1937/1938.
1« D' un coté, la grande industrie sortait à peine de l' enfance, car ce n' est qu' avec la crise de 1825 que s'ouvre le cycle périodique de sa vie moderne. »Postface de la deuxième édition allemande du Kapital 24 janvier 1873
2Notamment dans les l' idustries de l' extraction les mines et du secteur manufacturier.
3« Désormais, le travail individuel cesse, en général, d' apparaitre comme productif. Le travail de l'individu n' est plus productif que dans les travaux collectifs s'assujettissant les forces de la nature ».. (K Marx Grundrisse 3chap. Du Capital ed. 10/18 ,p.333
4Figure importante de l'Internationale communiste, il a été le collaborateur de toutes les Directions qui se sont succédé à la tête du Parti communiste de l'Union soviétique et de l’Internationale - de Lénine jusqu’à Khrouchtchev. Souvent attaqué pour opportunisme « de droite », plusieurs fois disgracié, il est toujours revenu dans le cercle dirigeant, mettant son expertise au service de la Direction en place.
5Voir son livre Marx et keynes ed. Gallimard
6Voir, l' obsurantisme au XXéme « Ecrits 1 La philosophie et les mythes, ed.sociale.
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